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 #__ Smoke the life . [ Jerôme ]

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Ξ Sujet: #__ Smoke the life . [ Jerôme ]   #__ Smoke the life . [ Jerôme ] EmptySam 11 Déc - 16:02

Deux ans qu'elle était partie de Poudlard, son diplôme en poche. Une longue année à ne savoir que faire. Elle n'avait jamais imaginé ce que pouvait devenir sa vie après l'école de magie dans laquelle elle s'était véritablement sentie chez elle. Sa maison. Elle avait l'impression de sortir du seul refuge qui lui garantissait sécurité. Qui pouvait la protéger de son géniteur. Qui l'éloignait des insultes qui ne résonnait à ses oreilles plus que comme un fond sonore habituel. Qui l'éloignait de l'odeur pestilentiel et perpétuel de l'alcool. Qui l'éloignait des coups. Aujourd'hui encore, deux ans après sa sortie de Poudlard, elle se sentait en danger, dans l'inquiétude de voir surgir son géniteur à tout instant, à chaque coin de rue, ceinture à la main. A 19 ans, elle n'arrivait toujours pas à se défaire de ces souvenirs effroyables. Profondément marquée, dans tout les sens du terme. Elle gardait encore sur sa peau les séquelles des colères que James passait sur elle. Parfois, le soir, après s'être douchée, elle se regardait dans le miroir et analysait chaque plaie qui s'étalait sur son corps. Elle se trouvait horrible. Elle n'avait d'elle que l'image d'une pauvre poupée de chiffon déchirée. Chiffonnée. D'ailleurs, ce matin, en allant dans la salle de bain pour prendre sa toilette et s'habiller, elle eu à nouveau cette pensée insupportable. Je ne suis rien, je n'ressemble à rien. On dirait un drap lacéré... Elle resta un moment figée face à son image. Cette fille qui se reflétait dans sa glace. Elle la haïssait. Elles se haïssaient toutes les deux. L'une d'avoir été aussi faible , l'autre d'en être le reflet.

« Je te déteste. Va au diable ! »

Elle ne savait pas si c'était à son géniteur qu'elle s'adressait ou si c'était à elle-même. Elle frappa le mur de son poing, s'écorchant légèrement les jointures de la main. Pfff, une plaie de plus une plaie de moins. Elle essaya de reprendre contenance et inspira une grande bouffée d'air. Calme toi, calme toi, calme toi. Il est loin. C'est fini. Il ne reposera jamais plus la main sur toi. Stop. Relève toi maintenant. Elle mit une chemise noire assez ample et un jeans assez simple, troué au niveau des genoux. Elle se jeta un nouveau coup d'œil au miroir. Son teint pâle tranchait avec le sombre de ses vêtements et de ses cheveux qu'elle coiffa rapidement. Elle les attacha en une couette lâche dont s'échappaient quelques mèches rebelles qui lui barraient la vue. Elle se fichait de son apparence, elle ne se maquillait pas, elle restait comme telle. Et puis, elle ne sortait que pour partir à la recherche d'évènement ' intéressant ' histoire d'écrire un nouvel article pour un des nombreux journaux où elle travaillait en tant que correspondante. Ainsi, elle n'avait pas de travail fixe. Elle vendait simplement ses articles au plus offrant. L'univers dans lequel elle était plongée constamment était bien différent de celui dans lequel elle avait grandi. Elle qui avait dès le plus jeune âge récolté en argent ce que son père lui refusait en affection. Le fric ne coulait plus à flot, elle vivait dans un petit appartement miteux dans une rue tout aussi minable truffée de personnes étranges qui se tapissaient dans l'ombre et attendaient le moment opportun pour vous interpeler et vous proposer diverses substances. Ou divers services. Ses petits revenus ne lui permettaient pas mieux. Je sais je sais, je vous vois venir : « Et le père alors ? Il peut pas lui en prêter du pognon ? » Vous vous imaginez ? Aller mendier quelques gallions à votre géniteur qui n'attend que ça, que vous reveniez, pour vous flanquer la volée du siècle. Parce que bien sûr, Ange ne lui avait pas demander son avis à cette ordure pour partir. Elle avait fait ses bagages dès sa majorité, et elle s'en était aller. Elle ne pouvait pas rester plus longtemps maintenant qu'elle pouvait fuir loin de tout ça. C'était comme mettre un poulet rôti sous le nez d'un clochard affamé. Elle n'avait plus rien en tête que partir. Partir d'ici. Partir le plus loin possible. Partir pour enfin vivre. Et ne plus entendre parler de James Davis. Jamais.

La jeune femme sortit de sa salle de bain et commença à vagabonder du salon à sa chambre et de sa chambre au salon à la recherche de divers accessoires. A commencer par son bloc note et son stylo. Mais bordel ils sont où ces trucs ! Elle s'arrêta au milieu du salon pour se calmer une fois encore en inspirant profondément. Ces derniers temps, elle avait l'impression d'être une montagne russe à elle-même. Elle pouvait passer de la nervosité à la sérénité en un clin d'œil. Et vice versa. Seulement des fois, elle avait du mal à passer du chaud au froid. Pour cela, pas d'autre solution... Elle alla dans la cuisine et attrapa son paquet de cigarettes. Un petit truc moldu dont elle ne pouvait plus se passer depuis qu'elle avait quitté le domaine... ' familial '. Elle alluma le mégot et tira une grande taffe. C'était presque plus apaisant que le grand air pour elle. Sentir la nicotine se diffuser dans ses veines. Se goudronner les poumons. Se pourrir la santé. Elle s'en fichait comme d'une guigne si elle crevait plus tôt à cause de cette connerie. Après tout on mourrait tous un jour. Alors jeune ou vieux, pas d'importance. Pour ce que la vie valait de toute manière. Et elle pensa à une citation d'André Santini, auteur moldu cela va de soi : « A force de fumer, je suis devenu cendre. » Devenir cendre, ce serait une belle fin. Empoussiérer cette terre un peu plus qu'elle ne l'est déjà.

Ange écrasa sa cigarette dans un cendrier posé sur la table. Elle en avait presque fumer le filtre avec. Et là, miracle, elle aperçut son bloc note abandonné dans un coin du salon. Pour dire que ça faisait un moment qu'elle n'y avait plus touché. En ce moment elle avait plutôt pris l'habitude d'illustrer les articles, ou de vendre des photos prises au gré de ses pulsions. Elle ne cherchait jamais l'inspiration, elle préférait attendre qu'elle lui vienne. Comme ça. Comme un flash. Comme un éclair. C'était bien mieux. L'imprévu, il n'y avait que ça de vrai. Que ça de meilleur pour qu'une photo soit la plus proche de la réalité. Figer le monde. Figer les gens. Figer la ronde. Figer le temps. Mais aujourd'hui, tout ce qu'elle figerait, c'est quelques mots sur du papier. Elle avait prévu d'aller se promener un peu à Londres, le regard à l'affût et l'oreille aux aguets. Faut dire, depuis que Voldemort et sa clique n'était plus un danger pour l'humanité ( parce que quand même, il était définitivement mort le p'tit Seigneur des Ténèbres tué par l'autre binoclard ), il n'y avait plus grand chose à écrire. La vie était mortellement paisible. De temps en temps, de petites agressions par-ci par-là dans l'allée des embrumes et puis c'est tout. Tiens, ça lui rappelait quelques souvenirs... Le fameux jour où elle avait rencontré Enry pour la première fois. Enry son ange gardien. Mais passons, ce n'était pas le moment d'y songer.


« Eh ma jolie ! T'en veux d'la bonne ? »

L'ancienne Serpentard n'accorda pas plus attention à l'étrange personne qu'elle n'en accorderait à un chewing gum écrasé par terre. Il est sale, il vous colle, mais il finit toujours par se dégrader et s'évaporer dans l'atmosphère. Elle s'éloigna donc sans se presser, condescendante et arrogante. Elle n'avait pas peur. Elle n'avait peur de rien. Quand on s'en fout de mourir, on s'en fout de tout. Et le pire, c'est que ce sont ceux qui s'accrochent qui partent le plus tôt. Bref. Elle prit sa voiture et fonça à toute allure dans les rues de Londres. Bien sûr, elle aurait pu transplaner. Mais rouler... Saviez vous seulement le bien que ça lui procurait ? Filer à toute vitesse. Griller les stops. Accélérer aux feus rouge. Mourir comme lui. Mais elle ressortait toujours vivante de cette vieille taule. Claquant la porte, elle jeta un regard absent sur le monde qui l'entourait. Elle se sentait déjà étouffée. Elle vagabonda un moment dans les rues londoniennes à observer, écouter, analyser. Rien à faire. Morne agitation de la ville. Elle n'y trouvait aucun intérêt. Ennui, ennui, ennui. L'après midi défila sans qu'Ange ne s'en rende compte. Elle avait l'impression amère de vivre à l'envers. De ne pas avoir les mêmes illusions que tous ces gens qui passaient près d'elle comme il passait à côté de la vie avec insouciance, indifférence.

Le soir venu, elle entra dans une espèce de pub malfamé. Tant pis. Elle voulait juste être au chaud et boire quelque chose de chaud. Un café, un thé, n'importe quoi. De l'alcool peut-être ? Non elle détestait ça. Elle voulait tout sauf ressembler à son géniteur. Pauvre con. Elle avait été la victime indirecte de ces boissons tant appréciés. Pourquoi ? Parce qu'elles permettaient de s'évader, un instant. Rien qu'un instant n'est-ce pas ? Et les instants se multiplient. Les instants deviennent quotidien. On en devient accro'. Et puis ? On fait quoi ? Eh bien on n'essaie plus d'échapper au tracas de la vie grâce à la boisson mais on essaie d'échapper à la boisson en frappant sur sa fille. Un cappuccino. C'était parfait. Elle se brûla les lèvres et la bouche en le buvant trop vite. Elle s'était assise dans le fond, près de la fenêtre pour regarder les créatures de la nuit s'affairer. Encore s'affairer. Ils ne s'arrêtaient donc jamais. La jeune femme poussa un soupire d'exaspération. Et commença à dessiner sur la nappe qui était négligemment posée sur sa table. Des graffitis y trônaient déjà. Le regard perdu dans l'encre de la nuit qui s'installait dehors, elle se demandait simplement ce qu'elle faisait encore là. Dans ce monde pitoyable.
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Ξ Sujet: Re: #__ Smoke the life . [ Jerôme ]   #__ Smoke the life . [ Jerôme ] EmptyDim 12 Déc - 23:04




    Il soupira. D'un de ces soupirs à fendre l'âme, se répercutant sans fin dans ces couloirs remplis d'une odeur de désinfectant et de folie immonde, il n'en pouvait plus, il étouffait, juste l'envie de retirer son T-shirt et de se prendre une douche glacée sur la tête, les yeux fermés. Une envie de s'enfuir, en courant, loin de cet oppressante monde, de toute cette folie qui l'entourait au quotidien ; la vie telle qu'elle l'était maintenant était tellement difficile et pour l'instant, il saturait simplement, on les surprotégeait tellement à Poudlard que la cruauté du monde était trop forte, il était balloté dans les flots d'une mer dont il ne voyait pas la fin, submergé par des torrents de haine et suffoquait. Pourtant, aucune émotion n'aurait dû le toucher si profondément, après la guerre, tout avait été annihilé, le moins de sentiments possible, seulement percer les gens qui l'entouraient, pour ne pas être blessé encore. Encore. Les gens s'efforçaient toujours de tuer socialement et mentalement autrui, de manière définitive, plonger les autres dans le noir le plus profond, dans une eau froide, gelée même, dans le seul but qu'ils meurent, d'une manière ou d'une autre, étouffer dans une emprise trop grande pour eux, ou simplement d'eux-mêmes car ils ne peuvent plus accepter de ne rien contrôler, de leurs existences, de leurs comportements, d'autrui, du monde, de la sorcellerie. Et il comprend ces personnes qui finissent leurs jours, malheureux seuls, mais il s'imagine tellement plus fort qu'eux, alors qu'il ne valait pas mieux, juste qu'il savait mieux nager que d'autres dans l'eau glacée de la vie.

    Jerôme ouvrit la porte d'entrée de l'asile avec une frénésie insupportable et respira une énorme goulée d'air, manquant presque de s'étouffer tant elle était grande et glacée. Il arrivait à ce moment où il se demandait réellement pourquoi il avait pris ce boulot, pourquoi tant d'études pour ce résultat ? L'ancien Serdaigle état devenu psychomage pour aider les gens, les faire changer, les vider de leurs problèmes et faire du quotidien de certaines personnes mais rien. RIEN. Pour la deuxième fois de sa vie, le sorcier se sentit pousser une haine incommensurable contre la société, contre ces gens qui, même si on faisait preuve de compassion pour et avec eux, ne changeaient pas, étaient tous des monstres qui était au bord de ce gouffre comme des cancéreux en fase terminale, mais de l'autre côté du ravin parce qu'eux n'avaient plus rien d'humain. L'ancien Taliesien se contrôla difficilement, les poings serrés, prenant de plus grandes inspirations pour finir par redevenir neutre, comme à son habitude, se traitant d'idiot d'avoir ainsi perdu l'esprit, comme ses patients. La seule fois où il s'était énervé ainsi, c'était avec Morgane, alors qu'elle se faisait aborder un peu trop pressement par un type, ça l'avait complètement mis hors de lui qu'on s'en prenne ainsi à une fille, une jeune femme qui, à cette époque, était un peu trop jeune d'ailleurs. Ca l'avait mis hors de lui, d'autant plus que la jeune femme avait été Morgane Winston, sans doute celle dont il était le plus proche, même la seule qui ait un jour réussi à lui faire extérioriser ses sentiments. Cette même fille qu'il avait -sans savoir pourquoi- invitée au mariage de son frère et d'Halwen Turner, et la seule avec qui il avait déjà réussi à se disputer.

    Jerôme soupira durant quelques secondes et se permit un petit sourire, s'il commençait à péter des plombs de temps à autres comme cela, il deviendrait comme ceux qu'il prétendait pouvoir aider. Mais il était tellement plus différent qu'il l'imaginait de soigner des malades mentaux que d'écouter et de donner des conseils aux patients ou à ses amis ... Ses dossiers sous le bras, froissés de son énervement et de toutes les tournures de pages, le sorcier avança d'un pas et, un "plop" plus tard, l'établissement immense, fait de dalles de granit parfaitement nettoyée ne voyait qu'un courant d'air à la place du brunet qui s'était tenu là. Celui-ci arriva dans son loft à peine une seconde plus tard, alors qu'il était plongé dans le noir, un silence apaisant y régnant, ce qui tira un fugace sourire au jeune homme. Il se plaisait dans l'absence totale du reste de l'humanité, d'être seul au monde, avec sa seule pensée comme distraction ; certes, un peu triste, mais au fond, pourquoi s'embarrasser de personnes qui n'en valent, la plupart du temps, pas la peine ? Jerôme avait assez de choses à gérer seul que pour gérer aussi celles des autres, bien que pour l'instant, il fasse cela à merveille. Depuis que son employeur l'avait placé dans cet asile psychiatrique, à recevoir des criminels, des fous en perdition, des personnes qui l'avaient déjà menacé, certains ayant même déjà essayer de le tuer ; depuis lors, il avait perdu le goût du métier, mais pas de la vie, il s'espérait toujours à faire devenir les gens meilleurs, de ce qu'il pouvait en tout cas. Le jeune homme alluma la lumière et déposa d'un geste brusque du poignet les dossiers au-dessus de la pile, elle-même fourrée au milieu d'un bazar indescriptible, de dossiers psychiatriques et attrapa sa veste, il avait besoin d'un bon remontant, de passer une soirée comme les adolescents de son âge, dits "normaux".

    Un nouveau "plop" se refit entendre dans l'appartement alors que le psychomage transplanait dans une ruelle londonienne où seuls des sorciers vivaient et qu'ils connaissaient (soucis de discrétion, voyez-vous) et se balada dans les allées où se trouvaient les bars qu'il connaissait (et qui étaient, à vrai dire, peu nombreuses, vu qu'il sortait très peu), cherchant un endroit pas trop rempli de monde non plus, se rendant compte, petit à petit, qu'il était un peu agoraphobe, en fait. Il trouva son bonheur dans un petit bar, d'aspect miteux, sans doute moldu mais sans être sûr, il pourrait être ainsi un minimum seul, tout en rencontrant (peut-être) quelques personnes. Et si ça tournait mal (comme ça l'arrivait souvent dans des endroits comme ceux-là), il savait se défendre, avec ou sans baguette (même s'il préférait avec). Jerôme poussa la porte de l'endroit miteux, l'odeur poisseuse le prenant directement aux poumons sans pour autant le déranger et, comme pour augmenter le nombre de parasites de sa santé, sortit une cigarette de sa veste. Il avait découvert ça l'année passée, aux côtés d'une amie moldu ; au départ, il n'avait pas voulu y toucher et cette amie lui avait dit une phrase qui l'avait profondément touché " Fumer, c'est se suicider sans que personne ne le remarque. ", il avait commencé à peine une semaine après. Le psychomage alla commander un café et, laissant son regard errer dans le bar, perçant tous les regards qui croisaient le sien, celui-ci remarqua cette jeune fille penchée sur la table. Elle avait une telle aura qu'il s'approcha et que son pressentiment se confirma. Il avait déjà remarqué cette aura, une fois, durant cinq années. Ils ne s'étaient jamais adressés la parole pourtant l'attitude de la jeune fille, ses postures, son regard, tout en elle l'avait toujours intrigué et plu. Il ne s'était pas attardé sur son physique, bien qu'elle soit plus que jolie, mais il y avait cet air d'être brisé qui transpirait de tous ses pores qui lui attirait Jerôme comme un aimant. Celui-ci arriva à sa table et, sans même demander la permission, s'assit en face d'elle, les yeux fixés sur le dessin qu'elle était en train de faire.

« Ange Davis. »

    Elle ne se souvenait certainement pas de lui, vu qu'ils ne s'étaient jamais parlés. De plus, ils n'avaient pas été dans la même maison, et très souvent, Serpentard n'aimait pas se mêler à Serdaigle, de plus, après son départ à Taliesin, il avait juste disparu de la circulation. Et enfin, il n'avait jamais été de ceux qui attiraient l'attention, même si quelques filles avaient déjà tenté une approche, personne n'avait jamais vraiment fait attention à lui. Il avait toujours été solitaire. Mais ce soir, il voulait parler à cette fille qui, sans le connaître, l'avait marqué dans sa "jeunesse" ; au moins une fois.

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Ξ Sujet: Re: #__ Smoke the life . [ Jerôme ]   #__ Smoke the life . [ Jerôme ] EmptyVen 17 Déc - 14:11

Aider. Un mot qui ne faisait pas partie de son dictionnaire. C'est simple, Ange était tout bonnement incapable d'altruisme. A quoi bon offrir son aide et s'intéresser aux autres ? Qu'est-ce qu'ils faisaient, eux, pour elle ? Qui l'avait aidée, elle ? Qui avait arrêté les coups de son géniteur ? Qui s'était soucié d'elle ? Qui donc la voyait et savait seulement qu'elle existait ? Qui ? Mis à part son frère décédé, jamais personne n'avait pris la peine de la sauver. Elle détestait les autres plus qu'elle ne se détestait elle-même. Jusqu'à aujourd'hui, on ne lui avait pas prêté plus d'attention qu'elle n'en prêtait aux infâmes personnages qui souillaient sa rue de leur présence néfaste. Les autres... C'était comme s'ils étaient d'un monde qui lui était inconnu, un monde où elle ne pouvait et ne voulait pas accéder. Un monde dégoûtant où l'intérêt pour autrui n'est que factice. Ange, au moins, ne dissimulait pas son égoïsme. Elle ne leurrait personne. Tout son être semblait vouloir dire au monde entier : j'en ai rien à foutre de vous, crevez, crevez tous. Les détruire comme elle se détruisait elle-même. C'est la seule attention qu'elle pouvait leur porter. On pourrait simplement la qualifier d'insociable, de misanthrope. Si ce n'était que ça.... Enfin, Ange était insaisissable sans pour autant pouvoir prendre son envol. Tout ce qu'elle avait pour s'évader c'était ses pensées. L'unique chose que son pro-géniteur n'avait jamais pu avoir et n'aurait jamais. En attendant, elle continuerait de survivre au milieu des fourmis qui grouillaient quotidiennement autour d'elle.

La jeune femme émergea de ses songes un instant pour regarder l'esquisse qu'elle avait couchée sur la nappe de ses doigts fins. Un soupire franchit la barrière de ses lèvres devenues violettes par le froid qui imprégnait l'atmosphère. Son dessin était abstrait, comme d'ordinaire. Aucune signification, aucun but, aucune netteté, aucune gaieté. Il ne ressemblait à rien; c'était la représentation exacte de son existence. Pauvre con. C'était de sa faute. Tout était de sa faute. Pauvre conne. Comme sa mère elle s'était laissée toucher par James sans se défendre, sans se battre. Puisqu'à quoi bon se débattre, frêle créature entre les bras forts d'un monstre. La seule solution était d'apprendre à encaisser sous le regard condescendant de la belle-mère, contente de ne pas être le punching ball attitré de son mari. Bien sûr, au début, elle ne se laissait pas faire, comme tout être humain normal. Au début... Mais ça ne servait à rien. Et.. Stop. Stop. STOP. Sortir vite. Sortir de ces souvenirs. Ne pas le laisser occuper ses pensées comme il avait occupé son corps. Vite. L'ancienne Serpentard revint à la réalité comme on sort d'une prison. Petit à petit, le silence du bar, troublé de temps en temps par le tintement des verres, lui rappela où elle se trouvait. D'un geste sec du poignet, la jeune femme raya son dessin. Elle aimerait pouvoir tout aussi facilement tirer un trait sur son passé...

« Ange Davis ». Surprise, elle releva la tête et haussa un sourcil comme à son habitude lorsqu'elle est prise de court. Elle ne l'avait même pas entendu ou senti arrivé, et encore moins s'asseoir face à elle. D'où il se permettait ça d'ailleurs ? Le crétin... Il connaissait son nom certes, mais il n'avait pas l'air de savoir exactement à quel personnage il venait de s'adresser. Qu'est-ce qu'il croyait au juste ? Qu'elle allait poliment l'inviter ? « Asseyez-vous bien sûr. Belle soirée n'est-ce pas ? » C'était qui d'abord ce môme ? Elle le détailla du regard sans retenu ? Le fait qu'elle puisse le mettre mal à l'aise était le dernier de ses soucis. Après cinq bonnes minutes, elle ne voyait toujours pas qui il pouvait bien être. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il puait la magie à plein nez. Méfiance... Elle sentait de toute façon le bois doux de sa baguette contre la peau de sa jambe droite, dissimulée dans sa chaussette. Elle n'avait jamais été une élève très douée à Poudlard. Elle séchait d'ailleurs souvent les cours et ne réussissait ses examens que de justesse. Mais elle savait faire preuve d'une certaine agilité et la rapidité était sa particularité maîtresse. C'était généralement son avantage sur les autres. On ne l'avait jamais égalée jusqu'ici. D'un côté, il était rare qu'elle fasse usage de sa baguette pour faire face à quelqu'un. Il était rare avant tout qu'on se frotte à elle. La jeune sorcière n'inspirait pas confiance et elle faisait plutôt fuir les gens. D'où l'étonnement face au culot du jeune homme. Au pire des cas, il lui faudrait tout au plus quelques secondes pour le remettre à sa place si besoin était. Mieux valait qu'il évite tout mouvement suspect. Elle n'hésiterait pas. Un joli Avada Kedavra ? Non, ça c'était pour le petit Prince des Ténèbres et ses sbires. Complètement démodé.

« T'es qui ? Qu'est-ce que tu veux ? »

Ça ne servait à rien de nier qu'elle était en effet Ange Davis, elle avait réagit quand il l'avait interpelée. Il ne devait pas être idiot à ce point. En plus, il semblerait qu'il la connaisse plutôt bien. De son côté, rien à faire, le visage du jeune homme ne lui disait strictement rien. C'était peut-être un garçon d'un soir ( puisqu'après tout, quitte à être souillée, autant l'être jusqu'au bout ). Hmm... non, il avait des airs d'enfant innocent, limite naïf. Mais ne jamais se fier aux apparences. Règle première. Et si c'était un des toutous de son géniteur ? Et s'il était là pour la ramener à lui sur un sublime plateau d'argent ? Sans doute son jouet préféré lui manquait-il. Le souffle coupé par cette possibilité, elle devint plus pâle encore qu'elle ne l'était au naturel. Comment pouvait-elle perdre contenance à ce point et aussi vite quand il s'agissait de James ? Il lui avait définitivement pourrie la vie. Elle ne pouvait pas se laisser avoir, encore... L'ex Serpentard, sans se soucier des rares autres personnes présentes en dehors d'eux, se pencha par dessus la table et attrapa l'inconnu par le col. Le regard noir et menaçant, elle murmura :

« Ecoute pauvre tache, j'y retournerai pas. Un geste vers moi, un seul, et t'es mort. Maintenant dégage. »

Elle le repoussa sans cérémonie contre le dossier de sa chaise et se rassit calmement. Trop tard, elle était déjà passée du froid au chaud. Vite, une cigarette. Elle sortit son paquet et son briquet sans plus accorder un seul regard à l'importun. Il ne lui en restait plus qu'une. Merde. Elle la coinça entre ses lèvres et alluma le briquet rapprochant la flamme de la cigarette. C'était comme si elle se brûlait les ailes, une fois encore. Il lui suffit d'inspirer une grande bouffée de nicotine pour se calmer immédiatement. Fermant les yeux pour mieux savourer, elle se détendit peu à peu. Goudronner ses poumons. Se détruire. Se punir. Se finir. Elle en était sûre maintenant, il lui avait définitivement pourrie la vie.
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Ξ Sujet: Re: #__ Smoke the life . [ Jerôme ]   #__ Smoke the life . [ Jerôme ] EmptyVen 24 Déc - 20:35




    Jerôme soupira face à son idiotie. Idiot de penser que cette fille sortait du lot et se souviendrait de lui, l'un des nombreux Fawcett à avoir peuplé Poudlard et ce, même pas jusqu'à la fin des sept années obligatoires. Il était transparent au beau milieu de cette jungle de société, alors pourquoi donc une fille qui s'amusait juste à faire des dessins se souviendrait de sa tête ? On ne se souciait jamais des autres et l'égoïsme d'autrui aberrait franchement le psychomage, même, ça lui faisait presque pitié, on ratait tellement de choses à se renfermer sur soi-même et à se persuader que rien ne peut aller au mieux, à refuser l'aide des autres. L'ancien Serdaigle laissa son regard divaguer vers cette ancienne Serpentard qu'il ne connaissait pas, détaillant les traits de son visage, ils étaient beaux, harmonieux, mais ce n'était pas ça qui attirait son regard, ses traits transpiraient la peine et la peur. C'était ça qui attirait Jerôme à cette fille, pas la beauté (bien qu'elle soit très jolie, ça ne faisait aucuns doutes) mais il voulait l'aider, sans savoir ce qui pouvait l'effrayer, pourquoi elle était si agressive, il voulait juste être là pour elle. Trop de bonté en moi, songea-t-il avec amertume, vu l'accueil plutôt froid, il avait beau tendre la main à tout le monde, on la lui refusait en lui crachant limite dessus, il n'aurait plus qu'à devenir comme tout le monde : méchant, égoïste, vulgaire et renfermé. La vie était vraiment mal faite et peuplée d'incapables ignorants. L'ancien Taliesien but une longue tasse de café en écoutant Ange parler, retenant un deuxième soupir.

    Son ton était si froid, presque masculin et l'espace d'une seconde, Jerôme se demanda si cette fragile jeune fille pourrait utiliser la magie contre lui. Ce n'était pas vraiment un problème, en sortant de Poudlard, il avait un très bon niveau en sortilège et en défenses contre les forces du mal mais bon, quand même, se battre avec une fille (et on ne parle pas là de machisme, mais juste de respect), il n'en avait pas spécialement envie, surtout qu'il était venue ici pour passer une bonne soirée. Et de toute façon, le psychomage n'aimait pas vraiment utiliser la magie contre qui que ce soit, la violence ne résolvait jamais rien et même si elle semblait embellir tout ce qu'elle touchait, pour Jerôme, la magie était une forme de violence. Il but une nouvelle gorgée du café brûlant et laissa son regard divaguer dans le petit pu miteux où il avait décidé de rentrer, la fumée noircissait toute la population du petit café qui n'était guère mieux que le lieu où elle résidait, de pauvres dealeurs moldus, l'aspect crasseux et les vêtements complètement débraillés. De pauvres types complètement perdus dans leurs vies qui noyaient leurs désespoirs dans l'alcool, dans la drogue et dans d'autres affriolantes moldues que Jerôme ne connaissait sans doute pas. Son regard accrocha celui de la jeune fille devant lui, qui s'énervait toute seule, que faisait-elle dans un endroit pareil ? Il suffirait que ce soit un sorcier dans cet état-là et que pourrait-elle faire ? Malgré ses airs revêches qu'elle s'adonnait, l'ancien bleu et argent doutait franchement que sans baguette, elle puisse faire quoi que ce soit. Il lui soupira donc une réponse, au lieu de partir comme il l'aurait habituellement fait, agacé par tant de cérémonies pour un nom :

    « Je m'appelle Jerôme Fawcett, j'étais à Poudlard et dans la même année que toi durant cinq ans. J'étais juste venu ... te parler. En quelque sorte. »

    Être était un verbe plus que particulier, trop souvent banalisé, mais Jerôme se doutait bien qu'Ange ne voulait pas qu'il se résume, lui, en quelques phrase, elle voulait juste son nom et sans doute savoir comment il la connaissait. Classique. Néanmoins, il calla un peu sur les raisons pour lesquelles il était venu vers elle ; lui parler ? Peut-être oui, mais vu les réactions dures et froides de la jeune fille, elle ne voudrait sûrement pas lui parler et ne se gênerait pas pour lui dire ; Serpentard, on ne se refait pas. Et le jumeau Fawcett savait très bien de quoi il parlait parce qu'en dehors de sa famille, il se rendait maintenant compte que la plupart de ses amis faisaient partie ou avaient fait partie de cette maison. Et Jerôme savait très bien qu'il fallait juste insister un petit peu, sous cette carapace de dureté se cachait sans aucun doute quelqu'un de plus que sympathique, avec un cœur, personne n'était un monstre, personne ne détestait tous les gens qu'il croisait, c'était impossible, il suffisait de s'ouvrir un peu et de s'intéresser à la vie d'autrui. Jerôme, un peu trop altruiste ? Peut-être oui. Le parfait opposé d'Ange, mais son parfait complément ; en soit, une rencontre qui risquait d'être explosive et cela, le psychomage le savait très bien, n'ayant aucune difficulté à cerner les gens. Et cette fille-là était juste moins réceptive ; soupir de la part de Jerôme, il avait une impression bizarre qu'il se retrouvait une nouvelle fois en consultation, pourquoi essayer de cerner le caractère de cette fille ? Il n'en avait strictement rien à faire, non ? Il était venu vers elle juste parce qu'il l'avait remarquée lorsqu'il était encore à Poudlard.

    C'est pour cela que, même s'il ne comprenait pas du tout ce qu'Ange était en train de lui dire là, il ne broncha pas lorsqu'elle l'empoigna pour se retrouver entre quatre yeux, alors qu'il aurait pu facilement se défaire de sa petite poigne. Jerôme ne pouvait s'empêcher de la trouver fragile alors qu'elle le menaçait de mort, aurait-elle eu la lèvre tremblante, les larmes aux eux et des hoquets dans la voix qu'elle ne lui aurait pas inspirer autre chose. Se forger une violence, une carapace pour se protéger de tout ce qui était susceptible de faire du mal et, apparemment, sans vraiment qu'il sache pourquoi, le psychomage était, du point de vue de son agréable interlocutrice, une menace à sa carapace. Il but une gorgée de café lorsque la demoiselle consentit à le lâcher, l'envoyant sans ménagement contre le dossier de sa chaise bancale, la faisant grincer avec force, bruit qui se perdit entre les rires gras d'hommes ayant bu plus d'un verre de trop et les bruits de boules de billard s'entrechoquant à chaque coup. Que lui dire ? Que lui répondre ? Jerôme n'avait pas envie de laisser cette fille seule, un, à cause de l'endroit où ils se trouvaient, deux, parce qu'il voulait lui parler même sans savoir de quoi et enfin, parce qu'il détestait abandonner les gens dans leur malheur. Même si ces fameux gens n'y mettaient pas vraiment du leur pour qu'on les aide. Ou simplement qu'on leur parle. Jerôme planta un regard neutre dans les yeux de la demoiselle et, avec un léger sourire trônant sur ses lèvres, lui répondit :

    « Etant donné que je ne suis pas une pauvre tâche, je ne tiendrais pas compte de cette menace de mort, ni même de ce peu de délicatesse dont tu fais part. Je n'ai aucune idée d'où tu ne veux pas que je te ramène, mais une chose est sûre, c'est que tu ne me tueras pas et que j'ai bien l'intention de t'embêter encore un peu. »

    Sans autre mot, le jeune homme sortit son paquet de cigarettes et le lança au milieu de la table après en avoir pris une autre entre son pouce et son index, voyant que le paquet d'Ange étai presque fini et qu'elle en fumerait sans doute plus d'une pour le reste de la soirée. Jerôme sortit un briquet zippo de sa poche, l'ouvrant d'une main et allumant une cigarette, le regard toujours fixé sur Ange. Il y avait tant de colère et de violence contenues dans ce gracile petit corps, c'en était presque touchant ... Pauvre petite fille perdue dans un noir passé, Ange aux ailes brûlées, aux aspects si froid mais aux regards si attirant. Il y avait un truc chez cette fille qui faisait que l'ancien Serdaigle n'allait pas la laisser ce soir, oh non, ça, pas question.

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Ξ Sujet: Re: #__ Smoke the life . [ Jerôme ]   #__ Smoke the life . [ Jerôme ] EmptySam 8 Jan - 14:49

Ange regarda le mégot qu'elle tenait entre ses doigts fins. Elle observait les volutes de fumée délicates qui s'en échappaient. Elle aimait souvent faire ça, elle se sentait comme hypnotisée. Suivant toujours la trajectoire des fils de coton nocifs, elle se demanda comment autant de merdes néfastes à la santé pouvaient constituer une chose aussi apaisante. C'est toujours les meilleures choses qui nous pourrissent le mieux. Vas-y, fume la vie avant qu'elle ne te fume. Elle approcha à nouveau la cigarette de ses lèvres, inspirant la drogue, sa drogue, à grande bouffée. Celle-ci, elle voulait la savourer. Jusqu'au filtre, jusqu'à s'en cramer les doigts. C'était sa dernière. Et elle eut l'impression d'être comme les condamnés qui avaient droit à une dernière cigarette avant l'exécution. Fermant les yeux à cette pensée, elle songea qu'à l'inverse de ces prisonniers, elle était condamnée à vivre. Après tout, crever c'était facile. Trop facile. On avale les cachets, on se taillade les veines, on appuie sur l'accélérateur face à au mur, on appuie sur la détente... Pan ! Le plus difficile c'était de vivre. Et elle se sentait courageuse au fond. Ange vaillant aux plumes carbonisée, tombé de son nuage depuis longtemps. Alors oui, elle se sentait pleine de courage rien qu'en étant là, assise sur une chaise branlante dans un bar miteux au possible. Rien qu'en tenant cette cigarette entre ses doigts filiformes. Rien qu'en respirant l'air sale qui se diffusait dans tout l'espace du pub malfamé. Et ce dernier était à l'image de la vie. Pourri.

L'ancienne Serpentard ne prêtait plus attention à l'importun. Elle le croyait déjà parti aussi silencieusement qu'il était venu. Après tout, même si ce n'était pas un sbire de son tendre géniteur, qui voudrait rester à la table d'une demoiselle aussi chaleureuse et sociable que la jeune Davis ? Personne qui fût sensé en tout cas. Aussi, elle haussa à nouveau un sourcil en entendant la voix grave de l'inconnu. « Je m'appelle Jerôme Fawcett, j'étais à Poudlard et dans la même année que toi durant cinq ans. J'étais juste venu ... te parler. En quelque sorte. » Elle s'arracha à la contemplation de sa cigarette et leva son regard sombre vers le jeune homme. Poudlard. Son ancien foyer. Sa véritable maison durant de longues années. Elle n'y avait garder aucun contact. Elle ne s'était jamais mêlée aux élèves. Surprenant, même pour une Serpentard. Elle ne s'entendait pas même avec ceux de sa « famille ». trop fermée. Trop préoccupée par sa propre petite personne. Trop Ange Davis. Elle était tout autant passée inaperçue pour les autres qu'ils l'avaient étés à ses yeux noisettes. Inintéressants. Bruyants. Hypocrites. On ne la regardait pas et elle ne leur portait pas plus d'attention. A quoi bon ?

Jérôme Fawcett. Elle le fixa comme il y a quelques instants, avec insolence et insistance. Analyser chacun de ses traits. Chercher. Rien. Cet inconnu ne lui rappelait toujours rien. Pas étonnant au fond. Plongée dans ses dessins, elle avait longtemps cessé d'observer les êtres qui l'entouraient. Elle voulait échapper le plus possible à ce monde immonde et s'en créer un à elle. A elle seule. Un univers où personne d'autre n'aurait accès. On risquerait de lui détruire. Encore. Alors noyée dans les brumes de son petit monde, elle ne voyait plus celles de la réalité. Et puis elle avait grandi. Elle avait abandonnée son crayon quelques temps pour se consacrer à la photographie. Prise de conscience de la réalité à chaque cliché. Elle ne lui apparaissait pas plus belle pour autant, mais au moindre revenait-elle au monde réel. Même s'il lui arrivait encore de s'évader, de se perdre dans les chimères de ses dessins. Elle commença d'ailleurs à jouer avec son crayon toujours posé sur la table, près de son esquisse rayée. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre au jeune homme. Et puis il n'y avait rien à dire. Elle se méfiait quand même. Le mensonge. Elle savait que c'était bien trop facile de mentir. Mais bon, il avait vraiment cet air un peu naïf de ceux qui croient encore en l'humanité. On se croirait à l'époque des Lumières. Bon samaritain prêt à venir à l'aide d'une demoiselle en détresse ? Elle inspira à nouveau une bouffée de sa cigarette à moitié consumée déjà. Elle souffla dans la direction du jeune homme avec son arrogance habituelle. Puis, elle se rappela qu'il était là pour lui parler. Qu'il avait eu envie de lui parler. A cette pensée, elle éclata d'un franc rire cristallin tant l'idée même était absurde.

« Me parler ? Tu connais peut-être mon nom, mais t'as pas l'air de savoir à qui tu t'adresses vraiment. Tu peux tout de suite me le dire si tu veux finir dans mon lit. »

Vulgaire. Provocante. Elle plongea son regard sombre dans celui de Jérôme. Ange n'était pas une jeune femme fraîche et innocente. Elle était une poupée trop de fois chiffonnée. Pas même raccommodée. Ça ne servait à rien. Elle préférait se laisser lentement glisser dans les abîmes de la débauche. Elle préférait se souiller au possible plutôt que quelqu'un d'autre s'en charge. Au moins elle était consentante. Beauté froide. Inaccessible. Elle finit son mégot et l'écrasa sur la table sans soucis de bienséance. Le barman pouvait venir râler, elle n'en avait fichtre rien à faire. Elle le remettrait bien vite à sa place. La jeune sorcière croisa ses jambes sous la table, frôlant le jeune homme face à elle au passage. Elle appuya son corps frêle contre le dossier de sa chaise. Elle avait encore perdu du poids. Elle n'était pas squelettique mais ses formes fondaient un peu plus de jour en jour. Elle se laissait aller à la dérive. Ce n'était donc pas choquant que Jérôme puisse la voir comme un petit être fragile bien que s'il lui disait, elle n'en serait pas franchement enchantée. Si l'ex-Serpentard se muraient derrière sa carapace ce n'était pas pour qu'on pense d'elle qu'elle était faible et touchante.

Ignorant que le jeune homme l'analysait intérieurement, elle soutenait son regard clair. Qu'est-ce qu'il lui voulait à la fin ? Elle poussa un long soupire, agacée. Mauvais signe. Il commençait à sérieusement l'emmerder. Il lui bouffait son espace vital. Et alors qu'il reprenait la parole, elle fronça les sourcils. « De ce peu de délicatesse dont tu fais part ? » Qui a dit qu'Ange Davis pouvait être une personne polie et délicate ? Il ne pigeait vraiment rien celui-là. Il se croyait dans le monde des bisounours c'est ça ? Version magique. Tout le monde a de la gentillesse au fond de soi. Tout le monde a un cœur. Ce petit organe rouge qui bat sous la poitrine. Il était complètement taré. Il aurait déjà dû partir depuis longtemps. Depuis le début. Franchir la porte de ce bar infâme pullulant de vermines en tout genre. Et au contraire, monsieur Fawcett lui faisait la joie et l'honneur de rester. Eh bien, comme ça il comptait l'importuner encore un moment ? Soit. Elle observa le paquet de cigarettes qui glissa jusqu'au centre de la table. Tentation. A nouveau, elle fixa le jeune homme. Il n'avait pas un visage désagréable à regarder. Des traits fins, des cheveux assez longs pour un garçon. Il était même franchement beau. Appuyant donc ses mains sur la table, elle se pencha au-dessus pour ne se retrouver qu'à quelques centimètres du garçon, de façon à sentir son souffle s'étalait sur son visage pâle. Elle glissa le bout de sa langue le long de sa lèvre supérieure et son murmure se perdit dans le fracas d'un verre qui venait de se briser en mille morceaux, plus loin.


« Ta compagnie n'est pas désirée Jérôme, à moins que, je le répète, tu ne veuilles finir dans mon lit. »

Elle se rassit ensuite et soupira en observant la scène qui se jouait à tout juste un mètre de leur table. Une altercation assez violente venait d'éclater entre deux moldus complètement éméchés. Ça y est. Ils en venaient aux poings. Indifférente, Ange redirigea son regard vers un homme qui ne cessait de la reluquer. Encore un vieux pervers dont la femme ne s'occupait plus. Il pouvait bien la regarder tant qu'il voulait, elle s'en fichait éperdument. Elle n'avait pas peur de rester ici seule. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait dans ce genre de bars miteux. Et ce n'était sans doute pas la dernière. Toujours avec sa nonchalance naturelle, la demoiselle s'empara du paquet. C'était bien la seule chose à laquelle elle ne pouvait pas résister. Et elle venait de finir sa dernière clope. Alors autant se servir avant qu'il ne parte. Elle en sortit une cigarette et la coinça entre ses lèvres, cherchant son briquet dans la poche de son jeans.
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