[THEME - PV] Adieu les contes de fées !

Camille était resté impénétrable tout le temps que dura le petit laïus qu’on leur fit pour leur expliquer que maintenant ils ne pouvaient plus utiliser la magie (genre ils ne s’en étaient pas rendus compte tout seul ?) et qu’ils allaient devoir se montrer patients (en même temps, quand on a pas le choix, est-ce qu’il est nécessaire d’être patient ?). Fidèle à son caractère, Camille méprisait donc la plupart des personnes présentes et fut un peu déçu de ne pas trouver Nina pour voir comment elle prenait la nouvelle de son côté.

Son échec à la trouver n’avait rien à voir avec un manque de chance et tout à son nouveau statut de préfet. Honnêtement, il s’en serait volontiers passé de ce badge, pas parce qu’il n’aimait pas commander (si tout le monde pouvait agir comme il le voulait, il adorerait !), mais parce que ça lui donnait du boulot en plus et comme il était sérieux, il faisait ça à fond… bon gré mal gré, il fallait que ce soit fait. Hugh s’était bien fichu de sa tronche lorsqu’il avait reçu son insigne. Tss, qu’il se moque donc tiens ! Il n’empêche que lui il avait un rôle important dans la maison et pas son idiot de frère !!!! Par contre, il aurait bien aimé être préfet avec sa sœur, mais c’était Tosca qui avait été choisi préfète. Cela lui semblait un peu étrange puisque la jeune fille avait été renvoyée de Salem pour mauvaise conduite… Mais il est vrai que Nina n’était pas forcément un meilleur choix si on y pensait puisqu’elle ne faisait même pas ses devoirs régulièrement à moins que Camille soit tout le temps derrière elle, ce qu’il faisait moins dernièrement dans la mesure où elle semblait toujours de mauvaise humeur. Nina était chiante, si elle avait quelque chose à lui reprocher, elle n’avait qu’à le dire franchement au lieu de bouder à intervalle régulier !

Bref, peu importe, laissons la sœur de Camille de côté pour l’instant. Le jeune garçon passa la main dans ses mèches rebelles et s’approcha d’une deuxième année qu’il connaissait vaguement de vu et qui était un peu à l’écart du groupe. Celle-ci étant encore plus petite que Alix et Nina (en même temps, elle avait plusieurs années de moins), Camille avait l’air plutôt grand à côté mais c’était aussi parce qu’il était assez mince donc il faisait très élancé. Il se pencha et essaya de lui adresser ce qui était chez lui un sourire rassurant, le problème c’est que sourire n’était pas son premier réflexe avec des inconnus (ou disons des quasiment inconnus, il l’avait tout de même souvent croisée l’année passée) et ça ne semblait pas parfaitement naturel sur son visage plutôt du genre fermé.

« Heu… salut… Joy c’est ça ? » On lui avait filé un trombinoscope le premier jour, bonne idée vraiment, parce que Camille se foutait tellement de qui partageait la salle commune avec lui qu’il ne connaissait pas la moitié des prénoms à l’origine !

« On devrait rejoindre le groupe je pense… on ne sait pas ce qui se passe alors… il vaut mieux que tu restes avec nous… enfin… avec les préfets tu vois ? » Il ne se sentait décidément pas très à l’aise avec les petites, il aurait peut-être dû aller vers l’avant pour reconduire leurs camarades aux dortoirs plutôt que de chercher les brebis égarées… Tosca aurait été mieux que lui dans ce rôle non ? Enfin, maintenant qu’il était là… après tout, comme disait sa mère, comme on fait son lit on se couche, maintenant il n’avait plus le choix, même si dans tout Poudlard c’était la panique, il fallait que lui il reste calme et qu’il s’occupe de ramener cette deuxième année au dortoir avec les autres.

Quand Joy s’était réveillée ce matin là, elle ne s’était pas sentie différente. Elle s’était frotter les yeux, serrant son ours en peluche contre, puis avait caressé son chat blanc qui dormait à ses pieds. Elle avait pris sa douche, comme d’habitude, avait parlé avec Julia et Bonnie. Bonnie ce matin là, avait même insisté pour la coiffer, parce qu’elle en avait un envie folle. Joy s’était laissée faire, et était sortie de la Salle Commune des Gryffondors avec une grande tresse africaine. Elle était descendue dans la Grande Salle, avait été voir Roy et Emmett, comme tous les matins. Rien de bien folichon et étrange donc ! Oui, ce matin là, Joy se sentait parfaitement normale, quoi qu’un brin fatiguée tout de même, mais elle s’en fichait pas mal, après un bon petit déjeuner, sa pêche serait de retour !

Ah si, elle s’était sentie différente en un point. Ce matin là, quand elle s’était servie son jus d’orange, et qu’elle allait prendre son habituel croissant au chocolat, elle se sentie plus attiré par les fruits qui étaient dans une coupe non loin d’elle que par sa viennoiserie. Chose relativement étrange puisque Joy adorait littéralement les gâteaux et autres viennoiseries, qu’elle pourrait en manger des tonnes en une seule journée sans en être écœurée. Mais aujourd’hui, étrangement, elle avait plus envie d’un fruit et d’un yaourt. C’est donc ce qu’elle fit, quitte à regretter par après et d’aller plus tard demander en douce aux elfes de Maison si elle pouvait avoir un croissant ou deux. Lorsque son petit déjeuner fut engloutit, la jeune fille sortit sa baguette magique pour s’entrainer un peu avant le premier cours de la journée. Sauf que voilà, il semblait y avoir un problème… Sa baguette n’était pas casser, Joy faisait le bon geste et disait la bonne formule… Oui mais voilà, rien ne se passait. Elle essaya une bonne dizaine de minutes avant de laisser tomber, boudant à moitié sur sa table. Il faudrait sans doute qu’elle aille voir Tosca ou Camille, ses préfets, pour savoir s’il y avait quelque chose qui clochait chez elle… Ou peut-être à l’infirmerie…

Puis, un peu plus tard les élèves de chaque maison furent regroupés et bien séparés. Oui, mais voilà, ça n’expliquait pas à Joy pourquoi elle ne pouvait pas se servir de sa baguette, et bien qu’elle se savait un peu boulette magique dans l’âme, elle se demandait quand même pourquoi sa baguette semblait complètement morte, sans même lancer de petites étincelles roses comme lorsqu’elle l’avait prise en main pour la première fois. Inconsciemment Joy avait laissé le groupe s’éloigner trop vite. Ils devaient tous retourner au dortoir, c’était les ordres. Finalement, c’est la voix d’un garçon qui la sortie de sa rêverie, et lorsqu’elle tourna la tête, ses yeux vert mordorés se posèrent sur son préfet, Camille Moreau, qui la faisait flipper depuis l’année dernière.

« Euh, oui, oui c’est Joy. »

Elle déglutit difficilement, vraiment minuscule à côté de son préfet. Vraiment, il était immense, et elle à côté bah… Elle semblait faire la t’aille d’une puce, donc vraiment pas grand-chose. Cependant, elle remarqua qu’il essayait de la rassurer. Beaucoup étaient complètement paumés, et certains pétaient des plombs. Joy elle, était plutôt calme, sauf qu’elle était juste à la traîne…

« Camille, qu’est-ce… Qu’est-ce qui nous est arrivé ? On est plus sorciers du tout ? »

Non pas que ça la dérangeait vraiment d’être une moldue, elle l’était à moitié et savait plus ou moins qu’ils se débrouillaient très bien sans magie ! Elle-même, elle savait faire à manger sans utiliser la magie ! Mais bon, elle trouvait ça bizarre, étrange, et vraiment effrayant. Instinctivement, elle pensa à son père. Lui qui traquait d’horribles créatures, qu’allait-il faire, sans la magie ? Mais peut-être que ça ne touchait que Poudlard ?

« Il n’y a que nous ou… Tous les sorciers ? »

Camille lui faisait un peu peur oui, mais elle ne savait pas à qui demander cela. Elle savait, bien sûr, que les hiboux pourraient toujours voler et donc transporter le courrier… Mais si eux n’étaient capables de rien… Même si le village de Pré-Au-Lard était juste à côté et qu’ils n’étaient pas paumé au milieu de nulle part, ça n’était pas rassurant !

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Joy était complètement paumée. Il n’y avait plus de magie, sa baguette était plus rigide qu’avant et semblait réellement morte, comme si son âme avait été enlevée... Et la petite anglo-bulgare ne savait pas vraiment comment réagir. Il y avait plusieurs possibilités, bien sûr, la première étant qu’elle se mette à pleurer, à faire une mini crise quoi. Mais bon, si tel était le cas, ce pauvre Camille en aurait sûrement eut gros sur la patate, car en tant que préfet, il devait faire en sorte que tout se passe bien... Et qu’une petite -très petite- deuxième année se mette ainsi à pleurer, à péter un plomb, bah ce n’était pas très positif pour son image ! Bien que Joy se demandait s’il en avait vraiment quelque chose à faire de l’image qu’il projetait de lui aux autres personnes... Enfin bref ! La deuxième option serait qu’elle garde tout en elle, qu’elle se fasse violence pour réprimer ses larmes et sa peur, mais celle-ci finirait par éclater au grand jour lorsqu’elle serait toute seule dans son dortoir, donc au final, elle pleurerait quand même... Cependant, Joy trouvait tout de même que c’était la meilleure option. Car même si beaucoup savaient qu’elle était plutôt sensible comme petite fille -ses amis en fait, donc pas tant de monde que ça non plus- et bien elle préférait ne pas se donner en spectacle. Être invisible, elle savait faire ! Elle avait plutôt réussit à l’être au début de sa première année, jusqu’à ce qu’elle rencontre Roy. Enfin bref.

«Oui, oui bien sûr... Ca va être bizarre, sans magie...»

Oui, bizarre, bien qu’elle savait quand même un peu comment les moldus vivaient. Quand elle vivait en Bulgarie, elle avait l’habitude d’aller se promener sur les marchés avec ses grands parents, à se promener tranquillement et à les analyser. Elle restait toujours très calme et silencieuse, ne se faisant jamais repérer, de peur que ses pouvoirs ne se manifestent d’eux-mêmes, mais tout s’était bien passé à chaque fois. D’ailleurs, quand elle avait retrouvé Kolia, ce dernier lui avait bien avouer qu’il ne savait pas qu’elle était une sorcière. Oui, Joy l’avait très bien caché ! Elle n’était pas de Sang-Pur, il y avait des ancêtres moldus dans sa famille, mais elle s’en fichait. Du moment qu’elle n’allait pas à Durmstrang -chose qu’elle avait su très petite, car sa mère lui avait narré l’histoire de Poudlard et les joies d’y être- elle était contente ! Mais tout de même, être un sorcier et ne pas pouvoir utiliser la magie... Si cela ne se réparait jamais, il n’y aurait plus de sorciers... Et ça, ça serait vraiment dépaysant...

Quand Camille lui dit que personne ne savait ce que cela était exactement. Chouette ! Donc soit toute la communauté magique était malade, avec une maladie étrange et vraiment mal fichue, soit quelqu’un avait une dent contre les sorciers -des moldus au courant de leur existence peut-être ?- et avait décidé de mettre au point une arme qui les priverait de tous leurs pouvoirs... Et bien, ce n’était pas vraiment la joie, la situation dans le monde magique ! Cependant, petite élève de deuxième année qu’elle était, pas très douée de surcroit, Joy ne pouvait rien faire. D’ailleurs, tous les élèves de Poudlard étaient hors jeu, puisque si la magie ne marchait pas, ils ne pouvaient pas transplaner et étaient donc coincés au château !

«Hein ? Ah oui... Oui, tu as raison...»

Joy, timidement, prit la main que Camille lui tendait, serrant Yuki contre elle de sa main libre. Camille pouvait faire peur aux premiers abords, mais finalement, il n’était pas si effrayant que cela. Bien sûr, il était grand, limite un demi-géant aux yeux de Joy, mais sa voix était calme, et elle apaisait un peu la petite Rouge et Or. Et puis, il était son préfet non ? Donc il ne pouvait pas lui vouloir de mal ! C’était plutôt dans son intérêt que de se faire aimer de ses camarades de Gryffondor ! Bien sûr, la route jusqu’au dortoir allait être un peu longue, mais bon...

«Tu es gentil en fait... Merci...»

Joy avait dit ça sans trop penser à ce que Camille lui-même pourrait penser. Elle avait toujours eut plus ou moins peur de lui, à cause de sa taille et de son air neutre. Elle qui avait l’habitude de laisser transparaître ses émotions, voir quelqu’un les cacher aussi bien, ça l’avait effrayée. Mais maintenant, elle voyait qu’il était quelqu’un qui pouvait être sympa, quand il le voulait ! C’est rassurant !

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« Pas tant que ça, tu verras, après tout, en tant qu’élèves, en dehors des cours nous n’avons pas le droit d’utiliser la magie, et le château reste magique, alors je suis sûr qu’au final, on s’y fera assez vite. » Enfin du moins il l’espérait. Lui ne se sentait pas outre mesure perturbé (à proportion, sa dispute avec Nina le travaillait nettement plus que le fait de ne plus être sorcier). Il aimait être sorcier, il aimait la magie, mais s’il devait s’en passer, il le ferait, quand on a pas le choix autant prendre les choses avec philosophie, et puis justement, il devait déjà essayer de se rabibocher avec Nina… et ce qu’il ignorait c’était qu’à la fin de la journée, elle allait être encore plus en pétard que le matin même. La poisse parce qu’il ne comprenait toujours pas clairement ce qu’il avait bien pu faire avec Alix qui la mette dans cet état. Malgré quelques ambiguité par ci, par là, Alix était surtout sa meilleure amie, et une meilleure amie, ça ne remplace pas une sœur, même adoptive. Lui n’avait par exemple pas du tout la prétention de prendre la place de Martin, ce serait carrément stupide comme comportement, alors il ne voyait pas non plus Alix comme un danger pour Nina… Mais Nina, elle, voyait visiblement la sixième année comme l’ennemi à abattre. Le vrai problème étant qu’elle était bien capable d’en venir effectivement aux mains !

Mais un problème à la fois, là il devait déjà s’occuper de la petite Joy qui menaçait de se mettre à pleurer, ou du moins qui donnait cette impression à Camille. Lui qui ne savait pas du tout gérer les émotions des autres se sentait en danger dans cette situation précaire et nouvelle. Même si Camille se fichait de l’image qu’il renvoyait aux autres comme de sa première paire de chaussettes, il ne pouvait définitivement pas laisser Joy se mettre à pleurer ! Il était préfet tout de même !

Heureusement, elle lui tendit la main et il la prit doucement pour conduire la petite fille (qui n’avait que deux ans de moins que lui mais il était certain d’être vachement plus grand au même âge !). Lorsqu’elle fit la remarque qu’en fait il était gentil, il hésita sur la réponse à faire à une telle déclaration. Camille n’était pas méchant, c’était un fait avéré, de là à dire qu’il était gentil, bah… il n’en savait rien. Mais c’était sûrement un changement positif qu’il ne fasse plus peur à Joy s’il devait être son préfet durant les années à venir. Cela leur éviterait bien des problèmes de communication !!!

« C’est normal, l’école ne mettrait pas préfet quelqu’un de vraiment méchant tu ne crois pas ? » C’était un argument assez facile à contredire puisque certains des préfets de Serpentards du passé de l’école n’avaient pas été des anges de bonté (à tout hasard, Dawn Kostovak ?), mais dans le cas de Gryffondor, tous les préfets avaient toujours été des gens gentils. Même s’il ne pouvait pas supporter Maiden et Ziegler en leur temps, elles faisaient ce qu’elles pouvaient. Maintenant il se rendait compte combien faire ce qu’on peut, c’est parfois la seule chose à faire, quand bien même ce soit presque rien.

« Je suis désolé si je t’ai donné l’impression d’être méchant. » Au fond, il n’en était pas vraiment désolé de manière général mais juste vis-à-vis de Joy, parce qu’elle semblait assez impressionnable et que se méprendre dans son cas n’avait sûrement pas les mêmes conséquences que chez le commun des mortels. Après c’était un avis qui ne regardait que lui, évidemment.

Tout finirait par rentrer dans l’ordre. C’était obligé. Mais quand, telle était la question et hélas, personne ne connaissait la réponse. Cela pouvait être demain, comme dans un moins, dans un an ou dans un siècle… Et d’ici un siècle, Joy ne serait déjà plus de ce monde, sans aucun doute… Enfin bref. Lorsque Camille lui affirma que la direction de l’école ne mettrait jamais quelqu’un de méchant au poste de préfet, Joy ne fut pas vraiment d’accord avec lui… Après tout, comment pouvait-il expliquer les préfets chez les Serpentard ?! Bah ouais, non, c’était quand même incompréhensible, non ?!

« Euh… Oui, mais les Serpentard ils sont méchants… Et ils ont quand même des préfets… »

Bah ouais ! Bon, d’accord, Joy n’avait pas une très haute estime des Serpentard, en fait, ils lui flanquaient tous une frousse d’enfer –encore pire que Camille !- et donc forcément, pour elle, aucun Serpentard ne pouvait être gentil ! D’ailleurs, quand elle voyait la préfète blonde, au nom complètement imprononçable –oui oui, c’est Joy qui dit ça !- Elle ne la voyait pas du tout comme une gentille personne… Si elle se souvenait bien, elle se prenait un peu pour la Reine de l’école… Elle faisait plus ou moins régner sa loi, et se prenait pour la meilleure fille de toute l’école… Enfin, ça, c’était ce que Joy avait entendu dire… Après, elle ne la connaissait pas, et à vrai dire, elle n’en n’avait pas vraiment envie ! Plus elle restait éloignée des Serpentard, mieux elle se portait ! Ce n’était pas pour rien qu’elle n’avait rejoint aucune activité extra-scolaire comme la troupe de danse, ou le club des Tama… Elle n’avait tout simplement pas envie de fréquenter des Vipères, parce qu’elle était trop faible pour riposter, et elle le savait !

« Non, c’est bon… Nina, c’est ta sœur c’est ça ? Je l’aime bien, elle est gentille avec moi… »

Oui, Nina était une fille sympa. Joy l’avait rencontrée avant d’entrer à Poudlard pour sa première année, sur le Chemin de Traverse, et il fallait bien l’avouer, Joy avait flippé au début, mais Nina s’était avérée être là pour elle quand elle se sentait un peu à l’écart. Elle faisait tout pour que la petite fille s’intègre bien et vite à sa maison, et Joy avait beaucoup apprécié. Bien sûr, elle ne lui parlait pas tout le temps non plus, mais elle lui disait toujours bonjour quand elle la voyait et si jamais elle avait des petits problèmes de compréhension, elle savait que Nina pouvait l’aider. De ce fait, elle commençait à vraiment apprécier la famille Moreau. Par contre, elle avait toujours du mal à se faire à l’idée que la magie n’était plus là…

« J’espère que ça s’arrangera vite… Enfin, tant que j’ai Yuki, ça va… »

Serrant encore un peu plus Yuki contre elle, la petite fille se calma et serra un peu plus la main de Camille. Il n’avait, si elle ne se trompait pas, uniquement deux ans de plus qu’elle, mais il était au moins cinq fois plus grand… En même temps, être plus grand que Joy, ce n’était pas bien compliqué… Mais elle sentait que ce garçon ne lui voulait pas de mal. Elle se rendait compte, au fur et à mesure qu’elle s’était lourdement trompée sur Camille, et elle le regrettait un peu. Car maintenant qu’elle lui parlait –pour la première fois, certes, mais il fallait bien une première fois à tout !- elle voyait qu’elle s’était persuadée qu’il était froid et méchant alors que pas du tout ! Heureusement, il n’y avait que les bêtas qui ne changeaient pas d’avis ! Et Joy était tout, sauf une bêta !

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Que répondre à ça ? Camille prit les secondes nécessaires à bien y penser, histoire de ne pas sortir une bêtise plus grosse que lui. Il avait lu un peu l’histoire de Poudlard mais ça l’avait assez vite ennuyé et après il avait abandonné, toutefois, ça devrait lui permettre de répondre à cette réfutation de la part de Joy sans pour autant trop se mouiller quant aux qualités des préfets actuels. Camille ne les connaissait pour ainsi dire pas et il n’avait pas envie de s’en faire des ennemis vous comprenez, c’était pas trop son objectif du moment, même si dans l’absolu, il ne les aimait pas particulièrement non plus, en même temps la liste des gens que Camille aime à Poudlard tient sur une seule main ! (Et presque deux doigts si on y pensait)

« Mais serpentard c’est un cas à part dans l’école, tu ne connais pas l’histoire ? Il y a bien longtemps, à l’époque des fondateurs, Serpentard s’est fâché avec les trois autres sorciers Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle et Rowena Serdaigle parce qu’il ne voulait apprendre la magie qu’aux sorciers de sang pur, et ça n’a pas été une mince dispute tu sais… donc du coup, on ne peut pas vraiment dire que serpentard soit une maison comme les autres, elle est à Poudlard mais n’a pas exactement les mêmes valeurs que nous. » Une façon comme une autre de justifier le fait que les préfets d’au moins trois maisons étaient forcément des gentils sans pour autant dire que ceux de serpentard étaient méchants. Avouez quand même qu’ils s’en sortaient bien hein ?

Quant au fait que Nina soit gentille avec Joy bah… elle en avait de la chance Joy ! Parce que gentille ce n’était pas exactement le terme qu’il choisirait en ce moment pour parler de sa sœur, il fallait bien l’admettre… Chieuse, crâneuse, pimbêche… capricieuse aussi. Mais sûrement pas gentille. Cela dit, c’était tout relatif, il en avait conscience.

« Oui, c’est ma sœur et c’est bien si elle est gentille avec toi. » Il ne soupira pas parce que ça aurait été louche mais il n’en pensait pas moins. Si Nina avait été sa vraie sœur et pas juste sa sœur adoptive (point qui faisait d’ailleurs qu’ils ne se ressemblaient pas du tout !), est-ce que ça aurait tourné comme ça aussi ? A force il ne savait plus du tout où il en était et ça le dérangeait. Il avait aimé Nina mais différemment qu’il n’était sensé aimer sa sœur, et quand tout lui avait semblé enfin rentrer dans l’ordre, c’est le moment qu’avait choisi sa sœur pour lui piquer cette crise incompréhensible ! Décidément, il ne comprendrait jamais rien aux filles !

« J’espère aussi que ça s’arrangera… Qui est Yuki ? » Oui le rapport nom-peluche avait légèrement échappé à Camille, qui, vous devez bien vous en douter, n’avait jamais été très branché sur ces bestioles en tissus. Il en avait eu comme tout un chacun lorsqu’il était petit mais cela l’avait rapidement désintéressé sorti de l’orphelinat. Sa peluche vivante étant sa sœur, c’était avec elle qu’il allait dormir lorsqu’il se mettait à avoir peur du noir et avec elle qu’il jouait, donc pas besoin d’un simple jouet. Il s’imaginait pour l’heure que Joy parlait de son animal de compagnie ou d’un ami (bien qu’il ne connaisse personne du nom de Yuki, mais il était loin de connaître tout le monde à Poudlard !), et évidemment, il était dans l’erreur.

Joy ne voyait vraiment pas comment des préfets pouvaient être nommés chez les Serpentard. Vraiment, il fallait être fou pour leur donner des responsabilités ! Ils étaient à l’opposé même de la notion de «gentil» et de «serviable», alors vraiment, la direction ne devait pas savoir ce qu’elle faisait. Quand Camille entreprit de lui raconter l’histoire des quatre maisons de Poudlard, Joy se souvint de la fois où sa mère la lui avait raconté. C’était encore très frais dans la tête de la petite Bulgare.

«Oui, je le sais ça, Mama me l’avait lu dans l’Histoire de Poudlard, il y a longtemps... Mais bon, ils ne sont pas gentils... Enfin, la blonde, elle n’a pas l’air gentille du tout... Le garçon, je ne sais pas, je ne le connais pas...»

Oui, la grande blonde paraissait vraiment insupportable ! Mais cela était peut-être uniquement du au fait qu’elle flanquait la frousse à Joy et qu’elle était donc classée dans «les grands méchants qui font peur»... Qu’on soit bien d’accord, Camille avait beau être grand, l’air un peu méchant sur les bords, il ne faisait pas parti de cette catégorie. Il était un Gryffondor, de ce fait, il ne pouvait bien évidement pas être un méchant ! Par contre, tous les Serpentard rentraient sans aucun problème dans cette catégorie... Pour en ressortir par contre, c’était bien plus compliqué ! Et comme, de toute façon, Joy ne parlait à aucun Serpentard, elle ne se souciait pas des raisons pour lesquelles un Serpentard pourrait sortir de cette catégorie. Quand Camille lui demanda qui était Yuki, la demoiselle desserra son étreinte et lui présenta son ours en peluche.

«Yuki, c’est mon ours en peluche ! C’est Mama qui me l’a offert quand j’étais petite ! Je suis sûre qu’elle prend soin de moi à travers lui ! Enfin, je pense qu’elle n’a pas besoin de la magie pour le faire... Sinon, il faudrait que la magie revienne rapidement...»

Yuki, l’ours en peluche blanc, s’agitait gentiment devant Camille. Joy avait appris, en une année, à ne plus faire attention à ce que les gens pouvaient penser de Joy et de sa peluche... Elle ne s’en fichait pas non plus, il ne fallait pas pousser mémé dans les orties ! Ca lui faisait toujours un peu mal quand elle entendait murmurer des remarques, mais Yuki était la seule petite chose qui lui restait de sa mère, si ce n’est les deux photos qu’elle avait continuellement posé sur sa table de nuit. Alors forcément, elle le gardait auprès d’elle comme son plus précieux trésor !

«Tu connais des choses sur le monde moldu, toi ? Moi pas vraiment, j’allais parfois sur le marché avec Baboushka, mais sinon, pas vraiment...»

Et cela faisait un peu peur à Joy. Car elle n’était pas vraiment moldue, elle n’était pas non plus vraiment Sng-Pur... Alors dans la logique des choses, elle aurait du savoir des choses sur les deux mondes. Hors là, elle ne savait presque rien sur le monde des moldus. Et cela lui faisait un peu peur, car elle se demandait comment elle allait réagir par après, sans la magie à ses côtés. Et surtout, comment les sorciers adultes, qui avaient tous un travail qui pouvait plus ou moins être relié à la magie... Et d’ailleurs, comment allaient faire les cinquièmes et les septièmes années ?! Après tout, ils avaient des examens magiques à passer à la fin de l’année, et si la magie n’était pas revenue d’ici là... Enfin, ce n’était pas les problèmes de Joy, bien entendu, mais bon, ça l’inquiétait un peu quand même...

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En effet, Marie n’était pas la personne la plus abordable du collège. Elle était désagréable, vicieuse, bref, bourrée de tout un tas de défaut dont celui particulièrement énervant d’être obsédée par son apparence. Camille n’avait pas une grande dose d’indulgence quelque soit la personne à qui il s’adressait, mais la superficialité, il détestait encore plus que tout le reste ! Parce qu’il y a quand même des choses plus importantes dans le monde que ses cheveux et plus graves aussi qu’un ongle cassé ! Réellement, Marie était désespérante, donc il ne pensait pas pouvoir la défendre, même s’il ne tenait pas non plus, vous vous en doutez, à se la mettre à dos non plus. En revanche, sil fallait juste parler de son air, bah ce n’était jamais que la vérité de dire qu’elle était hautaine, une vraie serpentard ! Au moins, celle-ci, on sait pourquoi elle est préfète de cette maison, cela ne faisait aucun doute qu’elle y était à sa place !

« Ouai, la fille a l’air assez… hautain. Et je ne connais pas bien le garçon non plus. » Il n’avait pas envie de le connaître non plus il faut bien le dire. Camille n’avait pas forcément une très haute estime des serpentards, c’est pour ça qu’il ne cherchait même pas à les connaître, cela dit, à sa décharge, c’était autant une question de caractère qu’une question de maison. Camille ne cherchait jamais à connaître les gens, ce n’était pas vraiment son truc, il pouvait éventuellement les laisser venir vers lui, mais il n’aimait pas parler donc il n’entamait pas les conversations… un point dans son caractère qu’il devrait changer juste assez pour réussir à être un préfet correct. Car comment s’occuper de personnes qui ne vous ont jamais parlé ? Bah voilà hein, d’un coup, ce n’était plus si simple !!!

« Il n’y a que nos baguettes qui ne marchent plus, donc Yuki n’est sûrement pas touché, regarde les tableaux, ils continuent à bouger pas vrai ? » Il en désigna un qui passait d’un tableau à un autre, il les avait salué rapidement, précisant qu’il ne voulait surtout pas être en retard pour le thé donc qu’il ne pouvait pas s’arrêter discuter avec eux. Mais il les invitait tous les deux à venir le voir à son tableau une prochaine fois. Camille le ferait peut-être, les tableaux étaient toujours au courant de tout, ils étaient une véritable mine d’or d’informations en tout genre.

Enfin, un peu après que Joy ait posé sa question, ils arrivèrent au portrait de la Grosse Dame et avec elle à leur salle commune, ils allaient enfin pouvoir retrouver les autres, ce qui était plutôt une bonne nouvelle.

« Oui, je connais pas mal de choses, parce que je suis un sang mêlé. Là tu vas rentrer et rejoindre tes amis de ton année, mais plus tard quand ce sera plus calme, si tu as des questions, tu n’auras qu’à venir me voir. » Il prononça le mot de passe et accompagna la jeune fille à l’intérieur avant de la laisser avec d’autres élèves, lui-même rejoignant ceux de son année plus Tosca avec qui il fit un petit point de la situation, vérifiant rapidement sur les listes que tout le monde était là et qu’ils n’avaient laissé personne seul dans le château. Apparement Nina manquait à l’appel mais on l’avait envoyé à l’infirmerie aider une élève d’une autre maison donc elle finirait bien par revenir d’elle-même… La journée n’était pas encore finie et Camille aurait sûrement encore beaucoup de choses à faire, parce que ce n’est pas de tout repos d’être préfet !

Critiquer les gens, ce n’était pas vraiment du genre de Joy. Non, elle disait plutôt quelles personnes elle n’aimait pas, avec franchise. Corann, par exemple, en avait largement pris pour son grade. Mais ces préfets de Serpentard, elle ne les connaissait pas, alors elle ne voyait pas vraiment pourquoi elle aurait du les critiquer, ou dire qu’ils étaient insupportables, méchants, et tout le tralala. Elle faisait juste une hypothèse, suite à tout ce qu’on avait bien pu lui dire sur les personnes de cette maison… Oui, c’était peut-être encore plus idiot… Enfin bref ! Camille lui assura que Yuki devait être de la même branche que les tableaux, puisque ces derniers bougeaient toujours. Cela était bien vu, puisque Joy n’aurait pas imaginer un seul instant perdre sa mère une seconde fois !

« Oui, c’est vrai… Il a de la chance Yuki ! »

Oui, vraiment, Yuki avait vraiment de la chance. A ce moment là, Joy aurait tout donné pour être à la place de ce petit être de tissus et de coton. Car lui au moins, s’il était magique, et bien il l’était toujours ! Pas comme elle, qui ne pouvait plus rien faire. Un des personnages présent dans un tableau devant lequel elle passa en compagnie de son préfet lui fit une révérence. Joy esquissa un signe de la main et un sourire. Elle devait se montrer forte, quoi qu’il arrive. Elle paniquerait, bien entendu, au moins une fois, car elle avait toujours été habituée à avoir la magie à ses côtés. Mais bon, elle n’en n’était pas non plus dépendante, comme pourrait l’être certains sorciers, qu’on appelait les Sang-Pur… Joy n’avait jamais rien compris ces histoires de rivalités de Sang, elle s’en fichait pas mal même… Mais là, elle éprouvait de la pitié pour ces soi disant « rois » des sorciers…

Finalement, ils arrivèrent sains et saufs au niveau du portrait de la Grosse Dame. Cette dernière, contrairement à d’habitude, ne chantait pas. Encore heureux ! Elle était en grande discussion avec une autre femme, que Joy ne reconnaissait pas. Mais ce n’était pas l’important. Camille lui donna le mot de passe, et elle les laissa passer. L’heure était venue pour les deux Gryffondor de se dire au revoir. Et Joy, avec une certaine fierté, pouvait dire qu’elle n’avait pas eut peur une seule fois aux côtés de son préfet.

« Merci Camille ! Bonne fin de journée ! »

Joy adressa un sourire à son préfet, puis partit en direction de Bonnie, qui n’était pas bien loin. Elle avait du s’inquiéter de la disparition de Joy, sans aucun doute. Peu après, ce fut au tour de Kolia d’arriver, visiblement pas plus troublé que cela. Mais oui, bien sûr ! Il était né-moldu… Bon, bah en tout cas, il avait intérêt à aider sa chère amie Joy si cette dernière n’arrivait pas à se débrouiller sans magie ! Car Joy savait d’avance qu’elle allait faire un carnage sans nom… Mais un mal de tête la pris rapidement, et elle quitta ses amis, pour aller s’allonger dans le noir, loin du bruit.


[ Terminé ]