It's a bad day [PV]

Elizabeth & Ginny

« It's a bad day »

Dans le nord du pays de Galles, les 7 joueuses de l'équipe des Harpies de Holyhead virevoltaient à vive allure dans l'espace du terrain de Quidditch qui leur était réservé. Elizabeth était encore nouvelle dans l'équipe mais avait au fil des premiers mois fini par trouver entièrement ses marques au sein du groupe exclusivement féminin. Ginny – la dernière arrivée, avant elle – avait grandement contribué à l'intégrer, il fallait dire, même si les 5 autres joueuses y avaient beaucoup mis du leur également.

« A droite ! »
« Attention, cognard ! »

Trop tard, Elizabeth venait de le prendre dans le bras. La jeune femme leva les yeux au ciel, agacée de ses performances du jour... Ce qu'elle était nulle aujourd'hui ! Des cognards elle en avait pris une quantité folle depuis qu'elle était née, ce n'était certainement pas le premier qui la toucherait et ce sera loin d'être le dernier ! La jeune fille remonta en chandelle pour rejoindre Ginny et laissa le cognard changer de cible. Une fois Elizabeth arrivée arrivée à son niveau, Ginny fila droit vers les buts, le souafle encore sous le bras, esquivant par la droite la batteuse qui la prenait pour cible. Grand classique des entraînements, trois batteuses contre trois poursuiveuses et une gardienne pour bloquer les buts. Dans son trio, aujourd'hui, Elizabeth était sans conteste la moins bonne. Elle avait du s'arrêter une bonne demi-douzaine de fois car elle avait du mal à respirer, sans compter la fatigue qui la tenait depuis plusieurs jours à présent. Elles s'entrainaient beaucoup c'était vrai, mais Elizabeth était sûre que ça ne venait pas de ça, elle avait toujours été habituée à faire beaucoup de sport, du Quidditch en particulier.

Une violente quinte de toux obligea Elizabeth à ralentir l'allure et à laisser Ginny et son autre collègue poursuiveuse partir seule vers les buts. Portant sa main à la bouche, les sourcils froncés devant la violence de cette nouvelle quinte de toux, Elizabeth quelques secondes plus tard resta pétrifiée devant la vision de sa main qu'elle venait de porter à la bouche, tâchée de sang. A présent blanche comme un linge (Elizabeth supportait difficilement la vue du sang), Elizabeth resta de marbre quelques secondes, puis finit par crier à Gwenog, batteuse du moment :

« Gwenog, je fais une pause ! »

L'ex-Poufsouffle descendit doucement vers le sol et une fois qu'elle eut posé pied à terre, attrapa un mouchoir de sa poche pour s'essuyer la main et la bouche. Qu'est-ce qu'elle avait ? Pourquoi elle crachait du sang ? Elle toussait souvent depuis quelques temps, mais jamais au point de saigner ! Passablement inquiète, Elizabeth fut soulagée que voir que Ginny descendait la rejoindre. Visiblement, elles avaient du interrompre l'entraînement, puisqu'Elizabeth était partie.

« Eli, tu vas bien ? »

La jeune femme se tourna vers son amie, et lui répondit, la mine encore assez pale.

« Euh... Pas trop. Je ne sais pas ce qui m'arrive depuis quelques temps... Je suis extrêmement fatiguée et j'ai du mal à respirer. Et là, je viens de cracher du sang. »

Elizabeth avait lâché sa dernière phrase avec un peu de réserve. Même à elle, ça lui faisait peur. Généralement, même avec des températures polaires, on ne crachait pas de sang. Et la fatigue qui s'accumulait chez Eli depuis quelques temps ajoutée à celà, ne la rassurait pas du tout. Elle devait aller à Ste Mangouste, et aujourd'hui, ça semblait être le bon jour...

Ginny Weasley (aussi connue sous le nom de Ginevra, mais appelez-la comme ça et c'est probablement la dernière chose que vous direz de votre vie) était devenue une femme. Elle avait quitté le cadre rassurant de Poudlard, avait réussi ses ASPICs haut la main, et avait récemment rejoint l'équipe des Harpies de Holyhead. Et dire qu'on avait offert à Charlie de rejoindre l'équipe d'Angleterre, à une époque. Qui aurait cru que ce serait finalement la petite Ginny qui ferait du Quidditch son métier ? Mais elle était passionnée et déterminée, elle l'avait toujours été, et jouer comme poursuiveuse au sein des Harpies était un véritable bonheur pour elle. Mais devenir une adulte n'était (malheureusement) pas seulement passé par trouver du travail et quitter le cocon familial. La plus jeune des Weasley avait évolué durant la guerre, et ce contexte avait nettement joué, ne serait-ce que sur sa famille, ou ses études. La mort de Fred avait été ce qu'elle, non ce qu'ils avaient dû de traverser de plus dur dans toute cette guerre, et même s'ils avaient quelque part trouvé la force d'aller de l'avant, son absence se faisait toujours cruellement sentir.

Jouer au Quidditch avait toujours été une échappatoire, au sens où lorsqu'elle était sur un balai, plus rien d'autre n'existait. Rapide, gracieuse, la jeune femme fendit l'air pour s'emparer du souafle. Un entraînement comme un autre, mais elle tâchait de donner le maximum à chaque fois, quoiqu'il advienne. En revanche, elle ne put que constater qu'Elizabeth, ancienne Poufsouffle et dernière arrivée dans l'équipe était loin d'être au meilleur de sa forme. Elle avait énormément de potentiel pourtant, mais aujourd'hui, ce n'était simplement pas son jour. Ginny lui adressa un petit sourire encourageant lorsqu'elle la dépassa. Il était temps de marquer ! Vitesse, précision, tout ce qui comptait, c'était que la petite balle rouge traverse l'un des anneaux. Mais un cognard vînt la frôler de bien trop près et elle dut piquer sur le côté, en profitant pour passer le souafle à sa partenaire. Elizabeth avait disparu de son champ de vision, mais elle n'avait pas le temps de s'en soucier. C'était certes un entraînement, mais Gwenog attendait de ses joueuses qu'elles soient performantes et à toute épreuve, alors il n'y avait pas vraiment la place pour une pause. Elles s'entraînaient énormément, mais ce n'était pas Ginny qui allait s'en plaindre.

Par réflexe, le regard de la rousse passa sur les gradins, Harry n'était pas là pour la voir ou la soutenir aujourd'hui, elle le savait. Il venait parfois, et rien ne pouvait faire plus plaisir à la jeune femme. Il était l'amour de sa vie, c'était aussi simple que ça, et elle l'avait toujours su. Mais Ginny sortit de sa rêverie lorsqu'elle entendit l'ancienne Poufsouffle demander une pause. Elle fronça les sourcils, voyant la jeune femme descendre lentement vers le sol. Il y avait une chose dont elle était sûre, Elizabeth n'était pas du genre à jouer les flemmardes. « Je vais aller voir si tout va bien. » indiqua-t-elle à leur capitaine avant de piquer vers le bas à son tour. Elle entendit Gwenog mettre fin à l'entraînement avant d'être hors de portée. Soucieuse, l'ancienne Gryffondor interrogea son amie, qui avait de toute façon le teint bien trop mal pour aller bien. « Depuis combien de temps est-ce que ça dure exactement ? Tu ne devrais pas négliger ta santé Eli... Si tu viens de cracher du sang, c'est que quelque chose cloche vraiment. Je t'emmène à Sainte Mangouste ? C'est la solution la plus sûre je pense, même si ce n'est peut-être rien. Au moins tu en auras le cœur net. » Et peut-être qu'elle disait tout cela avec calme, mais il n'était pas question de laisser le choix à Elizabeth ! Il lui fallait un médecin, tout de suite.

Qu'on se le dise, Elizabeth avait connu des jours meilleurs. La jeune femme, d'ordinaire très souriante, optimiste et enjouée, manquait ce jour-ci d'un petit quelque chose, qu'on pouvait appeler santé. La jeune femme était en effet bien loin de son état habituel, et ça l'inquiétait. Elle si souvent inquiète pour la santé de ses proches n'avait jamais été aussi soucieuse de son propre état, il fallait dire que jamais elle n'avait ressentit pareille fatigue – pas même à Poudlard avant les épreuves de 5ème et 7ème année – et jamais ~~merci pour elle~~ elle n'avait craché du sang.

« Mais enfin, ce n'est que de la fatigue ! Ça ne m'arrive jamais en tant normal... »

Elle n'avait pourtant pas attrapé froid, il faisait encore si bon ! Et à par tousser et être fatiguée, Elizabeth ne ressentait rien d'autre. Ce ne pouvait pas être quelque chose de grave, peut être quelque chose dans les poumons qui la fatiguait plus qu'il ne fallait ? Elle ne savait pas, elle n'était pas médicomage, dans tous les cas, ne pas savoir l'inquiétait beaucoup, d'autant plus que la fatigue chez Elizabeth avait tendance à lui faire perdre son optimisme.

« Oui, je pense que je vais y aller... Mais reste là toi ! Je ne veux pas te faire rater l'entraînement... »

Elizabeth eut beau insister, Ginny Weasley était une Gryffondor et bien évidemment, ne lâcha pas le morceau aussi facilement ~~ces carnivores alors~~ . Après avoir prévenu Gwenog qu'elle ne se sentait vraiment pas bien, Elizabeth et Ginny transplanèrent jusqu'à Ste Mangouste. La plus jeune des Harris pria le ciel pour ne croiser ni le chemin de William, ni celui d'Erwan, qui travaillaient tout deux à l'hôpital des sorciers. Si son frère venait à apprendre que quelque chose n'allait pas, il allait encore se faire du mouron pour rien et elle voulait éviter ça encore plus que sa propre appréhension à elle.

Après avoir patienté plusieurs minutes dans la salle d'attente, Elizabeth annonça à Ginny :

« C'est vraiment très gentil d'être venue avec m... »

Une nouvelle violente quinte de toux mit fin à la phrase d'Elizabeth, qui toussa cette fois-ci dans un mouchoir, préparée. Une nouvelle fois, elle fut horrifiée d'y découvrir du sang. Une fois ça pouvait passer pour un cas isolé, deux, elle ne pouvait pas l'ignorer.

Un médicomage vint la recevoir quelques minutes plus tard et Elizabeth fut soulagée de voir que son frère ne l'accompagnait pas. Elle adressa un sourire à Ginny, en lui lançant ironique, avant de la quitter :

« Bon, espérons que je n'ai pas une toute nouvelle sorte de grippe sorcière, hein ! Si c'est le cas je te préviens, je te la refile, y'a pas de raison... »

Et elle quitta son amie en suivant le médicomage mais cette dernière petite touche d'humour à l'adresse de son amie sonnait faux, elle espérait juste que Ginny n'avait pas ressentit son appréhension grandissante. La porte de la salle d'observation se referma sur la chevelure châtain d'une jeune femme de 18 ans, qui s'assit sur le fauteuil qu'on lui indiquait.

[...]

Elizabeth rejoignit Ginny une bonne heure plus tard. Le médicomage lui avait fait passer une série de tests magiques assez pointus avant de lui rendre son diagnostic. Fatiguée par sa journée, et par son passage à Ste Mangouste, c'est une Elizabeth harassée que Ginny retrouva.

« Tu viens ? Quittons cet endroit, je commence à faire une overdose de ces murs verts ! »

Elizabeth sourit à Ginny devant ce petit trait d'humour mais personne n'était dupe : Elizabeth était physiquement déconfite ~~comme les oranges~~.

Une fois qu'elles furent dehors, loin du monde, Elizabeth prit une profonde inspiration, levant sa tête vers le ciel, comme pour essayer de retenir des larmes, larmes qui finirent tout de même par venir.

Elizabeth voulait tout raconter à Ginny mais des hoquets de douleur l'empêchaient de parler. Des larmes et des sanglots n'arrangeant rien à la chose... S'essuyant les yeux de ses mains, Elizabeth finit par trouver un semblant de contenance, et réussit à articuler :

« J'ai... J'ai de sérieux problèmes aux poumons. Il m' a fait faire toute une batterie de tests et le médicomage est catégorique, c'est rare, c'est grave, et ça vient des poumons... »

Elizabeth craqua une nouvelle fois, n'arrivant pas à prononcer le mot qui dans sa bouche, sonnait comme un arrêt de mort. Elle prit une profonde inspiration, tâchant de ne pas déclencher une nouvelle quinte de toux, et finit par lancer, les yeux embués de larmes :

« J'ai un cancer, Ginny ! »

La jeune fille craqua littéralement, ne parvenant plus qu'à pleurer, et ayant d'énormes difficultés à respirer tellement ses sanglots lui soulevaient le cœur. La jeune Harris ne savait plus que faire. Elle savait les cancer presque à chaque fois fatal, mais elle ne savait pas qu'on pouvait les attraper si jeune. Elle ne savait pas comment l'annoncer à Alban, à sa famille, à tous ses proches. Ce n'était pas le genre de nouvelles qu'on lançait entre le fromage et la tarte aux fraises...

Ginny n'était pas du genre à paniquer, alors c'est avec calme qu'elle avait proposé à Elizabeth de l'accompagner à l'hôpital. C'était la moindre des choses lorsqu'on voyait quelqu'un dans un tel état. Et non, elle n'était pas dupe. L'ex Poufsouffle aurait beau dire que tout allait bien, on lisait clairement sur son visage qu'elle était mal en point. Et s'il y avait bien une règle chez les Gryffondor, c'était de ne jamais laisser tomber son prochain. « Non, pas question que tu y ailles toute seule, je viens avec toi. Gwenog comprendra, ne t'en fais pas. » répondit-elle d'un ton décidé, indiquant clairement qu'elle ne fléchirait pas. Et Merlin savait qu'on ne faisait pas changer d'avis Ginny Weasley aussi facilement, et on la contredisait encore plus rarement ! Et oui, la jeune femme avait hérité de sa mère.

Comme elle l'avait prédit, Gwenog les laissa partir sans trop broncher. Après tout, la santé de ses joueuses passait quand même avant les entraînements, et tout le monde était d'accord pour dire que laisser Elizabeth partir seule dans cet état serait tout bonnement irresponsable. Les deux jeunes femmes transplanèrent par conséquent à Sainte Mangouste, l'hôpital pour les maladies et blessures magiques, bien que les médicomages furent tout à fait en mesure de diagnostiquer tous types de cas. La rousse sourit faiblement à Elizabeth lorsqu'elle la remercia d'être venue, faiblement parce que sa cadette dut s'arrêter en pleine phrase pour tousser à nouveau. Et d'après l'expression qu'elle afficha devant son mouchoir, il n'était pas difficile de devenir qu'il y avait encore du sang. « Je t'en prie Eli, c'était la moindre des choses. » Ginny était calme, tempérée, mais elle percevait très bien l'appréhension d'Elizabeth. En soi, tomber malade n'avait jamais rien de très agréable, mais se mettre à cracher du sang, là c'était franchement alertant.

Ginny tâchait d'adresser un sourire réconfortant à la jeune femme. Après tout, ce n'était probablement rien. Combien de personnes se rendaient-elles paniquées à l'hôpital pour s'apercevoir que ce qu'elles avaient était tout à fait bénin ? Un médicomage arriva finalement et Ginny sourit à Elizabeth, un sourire encourageant parce qu'une fois passée la porte elle se retrouverait toute seule, et c'était probablement ce qu'il y avait de plus angoissant lorsqu'on était à l'hôpital, être seul, face aux médicomages, aux examens, aux diagnostics... « Tu plaisantes ? J'espère bien que tu es partageuse, sinon je serais déçue ! » répondit-elle plus pour la forme qu'autre chose, n'étant même pas sure que sa collègue l'ait entendue, ce qui était tout à fait compréhensible. Mais Ginny était une jeune femme optimiste, et elle était de ceux qui préféraient ne pas s'affoler tant que rien n'était clairement dessiné. Oui, elle était soucieuse, parce qu'après tout, Elizabeth crachait du sang, mais non, elle ne comptait pas mettre la charrue avant les hippogriffes.

Une heure d'attente laissa à la rouquine le temps de lire et relire les revues de la salle. Et elle pouvait à présent déclarer qu'ils n'étaient pas encore très à jour, à Sainte-Mangouste, ils possédaient encore un exemplaire de la Gazette du Sorcier du temps où Fudge était au pouvoir. C'était peut-être un collector ? En tout cas il n'y avait vraiment pas de quoi être fier ! Enfin, Elizabeth refit son apparition et à l'air qu'elle arborait, Ginny eut tout de suite un mauvais pressentiment. Une heure de consultation déjà, ça n'avait rien d'ordinaire, mais la pâleur de la brune ne faisait rien pour la rassurer. Elle acquiesça d'un hochement de tête à la demande de la jeune femme, sortant de l'hôpital à sa suite. L'air frais de l'extérieur avait quelque chose d'apaisant, contrairement à l'impression d'étouffement que transmettait l'espace confiné de l'hôpital. Et les murs verts n'ajoutaient qu'un côté factice à l'ensemble. Ginny n'aimait pas Sainte Mangouste, l'endroit était synonyme de souvenirs sombres, difficiles, l'agression de son père par Nagini...

Le cœur de la rouquine sembla louper un battement lorsqu'Elizabeth lui fit part du diagnostic. Silencieuse, elle tâcha de ne pas l'interrompre avant qu'elle ait fini. Et finalement, le couperet tomba. Une maladie moldue ? A force de guerres, d'attaques de mangemorts, de loups-garous, Ginny en avait presque oublié qu'il existait autre chose. D'autres formes de maux, d'autres risques tout aussi graves. « Oh Merlin, Eli... Je ne sais pas quoi te dire... » murmura-t-elle avec horreur, s'approchant de la jeune femme pour la serrer dans ses bras, tâcher de la réconforter comme elle le pouvait. Elles n'étaient pourtant pas si proches, elles étaient partenaires, elles partageaient une même passion. Et voilà qu'elle était la première à apprendre qu'Elizabeth Harris avait un cancer. « Je sais que c'est difficile d'en parler Eli mais, est-ce qu'ils t'ont parlé des traitements, de solutions ? Je suis assez limitée concernant les maladies moldues, je suis désolée, mais ce n'est pas incurable n'est-ce pas ? » demanda-t-elle doucement, consciente de sa propre ignorance. Les Weasley étaient une famille de sang-pur, et elle n'avait jamais eu l'occasion d'en apprendre beaucoup sur le monde moldu alors elle ne savait pas grand-chose de cette maladie. Mais à voir Elizabeth, oui, c'était grave, vraiment.

La jeune poursuiveuse essayait de retrouver toute sa contenance, mais la nouvelle avait été bien trop dure à encaisser pour arriver à ses fins avec facilité. Elle pleurait, naturellement, mais elle était surtout tellement terrifiée par ce qui lui arrivait qu'elle avait du mal à avoir les idées claires. Elle ne voulait pas partir, pas maintenant, pas si jeune ! Elle avait encore tellement de choses à faire sur terre qu'elle ne pouvait se résoudre à quitter tous ses proches aussi soudainement. Elle qui avait survécu à l'attaque de Poudlard, elle qui avait vu bon nombre de ses amis périr sous ses yeux, tués ou torturés par des mangemorts, elle, elle non, ne pouvait pas mourir comme ça. Ce n'était pas juste.

« Je... Oui... Ils m'ont parlé d'un traitement moldu, parce que la magie n'a aucun effet sur des cellules malades comme les miennes. Chimiothérapie, ou quelque chose comme ça... Il m'a dit que c'était censé détruire les cellules malades, sauf que le traitement ne fait pas la distinction avec toutes les cellules, et il en tue d'autre avec, d'autres qui ne sont pas cancérigènes. »

Tout en reniflant Elizabeth passa sa ses doigts sur ses yeux pour enlever les dernières larmes qui l'empêchaient d'y voir correctement, et ajouta :

« On a détecté le cancer très tôt, j'ai donc de bonnes chances de m'en sortir. Mais... Il n'y aucune garantie. Le risque de rechute après la "guérison" est très probable et très fréquent, en réalité. Le médicomage m'a dit que le cancer du poumon était un des plus dangereux et que le mien était particulièrement rare... »

Comme si un cancer, en soi, ce n'était pas suffisant. Il fallait en plus qu'elle en ait un des plus difficiles à combattre ! "Fort heureusement" pour elle, on le lui avait détecté très rapidement et elle aurait plus de chance de l'éradiquer efficacement. On lui avait dit aussi que les chimiothérapies étaient assez pénibles et éprouvantes physiquement, ce qui avait amené Elizabeth à demander (sait-on jamais) si elle pouvait continuer à travailler. Le médicomage avait été formel, pendant toute la durée du traitement, elle devait se reposer, avoir un rythme de vie sain, et ne surtout pas rejouer au Quidditch avant la complète guérison. Ça aussi, ça avait de quoi faire pleurer ! Plus de Quidditch ! Et qui disait qu'elle ne jouait, disait qu'elle allait être virée de l'équipe ! Après quelques mois d'anciennetés, il était clair que Gwenog n'aurait aucun scrupule à la remplacer.

« Le pompon étant que je suis obligée d'arrêter le Quidditch pendant toute la durée du traitement. Il me faudra beaucoup de repos, d'après ce qu'il m'a dit, et il est hors de question de travailler. Il doit m'en dire plus la semaine prochaine, j'ai un rendez-vous. »

Elizabeth haussa les sourcils en souriant et annonça à Ginny :

« Et bien au moins, on pourra dire que ma carrière dans le Quidditch aura été brève ! »

Quatre petits mois à peine à jouer pour les Harpies, et voilà qu'elle allait déjà être remplacée et vite oubliée ! En cet instant là, ne lui manquait plus qu'Alban la quitte et elle aurait toute sa vie foutue en l'air. Alban, d'ailleurs, elle allait devoir lui annoncer ça.

Elizabeth avait à présent séché ses larmes et était bien décidée à faire de son moment d'intense détresse avec Ginny le seul et l'unique. Pas question qu'Alban la voit pleurer, ça l'achèverait. Idem pour Anabelle et sa famille, Eli devait rester forte. Parce que si elle n'y croyait pas, eux non plus. Rester forte devrait rester sa priorité, coûte que coûte.

Ginny était peu renseignée sur les maladies et traitements moldus. Oh elle n'était pas complètement ignorante non plus, au fil des années elle avait appris pas mal de choses auprès d'Harry et d'Hermione concernant la vie de ceux qui n'avaient pas de pouvoirs. Et inversement aussi, sans doute, étant donné qu'Harry en particulier ignorait pendant longtemps certains détails concernant les sorciers et leurs us et coutumes. Il n'empêchait qu'elle ne s'était jamais suffisamment penchée sur la question pour être en mesure de connaître le traitement dont lui parlait Elizabeth. Tout ce qu'elle pouvait faire pour l'instant, c'était la soutenir, et essayer de la rassurer. « Donc, il y a un traitement. C'est déjà une très bonne chose ça, ils vont te donner des armes pour combattre cette maladie, ce n'est pas incurable. » dit-elle avec douceur, marquant un temps de pause pour scruter le regard de la jeune femme, marqué par les larmes. On ne pensait jamais que ce genre de chose puisse arriver à quelqu'un d'aussi jeune. Jamais. Ils étaient des sorciers, ils avaient combattu pendant une guerre, contre des personnes monstrueuses, ils pouvaient alors mourir à tout instant, dans le feu de l'action, mais mourir d'une maladie ? Jamais ça ne leur traversait l'esprit. « Tu vas te battre Eli, tu dois te battre, et tu dois y croire. Je sais que c'est incroyablement facile à dire, mais tu dois t'accrocher, tu vas devoir être très courageuse... » Elle tâchait de parler avec conviction, gardant les yeux fixés sur ceux de la sorcière, mais elle avait l'impression que ses paroles étaient creuses. Elles n'étaient pas suffisantes, la situation dépassait le pouvoir des mots. Alors elle serra la main de son amie, pour lui montrer qu'elle était là, qu'elle pouvait compter sur elle dans cette épreuve.

En arrivant à l'entraînement elle n'aurait jamais pu croire que la journée prendrait une telle tournure. Tout ça lui semblait irréel à vrai dire. Ils avaient été tellement obnubilés par la guerre, les mangemorts, Voldemort toutes ces années... Le reste, ils l'avaient oublié. Les maladies, les accidents... Et il fallait que cela tombe sur quelqu'un de proche pour que brusquement, tout redevienne réel. Et à présent, c'était la guerre qui lui semblait irréelle, lointaine, embrumée.

Elizabeth lui parla ensuite du Quidditch, et du fait qu'elle ne pourrait plus en faire en raison du traitement. Sa carrière venait à peine de commencer... Ginny lui adressa un faible sourire, destiné à la réconforter. « Tu reprendras le Quidditch lorsque tu seras guérie, Eli, j'en suis convaincue. Ta carrière commence à peine, et tu as un talent énorme. Gwenog n'est pas assez insensible pour te virer aussi facilement. Mais pour l'instant, la priorité, c'est ton traitement. Il faut que tu te soignes. Tu as quelqu'un avec qui aller au rendez-vous ? » interrogea-t-elle, non pas par curiosité mais parce que le fait d'abandonner Elizabeth seule dans une petite salle moisie lui semblait inhumain. On ne devait pas être seul lorsqu'on traversait une chose pareille. Plus que jamais, l'ex Poufsouffle avait besoin d'être entourée.