Rencontre inattendue [Emma][Term]

Fanpop©

Emma était dehors, encore, ça commençait à devenir une habitude. Elle prenait goût au monde extérieur. Car oui, avant elle était un vampire. Mais ça reste entre nous. Elle avait le sentiment d'étouffer lorsqu'elle était chez elle. Son père n'était plus là, sa mère n'était jamais à la maison, et quand elle y était, ça semblait d'autant pire. Le tension constante qui régnait entre elles n'allait pas en s'arrangeant, et Emma ne faisait rien en faveur d'une réconciliation. Elle en avait assez de se tasser et de se taire juste pour lui faire plaisir. A quoi bon, à quoi ça les avait avancées jusqu'à maintenant ? Elle n'avait pas su, pas voulu, s'occuper de son père, et ça elle ne le lui pardonnerait jamais, même si elle avait été capable d'oublier tout le reste. Ses absences, son indifférence vis-à-vis de sa propre fille... L'image qu'elle s'était forgée de sa mère était devenue trop réelle pour qu'elle puisse l'envisager autrement. Alors oui, elle étouffait dans cette maison vide avec pour unique compagnie ses manuels scolaires.

Elle avait eu le temps de tous les feuilleter, depuis qu'elle était allée les acheter avec Charisma. Potions, Métamorphose, Défense contre les Forces du Mal... Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle connaissait tout le programme de l'année par cœur, mais disons qu'elle se sentait assez confiante. Elle comptait gérer. Pas question de perdre sa place parmi les meilleurs élèves de son année si ce n'est la meilleure mouhahaha. Mais après un temps, même les livres n'y faisaient rien. Elle avait besoin d'air. Alors elle était sortie faire un tour, et sans qu'elle sache exactement comment, ses pas l'avaient mené à proximité d'un pub qu'elle commençait à bien connaître. A force, elle pourrait tout aussi bien y louer une chambre, ce serait sans doute un gain de temps. Elle se sentait bien dans le monde sorcier. A l'aise, à sa place. Moins seule.

Elle soupira, saluant Tom, le barman, d'un geste de la main. Elle ne savait pas trop ce qu'elle comptait faire, mais ayant la conscience tranquille en ce qui concernait la rentrée à venir, elle pouvait aller où bon lui semblait, elle était totalement libre. L'avantage d'avoir une mère pratiquement toujours absente –parce qu'il fallait bien qu'il y en ait au moins un– c'était qu'elle avait dû devenir très rapidement indépendante, surtout que celle-ci ne faisait pas spécialement attention à ses allers et venues. Il fallait juste qu'elle soit à la maison avant qu'il ne soit tard, c'était la seule condition. Autrement, elle faisait ce qu'elle souhaitait. Et jusqu'à présent, elle n'avait pas vraiment donné de raison à sa mère de changer ce régime. Elle était sage, elle était raisonnable. C'était ce qui la caractérisait, qu'elle le veuille ou non.

Il faisait beau, et une douce brise vint lui fouetter le visage, faisant flotter ses cheveux et la jupe qu'elle portait pour l'occasion. Avec un temps pareil, il fallait en profiter, non ? Laissant ses pas la guider, elle se retrouva pourtant bien vite devant la vitrine du magasin d'accessoires de Quidditch. Le Quidditch, la distraction parfaite. Le sport qui lui permettait de se défouler en particulier quand elle imaginait la tête de Jenson à la place du cognard, allez savoir pourquoi ! Elle ne pouvait pas y jouer pendant les vacances, alors être au moins en contact avec le sport à travers le magasin du chemin de Traverse pourrait être une compensation. Un nouveau balai ? En voyant le panneau à l'entrée du magasin, elle ne put que se précipiter à travers les rayons, en quête du dit balai, sans vraiment prêter garde aux autres clients. Après tout, il était bien clair qu'elle ne regardait pas devant elle, n'est-ce pas ? Conclusion, c'était bel et bien à eux de dégager de son passage. Mais bien évidemment, il fallut que quelqu'un n'ait pas ce minimum de bon sens élémentaire. « Aoutch ! » s'indigna-t-elle en heurtant le torse d'un individu se trouvant sur sa route. Elle s'apprêtait à le contourner pour continuer sa route, mais en levant la tête... « Samuelson. » marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel.

Bien sûr, c'était évident, il fallait qu'elle tombe sur ce sombre crétin de blondinet en plein milieu de cette journée qui commençait pourtant si bien. Certes, il l'avait aidée à se sortir d'un sacré pétrin la dernière fois qu'ils s'étaient vus, mais ça s'arrêtait là. Elle lui avait quand même épargné une heure de retenue, ça ne s'oubliait pas, ça. Ni ça, ni toutes les paroles offensantes qu'il avait pu prononcer à son égard par le passé. Son aversion envers lui restait intacte, malgré les années. « Je ne vois pas pourquoi je ne serais pas en droit de me trouver là. En fait, j'ai autant de raisons d'être là que toi, Samuelson. Alors je ne comprends pas pour quelle raison tu te permets de me demander ça sur un ton aussi condescendant, comme si j'étais en train de commettre un crime, ou de te poursuivre comme une fan hystérique. » répondit-elle du tac au tac. Ah, la politesse ? Il faut croire qu'elle était passée à la trappe, la pauvre.

A posteriori, elle réalisait bien qu'accélérer à travers les rayons comme une furie n'était pas vraiment l'attitude la plus adaptée lorsque la boutique en question était assez bondée. Seulement parfois, elle ne réfléchissait plus tellement aux conséquences, lorsqu'elle était enthousiasmée par quelque chose. Et même elle devait bien avouer que lorsqu'elle ne réfléchissait pas, les choses avaient tendance à tourner au vinaigre. Elle était une Serdaigle après tout, réfléchir avant d'agir et tout ça, elle n'était pas quelqu'un d'impulsif à la base. Sauf dans certaines circonstances particulières. Mais au fond, tout se serait déroulé sans aucun souci si elle n'était pas entrée en collision avec ce garçon là.

Quelle triple buse ce Samuelson, il lui sortait par les trous de nez ! Une image particulièrement poétique, n'est-ce pas ? Ses airs supérieurs, son sourire narquois, il était insupportable ! Il était tout ce qu'elle ne pouvait pas tolérer. Comme si quelqu'un s'était fait un malin plaisir à créer un être avec tous les pires défauts à ses yeux, et à le faire aller dans la même école que lui. A peine parano la cocotte. Et encore heureux, il n'était pas à Serdaigle. Il n'avait pas les qualités pour y être, de toute manière. Certes, elle s'emporta un peu au niveau de sa réponse, pourtant sa voix n'avait pas augmenté d'intensité. Le flux de paroles était important, mais elle s'était appliquée à les prononcer avec toute la froideur dont elle était capable. Être en sa compagnie n'était pas bon pour ses nerfs. Est-ce qu'elle tenait vraiment à savoir pourquoi il se permettait de lui parler comme ça ? Eh bien pour le coup, elle ne savait pas trop. Répondre oui, ça ne serait pas un peu mettre le feu aux poudres ? Sauf que voilà, elle avait grandi depuis leur première année. Elle n'était plus la fillette effrayée et impressionnable qu'elle avait pu être. Elle était en mesure de se défendre à présent. « Dis toujours, ce n'est pas comme si ce que tu disais avait la moindre réelle importance de toute façon... » répondit-elle d'un ton las, s'attendant déjà au pire. Il faut dire que le garçon n'était pas vraiment des plus subtils, loin de là même.

Et voilà, encore le sourire en coin qu'elle détestait tant. Sourire qui ne présageait jamais rien de bon. Et en effet, celui-ci vînt accompagné d'une réplique pleine de sous entendus. Etait-il sérieux ? Elle leva les yeux au ciel, presque impressionnée par autant d'égocentrisme. « Incroyable. Tu manques tellement d'admiratrices que tu te mets à t'en inventer ? C'est assez triste je dois dire. Je ne croyais pas que ton cas était aussi désespéré. Et pour ton information, je ne me suis pas jetée sur toi, c'est toi qui t'es planté en plein sur mon chemin, voilà tout. » rectifia-t-elle avec conviction. Elle ne savait même pas pourquoi elle perdait son temps à lui parler. Ils brassaient juste de l'air inutilement là, ce n'était pas comme si l'un ou l'autre finirait par abandonner les armes. Leur dialogue n'avait ni queue ni tête.

Emma suivit des yeux le balai que Samuelson lui désigna. Celui qu'elle cherchait ! Une référence au Quidditch, encore une. Parler de Quidditch, en particulier avec cette andouille lui était particulièrement douloureux, sachant que son équipe n'avait jamais gagné de match depuis qu'elle était arrivée à Poudlard. Oui, c'est uniquement une coïncidence, et ça s'arrête là. Aussi ne tenait-elle pas à continuer sur cette voie savonneuse. Elle ramena un regard perçant sur le visage du blondinet. « Non, si je deviens invisible et que je touche un objet, celui-ci ne devient pas invisible. Ce n'est pas comme le pouvoir du roi Midas avec l'or, réfléchis trente secondes Samuelson. Et si tu comptes voler quelque chose, ne m'implique pas là-dedans, merci bien. Peut-être qu'avoir un casier judiciaire te plairait, mais ce n'est pas mon cas. » conclut-elle assez sèchement. Ô désespoir, ce garçon était irrécupérable.

Il fallait toujours que Samuelson apparaisse dans les moments les plus inopportuns. Etait-il possible qu'il s'amuse carrément à la traquer ? Glups. Non. Il était peut-être odieux, il n'était pas pour autant une espèce de sociopathe qui s'amusait à la pister. Du moins l'espérait-elle. A ses yeux, il était clair que le blondinet n'était pas un génie du mal, mais simplement quelqu'un qui avait dû souffrir de traumatismes durant son enfance et qui ressentait à présent le besoin irrépressible de faire payer les gens purs et innocents de désagréable par nature. Ça faisait partie de son caractère, voilà tout. Certaines personnes étaient drôles, d'autres étaient incroyablement altruistes, et Samuleson, lui, était une abomination de la nature antipathique.

Voilà. Elle savait très bien qu'elle aurait dû répondre non, tourner les talons, et partir loin du garçon. Résultat, qu'avait-elle fait ? Elle était restée plantée face à lui, et lui avait, en gros, permis de lâcher ce qu'il avait sur le coeur. Et hop, une claque de plus concernant ses aptitudes –ou plutôt son absence de– aux Quidditch. Mais l'époque où elle fuyait courageusement ses moqueries les larmes aux yeux était désormais révolue, là était la différence. « Oh, mais pourquoi supposes-tu seulement ? Tu sais très bien ce que ça fait, de perdre. Vous n'avez gagné qu'un seul match cette année. Et d'ailleurs, j'étais présente à celui, là, tu sais, celui où tu t'es fait méchamment amoché par un cognard. Ça a dû être bien douloureux mwahahaha <- rire diabolique. » Non, elle n'était pas une grosse sadique qui avait explosé d'un rire tonitruant en voyant le garçon se prendre le cognard dans la face. Surtout qu'il avait été dans l'incapacité de jouer pendant plusieurs minutes après ça. Mais s'il décidait d'attaquer un point sensible, alors elle ne pouvait que répliquer. Juste retour des choses.

Merlin ce que ce Serpentard était agaçant. Il devait forcément prendre des cours, sinon ce n'était pas possible, être naturellement ainsi n'était pas humain. Mais finalement, Emma finit par réaliser qu'une fois de plus, elle prenait la mouche bien trop rapidement. Elle démarrait toujours au quart de tour, et ça, ce n'était pas bon du tout. Et puisqu'elle était là à présent, face à l'autre vipère, il était temps pour elle d'apprendre à relativiser les choses. Elle esquissa donc un sourire sarcastique, avant de détourner les yeux du blondinet pour admirer un peu ce qui se trouvait sur les étagères alentours. « Là tu vois, je pourrais te répondre que de toute manière, je ne m'étais jamais proposée pour devenir ta groupie décérébrée, mais je crois que ça commencerait à devenir un peu lourd au final. » Elle haussa les épaules à sa dernière remarque toute en ironie, ne daignant même pas se tourner vers lui pour voir son air goguenard. Il jubilait ce crétin ! Et après tout, peut-être bien qu'elle était un danger public. Et alors ? Tant qu'il n'y avait que lui qui en faisait les frais, elle s'estimait heureuse !

Ha, elle sentit qu'elle avait peut-être mis le doigt sur quelque chose en critiquant son manque de discernement. Il s'enflamma soudainement, si bien que la brune se tourna finalement vers lui, un fin sourire sur le visage. Vexé ? « Tu n'es peut-être pas censé le savoir, mais tu pourrais le savoir, si tu t'informais un peu avant de parler, de temps à autres. C'est bien gentil de lancer des blagues vaseuses, mais si tu ne sais même pas de quoi tu parles... » Quant à l'histoire de l'invisibilité, elle préféra ne pas revenir dessus. Certes, il l'avait aidée, et au fond, elle devait sûrement lui en être reconnaissante, mais c'était quand même elle qui avait assuré ses arrières au final. Donc ils étaient quittes, un point c'est tout !

Emma ne mentait pas, elle avait assisté aux matchs de Serpentard. Elle aimait le Quidditch, il était donc normal qu'elle suive les prestations des autres équipes, non ? Se focaliser uniquement sur l'équipe de Serdaigle aurait été une attitude tout à fait stupide. Surtout que visiblement, il leur manquait quelque chose que les autres équipes avaient, elles. Du coup, oui, elle avait vu Jenson jouer, notamment contre Poufsouffle, le fameux match où il s'en était pris plein la tronche. Et si elle avait dû être honnête, elle aurait admis que le blondinet n'était pas mauvais au poste de poursuiveur. Il semblait avoir une vue d'ensemble du jeu, il marquait, il interceptait le souafle au bon moment, bref, il était même doué. Sauf que ça, même sous la torture, elle refuserait de l'énoncer oralement. Il pouvait aller se faire cuire un œuf tiens ! Mais en tout cas, elle semblait avoir réussi à toucher un point sensible. Les répliques acides du Serpentard se faisaient plus rares, et c'est d'un ton buté qu'il lui rétorqua qu'ils n'avaient pas perdu tous leurs matchs, eux au moins. « Vous n'en avez gagné qu'un, et c'était contre notre équipe. Et puisque tu viens de dire textuellement que nous étions nuls et que nous n'étions pas faits pour le Quidditch, je ne vois vraiment pas de raison de fanfaronner. » répondit-elle en soupirant, avant de s'avancer vers un rayon où étaient exposés des posters de plusieurs grandes équipes de Grande-Bretagne.

Que Samuelson la suive ou s'en aille, peu importait. Elle avait bien noté le sous entendu qu'impliquait sa phrase en tout cas. Lui jouait bien, contrairement à... Elle. Bien, il faut croire qu'il se la jouait subtile pour une fois dans son existence. D'habitude le "Carter, tu joues comme un veracrasse asthmatique" était exprimé dans toute sa splendeur. Pas cette fois. « Que tu joues bien ou pas ne change rien au fait que vous avez perdu, Samuelson. C'est ça que tu ne comprends pas. » En clair, au Quidditch, il n'y avait pas que le talent qui comptait, mais ça visiblement, ça le dépassait. Il y avait l'esprit d'équipe aussi, par exemple, mais ça ça ne devait même pas traverser sa petite tête de moineau bien sûr. Et puis, au final, tout reposait généralement sur l'attrapeur. Les matchs, à Poudlard, ne présentaient pas suffisamment de rebondissements pour qu'une équipe ait 150 points d'avance. Ça n'arrivait, pour ainsi dire, presque jamais. Par conséquent, quels que soient les efforts des joueurs, la petite balle dorée finissait toujours par les départager.

Qu'est-ce qu'il racontait à présent ? Ce garçon était impossible à suivre. D'abord il disait qu'il ne voulait pas d'elle comme admiratrice, ensuite il ajoutait que ça le décevrait si elle se proposait à ce poste, sous entendant... Quoi exactement ?! On lui avait jeté un sortilège de confusion ou était-il naturellement aussi brouillon ? Johan Fawcett, sors de ce corps ! « Bien, donc on est d'accord. Vas organiser un casting ailleurs alors, tu pollues mon air là. » marmonna-t-elle tout en feuilletant un exemplaire du Quidditch à travers les âges qui traînait sur un comptoir. Les livres étaient sa passion, on ne vous l'a jamais dit ? Mais elle sentait déjà arriver la remarque hautement réfléchie du blondinet. "Ce n'est pas en lisant les exploits d'autrui que le talent te tombera dessus comme la foudre, Carter, quoique ça pourrait faire un joli feu d'artifice", ou quelque chose dans ce goût là, à n'en pas douter.

Bizarrement, plus aucun son ne semblait sortir de la bouche de la Vipère à présent. Est-ce qu'il boudait ? Ou bien était-il enfin parti ? Se tournant avec espoir, Emma dut bel et bien se rendre à l'évidence: ce gars était un véritable chewing-gum, plus elle essayait de s'en débarrasser, plus il s'accrochait. Voilà qu'il l'observait avec des multiplettes à présent. Avait-il perdu l'esprit ? Ce serait visiblement la grande question de cette nouvelle année. « Et... Tu nous fais quoi là ? Ne me dis pas que tu me boudes... Comment pourrais-je vivre sans entendre ta voix si mélodieuse ? » Question rhétorique, et parfaitement ironique. Comment vivre sans l'entendre ? Très bien, de manière heureuse peut-être même. Une seule manière de savoir, pouvait-il se taire à tout jamais ? Dans la tristesse comme dans la pauvreté, blablabla, jusqu'à ce que la mort vous sépare ! Vous pouvez embrasser la mariée /SBAF/

Emma sursauta lorsque Jenson apparut à nouveau derrière elle. Ne pouvait-elle pas avoir la paix cinq minutes ? Surtout si c'était pour venir lui dire un truc pareil ! Bonjour l'argument irréfutable. Là, il était clair que ça remettait en cause tout le fondement de son raisonnement, au moins ça. C'était une véritable partie d'échecs qui se jouait là, mais en cet instant, le Serpentard venait tout simplement d'effectuer un mouvement qu'elle ne comprenait pas. Etait-il à cran ? Peut-être réalisait-il enfin qu'elle n'était plus la fillette effrayée et manquant cruellement de confiance en elle qu'il avait autrefois connu. Elle n'était certes pas devenue un modèle de confiance en soi entre temps, mais au moins elle était plus à même de cacher ses faiblesses derrière un mur de sarcasme à présent. Que ça lui serve de leçon ! Elle haussa les épaules, ne prenant même pas la peine de lui adresser un regard. Les posters de l'équipe des Harpies de Holyhead étaient autrement plus intéressants que sa face de blondinet aigri !

Finalement, elle fut bien obligée de remarquer sa présence, pour mieux pouvoir l'inviter à la laisser tranquille. Inviter était peut-être un verbe trop faible d'ailleurs. C'était plus un gentil geste vers la porte qui était sous entendu dans sa phrase. Mais le Vert et Argent parut carrément largué. Est-ce qu'elle s'était mise à parler chinois ? Ou bien c'était le fait qu'elle n'ait plus envie de le voir qu'il ne comprenait pas ? « Pourquoi parais-tu aussi surpris ? Entre toi et moi ça n'a jamais été une grande histoire d'amour de toute façon. » remarqua-t-elle d'un air absent, avant de se focaliser à nouveau sur sa lecture. Et quand on la mettait face à un bouquin, il était bien difficile de l'en décrocher ! C'était la meilleure solution qu'elle avait trouvé pour s'éloigner des ondes négatives qui lui envoyait Samuelson. En lisant elle était un peu ailleurs, alors il pouvait bien dire ce qu'il voulait sur elle, sur l'équipe de Quidditch de Serdaigle, ça n'avait aucune importance. Elle ne l'entendait plus !

La brune finit quand même par constater que le silence de ce côté du rayon commençait à se faire pesant, ce qui était assez étrange étant donné que Samuelson ne restait jamais muet bien longtemps. Il fallait toujours qu'il la ramène, qu'il en rajoute une couche. Bref, qu'il fasse son Samuelson quoi. Même pas de remarque sur le livre ? Là elle était déçue. L'avait-elle réellement offensé ? Ce serait une première. C'est d'ailleurs ce qui la poussa à relancer le dialogue. Et c'était à présent officiel, elle avait froissé cette satanée tête de mule. Plus de sourire goguenard à présent, juste de la simple et pure colère. Interloquée, elle resta silencieuse, avant de finir par soupirer. Quel gamin. Refermant le bouquin, dont elle possédait déjà un exemplaire chez elle de toute façon, Emma contourna le blond, s'apprêtant à prendre la direction de la sortie. Mais après quelques pas, un étrange sentiment de malaise la gagna. Est-ce que c'était de la culpabilité ? Se pourrait-il que, quelque part derrière ce masque de sarcasme et d'ironie, Samuelson ait un cœur ? Peut-être que sa fierté en avait pris un coup. Et c'était étrange à dire, mais elle s'en voulait un peu. Il était désagréable, mais s'il se mettait à ne plus jamais lui parler, est-ce que ça serait réellement mieux ? Elle allait finir par s'ennuyer, non ? Elle s'immobilisa, faisant volte-face. Elle pouvait peut-être essayer d'être gentille, pour une fois ? Elle se racla la gorge, cherchant désespérément quelque chose de potable à dire. « Au fait... Comment va ton chat ? Kitkat c'est ça, non ? Je me souviens que tu l'avais avec toi la dernière fois qu'on s'est vu, dans le Poudlard Express. Et je dois bien avouer qu'il semblait beaucoup plus facile à vivre que toi. En particulier maintenant que tu te mets à bouder. » Hm, avait-elle dit qu'elle serait gentille ? Oui mais voilà, fallait pas pousser mémé dans les orties non plus ! Au moins elle aurait essayé, au risque de recevoir encore une fois une réplique hautement recherchée dans la figure. Sa bonté la perdrait.