Heaven n'était pas une passade. Il fallait voir le mal qu'il s'était donné pour enfin prendre conscience de ce qu'il ressentait vraiment pour elle. De plus, si vraiment elle n'était qu'une passage, il aurait profité d'elle et l'aurait largué sans état d'âme. Après tout, il avait encore tout son temps. Elle ne serait majeure que dans deux mois. Il pouvait la plaquer avant qu'elle ne soit majeure. Mais il n'en avait aucune envie. D'ailleurs, cette idée ne lui avait même pas traversée l'esprit. Rien ne tenait de toute façon puisqu'il voulait qu'elle emménage chez lui. C'était bien plus qu'une amourette de bas-étage. Et s'il avait souhaité que leur histoire reste secrète, c'était pour protéger leur couple, rien de plus.
Lorsqu'il avait appris que l'écharpe avait été confectionné par elle, il avait été touché malgré lui. Bah oui quoi, il trouvait ça bien plus personnel qu'un cadeau acheté dans une boutique quelconque. Lorsqu'on y mettait un peu de soi, quand on prenait le temps de s'investir rien que pour le sourire d'un être cher, ça en valait la peine. Et puis au fond, ça prouvait à cette personne qu'on tenait à elle, non?
Noël avait toujours eu un sens important pour Raphaël. C'était avant tout une période quasi féérique, mais surtout un moment familial très important, où le partage et le plaisir d'autrui avaient plus de valeur qu'un présent de mille gallions.
Les Noëls de son enfance étaient tous festifs, animés et chaleureux. Rien à voir avec ce que les Gibson montraient aux autres en temps normal. D'ailleurs, ce soir en était la preuve. Pourtant, il n'en avait pas toujours ainsi. Il y a encore peu de temps, Raphaël passait noël avec son frère dans des clubs privés, et ils passaient la nuit à faire la fête sans craindre les conséquences. Aujourd'hui, tout avait changé. Samuel était sur le point de se marier et était devenu père. Quand à Raphaël, il travaillait à présent, et surtout, il était plus mature. D'ailleurs, le fait d'avoir invité Heaven était une preuve aussi de stabilité. Les Noëls heureux revenaient enfin chez les Gibson. Même leur tante avait été présente. Évènement inattendu, mais des plus précieux au fond. Rien que sa présence avait fait remonté une multitude de souvenirs. Il regrettait juste parfois que la relation qu'il entretenait avec son père soit si mauvaise. Qu'aurait été cette fête s'il avait été là ce soir? Il ne préférait pas y songer. Déjà qu'il avait une dent contre Heaven, alors la soirée aurait été plombée.
En tout cas, pour lui, cette soirée avait été parfaite. Content, voir même un peu fier quand même que le cadeau qu'il avait longuement confectionné ait plu à sa petite amie. Ce n'est pas forcément facile de surprendre quelqu'un qui est du même milieu que le sien. Et puis, le « je pourrais t'embêter tant que je resterais à Poudlard » l'avait fait sourire. Il avait même faillit lui répondre « Autant que tu voudras! », mais il s'abstint de crainte qu'elle ne le prenne au mot. Mais au fond, il n'en pensait pas moins. D'ailleurs, il avait ôté le miroir qui se trouvait dans sa salle de classe. Non, mais vous imaginez la tronche des élèves si la tête d'Heaven apparaissait en plein cours? Autant éviter les moments embarrassants. Néanmoins, ses maisons possédaient des miroirs, même dans son bureau à Taliesin. Par contre, lorsqu'il n'était pas dans une pièce « à miroir », un signal le prévenait. C'était simple. De toute façon, la plupart du temps, la connexion se faisait uniquement s'il était présent. Compliqué à mettre en place, mais ça en valait la peine.
* * * * * *
Raphaël n'attendait plus trop de réponse explicite à présent. Qu'elle se soit jetée à son cou lui suffisait amplement. C'était d'ailleurs une réponse des plus plaisantes. Oui...enfin...à y regarder de plus près, c'était plutôt dangereux en fait. Non, parce que là,...non mais sérieusement, que faisait Heaven? *A l'aide! Au viol!*
Elle s'était littéralement jetée sur lui. Non pas qu'il n'appréciait pas, bien au contraire, il appréciait même un peu trop.
Mais même s'il se retrouvait dans une telle situation, il aimait la spontanéité dont elle pouvait faire preuve comme le jour où il lui avait offert Raëlle. Elle était littéralement différente et il aimait aussi ce côté de sa personnalité. Ces petits instants où elle laissait entrevoir autre chose que Miss Clarks, Serpentard de son état, et riche héritière d'une famille au sang pur. C'est ce qu'il aimait chez elle. Avec lui, elle laissait tomber sa carapace. Elle valait la peine qu'il fasse des efforts. D'où son envie qu'elle vienne habiter chez lui, comme un vrai couple. Il savait qu'elle avait encore un an et demi à faire, et même si son cœur et sa raison avait bataillé, il s'était décidé. Du coup, sa proposition était sincère, tout en étant raisonnable. Du moins, il l'espérait. Du moment que Maman Clarks ne lui tombait pas dessus. Après tout, un couple, c'était composé de deux personnes, et non de tierce personne. La preuve, il n'écoutait pas son paternel. D'ailleurs, il se demandait à cet instant si Maman Clarks l'apprécierait ou pas??? Bon, pas maintenant les questions existentielles. Il avait autre chose sur le feu. Quoi que penser à autre chose lui permettait d'oublier la sensation grisante du corps d'Heaven sur le sien. Ça sert aussi à ça les questions existentielles!
Lorsqu'elle s'assit sur le lit à ses côtés, il resta allongé, mais se positionna sur le côté, un bras sous la tête, à observer les expressions de sa petite amie. Elle n'était pas plus belle qu'à cet instant précis, les cheveux encore humides cascadant sur ses épaules, ses yeux pétillants, son corps de jeune femme sous cette nuisette qui ne cachait pas grand chose. Son cou délicat, ses fines épaules, ses bras graciles, ses cuisses comme neige et ses jambes fuselées. Ce n'était vraiment pas le bon moyen de se changer l'esprit alors qu'il détaillait d'un œil rapace celle qui agissait des plus naturellement possibles. Ne voyait-elle donc pas l'effet qu'elle avait sur lui? Ça aurait presque pu en être vexant s'il ne passait pas son temps à cacher son attirance charnelle afin de ne pas céder à d'autres instincts moins honorables.
Lorsqu'elle prit la parole pour affirmer sa décision, il revint à lui, et devant l'enthousiasme de sa petite amie, il ne put que sourire.
« Dès cet été alors...je t'aiderai à déménager tes affaires. » affirma le jeune homme, l'embrassant sans s'éterniser pour ne pas déraper.
Il n'y voyait aucune objection. Quelle raison aurait-il pu donner? Poudlard? Non, c'était bien mince comme prétexte. Et de toute façon, d'ici deux mois, elle serait majeure et serait libre de ses choix et mouvements. D'ailleurs, il avait hâte, car cacher leur relation était pesante parfois.
Alors pour une fois, au lieu d'écouter sa raison, il entreprit de rester. Ils discutèrent des fêtes, de son futur anniversaire qui annonçait sa majorité, du déménagement bien évidemment, et d'anecdotes drôles made in Poudlard. Certes, il avait parfois...souvent, pour être honnête, distrait par la nuisette, mais le fil de la conversation l'aidait à reprendre le dessus. Puis, sur les coups de 3h30 du matin, sous ses yeux, il la vit fermer les yeux et s'endormir. Il la couvrit d'un plaid puis resta près d'elle jusqu'au lendemain matin, son bras passé autour de sa taille, son corps contre le sien.
{The End}
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