L'un a ses idées, l'autre ses ailes [PV]

« Mais… !!! » Cordélia était bien partie pour s’en aller sans demander son reste, c’était sa méthode pour faire face à toutes les situations, elle prenait le large histoire d’être un peu seule avec elle-même et ensuite elle allait en parler à son cercle d’amis. Vous me direz que là, elle aurait bien du mal à en discuter avec Julia, mais toujours est-il que sa première réaction restait et resterait toute sa vie la même : partir. Lorsqu’elle avait appris qu’elle était enceinte il y a quelques années de ça, elle était restée plusieurs jours seule dans sa chambre à réfléchir à ce qu’elle allait bien pouvoir faire, ensuite elle avait réuni tous ses amis et elle le leur avait annoncé. Elle se souvenait que c’était le soir de noël et que la première inquiétude de ses proches passée, tout le monde avait été très heureux. Car un enfant c’était un merveilleux cadeau non ? Toutefois, là, Nolhan l’avait prise de vitesse et elle n’avait pas moyen de fuir parce que même si elle pensait bien qu’il ne lui ferait aucun mal, il ne lui était pas bien difficile de l’empêcher de partir. « Non mais ça va pas oui ! » C’était encore elle qui commandait dans ces murs non ? Et oui, il ne faut pas croire que pour une gosse de riche, Cordy ne fasse pas trop pourri gâtée de caractère qu’elle n’était pas quand même un peu sûre de son pouvoir pour autant. Pour elle, il était évident que si elle décidait de partir, elle partait, surtout de sa boutique. Mais bon, visiblement, Nolhan ne semblait pas d’accord, il essuya donc une moue boudeuse de la part de la brunette, un cran plus contrariée qu’auparavant.

« Et bien ton vocabulaire était très… » Elle allait dire « mal choisi » mais elle n’en eut pas le temps puisque Nolhan l’embrassa, la prenant légèrement de court. Celle-ci non plus elle ne l’avait pas vu venir, mais ça eut plus ou moins l’effet escompté par Nolhan parce que ça calma à la fois sa fureur et sa mauvaise foi (oui, parce que là, elle était parti pour lui en vouloir quoi qu’il dise XD).

« Moui… c’est trop compliqué pour moi. » Soupira-t-elle peu après, secouant ses boucles brunes d’un air désappointé. « Je vais poser une question simple, je veux une réponse simple, d’accord ? Est-ce qu’on peut dire qu’on est ensemble ? » Au moins à l’essai. Et là, elle ne se rend pas compte qu’au fond ça ne changera rien.

Heureusement qu’elle avait demandé une réponse simple, parce que Nolhan la soûlait déjà de son verbiage, ne comprenant pas que Cordélia était un peu simplette et qu’il fallait seulement lui répondre par oui ou par non pour que ce soit clair dans sa petite tête de linotte. De fait, elle fut de nouveau obligée de se concentrer pendant de longues minutes avant de décider si oui ou non il y avait quelque chose entre eux. Elle n’aimait pas qu’on la laisse décider parce qu’elle n’en était pas vraiment capable, elle avait été élevée dans du coton et on avait pris la plupart des décisions concernant sa vie à sa place… les deux seules choses qu’elle avait décidé par elle-même avait été de garder Stephen, quand bien même à l’époque Jan avait disparu (ce qui était encore le cas aujourd’hui d’ailleurs, l’histoire avec lui a tendance à se répéter), et d’ouvrir sa propre pâtisserie, mais même maintenant pour toutes les autres décisions, elle s’en référait aux autres, à son père ou à Julia – qui gouvernait dans l’ombre même si elle n’y connaissait rien en pâtisserie à proprement parler -. Nolhan lui demandait ce qu’elle en pensait et elle n’aurait pas été capable d’y mettre des mots, elle avait peur bien sûr, cela n’aidait pas, mais c’était aussi parce qu’elle était faible de caractère qu’elle était dans la fuite perpétuelle, du moins quand on ne l’arrêtait pas dans sa course.

« D’accord… Tu sais… je n’aime pas beaucoup les entre deux… alors je préfère qu’on dise que nous sommes ensemble, au moins pour essayer, plutôt que de continuer cette relation qui ne mène à rien. » Cela dit, ça poserait des problèmes, déjà Julia ne verrait sûrement pas ça d’un très bon œil et ensuite il y avait Stephen… mais elle pouvait toujours essayer d’amener la chose doucement dans l’esprit de son petit garçon. Il était loin d’être aussi idiot qu’elle, il finirait par comprendre qu’elle ne pouvait pas rester seule pour toujours, sans pour autant lui imposer un nouveau papa, pour elle c’était clair que ce n’était pas ça, au risque de froisser Nolhan il y avait la relation qu’elle entretenait avec lui et celle qu’elle avait son fils et les deux n’étaient pas sensés se mélanger (trop compliqué à gérer vous comprenez ?).

« Si… on allait chez toi pour fêter ça ? » Une manière comme une autre pour Cordélia de reprendre le contrôle de la situation… qu’elle avait plus ou moins l’impression d’avoir perdu, à son grand déplaisir… mais peut-être était-ce pour le mieux, au final seul l’avenir le lui dirait.