Il y a des jours où la vie est encore pire que d'habitude. Pas qu'elle soit forcément atroce, mais disons qu'en ce moment, la tendance était un peu au pessimisme pour Faith. Cours, boulot, dodo, elle n'en voyait plus le bout. Alors que d'habitude, elle était hyper joyeuse et enjouée, elle avait l'impression de devenir toute ramollo. Et ça n'était pas normal. Une Faith of Curty normale est une Faith of Curty qui a la pêche et qui sourit. Il était visiblement temps de remédier à cet état de fait, elle se laissait aller, c'était clair et net ! Et ça ne pouvait pas durer, sinon elle finirait par devenir chèvre. Elle bossait régulièrement cette année, alors elle pouvait se permettre une petite pause, non ? Sauf que les petites pauses devenaient souvent de très grandes pauses avec elle. Dix minutes de répit se transformaient, on ne sait trop comment, en une petite heure, puis deux ... Bref, au final, elle finissait par bosser moins qu'elle ne se reposait. Pas très efficace donc, mais tellement reposant !
Quoiqu'il en soit, approchait à grands pas la date fatidique du quatorze février et ça avait de quoi la mettre en rogne. La Saint-Valentin, Poudlard truffée de petits angelots à l'air niais et de cœurs en sucre écœurants ... Bon, lorsqu'on avait quelqu'un, ça n'était peut-être pas aussi niais, mais en l'occurrence, elle était seule.
Peu importe, ça n'était pas une malheureuse fête des amoureux qui suffirait à déprimer la jeune fille, et en ce samedi matin, elle avait donc pris la direction de la Volière, le cœur léger. Etant donné qu'elle avait des tonnes de devoirs à rattraper, elle
aurait pu et peut-être dû être un brin stressée, mais ça n'était pas le genre de la maison. Elle ne voyait plus beaucoup Erwan maintenant qu'il avait quitté Poudlard, et leur seul moyen de correspondance hors vacances restaient donc les lettres qu'ils s'envoyaient de temps à autres. Bon en fait, presque jamais, mais il y a un début à tout, non ? La dernière fois qu'ils s'étaient vus, c'était pour Noël, elle avait passé ses premières vraies vacances avec son demi-frère, mais depuis ... Il lui manquait tellement ! Et il fallait vraiment qu'elle tienne à lui pour que ça la pousse à se rendre en haut de la tour de la terreur. C'est non sans une certaine appréhension qu'elle commença à grimper les escaliers menant à la Volière. La dernière fois qu'elle avait dû affronter ces horribles pigeons, elle s'en était sortie avec quelques bouts de peau en moins et une morsure au bras. Autant dire que ça n'était pas l'amour fou entre eux.
Dès qu'elle fit son premier pas dans la pièce, elle sentit une dizaine, que dis-je une vingtaine si ce n'est plus de paires de petits yeux jaunes et vicieux se poser sur elle.
Ok, je vous préviens tout de suite les piafs. Le premier qui s'approche de moi, je lui envoie un Stupéfix bien dosé dans la face, avertit-elle, son regard passant d'un hibou à un autre, tandis qu'elle sortait sa baguette de sa poche. Comment ça elle était cinglée ? Si peu. Et puis, ça lui donnait un certain charme ... Non ? Autant se dire que oui. Elle avança doucement dans la pièce, soucieuse de ne pas provoquer de réactions exagérées venant des bestioles qui l'entouraient et partit en quête d'une d'elles qui n'ait pas l'air trop féroce. Oui, Faith aimait la nature, les arbres, les animaux, mais pas les chouettes. Ni les hiboux. Etait-ce dû à un traumatisme vécu durant son enfance ? Peut-être, mais ce qui était certain, c'est qu'elle essayait de venir le moins possible à la Volière.
La Poufsouffle commença à déambuler au hasard près des perchoirs, tâchant néanmoins de garder les bras le long du corps, pas question de perdre un doigt "accidentellement". Techniquement, les hiboux étaient herbivores, non ? Mais vue la surcharge pondérale de certains, ils devaient être prêts à manger tout et n'importe quoi ...
Trop maigrichon (tu tiendras jamais le voyage) ... Trop grassouillet (t'es sûr que t'arriverais encore à t'envoler ?) ... Yeux trop globuleux (tu me rappelles Erwan) ... Faith fait son marché. Elle se planta finalement devant un petit hibou, qui lui aurait
presque paru mignon, hésitant à l'élire comme son postier attitré. Elle commença à lui tendre sa lettre, avec précaution, mais elle n'eut pas le temps d'en faire davantage, à peine approchait-elle le morceau de parchemin des pattes de la bestiole que celle-ci l'agrippait férocement
plus c'est petit plus c'est hargneux c'est bien connu et étendait les ailes, s'envolant à quelques mètres d'elle, totalement hors de portée.
Qu-qu-quoi ! Reviens ici. Tout de suite ! Mais le piaf avait l'air d'être décidé à s'amuser, restant toujours à une distance raisonnable de ses bras, tandis qu'elle trépignait de son côté, balança tous les jurons qui lui traversaient l'esprit. Elle aurait pu utiliser un sortilège d'attraction, mais elle avait peur que l'idiot de pigeon déchire le parchemin, elle décida donc finalement de prendre son mal en patience. Se retournant afin de trouver un endroit adapté pour patienter, elle s'aperçut qu'elle n'était pas ou plutôt plus seule dans la Volière.
Euuuh, salut ? Une entrée en matière
presque ordinaire ...