[FINI]Oups... Ou comment penser à autre chose ! [PV]

Des inconvénients ? Charisma ne voyait pas. Son pouvoir était restreint par tout un champ de facteurs différents, mais elle n’avait pas la sensation d’avoir de problèmes avec lui, avoir des visions, elle en avait l’habitude. Qu’elle hallucine ou non (car ça aussi cela pouvait arriver), elle avait des visions depuis toujours, elle voyait des images, elle entendait des sons, c’était flou, pas toujours très clair, mais c’était permanent. Sa mère aussi avait ce don, Charisma n’en avait pas la certitude mais comme feu sa maman entendait aussi des voix, elle pensait que c’était sûrement héréditaire du côté maternel.

« Pas vraiment. » Fût donc sa seule réponse tandis qu’elle tripotait son bracelet dans le même temps où elle pensât à sa mère, sa pauvre maman… « Idiote ! N’y pense pas ! » Lui fit la Voix en guise de morale. Mais c’était trop tard et pendant un court instant Carry vit des flammes envahirent la pièce. La jeune fille n’en montra rien, toujours aussi inexpressive qu’à son habitude, mais elle frémit de manière imperceptible. Rapidement son hallucination se dissipa. « N’appelle pas les flammes, elles te feront du mal… » Lui signifia la Voix alors, Charisma savait bien ceci, mais elle ne le faisait pas exprès. Les flammes avaient brûlés sa vie d’autrefois et, par un effet pervers, geler son cœur. La glace peut aussi brûler vous savez ?

« Je ne sais pas, il y a sûrement d’autres moyens de le taquiner. Je n’aime pas trop les autres garçons. » Enfin, même si sa phrase n’était pas très claire, ce qu’elle voulait dire c’est qu’elle n’avait aucune envie de plaire à d’autres qu’à Enry. En effet, elle avait quand même des amis garçons, mais ils n’étaient pas concernés par l’apparence de la petite princesse des glaces de serdaigle, même Damon, le meilleur ami de Charisma, n’en avait rien à faire au fond. Gaël ne pensait peut-être pas ainsi mais Carry était loin de s’en rendre compte.

« Votre vision de l’amour est totalement idéaliste mademoiselle Artanis, même si la perfection n’existe pas, l’être humain la cherchera toujours. C’est la raison pour laquelle il éprouve le besoin d’admirer des sportifs ou des musiciens qu’ils ne voient que sur papier glacé. L’Homme est avide de ce qu’il ne peut obtenir, chercher à nier cette évidence vous blessera lorsque vous vous rendrez compte que ce que vous pensiez avoir accepté vous déçoit. » Charisma dans toute sa splendeur glaciale démontrait à quel point elle détestait le genre humain. Elle avait pourtant fait des efforts socialement parlant mais elle pensait toujours que côtoyer les autres c’était foncer droit vers la déception, et que le mieux pour ne pas avoir trop mal c’était de s’y préparer. Mais Elyna, tout comme Emma, ne se blindait pas assez. La jeune préfète avait tout de la demoiselle amoureuse auquel Carry ne voulait surtout pas ressembler. Certes, elle semblait heureuse, mais ce n’était pas le bonheur que Carry cherchait, juste l’absence de souffrance. C’est lorsqu’on est très heureux qu’on souffre vraiment… parce que le bonheur n’existe pas. « Cela étant, vous verrez bien ça par vous-même. »

Et elle poursuivit au sujet des bracelets « Je lui en parlerais à l’occasion. » mais le ferait-elle c’était autre chose, c’était quand même quelque chose de trop romantique, non ?! Elle se sentirait complètement idiote si elle proposait ça à Enry.

Elle ne commenta pas le tutoiement et en vint directement au sujet de la couleur de son bijou qui brillait parfois d’un rose éclatant, mais pas pour l’instant. « Ce n’est pas être amoureux qui est être faible, c’est s’y laisser aller. Vous l’avez probablement remarqué mais je mets la maîtrise de soi au-dessus de toutes les qualités, je ne tiens pas à laisser mes sentiments obscurcir mon jugement, je le crains beaucoup plus que de souffrir. La souffrance n’est rien, contrairement à ce que je ressens pour monsieur Stanley, c’est un sentiment que je contrôle depuis longtemps. » Parce que bon, elle ne respirait pas la joie de vivre Carry, donc on pouvait se douter rien qu’en la regardant qu’elle avait beaucoup souffert, ce qu’on voyait moins c’est qu’elle était parfaitement insensible maintenant à la douleur, elle avait enfermé ses sentiments négatifs dans une petite boite et elle la gardait bien fermée. Certes, ce n’était pas très sain, mais au moins elle ne donnait pas à ses bourreaux le plaisir de la voir pleurer, elle n’avait plus verser une larme depuis son départ de Russie après la mort de sa mère. Plus jamais on ne la ferait souffrir. Plus jamais.

Charisma hocha la tête dans un mouvement de dénégation. Ce n’était pas à proprement parler une vision qu’elle avait eut, c’était bien plus dangereux et désagréable que ça… mais qu’on ne compte pas sur elle pour s’épancher sur le sujet, elle ne le supporterait pas ! Cela semblait plutôt logique au fond puisque si Charisma se donnait l’air froid c’était tout de même surtout parce qu’elle ne voulait pas qu’on marche sur ses plates bandes. Entendez par là qu’elle ne se confiait pas aux premiers venus, même pas à ses proches en fait, elle n’aimait pas ça. Dire son passé, encore, pourquoi pas, mais ce qu’elle ressentait face à lui, sûrement pas non. C’était beaucoup trop lui demander.

« Non… autre chose. » Dit-elle sans rien ajouter du coup. Quant à ce qui était de taquiner Enry, elle était sûre qu’elle trouverait bien, ce n’était pas la peine de se prendre la tête, ça viendrait tout seul. Charisma continuait à penser qu’en amour il valait mieux vivre au jour le jour sous peine de craquer et de se laisser aller à des choses qui ne lui plaisait pas, en effet, comme elle l’avait soulignée, elle n’était pas une idéaliste comme la jeune fille avec qui elle bavardait depuis un quart d’heure, au contraire, Carry était plutôt une pessimiste dans l’âme. C’est pourquoi sur le fait qu’Elyna se rendrait compte par elle-même, elle fit seulement un petit signe d’approbation. Au fond, Carry ne lui souhaitait pas de mal et si elle pouvait garder ses illusions, tant mieux pour elle, la russe ne demandait pas mieux pour elle !

« Ce n’est pas spécialement difficile, c’est simplement une question d’habitude. Et j’ai parfaitement conscience que cela n’est pas parce que je donne l’apparence de ne rien ressentir que c’est vrai, mais ça aide je trouve. Il est difficile de me blesser grâce à mon entraînement… si je puis m’exprimer ainsi, la froideur est un art. » Elle n’imaginait plus être chaleureuse et ouverte comme lorsqu’elle était toute petite, ce n’était plus elle, elle s’était construite sur son chagrin et sa tristesse, sur ses pertes et ses déceptions, et à force elle avait réussi à se relever en se barricadant derrière un masque et un contrôle d’elle-même qui forçait l’admiration. Elle ne prétendait pas que c’était toujours évident, Enry était la preuve vivante qu’elle pouvait faire des erreurs de calculs, mais malgré ça, ses barrières tenaient suffisamment bon pour qu’elle n’ait pas l’impression de trop souffrir au jour le jour. Son pays lui manquait moins qu’avant, Andrew ne la dégoûtait plus tant que ça… oui, en se détachant du reste, elle acceptait mieux sa vie telle qu’elle était. Elle ne pouvait pas la changer après tout, alors autant l’accepter et y faire face comme elle pouvait.

« Vous êtes très différente de moi, je crois que vous ne pouvez pas comprendre. Si je laissais l’amour m’infiltrer, toute ma souffrance déferlerait aussi. On ne peut pas juste anesthésier son cœur pour la douleur, lorsqu’on choisit de se barricader, c’est contre tous les sentiments, je ne crains pas Monsieur Stanley, le mal qu’il pourrait me faire parce que je l’ai laissé entrer, mais si je ne fais pas attention, je perdrais le contrôle, et croyez-moi… on ne dit pas dans le château que je suis folle uniquement parce que je parle toute seule. » Mais elle n’eut pas le loisir de continuer cette conversation, une voix l’appelait d’en bas des escaliers et comme elle n’avait pas entendu tout de suite, Emma était venue la prévenir qu’Enry l’attendait en bas dans la salle commune. Charisma lissa sa jupe et secoua ses cheveux pour leur donner un peu de volume, gestes futiles mais que voulez-vous, elle restait quand même une jeune fille qui découvrait les premiers émois amoureux. « Cette conversation était plaisante mais si vous voulez bien m’excuser, je vais rejoindre monsieur Stanley. Nous poursuivrons en une autre occasion. » Sur quoi, elle se dirigea vers la porte, échangea quelques banalités avec Emma, et descendit rejoindre son petit ami qui était encore un peu mouillé à cause de ceux qui lui avaient fait une farce. Charisma jeta un dernier coup d’œil vers le haut des escaliers, se faisant la réflexions qu’il y avait beaucoup de sortes de filles et que, peut-être, il y avait tout autant de visions de l’amour… ce qu’elle ne trouvait pas forcément si rassurant que ça au demeurant. Car au fond, quelle certitude avait-elle que sa vision soit la bonne ? Aucune, mais l’avenir lui en apprendrait plus. Carpe Diem !