La passion des chaussettes [PV Roman]

“ La passion des chaussettes „
4 ans plus tard...

« Mais où est-elle, cette fichue chaussette ?! »

Farfouillant dans tous les recoins du dortoir qu’elle partageait avec Billie, et Fredericke entre autres, la petite Hainoa se demandait où elle avait bien pu mettre l’objet convoité. Enfin non, puisque si jamais elle l’avait posée quelque part, elle s’en serait quand même souvenue. La question étant plutôt : qui avait bien pu déplacer cette fameuse socquette ? –et surtout, où ?-. Il était impensable qu’elle ait pu oublier cette chaussette quelque part ! On parlait d’Hainoa, quand même ! –justement-. Maudissant donc celle qui avait bien pu toucher à son apparat de pied en fait, elle voulait juste pas avouer que c’était elle qui l’avait perdue, la petite blonde retourna sa valise d’un coup sec, en déversant tout son continu sur ses petons nus. Non, pas là non plus ! Il y avait tout un tas de chaussettes, mais elle voulait celle là.

Hésitant à aller fouiller dans les affaires de ses camarades de chambrées, de plus en plus persuadée que l’une d’entre elle lui avait volé sa chaussette, Hainoa se posa un instant sur son lit. Elle était exténuée d’avoir tant remué son coin de chambre, et savourait une pause bien méritée. En attendant de repartir à la chasse au trésor à la chaussette, la blonde se mit à fixer d’un air suspicieux les valises de ses amies. Fredericke ? Non, ce n’était certainement pas son genre. Billie alors ? Non plus. D’ailleurs, ces deux-là étaient préfètes, et devaient donc montrer l’exemple. Il était donc peu probable qu’elles risquent leurs insignes pour une simple –mais obscure- affaire de chaussette –et en plus, il n’y en avait qu’une seule !-. Il restait donc deux suspectes.
Les yeux plissés, la mine farouche, la Gryffondor se remit debout, et s’étira comme un félin. Il était temps de se remettre à la recherche de sa chaussette !

Sans gêne, la gamine se dirigea en sautillant vers la valise de Marine, qui dormait tous les soirs dans le lit juste au-dessus d’elle, et ouvrit d’un coup de pied sec sa valise –oups, j’ai pas fait exprès de l’ouvrir, mince alors, quelle maladroite ! bon ben maintenant, je peux regarder tranquillement ce qu’il y a dedans, non ?-. Elle jeta un coup d’œil rapide –ou disons plutôt qu’elle scrutait l’intérieur de la valise tel un faucon-, et, vérifiant qu’il n’y avait personne dans l’encadrement du dortoir, elle s’accroupit et commença à fouiller. Au bout de deux minutes, elle avait mis le contenu de la valise sens dessus dessous, mélangeant vêtements et soutien-gorge –tiens ? Marine portait ça ? Pourtant elle n’avait pas de poitrine, des sparadraps auraient suffi o_O-. Et, Ô joie infinie ! Hainie avait retrouvé sa chaussette ! Ah, elle était donc bien là !

En même temps, le vêtement qu’elle cherchait n’était pas dans ses propres affaires. Par déduction, il ne lui restait que deux suppositions. Une chance sur deux ! Et bon du premier coup ! Décidemment, il lui semblait qu’elle aurait de la chance pour le reste de la journée. Cependant, comment cette chaussette s’était retrouvée ici ? Voilà qui était un véritable mystère. Sous peu, elle devrait mener une enquête afin d’élucider le gros titre qu’elle s’imaginait : « Vol de chaussette dans le dortoir des filles de Gryffondor ! ». Ça, ça ferait sensation dans le journal de l’école. Marine était-elle une voleuse de chaussette ? Ou peut-être étais-ce un complot qui visait à mettre l’objet volé dans le sac de quelqu’un d’autre. Hum. Curieuse idée. Et d’ailleurs, pourquoi la chaussette d’Hainie ?

La petite blonde tenait la chaussette à bout de bras pour mieux l’observer. Oui, c’était bien sa socquette à elle. Sans tâches ni rajout. Au moins, Marine n’avait pas fait subir ses goûts douteux à sa chaussette adorée. Cette dernière étant toujours verte avec de grosses pustules par ci par là. Mais pas un vert moche de Serpentard ! Plutôt un qui ressemblait à une grenouille ou un crapaud, ce à quoi la chaussette voulait ressembler… D’ailleurs, il y avait même une longue bande rosâtre sur le devant qui imitait la langue du batracien, et un point noir qui représentait une mouche. Hainoa aimait particulièrement cette chaussette, parce qu’elle lui faisait beaucoup penser à Spaghetti, le crapaud d’Orla, sa meilleure amie de Serdaigle. La seule chose décevante chez cette chaussette, était qu’elle ne faisait pas « Wouabêt » comme ledit crapaud. Il n’empêche qu’elle constituerait une très bonne monnaie d’échange. Car oui, si Hainoa préparait des chaussettes, c’était pour les échanger.

Sifflotant donc joyeusement, la fillette rangea ses affaires –mais pas celles de Marine ! Voilà la punition qu’on écopait si jamais on osait lui piquer des chaussettes !- et vida le contenu de son sac à dos sur sa table de chevet. Elle n’avait pas besoin de ses cours, de ses plumes, et de ses livres pour ce qu’elle allait faire. Et puis il lui fallait beaucoup de place !
Une fois cela fait, la petite lionne enfourna soigneusement sa collection de chaussette dans son sac, le mis sur ses épaules frêles, et sortit du dortoir.

Elle traversa d’un pas chantant la Salle Commune, puis s’engouffra dans le passage du tableau de la Grosse Dame. Elle prit ensuite le chemin le plus court pour se rendre dans les Cuisines, et déboula dans les cachots. Là, elle se retrouva face à la peinture représentant une délicieuse Coupe de Fruit, et, comme Harry Péteur le lui avait appris il y a de cela quatre années, elle chatouilla la poire.
Au bout de quelques secondes, le fruit se mit à rire comme un dément, et se transforma en poignée de porte ! Bien peu surprise par ce tour de passe-passe commun dans l’enceinte du château –et en plus, elle avait déjà vu ça des tas et des tas de fois -, Hainie regarda derrière elle pour s’assurer qu’elle était seule, puis emprunta le mini toboggan qui la mènerait jusqu’à la Grande Cuisine –il y avait bien une Grande Salle, alors pourquoi pas une Grande Cuisine ?-.

Vioooouuuuuuuuuummmm*Poc* !

Hainoa venait d’atterrir fesses les premières sur le carrelage froid de la Cuisine de Poudlard. Elle se releva, se massa le derrière brièvement, puis enleva la poussière qui aurait pu s’y déposer en quelques pichenettes. Comme à chaque fois, une flopée de petits êtres aussi grands que le Professeur Flitwick accourut vers elle d’un air profondément joyeux, en criant de leurs voix suraiguës : « Miss ! Miss ! Que désire Miss ?! Une part de gâteau ? De la Brioche ? Un chou ? Ou peut-être Miss voudrait-t-elle prendre le thé ? »

Levant les bras avec son sac au bout, comme si elle craignait que les petites créatures ne lui volent ses précieuses chaussettes, la gamine s’éloigna du gros troupeau qui s’était agglutiné devant l’entrée des Cuisines, tout en disant d’une voix haletante : « A…tt…en…d…ez…. 3… secondes… que je reprenne mon souffle ! »

« Une chaise Miss ? »

Un des elfes vêtu d’un tablier frappé aux armoiries de Poudlard lui apporta un petit fauteuil sur lequel elle prit place en remerciant d’un air vague. Puis, une fois qu’elle eut engloutit un verre d’eau que les petits cuisiniers lui avait apporté, la demoiselle demanda d’une voix surexcitée :

« Dobby est là aujourd’hui ?! »

Ses grands yeux bleus océan brillaient de mille feux. Elle aurait été tellement heureuse de revoir son ami ! Secouant sa longue chevelure blonde dans une imitation parfaite de Fleur Delacour, Hainie attendit patiemment la réponse en se servant un gros chou à la crème que lui avait amené un des elfes sur un plateau. Comme à chaque fois qu’ils reconnaissaient le joli minois de la Gryffondor, ils préparaient illico presto une sélection de diverses pâtisseries, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Feuilleté à la framboise parsemé de sucre glace, Fondant au chocolat avec sa crème anglaise, Tarte aux fruits de saison à la crème pâtissière, Muffin aux éclats de caramel et de noix, Macarons parfumés framboise/raisin, rhum-raisin/Nutella, rhubarbe/sirop d’érable, et cætera… Mais le préféré d’Hainoa avait toujours été ce gros chou Parisien. Elle s’en mettait d’ailleurs toujours sur le nez et les doigts, et c’était pour cette raison que les Elfes préparaient une grosse pile de mouchoirs.

« Dobby parti, Miss. Dobby ne reviendra pas, Miss. »

Les créatures aux oreilles semblables à des ailes de chauve-souris se regardèrent, mal à l’aise. Hainoa ne savait toujours pas que Dobby était mort, et personne ne semblait décidé à le lui dire. Ce n’était pas le devoir des Elfes d’annoncer ce genre de choses. Ils étaient au service des humains, oui, mais cette petite n’était pas leur maître, et ne pouvait donc pas exiger de réponses de leurs part. Et s’ils pouvaient éviter de lui apprendre une nouvelle si terrible, ils le feraient certainement.

« Mais si, il va revenir », dit la fillette d’une voix douce, comme si elle voulait rassurer les petits camarades de Dobby qui attendaient certainement son retour avec impatience. Quel fugueur celui-là ! Il osait faire de la peine aux autre Elfes ! Mais Hainie allait l’appâter… Elle avait toutes les cartes en main, pour.

Aussi se mit-elle à ouvrir son sac, et à étaler toutes les chaussettes que celui-ci contenait sur la table que les elfes avaient préparées à la base pour qu’elle prenne le thé. Et, pendant qu’elle s’affairait à son ouvrage, elle appelait de sa voix chantante : « Dobby ! Regarde, je t’ai apporté plein de chaussettes ! Si tu veux pas que je les échange avec les autres, dépêche-toi de venir ! ». Puis elle attendit que son ami veuille bien prendre la peine de transplaner jusqu’à elle.

Son étalage de chaussettes sembla effrayer les Elfes de Maison, qui s’écartèrent discrètement de la table, après avoir mis un second plateau de pâtisseries et une tasse de thé au lait dans les mains de la petite blonde. D’ordinaire, la Gryffondor tenait les chaussettes sur elle, et faisait ses échanges avec Dobby sans déranger trop de monde. Mais là, elle avait carrément un stand ! Complètement paniqués, ils maintinrent un périmètre de sécurité de 3 mètres, et évitèrent de la regarder trop longuement pour ne pas qu’elle leur demande un service. Auquel cas, ils seraient obligés de venir répondre à ses désirs, et donc, de s’approcher de cette immonde table couverte de vêtements. La lionne ne s’en offusqua pas, et continua de manger docilement son chou à la crème. Maintenant qu’elle avait passé son annonce, elle pouvait prendre un petit break et savourer pleinement les délices de la Cuisine de Poudlard.

Une gorgée de thé plus tard, et la gamine cru entendre quelque chose glisser le long du toboggan qui menait aux cuisines (Vioooouuuuuuuuuummmm*Poc* !). Elle haussa un sourcil blond, et posa sa tasse sur la soucoupe. C’était bien la première fois que quelqu’un entrait dans les cuisines alors qu’elle s’y trouvait déjà. En règles générale, ces genres de passages secrets n’étaient pas très connus. Et si Harry ne le lui avait pas montré lors de sa première année, elle n’aurait certainement jamais su qu’il existait un tableau permettant d’accéder aux Cuisines. En fait, si le Survivant ne lui avait pas dit comment s’y prendre, elle n’aurait jamais pensé à chatouiller la poire qui se transformait en poignée de porte. Et d’ailleurs, elle ne traînait jamais dans cette partie-là des Sous-Sols. Elle avait toujours eu peur de croiser le Professeur Rogue allant aux toilettes dans un pyjama dépareillé et chaussé de pantoufles à motif d’éléphant. Elle n’aurait d’ailleurs pas su dire ce qui était le plus effrayant : Rogue furieux d’avoir été surpris dans une telle tenue, ou bien les pantoufles éléphant. Mais bon, ce n’était pas vraiment le sujet.

Hainie se retourna lentement, pour regarder –mais discrètement, hein-, qui venait de faire irruption dans les Cuisines. Au départ, elle ne vit pas grand-chose, puisqu’un Elfe de Maison venait de débouler devant elle, un grand plateau de sandwiches en équilibre précoce menaçant de se déverser sur le carrelage ciré à la perfection dans les mains. Mais lorsque les Elfes eurent fini de passer et repasser en lui bouchant la vue à cause de leurs plateau, pas à cause de leur taille, elle put reconnaître un Poufsouffle dont elle connaissait le nom –oh miracle !- et qu’elle avait déjà vu quelques fois en cours. Un sourire éclatant illumina alors son visage radieux, et elle se leva d’un bond –manquant de dégommer un Elfe qui portait des éclairs au chocolat et à la vanille- pour se précipiter vers le petit blondinet.

« Jones ! » s’écria-t-elle, en proie à une agitation proche de l’indécence. « J’ai reçu le colis que tu m’as envoyé il y a quelques temps de ça. » Oui, et au fait, bonjour, comment vas-tu ? « Merci beaucoup beaucoup ! C’était délicieux ! Mais au fait… pourquoi à moi ? Ce n’est pas que je me plaigne, ou quoi que ce soit… mais… » Et elle laissa sa phrase en suspens.

En fait, il se trouve que Roman avait expédié par erreur l’un de ses colis de pâtisserie à Hainie, qui, même si elle ne s’était pas sentie concernée par la lettre –depuis quand Roman et elle étaient amis ?- avait réellement pensé qu’il lui était adressé. En fait, elle ne voulait pas se montrer trop vantarde ou quoi que ce soit, mais elle était sûre que le Jaune & Noir lui avait envoyé ce paquet comme cadeau de fan. Après tout, elle était l’une des figures phare de Crapaud Soleil –après Orla, Spaghetti et Gerbille, certes-. Il était donc normal qu’elle puisse avoir des admirateurs, non ? Mais le dire de but en blanc aurait été impoli de sa part. Autant tourner autour du pot. Qu’y avait-il de mal à ça, après tout ? Et puis si Roman était réellement un fan, elle ne voulait pas le décevoir en se montrant beaucoup plus égocentrique qu’elle n’aurait dut l’être.

« En tout cas, c’était vraiment très bon. » ajouta-t-elle, histoire de ne pas parler que de sa poire.

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