Une nouvelle qui fait peur [PV Ophélia]

Depuis qu'Ernie avait quitté Poudlard, Ophélia et lui avaient instauré une forme de rituel qui leur permettait de se voir régulièrement au cours c'est important d'échanger les dernières nouveautés de la mode capillaire de l'année scolaire. Dès que la Poufsouffle avait les dates des week-ends à Pré-au-Lard, elle les communiquait à son frère et tous deux convenaient d'une heure de rendez-vous aux Trois Balais. Jusqu'à présent, Ernie avait toujours retrouvé sa cadette avec un plaisir non démenti et les heures qu'ils passaient, attablés devant de la biéraubeurre ("Non, non, Ophélia, prends un jus de pomme, la biéraubeurre, c'est trop fort pour toi !") lui semblaient toujours passer beaucoup trop vite. S'il pouvait désormais, en fin de journée, regarder Ophélia remonter le chemin qui serpentait jusqu'au châtea sans le moindre pincement de nostalgie au coeur, il n'en restait pas moins qu'il regrettait de ne pas pouvoir voir sa soeur plus souvent.

Ce jour-là, cependant, les choses étaient un peu différentes. En réalité, Ernie avait longuement hésité avant de venir, tant les événements des derniers jours l'avaient perturbé, et, une fois arrivé au village, il avait fait les cent pas devant la taverne, d'une démarche nerveuse qui lui était inhabituelle, pendant dix bonnes minutes, avant de se décider à entrer. Après avoir salué Madame Rosmerta d'un simple signe de tête même pas accompagné d'un sourire ultra-bright, le jeune homme avait parcouru les lieux des yeux. Il était encore tôt et la plupart des élèves de Poudlard devaient être occupés à faire des achats : les Trois Balais ne se rempliraient pas avant deux ou trois heures. Pour l'instant, seuls quelques vieux habitués étaient installés au petit bonheur la chance et le calme relatif qui régnait dans la salle apaisa quelque peu le jeune homme.
En réalité, il était soulagé qu'Ophélia ne soit pas encore arrivée et il se surprit même à espérer fugitivement, tandis qu'il se dirigeait vers une table libre, dans un coin reculé de la pièce, qu'elle ne viendrait pas. Il éprouva aussitôt un vif sentiment de culpabilité à cette pensée et tenta de la chasser de son esprit en un jet de cheveux machinal.

* D'un autre côté *, ne put-il toutefois pas s'empêcher de rajouter, * avec ce que j'ai appris, il faudrait peut-être mieux qu'elle annule notre rendez-vous... Je ne sais pas comment je vais pouvoir lui cacher une chose pareille... *

Le souvenir des événements qui le préoccupaient s'imposa à lui avec une telle force qu'il ne put contenir une grimace écoeurée. Merlin, si lui-même parvenait à peine à soutenir l'horreur de la conclusion à laquelle il était arrivé, comment Ophélia pourrait-elle y survivre ? L'air préoccupé, Ernie se passa une main dans les cheveux et fronça les sourcils avec anxiété. Peut-être valait-il mieux qu'il s'en aille ? Il était encore temps de prétexter une affaire urgente au ministère pour prendre la poudre d'escampette...

* Oui, c'est certainement le mieux à faire... Il faut à tout prix protéger Ophélia de la triste vérité ! Il ne faut pas que je la vois maintenant... C'est beaucoup trop tôt ! * estima-t-il en se levant d'un bond, résolu à partir.

Hélas, à peine avait-il fait trois pas que la porte de la taverne s'ouvrit de nouveau pour laisser entrer Ophélia. Ernie s'arrêta net et écarquilla les yeux, visiblement paniqué. Planté là, au beau milieu de la taverne, incapable d'esquisser le moindre mouvement, il comprit subitement qu'il aurait mieux faire de rester au lit car, à présent, il était trop tard pour reculer...