Mais puisque je te dis qu'on est pas amis !!!! [PV]

« Oh non, pas elle… » Voilà la réaction dégoûtée que Camille en voyant la jeune serpentard qui se retrouvait par hasard dans le même compartiment que lui. Il avait perdu Nina sur la quai mais il ne s’inquiétait pas pour sa sœur chérie, elle trouverait un coin pour se poser et ils se retrouveraient au banquet, toutefois, il se serait passé de tomber sur Mademoiselle Casse Pied à la place de sa déesse personnelle (si, si, sa déesse c’est sa sœur lol). Même si ce genre de réaction ne vous étonne guère de la part de Camille Moreau – associable par nature et détestant tout le monde par principe jusqu’à preuve du contraire – vous vous demandez ce que la demoiselle (pourtant pas laide) avait pu faire à Camille pour susciter cette réaction ! Et bien, en fait, étonnamment pour une Serpentard, elle n’avait rien fait de spécialement déplacé, si ce n’est qu’elle voulait absolument devenir amie avec Camille et qu’il n’avait pas donné son approbation pour ça ! En fait, il ne savait pas vraiment ce qu’il avait fait pour qu’elle se fasse des idées à ce point. C’est vrai que l’année dernière, au printemps, il l’avait aidé alors qu’elle avait trébuché et fait tomber le contenu de son sac mais n’importe qui en aurait fait de même, non ? N’empêche que si il avait su que la serpentard allait ensuite essayer de s’immiscer dans son entourage, il se serait abstenu, quitte à avoir mauvaise conscience après.

« Raphaëlle… » Argh ! Vous vous rendez compte qu’il connaît même son prénom ? Mais c’est une SERPENTARD nom d’un chien ! Bref, peu importe, il comptait bien rester le plus calme possible (pas très difficile vu son caractère) et ne pas montrer le moindre signe d’intérêt pour elle, sinon elle y verrait un signe d’encouragement. Ne pensez pas pour autant qu’il était contre se faire de nouveaux amis, c’est juste qu’il n’aimait pas qu’on s’impose et la fille là, la rouquine, elle était de celles qui se pensent tellement supérieures aux autres qu’elle n’avait jamais pensé que lui il pouvait y voir un inconvénient ! « Tu ne crois pas que tu pourrais me demander avant de t’installer ? » Bon, le truc c’est qu’elle avait déjà posé ses valises et il ne se voyait pas non plus la jeter dehors, ce ne serait pas forcément très correct. *Nina, vient me sauver T.T * Il songea aussi à Alix qui aurait fait une superbe diversion… enfin à condition qu’elle ne soit pas collée à Martin, ce qui n’avait à peu près que 10% de chance d’être le cas. C’était bien la peine d’avoir autant de filles dans sa vie pour qu’aucune ne vienne l’aider quand on s’introduisait de force dans son espace vital !

Prenant un magazine tandis que le train s’ébranlait, signe du départ, il prit son bouquin d’ornithologie et s’enfonça dans le siège, son regard d’un bleu pur posé fixement sur les pages et ignorant sciemment le visage de Raphaëlle. Peut-être qu’elle finirait par se lasser. Comment ça non ? >.<

Là, Raphaëlle était juste énervée. Mais alors, vraiment énervée ; surtout inquiète en fait et pour une raison plus que stupide : son frère n'était pas sur le quai neuf trois quarts aujourd'hui et allait rater le train en direction de Poudlard. Antoine s'était retrouvé a -encore- faire le pitre dans l'arbre à l'entrée de la maison, juste avant qu'ils partent jusqu'à la gare King Cross et était, bien sûr, tombé sur le bitume, se cassant sans doute la jambe. La rouquine s'était donc retrouvée avec sa Poudre de Cheminette, seule, devant la cheminée alors que sa mère était partie en trombe avec son frère à Sainte Mangouste, lui promettant qu'il viendrait en temps et en heure à Poudlard, juste par un moyen de transport différent. Alors, pour le moment, la verte et argent ne cherchait juste qu'un compartiment vide (ou relativement vide vu qu'ils étaient tous à peu près bondés) pour pouvoir s'inquiéter sans qu'on la dérange, c'était d'autant mieux pour elle que pour ceux qui l'entouraient qui risquaient (peut-être) de s'en prendre dans l'égo en l'asticotant alors qu'elle était déjà sur les nerfs. Pourtant, Emeric l'avait appelé, mais il y avait trop de monde, aussi s'était-elle installée dans un compartiment où seule une personne était assise, sans faire attention à qui était cette fameuse personne. La vipère déposa ses valises sr les filets placés au-dessus de la banquette, s'installa confortablement et, juste avant d'ouvrir son bouquin, leva les yeux vers la personne partageant le compartiment. Elle grimaça. Il n'était pas spécialement le type qu'elle voulait voir pour l'instant, dans l'état dans lequel elle était.

« Camille. » Camille Moreau était un garçon de son âge, Gryffondor qui, lui, semblait présenter beaucoup de réticences à une entente entre les Serpentards et les lions. En soit, la situation amusait vraiment beaucoup Raphaëlle, elle n'était pas prête à lui raconter sa vie, mais elle aimait bien le caractère revêche de ce type, même si, lui, ne l'aimait pas du tout. Et la rouquine se plaisait fortement à voir cette froideur qui lui glissait dessus venant d'un Gryffondor alors qu'elle était une Serpentard qui était juste sympathique ; et on parlait de préjugés entre maisons, comme quoi, parfois, on pouvait se tromper. Ou le Choixpeau pouvait se tromper. Et bon, quand même pas Serpentard pour rien, la vipère ne pouvait s'empêcher de frotter la corde sensible plus souvent qu'elle ne l'aurait dû, se faisant sans doute passer pour une jolie pot-de-colle auprès de Camille. Un sourire ironique s'étala sur les lèvres de la jeune fille à cette pensée, mais redescendit tout aussi rapidement, elle n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête avec le Gryffondor, alors qu'elle s'inquiétait pour son frère, la personne qui comptait le plus pour elle. Raphaëlle soupira fortement à l'interpellation du jeune homme et continua de lire durant quelques minutes avant de daigner relever des yeux qui n'étaient pas aussi sympathiques que d'habitude sur lui. « Je te dirais bien non Camille, mais tu vas encore t'énerver tout seul. Tu n'auras beau ne pas me croire, je ne suis pas venue ici de mon plein gré, il n'y avait plus de place dans les autres compartiments. » Et elle se replongea dans son manuel de métamorphose avec exaspération.

Plus d'un quart d'heure passa où Raphaëlle lit et réussit à se calmer, après tout, son frère n'était pas mort, il rigolait -certes, on aurait dit qu'il s'étranglait un peu en même temps mais passons- encore alors que leur mère le conduisait à l'hôpital, donc ça ne devait pas être si terrible. Aussi, elle laissa son regard errer vers Camille, entre deux lignes et ne put s'empêcher. C'était plus fort qu'elle. Un sourire erra sur son visage alors qu'elle lui lançait : « C'est assez inhabituel de te voir sans Nina. » Provocante ? Si peu.

Le terme « énerver » fit tiquer Camille dans le sens où c’était bien mal le connaître que de l’utiliser. Camille était d’un calme olympien chaque jour que dieu faisait, c’était dans son caractère que de ne jamais dire un mot plus haut que l’autre, voire de ne rien dire du tout pour simplifier les choses. Toutefois, il ne releva pas, il ne répondit pas plus d’ailleurs, parce qu’il avait du mal à croire que dans un train aussi vaste il n’y ait pas une petite place pour une serpentard mal embouchée alors que dans ce compartiment, ils n’étaient que deux. Et il se trouvait que bien qu’absolument certain de ce fait étrange, il n’avait pas envie d’épiloguer ou de débattre, si déjà avec Nina ça le fatiguait, imaginez donc avec une autre ! Et qui n’était même pas de ses amis d’ailleurs !

Quand elle lui adressa la parole au sujet de Nina, il leva son regard azur de son livre et de son magazine (oui, les deux XD) pour le poser sur la demoiselle d’un air absolument et résolument neutre, ainsi que pas du tout intéressé de toute évidence. Néanmoins, il répondit, ce qui chez lui était déjà pas mal puisqu’il détestait par-dessus tout autre chose devoir user sa salive. « En effet. » Et il songea un instant à ne rien dire d’autre, après tout, en quoi ça la regardait que Nina ne soit pas là ? Toutefois, ils étaient coincés là pour toute la durée du trajet, à moins que la dite Nina ne fasse une apparition aussi miraculeuse que remarquée et ne sauve son frère de l’ennui abyssal dans laquelle son absence le plongeait… mais il avait un doute sur la réalisation d’un tel fantasme, autant, donc, faire son possible pour que cela se passe, à défaut de bien se passer.

« Je l’ai perdue sur le quai de la gare, elle doit être avec notre frère. » Ce qui épargnait au moins la présence de Hugh à Camille s’il devait absolument boire le verre à moitié plein. Pas qu’il n’aimât pas son frère aîné mais il n’éprouvait pas non plus pour lui l’amour débordant et sans limite que lui inspirait Nina.

Il retourna ensuite à son étude sur les oiseaux mais cette fois ce fût la charrette des bonbons qui vint l’extirper de sa lecture. Il acheta un peu de tout ce qu’il aimait et posa les sachets sur le fauteuil. Il y en avait beaucoup mais il avait aussi fait un peu de réserve pour une fois qu’il serait à Poudlard. Il savait bien qu’il avait le droit d’aller à Pré-au-lard lors des sorties maintenant qu’il était en troisième année mais on ne sait jamais, en plus les bonbons, c’est bon ! (Et ouai !)

« Tu peux en prendre si tu veux. » Dit-il simplement avant de plonger la main lui-même dans un sachet tout en retournant à sa lecture sur le pivert (qui, le saviez-vous, se nourrit principalement de fourmis ! C’est beau tant de savoir inutile, non ?).

Raphaëlle laissa sa tête se poser doucement contre la grande fenêtre du compartiment qu'elle et Camille occupaient, humide et pleine de buée, son regard divaguant vers le paysage qui défilait à une allure folle à côté du train. Elle avait attendu tout l'été, dès qu'elle avait franchi le pas de la porte de leur petite maison, cette nouvelle rentrée à Poudlard, retrouver ses amis et surtout ne pas supporter son chez soi ; depuis longtemps, la rouquine n'aimait pas rester chez elle car elle avait vraiment l'impression que sa mère la détestait à cause du départ de son père pour on ne savait où, ce n'était pas le cas, mais la vipère s'en voulait elle-même tant d'être la cause de tout ces soucis qu'elle en devenait complètement malade. Serpentard ou non, Raphaëlle avait quand même un minimum de valeurs et ne pas décevoir ni même faire de la peine à ceux qu'elle aimait en faisait grandement partie et la partie avec sa mère semblait compromise d'avance, elle avait beau tout essayer, rien ne fonctionnait, à croire qu'elle était d'une imperméabilité sans précédents. La jeune sorcière se permit un soupir presque inaudible en se demandant pourquoi elle s'acharnait à essayer de briller auprès de cette mère qui n'en avait, de toute évidence, pas grand chose à en faire.

La verte et argent ne se gêna pas pour regarder Camille dans les yeux alors qu'il la regardait. Plus que son ton froid et indifférent, il se dégageait de ce franc gaillard de douze ans une froideur plutôt inhabituelle pour quelqu'un de son âge, qui attirait d'autant plus Raphaëlle à aller vers lui, même si cela était sans retour. Un nouveau soupir s'échappa des lèvres fines de la rouquine, n'y avait-il donc plus personne qui connaissait la sympathie dans cette école ? Un sourire discret étira les lèvres de la Serpentard alors qu'elle levait son bouquin un peu plus haut, c'était plutôt cocasse de sa part de ne pas trouver quelqu'un sociable, alors qu'elle était vraiment loin de l'idéal social que devait se faire chaque parent à la naissance de leur enfant. Sans doute pour ça que le père s'était envolé, d'ailleurs. Raphaëlle détacha son regard de Camille ainsi que de son livre -qui l'ennuyait plus qu'autre chose en fait-, après tout, tous ces chapitres, elle les lirait bien à un moment ou à un autre de l'année qui arrivait. Pendant quelques minutes, la rouquine s'amusa à regarder le paysage défiler, en essayant de repérer des petits détails, action assez ardue vu la vitesse du train qui se rendait à Poudlard. Néanmoins, elle releva les yeux vers Camille alors qu'il avait décroché une phrase. « Je ne savais pas que tu avais un frère. »

En soit, elle ne savait pas grand chose du jeune lion et ne s'en intéressait pas plus si il ne voulait déjà pas lui parler quand il la croisait. Et pis, Raphaëlle n'était pas ce genre de personne altruiste qui trouve une passion étonnante dans la vie privée des gens, comme si elle pouvait avoir une incidence monstrueuse sur quelque chose qui l'indifférait totalement et ne la concernait pas. Les gens ne se rendaient pas compte qu'ils ne peuvent décemment pas gérer deux vies en même temps et que de préférence, la plus prioritaire des deux était la leur. La rouquine, elle, l'avait bien compris et ne s'encombrait plus de la vie des autres depuis bien longtemps. La sorcière remonta ses jambes contre elle en faisant bien attention de ne pas trop mettre ses baskets sur le fauteuil, histoire de ne pas le salir (pas qu'elle s'en préoccupât pour le moins du monde, mais histoire qu'on ne l'ennuie pas pour une idiotie pareille) et rattrapa son manuel qu'elle feuilleta sans trop savoir où elle en était dans sa lecture.

La jeune fille releva la tête vers Camille alors qu’il lui proposait son sachet de bonbons et en prit un avec un sourire de reconnaissance ; elle sortit ensuite une barre de chocolat de son sac et lui tendit, son livre dans l’autre main. « J’ai du chocolat si tu veux. » Raphaëlle tourna une nouvelle page de son manuel alors qu’un silence tranquille se rabattait sur le compartiment.

Raphaëlle ne devait pas beaucoup s’occuper des autres ni faire vraiment attention à qui était à Poudlard ou non pour ignorer que Camille avait un grand frère. Ce n’était pas comme si Hugh était discret ! Et puis, elle l’avait remarqué lui (et, par Merlin, il y avait des jours où il s’en serait passé ! C’était une serpentard nom d’un chien !) alors qu’il ne parlait presque pas, alors c’était à se demander comment elle avait pu ne pas faire attention à un type aussi braillard que Hugh ! Il était de ceux qui font exploser des choses dans la grande salle, qu’on entend parler de loin, qui rit bruyamment… pas du tout le même genre de garçon que Camille. C’est pour cela que même s’il l’aimait comme on aime un frère avec qui on a grandi dans le bonheur, Camille préférait quand il n’était pas là, enfin du moins quand il essayait de lire un livre sur les oiseaux comme c’était le cas pour l’instant. En effet, le jeune lion n’était pas de ceux qui aiment le bruit, il aimait bien écouter les conversations, ou même écouter les élucubrations de sa sœur, mais trop de bruits c’était dérangeant pour quelqu’un appréciant autant le calme comme lui.

« J’ai un grand frère, c’est mon frère biologique contrairement à Nina. Il me ressemble assez physiquement, mais il est différent dans son attitude. » Il faillit dire que Hugh apprécierait bien plus que lui la présence de Raph’ (parce qu’il se trouvait que Hugh ne savait pas dire non à une jolie fille et que pour être honnête, Raph’ n’était pas laide du tout) mais cela aurait été ouvrir les hostilités, alors il se contint. Il n’avait pas envie d’être méchant avec elle, c’est juste qu’il n’aimait pas qu’on le colle c’est tout, et puis pour le moment ça allait, elle ne le dérangeait pas trop (si ce n’est sa pique au sujet de Nina) donc il n’avait pas de raison de la chercher. Bref, il ne dit rien, ce qui n’était pas très étonnant de sa part, ne rien dire c’était comme sa spécialité. Il lui était bien plus facile que la moyenne de ne rien dire… mais cela en était arrivé à un point où il ne se comprenait plus et où son subconscient et lui n’étaient plus au point. Etrange en un sens, non ? Et pourtant, c’est le principe même de l’adolescence que de se perdre un peu pour mieux se retrouver.

Finalement, il partagea un peu de ses bonbons avec la serpentard et il accepta qu’elle lui passe un peu de chocolat. « Je veux bien, merci. » répondit-il simplement avec son ton indifférent, celui qui lui était propre. Ensuite il repencha les yeux vers son livre mais quelque chose dehors attira son attention. Il ouvrit la fenêtre de leur compartiment et sourit. « Regarde ! Ce sont des hirondelles ! » On pourrait presque croire qu’elles faisaient la course avec le train, les hirondelles sont, après tout, parmi les oiseaux les plus rapides du monde. « On dirait une hirondelle rustique, elle a la gorge marron non ? » Pour Camille, rien ne vaut les oiseaux pour qu’il se mette enfin à parler !