Sugar, Sugar, SUGAR !!!

La vendeuse était malade ! Du coup, Cordélia avait quitté son antre pour aller la remplacer, laissant Shawn à l’atelier avec l’ouvrier, il ne ferait aujourd’hui que des choses dont il avait l’habitude. Bon point : ça faisait qu’elle pouvait encore éviter Nolhan. D’accord, ce n’était pas bien, ce n’était pas très mature non plus, mais elle n’avait pas envie d’être la patronne pour le coup. Elle était la fille qui avait trop bu et qui avait couché avec un ami ! Le pire, ce n’était peut-être même pas ça… Non, le pire c’est qu’elle lui avait montré ses faiblesses. Hors, à part Jan et Julia, elle n’avait jamais laissé personne la voir triste. Elle était une fille sensible qui se faisait passer pour plus forte qu’elle n’était… C’était en parti dû à l’école où elle était passée de l’enfance à l’âge adulte. Sous Karkaroff, ça ne rigolait pas. Ils avaient tous fait les frais de son régime despotique et de sa paresse notoire. Enfin, au moins, ils avaient vite appris à se débrouiller tout seul.

Elle avait attaché ses cheveux en une simple queue de cheval lâche, seulement pour qu’ils ne se baladent pas et elle portait une tenue simple, un jean et un pull moulant col roulé avec par dessus une capeline blanche à fausse fourrure. Sa baguette y était attaché.

Quand la sonnette indiquant que quelqu’un arrivait retentit, elle tourna la tête et sourit à son client. « Bonjour, bienvenue chez les pâtisseries Warldof, que puis-je faire pour vous aider ? » Elle le détailla rapidement. Il n’était pas du coin, il n’était pas de leur client régulier (en apparence du moins) hum… qu’est-ce qu’il venait faire au Pays de Galles dans ce cas ? Etrange quand même. D’habitude, les gens qui ne venaient pas sur place passaient des commandes par hiboux express et ils avaient leur commande dans la journée. Ceci étant, elle était bien placée pour comprendre un besoin irrépressible de sucre, elle en avait elle-même souvent. Elle avait toujours fait des jalouses parce qu’elle arrivait à garder la ligne en se goinfrant toute la journée… le métabolisme de sa très jolie maman et un certain amour pour le sport y était pour beaucoup dans ce petit miracle de la nature. Il y a des gens qui sont gâtés par la nature, et d’autres pas.

En attendant la réponse, elle mit de nouveaux plateaux de gâteaux sur le rayonnage réfrigéré magiquement de sa boutique. Malheureusement, aujourd’hui, il n’y en avait que très peu qui avaient été confectionné par elle. Elle était de toute évidence la meilleure mais il y avait des jours où faire tourner la boutique nécessitait qu’elle fasse autre chose que mettre la main à la pâte au sens stricte.

Espérons que le jeune homme soit plus gourmet des pâtisseries de la boutique que des siennes en propre…

La vie habituellement si simple de Cordélia s’était beaucoup compliquée dernièrement. Hors, figurez vous que pour aussi douée dans les affaires (mais alors pour ça, c’était plutôt merci Julia) et la pâtisserie qu’elle fût, la belle Warldof n’était pas ni spécialement intelligente, et encore moins futée. Elle était même le genre de fille assez naïve qui ne comprenait pas tout à la vie. C’est pour cela qu’elle aimait ce qui était simple, mais avec Nolhan plus rien ne l’était. Ils étaient si proches pourtant… il était son assistant, elle passait beaucoup de temps avec lui, des heures entières, mais maintenant, un jeu dangereux avait fait surface, un jeu qu’elle ne savait pas gérer, encore moins contrôler. Elle avait tellement besoin qu’on la regarde, qu’on s’occupe d’elle, et lui il le faisait, et le pire c’est qu’il ne demandait rien, il n’attendait rien. Il savait tellement bien la situation compliquée de Cordélia qu’elle pouvait en profiter sans s’inquiéter du futur. Cela aurait dû lui suffire, mais en réalité cela la gênait. Elle culpabilisait sans bien savoir pourquoi. Etait-ce parce que ce n’était pas l’idée qu’elle se faisait des rapports hommes/femmes ? Etait-ce parce qu’elle avait peur que son fils le découvre ? Etait-ce parce qu’elle aimait encore Jan ? Elle n’avait aucune réponse, juste des théories pas toujours convaincante pour comprendre ce qui la mettait aussi mal à l’aise et la poussait, là, maintenant, à remplacer sa vendeuse alors que ce n’était absolument pas son travail. En fait, elle n’était même pas très douée pour ça. Julia aurait mieux fait l’affaire, elle savait mieux rendre la monnaie, mais non, Cordélia s’était spontanément proposé parce que cela lui permettait de passer une journée sans aucun geste équivoque, Nolhan étant là-haut dans son bureau tandis qu’elle était en bas avec les clients. Enfin, avec le client pour le moment, l’heure de pointe était passée, la prochaine n’arriverait pas tout de suite, le nouveau venu était donc le seul gourmet de la boutique pour l’heure.

« Oh je vois. » Le nom de famille lui était effectivement connu. « C’est parti pour un assortiment alors. » Dit-elle en prenant sa baguette et en faisant venir les gâteaux par magie dans une jolie boite, la plus grande car ce client était un gros client justement, pas par le poids cela dit, mais par la consommation sans nul doute.

« La pâtissière ? Oh bah oui, je la vois souvent. » dit-elle en souriant avant d’ajouter d’une voix très amusée – ce jeune homme semblait un fan, c’était la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un qui semblait tellement apprécié son travail – « En fait, je la vois à chaque fois que je me regarde dans le miroir. » Puis, elle fit un clin d’œil à son client tout en vérifiant la qualité de chaque produit qu’elle venait de mettre dans la boîte. « Je me présente, je suis Cordélia Warldof. » termina-t-elle en souriant gentiment. L’opération d’empaquetage était terminée, Asher aurait bientôt sa dose de sucre !

« Oh, ce n’est pas grave du tout, rassurez-vous. » La réponse de Cordélia était destiné à sortir de son embarras Asher qui semblait assez gêné par la tournure que prenait la conversation. Il est vrai qu’il était étrange qu’un aussi gros client (et là, elle ne parlait que de sa consommation, pas de son physique qui était potable – Cordy est très difficile -, en tout cas pas en surpoids du tout) ne connaisse pas le visage de la propriétaire, visage connu qui plus est puisqu’elle avait été mannequin dans ses jeunes années. Elle avait fait quelques couvertures et publicités bien que peu de défilés, un seul en fait, parce que son père était le sponsor et que le créateur ne voulait pas perdre son financement. De l’avis de Cordélia, il essayait même sûrement de l’augmenter. Enfin, en tout cas, Cordy n’était pas une inconnue du grand public, mais Asher semblait un peu sur la lune, et puis, il n’avait pas le profil type de celui qui s’intéresse à la mode ou aux affaires. Elle ne savait pas quel était sa passion mais il semblait n’en avoir qu’une et s’y enfermer pour être à ce point à la ramasse. Elle trouvait ça presque touchant. En tout cas, pas gênant ou insultant. Si elle pouvait être surprise qu’on ne la reconnaisse pas, cela s’arrêtait là.

« Enchantée. » Dit-elle avec sincérité tout en tendant sa main à serrer. Ceci fait, elle entendit du bruit dans l’arrière boutique et elle craint subitement que ce fût Nolhan. Ridicule n’est-ce pas ? Et pourtant, réel. Elle jeta un coup d’œil derrière son épaule, vers la porte qui conduisait aux cuisines et aux bureaux (ainsi qu’au laboratoire culinaire où elle menait ses recherches) avant de retourner son regard vers l’entrée, vide à cette heure, il n’y avait que Asher, avant d’être prise d’une inspiration subite.

« Vous voulez goûter ma dernière création ? Elle n’est pas encore en vente. » Mais l’avis d’un fan serait forcément utile, et puis, ça l’occuperait. On ne savait jamais qui pouvait arriver derrière elle et la voyant inoccupé la demanderait pour tel ou tel travail. Non, non, elle voulait rester là aujourd’hui ! En bas, avec les clients comme Asher, à juste penser à son boulot. Pas facile… Attendant la réponse de son client, elle lista ce qu’elle devait faire aujourd’hui, surtout ce qu’elle devrait faire en rentrant. Stephen n’avait pas encore de devoirs puisqu’il n’était qu’en maternel mais elle aimerait bien rentrer assez tôt pour prendre le goûter avec lui et qu’il lui raconte ses dernières découvertes, laconiquement comme toujours. Enfin, pour le moment, ce n’était pas l’heure, elle voulait plutôt avoir l’opinion de Asher (son fan ! elle n’en avait jamais eu pour ses pâtisseries jusqu’ici, ses soi-disant fans ayant plutôt envie de la mettre dans leur lit à l’époque où elle posait), cela lui permettrait peut-être d’améliorer la recette de ce futur produit.

Cordélia était une ancienne élève de Durmstrang j’allais écrire Salem mais en fait non, elle n’y connaissait donc pas grand-chose aux répartitions de Poudlard, que ce qu’elle en avait appris lorsqu’elle faisait partie de la délégation de son école venue pour être les faire valoir de Krum. Gentil garçon au demeurant mais qui ne faisait pas vraiment parti des amis de la brunette qui était restée dans une idée assez basique de son ancienne école, il y avait les populaires mais solitaires comme Krum qui étaient comme des poissons dans l’eau à l’école, ensuite il y avait les groupes de gens riches mais pas spécialement célèbres dans l’école même comme la clique de Cordélia composée de Julia, Jan, Nathan et elle-même… ensuite il y avait les faire valoir et les souffres douleurs qui étaient tellement invisibles que Cordy devait bien admettre qu’elle ne se souvenait même plus de leurs noms. Bon, son groupe d’amis ne faisait pas dans la torture non plus hein, ceci explique cela… Cordélia se rappelait avec nostalgie de l’école, elle y serait bien retournée… mais en ce qui concernait Asher, même s’il était probablement à Poudlard à l’époque où elle faisait partie de la délégation, il ne lui disait rien, pas plus que sa maison ne l’aurait fait s’il l’avait mentionné. Cordy avait un peu une mémoire de poisson rouge, on ne peut pas être bons partout et elle était déjà bonne en pâtisserie.

« Attendez-moi, je vais la chercher ! » Dit Cordélia d’un air enjoué avant d’aller dans l’arrière salle prendre son dernier essai. C’était un gâteau composé d’une couche de biscuit parfumé au citron (très léger le parfum) avec une couche de mousse d’un mélange fruité composé d’ananas, de framboise et de mûres et entouré d’une couche de chocolat durci. La décoration était des petits fruits rétrécis par magie et disposés d’une manière élégante. Bien sûr, c’était encore au stade de l’essai, elle devait sûrement encore l’amélioré, mais elle aimait les mélanges de couleurs et de saveurs, c’était même ce qui l’avait conduit vers ce métier.

« Voilà, surtout, soyez francs, je sais que ça peut encore être amélioré ! » Par exemple, elle songeait à ajouter un peu d’acidité citronnée au citron pour que le sucre de la mûre ressorte plus dans la mousse ainsi que l’acidité naturelle de la framboise.

Pendant qu’Asher goûtait, elle l’observa et fini par demander pour alimenter la conversation (et donc fuir le reste des locaux, et surtout Nolhan) « Vous étiez à Poudlard pendant le tournoi des trois sorciers ? » Parce qu’elle se doutait que oui, mais elle savait aussi qu’elle n’avait aucun souvenir du jeune homme.

Cordélia avait posé le gâteau, sa dernière création, devant Asher et attendait son verdict d’un air plutôt tranquille. Quand bien même une nouveauté mérita toujours d’être améliorée, elle savait aussi qu’elle était douée. N’y voyait pas une assurance mal placée, Cordy était aussi pourvue de très nombreux défauts, par exemple, si elle était assez jolie pour figurer sans rougir sur des magazines, elle avait trop de rondeurs pour être réellement mannequin, elle ne paraissait plus si grande que ça aussi maintenant qu’elle était adulte… en outre, elle n’était pas très intelligente, un peu trop naïve et carrément maladroite ! Elle était capable de se prendre une porte trois fois dans la même journée (enfin, peut-être pas dans un endroit qu’elle connaît, mais ailleurs, c’est très faisable) et quand elle n’était pas en train de confectionner un gâteau – auquel cas elle était très concentrée – elle en venait souvent à tout faire tomber sans vergogne… Nolhan avait en général beaucoup de travail pour ranger les dossiers qu’elle avait malencontreusement éparpillé dans son bureau juste parce qu’elle cherchait le coupe papier… Bref, en tout cas, elle n’était pas nerveuse quand c’était son domaine qu’on abordait, autrement dit celui de la pâtisserie.

« J’étais au tournoi oui, mais je n’ai pas étudié à Poudlard, j’étais dans la délégation de Durmstrang, en septième année à l’époque, j’ai le même âge que Krum. » Voilà qui ne la rajeunissait pas, tout comme le fait que maintenant elle soit maman, encore que de ce côté-là c’était tout autre chose, elle avait en effet la sensation que c’était un problème tout autre puisqu’elle était très jeune pour avoir un enfant aussi grand. En effet, Stephen allait déjà à l’école maternelle… le temps passait si vite, elle avait l’impression de ne pas l’avoir vu grandir !

« Ah oui, le citron, je m’en doutais un peu, j’avais peur que l’alliance avec les framboises ne soit trop acide donc j’en ai mis un peu seulement mais à la cuisson, le sucre des mûres est beaucoup trop ressorti, je vais devoir en ajouter dans la pâte du biscuit. » En plus le citron permettait de conserver le gâteau plus longtemps au réfrigérateur, pour ceux qui ne peuvent pas acheter leur gâteau le jour même, c’était tout de même un avantage. Car il ne faut pas croire, aussi maladroite (et bête, faut le dire), soit-elle, Cordélia était le genre de fille qui prenait très au sérieux sa carrière, elle se débrouillait d’ailleurs toute seule et elle avait presque fini de rembourser ce que son père lui avait prêté pour ouvrir le premier magasin (à Londres). Maintenant, il était sûr que sans Julia elle n’arriverait sûrement à rien, mais puisque sa meilleure amie et elle formaient un tandem de choc, Cordy était bien placé pour devenir une pâtissière de renom, la meilleure du monde sorcier !