[THEME] Etouffent un peu plus les cris d'amour...

Tout était terminé… Et franchement… Alix le vivait extrêmement mal. Elle avait tout donné à Axel. Tout. Elle croyait que ça durerait pour la vie…Elle le pensait vraiment ! C’était obligé, ils étaient faits l’un pour l’autre ! le courant passait tellement bien entre eux… mais tout s’était effondré, sans qu’elle ne voit rien arriver… Et le pire, c’était la raison ! C’était tellement ridicule, que ce n’était forcément pas une raison sérieuse, du point de vue d’Alix… Axel prétendait qu’elle était trop intime avec Camille, comme si elle allait le tromper avec son meilleur ami ! Non mais il était trop stupide ! Comme si Alix pouvait gober une excuse pareille. C’était tellement énorme que c’en devenait ridicule… (bon ok, mieux vaut ne pas le dire comme ça, tout cru à Camille… hein !). Aussi, pour Alix, il s’était seulement servi de Camille comme d’un prétexte parce qu’il ne voulait plus d’elle… Elle ne comprenait pas pourquoi, elle ne comprenait pas ce qui avait pu traverser l’esprit du sorcier, mais c’était comme ça… Il ne voulait rien entendre, rien admettre. Il était juste froid, méchant et cruellement distant…

Le cœur d’Alix était brisé.

La jeune fille vivait dans son univers, toute seule, recluse dans son petit monde isolé de tout… Elle n’allait plus en cours, elle se fichait pas mal des réprimandes, et des interpellations des enseignants. De toute façon, elle n’allait pas manger non plus. C’était trop d’efforts que de quitter son lit et d’affronter tous ces regards… Le pire étant tout naturellement le sien. Elle avait peur. Elle était seule, et elle se sentait terriblement mal. Axel n’avait-il pas conscience du statut qu’il occupait ??? Il était tellement plus que ‘tout’ pour Alix ! Quand elle accordait sa confiance ainsi, rien ne pouvait la faire changer d’avis… Rien. Sauf, bien sur… Ca. Etre abandonnée comme ça… ca l’avait brisée. Dans tous les sens du terme…

Trois jours passés après la rupture, Alix se levait enfin. Ses yeux étaient encore rouges à cause des larmes versées, son visage décomposé, et elle avait perdu quelques kilos, à force de ne rien avaler. Elle se sentait nauséeuse, et vraiment patraque… Elle n’avait toujours pas faim, son estomac était atrocement noué… Et si elle avalait quoique ce soit, elle était persuadée qu’elle le vomirait… Elle avait bien avalé deux trois trucs, mais à chaque bouchée, elle devait fournir un effort surhumain, aussi n’avait-elle pas vraiment fait des folies nutritives ces derniers jours.

Quand Alix se leva, il était 17h, et nous étions un dimanche. Les étudiants profitaient du soleil amené par le mois de mai… tandis qu’elle, elle se traînait dans la salle de bain, toute déconfite et fatiguée à l’extrême. Arrivée à destination, elle verrouilla la porte et se laissa choir par terre, sa baguette magique, inutilisable, en main. Elle observait le bois de son arme qui ne lui était plus d’aucune utilité. Elle la basculait tout doucement, d’une main à l’autre, observant le bois terne et mort… Tout était en train de mourir autour d’elle… Et elle se sentait plus perdue que jamais. Rien n’avait de sens. Les larmes lui montant de nouveau aux yeux, elle jeta sa baguette avec rage (mais peu de forces) contre le mur, devant elle. Et l’inattendu se produisit alors…

Une gerbe d’étincelles qui n’avait pas lieu d’être jailli de la baguette alors que cette dernière rebondissait contre le mur. Stupéfaite, Alix mit quelques secondes à remarquer que ça avait mis le feu à ses cheveux et, tout à coup, elle se jeta sur sa baguette et chuchota le sort d’eau… mais trop tard pour sauver intégralement ses cheveux… Elle n’en croyait pas ses yeux… la magie était là… depuis quand ? Elle n’avait rien pu remarquer, avec ses absences de ces derniers jours en classe. Peut-être que tout le château était au courant ??? Elle finit par délaisser sa baguette pour oser regarder le massacre capillaire… ses pointes étaient carbonisées… Les cheveux, ça brûle pas trop mal, en fait… c’est plutôt bon à savoir… depuis combien d’année, la jeune fille n’avait-elle pas voulu couper plus de quelques centimètres de cheveux ??? Elle ne les comptait plus. Mais visiblement, il était venu le temps de changer toutes les habitudes. Plus d’amour, retour d’une magie inattendue… Coupe de cheveux. Sauf que pour se le faire soi-même… Elle grimaça… prenant une paire de ciseaux, elle coupa ce qui était abîmé… Mais ce n’était pas droit, c’était nul… Elle grimaça. Il ne lui restait qu’un seul espoir.

Se douchant alors, elle se lava les cheveux (on dit toujours que c’est mieux avec les cheveux mouillés !) et elle partit retrouver son meilleur ami. Lui seul pouvait avoir toute sa confiance, actuellement. Et elle avait besoin d’aide, là, c’était évident. Elle quitta son dortoir en pyjama (normal à 17h un dimanche !) et pria tout ce qu’elle pouvait pour que Camille soit dans son dortoir (sinon comment le retrouver ??? Surtout qu’elle ne voulait voir personne !). Elle entra sans frapper (mauvaise habitude qu’elle avait depuis toujours). Et trouva son meilleur ami… sauvée !

« Camille… »

Le simple fait de le voir lui donner envie de pleurer soudainement. Et quelle figure incarnait-elle actuellement !!! Les cheveux trempés, dégoulinants, en pyjama (pantalon et haut tout déformé), la voix rauque à force de s’être tu ces derniers jours, les yeux rouges et l’air tout déconfit, sans oublier un visage un peu amaigri… Elle n’était pas très belle à voir. Et si l’on s’attardait sur ses cheveux, c’était l’apocalypse. Ciseaux dans une main, baguette dans l’autre, elle souffla, tout en sanglotant :

« La magie est revenue… mais j’ai fait une bêtise… Je savais pas… Et elle a pas aimé que je la jette… j’ai mis le feu… J’ai voulu… voulu rattraper mais c’est encore pire… Je sais pas quoi… quoi faire… »

Et voilà qu’elle pleurait devant lui, maintenant… Elle se sentait vraiment toute petite, insignifiante, à côté de lui… Pourquoi est-ce qu’il avait gagné tant de maturité, alors qu’elle, elle avait le sentiment constant d’être une gamine débile ??? C’était trop pas juste !



[1 016]

Voilà plusieurs jours que Alix était enfermée dans sa chambre. D'après les rumeurs – et pour une fois, Camille les avait écoutées – Axel l'aurait quittée. Il avait toujours pensé que ce type finirait par lui faire du mal, il ne s'était pas trompé mais ne s'en réjouissait pas. Bien sûr, il n'était pas mécontent qu'elle soit désormais célibataire, mais à quoi bon si elle se faisait autant de mal ? Elle n'avait rien avalé depuis des jours malgré les professeurs et les autres étudiantes... Peut-être qu'en sa qualité de meilleur ami, il aurait été capable de la faire se lever pour, au moins, manger quelque chose, il aurait même fait une partie de ses devoirs à sa place pour qu'elle se fasse moins grondée (avec du mal, mais bon, Alix ne brillant pas par ses bonnes notes, ça ne se serait sûrement pas remarqué), le problème c'est qu'il était un garçon et que si les filles pouvaient aller et venir dans les deux dortoirs, l'inverse n'était pas vrai, même pas pour lui qui était préfet de la maison.

Ruminant cette situation parfaitement intolérable à ses yeux, Camille était à l'heure actuelle dans son dortoir en train d'attendre que ce long dimanche se termine. Il avait envie d'être en cours tant, sans Alix, il se sentait désœuvré ! Tout à son manque de motivation et à moitié somnolent, il sursauta lorsqu'on entra dans sa chambre, mais sa surprise augmenta quand il vit se profiler, allant à sa rencontre, une Alix dans un état pitoyable ! Amaigrie, les yeux rouges et, surtout, les cheveux coupés n'importe comment, elle était dans un état encore pire que tout ce qu'il avait imaginé.

« Alix. » Murmura-t-il la gorge nouée. Si la rumeur de la rupture d'Alix avec Axel était parvenue à ses oreilles, celle de la raison de cette rupture ne lui était guère plus étrangère. On disait que c'était parce qu'elle sortait en même temps avec lui, Camille, que le septième année avait quitté la jolie lionne. Sérieusement, si cela n'avait pas été aussi pathétique, il en aurait rigolé. Comme si c'était son genre à lui de partager quoi... Il se savait désespéré, mais pas à ce point là, et c'était aussi très mal connaître Alix, bien plus honnête que ça. Comme quoi, Axel n'avait jamais rien compris à Alix. Cette idée réconforta un peu Camille qui se reprit en main de façon à gérer la situation avec son habituel sens de la maîtrise et les chevilles, ça va, merci.

« Oui, je sais pour la magie. » Qui n'était pas au courant dans le château à part Alix ? Personne à priori, c'était un truc bien trop énorme pour passer inaperçu ! Il comprit, même s'il n'était pas sûr, que c'était la magie qui avait mis ses cheveux dans cet état. Mais qui était « elle » ?

« C'est quelqu'un qui a fait ça à tes cheveux ? Tu as balancé quelqu'un contre le mur ? » Avec Alix, il ne fallait mettre de côté aucune possibilité et, à sa décharge, il n'était pas bien clair lui non plus, tant il était surpris à la fois de l'état de sa meilleure amie, mais aussi de la voir. A croire qu'il commençait à désespérer ! Il faut dire qu'il avait même pensé se déguiser en fille dans l'espoir de tromper la vigilance du sortilège... (mais il ne ferait pas une fille très crédible donc il avait laissé tomber)

Après quelques secondes, il décida que comprendre exactement ce qui s'était passé pouvait attendre. Il prit Alix dans ses bras et la serra contre lui avec douceur pour calmer ses pleurs, de la manière dont il le faisait à chaque fois que c'était nécessaire. Il était tout à son honneur qu'il n'avait absolument aucune mauvaise pensée d'aucune sorte, même pas par rapport à son célibat.

« Ne t'inquiète pas ma puce, ça va s'arranger... je vais m'occuper de tes cheveux et tu vas rester un peu avec moi, d'accord ? » Elle semblait bien trop fragile. Il se dit qu'il faudrait du chocolat chaud, mais comment s'en procurer ? Il avait du chocolat... Hum... Une idée lui vint, mais il remit cet étape à quand Alix se serait un peu calmer et qu'il pourrait la lâcher et la faire s'asseoir sans risquer qu'elle ne lui claque entre les doigts !

Ben peut-être bien qu’il savait, mais elle non !!! Bon si, maintenant oui, mais avant non !!! Et elle aurait bien aimé le savoir avant d’incendier ses cheveux sans le faire exprès quand même… Fichue semaine de m*rde tiens ! Si elle avait su, elle n’aurait pas… pas quoi, tiens, d’ailleurs ? Elle ne serait pas tombée amoureuse d’Axel ? Elle n’aurait pas été la meilleure amie de Camille ? Elle n’aurait pas… pas… Oh mais non, c’était trop débile de penser à ce genre de choses maintenant !!! C’était fichu, mort, KO, triple zéro doublé d’un quadruple Troll pour la peine… Même si elle avait pu voir tout ça dans l’avenir, elle serait quand même devenue amie avec Camille et elle n’aurait pas pu résister à Axel… Tout simplement parce qu’elle ne savait pas se mentir. Elle avait trop besoin d’aimer, juste quelques personnes… c’était vital… Et n’était-ce pas le cas de tout le monde, de toute façon ? N’avait-on pas tous besoin d’aimer et d’être aimé ??? Du point de vue d’Alix personne ne pouvait prétendre le contraire. Personne. C’était inscrit dans le code génétique. La nature humaine voulait que l’on aime et que l’on soit aimé… Quitte à en payer le prix, un jour ou l’autre… Car on finit toujours par le payer. C’est comme ça.

En revanche, si Alix avait pu le voir dans l’avenir, elle n’aurait sûrement pas jeté sa baguette comme ça… Elle aurait jeté autre chose, bien sûr, mais elle se serait abstenue de maltraiter la baguette qui l’avait choisie, à présent, elle le sentait bien, entre ses mains… Elle était plutôt contrariée (la baguette, pas Alix, hein… Alix se contente d’être malheureuse, désappointée et déboussolée. Le rôle de la contrariété ne lui sied pas encore ! Chaque chose en son temps.). Hoquetant d’agacement et de lassitude, alors que Camille ne comprenait rien (comme si Alix n’avait pas été claire, franchement *sort loin, très loin, même…*) :

« Mais… mais nooon ! »

Elle n’était pas capable de lever la voix, de toute façon, elle avait un nœud bien trop imposant au ventre et au cœur pour cela… Elle reprit donc, sans toujours être très claire (tant pis, il avait qu’à acheter un décodeur !) :

« C’est elle ! »

Elle agitait sa baguette qui crachait à présent de vilaines étincelles noires et rouges dans les airs… Oui, la baguette était très contrariée. Jetant un regard noir à cette dernière, Alix reprit :

« Oui ben t’avais qu’à marcher avant toi aussi ! »

Puis regardant de nouveau Camille, elle reprit plus calmement (du moins sans trop sangloter) :

« C’est ma baguette que j’ai jeté… je pouvais pas deviner qu’elle avait enfin décidé de remarcher moi ! »

Oui, bon si elle avait été en cours, elle aurait pu le savoir, mais elle n’y est pas allée et voilà le résultat, point barre… Si on était là pour le lui rappeler sans arrêt, elle allait repartir !

« Elle s’est fâchée, enfin… j’imagine, et mes cheveux ont pris feu… J’ai pas trop compris, sur le coup… »

C’est pas tous les jours qu’on s’enflamme au sens propre quand même… Les bras de Camille, son calme légendaire… Tout ça apaisait grandement Alix… Elle n’avait sûrement jamais autant eu besoin de lui, et elle avait pourtant décidé délibérément de se mettre hors de sa portée ces derniers jours… Elle s’en voulait, mais une part d’elle avait ardemment détesté Camille suite à sa rupture… pensant que si elle n’avait pas été aussi proche de lui, elle aurait peut-être encore eu son Axel… Son cœur à elle… Ceci étant, cette part d’elle-même se taisait face à celle, plus puissante et plus censée, qui lui crachait dessus et la faisait taire à coup de poings. Camille était cent fois plus précieux qu’Axel. Parce qu’Alix savait que lui, elle ne pourrait jamais le perdre. Tout simplement parce qu’il était son meilleur ami, et qu’un meilleur ami… Ca ne se rencontre qu’une seule fois dans une vie. Pas vrai ?

Trouvant que c’était le moment, Alix souffla, en hoquetant derechef (le mentionner était toujours douloureux) :

« Il m’a abandonnée… J’arrive toujours pas à comprendre… J’ai rien fait de mal… Rien du tout… Je te le jure… j’ai rien fait… Mais il est plus là… Et… Et moi… je suis plus rien. »

C’était son sentiment, en tout cas. Elle n’avait plus martin, elle n’avait plus Axel. Il ne lui restait que Camille et encore, pour combien de temps ?? Tout à coup, ses idées précédentes sur l’éternité de leur relation se brisèrent… pourquoi sa relation avec Camille serait-elle différente de celle avec son jumeau ou de celle avec Axel ??? Epouvantée, elle s’étouffa dans sa douleur :

« Je les ai tous perdu… Tous… J’veux pas que tu partes toi aussi… Je t’en prie… »

Par Merlin, si Camille s’en allait aussi… Elle pleura de nouveau, sans parvenir à s’arrêter. Pourquoi est-ce que le destin était-il si cruel avec elle ??? Il lui arrachait tout ! Absolument tout !!! Ses parents, son frère, son amour… Logiquement, il restait encore Camille, à éliminer, et elle ne serait définitivement plus rien, ni personne… La magie était peut-être revenue, mais très franchement, là, Alix aurait bien préféré qu’elle reparte comme elle était venue (et précédemment partie) pour retrouver son frère, son petit ami qu’elle aimait tant… Pour ses parents, c’était différent. Si ça avait mis du temps, Alix s’y était finalement ‘faîte’… Elle s’était rabattue sur Martin, d’avantage encore, laissant la douleur loin d’elle, et repoussant le restant de sa famille. Mais son frère et Axel étaient irremplaçables, eux…

« Pourquoi c’est si dur ? »

Tout était dur… la vie, l’amour, la mort… Il n’y avait rien de calme, rien de facile et de paisible… Tout au contraire ! Et c’était fatiguant, terriblement fatiguant. Elle se sentait usé jusqu’à la moelle et aurait accepté très volontiers la visite d’un esprit envoyé par la mort pour l’emporter avec lui. Elle n’avait plus le sentiment d’être vraiment retenue ici… Mise à part par Camille…


[1 013]

Ah bon ? Elle n'avait tapé personne ? A la limite, il aurait préférait, parce que cela voulait dire qu'elle aurait eu assez de force pour se rebeller contre son sort. Bon, tant pis, visiblement Alix la battante était loin derrière cette masse de cheveux mal coupés... Non que cela l'inquiète vraiment, maintenant qu'elle était avec lui, il allait prendre soin d'elle, foi de Camille, il ne laisserait pas sa meilleure amie dans cet état ! Maintenant, il n'était quand même pas coiffeur, il se demandait s'il arriverait à faire quelque chose de potable... Bah, au moins, il verrait ce qu'il faisait, contrairement à Alix quand elle avait coupé dans le tas, c'était toujours ça de pris. Et tandis qu'il se demandait comment il allait faire pour arranger la coiffure de la jeune lionne, celle-ci lui expliquait en agitant sa baguette que c'était « elle » la responsable de ce massacre.

« Houla, houla ! Alix, ma puce, laisse cette chose tranquille, ne la secoue pas comme ça ! Mon uniforme est tout neuf, j'aimerais vraiment qu'il ne brûle pas ! » Malgré ces propos un tantinet sarcastique, il souriait avec douceur à son amie. Il comprenait maintenant, Alix ignorant que la magie était revenue avait simplement fait une manipulation maladroite de sa baguette.

« Laisse la tranquille pour l'instant, on la montrera à un professeur pour qu'il regarde pourquoi elle fait des étincelles comme ça. » Il garda Alix dans ses bras par la suite, lui frottant le dos avec le pouce. Elle tenait parfaitement dans ses bras tant elle était petite et lui... et bien, en pleine croissance. Il n'arrêtait pas de grandir, d'où le nouvel uniforme, même si, comme il avait passé l'après midi enfermé tout seul dans le dortoir, sa chemise était fripée et passée par-dessus son pantalon.

« Je sais Alix... ce n'est pas ta faute... je ne l'ai jamais pensé, pas une seule seconde... par contre j'ai pensé à le faire... payer... mais... je ne l'ai pas fait... ça... ça ne t'aiderait pas, pas vrai ? Parce que si... si tu veux... je peux encore le faire... il suffit... que tu me demandes... et je lui fais avaler ses dents à ce type. » L'élocution de Camille était devenue un peu moins assurée, il savait que Alix était au plus mal, et ça lui faisait mal pour elle. Son premier instinct avait été la vengeance, et il ne l'avait pas fait. En parti parce que, comme il l'avait dit, il ne pensait pas que ce soit ce qu'elle souhaite, et qu'il ne voulait pas ajouter à sa peine, mais aussi en parti parce qu'il pensait que cela serait un peu hypocrite vu qu'au fond, il n'était pas complètement mécontent qu'Axel ait montré son vrai visage de salaud à Alix. Elle méritait mieux (lui, quoi, même si elle n'en avait pas conscience). En tout cas, si ça pouvait l'aider, il suffisait qu'elle le demande, et il allait réellement péter les dents d'Axel, il était peut-être moins fort à la bagarre, mais il y a plein de façon de prendre quelqu'un dans un piège pour lui faire mal, se battre à la loyale n'est pas une obligation en-dehors d'un duel officiel, et ce mec ne méritait pas qu'il fasse cet effort.

Lorsque Alix commença à paniquer, il la serra plus fort contre lui, pour lui faire sentir sa présence, pour la rassurer. Il était là, il ne comptait pas partir, il le lui avait déjà dit, une fois, dans les couloirs, lorsqu'il avait du quitter Ella. Elle craignait qu'il s'en aille, c'était idiot... si elle savait comme il l'aimait ! Elle s'inquiétait pour rien, surtout qu'il avait une grande force de caractère et beaucoup de patience, donc il pouvait attendre qu'elle réalise qu'il ne partirait pas, et mieux que ça, qu'il était le seul qui la comprenait vraiment.

« Tu n'as pas à t'inquiéter... Je suis ton meilleur ami, je serais toujours là... Je ne partirais nul part... » D'ailleurs, si on y réfléchissait, c'était plutôt elle qui allait partir hein, puisqu'elle avait deux ans de plus que lui, elle allait quitter l'école en premier. Il se garda bien de le lui faire remarquer cependant, ce n'était pas le moment, et il détestait qu'on lui rappelle qu'il était plus jeune. C'était une erreur de la nature que lui soit plus jeune quAlix alors que niveau maturité (et niveau modestie hein, aussi, ça se voit) il était tellement plus vieux ! Enfin, en tout cas, il était mature pour un adolescent, et Alix en était encore une aussi, alors forcément... Mais il avait la sensation de s'éloigner du sujet et aussi qu'ils étaient en train de s'enfoncer, il fallait absolument s'occuper de ses cheveux, sinon, elle allait attraper froid, parce qu'ils étaient encore mouillés après sa douche !

« C'est dur... et ça fait mal, mais, tu sais, sans souffrance, il n'y a pas de bonheur non plus. Mais ce n'est pas grave si pour l'instant tu pleures, ça va te faire du bien, et, tu vois ? Je te tiens, tu peux faiblir, je ne te laisserais pas tomber... mais laisse moi te sécher les cheveux, tu vas attraper froid en plus du reste si tu restes comme ça. » Et il parlait de son nouvel uniforme tout à l'heure, et bien, depuis qu'il l'avait prise dans ses bras, il était dans un piteux état, parce que entre les cheveux dégoulinants et les larmes, sa chemise faisait pâle figure. Enfin, les chemises, il en avait quelques unes, tant que la veste et le pantalon en sortait vivants hein... Façon de parler, puisqu'il ne s'agissait pas d'êtres vivants hein !

« Et il faut que j'arrange tes cheveux, et que je te fasse un chocolat chaud... et surtout que tu restes avec moi. Ça a du être très dur, toute seule, ces derniers jours... » Il desserra son étreinte et la lâcha d'un bras pour attraper une couverture, à défaut d'une serviette, pour l'en entourer, mais il gardait toujours le contact physique, après tout, il avait promis de la rattraper si elle faiblissait, et il n'aurait pas trouvé plus étonnant que ça, vu son état, qu'elle se mette à avoir les jambes qui flageolent !

Boudeuse, Alix lâcha carrément sa baguette par terre. Ce n’était pas qu’elle était contrariée… Mais si en fait ! De dernières étincelles, puis la baguette demeura immobile et ‘innocente’ étalée là, à même le sol, dans le dortoir des garçons de 4ème année de gryffondor. Tout à coup, Alix se sentait vidée. Le désarroi qui l’avait assommée quotidiennement revenait reprendre sa place, laissant la poussée d’adrénaline venue avec la frayeur du feu s’enfuir brutalement, tandis que le monde redevenait sombre et chaotique. Enfin, peut-être pas ‘le monde’ à proprement parler, mais bien la vision de la jeune femme. Tout était si… dur ! C’est alors que la sorcière lâcha avec un certain agacement :

« Et je ne suis pas ta puce. »

Elle en avait marre de se sentir si nulle, ni pathétique, si petite (dans tous les sens du termes ! Physiquement comme psychologiquement…). Tout le monde valait tellement plus qu’elle !!! Et Camille était si loin devant. Ces propos, s’ils semblaient durs, étaient surtout amenés par de la lassitude et un certain écoeurement éprouvé comme elle-même. Certainement pas contre Camille. Alix ne comprenait pas pourquoi il était aussi gentil avec elle, alors qu’elle était une attardée totale à ses côtés. Et ce simple fait énervait la Lionne qui se sentait dépassée dans absolument tous les domaines. Elle était bête, elle n’était pas très brillante, elle était plutôt lente à la compréhension… et pour couronner le tout, elle arrivait à s’incendier les cheveux avec sa baguette magique ! Toute seule comme une grande… Bref, elle avait terriblement honte de son comportement… si… immature, finalement, à côté de son cadet. C’était juste dégueulasse. Pourquoi il avait tout et elle rien, d’abord ? Elle regrettait d’être venue, tout à coup. Elle aurait mieux fait de se jeter par la fenêtre, elle n’aurait pas manqué à grand monde, de toute façon… Et ce n’était pas comme si elle était irremplaçable…

Perdue dans ce genre de pensées, la lionne n’avait plous rien ajouté après sa remarque froide et agacée. On voyait dans son comportement qu’elle était perdue dans ses pensées. Le regard vide, parfois fâché, d’autres fois désolé, elle ne savait plus que penser, et si elle n’en n’avait pas la moindre conscience, c’était visible. Baissant finalement son regard sur la baguette qui gisait à terre, la lionne eut une pulsion de rage. Foutue magie à la noix, tiens !!! Fallait vraiment qu’on lui gâche sa vie de A à Z sinon ce n’était pas drôle !!! Bien sûr !!! Incendiant du regard le bout de bois inerte, elle sentait son pouls s’accélérer, et la colère croître. C’était stupide, de s’énerver pour rien, comme ça, là. Mais c’était son seul moyen d’autodéfense…

Finalement, Alix murmura :

« Pardon… »

Elle savait que son ton avait été froid, méchant, mordant… mais elle était tellement fatiguée… Et c’était sorti tout seul. La jalousie la dévorait et c’était un sentiment atroce… Elle avait mal au cœur, elle détestait tout, surtout elle, à vrai dire… Elle n’avait jamais autant détesté quelqu’un qu’elle-même actuellement… Et c’était terriblement douloureux. Doucement, elle ajouta :

« Si seulement tu savais comme je me déteste… »

Quant à ce que Camille lui annonça, concernant ses propres intentions, initiales, vis-à-vis d’Axel, Alix se remit à pleurer à chaudes larmes (quand il n’y en a plus, il y en a encore !). Douloureusement, elle couina :

« Axeeeel… »

Reniflant, tout en s’étouffant dans ses sanglots, elle hoqueta :

« Moi je veux juste le retrouver… J’aimerais… j’aimerais que tout ça ne se… ne se soit jamais passé… Mais… mais c’est trop tard… C’est trop tard… Pourtant… ça change rien… je l’aime tellement… Tellement ! »

Et Camilela avit beau la rassurer, Alix savait que ce n’était pas possible… Que tôt ou tard, leur relation à eux aussi s’achèverait… Brutalement, ou progressivement, là n’était pas la question.

« C’est pas vrai. »

Elle se calma quelque peu, et plongea son regard dans celui de Camille (magnifique, ya vraiment aucune justice, il a tout pour lui et elle, elle n’a rien du tout, c’est abusé !!!) :

« C’est pas vrai ça Camille. Parce que un jour, tu vas tomber amoureux, toi aussi… Et puis tu vas t’éloigner de moi… Sinon, elle va rompre, elle aussi… Parce qu’on est trop proches. C’est pour ça qu’Axel il m’a abandonnée… »

Quant au bonheur et à la souffrance… Moui… Alix grimaça, fatiguée. Elle préféra ne pas répondre, parce qu’elle n’était pas du tout d’humeur philosophique et que disserter sur le bonheur et l’utilité de la souffrance en ce bas monde l’épuisait avant même de débuter.

« Tu crois que tu pourras arranger ça ? »

Elle montra ses pointes mal coupées. Elle allait avoir les cheveux courts, ça faisait plus de 10 ans que ça ne lui était pas arrivé !!! Elle qui avait toujours eu les cheveux longs… ceci di, ça lui permettrait de se regarder sans penser à Axel peut-être ? Non, aucun rapport, elle se sentait vraiment trop c*nne à penser à Axel pendant un problème d’ordre capillaire. Quant à l’offre de Camille… c’était adorable, mais bon…

« Je préfère ne rien avaler, sinon je vais tout vomir, et ce serait pas très gentil de ma part de rendre quelque chose que tu as préparé exprès pour moi… dans ta chambre. »

Finalement, elle se laissa glisser par terre, à côté de sa baguette pour s’y assoire. Elle en avait marre… Ce serait elle, elle s’endormirait ici, par terre, mais Camille ne partagerait pas con avis à tous les coups, aussi gardait-elle les yeux ouverts et luttait-elle pour ne pas s’allonger :

« Je suis fatiguée… »

Et pas seulement envie de dormir, mais épuisée aussi psychologiquement… Certes, le physique jouait, mais elle n’avait plus goût en rien… ET tout lui faisait peur. Surtout ses camarades. Elle tremblait de peur à l’idée de croiser qui que ce soit. Camille était sa seule bouée de sauvetage. Le seul qu’elle ne craigne pas encore. Mais pour combien de temps ? Reprenant sa baguette dans sa main tremblante, elle soupira :

« Dire que la magie est revenue… j’ai même pas l’impression d’être contente… »


[1 029]

Elle n'était pas sa puce ? Bah... zéro importance. Camille n'avait jamais porté grande importance aux réflexions des autres, et il n'allait pas se sentir blessé par des propos de ce genre, surtout quand elle était dans cet état. Encore une fois, il misa sur le pragmatisme et la maturité plus que sur l'émotivité. Il ne fallait pas fléchir, cela serait impardonnable de sa part alors qu'elle avait besoin de lui... rectification : besoin de quelqu'un. Sauf qu'il était le seul disponible pour l'instant. D'après Alix (mais il pensait bien que c'était faux) il était même le seul à être disponible tout court.

Par la suite, elle s'excusa, mais comme il ne lui en voulait pas, ce n'était pas la peine. Il comprenait qu'on puisse dire des choses sous l'effet de la colère qu'on ne pense pas vraiment. Il adorait Alix, il en était amoureux même, alors il pouvait bien lui passer quelques mouvements d'humeur. Il ne voulait pas la froisser en l'appelant « ma puce », c'était affectueux de son point de vu, et habituellement cela la faisait rire d'être plus petite que lui, elle disait même que pour faire de la gymnastique c'était mieux... Il semblait, simplement, qu'elle n'avait pas le cœur à rire, rien de plus, rien de moins.

« C'est bête, parce que moi, tu vois, je ne te déteste pas du tout. » Il n'arrivait pas à comprendre comment elle pouvait se détester d'ailleurs parce qu'elle était tellement parfaite à ses yeux... Et puis, il n'était pas dans le caractère de Camille de se dévaloriser, alors c'était quelque chose qu'il avait un peu de mal à comprendre. Certes, il complexait un peu sur son âge, mais c'était principalement parce qu'elle ne sortait qu'avec des garçons plus âgés et qu'elle lui faisait bien sentir qu'il était jeune (quoi qu'elle en pense, elle). La maturité ne comptait pas à ses yeux, elle ne voyait que l'âge inscrit à l'état civil, il y avait de quoi rager quand même ! Parce que du coup elle sortait avec des types nuls qui ensuite la faisait pleurer... un beau gâchis ! Décidément, il aurait du lui péter les dents à ce Axel. Comme il s'en doutait, elle ne semblait pas trop de cet avis... et il le regrettait. Pour elle, il aurait risqué sa place à Poudlard et son insigne de préfet. Tout, pour la consoler.

« Pour l'instant, ça te fait très mal... mais ça passera. Je t'en fais la promesse. Peut-être pas demain, ni après demain, mais petit à petit, de jour en jour, tu iras un petit mieux, jusqu'à ne plus ressentir cette souffrance. On survit... à un chagrin d'amour. Crois-moi. » Il était bien toujours là, devant elle, à la regarder un sourire qui se voulait réconfortant, alors qu'il se consumait d'amour pour elle. C'était la preuve que contrairement à ce que la littérature voulait faire croire, on ne meurt pas d'amour. Alix se laissait juste déborder, alors qu'il fallait au contraire maîtriser la douleur, en faire autre chose...

Lorsqu'elle plongea son regard dans le sien, il ne détourna pas les yeux et la laissa se mirer dans son propre regard, se disant que, peut-être, elle y verrait combien il tenait à elle, et que enfin elle arrêterait de dire des sottises. A priori, c'était raté.

« Axel est idiot s'il ne sait pas faire la différence entre un meilleur ami et un petit ami et je ne tomberais jamais amoureux d'une fille qui me demanderait de me séparer de toi. Nous n'avons pas à choisir Alix, nous sommes ainsi fait que nous ne nous dispersons pas, nous avons besoin d'aimer exclusivement, donc d'aimer peu de gens. Tu ne t'en rends pas encore compte, parce que tu l'aimes toujours, mais s'il t'a quitté juste pour ça, cela veut dire qu'il n'a jamais compris une partie de toi... la partie qui, je crois, a besoin de moi... Mais peut-être que un jour, toi, justement, tu préféreras garder le garçon avec qui tu sors plutôt que moi. Mais dans ce cas, ce sera ton choix, donc tu n'en souffriras pas autant. » Il garda la fin de sa pensée pour lui : après tout, elle se mettait dans des états pas possible alors que c'était lui ou Axel, mais Camille – aussi amoureux soit-il – n'avait jamais demandé à Alix de choisir. C'est celui qui impose une rupture qui doit disparaître du paysage, cela voulait juste dire qu'il n'était pas digne de quelqu'un comme Alix, qui aimait si passionnément qu'elle ne pouvait pas aimer plus de quelques personnes. Camille n'avait jamais été un danger pour Axel, cela peinait Camille de l'admettre, mais c'était la vérité, alors s'il l'avait quitté pour ça... bon débarras ! Mais il n'aurait pas été très délicat de le dire à Alix alors qu'elle éprouvait encore des sentiments pour le serdaigle.

« Oui ne t'inquiète pas, je devrais au moins pouvoir égaliser. » Cela pouvait difficilement être pire que ce qu'elle avait fait de toute manière hein... quel gâchis ! Lui qui adorait ses cheveux...

« Il faudra bien que tu manges pourtant, tu ne peux pas rester le ventre vide indéfiniment. C'est mauvais pour la santé tu sais. » Il soupira et laissa tout de même tomber l'idée du chocolat chaud, du moins pour l'instant.

« Tu pourras dormir quand j'aurais terminé, je te prêterais mon lit. » Il était hors de question qu'elle dorme par terre et elle ne pouvait pas dormir tout de suite puisque sinon il ne pourrait pas lui couper les cheveux. Il attrapa un ciseaux, n'étant pas certain de pouvoir couper droit avec sa baguette (il y avait pensé, mais finalement non...).

« On va s'y mettre tout de suite. » Décréta-t-il tandis qu'Alix soupirait après son manque d'entrain pour la magie revenue.

« Tu sentiras plus la différence quand tu seras en état de retourner en cours. Ou cet été. Tu devrais venir à la maison d'ailleurs, durant l'été, tu pourrais y passer la semaine si tes tuteurs sont d'accord. Maman l'a proposé, mais je n'ai pas encore eu le temps de t'en parler. » Il y avait eu trop d'évènements qui s'étaient enchaînés pour qu'il en ait l'occasion il faut dire.

Discuter ne servirait à rien… Camille ne pouvait pas comprendre Alix (enfin ça c’était en tout cas ce qu’elle pensait, elle). Parce qu’elle était en colère… En colère contre tout et n’importe quoi… Contre sa baguette à la noix qui avait décidé de fonctionner quand il ne fallait pas… Contre Axel qui lui avait brisé le cœur. Contre martin qui n’était pas là, contre Tosca qui lui avait volé son frère, contre Camille, parce qu’il était là, alors qu’elle ne le méritait pas (de son point de vue personnel) et contre elle-même parce qu’elle estimait que si tout avait raté, c’était de sa faute à elle… Elle était perdue, désespérée… Et elle ne savait plus quoi faire. Quant à ce qui était de ‘survivre’ à un chagrin d’amour… la Lionne était extrêmement sceptique… Elle avait mal comme jamais… Elle aurait préféré mourir plutôt que vivre cette douleur… c’était si dur, si terrible et si irréversible… Avec du recul, elle pourrait voir les choses différemment, mais à l’heure actuelle, elle ne pouvait pas envisager autre chose… Cette perte l’avait chamboulée au plus haut point, elle était désorientée.

Pour le reste… Alix ne le croyait pas. Oh, il ne lui mentait pas ! sans doute pensait-il ce qu’il disait, d’ailleurs… mais le soucis c’était qu’il se mentait à lui-même sans même en avoir conscience… Soupirant, la jeune fille répliqua :

« C’est pas vrai, ça… Tu ne le réalises peut-être pas encore, Camille… Mais tu ne choisiras pas de qui tu vas tomber amoureux… Et cette fille va peut-être me détester ou détester Nina… Et dans ce cas là, tu seras écartelé entre elle et ta sœur, ou entre elle et moi… Et petit à petit, tu devras prendre une décision, parce que tu ne pourras plus vivre avec ça. Et tu vas sois la quitter elle, soit t’éloigner de Nina ou de moi… Parce que c’est comme ça que tout fonctionne ici. C’est dur, cruel… mais c’est la vie. »

Quant à abandonner Camille… Alix secoua la tête négativement :

« Je ne pourrais jamais t’abandonner Camille… Tu es trop important pour moi. Je t’aime et ça personne me fera changer d’avis ! Même Axel n’aurait pas pu m’éloigner de toi. Parce que si je ne suis pas d’accord avec ton idée, je sais par contre que si on me demande de choisir… Je te choisis toi. »

Ca ne faisait aucun doute. Il comptait bien trop pour elle… c’était comme s’il était… son martin, en quelque sorte, bien que sa relation avec martin soit encore plus différente (puisque Alix n’avait pas de problème avec l’idée que Camille ait une petite amie, contrairement à son frère…).

Puis parlant cheveux… Alix hoqueta (ses cheveux quoiiii !!!) et hocha doucement la tête :

« Merci… Toute seule j’y arriverais jamais… »

Pour ce qui était de manger, ça ne serait pas pour aujourd’hui, de toute façon. Elle n’avait pas faim, un point c’est tout ! Ca ne servait à rien d’insister, elle se sentait trop mal pour envisager d’avaler quoique ce soit… Quant à dormir… Mouai, Alix n’était pas très convaincue, mais elle se tu, parce qu’elle se trouvait déjà très chiante, là, alors pas la peine d’en rajouter !!! Il allait lui couper les cheveux, et la jeune fille cessa donc de bouger, et s’efforça à être la plus immobile possible pendant qu’il s’affairait.

« Mes tuteurs n’auront plus rien à dire, de toute façon, je serais majeure le 10 août, et je ne compte pas rester un jour de plus chez eux à partir de ce moment. »

Bien sûr, c’était sans compter des soucis annexes… ceci étant, à leurs 17 ans, les jumeaux allaient hériter… Et ils pourraient peut-être bien se débrouiller pour se trouver un petit quelque chose tous les deux… c’était en tout cas ce qu’espérait Alix, raison pour laquelle elle devrait très prochainement avoir une conversation avec Martin.

« Je ne veux pas rester en Amérique… Je ne les aime pas… Je veux juste rentrer chez moi… Enfin… Avoir un vrai chez moi, plutôt… »

Elle n’avait plus de chez elle depuis la mort de ses parents, elle voyageait… Jason, puis cette famille en Amérique. S’ils n’étaient pas méchants, elle n’avait jamais voulu les aimer malgré tout. Elle les respectait, mais ça s’arrêtait là. Elle ne voulait pas s’attacher, si c’était pour en souffrir une fois encore. Souriant doucement à Camille, Alix poursuivit alors :

« En tout cas j’aimerais beaucoup venir chez toi, cet été… »

Elle avait envie de découvrir l’univers de Camille, là où il avait grandit… Il avait d&couvert, l’été dernier l’Amérique qui, pour quelques étés, avait accueilli Alix et son frère. Mais il n’avait pas vu l’environnement dans lequel Alix avait évolué depuis sa naissance. Tout simplement parce que ce dernier n’était plus. Doucement, Alix se retourna (une fois que ses cheveux furent bien coupés, hein, elle va pas prendre trop de risque !) et enlaça doucement Camille, glissant timidement, mais tendrement ses bras autour du cou de son meilleur ami, se sentant agréablement reposée et en sécurité, là, avec lui. L’embrassant doucement sur la joue, elle chuchota :

« Merci… merci d’être là. »

Un petit sourire, perdu au milieu de cet océan de détresse, et son cœur commença à battre plus calmement, tandis qu’elle se calmait. Comment aurait-elle bien pu faire sans Camille ? Doucement, Alix reprit :

« Je vais devoir parler avec Martin… Bientôt… Par rapport à nous… Je sais plus trop comment le cerner, on s’est tellement perdus, cette année… Il me manque tellement… »

Elle ne voulait surtout pas perdre son frère pour des idioties… Il était amoureux d’une connasse… ? Tant pis, Alix crèverait les yeux de mademoiselle la préfète, si cette dernière s’amusait à briser le cœur de martin ! Mais Alix réalisait, enfin, qu’elle n’avait pas le droit d’être aussi… possessive avec son frère, même si cette révélation lui coûtait beaucoup. Elle devait le laisser évoluer, avoir sa vie… mais elle refusait qu’il l’oublie et la mette de côté pour finalement la délaisser totalement. Elle l’aimait, et il n’avait pas le droit de l’oublier si facilement.


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Alalala... si elle savait qu'il était déjà amoureux tiens ! Elle tomberait des nues. Il devrait le lui dire, sans lui dire de qui, mais même si elle ne semblait pas encline à faire preuve de curiosité, quand on s’appelle Camille Moreau, on réfléchit beaucoup avant de parler et suite à ses réflexions du moment, il décréta que ce n'était pas une bonne idée de tenter le diable. Toujours est-il qu'elle s'inquiétait pour rien, peut-être qu'un jour il tomberait amoureux de quelqu'un d'autre, mais ce n'était pas pour tout de suite. Il l'aimait comme un fou, et il ne savait absolument pas comment faire sans elle... ni comment l'oublier... il ne jugeait pas que ce soit impossible cela dit, juste que vu comme ils étaient proches ce serait long. Surtout maintenant qu'elle devenait célibataire. Soit, ce n'était pas très gentil, mais il ne pouvait pas empêcher une toute partie de lui à songer au champ de possibilité que cela pouvait lui offrir...

« Je déteste qu'on me demande de choisir, c'est éliminatoire. Je n'aime pas les capricieuses en plus de ça ! Donc je suis à peu près sûr de moi, ne t'en fais pas. » Et la suite des paroles de Alix lui firent vraiment plaisir parce qu'elle lui disait qu'il passait avant Axel, même si c'était amicalement, alors qu'elle avait visiblement été folle de ce mec. En toute modestie, c'était plutôt normal qu'elle le préfère, lui, jamais il ne la ferait pleurer comme ça pour des conneries. Oui, il osait le mot messieurs dames ! C'était une grosse connerie que de quitter Alix par jalousie !!!! C'était, au fond, ne pas l'aimer assez, ne pas vouloir se battre. Camille était de ces garçons qui provoquent en duel de sorcellerie pour une fille, pas de ceux qui fuient comme des lâches, c'est tout !

« Et bah voilà, il n'y a pas de problèmes alors, puisque moi aussi je te choisis toi, sans hésitation et sans regret. » Il essuya une larme sur la joue de sa meilleure amie qui avait encore le visage humide à force de sangloter. C'était bête de se mettre dans des états pareils mais bon... il se souvenait encore qu'il avait pleuré une fois devant Alix, et ça n'avait pas été son meilleur moment. Brr ! Rien que d'y repenser, il en avait des frissons de honte !

Laissant de côté cette histoire, il commença à lui couper les cheveux le plus droit possible en un carré vraiment court puisqu'il n'avait pas le niveau pour un dégradé. Il utilisait ses doigts comme une règle, comme il avait vu faire les coiffeurs qui coupaient les cheveux de sa mère et de sa sœur. Durant son ouvrage, il continua à parler un peu.

« Tu viens quand tu veux. » Et plutôt deux fois qu'une ! « De rien ma... ah, pardon. » il allait re-dire ma puce, c'est qu'elle semblait si fragile, même lorsqu'elle l'embrassait sur la joue et lui faisait un petit semblant de sourire.

« Bon... c'est droit mais tu devrais essayer d'aller chez un vrai coiffeur dès que possible parce que c'est potable mais on peut sûrement mieux faire. » Il haussa les épaules pour montrer que lui il s'en fichait, mais les cheveux, chez une fille, c'est important. Il ne se donnait pas tant de mal pour lui, en général il oubliait de se faire couper les cheveux jusqu'à ce que ses mèches de devant lui tombe complètement dans la figure.

« Ce n'est pas la première fois que je te dis de lui parler note. Mais c'est pas si facile. Avec Nina, on a mis du temps aussi pour se retrouver mais ça s'est arrangé. Je suis sûr que ça fera pareil avec Martin. » Il prit sa meilleure amie dans ses bras et l'embrassa sur la tempe. Ensuite, il se bougea de façon à pouvoir la soulever et comme elle était petite et très légère, ce fut relativement simple, même si Camille n'était pas un monsieur muscle. Il la coucha dans son lit et la borda d'autorité.

« Allez, maintenant, tu vas te reposer, je vais veiller sur toi. Tu as vraiment une mine de déterrée, il faut que tu te reposes, et puis, je dois nettoyer le sol. » Il ajouta une couverture pour qu'elle n'ait pas froid (après tout, elle était encore un peu humide) et si vous pensez qu'il allait laisser le choix à Alix... c'est que vous ne connaissiez pas Camille !!!

Camille pouvait bien dire ce que bon lui semblait, la jeune Lionne de 2 ans son aînée n’était pas convaincue… malgré tout, elle gardait le silence, n’ayant toujours pas envie de débattre avec son meilleur ami… Surtout qu’il pouvait être aussi têtu qu’une mule, et que s’ils partaient sur ce terrain, ils finiraient pas se fatiguer pour rien… Alix se contenta de penser, en son fort intérieur, que de toute façon, il verrait bien quand ça lui arriverait… Parce que si Alix était jalouse et possessive, elle ne se jugeait pas comme étant particulièrement capricieuse… Et elle savait qu’elle ne supporterait pas que son petit ami à elle soit trop proche d’une fille… parce que oui, quoiqu’elle en dise, c’était un fait : Camille et Alix étaient ‘trop’ proches pour de nombreux points de vue. Mais c’était parce que leur relation était depuis toujours très particulière ! Ce n’était, après tout, pas tous les jours qu’on rencontrait une personne aussi similaire et différente de vous à la fois !!! Parce que c’était bien ce qu’étaient les deux Lions… Si différents et si semblables… C’était étonnant, mais c’était bel et bien réel… Doucement, Alix offrit un petit sourire rassuré à Camille :

« Merci… »

Merci pour tellement de choses… Pour son soutien, sa loyauté sans faille, sa patience, son calme constant, ses conseils, sa présence… tous simplement. Franchement, Alix se demandait ce qu’elle avait bien pu faire pour avoir un ami aussi extraordinaire… mais ce dont elle était sûre et certaine c’était qu’elle avait énormément de chance !

L’invitation de Camille touchait énormément Alix, elle répondit doucement :

« On en reparlera de toute façon… »

D’ailleurs, Alix se demandait ce qu’elle allait pouvoir offrir à Camille pour son anniversaire, ce dernier n’était pas encore là, ceci étant, ça n’empêchait pas la Lionne d’y réfléchir d’hors et déjà… Il y avait tant de possibilités après tout… Et elle était tellement nulle pour choisir des cadeaux… Alix n’était pas une fille très habile dans ce genre de tâche… Il y avait toujours un truc qui allait de travers… Organise n’était pas son fort, et avoir des idées ingénieuses non plus… sauf pour gâcher la vie d’autrui… Bien sûr ! Mais bon, c’était une autre histoire ça ! :p

Quand le travail fut terminé, Alix passa ses mains dans ses cheveux courts, à présents (bon ok il y avait encore bien plus court, mais à côté de ses cheveux, habituellement, c’était quand même un sacré changement là…).

« Mon dieu… »

Les larmes lui remontaient aux yeux, elle devait être affreuse !!! Elle qui chérissait tant ses cheveux longs… c’était juste horrible ce qui lui était arrivé… Et encore, Camille avait sauvé l’affaire… Elle lui était tellement plus que reconnaissante…

« Je me déteste avec les cheveux courts… »

Ceci étant, elle n’avait pas le choix, là… Fusillant sa baguette des yeux, elle siffla de colère :

« Saleté de baguette à la noix. »

Puis, se retournant vers Camille :

« Mais merci, j’aurais jamais pu sauver l’affaire, toute seule, ç’aurait été encore pire que lorsqu’ils étaient brûlés… »

Quant à aller chez un coiffeur… très franchement, ça ne tentait pas du tout Alix !!! Haussant les épaules, elle répliqua donc sans la moindre hésitation :

« Hors de question. Je ne veux plus entendre parler de ciseaux pendant au moins une décennie… Puis tu as fait du très bon travail, je trouve. »

Pour Martin, c’était une toute autre histoire…

« Je sais. »

Mais en effet ce n’était pas du tout facile… bref, elle était motivée, maintenant, donc la conversation allait bientôt avoir lieu, que son frère le veuille ou non ! Camille porta Alix qui allait protester (elle se sentait diminuée mais parallèlement, elle aimait bien ce sentiment d’être protégée…) et qui s’abstint donc de râler. Doucement, alors qu’il al bordait, elle chuchota :

« Tu restes avec moi ? »

Elle ne voulait surtout pas être toute seule… plus maintenant, doucement, elle tenait la main de Camille dans la sienne, et pleura de nouveau en silence. Axel n’était plus à ses côtés… Et il ne reviendrait plus jamais… A chaque fois qu’elle y repensait, ça lui déchirait le cœur…


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« Allons, ne t'inquiète pas, tu es toujours très mignonne. » Il devait admettre qu'il n'était pas très très fan des cheveux courts chez les filles (c'était moins élégants, même Nina ne portait pas les cheveux courts, alors que pourtant, elle avait tendance à faire des bêtises dignes d'un garçon!), mais peu importait puisqu'il n'aimait pas non plus Alix que pour son physique, il n'était pas aussi obtus pas complètement. Il se sentait bien avec elle, c'était le plus important dans leur relation, le fait qu'ils se comprennent sur tous les sujets (ou presque, il ne comprendrait jamais ce qu'elle avait pu trouvé à ce crétin d'Axel).

« Bah... tes cheveux repousseront, laisse donc cette baguette en paix. Elle n'a pas de conscience tu sais. » Oui, cela ne servait vraiment à rien de râler puisque la baguette, elle, elle n'y avait rien à faire, elle pourrait hurler sur sa baguette, même, que celle-ci s'en moquerait. Camille voyait les choses de façon très pragmatique, une baguette n'était qu'un objet, et vu qu'elles avaient été comme mortes pendant des tas de mois, cela valait mieux, sinon cela voudrait dire que celui qui avait enlevé la magie à tous aurait été une sorte de meurtrier... quelque chose comme ça.

« Mais non, allez, ne t'en fais pas. Cela n'aurait pas été si grave... » Il passa le bout des doigts sur le bord des cheveux maintenant coupés d'Alix avec un léger sourire. Après tout, elle aurait bien trouvé une coiffure qui aurait fait l'affaire, pas vrai ? Le genre déstructuré par exemple, avec plein de petits chignons. Il n'était pas très au fait de la mode mais Alix non plus, donc n'importe quoi qui cacherait la misère aurait fait l'affaire à son humble avis.

Il la porta ensuite pour la coucher et s'installer à côté d'elle comme pour la protéger. Ce qui était bien son intention, sauf qu'il savait que ce n'était contre rien de tangible, mais uniquement contre elle-même, et son chagrin, ou sa peur. Il la sentait tellement fragile aujourd'hui... malheureusement, il savait qu'il ne pourrait pas l'aider beaucoup, juste être là pour la soutenir.

« Bien sûr. Je reste avec toi, mais dors maintenant. Tu as besoin de te reposer un peu. » Il passa un bras sur elle (qu'il avait installé sous les couvertures, lui restait au-dessus) et l'embrassa sur la tempe, fermant les yeux d'autorité pour lui montrer l'exemple. Cela étant, il ne comptait pas dormir, il faisait semblant, pour qu'elle se calme. Il paraissait que plus on était soi-même calme, plus les autres pouvaient être influencé par ce sentiment, un peu comme la nervosité, c'était contagieux, mais plutôt dans le bon sens, or il se trouvait que Camille était quelqu'un de naturellement toujours flegmatique, une chance pas vrai ?

Bien plus tard, lorsqu'il fut sûr que Alix dormait, il rouvrit les yeux et la regarda à ses côtés.

« Dors bien... ma puce. » Et cette fois, il ferma les yeux dans la ferme intention de s'endormir lui aussi. Quant au reste, rien à faire ! Tant que Alix aurait besoin de lui, il resterait avec elle...