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Ξ Sujet: Mission Kinsgley, nouvelle tentative. [Privé] Mar 10 Aoû - 23:29 | |
| Mission Kinsgley, nouvelle tentative. Louis Sanders & Eden Abrams. Lorsque Eden se réveilla ce matin, ce fût le derrière coincé dans la pliure du canapé clic-clac qui se trouvait au centre de son minuscule appartement. Voulant s’en extirper, il se contorsionna et eut l’impression de se coincer le dos. Jurant un tantinet, il finit par atterrir sur ses pieds et étira son cou puis ses épaules tout en secouant la tignasse qui lui servait de cheveux. Depuis plusieurs semaines qu’il dormait sur ce tas de ferraille, il songeait de plus en plus à investir dans un matelas digne de ce nom puisque dormir avec Héléna n’était tout simplement pas à envisager. Évidemment, si cette dernière saurait dans quel pitoyable logement son époux vivait, elle l'aurait directement obligé à revenir chez eux. Or cette initiative était tout bonnement inconcevable. S'il avait décidé de vivre dans le monde des sorciers et de laisser sa famille entourée des moldus, à entreprendre une vie jugée d'à peu près normale, c'était parce qu'il était préférable que cela se passe ainsi. Il préférait se laisser l'image d'un célibataire miséreux et aigri aux yeux de tous, plutôt que de mettre ouvertement en danger sa chère perle, en offrant à tout le monde des informations secrètes sur sa vie privée. Elle avait déjà été attaquée une fois, cela était amplement suffisant. Depuis, Eden refusait sa venue dans le "second monde", il prenait quotidiennement des nouvelles via lettres ou téléphone mais ne s'attardait jamais à venir lui rendre visite. Il n'avait pas vu sa perle depuis des mois, son état physique ne lui permettait en aucun cas de se montrer. Il savait par avance que sa femme s'inquiéterait effroyablement et ne pourrait plus le laisser partir, son absence la rendrait plus paranoïaque encore qu'elle ne l'est depuis l'agression et le départ d'Eden. Or, il devait rester ici, dans cet espèce de studio à deux pièces. Où la pièce principale servait à la fois de cuisine, de salle à manger et de chambre, et que l'unique autre cabinet se réservait aux soins d'hygiène (et wc, cela va de soit.), une douche usée, des rideaux mangés par les mites. Une seule fenêtre pour éclairer le tout, quelques bougies par ci par là. Des tonnes de journaux recouvrant le parquet, ainsi que de l'encre, des plumes abandonnées, une masse de dessin étalés un peu partout. Son bureau rassemblait plusieurs informations dénichées à droite à gauche, concernant toutes Orlando Kinsgley, l'agresseur d'Héléna et le kidnappeur d'Evelys. Un mangemort poursuivit depuis des années par le Ministère, un homme que les aurors rêvent d'attraper, Eden aussi conservait déjà cette ambition précédemment, mais depuis l'attaque, le problème était devenu personnel. Leur fille était enlevée. Et il était grand temps que ce criminel paye de sa mauvaiseté.
Se dirigeant vers ce qui lui servait de cuisine, le quinquagénaire se passa une main sur le visage pour se réveiller et se versa un verre de jus de citrouille. Assit à la table il s’efforça de garder des pensées positives en tête, comme le fait de savoir qu’il recevrait bientôt des nouvelles et qu’il finissait tôt, ce qui lui permettrait de jouer un peu de guitare en rentrant. Peut être sortirait-il au Trois Balais après, il fallait qu’il voit Sean, son collègue, pour voir si ça le tentait. En espérant qu'il aille mieux car ces temps-ci, ce dernier souffrait de problèmes de cœur et sa dépression chronique liée à sa rupture récente se dessinait de plus en plus sur son expression. Abrams soupira puis se leva une fois son verre de jus avalé et se dirigea vers la salle de bain sur la pointe des pieds pour aller chercher ses vêtements laissés la veille, en vrac sur le sol. Il trouva, comme d'habitude, son aigle perché sur la barre de rideaux, les yeux clos mais le sommeil si léger qu'il pouvait prendre son envol à tout instant. Tee-shirt et manteau en main, il quitta le petit cabinet et saisit au passage un petit rasoir et un élastique, en tentant la délicatesse.. Un coup d'œil vers son oiseau lui fit remarquer que celui-ci ne dormait plus, et qu'il le fixait avec un regard réprobateur. « Désolé l'emplumé chéri, mais de toute façon j'aurai dû prendre ma douche alors... » Il n'eut pas le temps de finir que le volatile prit son élan, vexé d'avoir été dérangé durant son sommeil. A son passage, un souffle frais caressa la joue du grand brun, amenant par la même occasion une odeur de plume et de nature. La liberté. Abrams inspira profondément, puis entreprit de prendre une douche rapide. Cinq minutes lui suffirent, il s’habilla et attacha ses cheveux en une queue de cheval basse sur sa nuque, se dirigeant ensuite vers son lieu de travail - cela faisait pour ainsi dire des semaines qu’il n’était pas sortit de chez lui ; si ce n'est ses visites au Ministère de la Magie où il doit se rendre par obligation ; mais il commençait à avoir l’impression que les murs de son appartement se refermaient sur lui et ce sentiment ne tarderait surement pas à le rendre fou, si ce n’était pas déjà fait. - sans prendre le temps de se raser. Déjà en temps normal, il n'est pas comme certaines de ses connaissances de boulot, qui passent trois heures à mettre leurs cheveux en place devant la glace afin d'être le plus séduisants possible et se taillent la barbe avec une précision d'artiste. Mais depuis qu’il était contraint de vivre dans cet appartement misérable, et d'être ainsi coupé de sa famille, il faisait encore moins d’efforts qu’avant. C’était peut-être le seul point qui pouvait indiquer ses brusques changements d’humeur : une barbe de plusieurs jours lui rongeait le visage, lui donnant davantage l’air d’un bucheron échappé de sa forêt que d’un auror fraîchement récompensé et honoré pour son impressionnant effectif de prisonniers. Tantôt il pouvait prendre soin de lui et faire en sorte de ressembler à un prince charmant, séduisant et soigneux. Le lendemain il reviendra en mode laissé-allé total, ou bien aimant de la nature. Ses variations intempestives d'émotions l'impressionnaient toujours lui-même. Mais ces temps-ci, rien ne changeait de l'ordinaire, il restait ce même homme usé par l'infortune, rongé par les souvenirs, et pré-tué par un avenir sans joie. Son caractère taciturne, voyageant selon ses humeurs d'une journée à l'autre dans son esprit, l'emprisonnaient de plus en plus dans une solitude sans fin. Quand bien même il eut quelques bons moments de sociabilité, où tous avaient le droit à ses quelques paroles, bonnes discussions et agréables sourires, à présent, le temps et ses ravages l'avaient laissé sur le bord de route, tel l'atterré qu'il était devenu. Du sympathique jeunet, il ne restait pas grand-chose aujourd'hui et il donnait davantage l’air d’un type aigri et emplit d’amertume dont la vie n’a aucun but précis. Las, c’était sur cette voie qu’il s’engageait et faire demi-tour lui semblait tout simplement insurmontable. Depuis deux ans, ses envies se stagnaient davantage sur les mêmes choses, le désir spontané d'être bien lui revenait peu, ses seules ambitions ne se résumant qu'à trouver ce traitre d'Orlando, afin de pouvoir recouvrer "sa vie normale".
Il était arrivé. Le Ministère de la Magie se dressait devant lui avec prestance. On eut presque dit que ce bâtiment avait conscience de sa grandeur tellement il s'imposait. Dans un geste las, Abrams indiqua les numéros habituels sur le clavier de la cabine téléphonique ensorcelée. Étrangement, l'arrivée par les toilettes du premier étage ne l'avait jamais tenté, bien que ce soit le passage qu'empruntaient tous ses collègues. Alors qu'il levait les yeux sur la ville grisée par la pluie, son regard se posa sur un homme vêtu de noir, le visage camouflé par un chapeau tombant, la démarche rapide, se dirigeant vers une petite rue. Il stoppa net la numérotation, se souvenant alors qu'il ne devait pas se rendre tout de suite aux bureaux des aurors, ses recherches dernières le poussaient à croire que son ennemi était de mèche avec le propriétaire de Barjow et Beurk, il devait passer dans l'Allée des Embrumes. Il n'avait rien mangé, habituellement son petit déjeuné avait lieu dans son box, puisqu'il achetait des viennoiseries au passage dans une boulangerie voisine. Mais tant pis. Cela n'avait pas d'importance s'il ne s'était rien mit sous la dent avant de partir au Chemin de Traverse, se rendre sur le lieu-dit où ce criminel tant recherché aurait été aperçu pour la dernière fois. Il s'empressa de transplaner. Réapparaissant alors entourés de promeneurs hagards, l'obscurité encombrant le décor et quelques odeurs nauséabondes venant déranger les narines. L'Allée des Embrumes. Charmante petite ruelle mal-famée, où deux minutes d'insouciance suffisent à vous faire agresser. Étonnamment, cet endroit bordé d'effrayantes créatures l'attiraient plus qu'autre chose. Il s'y retrouvait, entre ces murs noircis, parmi tant de personnes tout aussi anormales que lui, que le sentiment d'aise semblait presque perceptible. Cet homme vêtu de noir lui avait fait pensé à cet endroit. Sans tarder, ses pas le menèrent à la boutique d'objets bizarres et incongrus. Il observa un moment la vitrine qu'il avait déjà tant de fois bombardé de regards, elle était à chaque fois remplie de toutes sortes d'inventions grotesques, de trucs et bidules sans noms, il semblait que tous les objets mal inventés, passés entre les mains de dizaines de mages noirs, de tueurs, d'assassins, venaient tous plus ou moins atterrir ici. On ne sait comment, Barjow et Beurk était le rassemblement de tout ce qui semblait ne jamais pouvoir se vendre, et pourtant cette boutique perdurait parmi tant d'autres, et ce depuis longtemps, avec ses étranges articles, ses étranges vendeurs, et ses étranges clients.
Il s'apprêtait à ouvrir la porte, quand son élan fût coupé par un choc brutal ressenti sur le flanc gauche. Se rattrapant de justesse, il évita de peu la fracture du crâne contre l'arrête d'un mur, puis rebondissant sur ses pieds malgré le peu d'échauffement de ces derniers temps, il fixa son agresseur, certain d'avoir été volontairement brutalisé. Mais c'est sur un jeune homme que se déposèrent ses yeux, il était haletant et trempé, la pluie ne l'avait visiblement pas épargné. Son visage était doux et semblait innocent, bien qu'Abrams n'avait absolument pas pour habitude de se fier aux apparences. Il l'aida à se redresser, et l'observa un moment.
« Et bien mon garçon, heureusement que ce n'est pas une grand-mère que tu as heurté, à cette vitesse tous ses os auraient été brisés. »
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