Retrouvailles en fanfare (PV)

Laura avait envie de sortir, mais du coup, de sortir pour de bon. Pas seulement au coin de la rue qui menait chez sa tante, dans le bar du quartier, non, elle voulait aller loin, si possible en dehors de Londres au sein de laquelle la jeune femme commençait à sérieusement étouffer. Cette ville était grande, bien trop grande à son goût et l’air frais de la campagne ou de cités moins imposantes lui manquait, ainsi que des gens différents de ces Anglais de Londres à l’air si supérieur par rapport aux provinciaux, particulièrement quand il leur restait quelques traces d’accent comme c’était le cas pour l’Allemande.

Problème, pour cela, il lui fallait une coéquipière et surtout un moyen de transport, puisque l’endroit qu’elle visait ne se trouvait pas la porte à côté, mais bien à près de cinq heures de routes, au Pays de Galle dans les environs de Taliesin, ou du moins de ce qu’il en restait dans la mesure où professeurs comme élèves avaient déserté les lieux. Pour la première, ça n’était pas trop dur à trouver, Laura étant convaincue de pouvoir amener Rory à l’autre bout du monde pour peu qu’elle se montre persuasive, d’autant que les deux filles ne s’étaient pas beaucoup vues ces derniers temps, combien même l’Allemande était bloquée en Angleterre, et même à Londres.

Laura s’était donc renseignée et on avait finit par lui parler du moyen de transport le plus magique qui soit, d’autant plus que celui-ci n’était frappé d’aucune interdiction. Pas très confortable, certes, mais l’Allemande y survivrait. Ni une ni deux, elle avait saisit son téléphone – ou du moins celui de sa tante - et appelé sa meilleure amie :

- Prépares-toi pour sortir, je suis chez toi dans deux heures.

Et encore, Laura avait été sympa : elle voulait laisser le temps à Rory de comprendre ce qu’elle venait de raconter et son petit cerveau de Serdaigle d’enregistrer les informations « sortie » et « prépare-toi ». Bon, d’accord, malgré des échanges de lettres assez réguliers, la brune ne savait pas grand-chose de la vie de son amie depuis que celle-ci avait quitté Poudlard, mais après tout, c’était le moment ou jamais de se rattraper, n’est-ce pas ? L’Allemande n’allait pas rester pour toujours en Angleterre, du moins l’espérait-elle, alors autant faire ça maintenant. Deux heures plus tard, l’ancienne Gryffondor se trouvait effectivement en bas de l’immeuble de son ainée, le doigt sur la sonnette. Tout en attendant, elle espérait qu’on ne lui avait pas raconté n’importe quoi, sinon ce serait pire qu’une honte qu’elle se mangerait devant Rory. Ca n’était pas très grave dans la mesure où il s’agissait de sa meilleure amie, mais tout de même ! Lancer une telle invitation pour finalement se retrouver à aller dans un bar de Londres, aussi branché soit-il, c’était comme envoyer une lettre pour un collège minable sous le sceau de Poudlard. Au moins.

Son petit chez-elle prenait de plus en plus forme, et Rory n'était pas epu fière du résultat. Elle avait su arranger l'espace de façon à conserver le maximum de place possible. Dans un si petit endroit, ça n'était vraiment pas gagné d'avance. Les couleurs n'étaient ni trop vives, ni trop froides, même si dans un premier temps elle avait songé à faire tout son studio aux couleurs de son ancienne maison... Que voulez-vous? Poudlard un jour, Poudlard toujours! et surtout la maison à laquelle on a appartenu.

Dans un coin, à l'abri des regards moldus, la jeune sorcière avait conservé tous les ouvrages dont elle avait eu besoin au cours de sa scolarité. Autant dire tout de suite que ça faisait un sacré bon paquet, et qu'une seule étagère, aussi haute et large soit-elle , ne pouvait tous les contenir. C'est pourquoi, Rory les avait laissé dans les cartons. Ils étaient ainsi protéger de tout malencontreux contact avec un moldu, mais en plus, elle pouvait les feuilleter dès que le désir se faisait ressentir.

La jeune demoiselle était assisse dans son canapé à contempler sa baguette désormais inutile, lorsque le téléphone sonna. C'était sa meilleure amie qui ne prononça que très peu de mots avant de raccrocher. Rory en resta perplexe un moment, puis se leva, posa sa baguette et regarda le temps qu'il faisait. Si Laura débarquait ainsi c'était pour une bonne raison, alors autant être prévoyante! Elle mit donc les deux heures que son amie lui avait laissé à profit pour se refaire une beauté et préparé un "sac de survie". Bah oui, on sait jamais!

Mais bien avant les deux heures qu'elle était censé lui laisser, Laura arriva. Notre sorcière ouvrit à sa meilleure amie, elles s'étaient échangé plusieurs courriers, mais elle ne lui avait jamais fait visiter son nouveau chez elle. Alors, bien que ça ne soit pas le sujet du jour, la jeune femme prit cinq minutes pour lui faire faire le tour du propriétaire, même si elle voyait bien que son amie semblait avoir d'autres idées plus pressantes en tête.

Tout en remettant de l'eau fraiche à Choucroute, Rory demanda:
- Bon alors, où on va?
Le sourire ne quittait pas ses lèvres, car tant qu'il y avait sa meilleure amie, elles pouvaient bien aller se promener dans le pire village d'Angleterre, ça serait sympa quand même! En même temps, ça sert à ça les meilleurs amis!

Rory était prête, apparemment, puisqu’elle ne mit pas bien longtemps à répondre à Laura et à faire monter cette dernière dans son appartement qu’elle lui fit visiter. Bien que pressée de partir faire la fête, l’Allemande ne put retenir un sifflement d’admiration – pas tant pour la taille du lieu, elle-même n’ayant vécu que dans des maisons, que pour l’arrangement digne d’une adulte – ce qu’elles étaient toutes les deux, entendons-nous bien, mais pour Laura adulte signifiait comme vous l’aurez sans doute compris plus de trente ans, soit la vieillesse dont elle se sentait encore bien éloignée, elle qui avait à peine dix-sept ans (c’est-à-dire depuis près de quatre mois).

- Pas mal…Soudain, elle recula avec un air horrifié à moitié feint seulement sur le visage. Tu...tu as gardé tes livres ? Je veux dire, tu ne les as pas brûlés ou seulement vendus ? ]Evidemment, Laura n’espérait pas que Rory l’ait fait (elle-même en avait encore quelques uns datant de l’époque où elle étudiait au collège de magie), après tout, on ne se renie pas, mais quand même, tous les livres ! Si l’Allemande avait dû faire ses sept années (ou peut-être simplement cinq, aurait-elle vraiment tenu jusqu’aux ASPICs ?), il va sans dire qu’un immense feu de joie se serait profilé à sa sortie du château.

Enfin, les deux filles furent dehors. Laura ne répondit rien à la question de Rory, préférant les actes aux paroles : elle se contenta de lever solennellement sa baguette. Non, ne croyez pas qu’elle allait essayer de jeter un sort : non seulement la jeune femme savait que la magie avait disparu, mais en plus elle ne s’y serait pas risquée en pleine rue, d’autant plus en ayant une Serdaigle bien plus douée à ses côtés. C’est effectivement autre chose que l’Allemande avait en tête, et cette autre chose arrivait.

*BANG*

Un énorme bus violet arriva soudain en plein milieu de la rue, manquant d’écraser tout ce qu’il s’y trouvait, notamment une poubelle et un réverbère. Ainsi que les duex filles, si Laura prévenue n’avait pas pris la précaution de rester sur le pallier. Un jeune homme – lui aussi violet, du moins, son uniforme, sorti.

- Miss Thinkingen, c’est ça ?

Laura fit un signe de tête, leva les yeux au ciel et emmena Rory derrière elle, la prenant par la main pour lui donner du courage. Elle ne savait pas si son amie était déjà montée là-dedans, mais elle-même ne l’aurait jamais fait si personne ne l’y avait invitée – ou si elle n’avait pas été dans la plus grande nécessité de voyager assez loin. En passant, elle fourra un paquet de mornilles dans la main du contrôleur et fit un signe de tête au chauffeur en guise de salutation. La jeune femme ne desserra les lèvres que lorsqu’elles furent bien installées.

- Désolée de t’infliger ça, mais normalement on ne craint rien. Accroches-toi quand même, on ne sait jamais.

Elle ne croyait pas si bien dire : le bus partit dans un nouveau bang sonore pour arriver finalement à l’entrée d’un petit village, non loin d’un château qui ressemblait à Poudlard par certains aspects, mais qui en était tout de même bien différent.

- Et voilà mesdemoiselles, Aberdaron, Pays de Galles, annonça fièrement le contrôleur. Sans lui sourire, Laura descendit avec son amie. Maintenant, il n’y avait plus qu’à trouver le bar dont on lui avait parlé.

- Bien sûr que je les ai tous gardé! Que voulais-tu que je fasse d'autre, les brûler?

Rory savait que certaines personnes agissaient de la sorte avec leurs bouquins, et cela l'horrifiait. Comment pouvait-on donner une telle fin à des compagnons qui nous avaient suivis courageusement durant une année entière, voire plus. Les livres sont le prolongement de notre âme, on ne peut pas les éloigner comme ça, sans un petit sentiment. Et vu la réaction de son amie, la jeune fille jugea préférable de ne pas lui montrer la petite dédicace qu'arborait l'un de ces ouvrages. Elle avait été faite par le directeur de sa maison, et pour rien au monde, Rory ne se séparerait de celui-ci, ça non, il resterait toujours avec elle, car c'était un peu sept années d'études qui étaient résumés sur ces quelques lignes, et en plus c'était son professeur préféré, son mentor, son modèle qui l'avait écrit rien que pour elle!

Laura et notre sorcière se retrouvèrent rapidement au bas de l'immeuble, mais Rory ignorait toujours où elles allaient et comment. Elle allait reposé la question, surtout en voyant la jeune sorcière sortir sa baguette, lorsqu'un énorme bus surgit de nul part. La jeune fille craignait pour le voisinage, et l'état de la rue, mais surtout le voisinage, avec tous les moldus... Lorsqu'elle se souvint que la plupart des actes magiques n'étaient pas visible pour eux. Sa meilleure amie l'entraina à l'intérieur de l'engin violet, couleur que notre demoiselle déteste, mais passons... Elle n'était pas du tout rassurée, et le fut encore moins lorsque Laura lui dit de se tenir fermement, ce qu'elle fit sans rechigner.

Elle ne s'attendait vraiment pas à ça, et se tint partout où elle put, et comme elle put surtout. Le voyage fut assez court, mais quand même trop loin. Le coeur de la sorcière battait à tout rompre. Laura voulait les tuer ou quoi? C'était quoi ce machin, et où allaient-elles, bon sang! Elle attendit néanmoins d'avoir les pieds sur la terre ferme pour faire part de ses remarques à sa meilleure amie.

- C'était quoi ça? on est où?... Je crois que je vais vomir...

Rory était effectivement très pâle d'un seul coup, c'était évidemment les effets secondaires du bus. Déjà qu'elle était toujours sujette au mal des transports dans les autocars moldus, celui-ci n'allait certainement pas arranger son cas. Elle se trouva un arbre et s'appuya dessus pour reprendre ses esprits et surtout calmer son estomac qui semblait vouloir poursuivre seul les montagnes russes.

Quelques minutes suffirent à la jolie brune pour récupérer des couleurs et sa bonne humeur. Après tout, le temps était assez beau, et surtout ça faisait un moment qu'elles ne s'étaient pas vu Laura et elle. Il fallait vraiment rattraper le temps perdu. Comme elles avaient repris leur route, Rory osa une nouvelle fois:
- Tu vas me dire où on va exactement ou pas? avec un sourire assez enjoué,en fait, elle espérait que ça serait vraiment sympa, peut importe ce que c'était.

- Ca me semble évident,[/b][i] répondit Laura avec un petit sourire, n’en revenant toujours pas que Rory avait gardé tant de livres. Non que la jeune femme haïsse particulièrement les bouquins, même si lire ‘était pas son activité favorite, loin de là, mais il s’agissait de manuels ce qui signifiait, pour la jeune femme, un rappel constant de l’école qu’elle avait décidé de laisser loin derrière elle. Bref, il y avait là tout le fossé entre une Gryffondor et une Serdaigle, même si tous les lions n’étaient pas du genre à brûler leurs manuels à la fin de l’année scolaire et que tous étaient atteints plus ou moins durement par le conservatisme.

Après ce mini débat, les deux amies étaient donc retournées dans la rue où elles avaient prit le Magicobus appelé par Laura et que, visiblement, Rory avait eu un peu de mal à supporter. Bien que comprenant l’ancienne Serdaigle, ce fut avec un grand sourire que la brunette accueillit la question toute étonnée de son amie. Il est vrai que ce n’était pas tout à fait aussi confortable qu’un autobus moldu, alors si Rory était déjà malade normalement, ça n’avait pas dû être trop agréable.

- Ca ? C’était le Magicobus, répondit Laura avec une pointe de fierté. Il t’emmène où tu veux tant que c’est sur la terre ferme, même si j’ai eu du mal à expliquer au chauffeur où se trouvait Aberdaron. Pratique pour les longues distances. Oui, d’ailleurs, on est à Aberdaron au Pays de Galle. Près de l’école là, Taliesin. Ca va à aller ?

Un peu inquiète malgré tout, Laura s’approcha de Rory qui, vraiment, était très pâle. Bah, un peu à boire et elle serait de nouveau d’aplomb pour faire la fête, la jeune femme n’en doutait pas. Ce n’était pas un voyage en bus, aussi inconfortable soit-il, qui allait abattre son amie qui avait été joueuse de Quidditch. Enfin, l’ancienne Serdaigle fut prête à repartir et les deux jeunes femmes entrèrent donc dans le village.

- Comme ça fait un bout de temps que je traine ici, enfin, à Londres, je cherchais un nouveau bar, quelque chose d’un peu différent, j’ai un peu parlé, et on m’a conseillé ici. Je sais pas s’il y a beaucoup de monde vu que l’école à fermé, mais qui sait ? En tout cas, c’est sympa à ce qu’on m’a dit.

Encore fallait-il, cependant, que Laura trouve son chemin : le village avait beau ne pas être bien grand, toutes ces ruelles de nuit ça avait le don de la perdre quelque peu. Peut-être valait-il mieux rester sur la route principale ? C’est ce que choisit la petite sorcière – et avec succès puisqu’elle vit bientôt les lumières du 4Dream éclairant une large portion de la rue. Tirant son amie par la main, Laura se présenta au videur auquel elle tendit son passeport afin qu’il puisse vérifier qu’elles avaient l’âge requis. Enfin, elles furent à l’intérieur.

- Let’s go ! lança la jeune femme avec un grand sourire à son amie. Enfin la fête pouvait commencer.

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