Pas comme les autres. -- pv --

On ne pouvait pas dire de quelqu'un, s'il était bon ou mauvais. C'était impossible puisque cela revenait à juger quelqu'un et à nouveau, c'était une chose que l'on n'avait pas le droit de faire. Le jugement n'était que pour Dieu, il n'était pas permis aux autres. Il n'y avait qu'une sorte de jugement, et c'était le jugement dernier. Voilà ce que pensait Louis et de ce fait, il interdisait à quiconque de le juger. Il était mauvais oui, peut être, mais personne n'avait le droit de le lui dire. Du moins, c'était ce qu'il voulait. Il ne voulait pas qu'en le croisant dans la rue, sans prendre la peine de le connaître, on lui dise qu'il était mauvais parce que c'était ce que son visage laissait paraître.

De toute façon, c'était une chose qu'il savait alors il voyait mal l'utilité de le lui rappeler. Ce n'était pas non plus comme s'il s'agissait d'une chose si étonnante, oui voilà. Un soupire s'échappa alors de ses lèvres, à cette délicate pensée. Pourquoi est-ce qu'il venait toujours dans ce bar après une mission ? Ca aussi c'était une bonne question non ? Il ne savait pas pourquoi, c'était ses pas qui le faisait avancer, il n'avait aucune raison de le faire, mais il le faisait quand même, oui voilà. Enfin bon, il n'était pas venu dans ce bar pour se mettre à se demander bêtement ce qu'il pouvait bien faire là. S'il se trouvait dans ce lieu, c'était pour se détendre après une mission quelque peu éreintante. Mine de rien, passer son temps à se faire passer pour un Mangemort, ce n'était pas vraiment le genre de chose qui lui plaisait. Mais c'était pour installer la peur alors il n'avait pas vraiment son mot à dire. Mais bon, il en avait quelque peu assez de devoir tuer les gens avec cette cape inutile et ce masque sur le visage. Mais il n'avait pas d'autre choix, sinon, il ne pourrait pas vraiment continuer à bosser ici. Et ça la foutait mal, mine de rien, parce que c'était vraiment saisissant comme truc.

Aujourd'hui, il avait été engagé pour semer la zizanie dans un parc. Il avait tué quelques personnes dont une de ses mains. Résultat, il avait été recouvert de sang. Il était vite rentré chez lui, il s'était vite changé et maintenant, il était là. Heureusement, il n'avait pas eu de sang ailleurs que sur les mains et sur les vêtements, sinon, il en aurait probablement encore eu sur lui ! Non mais vous imaginez un peu la réaction des gens ? Enfin bon, il n'inspirait pas vraiment autre chose que la peur de toute façon. On lui disait souvent qu'il avait un petit quelque chose de malsain dans le regard. Non pas qu'il le faille exprès mais disons qu'il avait toujours été un peu comme ça. C'était juste que maintenant, c'était un peu plus voyant qu'avant. Enfin bon, il n'allait pas non plus faire comme s'il était un garçon innocent et adorable alors que ce n'était pas le cas hein, c'était bien loin d'être le cas, donc bon. Et puis il ne servait réellement à rien de cacher son propre soi, sauf si bien sûr c'était parce qu'on ne pouvait pas clamer haut et fort que l'on est un criminel hein ! Et puis bon, ce n'était pas le genre de chose que pouvait faire une personne normalement constituée ! Quoique, d'une certaine manière, il était impossible de dire ce genre de chose venant de lui. Parce qu'il était assez dérangé dans son genre, même si ce n'était bien sûr pas lui qui allait se mettre à dire des trucs pareils, bien sûr !

Tiens, levant le nez, le regard de Louis se posa sur une fille, assise à une table un peu plus loin. Non pas que se soit son physique qui ait attiré son attention plus qu'autre chose, mais il devait bien dire qu'il était devenu vraiment fréquenté de la voir ici, tout le temps. C'était bizarre quoi, elle semblait à chaque fois venir en même temps que lui, et les mêmes jours. Quoi que sur ce point, ce n'était pas bien difficile, puisqu'il venait presque tous les jours. Mais malgré tout et bien, il ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça plutôt bizarre. Mais bon, il n'y avait pas 36OOO choses à faire. Il se leva de sa chaise et s'approcha d'elle. Lorsque l'on se met à tuer des gens, on en oublie le respect, la délicatesse et la politesse de toute manière. Mais bon, il pouvait parfois se montrer gentil.

•• Tiens salut... Il semblerait que l'on se croise souvent ici... Me suivrais-tu donc damoiselle ? ••

Cela lui faisait pensé à sa dernière année à Poudlard, quand Corann avait voulu rendre Shawn jaloux et qu'elle était venue vers lui et tout... Le bon temps. Mais c'était une période qu'il se devait réellement d'oublier, vraiment. Une époque révolue et qui ne l'intéressait plus mais alors vraiment plus.

•• Je me nomme Louis, enchanté.. ••

Un petit repère tranquille, isolé, loin des folies qui rythmaient continuellement la vie de Keira Williams depuis quelques temps déjà… Voilà ce qu’était ce bar dans lequel elle avait tendance à s’isoler régulièrement (comprendre, quotidiennement). Elle s’y rendait toujours à la même heure (à quelques minutes près) et ne se faisait pas remarquer (contrairement à son habitude). Elle n’était pas ici pour draguer, pour obtenir un contrat ou quoique ce soit de ce genre là, non… Elle venait seulement oublier à quel point sa vie était pathétique. A quel point, elle-même était misérable. Elle se détestait. C’était tellement évident (pour elle) qu’elle haïssait chaque pore de sa peau, chaque cellule qui la constituait, en passant par le sang (rarement propre) qui circulait dans ses veines et artères… jusqu’à son plus petit chromosome… Chaque battement de cœur, chaque inspiration ou expiration était une source de souffrance de plus… Elle empestait la détresse. Pourtant elle maquillait bien son jeu… Elle se trouvait même sacrément douée ! Jamais, Keira n’aurait cru pouvoir mentir avec autant d’aisance et si peu de culpabilité. Et pourtant, elle pratiquait le mensonge quotidien depuis plus d’un an et s’en sortait très bien…

Depuis le temps qu’elle errait dans le coin, la rouquine avait repéré quelques visages… des habitués (vraisemblablement). Il y avait ce jeune homme qui avait à peu près son âge. Ce vieillard qui lisait toujours le journal à la même table… Elle connaissait les horaires de pause du barman, les heures de relève… bref, elle connaissait de mieux en mieux le coin, les petites habitudes. Elle, elle changeait tout le temps. La table, jamais la même la commande aussi. Et c’était sans parler de sa tenue (et de son allure générale). Elle était venue en robe courte (presque comparable à une prostituée), elle était venue en tenue de soirée, en tenue de ville, bref, elle avait tout enchaîné. Une chose restait stable : ses cheveux : elle ne teignait jamais et les laissait toujours détachés. Et elle n’était jamais en chaussures plates. Des talons, toujours.

Ce jour là, Keira était assise non loin de la fenêtre, elle avait un livre ouvert devant elle, mais n’en lisait pas même une seule ligne. Ses longs cheveux de feu tombaient devant son visage, tandis qu’elle contemplait sa tasse de thé, en silence. Elle ne touchait même pas à la cuillère, se contentant de froncer les sourcils, plongeant un regard fatigué dans le liquide brûlant. Elle ne Le vit pas se lever. Pas plus qu’elle ne L’entendit approcher. C’est lorsqu’il prit la parole qu’elle leva un regard égaré et déstabilisé vers Lui. Elle ne s’attendait tellement pas à être dérangée qu’elle amorçait (très lentement) un atterrissage… revenant sur Terre, elle reconnut rapidement le jeune homme, cité précédemment… Elle écarquilla les yeux, stupéfaite, ne s’attendait vraiment pas (mais alors pas du tout) à ce genre de remarque :

« Non… ! »

Elle avait du mal à croire qu’il puisse sérieusement envisager qu’elle le suivait… fronçant les sourcils, elle chercha les mots.

« Je ne te suis pas, non… »

Elle glissa sa main dans ses longs cheveux roux, posant ses prunelles devenues plus claires sur son interlocuteur. Il se présenta, donnant son nom à la sorcière. Qu’est ce qu’il lui faisait là ? Il lui tapait la conversation ??? Il n’avait pas compris qu’elle avait genre, juste envie d’être seule ? Qu’elle en avait juste rien à fou*re de lui ? Que s’il l’avait un peu intéressée, elle serait directement allé le voir ? Bon ok, il n’était pas moche (enfin, on va dire qu’il ne piquait pas les yeux). Mais ce n’était pas non plus son genre de mec. Elle, elle couchait seulement avec ceux qui pouvaient lui offrir u emploi intéressant, ou ceux qui lui tapaient vraiment dans l’œil… mais ceux qui étaient juste mignons, elle les laissait… Elle ne pouvait pas se dédoubler non plus ! La lionne répondit quand même au jeune homme (par habitude, sans doute) :

« Keira… »

Elle allait ajouter quelque chose, quand un frisson de terreur la saisit. Manquant de s’étrangler, elle se leva brusquement, posant naturellement sa main sur le cou du sorcier, inquiète :

« Oh mais mon Dieu !!!! Tu saignes !!!! »

Elle avait effleurait la blessure (le sang se trouvant sous l’oreille du jeune homme), avant de reculer précipitamment. Elle était naturellement très tactile, mais se rappelait (souvent trop tard) que certaines personnes ne supportaient pas qu’on les touche en règle générale… se reprenant de son mieux, mais inquiète, malgré tout, pour le jeune homme, elle chuchota, tout en étant affreusement tentée de tendre derechef sa main vers le coup du sorcier :

« Je… Tu dois avoir mal… ! »

De toute manière, n'allons pas s'imaginer des choses, Louis était pleinement consciente qu'elle ne le suivait pas, il était loin d'être un imbécile et de toute façon, il n'avait pas peur le moins du monde de ce genre de truc. Après tout, il ne fallait pas oublier que c'était probablement lui, qui était la personne la plus effrayante de ce coin ! Bah quoi ? Se trompait-il vraiment en affirmant qu'il était bien plus effrayant que la moyenne ? Louis était sadique, froid et cruel, il n'hésitait jamais à blesser les gens qui lui faisaient face et il n'avait jamais peur. C'était bien une manière de dire qu'il ne craignait rien ça non ? Enfin bon, de toute manière, ce n'était pas non plus comme si la présence de cette fille dans le même bar, à chaque fois qu'il s'y rendait était si problématique que ça hein, il n'en avait absolument rien à faire, que l'on soit bien d'accord.

•• Alors c'est que le hasard fait drôlement bien les choses... ••

Elle semblait totalement ennuyée par sa présence mais pourtant, elle lui donna son nom et pour cela, il eut un léger sourire amusé sur le visage. En même temps, il ne fallait pas non plus s'imaginer qu'il ne souriait jamais. Disons que sa façon de sourire était juste un peu particulière. Qu'on soit bien d'accord, lui, quand il souriait, c'était uniquement parce qu'il se moquait, ou parce qu'il y trouvait un petit quelque chose d'amusant. Et c'était bien tout. Mais bon, après ce n'était pas grand chose hein. Non mais c'était vrai quoi, si on y réfléchissait un peu plus, il ne s'agissait que d'un nom. Mais sa présence semblait tellement le gêner qu'au final, Louis aurait pu croire qu'elle ne le lui donnerait pas. Mais après, ce n'était pas comme s'il allait mourir s'il ne l'avait pas ou ce genre de truc hein ! Il se moquait bien de l'avoir ou non, mais disons que connaître l'identité de son interlocuteur, c'était toujours mieux.

Après, il ne disait jamais son nom de famille, comme s'il ne voulait mêler personne à ses agissements alors qu'il s'en moquait bien. Non c'était plutôt une habitude, l'impression qu'on ne le retrouverait pas au moins comme ça. Mais bon, il préférait vraiment que ça soit comme ça, il trouvait ça tellement mieux d'ailleurs. Enfin bon, après ce n'était qu'un détail et puis si on y réfléchissait bien, si vraiment il ne voulait pas être reconnu ou ce genre de chose, il pouvait très bien changer d'identité aussi, pendant qu'il y était. Mais non, même pas en rêve en faite.

C'est alors que la fille se leva d'un seul coup, posant une main dans son cou et criant qu'il saignait, ce dont il était sûr de ne pas faire. En faite, la chose était plutôt simple, si on y réfléchissait de manière un peu plus attentive. S'il avait bel et bien du sang dans le cou, il ne pouvait pas du tout s'agir du sien. C'était obligatoire ! Alors bah... Au final, il aurait bien aimé qu'on ne s'en rende pas compte. Elle retira sa main tandis qu'il tirait un mouchoir de sa poche. C'était stupide, voilà qu'il en avait oublié, c'était le genre d'erreur qu'il ne devait absolument pas commettre en plus ! Quel idiot, il n'avait pas franchement été bien malin sur ce coup ! Il posa le mouchoir sur le sang, faisant comme s'il saignait et s'arrangea pour qu'elle n'y touche plus !

•• Il me faut bien plus que ce genre de chose pour souffrir. Ne t'en fais donc pas pour moi, il ne s'agit que d'un peu de sang. Le sang t'effraie donc ? ••

Keira ne pouvait pas dire (déjà) si le hasard fait bien les choses ou pas… Puisqu’elle ne pouvait s’empêcher de trouver l’homme devant elle… étrange. Il ne l’intimidait pas particulièrement, non. Elle ne se sentait pas en danger non plus (elle aurait dû pourtant…). Elle trouvait juste qu’il était… étrange. Et bizarrement, c’était presque rassurant, pour la rouquine, qui, depuis qu’elle était née (ou presque) était classée aux yeux de tous comme une ‘fille anormale’. Mais elle emm*dait tous les co*nards qui trouvaient qu’elle n’était pas normale, b*rdel ! Elle était elle, on prend, ou pas, mais elle avait cessé de vouloir changer pour autrui… Elle agissait pour elle. Pour son propre bénéfice. Et si elle montrait une carapace plus solide qu’autrefois, elle demeurait terriblement faible sous cette surface d’assurance. Elle n’était qu’une poupée brisée, maladroitement recollée, qui menaçait de s’effondrer au prochain coup de vent. Elle tenait encore, certes, mais pour combien de temps encore ? Elle avait beau crâner, faire la fière… Elle sentait bien que plus le temps passait, et plus elle s’affaiblissait… mais elle reculait sans cesse l’échéance. Tentant de se battre contre sa destinée. Elle ne pouvait pas se supporter. Pas plus qu’elle ne pouvait endurer l’idée d’être une ratée.

Lorsqu’elle vie le sang, dans le coup du jeune homme, elle ne pu s’empêcher d’avoir mal pour lui. Keira n’avait pourtant jamais eu de l’empathie. Petite, elle était même plus qu’indifférente aux souffrances d’autrui. Mais en grandissant elle avait côtoyé la douleur, physique et psychique… Et malgré cela, elle restait insensible face aux peines, aux douleurs d’autrui. Même avec ses amis, elle avait beaucoup de mal… à les comprendre, à les suivre… il y avait quelques exceptions, mais généralement elles ne s’appliquaient que lorsqu’elle était (directement ou pas) impliquée dans la douleur du proche visé. Comme cette fois là, où elle avait fait souffrir Enry… Elle avait eu mal, pour elle, mais pour lui aussi… Mais là elle n’avait aucune raison de s’inquiéter… pourtant , quand elle avait ce sang, elle avait eu, comme une boule d’angoisse, remontant brutalement dans son estomac pour serrer son cœur dans sa poitrine.

« Je… »

Il l’avait complètement décontenancée ! Prendre les choses aussi à la légère !!! Elle-même ne se comprenait pas. Pourquoi était-elle si… soumise ? Il dégageait quelque chose de plus puissant qu’elle ! Elle n’utilisait pas son pouvoir, évidemment, mais il était déjà rare qu’elle croise des personnes qui, naturellement, étaient aussi fortes qu’elle (on parle de charisme, là, évidemment…) pourtant, ce Louis avait vraiment une chose chez lui… qui était censée être intimidante… peut-être même effrayante ? Keira n’en savait trop rien, pour ce coup là… Elle n’avait pas l’habitude d’être effrayée. Elle finit par froncer les sourcils, déstabilisée.

« Non, le sang ne me fait pas peur. »

Ce qui était vrai. Elle pouvait voir, sans problème, une personne à l’agonie au coin de la rue, elle ne tomberait pas dans les pommes pour autant. Elle ne se serait sans doute même pas autant inquiétée que pour l’inconnu qui lui faisait face là… Baissant les yeux pour contempler sa main, elle-même tâchée de sang à présent, elle abandonna sa contemplation pour observer, derechef le prénommé Louis.

« Je dois avoir de quoi… Eu maintenir ton mouchoir… Si tu veux. »

Elle avait toujours des tonnes de choses dans son sac et du sparadrap entrait dans les quelques éléments indispensables à sa survie, quand elle sortait (l’utilisation d’une seringue impliquant quelques règles élémentaires d’hygiène…). Alors qu’elle ne savait pas spécialement quoi dire à son interlocuteur qui l’impressionnait toujours sans l’effrayer pour autant, disons simplement qu’elle se sentait plus ou moins attirée par lui. Ce n’était pas physique, non (bien qu’il ne soit pas laid, il n’était pas vraiment son type d’homme *en admettant qu’elle ait vraiment un type précis…*) c’était plutôt une question d’attitude… sa façon d’être avait quelque chose de déroutant et donc d’attirant pour la rouquine (qui avait besoin de voir beaucoup de choses pour être déroutée). Son regard tomba sur sa montre et elle sursauta, affolée. Elle était en retard !

« Oh flûte… je dois y aller… Je suis déjà en retard… »

Elle prit rapidement son sac, ayant déjà payé sa consommation (mais pas fini sa tasse de thé, du coup) et adressa un petit sourire au jeune homme, avant de filer. Puis, finalement, avant de franchir le seuil de la porte, elle fit demi-tour et rejoignit le sorcier, n’hésitant pas à y aller franco :

« Dis, ça te dit qu’on se voit ce soir ? »

» Une journée pas comme les autres ... [ PV ]
» [ Une soirée comme les autres ? ] PV
» Indra ou une amie pas comme les autres
» Une fille comme toutes les autres [PV]
» Une soirée comme tant d’autres.