Invité
Ξ Sujet: Débordement en vue ! [PV] Mer 5 Oct - 17:04 | |
| Contrairement à ses habitudes, Annagovia avait été plutôt discrète, au cours des semaines qui venaient de s’écouler. En réalité, depuis la fameuse sortie nocturne en compagnie de Nina et de deux autres élèves trop mordus de vol en balai pour accepter facilement les nouvelles règles du jeu imposées par l’administration, la rouquine s’était montrée extrêmement sage, à tel point, d’ailleurs, que ses camarades de dortoir en étaient venues à la croire malade ou déprimée. Ce n’était pourtant pas le cas : simplement, la jeune Poufsouffle avait trop de choses en tête à l’heure actuelle pour encore trouver le temps de planifier de potentielles bêtises… Et puis, il fallait bien reconnaître que se livrer à ce genre d’activités sans son habituel comparse, que sa dignité de préfet rendait plus ou moins inaccessible ces derniers temps, était beaucoup moins amusant. Certes, son petit doigt lui disait que si elle savait faire montre d’un minimum de conviction, elle pourrait probablement substituer Roman par Marius, qui lui semblait être un joyeux drille. Toutefois, elle ne parvenait pas à s’empêcher de penser que faire de Marius son nouvel associé du crime serait, non seulement profondément déloyal envers Roman, mais également très hypocrite à l’égard de Marius. Aussi s’était-elle abstenue.
De toute façon, elle n’avait pas réellement le temps de s’ennuyer, entre la somme considérable de devoirs théoriques qui continuaient à leur tomber dessus tous les jours, pour pallier à l’absence de toute pratique dans la plupart des cours. A chaque nouvelle annonce de dissertation, Anna se prenait à souhaiter vivement (mais avec de moins en moins d’espoir) que tout rentre dans l’ordre très vite : elle commençait sérieusement à avoir envie d’aller se noyer dans la cuvette des toilettes à force de laisser sa baguette prendre la poussière, et elle avait d’ores et déjà explosé son budget fournitures scolaires en bouteille d’encre et feuilles de parchemin… D’ailleurs à ce sujet…
- Oh non !
L’exclamation scandalisée de la jeune fille retentit à travers la salle commune déserte. La nuit était déjà bien avancée, et tous ses camarades étaient montés se coucher à moins qu’ils ne rôdent dans les couloirs ?, mais Annagovia avait décidé de se débarrasser de son long devoir de métamorphose dès le début du week-end, afin de profiter pleinement de la sortie à Pré-au-Lard prévue le lendemain. Malheureusement, la fatigue aidant, elle venait, dans un geste trop brusque, juste reflet de sa maladresse naturelle, de renverser son ultime bouteille d’encre noire qui déversait à présent son contenu sur la table, dans un « bloupbloup » pathétique… Et accessoirement, sur toute une partie de sa copie. Annagovia pinça les lèvres d’un air mécontent, et releva l’encrier, désormais vide, qu’elle remit sèchement d’aplomb avant de pousser un profond soupir.
- Non mais quelle débile… maugréa-t-elle entre ses dents, en contemplant l’étendue du désastre d’un œil sombre : toute son introduction – sur laquelle elle avait, soit dit en passant, sué sang et eau et dont elle était très fière – était foutu… Ce qui signifiait qu’elle n’avait plus qu’à tout recommencer, car elle doutait fortement que leur irascible professeur de métamorphose acceptât un parchemin barbouillé d’encre. La rouquine esquissa une moue dépitée et se renversa sur sa chaise, visiblement découragée : c’était bien la peine d’être restée éveillée après tout le monde si, au bout du compte, tous ses efforts étaient réduits à néant à cause d’un stupide faux mouvement ! Elle ne se sentait absolument pas le courage de tout réécrire, et, d’ailleurs, même si elle l’avait voulu, elle n’avait plus d’encre pour le faire : conclusion, c’était un beau gâchis, et une sacrée perte de temps.
Annagovia n’en sortit cependant pas moins un mouchoir de sa poche pour tenter d’éponger un peu la marée noire les dégâts, des fois que quelqu’un l’accusât, par-dessus le marché, de dégrader le matériel de l’école. Malheureusement, le petit morceau de tissu n’était pas de taille à lutter et il se retrouva rapidement totalement imbibé… Tout comme une des manches de la chemise d’uniforme de la jeune fille. Dégoûtée, cette dernière jeta rageusement son mouchoir dans la cheminée enfumant ainsi la pièce, et se mordit la lèvre pour s’empêcher de pleurer comme une idiote. Elle avait bien conscience que son désespoir était risible, et ses nerfs sérieusement attaqués par la fatigue, mais il n’en restait pas moins qu’elle en avait assez de devoir vivre comme une moldue à Poudlard. Elle venait d’une famille de moldus, bon sang ! Elle n’avait aucune envie d’être obligée de capituler devant une grosse tache d’encre lorsqu’elle était en terre magique ! Six mois auparavant seulement, il aurait suffi de lancer nonchalamment un « recurvite » pour régler le problème, et voilà qu’à présent, elle en était rendue à retenir ses larmes devant son parchemin souillé. Tout ceci était franchement pathétique.
(797 mots) FLEUR |
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