italian's craving[pv zane]

Zane était un jeune garçon des plus studieux, il avait donc pris la peine de réviser ce jour là. Ce n’était pas que ça lui fasse vraiment plaisir, il n’avait d’ailleurs aucun talent particulier pour les études étant plutôt manuel, mais pour être un bon majordome il fallait être du niveau de ses maîtres, hors, on ne dirait pas comme ça, mais Fredericke était une assez bonne élève, sans même parler de Roze qui était surdouée. Certes, ce n’était pas le cas de Serena, toujours bonne dernière de la classe, mais peu importait à Zane, c’était le niveau de Roze qu’il visait. Autant dire qu’il rêvait tout éveillé, n’est pas surdoué qui veut ! Consciencieux, il avait tout juste terminé de recopier ses cours de la journée au propre (Zane est un peu beaucoup maniaque sur les bords) lorsque Marius vint le rejoindre.

Notre petit Zane leva les yeux vers son aîné, ne sachant trop quoi lui dire, sa question était tellement… sortie de nulle part ? Quelque chose comme ça en tout cas. Cela dit, Zane était bien trop poli pour le lui faire remarquer, il ravala donc ses propres questions et répondit comme si de rien n’était « Oui bien sûr, je peux vous faire une salade de pomme de terre une vraie kartoffelsalad, à deux ou trois fautes près sur le terme pour l’accompagner. Nous allons en cuisine ? » Si vous vous demandez pourquoi il vouvoyait Marius, c’était tout simplement parce que pour le moment ils ne se connaissaient pas assez intimement (en fait, ils ne s’étaient quasiment jamais parlé) pour le tutoyer. Bien sûr, ça viendrait sûrement au fil de la conversation, chez Zane la politesse ne passait pas forcément par le vouvoiement et il tutoyait déjà tous les camarades de son année qu’il voyait très régulièrement en cours.

Rangeant ses feuilles soigneusement pour ne pas les abîmer, il attendit la suite des évènements de ce même air tranquille qu’il arborait lorsqu’il ne faisait rien. Remarquant ensuite que la chemise de Marius était un peu froissée à un endroit, il résista à l’envie de tirer dessus, c’est que c’était ennuyeux pour un maniaque comme Zane de voir quelqu’un avec un pli de travers, cela réveillait toutes les leçons de son père et tous ses instincts de serviteur d’une grande famille ! Bon, ceci dit, Zane avait un problème plus important que celui-ci, à savoir qu’il ne savait même pas où était la cuisine ! Mais si Marius proposait une pizza, c’est que lui devait sûrement le savoir, il était plus grand et plus expérimenté après tout.

Cela faisait au moins une centaine d'année que la famille Sanzio n'avait plus de personnel de maison, le palais de Venise avait beaucoup perdu de son faste au cours du XIXe siècle et à force maintenir cette vieille maison de brique était plus devenu un fardeau, un trou noir dans lequel passait tout l'argent, qu'une source de fierté de laquelle on se vantait. Marius entendait plus ses parents s'en plaindre qu'autre chose. C'est pourquoi le jeune ne se considérait pas vraiment comme appartenant à l'Aristocratie, il savait bien que dans un temps très ultérieur ses ancêtres avait été très puissant, mais avec les générations tout cela était tombé à l'eau comme les tuiles de la toiture et les Sanzio n'exerçaient leur pouvoir que sur leur trattoria à présent, ce qui était tout aussi bien si vous lui demandiez son avis, au moins il pouvait manger des pizzas quand il le souhaitait, ce qui nous ramène à Zane. Marius pencha la tête sur le côté un peu perplexe, mais pourquoi est ce que le gamin voulait lui faire une salade de pomme de terre, et puis pourquoi il le vouvoyait, Marius n'avait que 14 ans, il n'était pas si impressionnant que ça, si? Marius se trouvait plutôt cool, dans le sens tranquille, il n'était pas du genre à tergiverser trois heures sur des détails, à pinailler sur la nourriture ou à embêter tout le monde en demandant où est ce qu'on avait fourré son livre de runes.
"Euh, non, pas de salade de pomme de terre, ça ira, mais l'attention était très gentille." Affirma le jeune garçon en ne voulant pas froisser son camarade, après tout peut être que celui ci ne raffolait pas de la pizza, mais c'était surement parce qu'il n'en avait jamais goutée une bonne voilà tout.
Marius pouvait se vanter de très peu de choses, il n'était pas très bon élève, avait une légère tendance à la flemmardise mais au moins il savait cuisiner. Ça aurait été une sacré honte s'il n'avait pas su d'ailleurs, sa mère disait toujours qu'il était très important de toujours savoir ce qu'on mangeait et de savoir comment c'était préparé, en plus la cuisine italienne c'était bête comme chou. Marius était plus dans le genre manuel qu'intellectuel alors pour lui la cuisine ça allait vraiment tout seul, en plus, à part la cuisson où il fallait être un peu vigilant c'était surtout une question de feeling et c'était tout ce qu'il lui fallait.

Il entraîna Zane à sa suite direction les cuisines:
"C'est exactement là où nous allons! Dit-il avec entrain. Je vais nous préparer la meilleure margarita que tu aies jamais mangée. D'ailleurs, est ce que tu as déjà mangé une pizza italienne? Parce que croit moi, ça vaut vraiment le coup. On va se faire péter le ventre mon ami!"

Il rigola à la perspective de cette idée, il se demandait d'ailleurs si quelqu'un s'était déjà vraiment fait péter le ventre, il imaginait que cela devait être vraiment dégoutant mais cela ne l'empêchait pas de saliver à l'idée de leur festin. Arrivés devant le tableau de la coupe de fruit Marius chatouilla la poire comme on le lui avait apprit quelques années plus tôt, le passage s'ouvrit et Marius s'écarta pour laisser passer son cadet, nul doute que si c'était la première fois qu'il venait il allait être impressionné!

Il était très probable que dans une autre vie ce cher Zane ait été un elfe de maison, il se comportait en tout cas souvent comme tel. Il n’allait pas jusqu’à se punir physiquement, mais c’était uniquement parce qu’il avait une conscience aigu du fait que les sorciers ne font pas ce genre de choses, parce que parfois l’envie ne lui manquait pas de céder à un désespoir puissant pour avoir échoué dans son rôle de serviteur dévoué. Ainsi, Marius n’ayant probablement jamais remarqué cette tendance chez le jeune garçon, il s’étonnait de ce vouvoiement mais il était parfaitement normal pour Zane. Il tutoyait les gens de son âge et de sa classe parce qu’il les voyait tous les jours et que son père lui avait toujours dit qu’il pouvait le faire sous ces conditions et en plus en allemand le vouvoiement existe, pas en anglais, ahah ! mais Marius était plus vieux, donc Zane ne pouvait pas le faire, pas décemment, cela aurait été contre tous ses principes, à moins bien sûr que plus tard il devienne ami avec Marius, dans ce cas là différence d’âge n’aura plus d’importance. Ce raisonnement n’avait rien à voir avec l’élève lambda de onze ans, n’importe qui s’en serait rendu compte, mais être différent n’était pas une tare pour Zane, il savait qu’il se comportait autrement que les autres garçons de son âge, et pour tout dire il en tirait une certaine fierté.

« Vous n’accompagnez pas vos pizzas ? » Demanda Zane, légèrement perplexe, à la suite du refus de Marius de la salade de pomme de terre. Chez lui il y avait toujours une salade (mais pas forcément de pomme de terre, c’est un peu lourd !) pour aller avec une pizza. Ce n’était pas que ce plat ne soit pas assez riche mais il fallait la faire couler, non ?

« Eh bien, je suis allemand, donc j’ai toujours mangé des pizzas faites en Allemagne. Mais la pizza est italienne par tradition, l’endroit où elles sont faites n’ont pas réellement d’importance, si ? » La perplexité de Zane ne faisait qu’augmenter mais il suivait docilement Marius sans faire plus de commentaire. Il le regarda ouvrir le passage de la cuisine d’un air parfaitement intéressé, il ne savait pas comment s’y rendre jusque là et cela lui serait utile, il en était certain.

En chemin, ils croisèrent Fredericke qui revenait pour sa part de la cuisine où elle avait cuisiné des gâteaux pour le goûter, elle croisa Zane et Marius sans s’arrêter mais lança quand même à Zane un « Sois sage en cuisine Zane ! » il était exact qu’elle était préfète et aurait du leur interdire l’accès mais vu qu’elle en venait, cela aurait été comme le gothique se moquant de celui qui porte du noir, parfaitement ridicule et absolument pas crédible. « Oui Mademoiselle la Duchesse. » Répondit doctement Zane alors qu’elle s’éloignait avant de continuer à suivre Marius.

« J’ignorais que cela fût ainsi que nous pouvions nous rendre dans la cuisine, c’est bon à savoir. » Quant à ce qui était de se faire péter le ventre, pourquoi pas tant que c’était au figuré !

Marius se demandait si lui aussi ressemblait à ça quand il n'était encore qu'un première année, c'est vrai qu'à l'époque il était beaucoup plus déboussolé que maintenant et qu'il allait très peu vers les gens, mais quand même. Il regarda Zane de pied en cap, c'est vrai qu'il était petit surement aussi petit que lui quand il était arrivé c'est vrai, mais le jeune homme ne se rendait pas bien compte. Apparemment Zane tenait absolument à ce que Marius accompagne sa pizza avec une salade ou quelque chose dans ce goût là, il était temps pour Marius de faire son premier cours sur les propriétés nutritives de la pizza napolitaine.

"Alors tu vois, une bonne pizza n'a pas vraiment besoin d'accompagnement, elle doit se suffire à elle même, si tu as besoin de manger autre chose avec c'est que...Bah c'était pas une bonne pizza. Regardes, de quoi doit se composer un repas équilibré? De céréales, le légumes, de viande et d'un produit laitier. Tu es d'accord avec ça hein? Bon alors prends une pizza, t'as de la pâte à pain, moelleuse et croustillante, mais pas trop bourrative sinon tu peux pas finir ta pizza ou alors tu laisse les croutes, et les croutes c'est le meilleur! Ça te fait ta dose de céréales. Ensuite, de la sauce tomate, et des petits champignons de Paris, ah et des olives noirs si tu veux, ben hop t'as les légumes. Après tu met ton jambon, ou ta viande haché, c'est comme tu préfères, tu préfères quoi d'ailleurs? Et enfin ultimo ma non minimo! Le fromage! Et là tu peux te lâcher, de la mozzarella, de l'emmental râpé, du chèvre, même du fromage de brebis si tu veux, bon c'est pas très conventionnel, mais après c'est selon les gouts de chacun. Et voilà, un repas complet!"

Il termina sa petite tirade pour entendre Zane dire que les pizza allemandes étaient surement comme les pizza italienne, heureusement que Marius n'était pas son frère qui avait le sang beaucoup moins anglais que Marius et serait parti au quart de tour en jurant en italien sur tout les saints et en secouant le pauvre Zane dans tout les sens. Marius lui se contenta de hausser grandement les sourcils, il était vrai que si la pizza était faite par un italien, à part l'atmosphère dans laquelle vous la dégustiez il n'y avait pas de grand changement, mais les gens qui n'étaient pas italiens et qui se permettaient de dire qu'il savait faire une pizza, ça c'était faux, c'était comme ces chinois qui ouvraient des restaurants japonais, un non sens. Marius secoua la tête et dit:


"Non, non, non, il ne faut pas dire ça, si l'endroit n'a pas d'importance la personne qui fabrique ta pizza en a, il faut qu'elle soit italienne."

Marius eut sacrément les foies lorsqu'ils croisèrent Fredericke avec son insigne de préfète sur la poitrine, il savait pour l'avoir déjà expérimenté que certains préfets ne perdaient pas une occasion de faire perdre des points aux élèves des autres maisons lorsqu'il se trouvaient là où il n'auraient pas dû être, comme dans les cuisines par exemple. Heureusement Fredericke ne fit rien de ce genre, ce qui surpris un peu Marius, mais bon peut être qu'elle ne sanctionnait pas les membres de Sterne, ou alors vu ce qu'elle avait dit à Zane, peut être que c'était sa soeur ou sa cousine. Il s'appretait à poser la question à Zane lorsque celui lui dit "Oui Mademoiselle la Duchesse." Avec un ton qui ne laissait pas de doute sur leur rapport. Marius fut plutôt surpris et se demanda s'il avait bien comprit. Il regarda Zane, interrogateur dans l'espoir que celui ci lui explique la situation sans qu'il n'ait à formuler la question.

Zane écouta avec son intérêt poli habituel la tirade de Marius sans réellement comprendre cette passion pour la nourriture de son pays. Comprenez par là que Zane était bien trop occupé à essayer de devenir le parfait majordome de la famille Maiden pour avoir un sens aigu du patriotisme… surtout qu’il avait grandi au château, un lieu incartable qui était comme un univers un peu à part. Bien sûr, la cuisine en elle-même était une chose importante lorsqu’on veut être un bon majordome, il était hors de question de donner quelque chose à manger à ses maîtres qui ne soit pas bon, mais l’intérêt que Zane portait à celle-ci ne dépassait pas cette limite.

« D’accord. » Et puis c’est tout. Il verrait bien la différence entre les pizzas allemandes et les pizzas italiennes quand il aurait mangé celle préparé par Marius après tout. C’est aussi pourquoi, pas contrariant, il termina sur « Si vous le dites. » Sans plus insister. Si vous cherchez du débat, ne frappez pas à la porte de Zane, il n’est pas une personne adaptée pour ça, et ce n’était pas parce qu’il se moquait de l’avis des autres, au contraire, c’était surtout parce qu’il prenait tout ce qu’on lui disait pour parole d’évangile !

Quelques secondes plus tard, suite à leur rencontre avec mademoiselle Fredericke, Zane capta le regard plein de question de son camarade de maison. Il ne comprit pas tout de suite où était le questionnement, mais cela vint après quelques secondes de réflexion durant lesquels il se renfrogna. Mademoiselle et Marius étaient dans le même club, elle aurait pu lui parler de lui tout de même ! Il était son serviteur le plus dévoué tout de même, ce n’était vraiment pas bien qu’elle essaie toujours de le mettre à l’écart comme ça.

« Vous semblez surpris… vous ignoriez que j’étais un serviteur de la famille Maiden ? Mon père est le majordome de leur château et j’aspire à prendre sa place quand je serais plus grand. Mais mademoiselle la duchesse ne veut pas de ce genre de rapport à l’école, je trouve ça très insultant pour moi. » Zane affichait une mine boudeuse tandis qu’ils pénétraient tous les deux à l’intérieur de la cuisine où se trouvaient les elfes de maison. Le désintérêt que portait Fredericke, non à lui-même, mais à ses services, était comme une plaie ouverte pour Zane. Son caractère le portant à l’exagération, il vivait ça comme une insulte personnelle faites à ses facultés, ce qui le poussait à essayer encore plus d’être bon dans les tâches qui lui incomberaient plus tard. Raisonnement enfantin qui était l’explication même du refus de Fredericke, mais à onze ans, on est trop jeune pour penser psychologie.