[THEME - TERMINÉ] Tout commence mal...

Lorsque Louise ouvrit les yeux, ce matin-là, il lui fallut plusieurs minutes d’intense concentration (ou, plutôt, de « Gné ? Mais où est passée ma couette à motifs antiques ? ») avant de comprendre où elle se trouvait. Ah oui. Poudlard. La fillette aurait été bien en peine de dire si elle était contente ou non de reprendre le chemin des cours : certes, retrouver Pandore et Zane lui procurait une grande joie, mais elle avait également été parfaitement heureuse en vacances et, pour tout dire, la magie ne lui avait pas du tout manqué au cours des deux mois qui venaient de s’écouler. Si la plupart des élèves de premier cycle trouvait pénible la législation les interdisant de pratiquer la magie en-dehors de l’école, Louise, elle, s’en était très bien accommodée : sa baguette était restée enfouie sous ses uniformes aux couleurs de Poufsouffle durant tout l’été et, si, en élève appliquée, elle avait bel et bien commencé à potasser le programme de la deuxième année dès qu’elle avait eu ses livres en mains, elle n’était absolument pas pressée de commencer à travailler réellement sur les nouvelles formules et autres recettes de potion. Bien entendu, le fait d’être née de parents moldus n’était peut-être indifférent à cette situation : non seulement Louise avait, jusqu’à ses onze ans, toujours été habituée à vivre sans magie, mais encore, elle n’était pas désireuse de la pratiquer lorsqu’elle retrouvait sa famille, puisque personne autour d’elle ne s’y essayait : elle n’était donc pas tentée. Toutefois, à ce facteur purement familial, venait s’en ajouter un autre, intiment lié au caractère introverti et craintif de la blondinette : elle avait beau avoir passé haut la main – malgré une note plus que calamiteuse en vol - ses examens de fin d’année, elle continuait à croire mordicus que tout ceci n’était qu’une lamentable erreur et que, si elle n’était pas encore parvenue à faire exploser le château, c’était uniquement parce que les ingrédients dont les premières années disposaient pour préparer leurs potions n’étaient tout simplement pas assez nocifs… Mais attendez de voir la suite. Bref, Louise était convaincue que cette rentrée lèverait le voile de l’imposture et que d’ici la fin du mois de septembre, elle serait renvoyée de l’école pour incompétence chronique à produire ne serait-ce qu’une petite étincelle au bout de sa baguette.

* J’espère vraiment qu’on n’aura que des cours théoriques, aujourd’hui ! Genre Histoire de la magie et euh… Astronomie. Et puis encore Histoire de la Magie… En tout cas, pitié, pitié, pitié, pas les potions ou la métamorphose ! * Songea-t-elle en sautant au bas de son lit pour enfiler son uniforme. Enfin, au moins, quel que fût l’emploi du temps qui leur serait distribué au petit déjeuner, elle avait la certitude qu’aucun cours de vol ne se trouverait dessus, ce qui lui procurait une certaine consolation. La fillette avait en effet très mal vécu chacun des cours de vol hebdomadaire, tout au long de sa première année. Non seulement elle avait peur de tomber de balai, mais en plus, elle s’était révélée incapable de le diriger convenablement une fois dans les airs, ce qui avait donné lieu à plus d’une situation rocambolesque. Même les encouragements d’une Pandore enthousiaste n’étaient pas parvenus à améliorer le niveau de la Poufsouffle ! Elle pouvait d’ores et déjà rayer la totalité de la gent volatile de la liste des formes que son animagus pourrait prendre (sauf peut-être le pingouin, au vu de sa propension étonnante à se casser la figure à tout va…), non que Louise eût envie de devenir animagus (de toute façon, si cette idée lui avait traversé l’esprit, elle l’aurait aussitôt renvoyée aux oubliettes en arguant qu’elle était bien trop mauvaise pour réussir à maîtrise cette forme complexe de magie), mais c’était le genre de sujet dont les petits sorciers discutaient régulièrement entre eux, un peu comme ces frères et sœurs se chamaillant pour savoir dans quelle maison de Poudlard ils allaient bien pouvoir être envoyés « Han, non, pas Poufsouffle, c’est trop naze ! ».

Comme il était encore tôt et qu’aucun mouvement ne semblait émaner du lit aux rideaux tirés de Pandore, la fillette quitta le dortoir à pas de loup dans l’idée de prendre un petit-déjeuner en solitaire : la perspective de l’année scolaire débutante l’angoissait trop pour qu’elle appréciât la compagnie de quiconque et elle espérait que l’heure matinale lui éviterait d’avoir à converser avec ses camarades. Dieu merci, étant donné le silence calfeutré de la salle commune, elle devait bel et bien être une des seules élèves non, à moi non plus, cet accord n'a pas l'air très catholique de l’école déjà debout. Soulagée, la fillette se dirigeait vers la porte, lorsqu’elle aperçut, au pied d’une des tables de travail, un paquet de cartes de chocogrenouille éparpillées sur le sol. Fronçant les sourcils Louise s’arrêta net et fixa un moment les cartes d’un air songeur : sans doute un élève les avait-il laissées là la veille au soir et elles avaient été renversées par le chat de la grande Abby, ou un autre des matous de Poufsouffle. La fillette se dirigea machinalement vers la table pour ramasser les cartes mais ne put retenir un mouvement d’hésitation au moment de se pencher : ramasser des cartes à la manière moldue, était-ce digne d’une sorcière ? Et surtout, n’était-ce pas l’occasion rêvée de « se dérouiller la baguette » sans pression ? Un petit wingardium leviosa et le tour était joué ! Pour une fois plutôt confiante (elle avait eu une très bonne note en sortilèges Mais Flitwick avait peut-être eu pitié d’elle), la petite Poufsouffle tira sa baguette de sa poche et, la pointant d’un air décidé sur les cartes, prononça d’une voix claire :

- Wingardium Leviosa !

Ou pas.

- Wingardium Leviosa ! S’exclama-t-elle de nouveau, tandis que son cœur commençait à s’emballer.

Caramba, encore raté !

- Wingardium Leviosa ! Tenta-t-elle encore, à présent au bord de la panique.

Sans en avoir conscience, elle s’était de plus en plus rapprochée du paquet au sol, à tel point qu’elle marchait désormais presque dessus. Hélas, c’était peine perdue : son sortilège, pourtant basique, restait sans effet, et les cartes paraissaient la narguer avec un petit sourire narquois. Louise ne jurait jamais. Pourtant, c’eût été l’occasion rêvée.

- Oh non ! Oh nononononon ! Gémit-elle en sautillant sur place, et en agitant sa baguette dans tous les sens, dans l’espoir d’en faire jaillir des étincelles, Pourquoi tu ne marches pas, hein ? Alleeeeez, s’il te plaît !

Etait-ce lié aux trop longues vacances de la baguette ? L’avait-elle cassée sans le savoir ? Ou bien tout son potentiel magique s’était-il enfui ? Pire : Louise avait-elle perdu toute capacité à faire de la magie ? Redoublant d’angoisse à cette idée, la fillette, très pâle et les larmes aux yeux, entreprit de faire le tour de la pièce à grands pas, sans cesser d’agiter sa baguette, comme s’il s’agissait de quelque rituel mystérieux destiné à lui rendre ses pouvoirs…

(1160 mots)

Les yeux ouverts dans son lit, Samara avait du mal à réaliser. Elle était à Poudlard. Enfin ! Elle était à Poudlard, elle allait pouvoir assister à tous les cours qui l'ont fait rêver quand elle a eu ses livres, jeter des sorts, se promener dans l'immense parc...Tous ses rêves seront réalisés car...Elle était à Poudlard !!!! YOUHOUUUUU !!! Oui, elle a légèrement pété un câble la Samara xDDD

Elle n'arrivait toujours pas à y croire...C'était tellement merveilleux, indescriptible, encore mieux qu'elle ne l'avait imaginé et si immense qu'elle craignait de se paumer dans les couloirs et de se retrouver au troisième étage et d'y trouver, derrière une porte un chien à trois têtes...Hein, comment ça Touffu est plus dans le troisième étage ?

Samara était plutôt patiente d'habitude mais là, être à Poudlard et savoir que dans quelques heures, elle serait dans la Grande Salle à manger son petit-déjeuner et recevoir son emploi du temps -pour aujourd'hui elle aimerait bien Défenses Contre Les Forces du mal, Potion et Vol-, ce serait incroyable et vraiment formidable. Elle était excité et super pressée à la fois. Elle était bien à Poudlard et elle avait passé une excellente nuit, peut-être une des meilleures qu'elle avait eu jusqu'ici. En bref elle était heureuse. Juste heureuse.

Repoussant les draps, elle était trop pressée pour dormir encore, Sam regarda son réveil. il était encore tôt, elle avait toujours été une lève tôt. Elle eut un sourire et se précipita vers sa valise où était entassés tous ses vêtements. Il était tôt mais elle savait qu'elle n'aurait pas le temps de remonter pour mettre son uniforme. Elle eut un autre sourire quand elle aperçut son écusson et sa cravate jaune. Elle était une poufsouffle à présent, une jaune et noire. Une blairette.

Un peu après, elle descendait l'escalier menant à la salle commune, son livre de sorts sous le bras et sa baguette dans sa poche. Arrivée au bas de l'escalier, elle la sortit et essaya un sort très simple :

<< Lumos >>

Mais nada, aucune lumière ne sortait de sa baguette. Sam fronça les sourcils, pourquoi ça ne fonctionnait pas ? La veille, le sort de lumière avait pourtant très bien marché...Peut-être était-ce un problème de prononciation ? Elle répéta :

<< Lumos >>

Toujours aucune lumière.

<< Lumos ! >>

Cette fois, sa voix était plus dure, plus stressée aussi. Mais pourquoi cette fichue baguette ne produisait pas la moindre petite lumière ? Elle essaya encore, au moins une douzaine de fois. Mais aucune, pas même une toute petite, lumière ne fit son apparition au bout de sa baguette. C'est désespérée que Samara vit une petite blonde en train d'essayer un sort sur des cartes. Samara s'avança. elle n'y arrivait pas non plus, cela voulait-il dire qu'elle n'était pas la seule à ne pas réussir à accomplir un sort ? Un instant, Sam avait pensé qu'elle n'avait peut-être pas hérité du don de sorcellerie, comme ses parents, mais la vue de cette blondinette ratant un sort la fit reprendre espoir, si elle n'était pas la seule, elle ne rentrerait donc pas chez elle, elle ne partirait donc pas de cet endroit merveilleux...C'est donc souriante mais quand même un brin angoissée (elles pourraient n'être que deux à ne plus avoir de pouvoir !) qu'elle s'adressa à la blondinette :

<< Salut, je m'appelle Samara Sheridan, commença-t-elle, je suis nouvelle. >>

Elle eut un sourire avant de continuer :

<< La mienne non plus, elle ne fonctionne plus. Ma baguette je veux dire. J'ai essayé plein de fois mais rien ne s'est produit ! >>

Et c'est d'une voix trop tintée d'angoisse à son gout que Samara termina :

<< Mais je suis sure que ce n'est pas un cas isolé ! C'est sans doute un problème général qui va être réglé dans pas longtemps...>>

Enfin, espérait-elle, parce que ouais, ne pas avoir de pouvoirs magiques alors qu'elle venait tout juste d'entrer à Poudlard, ça craignait vachement !!!

[663 Mots]

Louise était tellement occupée à secouer – sans succès - sa baguette dans tous les sens (sans grand souci, soit dit en passant, des règles de sécurité élémentaires qu’on leur avait pourtant serinées tout au long de leur première année. C’était du joli !) qu’elle avait totalement oublié l’endroit où elle se trouvait. Sans cela, elle aurait certainement fait preuve d’un peu plus de prudence : être surprise en pleine crise magique au beau milieu de la salle commune n’était pas la meilleure façon de faire de vieux os à Poudlard ! Ceci étant, et à bien y réfléchir, son imposture serait sans doute découverte dès le premier cours de la matinée, quand il lui faudrait expliquer pourquoi elle ne pouvait pas allumer le feu sous son chaudron ou comment il se faisait qu’elle fût incapable de réussir la moindre métamorphose, alors qu’on la perce à jour maintenant ou dans deux heures…

* Je devrais peut-être casser ma baguette en deux. Pour gagner un peu de temps… * Songea-t-elle, au comble du désespoir, en lançant un coup d’œil pensif au mince bout de bois qu’elle tenait à la main. Etrangement, il lui paraissait beaucoup plus fragile et, d’une certaine manière, beaucoup moins vivant que lorsqu’elle était capable de l’utiliser. Elle avait également le sentiment désagréable qu’un creux s’était formé dans sa poitrine, exactement comme si on venait de la séparer d’une partie de son être : elle qui n’était déjà pas d’un naturel bien assuré se sentait désormais particulièrement vulnérable. C’était d’autant plus étonnant qu’elle n’avait jamais vraiment eu l’impression que sa baguette était si importante à ses yeux : elle l’avait souvent maudite lors des différents exercices qu’elle avait eu à accomplir avec et, pour tout dire, elle en avait même eu un peu peur, au début de l’année passée, comme si le simple fait de la tenir représentait une menace pour l’humanité ; mais, à présent qu’elle demeurait sourde aux mouvements et aux sortilèges lancés frénétiquement par la fillette, cette dernière comprenait subitement l’énorme place que sa baguette en était venue à occuper dans son existence : elle était son alliée, un petit bout de bois qui ne la quittait jamais, qui l’avait choisie, et qui faisait d’elle, plus que tout, une sorcière. Sans sa baguette, elle n’était rien : ni une moldue, ni une sorcière, seulement une aberration évoluant entre deux mondes auxquels elle n’appartenait pas. Aussi la perspective d’avoir à briser sa fidèle compagne dans l’espoir de cacher un peu plus longtemps la perte de sa magie à son entourage lui brisait-elle le cœur. C’était probablement pire que si elle avait eu à aller parler à un septième année de Serpentard à se casser elle-même une jambe.

* Mais si je la casse, il faudra que je retourne chez Ollivander, non ? Et comme j’ai perdu toute ma magie, aucune baguette ne va me correspondre ! Et puis c’est cette baguette là, qui m’a choisie ! C’est elle, la mienne ! C’est possible, d’avoir une autre baguette à ma taille faite pour moi ? Et comment je vais expliquer que je l’ai cassée ? Je ne peux quand même pas dire que je me suis assisse dessus ! * Poursuivit-elle en son for intérieur, et de manière plutôt désordonnée, sans s’apercevoir qu’une autre élève venait d’arriver dans la pièce avant que celle-ci ne lui adresse vivement la parole. Aussi surprise que décontenancée, Louise sursauta et cacha prestement, sans même prendre le temps d’y réfléchir, sa baguette derrière son dos d’un air franchement coupable.

- Euh… Bafouilla-t-elle d’une voix apeurée, et tandis que ses joues prenaient une teinte rose vif, à l’intention de sa camarade, Louise… Louise Waugh euh… Tu m’as vue faire la débile avec ma baguette ? Oui ? Désolée, je vais être obligée de t’abattre… Je crois… Enfin, je pense que… Tenta-t-elle d’expliquer, de plus en plus rouge, sans parvenir à trouver un mensonge plausible à même de justifier son échec cuisant en matière de wingardium leviosa. Fort heureusement pour elle, et avant qu’elle n’ait eu l’occasion d’éclater en sanglots paniqués les nouveaux étaient décidément terrifiants !, Samara reprit la parole, et son intervention rasséréna tellement Louise qu’elle ressortit sa baguette pour la brandir en direction de sa camarade, tout en se mettant à parler très vite :

- C’est vrai ? Toi aussi tu n’arrives pas à faire de magie ? Houlàlà, mais c’est très grave alors ! Tu crois que c’est quelque chose qu’on a mangé au dîner, hier soir ? Ou alors une espèce de maladie contagieuse d’un genre nouveau ? Une défaillance dans la fabrication des baguettes ? Ce n’est pas un cauchemar, hein ? On n’est pas en train de rêver, dis ? Attends, je me pince… Aïe ! Non, c’est bon, c’est la réalité… Enfin, j’aurais dû m’en douter, je ne te connais pas, et on rêve rarement d’inconnus, hein ? Tu crois qu’on devrait aller à l’infirmerie ? Tu essayais quel sortilège, quand tu… Mais une pensée vint la frapper, l’arrêtant net dans son délire, une chance pour Samara, qui serait probablement morte étouffée sous les paroles plus ou moins cohérentes de la Poufsouffle sans cela. Louise écarquilla les yeux et fixa un instant Samara sans mot dire, mais visiblement de nouveau très inquiète. Finalement, elle finit par reprendre d’un ton hésitant : Euh… Surtout ne le prends pas mal, mais euh… Je veux dire… Tu es en première année, non ? Alors euh… Est-ce que ce ne serait pas euh… Euh… Genre... Normal, de ne pas réussir à lancer de sort ? Euh… Je ne dis pas que tu es mauvaise, hein, attention, ne confonds pas, mais euh… Tu n’as jamais eu de cours, encore alors… Ben, tu sais… Peut-être que c’est pour ça que tu n’as pas de résultat… Parce que tu ne sais pas encore faire… Enfin, moi, en tout cas, je ne savais rien faire mon premier jour, l’an dernier le deuxième non plus, remarque… Je ne sais plus rien faire non plus aujourd’hui, tu me diras, mais euh… Pitié, ne me tue pas… Enfin, tu vois… Acheva-t-elle maladroitement.

Très gênée, et redoutant la réaction de sa camarade, la blondinette piqua du nez en direction de ses souliers : dans combien de temps, les prochaines vacances, déjà ?

(1044 mots)

Bien que Louise ne fût pas très fière d’avoir été découverte en pleine crise de panique « Oh mon Dieu, je ne sais plus utiliser ma baguette » par sa cadette, il lui fallait néanmoins reconnaître qu’elle n’était pas mécontente de sa venue : savoir qu’elle n’était pas la seule à avoir perdu ses pouvoirs était une grande consolation, et tant pis s’il lui avait fallu perdre sa dignité (ce qui, à bien y réfléchir, serait immanquablement arrivé tôt ou tard : elle avait un don pour cela) en contrepartie. Rassérénée à l’idée qu’elle n’aurait pas à affronter toute seule l’infirmerie – car elle demeurait convaincue que l’infirmière pouvait tout régler grâce à ses breuvages magiques et (fort heureusement) mystérieux (parfois, il fallait mieux ignorer la composition exacte de ce qu’on ingurgitait, a fortiori dans le monde sorcier, où la peau de serpent et autre bile de tatou étaient des ingrédients de base) – la fillette se résigna finalement à ranger sa baguette dans la poche intérieure de sa cape, sans chercher plus longuement à l’agiter en tout sens. Un progrès notable et sans aucun doute un soulagement pour Samara, qui n’avait plus à craindre d’être éborgnée au passage.

* C’est vrai que le lumos est le sort le plus simple qui soit il ne m’a fallu que cinquante-six essais avant d’y arriver. Une fois sur deux du moins.. Et puis, même avant d’avoir eu des cours, on produit des petits effets avec la baguette, ou on sent du moins sa magie… Là, c’est comme si elle était tout simplement morte… * Songea-t-elle, en esquissant une moue anxieuse.

- J’espère que tu as raison, répondit-elle finalement, non sans entreprendre toutefois de se tordre les mains de désespoir, comme si elle regrettait quelque peu la sagesse des propos de sa cadette, Mais je n’avais jamais entendu dire que les baguettes pouvaient tomber malade ! Tu le savais, toi ? Demanda-t-elle plus vivement, en gratifiant sa camarade d’un coup d’œil perçant. Fille de moldus, Louise n’en était encore qu’aux balbutiements, en matière de connaissance magique : de jeunes enfants élevés au sein de la société sorcière depuis leur naissance en savaient probablement plus long qu’elle sur bon nombre de sujets. Si Samara avait des parents sorciers, elle serait peut-être en mesure de trouver une explication à la situation.

* Ou alors c’est nous, le problème ? On a peut-être attrapé un virus avec tous ces courants à la gare, hier… * Se dit-elle, penchant la tête d’un air perplexe. Les courants d’air pouvaient être fatals ! Elle qui était sujette aux rhumes et autres enrouements ne manquait jamais de contracter une angine chaque fois qu’elle était de passage dans le métro londonien ou dans une gare ouverte aux quatre vents, comme l’était King’s Cross. Seulement, elle n’aurait jamais pensé que ce petit handicap pût l’amener à tomber plus sérieusement malade. L’année prochaine, elle mettrait sa grosse écharpe en laine avant de monter dans le train, et tant pis si l’été n’avait pas encore plié bagages ! * Enfin… S’il y a une année prochaine… * Se corrigea-t-elle en son for intérieur, car elle était prompte à imaginer le pire. Après tout, rien ne lui garantissait que cette maladie puisse être guérie ! Peut-être était-elle-même totalement inédite. Hiii ! On allait les enfermer dans des cages et leur faire subir des tests ! Cours, Samara, cours !

- Les cartes ? Quelles cartes ? Répéta-t-elle d’un ton distrait, car son cerveau, tout occupé qu’il était par l’élaboration de scenarii catastrophes, était à mille lieues de l’histoire des cartes chocogrenouille, qui avaient pourtant fait éclater la sinistre vérité. Oh ! Ces cartes là… Réalisa-t-elle enfin, tournant les yeux au sol, Aucune idée… Mais je suppose que son légitime propriétaire ne serait pas très heureux de les savoir par terre… Viens, on les piétine pour lui apprendre à prendre soin de ses affaires ! Tu les collectionnes aussi, toi ? Demanda-t-elle, avant de se baisser pour ramasser manuellement (honte et déshonneur !) les cartes éparpillées et les reposer en un tas soigneusement reconstitué sur la table de travail. Elle parut alors hésiter un instant, se mordilla la lèvre nerveusement, jeta un coup d’œil en biais à Samara et finit par se lancer, comme si elle s’apprêtait à accomplir quelque action héroïque : Dis, tu ne veux pas qu’on descende dans la Grande Salle ? Voir si d’autres gens sont dans notre cas ? Enfin, tu n’es pas obligée de venir si tu n’as pas envie, hein ! Je dis ça, juste comme ça… Pour savoir… Parce que… Euh… Enfin, moi je vais y aller, alors si tu veux m’accompagner… Je me perds dans les couloirs et j’ai peur toute seule… Suggéra-t-elle, tandis que le rouge lui montait progressivement aux joues : elle ne voulait surtout pas que Samara la prît pour une deuxième année tyrannique. D’un autre côté, elle ne voulait pas non plus passer pour une idiote incapable de se débrouiller seule. Ce qui était pourtant sa nature profonde : abandon de dignité, deuxième phase entamée !

Penaude, Louise adressa un sourire timide et contrit à la première année et se dirigea d’un pas traînant vers l’entrée de la salle commune : direction, la Grande Salle si elle parvenait à en retrouver le chemin.

[FIN LOUISE]