En retard, en retard, j'ai rendez-vous quelque part ! PV

Houlala, Tobias était légèrement en retard pour son rendez-vous avec Marie, ça allait barder… Bon, ce n’était que cinq petites minutes mais il connaissait sa chère et tendre, elle comptait qu’il arrive toujours avant elle ! Hors, il se trouvait que là, il n’avait pas réussi à partir à l’heure. Il s’était fixé un planning un peu trop juste entre les transports moldus etc… vivement qu’il obtienne son permis de transplanage tiens ! (En priant pour qu’il n’est pas le mal du transplanage bien entendu !)

Une fois devant la porte du café où ils avaient rendez-vous, il vérifia qu’il ne paraissait pas trop débraillé par sa petite course mais qu’il était quand même assez essoufflé pour quelqu’un d’en retard. Remettant machinalement ses mèches blondes en place, il entra et s’approcha dignement de sa petite amie tout en lui souriant.

« Excuse moi ma chérie, j’étais avec Ophélia à l’autre bout de Londres et les bus n’en finissaient pas de se traîner comme des escargots. » Il déposa une bise sur la joue de sa princesse. En public, ils savaient se tenir, il ne faut pas croire. Il s’assit en face d’elle et commanda un diabolo menthe (une de ses boissons favorites), dès que la serveuse les laissèrent seul, il tourna son regard bleu marine vers sa dulcinée et lui adressa un sourire candide. Il ne doutait pas qu’elle fût en colère, mais il attendait de connaître exactement la teneur de sa rancœur. Tobias était un garçon intelligent et, surtout, fin connaisseur de la gent féminine. Il savait parfaitement que c’était une faute de ton que d’arriver en retard à un rencard… mais maintenant que c’était fait, plutôt que de secouer du vent, il attendait la tempête pour voir ce qu’il adviendrait et surtout ce qu’il devrait fournir pour se faire pardonner. Un bouquet de fleur peut-être ? Marie était très sensible à ce genre d’attention, mais les fleurs ne risquaient-elles pas de s’abîmer sur le chemin du retour ? Il allait falloir qu’il fasse preuve d’imagination.

Tout préoccupé qu’il était quant à son maigre retard, il ne lui vint même pas à l’esprit que le problème pourrait être en fait qu’il revenait d’un rendez-vous avec une autre fille… même si c’était purement amical et que Ophélia était presque comme une meilleure amie pour Toby. Pour lui, il n’y avait bien entendu aucun souci dans la mesure où Marie ne connaissait pas les anciens sentiments qu’il avait pu éprouver pour Ophélia. En fait, quand il y pensait bien, il trouvait que Marie connaissait en vérité peu de choses sur lui, mais ça ne le dérangeait pas et visiblement ça ne gênait pas non plus sa copine que la plupart des filles en sache plus sur lui qu’elle. Faut dire que Tobias s’arrangeait souvent pour qu’elle parle d’elle puisque ça lui faisait toujours plaisir et que ça lui ouvrait des opportunités pour la complimenter…

Ceci dit, je ne voudrais pas paraître pessimiste, mais il y avait peu de chances pour que ça fonctionne cette fois-ci.

Le ton de Marie déplût fortement à Tobias. Contrairement aux apparences, il n’était pas un gentil garçon. Il s’en donnait l’air parce que ça l’arrangeait qu’on le croit, mais il était en réalité quelqu’un d’assez froid et dur. Être toujours aimable et un parfait gentlemen était sa manière à lui de mettre de la distance avec autrui, ainsi personne ne voyait ce qui se cachait sous la surface, mieux que ça, personne ne cherchait à savoir. Il semblait si facile à comprendre ! Un type sympa, poli, raffiné qui aimait surtout parler avec des filles et qui était toujours d’humeur constante… Oui, Tobias était tout ça, en parti du moins… mais s’il était d’humeur toujours égale c’est seulement parce qu’il se fichait de ce qui pouvait se passer autour de lui. Il aurait été difficile de trouver plus insensible que lui dans son année, son flegme n’en était tout simplement pas.

Après un moment d’hésitation – car il aurait tout aussi bien pût faire le gentil garçon comme d’habitude -, il décida que s’il n’étouffait pas ce genre de crise dans l’œuf, elles finiraient par se répéter et par bouffer leur couple ainsi que leur sentiment. Car que cela soit clair, Tobias appréciait réellement Marie, il s’en pensait même pour l’heure sincèrement amoureux, et il tenait à ce que cela continue. Il n’avait pas songé une seule minute préférer Ophélia à sa petite amie, les voir l’une après l’autre n’avait pas semblé une si mauvaise idée que ça sur le moment. Sans ce problème de transport, tout aurait d’ailleurs très bien fonctionné.

L’expression de Tobias changea donc et, pour la première fois, Marie pût voir son petit ami comme rarement quelqu’un d’autre avait pût le voir. Son regard bleu foncé était posé sur la jolie blonde avec froideur et dureté et son habituel sourire s’était effacé.

« Pardonne mon incompréhension Marie mais dans quelle univers vis-tu pour interpréter mes propos comme tu le fais ? » La voix de Tobias était aussi calme que son expression était glaciale. Il savait que ça ferait de la peine à sa petite amie qu’il lui parle ainsi, qu’elle aurait préféré de plates excuses ou qu’il la flatte comme il le faisait habituellement… mais on ne fonde pas une relation sur des mensonges et pour le moment, il était loin de se sentir prêt à la complimenter. Car lorsqu’il le faisait, c’était peut-être un peu exagéré, un peu précieux, mais toujours sincère. Tobias était quelqu’un de faux dans l’image qu’il renvoyait aux autres, pas dans ce qu’il disait penser.

« J’ai cinq minutes de retard parce que j’étais à l’autre bout de Londres. Je n’ai pas envie de me fâcher avec toi, mais quand tu parles de mes amies, tu utilises un autre ton. » Il s’était penché et avait dit ces mots très bas. « Me suis-je bien fait comprendre ou souhaites-tu que je m’en aille tout de suite, ce qui te laissera tout le loisir de jouer les héroïnes de séries B ? » Ok, ok, il était méchant… mais quant on se contient aussi souvent que lui, lorsque ça sort, en général ça fait mal. Peut-être qu’après ça, Marie comprendra une chose… son petit ami n’est pas un prince charmant, juste un Serpentard rusé comme les autres.

Notez que Tobias adorait les filles, et qu’il faisait plus qu’adorer Marie… mais il y avait des jours où peu importe laquelle il prenait, elles étaient toutes très fatigante. D’un retard de cinq minutes, Marie en avait déduit qu’il l’avait trompé… Avec Ophélia en plus ! Pour Tobias, rien que cette idée était le summum du ridicule. Il n’était absolument pas conscient de son attirance pour Ophélia, et quand bien même cela aurait été, il n’était pas homme à tromper. Lorsqu’il était lassé, il quittait, sans remord et sans ménagement, mais avec la conscience parfaitement tranquille. Et puis être comparé à Vincent, ce n’était pas vraiment la chose à mettre dans la conversation quand on parlait à Tobias Sandeau, un garçon dont la haine pour l’ex de Marie n’avait d’égal que son ego, ce n’était pas peu dire.

« Tu es ridicule… » Murmura-t-il d’abord simplement, ne s’attendant pas à ce que ce soit elle qui parte, surtout avec des idées pareilles en tête. Il lui laissa deux ou trois pas d’avance, le temps de payer leur consommation et lui courut après, mais au lieu de l’attraper gentiment par le bras comme le ferait un prince charmant, il lui mit le bras autour de la taille et la fit tourner jusqu’à l’adosser au mur. Il la serrait si bien qu’elle n’avait aucune possibilité de fuite… et elle pouvait bien frapper et hurler tant qu’elle voulait, il fallait qu’ils parlent et pas dans deux mois, maintenant !

« Tu vas te calmer, arrêter de pleurer et m’écouter. » Contrairement au cher ex-petit ami que la demoiselle avait cité plus avant, Tobias n’était pas du tout en train de lui faire une crise de nerf, il n’était pas lunatique comme garçon. D’ailleurs, sa froideur n’égalait pas son agacement, sinon Marie aurait été encore bien plus choquée par cette noirceur qu’elle ne lui connaissait pas.

« Je me plais à penser que je suis plutôt… un bon petit ami. Je ne t’ai jamais rien refusé, j’ai toujours été tel que tu voulais que je sois et ça me va… parfaitement. » Ce qui était vrai bien qu’il hacha ses mots. Il ne tenait pas à montrer la dureté de son âme aux autres, il voulait que cela reste enfermé à double tour dans son cœur et que ça n’en sorte jamais. Il lui leva le menton et lui caressa le visage avec douceur, comme pour la rassurer, repoussant quelques mèches de cheveux blonds. Cela le rendait triste de la voir pleurer malgré tout, mais pas assez pour qu’il revienne sur sa décision de lui faire entendre raison.

« Je t’aime Marie, et je ne t’ai pas trompé. Si je suis en colère, c’est parce que tu le crois. Et d’ailleurs, je ne suis même pas en colère… je suis juste… moins lisse que d’habitude. » Bon, en fait, il était quand même un peu en colère… et ça se lisait dans son regard encore même s’il était revenu à des paroles qui étaient sûrement plus douces aux oreilles de Marie. « Arrête ta parano maintenant, Ophélia est une bonne amie, mais elle ne passe pas avant toi. » Là encore, c’était partiellement vrai. En effet, il n’aimait pas du tout la crise que Marie venait de lui faire essuyer et il était clair que pour peu que ça la prenne trop souvent, elle pourrait dire adieu à son prince charmant ! prince qui était quand même trop intelligent pour lancer ce genre d’ultimatum… puis bon, c’était pas comme s’il se sentait concerné, n’oublions pas que Tobias ne ressent jamais grand-chose – c’est même le problème de toute sa vie -.

Tobias fronça très légèrement les sourcils, elle semblait se calmer, ce qui était plutôt une bonne chose. Néanmoins, elle semblait encore assez perturbée. Il hésita quelques instants sur la marche à suivre, finalement, il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il resta silencieux ainsi un moment, déposant un baiser dans les cheveux de sa belle. Il n’avait jamais voulu lui faire de peine, mais c’était mieux qu’elle sache qu’il n’était pas prêt à tout lui passer non plus. Il supposait que le fait qu’elle apprenne qu’il pouvait parfois être froid et dur était naturel après un an de relation. Il ne pouvait pas lui cacher éternellement que sous ses airs de prince charmant, il était en fait complètement insensible… Du moins, pas totalement. Cela ne serait pas correct.

« Je ne te cache rien ma princesse, je ne suis pas aussi… gentil… que tu le crois… mais quand je le suis avec toi, c’est toujours sincère. C’est parce que je veux que tu sois bien avec moi, tu comprends ? Mais aujourd’hui je ne voyais pas comment régler les choses en douceur sans tomber dans l’hypocrisie… » Car cela avait été le fond de son problème dès qu’elle avait commencé à lui faire sa crise d’hystérie. Si seul son retard avait été cause d’une colère, il se serait platement excusé et aurait tout fait pour se faire pardonner, mais il ne voulait pas mêler Ophélia à tout ça et avait dû sévir. S’il s’était écrasé, il aurait gardé de la rancœur, ça n’aurait pas été honnête et ça aurait doucement pourri leur amour. « J’ai préféré être honnête, quitte à casser l’image que tu avais de moi, et je m’excuse de ma brutalité, je ne voulais pas te blesser, seulement te faire comprendre ta méprise. » Il déposa un nouveau baiser, sur son front cette fois, redevenu pour de bon le gentil Tobias. Il n’avait plus de raison d’être fâché maintenant qu’elle acceptait de discuter calmement et qu’elle cessait toute théorie fantaisiste.

Il la serra un peu plus fort lorsqu’elle lui dit qu’elle l’aimait. Elle semblait tellement en détresse… pourtant, il n’était pas comme Vincent, il voulait vraiment rester avec elle. La preuve, leur relation durait depuis maintenant un an, ce n’était pas un feu de paille… aux yeux du jeune garçon, c’était du sérieux. Il ne se voyait peut-être pas rester toute sa vie avec Marie mais il n’imaginait pas sa vie sans elle non plus. Elle était là, bien présente, et leur dispute du jour n’y changerait rien, il en était convaincu.

« Je suis là ma chérie, je suis avec toi et je compte bien le rester… » Cette fois, c’est sur les lèvres de la blondinette qu’il déposa un baiser. Il réfléchit ensuite rapidement à la suite des évènements et décida prestement de la marche à suivre. « Tu ne veux pas venir chez moi ? C’est à une demi-heure d’ici mais… on sera mieux que là. » Il désigna la rue d’un air vague. Et puis, tant qu’ils en étaient à ce qu’elle le découvre, qu’elle vienne chez lui était peut-être une bonne idée… après, il fallait voir, pour pouvoir composer avec l’emploi du temps de sa princesse, parce que Tobias vivait dans un petit village proche de Londres et… complètement moldu !

« D’accord. » Murmura-t-il soulagé que la tempête soit passée. Cela faisait du bien de voir que tout était résolu. Maintenant, il ne savait pas si cela retirait les insultes qu’elle avait proférées à l’encontre d’Ophélia mais ce problème était secondaire du moment qu’elle n’en parlait plus devant lui.

Quant à son invitation à ce qu’elle vienne chez lui, elle fit mouche, au plus grand plaisir du jeune serpent qui considérait que c’était un privilège qu’il lui accordait. Non que chez lui ce soit un palace hein ! Tobias vivait dans une maison moldu tout à fait ordinaire, sa famille était sans souci d’argent, ils avaient même de quoi s’offrir des plaisirs de temps en temps comme des belles vacances ou des aménagements modernes pour la maison, mais ça restait dans une certaine norme. En revanche, il n’avait jamais laissé personne venir chez lui en dehors de ses goûters d’anniversaire quand il était gosse. Comme il était du 7 avril, il ne faisait plus de fête depuis qu’il avait eut 11 ans puisqu’à cette période de l’année il était à Poudlard. Du coup, ça faisait déjà 4 ans qu’aucune de ses fréquentations n’étaient entrée en sa demeure. Cela revêtait donc une certaine valeur à ses yeux.

« Oui, aucun problème. Elle pourra te faire transplaner comme ça, ça ira plus vite. » Parce que Tobias ne vivait pas tout près non plus, mais bon, ça restait faisable… et il jugeait qu’après la crise de confiance que venait d’essuyer leur couple, une telle étape devait être faites. Marie comprendrait peut-être ainsi qu’elle était vraiment importante pour lui, plus que les autres filles… et plus qu’Ophélia, qu’il n’avait pas du tout l’intention d’emmener chez lui un jour.

Tout en la rassurant, il commença à la conduire à la gare où il acheta deux billets de train pour sa petite ville. « Ne t’inquiète pas, j’ai beaucoup parlé de toi à ma mère, elle sera très contente de te rencontrer. » Comme pour confirmer ses paroles, il se dirigea ensuite vers une cabine téléphonique et sortit sa carte qu’il mit avant de composer le numéro de chez lui. C’était dans des moments comme celui-ci qu’on voyait que Tobias – pourtant parfaitement intégré à Serpentard – était un né moldu. Il parla brièvement à sa mère qui parût en effet ravie et ils allèrent ensuite sur le quai pour attendre le train. Pendant le voyage, Tobias essaya de décrire ses parents à Marie, mais aussi sa ville. C’était la première fois depuis qu’ils étaient ensemble qu’il lui parlait autant de lui. D’habitude, c’était plutôt elle qui parlait et lui qui écoutait, ou commentait ce qu’elle disait, sans rentrer dans des détails pouvant le concerner. De toute façon, sa vie ne ressemblait en rien à celle de Marie en dehors de Poudlard, il ne pouvait donc pas rebondir sur ce qu’elle lui racontait.

Le trajet parût finalement court à Tobias mais il ne savait pas ce que sa petite amie en avait pensé. Il l’aida à descendre du train et lui prit la main. « Tu sais, ça me fait vraiment plaisir que tu sois là. » Il avait l’impression que ça donnait plus de réalité à leur relation, comme si maintenant elle existait aussi en dehors du monde magique. Ils marchèrent un peu et ils arrivèrent devant une petite maison coquette typiquement anglaise avec un parterre de fleur et une petite mare devant le perron. Ouvrant la barrière, il invita Marie à entrer et il la laissa aussi passer devant lorsqu’il fallût entrer chez lui. « Marie, je te présente ma mère, Adeline, et mon père Jules. Papa est médecin. » Les deux parents saluèrent la jeune fille, et la mère de Tobias demanda à Marie si elle voulait dîner avec eux puisqu’il était déjà 17h30.

Ceci fait, ils montèrent dans la chambre de Tobias. « Et voici mon domaine ! » La chambre était de taille moyenne avec un lit une place sur le côté droit, une télévision de petite taille, une console à ses côtés, un grand bureau et une belle bibliothèque. Sur son chevet il y avait une photo de ses parents et une autre du dernier bal de Noël où figurait Marie. Au dessus du bureau, un grand tableau en bois où étaient collés plein de photos, des photos de Marie bien entendu (qui souriait et leur faisait de grands signes), des photos de ses amies à Poudlard et d’autres – immobiles – de ses amis moldus (où là il y avait les garçons du club de natation). On pouvait aussi remarquer Vincent dans un coin d’une photo de Fred’. Même sur papier, il semblait décider à tout faire pour être désagréable avec Tobias… qui n’avait gardé cette photo que parce que Fred’ lui avait donné, c’était d’ailleurs elle ou Bérénice qui avaient fait la plupart des tirages sorciers qu’il possédait, lui-même n’avait qu’un vieil appareil moldu.

« Voilà, ici c’est chez moi. Ça te plaît ? » Cela devait être loin de sa chambre à elle, mais elle devait sûrement s’y attendre. Tobias n’avait jamais caché ses origines, de toute façon, dans sa vie ce qui passait en tout premier c’était la famille.