Sa majesté américaine, le doux fou et les poires... [PV]

Imaginez… L’endroit le plus chaleureux qui existe. Un lieu empli d’amour, de compassion, de bienveillance. Vous pourriez aller quand vous voudriez. Et tous vos sens y seraient caressés. Votre odorat serait au nirvana, vos yeux s’empliraient d’une flopée d’étoiles, votre langue n’aurait de cesse de s’attarder sur vos lèvres, vous ne pourriez même pas empêcher vos doigts de s’emparer et de cajoler ce qui passerait à votre portée et une douce musique rythmée accompagnerait ce doux rêve.

« Gouzi, gouzi la poire. Mon ventre crie famine, moooooowwwwaaaaaarrrr ! »

Chatouiller une poire sur un tableau, et vous y aurez accès. Et comme l’eurent fait de nombreuses fois les jumeaux Weasley, rejoignez les cuisines de Poudlard. Les plats tout chaud se baladent ici et là, les elfes s’activent dans un concert de casseroles qui voltigent et bientôt, une légère fumée envahit toute la pièce. Juché sur un meuble de rangement, Alexander secouait sa tête en rythme et observait ce manège. C’était son petit coin de paradis à lui. Si vous n’aviez pas le cœur à dîner avec la foule d’élèves de Poudlard, que vous préfériez épargner votre manque d’entrain à tous les joyeux lurons qui ne cessent de jacasser à table ou que vous soyez juste un gros morfale qui veut manger son dessert en premier, les elfes étaient prêts à omettre votre présence. Chose assez ardue avec le jeune Gryffondor qui avait ardemment commenté la moitié de leurs faits et gestes et tenté de tremper son doigt dans toutes les casseroles de chocolats. Le bougre s’était même plaint de ne pas avoir accès à la zone où étaient entreposés tous les ingrédients. Ses jérémiades finies, il avait élu domicile sur un petit placard idéalement placé : en tendant le bras, il parvenait à attendre une corbeille de fruit et un plateau de roses en chocolat. Le tout était de ne pas prendre une trop grosse poignée et de l’étaler sur la bouche, sous peine de passer pour un ignoble (porc?) goinfre sans bonnes manières et vous faire botter le derrière par un de ces petits êtres.

« J’me demandais, travailler ici… Ca ne vous donne pas envie de ne plus manger du tout ? Je veux dire, vous pouvez picorer ici et là et puis vous voyez de la nourriture tout le temps ! C’est comme quand je regardais cette vieille série avec Grand Ma’, le truc sur le paquebot avec ces gens qui chantaient en blouson de cuir… Non, attendez je m’embrouille. Ils ne chantent pas sur le paquebot, ceux qui chantent c’est dans le film préféré de mon oncle. Il adore John Travolta. Vous devriez voir la centaine de posters qui sont au-dessus de son lit. Non, vaudrait mieux que vous ne voyez pas ça en fin de compte…. Donc, oui, le paquebot. L’été, j’devais souvent regarder une série avec ma vieille, parce qu’elle hurle « C’est un complot » un peu tout le temps, alors faut la rassurer : « Non, Momy, le capitaine du bâteau il va pas tuer la femme. C’est la Croisière S’Amuse, y a rien d’amusant à se tuer ». Et bin, à force de regarder plein d’épisodes, et souvent les mêmes, ça en devient tellement lassant que j’en ai mal à la tête. Vous saisissez ? Pourquoi je vous parle de ça déjà ? »

Une des créatures s’arrêta, attrapa un mouchoir et soupira alors qu’elle s’essuyait le front avec.

- De un, on ne travaille pas tout le temps. De deux, ça creuse l’appétit de s’agiter tout le temps avec cette chaleur. Et de trois, tu parles beaucoup trop, t’es plus bruyant qu’une cocotte minute qui siffle.

- Mwahaha, joliment envoyé Ben’ ! Je peux vous appeler Ben’ ?

Il ne reçut pour réponse qu’un visage de dépit. Notre bambin eut bien fait de songer à mille autres choses dans la seconde qui suivit. Son plat préféré, l’envie de devenir cuisinier, son futur métier, être un chevalier, la chasse aux dragons, son rêve d’avoir des ailes, être un ange, le paradis, avoir un lit de coton, se transformer en gros bout de coton et câliner tout le monde et…. Bref. Ses longs cheveux en bataille, deux traits de chocolat sous les yeux (tel un militaire au pays des œufs de Pâques), un épais nuage de fumée qui l’entourait et son regard perdu dans le vague, le Gryffondor était à moitié dans les vapes, il avait des airs de moine bouddhiste en pleine transe sous l’effet de somnifères. Malgré son esprit embué et sa vision trouble, il avait aperçu la porte s’ouvrir et avait reconnu aussitôt la nouvelle arrivante dans ce hammam culinaire (arg !). Un cri sortit de son cœur alors qu’il lança ses bras en l’air :

« Chooo ! »

Comme manière pour accueillir une charmante sorcière, il y avait mieux. Mais, après avoir cherché la meilleure manière de saluer, il avait choisi le salut « Oh, oh, mais c’est-qui-voilà mon grand mousaillon ! » d’une voix grave et tonitruante (grotesque) et le « Chooo ! » tout aussi pitoyable. Grande banane sur le visage (un sourire ! Il n’est pas allé se coller une vraie banane sur la tronche) et yeux pétillant, il agita sa main devant lui pour dissiper un peu de fumée et mieux discerner sa nouvelle comparse. Bien qu'un renouveau de son énergie se fasse ressentir, il ne se sentit pas immédiatement le courage de se lever et voulut rester à porter des fruits et du chocolat. Peut-être que la vile maraude était venu le dépouiller de ces biens... Elle était même peut-être prête à le tuer pour cela ! A le tuer en l'étouffant avec ces fruits !

* Me tue pas avoir une poire... J'adore les poires... *

Un autre délire mental dont il ne valait mieux pas se préoccuper car Alexander avait tout aussitôt fait de l'oublier pour focaliser toute son attention sur la petite bouille devant lui.

Aujourd'hui, Blake avait un peu trop forcé sur le maquillage, les traits noirs qui entouraient ses yeux étaient assez importants. Mais le pire, dans tout ça, c'était que ça lui plaisait bien. La couleur de ses yeux ressortaient, ainsi que la blondeur de ses cheveux, d'un blond étincelant tombé sur ses épaules, atteignant le bas de son dos, presque, tant ils étaient longs. Mais elle les adorait et.. Henri les avait aimé, lui aussi. Elle donnait l'impression, à se regarder dans le reflet de son miroir, d'être une grosse rebelle, du haut de ses quatorze années. Mais en faite, ça lui faisait plus ou moins plaisir. Elle se moquait de l'image qu'elle pouvait bien envoyer chez les gens, se foutait de ce que l'on pouvait se mettre à penser d'elle, ça ne la touchait pas. Non, pas ici, pas à Poudlard. Certaines personnes étaient devenus importantes à ses yeux et c'était un point importants oui, mais ce n'était pas si simples que ça, pour autant et c'était là que tout pouvait devenir si compliqué à un moment. Pour le reste, évidemment, c'était une toute autre histoire et il était tout bonnement impossible de se prendre la tête. Il fallait se relever, et c'était justement ça le plus important, même si ce n'était pas toujours simple. M'enfin..

L'uniforme lui allait vraiment bien. Et c'était sans aucun doute parfait, et c'était, en plus, bien mieux comme ça. Celui de Beauxbâtons ne lui avait jamais plus d'ailleurs, pour tout dire. Donc bon il ne fallait pas lui en vouloir, non ? Enfin bref, tout ça pour dire que sa tenue était parfaite, et c'était sans aucun doute bien mieux comme ça, voilà. M'enfin bon, pour le reste, ce n'était pas si évident et c'était justement ça qui se trouvait être le plus complexe. Enfin bon, hors de question de se prendre la tête, ce n'était qu'une tenue et elle était obligatoire. Mais bon.. Si ça pouvait lui aller plutôt bien, ça ne pouvait qu'être parfait.

Enfin bref, hors de question de se prendre la tête, même si c'était loin d'être si facile, c'était justement ça qui se trouvait être le gros du soucis. Enfin bref ! Pour le reste, ce n'était pas important. C'était ça le soucis. Depuis qu'elle était à Poudlard, elle ne portait de réel intérêt à rien. Donc bon, ce n'était pas si simple. Enfin.. Voilà.

La jeune blonde avait un petit creux. Et pour ce qu'elle pouvait être en mesure de manger à table parfois, on ne pouvait pas lui en vouloir de vouloir passer aux cuisines pour demander aux elfes s'ils n'avaient pas un petit quelque chose pour elle. Elle ne demandait pas un gros repas non plus en plus, mais elle voulait quand même un petit quelque chose ! Même un bout de pain ! Quoi que, si le repas pouvait s'avérer bon, ça ne pourrait que changer la donne et c'était carrément important, il n'y avait pas le moindre doute à avoir. M'enfin bon, hors de question de se prendre la tête, même si ça pouvait arriver. Elle voulait manger, c'était la chose la plus importante !

Bizarre en tout cas, comme marque de salutation que ce « Cho » qui lui arriva aux oreilles. Oh, ce n'était pas non plus si bizarre et si désagréable que ça. Mais bon, ça lui allait plutôt pas mal, malgré tout ! Mais bon, ce n'était pas toujours si facile, justement, c'était ça le problème. Enfin bon, après, elle en concluait que c'était une forme de le saluer mais si ça se trouvait, ce n'était pas vraiment ça ? Il s'était peut être foutu de sa gueule ? Peut être que c'était une insulte anglaise ? Aucune idée ! « Ca veut dire salut en Angleterre ? Je croyais mon niveau à la hauteur... ». Oui bon, elle faisait encore des erreurs mais là vraiment, elle continuait d'avoir un doute !

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