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| Chiromancie. [Irma et Susan] | |
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Invité
Ξ Sujet: Chiromancie. [Irma et Susan] Mer 24 Fév - 17:06 | |
| « Quel est l’empoté qui m’a fichu cette table ici », maugréait le minuscule nain, tentant de se maintenir debout en sautant frénétiquement à cloche pied, malaxant son pied droit endolori par un choc inopiné avec une antique table basse en bois massif, alors qu’apparaissait sur son petit visage aux bajoues pendantes et ridées une exquise teinte violacée fort exotique et divertissante. Depuis quelques temps, il fallait l’avouer, le petit professeur se sentait affreusement étranger à son propre bureau, qui, de mémoire de gobelin, n’avait jamais été aussi propre et coloré de toute sa vie de bureau, et c’était encore de trop modestes mots que « coloré » ou « égayé » pour rendre compte au lecteur innocent de l’énormité du changement, notamment en ce qui s’agissait de la désormais célèbre cheminée rose pétante à pois verts tournants. Grâce à un habile enchantement, qui l’avait laissé fort admiratif des capacités de ces élèves à créer des décorations dignes d’un architecte d’intérieur, ce qu’on ne pouvait pas toujours dire après une séance où ces mêmes élèves, supposément censés travailler sur un inoffensif sortilège d’haleine pimentée, finissaient par carboniser la moitié de la salle, le professeur y compris, les pois fleurissaient ou flétrissaient au gré des humeurs de Flitwick. Il va s’en dire qu’actuellement, la totalité des pois qui n’avaient pas encore fleuri en de ravissantes fleurs aux pétales orange à spirales bleues, qui avaient pris l’amusante habitude de tirer la langue à chaque fois que Susan rentrait dans le bureau avec des copies à corriger, ressemblaient à de vagues boulettes défraichies, et que le peu de fleurs qui avaient réussi à survivre malgré la mauvaise humeur contagieuse de Flitwick, s’étaient dotées de canines proéminentes et de feuilles verdâtres et dangereusement pointues. Reprenant contenance tant bien que mal après ces mésaventures typiquement « flitwickiennes », le maître des sorts secoua la tête à la manière d’un vieux bouledogue agacé par une mouche obstinée à se poser en plein sur se truffe écrasée en levant les yeux au ciel, dans l’espoir, fugace, que ses malheurs s’arrêteraient là pour aujourd’hui, yeux évidemment suivis prestement par les jambes du pauvre professeur, qui tomba à la renverse sur un coin de parquet scintillant et fraîchement lustré. Il fallait naturellement que ce fusse le seul coin de parquet du bureau qui n’était pas recouvert de tapis pelucheux en formes de citrons et autres oranges, disséminés de telle façon qu’on avait l’impression, en pénétrant par la porte du bureau, jaune bariolée de violet, avec une gargouille sur laquelle pendouillait une guirlande de noël bleue électrique, un chapeau pointu de fête posé sur son affreuse tête grimaçante et un sifflet extenseur modèle « batraciens et cucurbitacées » dans la gueule, un hommage à Macgonagall, sans doute, d’entrer dans une immense corbeille de fruits exotiques. Pire, dans ce bureau prodigieusement design et rangé, il ne parvenait plus à mettre la main sur ses revues « Les Défis de l’Enchantement », désormais classées par ordre de parution, les hors série rangés à part dans une boîte finement ouvragée, de petites notes aux couleurs vives et différentes marquant le changement d’année, les numéros fréquemment consultés et même, avec un code couleur qu’il ne cessait d’oublier, les thèmes abordés en fonction des pages et la qualité des articles. Sans doute un excès de zèle de Susan, cette prodigieuse enfant qui, mise à part quelques fâcheux incidents, apprenait avec brio le dur de métier de maîtresse des Sortilèges sur le tas et s’en sortait comme une chef, et qui s’obstinait hélas, pour une raison demeurée insondable (version Flitwick ), à ranger de fond en comble le bureau qu’elle partageait désormais avec un Flitwick aussi ordonné qu’un enfant de 5 ans capricieux incapable de retrouver son lego jaune à huit cases. Un jour, alors que le petit enchanteur se rendait à un colloque hautement spirituel sur le sujet nébuleux et fastidieux de la réussite des élèves, qu’il espérait bien se faire terminer en réunion Tupperware, Chourave ayant, par un diabolique forfait, réussie à se procurer une théière rose à paillettes qui manquait à sa collection, colloque que présida une Macgonagall à la faconde exacerbée qui n’avait pas son pareil pour obtenir de l’ordre (« Le premier qui m’interrompt ou me contredit se voit geler son avancement pendant 50 ans »), il avait même surpris Susan à ranger ses crayons par taille et fréquence d’usage. La brave jeune fille développait même une singulière tendance à se porter toujours volontaire pour effectuer des tâches ingrates (on en conviendra aisément), comme la fois où, en une froide après midi de Novembre, pour une obscure raison, elle l’avait supplié de lui accorder la surveillance de l’examen blanc des premières années, plutôt que d’aller faire seule une après-midi récréative avec les sixièmes années de Serpentard, après midi récréative qui consistait en une gigantesque bataille d’eau dans la salle 112, judicieusement choisie pour sa position surplombante de la salle de métamorphose dont Macgonagall, faute de professeurs compétents, assurait encore la fonction. A vrai dire, le lundi suivant, faute d’avoir dégoté une excuse probante, elle avait du accompagner par dépit un Flitwick qui s’était trimballé en slip de bain dans la moitié du château, tenant tout au long de sa faraude exhibitionniste une discussion à laquelle Susan ne pouvait se soustraire (« Bones, comment va-t-on expliquer aux premières années que leurs copies se sont faites carbonisées parce que vous avez eu un léger différent (c’est ça) avec Mrs Pince ? »), avant que, heureux hasard, le jeune Léthé, absent la semaine précédente pour une fâcheuse affaire de furoncles contagieux, ne vienne conspuer sur le bonnet de bain à fleurs que Flitwick avait subrepticement refilé à une Susan trop naïve (« Bones, ne bougez surtout pas, vous avez une accromentule dans les cheveux » « C’est vrai ? Mais, là, vous êtes entrain de ruiner le brushing qu’Ophélia m’a fait ce matin ! Pourquoi ça tire autant ? Professeur ? Maîîître ? » « Ne posez pas de questions, Susan, elle s’énerve, et c’est dangereux, l’accromentule en furie » *Gloups*). Inconscient d’une insouciance qui serait fatale à Susan, Filius la laissa tenir la classe de Serdaigle et Le Serpentard pour aller siroter un petit café dans la salle des professeurs, d’ordinaire vide à cette heure de la journée où toutes les âmes s’évertuaient à travailler consciencieusement, histoire de tester quelques sortilèges bien carabinés sur les horribles plantes de Chourave qui continuaient de garder jalousement les « Défis de l’Enchantement », et qui ce mois-ci, d’après ce qu’avait rapporté une Chourave enthousiaste, allait commencer leur puberté. Ce que Chourave entendait par « puberté » chez ces « choses » bourrés de gadgets sophistiqués capables de broyer un innocent doigt laissé sans vigilance à côté de la radio qu’affectionnait particulièrement Flitwick, le professeur n’osait même pas l’imaginer, même s’il était sûr qu’un beau matin, quand il viendrait bavasser comme d’ordinaire avec Macgonagall, en amenant avec habileté un sujet fort passionné (« Bon, maintenant, soit vous doublez mes honoraires, soit je pars pour Taliesin ! »), on retrouverait ladite directrice en robe de chambre écossaise, étouffée par des lianes/tentacules/machins, avec des rejetons de plantes sortant des oreilles. Jour de joie, qui apporterait de la chaleur et du baume à nos pauvres cœurs vieillissants, Flitwick serait alors débarrassé de l’acariâtre directrice, et prendrait les commandes de la navette Poudlard, s’accordant au passage de quoi renfler un porte-monnaie trop souvent à la diète, levant l’embargo sur le chocolat et les cocktails avec ombrelle, Chourave étant alors, pour la sécurité du pays, envoyée paître du côté d’Azkaban, même si elle se rependait en excuses à propos d’un hybridation avec des Filets du Diable ratée. Las, la directrice atrabilaire ne l’entendait pas de cette oreille là, et lorsque Flitwick se présenta en maillot de bain dans la salle des professeurs, de l’eau dégoulinant de sa tignasse humide, agitant sa baguette d’un air hystérique vers les trucs du professeur Chourave, au beau milieu d’un autre colloque stupide sur « Les économies réalisables à Poudlard, préservons l’avenir de nos enfants » qu’il avait totalement oublié, elle sembla le foudroyer sur place, invoquant la vengeance des dieux anciens, tandis que le conseil d’administration tout ébaubi demandait des comptes à une directrice qui accordait des postes primordiaux à des hystériques incompétents et exhibitionnistes. « Ne faîtes surtout pas attention à moi, je ne fais que passer », sourit de toutes ses dents blanches moins une en or le maître des sorts, ses deux yeux se réduisant à de microscopiques fentes qui observait attentivement la baguette de Macgonagall, ce à quoi un rictus nauséabond rétorqua : « Chers membres, je vous présente notre nouveau concierge-plombier, nous avons quelques soucis de tuyauterie en ce moment, rien de bien grave, d’ailleurs, notre ami concierge allait partir ». Un mouvement de baguette, un dernier regard meurtrier et quelques étincelles chassèrent le nouvellement nommé concierge plombier, qui chuta lourdement précisément devant un Rusard comme frappé par la foudre, un verre renversé précédemment appuyé contre la porte pour récupérer les bribes d’informations de la réunion, une expression d’horreur figée sur son visage, un plateau plein de petits fours renversé sur ses pieds. Le pauvre homme, qui craignait des restrictions sur le Nettoie tout magique de la Mère Grattesec ou les rubans adhésifs, voire la surpression de sa petite protégée, la salle de torture du troisième étage (qui a osé penser à Sydney ?), venait d’apprendre, dans ce quiproquo gigantesque, son renvoi officiel au profit d’un Filius aux talents de plombier, et alors qu’une de ces bajoues se retroussait, un air hargneux rendant ses traits difformes et comiques encore plus disgracieux, Filius s’empressa de retourner dans sa salle de -bains ou classe, au choix du lecteur- lançant au hasard des sortilèges d’apparition de plantes, histoire de retarder l’énergumène. Pendant ces péripéties pour les moins pittoresques, la pauvre Susan, elle, avait du en baver sacrément dur, au vu de son état lorsque Flitwick rentra dans la salle après une absence de tout au plus 10 minutes, il avait presque fallu lui faire un massage cardiaque pour la ramener à elle, la pauvre enfant ayant dépassé outrageusement le record de plongée en apnée, encouragée par Siegfried et Ethele, alors que l’eau commençait à sortir par les fenêtres, inondant les chaussettes de nuit de Slughorn qui pendouillaient mollement sur un fil en contrebas. Etre assistante du professeur de sortilèges avait ses bons côtés, parmi eux, le mini bar de Flitwick, laissé sans surveillance tous les dimanches après midi, des livres très explicites telles que « 20 façons de monter un réseau de détournement d’alcool sans laisser de traces », et puis les « vacances scolaires (« Bones, vous corrigerez bien les examens à ma place, j’ai heu… une réunion avec Macgonagall » *deux heures plus tard* « Je vous ai ramené un petit souvenir de Pré-Au-Lard, heu, je veux dire, de chez Macgonagall » *grand sourire*) sans compter l’autorité (« Arrêtez de faire des batailles de boulettes de papiers, pensez à la planète ! Allez, s’il vous plaît, arrêtez, Flitwick va revenir ! Faîtes le pour moi ! Au secours ! »). Toutefois, s’il y avait bien une chose qui posait soucis à la pauvre Susan, c’était de se retrouver, malgré elle et par la faute d’une administration complaisante, au milieu du duo amoureux de Flitwick et de sa sulfureuse et tendre bibliothécaire Irma Pince, elle, et les précieuses copies des premières années, en avait fait les frais, au coin d’un couloir désert, et depuis ce jour, pour une raison que Flitwick ignorait encore, les deux femmes semblaient comme se repousser comme deux ions positifs. Un jour, après que Flitwick lui ait donné une dissertation à faire sur les sortilèges protéiformes, constatant la disparition d’un volume très utile intitulé « Aux limites de la Métamorphose », elle en était venue à prétexter une course urgente en salle commune de Poufsouffle, à propos d’une prétendue « tomate malade », pour éviter de se rendre à la bibliothèque, rompant le lien tacite qui existait entre les deux enseignants qui stipulait que chacun devait laisser ses problèmes personnels de son côté. Aussi, parti à la recherche de l’antique ouvrage dans une bibliothèque surpeuplée, il tint des conversations très fraîches avec ses élèves, sachant l’agacement d’Irma pour ces « répugnants maîtres en graffitis cochons comme pas deux », lançant des sourires pincés à la Macgonagall, dans l’espoir de s’attirer les faveurs d’une Irma désapprobatrice, qui avait immédiatement découvert les motifs de cette visite imprévue à la bibliothèque, une Irma vengeresse, qui en vraie Némésis, attira Flitwick derrière le rayon « Troll et Sangsues ». « Cher ami, je sais ce que vous faîtes ici, et je le désapprouve, souffla-t-elle, les sourcils froncés. Je vous en conjure, exterminez la, faîtes le pour moi. Je vous aime, prouvez le moi aussi, cet affreux immondice laid et inutile doit disparaître. Si vous voulez que, s’interrompit-elle, soucieuse de vérifier les horizons vides de casse-pieds en tous genres, que je vous rende ce que vous m’avez donné aux Trois Balais, brûlez la vive, congelez la, pitié, je ne peux plus le supporter. Et inutile de chercher « Aux limites de la Métamorphose », je ne veux pas d’un artifice qu’il la cacherait loin de mes yeux, je veux qu’elle meure. Enfin, cher ami, cette verrue défigure votre joue, s’exclama-t-elle agacée, en prenant l’exclamation de surprise de Flitwick comme le plus terrible des affronts ». Après maintes tractations, une verrue en moins et une large marque rouge sur la joue, le petit professeur avait réussi à se procurer l’ouvrage, décrétant en son fort intérieur que cette situation éreintante devait prendre fin, et, retournant à son bureau, il ne tarda pas à échafauder un plan pour mettre les pendules à l’heure. Demain, il allait convoquer très officiellement Susan dans son bureau, au beau milieu de son cours avec les troisièmes années, en envoyant Rusard la chercher, promettant au passage que si Susan ne réussissait pas son test d’aptitude, raison qu’il allait invoquer pour la faire venir, il aurait tout le loisir d’utiliser les outils lustrés et régulièrement graissés d’une certain salle du troisième étage. Il fallait que ce maudit parasite reste loin de cette histoire, fourbe qu’il était, il finirait par retourner la situation à son avantage et à avoir Susan comme assistante et Irma comme amante, et tous les moyens étaient les bienvenues pour le rallier à la cause de Flitwick et l’écarter de cette affaire. Il l’attendrait, ses lunettes cerclées de fer sur le bout du nez, le regard perçant et le visage neutre, lui parlant comme à une étrangère, lui poserait quelques questions, et démarrerait l’étape une du plan, la plus facile, parler de la situation avec Susan. L’étape une ne devant pas être compromise, il trouverait un moyen d’éloigner Rusard de son bureau, ou bien de vider ses stocks d’oreilles à rallonge, ainsi qu’Irma, prétextant un contrôle des ressources livresques des cachots. Vu l’état des bouquins, la pauvre ne serait plus en état de faire de mal à une mouche avant des heures. Seule inconnue dans l’équation, la réaction de Bones, vu que cette dernière avait récolté suffisamment d’informations compromettantes pour faire chanter Flitwick à son tour… |
| | | | Susan Montgomery-Bones
Parchemins : 1823 Âge : 35 printemps (21 juin 1980) Actuellement : Professeur de sortilèges Points : 0
Ξ Sujet: Re: Chiromancie. [Irma et Susan] Mer 24 Fév - 22:14 | |
| Officiellement, Susan était aux ordres, à la botte et même aux chaussons en forme de petits lapins de Filius Flitwick. Officieusement, elle était... Euh... Hé bien elle était également à ses ordres, sa botte et ses chaussons rigolos, mais un peu moins. Entendez par là qu'elle était prête à tout pour satisfaire les exigences - souvent farfelues - de son maître ou, plutôt, qu'elle était bien obligée de s'y soustraire sans piper mot si elle tenait à garder son poste. Or, son poste, Susan y tenait, et elle l'avait déjà prouvé à maintes reprises. Elle avait piqué des sprints mémorables dans les couloirs ("Ooooh ! Booones, je crois que j'ai oublié de refermer la cage aux souris blanches... Vite, vite, courez, mon enfant, avant qu'elles ne tombent sous la papatte velue de Miss Teigne, les pauvres petites bêtes !"), crapahuté sous la pluie ("Ooooh ! Boooones ! Je sais qu'il fait très mauvais mais... Vous iriez à Pré-au-Lard me chercher des bavboules ?"), attrapé rhume sur rhume ("Non, non, Bones, laissez-moi cette fenêtre ouverte et humez-moi ce bon air hivernal... Avouez que c'est vivifiant, une petite tempête de neige !"), perdu des centaines d'heures de sommeil ("Ooouuups, Bones, on dirait bien que ce tas de chaussettes a besoin d'être repassé j'ai oublié de corriger les copies des troisièmes années... Pouvez le fait ?"), sacrifié des dizaines de week-ends ("Non, non, non, Bones, je vous ai dit que j'avais besoin de vous dimanche, pour une partie de belote... Comment ? Je ne l'avais pas dit ? Vous perdez la tête, mon petit !"), goûté à plus de trucs suspects qu'elle ne l'aurait souhaité ("Huhuhu, Bones, prenez donc une part de gâteau au chocolat... J'ignore pourquoi, mes Serdaigles n'ont pas eu l'air de vouloir le finir..."), vécu des moments de pure terreur ("Bon, Bones, je vous laisse avec les septièmes années de Serpentard, j'ai à faire à la bibliothèque... Vous verrez, ils ne sont pas méchants, suffit de savoir les prendre !"), vérifié plus d'une fois que le ridicule, effectivement, ne tuait pas, ce qui était bien regrettable ("Hé ! Bones, j'ai une idée ! Pour les intéresser, au prochain cours, on fait un numéro comique, avec des chaussures de clown et des tartes à la crème que je vous envoie dans la figure..."), participé à bien des projets suicidaires ("Là c'est le moment où vous allez sauter par la fenêtre du deuxième étage pour bien prouver à tout le monde que sans magie, on ne peut pas voler... Non, non, il n'y a aucun risque, je vous assure !") et, à tout prendre, appris le métier sur le tas ("C'pas compliqué, Bones, vous préparez votre cours - ou pas - vous faites deux ou trois blagounettes devant les élèves et vous les laissez s'entraîner en évitant de vous prendre un sort dans la figure. Par contre, pensez bien à ne pas trop vous approcher de la petite MacMillan, elle a tendance à faire exploser tout ce qu'elle touche..."). Toutefois, Susan n'avait jamais regretté son choix de carrière et elle avait même sincèrement apprécié chacun des moments passés à assister le Professeur Flitwick, au cours de l'année écoulée. Enfin, presque tous, en tout cas. Disons qu'elle ne tenait pas particulièrement à renouveler l'expérience des dix minutes d'apnée. Ni celle du "Oooh ! Bones, pour carnaval, si on se déguisait en Rusard et Miss Teigne ? Vous, vous faites Miss Teigne...". Ni, à bien y réfléchir, celle du : "Bon, Bones, tenez moi cette bouillote pendant que je la remplis et... Ouuuups, je vous ai brûlée ? C'est drôle, votre main, là, on dirait un bébé écrevisse... Ce sont des cloques, que je vois là ?". Mais, dans l'ensemble, elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde.
Pourtant, la loyauté de la rouquine envers son Maître bien aimé n'était pas aveugle au point de ne pas s'imposer de limites. D'une part il était hors de question qu'elle se trémousse vêtue d'un pagne de vahiné dans les couloirs pour "faire diversion pendant que je vais fouiller dans l'armoire de Rusard", d'autre part on pouvait toujours rêver pour qu'elle remette ne serait-ce qu'un orteil dans la bibliothèque tant que cette vieille moufette de Pince y régnerait en despote démente. Aussi, lorsque, Flitwick lui avait innocemment demandé d'aller emprunter un livre à la bibliothèque, la jeune femme, dans un réflexe de survie qui n'avait rien à envier aux instincts ancestraux de la race humaine, avait inventé une excuse bidon plus vite que son ombre afin d'échapper à ce qui serait certainement perçu par la bibliothécaire comme une déclaration de guerre ("Hiii ! Bones sur mes terres ! Chargez !"). Car, n'oublions pas que face au tigre à dents de sabre affamé, il existe deux réactions : la fuite ou bien l'extatique "Ouh, la belle bête ! Minou, Minou ! Qui c'est le beau chachat à sa mémère ? Voui Madame ! Il avait grand faim le matou !" Pour l'instant, Susan tenait à la vie aussi bien qu'à son intégrité physique ("Oooh, quel dommage, on dirait bien que vous venez d'être attaquée par un grimoire, mon petit... Tout à fait malencontreusement, je peux vous l'assurer... Attendez, je vous aide à vous relever. Comment ? Je viens de vous faire un croche-pied ? Vous délirez, jeune fille !") aussi, au dangereux "Ah bon ? On n'a plus ce livre ? Bon, hé bien Bones, allez donc le chercher auprès de ma douce à la bibliothèque !", s'était-elle entendue répondre : "Oh, quel dommage ! J'ai justement promis à Antigone de passer m'occuper de sa tomate malade. Là. Tout de suite. Maintenant. Une urgence botanique, vous voyez...". Et de filer aussi vite qu'elle l'osait.
*Hiiii ! J'ai dit non au Maître ! J'ai refusé de me plier à sa volonté ! Je vais être virée, c'est sûr ! Ou pire, il va m'obliger à faire des heures supplémentaires pour Rusard ! Ou pire encore, il va m'obliger à assurer tous les cours des Serpentards jusqu'à la fin de l'année ! Ou bien pire, il va m'ordonner de donner des cours particuliers à Siegfried Lethé. Mais le plus terrible, ce serait qu'il me prête à Madame Pince pour travailler à la Bibliothèque ! Hiiii ! Je vais être obligée de démissionner !* avait-elle songé, un brin paniquée, tandis que ses pas la dirigeaient, sans qu'elle en eût conscience, vers l'entrée secrète de Poufsouffle.
Dans un état second (*Il va falloir que je trouve un nouveau travail ! En attendant, je serai obligée de dormir sous les ponts ! Quentin va me quitter parce que je suis un parasite incapable ! Je vais faire une dépression et me couper progressivement du monde ! Je vais me mettre à boire et la société me rejettera ! Et puis, je vais attraper la tuberculose et je mourrai seule, un soir de Noël, sous un pont de Londres !*), la rouquine avait prononcé machinalement le mot de passe ("petitpatapon") que le Professeur Chourave, sans doute par habitude, continuait à lui donner ce qui lui permettait d'espionner les Poufsouffles pour le compte de Serdaigle. Ce n'est qu'après s'être laissée tomber dans un des vieux fauteuils d'un jaune passé, devant la cheminée, qu'elle s'était aperçu, au hoquet de surprise qu'avait laissé échapper une petite première année, de son erreur. Argle ! Pourquoi était-elle venue ici ? Elle n'y avait plus sa place ! Mais ceci étant, les jeunes, il va falloir me nettoyer un peu cette salle commune ! C'était mieux tenu de mon temps ! Quelle décadence... Confuse et rougissante, la rouquine s'était relevée d'un bond et avait voulu sortir aussi vite que possible lorsqu'une Ophélia, visiblement ravie, l'avait interceptée : "Hiii ! Dis, Susan ! Tant que tu es dans le coin ! Tu ne veux pas m'aider à avancer sur mon exercice de botanique ? Si tu veux, je te donnerai un échantillon de shampooing MacMillan !"
Voilà comment la rouquine, enveloppée dans le bienheureux bourdonnement de son ancienne salle commune, s'était retrouvée à plancher sur un exercice de botanique. Il avait fallu mobiliser d'anciennes connaissances et raturer plusieurs fois le parchemin qui leur avait servi de brouillon. Ce n'était pas un exercice. C'était L'exercice. Celui que Chourave semblait vénérer par dessus tous les autres et qu'elle ressortait tous les ans en se contentant d'adapter les plantes à trouver à l'année d'étude. Ce qu'Ophélia avait à réaliser, Susan elle-même avait eu à le faire, lorsqu'elle était en quatrième année. Le but de l'opération était simple : il suffisait de retrouver le nom de la plante dessinée sur une planche et de donner ses propriétés. Le titre de l'exercice était : "Aide les plantes à retrouver leur nom !". Un titre qui en disait long sur le genre d'esprit qu'abritait Pomona. Bien entendu, à l'aide de son livre de botanique, on finissait par retrouver les noms des végétaux. Un exercice palpitant, quoi. Evidemment, Madame Chourave avait ménagé un certain suspense en présentant les plantes d'une manière qui pouvait induire en erreur un type qui aurait passé toute sa vie dans le désert. L'agapanthe, par exemple, était présentée au milieu de petites pâquerettes délicatement esquissées à l'encre de Chine, de telle sorte que, sous une certaine lumière et sous un certain angle, elle pouvait être confondue, l'espace d'une seconde, avec une vulgaire marguerite... Mais il en fallait beaucoup plus pour abuser la perspicacité d'Ophélia et de Susan, qui parvinrent brillamment kofkofthreu au bout de l'exercice. Susan y gagna une bouteille de shampooing senteur "rhum-banane".
Mais, outre un produit capillaire qui risquait de la faire passer pour une alcoolique notoire au cours des prochains jours, cette petite escapade dans le monde fabuleux de la botanique (toi aussi, viens te faire déchiqueter les doigts par une plante bavouillante en pleine crise d'adolescence et très contrariée parce que Maman-La-Grande-Carnivore refuse de la laisser quitter son pot pour aller à la super boum organisée par le Filet du Diable) avait permis à la jeune femme d'oublier son renvoi imminent... Enfin, du moins jusqu'à ce qu'elle croise le Professeur Chourave au détour d'un couloir. Son ancienne directrice de maison, en effet, lui lança un coup d'oeil que Susan jugea extrêmement suspect tant il débordait de compassion, avant de lui proposer un bonbon au citron ("C'est le Professeur Dumbledore qui me les avait offerts... Nooon... Ils ne sont pas périmés. De toute façon, ça renforce les défenses immunitaires, c'est bien connu !"). De deux choses l'une : soit sa collègue (et Susan avait toujours un peu de mal à se considérer comme "collègue" de ses anciens professeurs) avait entendu parler du déplorable accident d'Halloween ("Oooh, Susan ! Pour nous mettre dans l'ambiance, j'ai pensé qu'il était bon d'avoir des petites chauves-souris à voleter dans la salle de classe... Euh... Malheureusement, je n'avais pas pensé aux fientes... Vous me nettoyez tout ça avant le premier cours, c'pas ?") soit Flitwick lui avait dit qu'il comptait bien la renvoyer pour insubordination. Cette dernière solution semblait la plus évidente : après tout, son Maître, pas plus qu'elle, n'avait intérêt à ce que l'histoire de la salle malodorante suite à une "vraie fausse idée de génie" ne s'ébruite. Conclusion : elle pouvait commencer à faire ses bagages et à se trouver un pont sous lequel crécher.
Conséquence logique de cette sombre pensée (*Hiiiii ! Il faut absolument que j'essaie de trouver un nouveau métier... Dresseuse de Trolls de sécurité ? Femme à barbe ? Lutin de Noël ? J'ai quoi comme qualifications au juste ?*), Susan avait passé la majeure partie de la nuit à se tourner dans tous les sens, dans son lit es decir sur sa paillasse jetée à la porte de son Maître et, lorsqu'elle était enfin parvenue à trouver le sommeil, elle avait rêvé que Flitwick, déguisé en Professeur MacGonagall, la poursuivait en brandissant une louche et en chantant d'une voix nasillarde mais cependant féroce : "Toréadooooor en gaaaaarde, toréaaaador, torééééador !" A ce moment là, Madame Pince, en costume doré, apparaissait au bout du couloir et agitait un grand drap rouge devant Susan qui s'apercevait alors avec horreur qu'elle avait soudain quatre pattes et des cornes. Autrement dit, lorsqu'il fallut prendre en main la classe de troisième année, ce matin-là, la rouquine était aussi fraîche qu'une laitue victime de la canicule. "Gné ?" aurait probablement été le mot-clef prononcé à chacune des questions des élèves si elle n'avait pas eu un peu plus de maîtrise d'elle-même. D'ailleurs - niark, niark, niark - sentant confusément qu'elle courrait à la catastrophe si elle se lançait dans un cours purement théorique ("Alors ce sort est très utile parce que... ZzzzZZZzzzz... Humph ! Euh... Qu'est-ce que je disais, déjà ? Jeanne d'Arc, elle a frit, elle a tout compris ?"), la rouquine décida bien vite de consacrer le cours à des notions - théoriques et pratiques - déjà vues afin d'avancer les élèves dans leurs révisions pour le devoir prévu au début de la semaine suivante. Ce fut donc dans une classe occupée à s'exercer au sort de glue perpétuelle à grand renfort de coquillettes (jouer avec la nourriture, c'est mal), de confettis et de parchemin (presque pas dangereux pour la décoration de la salle de cours, cet exercice, soit dit en passant : "Oooh, Maître, regardez, je crois que le plafond s'est transformé en gratin de pâte... On a du gruyère ?") qu'Argus Rusard, visiblement fort mécontent, débarqua (sans frapper, le rustre !).
- Humph, m'zelle, commença-t-il en lançant un coup d'oeil aux élèves - ces jeunes délinquants - y'a Flitwick qui vous d'mande... Et si vous pouviez lui rappeler que j'suis pas payé pour faire la chouette... rajouta-t-il en gratifiant Susan d'un regard assassin, comme si elle était particulièrement responsable de la situation. - Comment ? Pardon ? Maintenant ? Je veux dire... Pendant le cours ? s'étonna Susan, d'autant plus perturbée qu'elle avait profité de ce que les élèves étaient occupés pour piquer un micro sommeil de trois secondes environ ("C'était confort, j'ai bien récupéré, maintenant tu dors, t'arrête de nous faire ch..."). - L'a dit tout de suite... J'peux les surveiller, les gamins, si vous voulez... rajouta le concierge, plus que ravi à l'idée de trouver environ vingt-six mille raisons de coller des élèves le temps que Susan serait absente. - Ah euh... Hé bien euh... Si vous n'avez rien d'autre à faire euh... Oui, pourquoi pas... accepta la rouquine sans s'apercevoir qu'elle s'attirait du même coup la haine à vie de tous les troisièmes années de Serdaigle et de Gryffondor qui n'allaient pas tarder à former une coalition anti-Bones avec Madame Pince.
Ebranlée par cette convocation inattendue, Susan quitta la salle de classe, les sourcils froncés d'anxiété, et se dirigea d'un pas lent vers le bureau du Maître, tandis que ses pensées gambadaient joyeusement sous son chignon roux.
* Arg ! Qu'est-ce qu'il me veut ? Pourquoi je suis convoquée ? C'est à cause d'hier ? Ou alors c'est parce que j'ai laissé entendre que je ne voulais pas de tasses Bisounours pour Noël ? C'est à cause des informations secrètes du Plan que je n'ai pas livrées ? Arg ! Il ne voudrait tout de même pas que je l'aide à choisir sa tenue pour le bal de Noël ? S'il ressort sa chemise à paillettes, je ne réponds plus de rien !* songea-t-elle avec angoisse avant de s'arrêter, indécise, devant la porte du bureau.
Immobile, la jeune fille parut contempler un long moment le nom de Flitwick gravé sur la petite plaque dorée en face d'elle, comme si elle cherchait à percer le pourquoi du comment de ce rendez-vous ou plutôt, comme si elle cherchait à savoir si elle ne ferait pas mieux de fuir de changer de nom, de tête, de pays et de devenir bergère. Puis, elle sembla sortir subitement de ses pensées et, après avoir inspiré un grand coup, toqua à la porte d'un air à la fois résigné et déterminé.
- Euh... Bonjour Professeur Lumière de mes jours, Bonheur de ma Vie, Génie entre les Génies, Roi du monde, Maître des asticots que nous sommes..., vous vouliez me voir ? demanda-t-elle en entrant dans la pièce, visiblement coincée.
*Houlà, il a l'air pas commode du tout ! Mais qui est cette personne ? Hiiii ! C'est Madame Pince qui a pris du polynectar ? Au s'cours ! Ma baguette, où est ma baguette ?* |
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