Amnésie [PV]

« Ich denke nicht… Narr… » Murmura-t-elle en secouant la tête. Il valait mieux qu’elle se parle en Allemand parce que sinon elle allait éclater, soit de frustration, soit en larme ! Mais non, elle allait tenir, elle était la duchesse Fredericke Andromaque Liza Maiden, elle n’était pas n’importe quelle fille de cette école, elle pouvait le faire, c’était aussi sa dignité qui était en jeu. De fait lorsqu’elle posa de nouveau les yeux sur Vincent, elle semblait avoir retrouvé un regain d’assurance… c’était purement superficiel, ce n’était pas plus la vraie Fredericke qu’un Vincent amnésique était le vrai Vincent, mais l’un allait avec l’autre. Elle finirait par s’y faire mais là à chaud elle ne pouvait que se draper derrière sa bonne éducation pour faire front.

« Même si je devais t’en vouloir, ce serait vain puisque tu ne te souviens de rien, alors cessons cette conversation s'il te plaît, nous avons plus important à régler. » Elle sortit du papier et un crayon mais elle n’eut pas le temps de faire ce qu’elle escomptait car c’est là que Tobias arriva, les interrompant (ce qui n’était pas plus mal en l’état). Une fois le blondinet mit au courant de la situation, celui-ci s’était approché, il tenait toujours Fred’ par les épaules et bien qu’elle se tienne par habitude bien droite et à quelques centimètres de distance, elle ne s’était pas dégagé. Elle n’en voyait pas l’intérêt, Vincent aurait tout loisir de lui piquer une crise de jalousie lorsqu’il se souviendrait qu’il était amoureux d’elle et que donc il aurait des raisons d’être jaloux. Pour l’instant, ça n’avait pas d’importance et elle était une fille tactile, elle avait besoin de chaleur humaine, si Vincent ne voulait pas, et bien elle avait plein d’amis, mais ça le mettrait en pétard quand il retrouverait la mémoire… Bon, peu importait, un problème à la fois. Elle s’occuperait de la jalousie de Vincent lorsqu’elle serait de nouveau d’actualité.

« Hum… Moi ça m’arrange que tu ne te souviennes pas de moi, mais bon, je suis pote avec Fred’ alors je parlerais à mon père pour voir s’il peut demander à des amis neurologues s’il y a quelque chose à y faire. » Fredericke leva les yeux vers Tobias et lui sourit. Toby son sauveur ! Et pour tout dire il faisait parti de ceux qui la sauvait régulièrement et c’était d’autant plus louable qu’en général il prenait de gros risques en le faisant à cause de Vincent, mais pour lui l’amitié était une valeur très importante ce qui présentement lui valait toute la gratitude de Fredericke. D’habitude quand il voulait l’aider elle l’envoyait péter parce que ce n’était pas à lui de le faire, c’est bien que la situation devait être grave pour qu’elle réagisse comme ça. En même temps, Tobias ne savait pas comment il réagirait si Marie ou Ophélia l’oubliait… Et Fred’ se le demanda d’ailleurs, mais déjà faudrait savoir quelle fille il aimait le plus, il était trop compliqué ce garçon !

Tobias s’assit sur le tabouret à côté du lit et il tira Fred’ sur ses genoux, ce qui fit qu’elle protesta, essentiellement par réflexe. « Non ! Tobias ! Vincent eeeeeest… » Sauf que Fred’ face à Tobias c’était un peu comme un oisillon face à un gros chat. « Désolé Vincent, normalement tu es assez jaloux, mais là tu ne te souviens plus d’elle, donc ça ne te dérange pas, pas vrai ? De toute façon, tu n’as pas de soucis à te faire, elle est accro à toi contre tout bon sens. » Fred’ essaya de se dégager et jeta un regard furtif vers Vincent, elle allait lui demander de l’aide mais elle se ravisa. Au fond Tobias avait raison et Vincent aurait largement le temps de se disputer avec son camarade de dortoir lorsqu’il aurait retrouvé la mémoire.

« Bon, Vincent, faisons comme si ce grand crétin n’était pas là, avant qu’il n’arrive je pensais écrire à ta tutrice… donc ma cousine en fait. Son mari travaille ici à l’école, il est professeur, donc c’est mieux qu’elle l’apprenne par nous, tu ne crois pas ? Enfin, je te pose la question, mais tu ne sais même pas de qui je parle. » Elle se massa les tempes, elle allait finir par avoir une migraine. « Donc, je te récapitule pour que ce soit clair. Tes parents ont cédé ta tutelle juridique à ma cousine, c’est elle qui paye tes frais scolaire et le reste… quand tu la laisses faire du moins. Je pense que tu vas avoir besoin de payer des frais médicaux avec ton traumatisme crânien alors il faut lui écrire, mais je vais le faire si tu veux bien… je crois que ce sera plus simple. » Tobias avait posé le menton sur l’épaule de Fred’ pendant qu’elle parlait et il observait Vincent. Il se fichait pas mal des histoires de frais médicaux et autres dont Fred’, pragmatique, songeait à s’occuper en bonne jeune fille organisée qu’elle était. Lui tout ce qui l’intéressait c’était de tester jusqu’à quel point l’absence de souvenir changeait Vincent. Ne jamais oublier que Tobias était un chieur en puissance, en plus Vincent avait failli le tuer, alors il faisait forcément parti des gens qui comptaient en profiter. Moins que d’autres, à cause de Fred’, mais il y avait des tas de manière subtile de faire les pieds à quelqu’un, et comme Toby savait comment fonctionnait le vrai Vincent, le mieux c’était de passer par Fred’. Certes ça allait mal tourner lorsqu’il retrouverait la mémoire, mais c’était le but… et puis qu’est-ce qu’il pourrait critiquer s’il laissait faire pas vrai ?

Mais Fred’, elle, l’ignorait tout simplement. Elle trouvait rassurant qu’il soit là, mais elle restait concentrée sur sa tâche, elle avait d’ailleurs récupéré le papier pour faire sa lettre à Roze.

Lorsqu'elle se mit à parler en allemand, il soupira, incapable de comprendre, incapable de savoir si c'était bon ou mauvais, incapable de savoir ni rien. C'était carrément trop bizarre, il n'y avait rien de plus à en dire. Enfin bon, elle pouvait parfaitement parler la langue qu'elle voulait, ce n'était certainement pas lui qui allait s'emballer ou se mettre à râler parce qu'elle parlait une autre langue ( genre !). Il se moquait bien de savoir ce qui allait bien pouvoir se passer, il se moquait bien de tout ça. Et ça lui prenait sincèrement la tête, c'était aussi simple que ça. Et puis bon, de toute manière, qu'aurait-il bien pu dire face à ce genre de réplique, il ne savait pas ce qu'elle avait dit, elle l'avait peut être insulté après tout, et c'était bien là, la dernière chose qu'il voulait savoir. Parfois, l'ignorance était une chose bien plus simple que le reste, il n'y avait pas de doute possible. Et d'ailleurs, pour ce qu'il tentait de comprendre, i lavait également la sensation que parfois, il valait mieux se taire. Alors il ne prononça pas le moindre mot à la suite de sa phrase, et au moins, il évitait les représailles que cela aurait pu entraîner. Si ça se trouvait, il avait perdu son don pour l'allemand avec sa mémoire ? N'était-ce pas possible ? Oui bon, le mieux était probablement de ne pas s'emballer ainsi, mais il ne pouvait pas toujours s'en empêcher, pouvait-on lui en vouloir ? Ce n'était pas certain.

Plus important à régler ? Peut être. Elle paraissait plutôt désagréable d'un seul coup, mais il ne s'agissait probablement seulement d'une illusion qu'il avait, sur le coup, il n'y avait pas le moindre doute à avoir à ce sujet, même si peut être, ça pouvait tout simplement paraître stupide. Il n'en savait rien. Enfin bon, sur le coup, il se devait de comprendre que les choses n'allaient pas, c'était aussi simple que ça. Dans un sens. Mais il ne fallait surtout pas s'enflammer, c'était évident. Et il ne voulait pas l'énerver, puisqu'elle semblait déjà à fleur de peau, il n'était pas sein d'en rajouter une couche. Il soupira, persuadée qu'il n'était pas bon pour lui d'ajouter un truc et il détourna le regard. C'était carrément trop bizarre tout ça, carrément incompréhensible, pour tout dire. Enfin bon... Il était la victime et en la voyant, il avait également l'impression d'être le bourreau. Okay, c'était sa propre bêtise qui l'avait rendu ainsi, mais n'avait-il pas été suffisamment puni ?

Ce Tobias n'avait pas l'air d'être si désagréable que ça ( oui c'est ça ! ) et il se proposait même pour l'aider en demandant à son père. C'était cool et si ça pouvait réellement aider, ce n'était certainement pas lui qui allait se plaindre un seul instant, il n'y avait pas de doute à avoir à ce sujet, c'était une bien belle évidence, pour tout dire. Mais il se ravisa bien vite lorsqu'il se mit à profiter de la situation et qu'il prit Fredericke sur ses genoux. Qu'il soit amnésique ou non, il y avait des choses qui ne se faisaient réellement pas.  « En effet, je ne me souviens plus de toi. Mais je suppose que ce n'est pas une grande perte, à te voir te comporter ainsi. Tu fais le gentil et le beau, mais tu profites de mon problème. En soit, t'es probablement un grand malade ? Surtout que bon, je suis amnésique, pas demeuré, ni handicapé. Je peux encore te casser la gueule je crois. ». Pas sûr qu'il soit vraiment en mesure de se lever en faite, mais il préférait ne pas y penser; Dans un sens, le son de sa voix avait gardé toute son assurance et c'était bien ça le principal, le plus important, il n'avait pas le moindre doute avec tout ça, d'ailleurs. Certes, Vincent était affaibli, mais il restait lui même.

Les choses étaient réellement compliquées, et ça pouvait bien être stupide, mais il préféra se contenter de hocher la tête et de dire oui, de temps en temps, plutôt que d'essayer de tout comprendre et de faire des gaffes. Fredericke semblait vraiment faire beaucoup pour lui, tout comme sa famille, c'était plutôt bizarre oui, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'il allait s'en faire ou un truc du genre quoi. C'était évident. Il était tombé sur une perle rare, oui, le bouffon était tombé sur une reine, s'il pouvait vraiment se permettre cette expression. Stupide ? Oui, probablement. « Je suppose que c'est le mieux. »

« Tu vois, je te l’avais bien dit ! » Triompha Fredericke lorsque Vincent menaça Tobias de lui casser la figure. Elle trouva ça un peu rassurant en fait, soit c’était à cause des bagarres qu’il en était là, mais qu’il ait envie de frapper Tobias prouvait que quelque part sous la surface le vrai Vincent existait encore… ce n’était qu’une minuscule flamme et peut-être même que c’était juste qu’elle voulait interpréter ça comme ça l’arrangeait, mais ça eut le mérite de la faire sourire. Hors Fredericke était toujours plus jolie quand elle souriait et, d’ailleurs, ça fit sourire en retour Tobias parce qu’il n’aimait pas la voir préoccupée. Une Fredericke en bonne santé était une Fredericke souriante, c’était un amalgame que faisait la plupart du temps son entourage… et au moins, même si Vincent ne se souvenait plus d’elle, elle en était encore capable. Au vu de la situation, il était clair qu’elle aurait pu être plus abattue, mais même sans la menace de Vincent qui l’avait rasséréner (au moins temporairement), elle s’accrochait aux petits détails de la vie quotidienne pour tenir. Elle n’allait pas sombrer. Pas pour le moment du moins.

« Je ne profite pas. » Rétorqua donc Tobias d’un ton neutre tout en lâchant Fredericke. « Je n’allais rien lui faire, je suis juste ami avec elle, elle ne m’intéresse pas. » Ce qui n’avait pas toujours été vrai, d’accord, c’était même de là qu’était né l’animosité entre Tobias et Vincent lorsque le premier avait voulu voler la lionne au second… mais c’était de l’histoire ancienne, ils étaient encore très jeunes à l’époque, à peine adolescent ! Alors que maintenant ils étaient quasiment adultes tous les trois, pas forcément niveau maturité, mais au moins physiquement.

Fredericke se releva et s’assit sur le lit, à côté de Vincent, mais à distance raisonnable, puis qu’elle ne savait toujours pas bien comment se comporter avec lui, à part pour ce qui était de l’aider concrètement à régler les problèmes administratifs quoi… Elle n’intervint pas dans la discussion, s’occupant d’écrire la lettre à Roze. Mais elle était aux aguets, il ne fallait pas que Vincent se lève après tout, pas après le coup qu’il avait pris à la tête.

« Fred’ est ta copine, personne ne nie ça, même pas alors que tu ne te souviens plus d’elle. Tu m’as suffisamment cassé la gueule comme tu dis pour que je sois au courant, et crois moi, on se déteste assez tous les deux pour que je me sois fortement opposé à votre relation, mais c’est seulement parce que je pense qu’elle a des goûts qui dépassent l’entendement. » Fredericke leva les yeux sur Vincent, se leva et leva la main, prête à frapper. « Tobias… Si tu ne fermes pas ta grande bouche je t’en colle une. » Elle était bien droite et parfaitement sérieuse. Il mit les mains devant lui en signe de paix et elle fit un pas en arrière, toujours prête à frapper. « Tu vas le perturber avec tes salades, laisse le tranquille. Tu sais que je n’hésiterais pas à te gifler si tu lui fais du mal. » Fredericke qui fait barrage entre Tobias et Vincent pour protéger ce dernier c’était assez inédit, en général elle s’interposait plutôt pour éviter que Vincent ne fasse de la charpie du blondinet… mais elle était capable de tout pour aider son petit ami, y compris mettre une raclée à Tobias. Elle ne pensait pas que lui expliquer combien leur relation était mal vue soit une bonne chose, qu’est-ce que ça apporterait ? De toute façon, elle l’aimait, ça faisait longtemps qu’elle avait choisi Vincent plutôt que le reste, y compris le respect de ses amis hommes.

« Maintenant va-t-en Tobias. On se verra plus tard, tu es incapable de laisser ta rancœur au placard alors ce sera mieux pour vous deux, tu lui raconteras vos histoires quand il ira mieux… physiquement au moins. » Parce que là c’était pas le moment de titiller ce pauvre Vincent qui ne tiendrait sûrement même pas debout. Elle savait que Tobias ne voulait que son bien à elle, mais elle n’en dirait pas autant de Toby. Le serpentard se leva et s’approcha de Fredericke, glissant un bras autour de sa taille tout en fixant de son regard marine Vincent.

« Je vais partir, mais je veux poser une question à Vincent avant. » Fred’ se dégagea et elle n’obtint qu’un sourire en réponse à son geste. Ce qu’il pouvait être… serpentard !!!! « Est-ce que tu m'as menacé par jalousie ? » Fred’ fronça les sourcils, elle ne voulait pas avoir la réponse à cette question, parce qu’en fait aucune ne lui plairait. Mais elle n’intervint pas, qu’est-ce que vous vouliez qu’elle dise ? Il fallait que Tobias parte, et bien qu’elle l’ait menacé, il était beaucoup plus grand et plus fort qu’elle, elle ne pourrait pas le pousser dehors même en s’y flinguant les bras. Alors que Vincent réponde oui ou non et que Tobias s’en aille, elle ferait avec la réponse. Et puis, elle décida qu’elle s’en fichait de ce qu’il répondrait, se blindant… parce qu’un oui ajouterait un peu plus de complication à leurs histoires, mais un non la blesserait dans ses sentiments, ceci dit, il l’avait oublié alors la seconde option restait la plus logique. Après une demi-seconde de flottement, elle décida quand même à donner son avis « Je ne suis pas certaine d’avoir envie d’entendre la réponse moi… donc tu n’es pas obligé de répondre Vincent, je trouverais bien un moyen de le faire sortir. » Ou pas, mais là encore, un problème à la fois.

Fredericke sembla contente de la réaction du garçon alors qu'il se montrait assez vigilant et menaçant par rapport à Tobias, comme s'il venait de montrer une part du garçon qu'il avait toujours été avant de perdre la tête. Et bien... Tant mieux, c'était une façon de voir qui il était, c'était aussi simple que ça, dans une certaine mesure en tout cas ! Il n'y avait rien de plus à en dire, il n'y avait rien de plus à critiquer, ni à dire et tout ça, c'était aussi simple que ça. Enfin bon, il ne servait à rien d'être heureux pour si peu de chose, malgré tout. Ce n'était pas non plus comme s'il s'était souvenu d'un truc, bien loin de là, il s'était contenté de trouver son comportement déplacé, cela n'avait rien d'extraordinaire après tout. Mais bon, que l'on soit bien d'accord, pour autant, si cela faisait plaisir, et bien tant mieux, c'était après tout, le principal, la première chose à faire également, c'était aussi simple que ça, il n'y avait rien de plus à en dire. Oui voilà. Il ne servait absolument à rien de se contenter d'aussi peu, c'était pathétique. Enfin bon, c'était évidemment le genre de petite phrase qu'il ne pouvait pas se permettre de dire à voix haute puisqu'il ne voulait pas paraître désagréable, 'était aussi simple que ça.  « Et bien si elle ne t'intéresse pas, pourquoi tu te montres aussi crétin et provocateur ? Tu dis ne pas profiter mais tu me provoques ou bien tu t'amuses. T'es le seul que ça fasse rire, tu passes surtout pour un gros con ». Méchant ? Que l'on soit bien d'accord, avec ou sans mémoire, Vincent avait toujours eu un sale caractère, c'était un point que l'on ne pouvait absolument pas négliger. Voilà tout. Et puis bon, toute personne normalement constitué aurait pu agir de cette manière de toute façon, parce que bon, que l'on soit bien d'accord, c'était un parfait imbécile, voilà tout.

Vincent jeta un rapide coup d'oeil à Fredericke, en train d'écrire à côté de lui. Il s'était fortement interposé à leur relation ? Comme si ça pouvait, ne serait-ce que le regarder, c'était vraiment n'importe quoi, pathétique aussi et énervant. Chiant et insupportable. Enfin bon, il fallait probablement qu'il se calme, c'était aussi simple que ça.  « Tu vois ? Tu me fais marrer. Parce que mine de rien, je trouve que tu te mêles drôlement des affaires des autres. Fredericke est suffisamment grande pour prendre ses décisions pour ne pas avoir besoin d'un crétin dans ton genre ». Et non, ça n'allait pas le perturber, pas vraiment, mais ça allait clairement lui prendre la tête, il n'y avait pas le moindre doute à avoir sur la question, pour tout dire. Mais que pouvait-il bien faire, à être clouer dans son lit, il était bien obligé de rester là, en simple témoin quoi. Le coup qu'il avait pris à la tête avait encore la fâcheuse tendance à le secouer et à lui donner le tourner. Se lever aurait été sa plus grande erreur. Et il estimait déjà avoir été bien suffisamment violent pour le moment, c'était aussi simple que ça.

Fredericke voulu congédier le garçon mais il ne semblait pas vraiment d'accord et il continuait à prendre la tête aux gens, comme un gamin à qui on avait volé la sucette. Pathétique. Maintenant, il commençait vraiment à comprendre pour quelle raison est-ce qu'il le détestait. Il n'y avait rien de plus à en dire, oui voilà tout. C'était ridicule, et cela faisait vraiment de lui un crétin imbu de sa personne qui estimait sincèrement avoir toujours raison. Vraiment ridicule. Qu'il se casse en effet, puisqu'il ne semblait être là que pour le simple et unique but de s'en prendre à lui et de se moquer de son état.

Est-ce qu'il l'avait menacé par jalousie ? Bonne question. Honnêtement il n'en savait absolument rien, mais d'une certaine manière, on s'en foutait ce n'était qu'un détail. Pourquoi est-ce que les gens cherchaient à le pousser dans ses derniers retranchements hein ? Il venait de se réveiller, il avait un mal de crâne monumental... C'était franchement pas le moment. Mais non, les gens continuaient à réellement lui casser les pieds, à le chercher. A croire que c'était pour ça qu'il avait probablement tendance à constamment avoir envie de se battre. Ca n'avait rien de bien étonnant de toute manière.  « Attends, de quoi je me mêle ? Casse toi et arrête de nous prendre la tête. Sérieusement, pourquoi est-ce que tout le monde a décidé de me casser les pieds !! ». Il s'énervait, ce n'était pas terrible et c'était également méchant pour Fredericke. Mais il en avait réellement plein la tête, on ne pouvait quand même pas lui en vouloir pour ça non … ?

« Je te provoque, mais je suis peut-être aussi un con. L’un dans l’autre on s’en fout. » Tobias ne faisait jamais preuve d’une très grande intelligence lorsqu’il s’agissait de son vieil ennemi, il le reconnaissait, il admettait aussi qu’il avait peut-être été un peu loin, mais la jalousie était un très saillant de la personnalité de Vincent, ça aurait pu l’aider à se souvenir, sauf qu’en fait ça le braquait juste, tant pis, il aurait essayé. Puis il n’en était plus à une prise de bec avec l’amoureux de Fred’ hein !

« Fred’ n’est pas suffisamment grande pour se protéger elle-même, alors pour prendre ses décisions toute seule, j’ai toujours tendance à émettre quelques réserves. Cela dit, ce n’est pas vraiment le problème en ce moment, ce n’est pas Fred’ qui a perdu la mémoire, et même si tu joues les gros bras dans ton lit d’hôpital, ce n’est pas toi qui pourra la protéger des vipères de notre collège dans cet état. » A cet instant, Fredericke grimaça. Elle s’était déjà faite tabasser, presque abusée, attaquée baguette à la main, et ça alors même que quiconque la touchait risquait de se faire tuer par Vincent, Tobias imaginait déjà ce qui allait suivre, Fred’ allait être poursuivie par les cons et les amoureux transis, quant à Vincent, tous ses ennemis n’allaient pas être aussi tendres que lui et plutôt que de le faire chier, ils allaient lui rendre les coups donnés autrefois… bref, les prochaines semaines n’allaient pas être drôle, mais Tobias protégerait Fred’ à la place de Vincent, discrètement ou non, c’était une autre question.

La réponse à la question de Vincent sembla blesser Fred’ qui baissa les yeux, mais elle ne dit rien, parfois le silence évite de s’enfoncer encore plus. Elle restait dans son idée que ça ne servait à rien de faire comme Tobias et de chercher à avoir une vraie conversation avec Vincent, il n’allait pas assez bien physiquement d’une part et puis, il ne se souvenait de rien, alors ça rendait toute communication trop compliquée. Tobias fut désolée pour elle que Vincent l’englobe là-dedans, il ne pensait pas qu’il le ferait, peut-être qu’il ne l’aimait plus finalement ? Mais alors, elle allait rester avec lui quand même ? Sans doute, même quand il sortait avec Marie, elle était restée la majeure partie du temps sagement à l’attendre, elle allait faire pareil cette fois… c’était cette tendance qu’elle avait au sacrifice qui énervait Tobias, parce qu’il avait vraiment l’impression que Vincent ne se rendait pas compte de tout ce qu’elle faisait pour lui. Mais il verrait ça avec Fred’ plus tard, pour l’instant il allait partir.

« Attrape. » Dit-il à Fred’. C’était un flacon de ses médicaments. « Je me casse avant que tes mots ne dépassent encore plus ta pensée. Fred’ tu prends ton traitement jusqu’à ce que ton gus redevienne pleinement lui-même, sinon je le signale à la directrice pour qu’elle te fasse attacher à un lit d’infirmerie. » Et sur ces paroles, il tourna les talons et disparu. Fred’ haussa les épaules, ouvrit le flacon, et prit deux comprimés sans même prendre d’eau. C’était la première chose intelligente que Tobias disait depuis le début de cette rixe, ce n’était pas le moment qu’elle tombe malade.

Une fois que Tobias fut partie, Fred’ resta encore silencieuse, elle s’assit sur le lit et termina la lettre pour Roze. Elle n’y exprima rien de personnel, énonçant seulement des faits. Lorsqu’elle eut terminé, elle se laissa glisser au sol et eut un faible sourire pour son petit ami (qui ne l’était plus que de titre). « J’ai fini la lettre, je vais l’envoyer. » Elle se pencha et lui fit une simple bise sur la joue, comme elle l’aurait fait pour un ami ou un enfant, et elle se baissa pour ranger ses médicaments dans son sac avec la lettre pour sa cousine. Elle n’avait pas envie de partir, mais s’il lui cassait les pieds, ça valait peut-être mieux. De toute façon, à part s’occuper de la paperasse, elle ne pouvait rien pour lui… et c’était sûrement ce qui la rendait plus triste que tout le reste.

Bien sûr qu'il le provoquait, c'était d'ailleurs comme s'il s'agissait d'une vilaine habitude qu'il avait pris avec le temps, comme s'il ne faisait que ça, constamment. Après, Vincent n'étant pas en mesure de s'en souvenir, il ne pouvait pas le jurer, mais ça ne l'aurait pas franchement étonné non plus donc bon ! Enfin bref, il n'était pas nécessaire de se prendre la tête, c'était même là, la toute dernière chose qu'il voulait. Enfin bref, il n'avait pas vraiment envie de s'attarder sur lui non plus, c'était un peu comme si c'était là, la toute dernière chose qu'il voulait. Et puis il avait déjà la tête toute chamboulée et tout ça, alors il ne voulait vraiment pas se prendre plus la tête encore. Il était en train de s'énerver, et ça avait la fâcheuse tendance à jouer sur ses neurones en plus de ça, ça lui donnait mal à la tête quoi. Le coup qu'il avait prit le secouer encore un peu alors oui, il avait encore mal, voilà. Pas la peine de s'éterniser sur le sujet non plus.  « Ouais, comme tu dis, on s'en fout. Tu peux dégager, donc. »

Pas suffisamment grande pour se protéger elle-même ? Ce qui voulait dire ? Parce qu'on avait l'impression qu'elle était plus âgé que ce crétin en faite. Crétin qui devait probablement avoir le même âge que Vincent mais bon, ce n'était qu'un tout petit détail auquel il préférait ne pas trop s'attarder, aussi simplement que ça. De toute manière, il était parfaitement incapable de se concentrer sur ça ni de se souvenir. Il allait juste se noter ça quelque part, dans un coin de la tête et ça devrait être capable de suffire, d'une certaine manière en tout cas, mais c'était peut être tout autant la dernière chose à laquelle on devait s'intéresser, c'était aussi simple que ça, il n'y avait rien de plus à en dire. Voilà tout. Et oui, il allait avoir de bien grandes difficultés à la protéger, il y avait même de très fortes chances de croire qu'il allait en être parfaitement incapable, même si c'était bien la dernière chose à laquelle il voulait s'intéresser d'une quelconque façon, d'une certaine manière en tout cas.  « Et donc, je suppose que tu ferais le gros malin et que tu la protégerais toi ? Comme si tu n'allais pas en profiter... T'es un gros profiteur en faite, un crétin et tout ça ! T'as besoin d'un accident, d'une bagarre qui tourne mal pour plaire à une fille ? T'es trop naze » Mais vu la grimace qu'elle faisait,Vincent avait la fâcheuse impression que c'était probablement vrai. C'était stupide bien sûr, et ce n'était peut être qu'un détail mais maintenant, il avait réellement l'impression que les choses n'allaient pas être simple pour la jeune Fredericke. Est-ce qu'en général, il passait tout son temps à la protéger ? Bonne question tiens...

Il regarda, sans pouvoir rien faire, Tobias lancer quelque chose à Fredericke, qu'elle attrapa au vol. Il savait probablement ce que c'était mais il avait oublié et c'était fou ce que l'on pouvait se sentir stupide à l'idée de ne pas se souvenir des choses que l'on avait toujours su ou en tout cas, que l'on savait depuis déjà une bien belle éternité, c'était aussi simple que ça. Enfin bon, en tout cas, il semblait que la jeune fille soit malade, qu'elle ait quelque chose qu'il faille soigner et bon... Ca devait être plutôt grave, d'une certaine manière, pour qu'il la menace, si jamais elle ne faisait pas ce qu'il fallait. Bon, après, ce n'était qu'un détail et il ne fallait pas croire un seul instant qu'il fallait s'emballer, non, c'était aussi simple que ça, c'était impossible, voilà tout. Enfin bon, dans tous les cas, si elle devait suivre un traitement, et bien soit, elle le suivrait et il n'y avait rien de bien étonnant à tout ça, absolument rien non. Voilà tout. En tout cas, point positif, le garçon se décida enfin à bouger son cul et à dégager de l'infirmerie, les laissant à nouveau seul. Même si bien sûr, après ce que Vincent avait dit, l'ambiance était plutôt pesante. Et c'était bien la dernière chose qu'il avait voulu en faite.  « Je suis désolée pour la situation dérangeante dans laquelle je me suis mise. Et aussi pour le fait que je ne sois plus vraiment moi-même quoi.. Je sais que j'ai parfaitement merdé. Je ferais tout pour retrouver la mémoire, et pour que les choses redeviennent comme avant... ». Et il s'en voudrait, même lorsqu'il aurait retrouvé la mémoire, quoi de plus normal après tout... Et un soupir s'échappant de ses lèvres, Vincent la laissa filer pour qu'elle puisse envoyer sa lettre.