Alerte rouge ! [PV]

« – Aïe ! »
Un bruit de verre brisé, un petit cri de détresse, une goutte de sang qui perle de son doigt et s'écrase sur le sol, et Maïlys s'immobilisa brusquement. Ses camarades de classe, avec qui elle était en grande discussion s’arrêtèrent à leur tour, observant la blondinette d'un air intrigué. Elles ne comprenaient pas. Détournant rapidement les yeux de sa main meurtrie, elle releva la tête vers les jeunes filles, reprenant un semblant de calme et de contenance. Tout était au poil, pas de raison d'avoir de réaction excessive. « Vous savez quoi ? Allez y sans moi les filles, je vous rejoins tout à l'heure. » décida-t-elle promptement, d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Elle avala difficilement sa salive, attendant que ses camarades se soient éloignées pour ramener le regard sur sa coupure. En ouvrant la main elle découvrit les petits morceaux de verre brisé, le malheureux pendentif avait visiblement rendu l'âme sous la pression de son poing. Mais peu importait le pendentif, ou sa valeur, le problème était autre part. Là où sa main entaillée saignait. Et si c'était plus grave que ça n'y paraissait au premier abord ? Elle souffla tant bien que mal un grand coup, faisant aussitôt volte-face. Il fallait qu'elle aille à l'infirmerie.

Elle marchait vite, de plus en plus vite dans les couloirs de l'école, l'infirmerie lui semblant être à des kilomètres de là, bien trop loin d'elle en tout cas. Et si elle n'arrivait pas à temps ? C'était inenvisageable. Non non. Elle accéléra encore le pas, ne prêtant même plus attention aux visages qu'elle croisait en chemin, et jetant des coups d’oeil fréquents à sa main douloureuse. Mettre l'infirmerie on ne sait où, au milieu de nulle part, et sans aucune raison valable ? Une très mauvaise idée des architectes de Poudlard, ça elle en était désormais sure et certaine. Et si jamais quelque chose de grave arrivait, hein ? Comme le drame personnel qu'elle vivait là tout de suite par exemple. Enfin, les double portes blanches de l'infirmerie firent leur apparition dans son champ de vision et elle sentit une vague de soulagement l'envahir. Tout allait bien, quelqu'un de compétent allait enfin s'occuper de son cas. Sans hésiter, elle tourna la poignée et fit son entrée dans la pièce.

La première chose qu'elle remarqua, ce fut l'absence de Madame Pomfresh à son bureau. Nouveau regard vers sa main tandis qu'elle sentait à nouveau la panique l'envahir. Et si c'était grave ? La question ne cessait de faire écho dans sa tête. Maïlys ne souffrait en soi pas d'une forme d'hypocondrie poussée, ce qui était fort heureux, ceci dit les crises d'angoisse et les névroses avaient fini par faire partie de son quotidien, même si cela restait de forme atténuée et qu'elle avait jusqu'à maintenant assez bien réussi à le cacher à ses camarades. Elle ne voulait pas être prise pour une folle, ou qu'on croie qu'elle avait des délires, non. Mais elle avait peur. Peur que ce soit grave, qu'elle ait une infection qui sait ? Et c'est pour ça qu'elle avait terriblement besoin de Madame Pomfresh. Et finalement, elle repéra l'infirmière à quelques mètres de là, penchée sur le lit d'un patient.

Ni une ni deux, elle se retrouvait à côté d'elle. « Madame Pomfresh ? Désolée de vous déranger mais c'est assez urgent... » lança-t-elle en serrant les dents, furieuse de voir que l'infirmière lui tournait toujours le dos. « Attendez un instant jeune fille, vous voyez bien que je suis occupée. Allez vous asseoir là-bas. » Le ton était sans appel.
« – Mais ! »
« – Allez-y ! » insista la vieille bique avec contrariété.
« – A l'instant où je vous parle je suis peut-être en train d'être contaminée par des dizaines de bactéries et d'autres cellules microscopiques immondes, risquant ainsi une septicémie ou même le tétanos. Si ça se trouve il va falloir m'amputer qui sait ! Est-ce que vous voulez vraiment avoir ça sur la conscience ?! » lança-t-elle d'un ton excédé, les joues rouges. Mais en guise de réponse, elle ne reçut qu'un vague geste de la main de l'infirmière suivi d'un « Je suis prête à prendre le risque » tout à fait désinvolte qui témoignait bien de son insensibilité. Fulminante et tremblante à la fois de rage et d'angoisse, la Vert et Argent s'écarta, allant se hisser sur un des lits près de l'entrée, dont les rideaux à moitié fermés la cachaient un minimum. C'est toujours concentrée sur sa main qu'elle entendit les portes de l'infirmerie s'ouvrir, et qu'elle leva finalement la tête, soucieuse de savoir qui pouvait bien être le nouveau venu.

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[CAVALERIE]

Comme une bulle qui se referme autours de soi, cette impression d'étouffement intense. La rengaine qui se réinstalle, comme un ami parasite dont on ne peut se débarrasser. Se lever au matin, aller en cours toute la journée, manger -même si rarement-, assumer son rôle de capitaine, aller se coucher, chercher les ennuis avec tous les gens passant. Les jours s'enchaînent et se ressemblent étrangement, de trop, qui finissent par s'accompagner de crises d'angoisse de plus en plus fortes, d'une envie de vomir immense face à ce manque de contrôle face à sa vie. Cette haine immense face à la vie qu'on mène, face à cette prise de conscience de n'être qu'un insecte insignifiant, et de ne pouvoir rien faire, de n'être qu'une chose fragile entourée d'une grosse carapace qui pourrait s'évaporer en un claquement de doigts, en une parole bien placée. Parce qu'on n'est rien. Rien. Non. Combattre ce train-train quotidien durant tant de secondes, tant de minutes, tant de jours, tant de semaines, durant deux mois ; et le battre, ce fichu " Metro-boulot-dodo ", mais seule, à croire que rien est possible, en tant que pauvre vipère perdus au milieu de tous les géants qui écrasent tout ce qui passe. Comment les gens peuvent-ils penser ne serait-ce qu'une fois dans leur vie qu'ils pouvaient s'en sortir et devenir quelqu'un ? N'importe quoi. On profite de la vie, on s'use jusqu'à la moelle et jusqu'à la mort, le sourire au lèvres.

Le monde tournait. Beaucoup. Beaucoup trop. Amber entendait la voix de Cristal, exaspérée et un peu paniquée (?), autours d'elle sans vraiment voir le point fixe d'où elle provenait. Seul le bruit parvenait aux oreilles bourdonneuses de la blondinette, l'esprit trop occupé par l'alerte centrale, appelée plus communément " Manger " et qui devenait une rengaine (elle aussi ...) un peu trop répétitive. La capitaine ne comprenait plus pourquoi le jeûne tournait si mal. Les deux premiers mois, chez son père, pourtant, elle n'avait pratiquement ressenti aucune faim et on ne pouvait dire qu'elle avait eu de la graisse sur laquelle se reposer. Et pourtant, depuis son retour à Poudlard, elle mangeait. Un peu. Mais même si les rations étaient plus grandes que chez Eban, les entraînements rajoutés, la jeune fille souffrait un peu trop de la faim et frôlait aussi un peu trop souvent les évanouissements au goût de sa meilleure amie. C'était le cas maintenant. L'entraînement avait été difficile, comme d'habitude, car même si elle souffrait plus que les autres membres des différents exercices à faire (car elle participait, Amber, il ne fallait pas croire qu'elle était si commandante que ça), la vipère tenait à ce que l'équipe des serpents reste au mieux de sa forme, contrairement au match qui les avait opposés à Poufsouffle. Enfin bref. Les différents membres de l'équipe, surtout les anciens, avaient l'habitude de son teint cadavérique ces derniers temps et ses arrêts assez répétitifs pour ne pas perdre l'équilibre. Les plus jeunes, eux, la regardaient étrangement, certains avec indifférence, d'autres voulant lui demander des nouvelles ; les colères d'Amber James trop craintes, aucuns ne s'étaient approchés.

La douche avait été bouillante et très longues pour la capitaine qui n'avait pas lâché un seul au revoir ou bon boulot à son équipe pour une fois. Besoin de décompresser, de se reposer face au train-train quotidien qui l'embêtait tant, envoyant une pensée enviante à Keira. Puis, il y a eu un trou noir. De combien temps ? Elle ne le savait pas. Cinq minutes ? Dix ? Un jour ? Amber n'en savait strictement à rien. Juste les claques d'Hayden pour la réveiller, Cristal le dos tourné devant la porte d'entrée du vestiaire, toujours en colère car elle ne mangeait rien. Deux temps, trois mouvements, elle était habillée et tentait, non sans peine, de convaincre son meilleur ami qu'elle allait bien. Raté. Et c'est qu'il s'énervait le sale rouge et or, là ! Il ne démordait pas, il ne voulait pas enlever ses bras de sa taille et l'emmenait de force vers l'infirmerie, alors qu'Amber avait arrêté de gigoter et essayait de le raisonner :

Là, Amber voyait pourquoi les autres Gryffondors craignaient tant que ça les colères des jumeaux Smith. La poigne d'Hayden était solide sans pour autant lui faire mal et la manière dont il serrait la mâchoire avec colère ne donnait pas envie à la blonde de lui répondre. Effrontée. Pas folle. Le lion ne la regardait pas dans les yeux comme s'il se contenait de la frapper de colère, ou de lui hurler dessus comme du poisson pourri. Cette dernière chose qu'il ferait sans doute dès qu'elle serait arrivée à l'infirmerie et que Madame Pomfresh l'aurait examiné en confirmant qu'elle devait absolument manger. Alors, même si elle ne pouvait plus rien dire de peur de faire rugir le jumeau Smith, elle se laissait traîner comme un mollasson, ne bougeant pas d'un millimètre, ne pouvant de toute façon pas faire grand chose de plus dans l'état où elle était, si bien qu'Hayden, d'une simple traction de bras et ce, malgré ses protestations, la portait dans ses bras. Ils passèrent vite fait le pas de la porte et c'est avec une colère difficilement maîtrisée qu'il la déposa sur un lit. Amber croisa les bras, obstinée, sans lui adresser un regard et Hayden partit sans rien dire. La blonde croisa le regard de Madame Pomfresh et sut que, cette fois, elle devrait rester si elle ne voulait pas avoir de problèmes. Non sans un soupir, elle se tourna vers ses voisins et reconnut une Serpentard de quatrième, Maïlys, avec qui elle avait discuté une fois. Bah. Quitte à devoir rester là, surtout qu'elle non plus, elle n'avait pas l'air d'avoir grand chose.

Et oui, quand on ne sait pas où est le point sensible, on commet de grosses bourdes.

Lentement, mais sûrement, elle essayait tant bien que mal de réguler sa respiration. Mais elle avait beau se dire qu'il n'y avait pas de quoi en faire tout un drame, ses yeux glissaient inévitablement vers sa main, et elle sentait la nausée la gagner, ne serait-ce qu'à cause de l'odeur, qu'elle devinait déjà, sans même la sentir. Et surtout, elle flippait, complètement. L'irritation et la frustration qu'elle avait ressenti envers l'infirmière passées, il ne lui restait plus que cette boule dans l'estomac et l'air qui avait bien du mal à gagner ses poumons. Ça n'allait pas du tout. Les yeux fixés sur une tâche rougeâtre (du sang ? Ici aussi ? Ahlala ces elfes, quelle bande d'incapables non mais j'vous jure !) située sur un coin des rideaux du lit où elle avait pris place, elle comptait les secondes la séparant du moment où elle finirait par craquer et irait dire clairement ce qu'elle pensait à cette satanée infirmière. Oh elle avait l'habitude, forcément, l'hypocondrie de la jeune fille n'avait rien de nouveau, loin de là, mais du coup, Maï avait l'impression qu'elle prenait les choses bien trop à la légère. Elle ne comprenait pas. Et c'était ça le plus tragique. Elle ne pouvait pas comprendre.

Et puis, brusquement, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent à nouveau, et, sortant de son agitation intérieure, elle pencha précautionneusement la tête sur le côté, pour assister à un spectacle bien singulier. Ils n'étaient même pas de son année ces deux-là, mais pourtant elle les reconnut sans problème. Smith version masculine, le beau gosse d'ailleurs, si elle n'avait pas été au bord de la névrose elle lui aurait bien fait signe, et plus si affinités... Ah c'est pas le sujet ? et James, qui elle appartenait à sa maison, et qui était qui plus est le capitaine de leur équipe de Quidditch. En soi, les voir ensemble n'avait absolument rien de surprenant, non, mais le fait était que le jeune homme portait la blonde dans ses bras, blonde à qui un poil de couleur sur le visage aurait vraiment fait du bien voire un pot de peinture entier, histoire de donner un peu de gaieté à l'ensemble. Curieuse de nature, et amatrice de ragots en tous genres, Maïlys aurait sans nul doute tendu l'oreille histoire de grappiller quelques informations si elle ne s'était pas elle-même considérée dans une situation critique. La pression sur sa main, qu'elle avait posé négligemment sur le lit la ramena à la crise qu'elle traversait, et elle sentit aussitôt une décharge la traverser. Pas question que James et son teint de cachet d'aspirine la doublent, elle était arrivée avant, même les beaux yeux du Lion qui l'accompagnait n'y changeraient rien: il y avait urgence !

La jeune fille se redressa, jetant toujours des coups d'œil angoissés à sa main (la plaie ne se serait-elle pas infectée ? Elle avait l'impression que la coupure était bien plus fine il y a à peine une seconde ! Et c'était quoi cette trace bleue ? LA NECROSE ! Ah non, de l'encre.) hésitant sur la marche à suivre. Un scandale serait réellement inopportun étant donné qu'à présent elle était loin d'être seule dans l'infirmerie, et qu'elle refusait que qui que ce soit ne soit mis au courant de son... "Problème". Aussi nerveuse fut-elle, elle conservait encore suffisamment de self-control pour se contenir. Pour l'instant. Elle ravala sa salive, tentant un regard implorant vers l'infirmière, mais celle-ci avait le dos tourné, toujours affairée avec son satané patient. Il avait quoi de plus que lui cet imbécile bon sang ?! Elle avait au moins autant besoin de soins que lui, si ce n'est plus ! Elle était une Di Bartolomeo, elle, il était clair qu'il ne pouvait pas en dire autant, n'importe quel pecnot fut-il. Ridicule. Elle allait bien pouvoir se vider de tout son sang le temps que la bonne femme veuille enfin daigner lui accorder son attention. Si jamais elle s'en sortait elle pouvait être sure qu'elle entendrait parler de cette histoire encore longtemps, faute professionnelle, oui madame, ça allait lui coûter cher !

Les sourcils froncés, son poing valide serré si fort que bientôt la trace de ses ongles y serait gravée à jamais, elle leva un regard surpris vers la personne qui venait de s'adresser à elle. L'incompréhension était bien aisée à lire sur son visage pâle. Qui que quoi ? Elle était tellement déconnectée qu'elle mit une bonne minute à comprendre l'information. « Euuuuh... Quoi ? Je... » bafouilla-t-elle d'un ton déconcerté. Du jamais vu. Elle n'était pour ainsi dire jamais dans cet état, toujours sure d'elle, toujours prête à répliquer, mais là... Le vide sidéral. Pour la première fois depuis qu'elle était entrée, elle observa le visage de sa camarade. Aussi blanche qu'un linge, on l'aurait aisément prise pour une cousine du Baron Sanglant. En version peroxydé. « Tu sais quoi James ? Je n'avais jamais remarqué que les murs de l'infirmerie étaient aussi usés avant de pouvoir les comparer avec la couleur de ton visage. Même une couche de maquillage ne serait pas suffisante pour rehausser ça. » lança-t-elle finalement, occultant plus ou moins la question de la jeune fille. Où était passé le lionceau ? Elle ne l'avait même pas entendu partir, comme quoi elle n'était vraiment pas dans son état normal. Scrutant le visage de la vipère encore un instant, avant de finalement s'en détourner, elle finit par ajouter d'une voix plus douce. « Rassure-moi, tu ne vas pas tomber dans les pommes ? » Sa façon à elle de s'assurer qu'elle ne lui vomirait pas dessus (et qu'accessoirement, elle n'était pas trop mal en point).

Amber détestait l'infirmerie, à cause de son inutilité, de la médiocrité des soins reçus -que voulez-vous, l'avez-vous déjà vu cette infirmière qui n'avait sans doute aucune autre avenir que celui de se retrouver dans cette petite pièce puante, qui était aussi belle qu'un moustique écrabouillé sous un chaussure et avec autant de charme qu'un scroupt à pétard- et de l'odeur infecte qui l'y régnait. Certes, c'était une odeur de désinfectant mais il n'empêchait qu'elle insupportait la jeune fille. La capitaine venait souvent ici, enfin, disons plutôt qu'elle avait souvent été traînée ici par ses "amis", à la moindre pâleur un peu trop soupçonneuse, au moindre vertige ou simple si elle était plus gentille que la normale avec l'équipe ou même avec les premières années, ils la traînaient ici, de force. La plupart du temps, lorsqu'elle avait de la chance -et Merlin merci, elle en avait souvent-, elle arrivait à se glisser discrètement hors de la pièce, l'air de rien, tant il y avait d'élèves dans la pièce -la plupart parce qu'ils en avaient marre des cours, les autres juste parce qu'ils n'étaient vraiment pas doués en potions-, sans entendre l'autre vieille idiote lui hurler après qu'elle ne pouvait pas sortir comme ça sans avoir été auscultée et blabla, blabla. Aussi, sur la centaine de fois où Cristal l'avait déposée de force à l'infirmerie, Amber n'avait dû passer sous le regard de Pomfresh environs cinq fois, même si celle-ci savait que maintenant, il fallait faire attention à la vipère. Puérilement agaçant. La jeune fille regarda les alentours, rien de bien folichon. Deux élèves qui dormaient profondément, sans doute deux Gryffondors qui avaient la gueule de bois -car c'était bien connu, même si les Serpentards étaient les plus fêtards de Poudlard, eux, au moins, savaient ne pas montrer leurs gueules de bois-, un garçon sur lequel " Madame-je-suis-un-ornithorynque-qui-sait-tenir-une-aiguille " était penchée et enfin, Maïlys.

Amber se retourna sur celle-ci et haussa un sourcil face au comportement assez bizarre de sa cadette. Elle semblait désemparée, voir même un peu effrayée, un peu pâle. La blonde jeta un œil face à la petite entaille qu'elle avait à la main. Elle n'était pas dans cette infirmerie pour ça, quand même ? Pour le peu de sang qui coulait de cette coupure ? A peine de quoi remplir un dés à coudre, c'était assez ... dérisoire. La vipère se retint de lancer une moquerie car elle venait de remarquer que le preux chevalier Hayden n'avait pas ramener son sac de cours -ce qui était excusable étant donné qu'elle gigotait dans tous les sens- et que donc, elle était résolue à discuter avec cette Serpentard, car elle en avait sûrement pour un moment ici. Et pis, quitte à être sympas depuis quelques temps, autant se faire des amis, qu'elle avait trop peu à son goût, même dans sa propre maison. Sachant très bien que cette fois, elle ne pourrait pas s'enfuir de cet endroit, la vipère se laissa aller dans ce lit si inconfortable et puant le désinfectant, les yeux fermés et les mains sous sa nuque. De toute façon, il lui suffirait d'attendre que l'infirmière s'occupe d'elle, de toute façon, elle ne pourrait rien lui faire, l'obliger à manger ? Elle ne le ferait pas et quand bien même, ce serait direction les toilettes. La capitaine sourit face à la remarque, soit cinglante, soit pitoyable selon les points de vue, Maïlys avait sans doute raison, elle était pâle et cela atténuait sa beauté. Pas grave, c'était le but. ne plus attirer les regards, se rendre laide au possible, ne plus se maquiller. Pourtant, lorsqu'elle sortait, ou même dans Poudlard, ça ne semblait pas avoir d'importance, elle attirait toujours les regards. Normal lorsqu'on avait toujours fait pour cela durant cinq ans.

Amber referma ses paupières qu'elle avait ouverte pour fixer la verte et argent d'un regard perçant. Néanmoins, elle ne put empêcher ses lèvres de se lever en un sourire sarcastique. Par Merlin, le petit regard de Maïlys était devenu tellement classique au quotidien de la vipère ! Elle regardait, ne serait-ce que trois secondes, après Hayden. Hayden l'hyperactif pour les professeur, Hayden le râleur pour les connaissances, Hayden qui ne fout rien pour ses anciennes copines, Hayden, le jumeau Smith, colérique pour les inconnus, mais Hayden le beau gosse pour toutes les filles de Poudlard. Et même la capitaine lui trouvait un charme indéniable, charme dont il usait très bien en collectionnant les conquêtes. Ah làlà, les garçons, tous les mêmes. Cette fois, la vipère ne se retint pas et, les yeux toujours fermés accompagnés du sourire ironique, lui lança, légèrement moqueuse :

Au moins, avec son meilleur ami, elle arrivait là où elle le voulait vraiment : Amber passait inaperçue. Ou presque. Enfin, lorsqu'ils croisaient des filles en tout cas. La jeune fille ferma un peu plus fort les yeux, tentant de maîtriser les vertiges qui la reprenaient et le tremblement léger de ses mains, dû au manque de sucre. Mon Dieu, ce qu'elle devait avoir l'air bête là, telle un zombie au beau milieu d'une pièce trop grande pour elle. La blonde se releva, feignant d'aller bien et balança discrètement ses jambes hors du lit d'hôpital ; Pomfresh lui envoya un regard foudroyant, du style " Si tu poses ton pied à terre, je te tue sur place ", comme si elle avait eu des yeux dans le dos car trois secondes avant elle était encore occupée avec l'autre crétin sur son lit. Consciente que même si elle ressemblait à une Mandragore, l'infirmière était plus coriace qu'elle, Amber se rallongea en soupirant et tourna la tête vers sa camarade de maison, lui adressant un sourire sympathique d'à peine une demi-seconde.

Maïlys était au bord de la crise de nerfs, et voilà qu'Amber lui parlait de cours de potions, autant dire que la pauvre blondinette était complètement à la ramasse. Et elle était réellement mécontente de se montrer sous un tel jour. Elle n'était pas la pauvre petite chose faible qui tremblotait de terreur dans son lit aux draps moisis, non, elle se refusait à ce que la moindre personne la voie ainsi. Il fallait qu'elle se reprenne, et très vite. D'ailleurs c'est ce qu'elle fit, dès qu'elle fut en mesure de contrôler un peu mieux les battements précipités de son cœur et le tremblement de sa voix. Bon, certes, sa réplique était loin d'être géniale, et elle manquait clairement de son assurance habituelle, mais c'était toujours mieux que rien, du moins c'est ce qu'elle dit. Ne pas perdre la face, c'est tout ce qui comptait en cet instant.

Le commentaire d'Amber eut le don de décrocher un mince sourire –ou du moins une grimace qui pouvait s'y apparenter– à la jeune Di Bartolomeo. Certes, la discussion ne volait pas très haut, mais au moins elle détournait quelques instants Maï de ses angoisses. Et puis, elle parlait quand même à Amber James, elle se doutait bien que celle-ci ne se contenterait pas de rester muette à la pique qu'elle lui avait lancée, aussi futile, ou aussi désespérée fut-elle. Parce que c'était bien le cas, la dernière défense, le dernier rempart avant que le masque de froideur ne se fissure. C'était tout ce dont elle était capable pour l'instant. Elle n'était pas prête à ce que qui que ce soit sache pour son petit secret, pas même ses cousins qu'elle aimait pourtant énormément. Ce serait révéler une, sinon la plus grande, de ses faiblesses. Elle était dans un état de vulnérabilité particulièrement important, et il n'était pas question que quiconque s'en aperçoive. Elle haussa finalement les épaules en réponse à la remarque d'Amber. « C'est la triste réalité. L'école la plus prestigieuse de Grande-Bretagne est dans un état misérable, sans parler de ses structures de soins... » marmonna-t-elle d'un ton détaché. Et ce disant, elle jeta un regard noir à l'infirmière qu'elle était loin de porter dans son cœur. C'était pas possible ça, ce morveux c'était son fils ou quoi ?!

Elle aurait bien étripé cette vieille peau, si elle n'avait pas été dans un état aussi instable, et surtout si elle n'avait pas eu tant besoin d'elle. Elle se serait bien soignée toute seule, mais on ne leur avait pas encore enseigné le sort en question, et d'ailleurs elle préférait que ce soit fait par quelqu'un de qualifié. Certes, elle l'était, après tout en qui pouvait-elle avoir davantage confiance qu'en elle-même ? Et elle n'était pas peu sûre de ses capacités. Cependant, en l'occurrence ses mains tremblaient tant qu'elle aurait pu se faire cramer la paume au lieu de la soigner. Et allez savoir pourquoi, elle préférait à tout prix éviter ce scénario. Elle soupira sans aucune gène, songeant qu'elle était en train de perdre son après-midi tout à fait stupidement. Après-midi qui serait peut-être la dernière si la vieille bique ne s'activait pas le popotin. Si ça se trouve, il était déjà trop tard, elle avait chopé un virus encore non identifié, et Pomfresh s'en mordrait les doigts, foi de Maïlys.

La remarque concernant Hayden arracha la blondinette à sa haine envers l'infirmière de Poudlard. Sans pour autant se retourner vers sa camarade, elle s'installa un peu plus confortablement sur son lit, puisque visiblement elle n'était pas prête de quitter les lieux. « Dommage. » répondit-elle du tac au tac. Quoi ? C'était vraiment, forcément. Ceci dit, elle n'était pas pour autant naïve, elle entendait régulièrement parler des frasques de Smith, et elle n'était pas une de ces midinettes qui chercheraient à s'attirer ses faveurs. Non, cependant, dans un lieu aussi glauque, une vision un peu plus charmante n'aurait pas été de refus. Et Hayden faisait parfaitement l'affaire avec son sourire de beau gosse. Maintenant, il était parti, et il était certain qu'elle s'en remettrait sans souci.

Elle détourna à nouveau son attention de l'autre Vipère, se demandant malgré tout pourquoi James était dans un tel état, surtout au point que son ami doive l'amener en urgence à l'infirmerie. Il n'était pas nouveau d'entendre parler de la capitaine de Serpentard et de son teint de zombie ou sa maigreur alarmante, mais Maï ne pensait pas que c'était à ce point. Et il faut bien l'avouer, cette histoire avait piqué sa curiosité, même si pour l'instant, elle n'était pas tellement en état de presser sa camarade comme un citron pour obtenir la moindre information. Sa coupure à la main continuait à la lancer, et la légère odeur de sang qu'elle percevait la rendait nauséeuse. « De nous deux c'est pourtant toi qui as l'air la plus mal en point. Et moi ça va oui, ce n'est pas important, je passe juste en coup de vent. Un mal de tête de rien du tout... » Par réflexe elle resserra sa main, cachant sa coupure. Et au fond, ce n'était pas si faux que ça, elle commençait vraiment à avoir mal au crâne. Elle étouffait dans cette infirmière. Mais après, peut-être qu'elle se faisait des idées, elle commençait à ne perdre les pédales...

Un ennui total. Certes, Maïlys n'était pas ou n'avait pas l'air d'une fille méchante ni même ennuyante, mais elles ne se connaissaient pas et la cadette avait l'air vraiment trop mal dans ses baskets pour vraiment avoir une conversation intéressante et constructive, pour une fois qu'Amber était ouverte aux autres ... C'était au moins le troisième soupir que poussait la capitaine depuis les dix minutes qui venaient de s'écouler, Merlin, pourquoi Hayden n'avait-il pas pris son sac ? Avec une stature pareille, il avait largement de quoi prendre quelques kilos de plus sur les épaules ; et non, elle n'était pas capricieuse à déjà se faire porter parce qu'elle était trop fière pour admettre ses faiblesses. Et, en soit, la blonde regrettait presque que le rouge et or ne soit pas là, pour passer le temps, elle lui aurait bien hurlé dessus, qu'il n'avait pas à l'amener là, qu'il aurait pu prendre son sac, qu'elle était assez grande pour se protéger elle-même, qu'elle savait ce qu'elle faisait et que ce n'était pas parce qu'il était plus âgé et plus grand qu'il pouvait tout se permettre. Et oui, Amber n'était pas vraiment quelqu'un de très sympathique si on ne faisait pas selon ses désirs (qui, pour une fois, n'étaient pas si exorbitant : juste la laisser tranquille. Et seule si ce n'était pas trop demander), et quand on sait qu'en plus, Hayden avait la "chance" d'être son meilleur ami et que, donc, elle y allait plus gentiment avec lui, on imaginait assez bien le tempérament de la jeune fille ...

La verte et argent regarda la jeune fille d'un air neutre alors qu'elle commentait Poudlard. Même si elle l'écoutait, Amber se réinstalla pour fixer pensivement le plafond de cette horrible pièce. Elle n'aimait pas Poudlard. Même si elle avait fait de superbes rencontres dans cette école, la vipère ne s'y plaisait pas, trop de mauvaises choses s'étaient passées à cause ou depuis son entrée ici, si bien qu'elle en regrettait presque d'être sorcière. Presque car elle aimait quand même la magie. Et que son père l'aurait carrément tuer si elle avait "osé" être une Cracmol. « Tu veux que je l'appelle ? Elle veut s'occuper de moi depuis septembre, ça te rapprochera déjà plus d'elle. » Amber s'étonnait elle-même. Etait-ce simplement l'ennui qui la faisait devenir aussi gentille avec cette fille qu'elle ne connaissait pas plus que cela ou si, vraiment, tout avait changé depuis l'année passée ; en bien ou en mal ? Elle n'en savait strictement rien. Ne pas être dérangée lui faisait du bien, beaucoup de bien, du silence et du temps à consacrer au dessin, à la lecture, juste à elle-même. D'un autre côté, la capitaine ne pouvait dire que parler à Maïlys a dérangeait vraiment. Sensation si bizarre que celle de se sentir changer et de ne pouvoir rien y faire. Ceci étant, la blondinette lança un regard perçant et froid à l'infirmière qui, ceci dit, ne pouvait rien voir vu qu'elle était de dos ; la lenteur de ce qui ressemblait vaguement à une femme l'agaçait plus que tout, pas qu'elle (au contraire d'autres) paniquait, mais elle avait juste envie de sortir, de profiter de l'air frais et non contaminé par ce satané désinfectant qui lui comprimait douloureusement les poumons. Exagération ? Non, du tout. Et pis, d'un côté, avec une hypocondriaque à côté d'elle, normal qu'Amber commence à perdre les pédales (comment ça, ce n'est pas contagieux ?).

Amber ouvrit un œil qu’elle garda fixé sur sa « camarade d’infirmerie » qui semblait trembler comme une feuille pour un simple mal de tête. Si bien que durant un instant, la blonde pensa que c'était son état à elle qui se déplorait ; en effet, lorsqu'elle sombrait dans l'inconscience, ce qui, à son grand damne, arrivait un peu trop souvent, en plus d'avoir le ventre qui gargouillait, elle voyait trouble, comme si tout bougeait ou tremblait fortement et sans arrêt. Etait-ce le cas ? Une envie de vomir assez forte la prit, elle détestait ce moment où elle savait ne plus rien pouvoir faire pour améliorer son état ; si seulement elle savait que Maïlys tremblait bien et que donc, son état n'était pas aussi grave que le pensait la capitaine. Le soupir de l'autre Serpentard arracha un sourire à la vipère qui s'empêcha elle aussi d'en lâcher un discret, elle avait assez soupiré pour toute la journée, au moins ; elle se demanda depuis combien de temps la jeune Di Bartolomeo se trouvait dans l'infirmerie pour être aussi ennuyée et être si énervée face à l'autre mégère qui servait d'infirmière à cette soi-disant prestigieuse école.

Alors que le sujet "Hayden Smith" était abordé, Amber se tourna vers sa camarade de maison et sourit à pleines dents. C'était tellement mignon de voir une fille trouver son meilleur ami pas mal et pis, c'aurait été quand même vachement mieux que le rouge et or sorte avec Maïlys plutôt qu'avec l'autre débile de Monroe. Ah, ce qu'elle avait plus râler là, la petite princesse, lorsque son meilleur ami lui avait annoncé. Elle ne lui avait plus parler pendant un petit moment et s'était grandement retenue pour ne pas aller frapper la Serdaigle, se persuadant qu'elle aurait quand même des problèmes si on retrouvait Rory allongée sur un banc, le nez ressemblant étrangement à la mer rouge. La triste réalité de ce monde cruel scolaire, où il n'est pas permis de se venger comme on le voudrait vraiment. Alors depuis ce moment où Hayden s'était permis de sortir avec cette erreur de la nature, Amber se permettait, sans gêne aucune, d'essayer de le remettre avec quelqu'un qui le méritait plus et avec qui, accessoirement, elle s'entendait bien et, à son grand damne, il n'y avait plus beaucoup de monde sur la liste des intéressées. Alors, pourquoi pas Maïlys ? La blonde secoua la tête, voilà qu'elle commençait à délirer, elle était à peu près sûre qu'ils ne se connaissaient pas et voilà qu'elle voulait les mettre ensemble ! Dommage, c’aurait été tellement bien ...

Alors qu'elle tournait la tête pour voir où en était Madame Pomfresh, elle vit celle-ci, le regard réprobateur, s'approcher des deux vipères et retint une grimace. Certes, le temps d'attente était considérablement plus faible maintenant, mais il était sans dire qu'Amber ne voulait pas vraiment être soignée -surtout qu'en soit, il ne fallait pas faire grand chose pour qu'elle se sente mieux, mais ce quelque chose, elle ne voulait pas le faire- et encore moins devant quelqu'un, car même si les rumeurs allaient bon train sur son compte, elle ne voulait pas que qui que ce soit ne puisse affirmer, qu'en effet, elle ne mangeait plus et était même anorexique au possible. L'infirmière s'arrêta en face d'une sorte de commode, fouilla un peu et en ressortit un morceau de pain, qui fit gargouiller le ventre de la jeune fille à un tel point qu'elle eût presque envie de vomir ainsi que des compresses. Elle se tourna vers Maïlys, sachant très bien que cette fois, elle devrait y passer, même si c'était pour se retrouver dans les minutes suivantes aux toilettes de Mimi Geignarde. Bon, comment réduire au silence une Serpentard ? Difficile, me direz-vous, presque impossible même ; c'était exactement ce qu'Amber était en train se dire, pourtant, pour la première fois depuis le début de l'année, c'est l'infirmière elle-même qui lui donna une sortie de secours aux rumeurs. « Vous, ça va aller vite Miss James : vous mangez. Et pas de discussions, tant que je ne vous verrez pas avaler ce morceau de pain, vous ne sortirez pas de mon infirmerie. Alors, vous Miss Di Bartolomeo, montrez-moi cette coupure. Vous n'avez pas l'air d'avoir le tétanos ou quoi que ce soit du genre, il n'y avait pas de raison de paniquer, je vous l'ai bien dit. » Coupure ? Alors qu'elle prenait le morceau de pain avec réticence, le regard de la verte et argent se fixa sur sa camarade, accompagné du haussement d'un de ses sourcils. La vipère retint même presque un rire, par respect pour la pauvre Maïlys qui ne devait pas en mener large, lorsqu'elle vit l'étendue de la coupure, à peine de quoi avoir besoin d'être refermé, à peine désinfecté, et c'était pour ça qu'elle faisait tout ce chambard ?

Lorsque l'infirmière repartait vers un autre élève, Amber mordit plusieurs fois dans le morceau de pain, les mâchoires crispées de se voir rabaissée à être forcée de manger par une femme la dépassant largement dans son surpoids. Une violente envie de vomir la prit, plus vraiment habituée à manger rapidement, voir même de manger simplement. Pour palier à cette action purement dénonciatrice de son état, elle se retourna vers Maïlys, le regard plus que sérieux et lui montra le bout de pain d'un mouvement de main. « Je te propose un truc Di Bartolomeo, tu tais le fait qu'on me force à manger et que toutes ces rumeurs sont donc vraies et j'éviterais de répéter que tu es hypocondriaque. Parce que c'est bien que tu es non ? Ca ne doit pas être la première fois que tu viens ici, vu la tête de Pomfresh, et ta coupure n'était guère plus qu'une pacotille. » Durant son petit discours, Amber avait avalé son dernier morceau de pain, luttant avec son estomac pour qu'il le garde au moins quelques minutes, et s'était redressé, assise, le dos droit, sur le lit de camp de l'infirmerie, son regard toujours plongé dans celui de Maïlys. Même si Amber James avait perdu de sa superbe cette année par rapport avant, elle était tout à fait capable de mettre ce style de menace à exécution. La blonde n'en avait certes pas très envie car répandre une rumeur n'était pas toujours facile, mais elle n'avait elle non plus pas envie de lutter contre des rumeurs fondées. A Maïlys de voir, la jeune James avait déjà prouvé pouvoir lutter contre des racontars qui pouvaient parfois détruire toute une vie, mais est-ce que la vipère devant elle en était capable, elle aussi ? Si oui, Amber était mal. En quelque sorte.

Sa frustration et sa lassitude devaient clairement se lire sur son visage, puisqu'Amber lui proposa soudainement d'appeler l'infirmière pour elle. Surprise, elle leva les yeux vers sa camarade. Elle n'avait pas l'habitude d'être aussi transparente. Et encore moins l'habitude qu'une quasi inconnue d'un an son aînée, qui plus est à Serpentard –oui, penser que tous étaient cruels et vils était un cliché, mais se mettre à croire que nombre d'entre eux étaient bons et altruistes revenait à être bien naïf ou carrément stupide– lui vienne en aide, en quelque sorte. Elle ravala sa salive, ramenant le regard vers l'endroit où l'infirmière continuait à s'affairer. Il était urgent qu'elle s'occupe de son cas, plus qu'urgent même, sinon elle finirait par craquer. « Ça m'arrangerait oui, j'aimerais bien ne pas m'éterniser ici. » déclara-t-elle d'une voix (péniblement) maîtrisée. Non, elle n'aimait pas l'infirmerie, car s'y trouver n'était jamais de bonne augure. Mais elle avait fini par s'habituer à ce lieu, elle le trouvait familier, aussi là n'était pas le problème. Elle se fichait d'y rester tant qu'on s'occupait de sa main.

Un mensonge, un tout petit mensonge qui ne pouvait tout simplement pas avoir la moindre importance. Comment pourrait-il en avoir ? Elle n'allait tout de même pas lui dire qu'elle se trouvait là pour une coupure, elle ne comprendrait pas. Forcément, elle ne réaliserait pas à quel point ce simple fait était grave. Et elle comptait bel et bien voir Pomfresh en tête à tête, et pas sous le nez de la blondinette. Aussi n'y avait-il aucune chance pour que son petit mensonge soit démasqué. D'ailleurs, était-ce réellement un mensonge lorsqu'on cherchait simplement à se protéger ? Certainement pas. Pas selon ses règles en tout cas. Tremblotant légèrement, sans même en avoir conscience, elle songea qu'en revanche elle aurait bien aimé connaître la raison de la présence de la Vipère en ces lieux. A sa connaissance –comprendre dans ses dossiers et rapports méticuleusement rédigés concernant tout élève de Poudlard ayant un minimum d'intérêt à ses yeux. L'espionnage, un métier d'avenir– elle n'avait aucune raison particulière de se faire amener ici tel un sac à patate. M'enfin bon, elle ne saurait probablement jamais. Dommage.

Lorsque la vieille Pomfresh se tourna enfin vers elle, Maï afficha une mine satisfaite, soupirant de soulagement. Le cauchemar touchait à sa fin. Elle ouvrit la bouche pour reprocher à l'infirmière son manque d'efficacité et lui demander un entretien privé, mais celle-ci ne lui en laissa pas le temps. L'héritière observa avec un certain étonnement et intérêt le morceau de pain que celle-ci tendit à sa camarade. Hm, problème d'alimentation ? Au fond, et au vu de son apparence physique actuelle, ça ne semblait pas si surprenant, mais tout de même. Cependant elle n'eut pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit, ni même de prendre enfin la parole, car l'infirmière continua sur sa lancée. Et en une fraction de seconde seulement, elle fit voler toute sa vie en éclat oui, rien que ça. Et elle exagérait à peine. Le cœur de la jeune fille loupa un battement lorsque l'infirmière attrapa sa main pour l'inspecter, sentant le regard inquisiteur de James non, pas Potter non, Amber de son prénom. Faut suivre ! sur elle. Elle était foutue. Toute sa réputation, tout. Quoique. Au fond, que savait Amber ? Pas grand chose. Maï était peut-être juste une chochotte, voilà tout. Et alors ? Elle saurait se remettre d'un ragot aussi peu croustillant.

Maï serra les dents, réfléchissant à toute vitesse tandis que l'infirmière désinfectait la plaie, observant le moindre de ses gestes. Pas question qu'elle lui refile des saletés maintenant, elle en avait déjà assez fait. « Bien, je pense que vous allez vous en remettre Miss Di Bartolomeo. Il n'y a rien du tout à signaler. Regardez, ça ne saigne même plus. » La blondinette lui lança un regard noir, serrant son poing valide avec colère. « Et comment pouvez-vous en être aussi sûre ? Vous êtes spécialisée dans les blessures magiques il me semble. Peut-être que vous n'êtes pas la personne adéquate pour s'occuper d'une blessure qui ne l'est pas. » siffla-t-elle en faisant en sorte d'être la plus discrète possible. Il n'était pas nécessaire que James entende tout, vraiment pas. L'infirmière fronça les sourcils, visiblement à bout. « Je peux vous garantir que la blessure n'est pas infectée, et je l'ai nettoyée, aussi vous n'avez plus aucun souci à vous faire. N'importe qui serait en mesure de le dire. » Et ce disant, elle tourna les talons, laissant Maï à son désarroi.

Lentement, très lentement, elle se tourna vers la Serpentard, qui venait de s'adresser à elle. Que faire ? Tout nier en bloc ? Après tout, les paroles d'Amber n'étaient que de simples suppositions basées sur ce qui venait de se dérouler sous ses yeux. Oui mais... Saurait-elle être convaincante ? Le marché que lui proposait son aînée semblait raisonnable. Maï était intelligente, et il était évident que se mettre à tout nier avec précipitation passerait pour un aveu. Cependant, pouvait-elle avoir confiance en Amber ? Rien ne lui garantissait qu'elle tiendrait sa part du marché. Et Maï ne pouvait pas se permettre que son petit secret arrive aux oreilles de tout Poudlard, absolument pas. Ce serait pire que tout. Oh, elle serait capable de se venger bien sûr, ça elle le savait, elle n'en doutait pas. Mais voilà, le mal serait déjà fait. Ceci dit, elle n'avait pas vraiment d'autre option. « On fait un serment inviolable ? Parfait, Miss anorexie. Mais ne t'avises pas de trahir cette promesse. » avertit-elle d'un ton tout sauf chaleureux. Autrement ça se paierait cher, foi de Maïlys.

Elle était partie depuis longtemps maintenant. Son absence ne passerait pas inaperçue. Fixant sa blessure à présent soignée, elle finit par se laisser glisser hors du lit. Elle souffla doucement, tâchant de reprendre son calme, et surtout de retrouver une expression neutre. Tout allait bien. Elle ne cessait de se le répéter. Rien de grave. Prenant sur elle, elle se tourna une dernière fois vers Amber. « A la prochaine, James. Et... Bon appétit. » C'était tout ou rien à présent. Elles étaient liées par leur secret respectif. Voir le sien révélé lui avait fait complètement occulter celui d'Amber. Pourquoi s'infligeait-elle ça ? Elle n'en savait fichtrement rien, et pour l'instant, elle n'avait pas le temps de s'en soucier. Un vague geste de la main, un dernier regard haineux vers l'infirmière, qui était de dos, et elle quitta la vaste pièce, laissant dernière elle l'unique élève qui savait. Et il y avait intérêt à ce que ça reste comme ça.