Souvenez-vous [LIBRE]

Cinq ans venaient de passés... cinq longues années où l'ancienne Vert et Argent avait fais le choix de partir en voyage sans jeter un seul regard en arrière. Il n'était plus question de reculer et pourtant... n'était-elle pas en train de marcher sur le sol anglais ? Le seul endroit au monde qu'elle avait renié, rejeté, haï, se promettant de ne plus jamais y mettre les pieds ?! Si Pansy était là aujourd’hui, elle lui dirait avec certitude "Daphné, tu as enfin fais le deuil ! C'est pas trop tôt, nom de Merlin tout puissant !" Était-ce seulement vrai ? Le vent vint caresser avec force son fin visage, lui arrachant un sourire de dépit : mais que faisait-elle au juste ? N'était-elle pas censée ne jamais, ô grand jamais revenir ici ? Son regard vert se posa un instant sur le château de Poudlard qui trônait majestueusement au-dessus du paysage verdoyant, lui laissant ainsi tous souvenirs affluer. Dans un soupir silencieux, la jeune fille s'était recroquevillée dans un recoin de la salle commune, attendant patiemment de se retrouver seule. Une feuille de papier s’imprégnait délicatement de carbone, laissant apparaitre avec lenteur le visage d'un jeune homme aux traits incertains. Alors que les yeux vides de l'enfant se posaient sur le dessin, elle ne put s'empêcher de relever la tête, se sentant observer. Un regard sombre et froid venait de la glacer sur place. Qui était-il ? Elle retourna à son activité quand celui-ci lui adressa la parole sans raison apparente... Raphaël Gibson... un jeune garçon discret mais qui était incapable de tenir sa langue... Un second coup de vent, cette fois plus fort, l'arracha à ses pensées. Elle ferma les yeux un court instant, inspira un grand coup puis reprit la route. Une chose était sûre : elle avait grandi.

Arrivée sur place, son regard se posa sur l'estrade où était le professeur McGonagall. N'était-elle pas morte de vieillesse celle-là ? Soit, peut lui importé. Elle la salua d'un signe de tête, préférant rester en arrière. La brune n'avait pas vécu la guerre à proprement parlé comme d'autres élèves. Raphaël lui avait fait promettre de fuir. Elle l'avait écouté. Par lâcheté ? Sûrement. Par dépit ? Certainement. Ou simplement : brisée ? Plus que jamais. C'était à cette époque que la vie avait quitté des centaines de personnes mais aussi à ce moment là que l'homme dont elle s'était épris depuis tant d'années, qui lui avait promis monts et merveilles, l'avait trompé... à jamais. Pourquoi n'était-elle pas morte en même temps que tous ces gens ? Son cœur s'arrêta le temps d'un battement lorsqu'elle vit au loin Heaven. Cela voulait dire que... non... non, il ne pouvait pas être là. Pas lui. Pas lui. Lui qui avait donné l'illusion d'un monde où elle avait sa place était bien là. Là. Juste là. Près d'Heaven, lui tenant réconfort rien qu'avec sa présence. Foutaise ! Daphné ferma à nouveau les yeux, prête à faire demi-tour. Une colère qui lui était alors totalement inconnue pris la place du désespoir, lui faisant rouvrir les yeux dévoilant un regard plus froid que jamais. Il était hors de question de lui montrer qu'elle puisse même être un tantinet affecté par lui. D'ailleurs, en le regardant bien, qu'est-ce qu'il était devenu... plus à son goût. Sa beauté avait-elle si vite fanée ? Enfin, avait-il était beau un jour ? Oui, il l'avait été... mais si peu de temps. Finalement, c'était une bonne chose qu'Heaven le prenne remarquez le doux mot de prendre, signifiant à quel point il n'est qu'objet... Bref, il n'était plus question de penser à lui. Ce n'était plus la peine. Ces temps là étaient finis. Son regard rebondit sur d'autres personnes dont une jeune femme d'une beauté rare. Ses cheveux bruns ne lui étaient pas inconnus mais qui pouvait-elle bien être ? Lorsque cette dernière se mit de profil, Daphné eut le plaisir de reconnaitre Dawn. Elle se souvenait de sa beauté mais au jour d'aujourd'hui, celle-ci était tout bonnement épanouie. Elle la salua d'un hochement de tête solennel. L'ancienne serpentard continua de promener son regard qui vint à l'encontre de celui de Drago. Il était donc venu, lui aussi. Avec un léger sourire le seul sourire qu'un Serpentard peut offrir, elle le salua avec respect. Elle se souvenait de leur première rencontre qui était quelque peu... dans une salle d'eau tout de même ! Il l'avait regardé avec des yeux de braise et pourtant nous parlons bien de Malefoy ! Vous savez, le jeune homme aux yeux d'acier... malgré leur jeunesse innocente...

Daphné se décala dans un coin, comme elle l'avait toujours fait. Préférant écouter et voir qu'être vu et entendu. Son regard croisa celui d'un jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Il semblait approximativement de son âge mais... les apparences sont parfois trompeuses. Elle ne prit pas la peine de lui dire bonjour, préférant passer son chemin pour tomber sur les trois "héros" de l'histoire des sorciers. Elle avait toujours entendu des plaintes les concernant mais au final, n'étaient-ils pas les plus heureux parmi toutes les personnes présentes ici ? Elle n'avait aucune empathie pour ces gens mais après tout, on ne lui demandait pas d'en avoir. Son regard se perdit dans le paysage tandis qu'elle prévoyait de repartir loin de ce pays qui ne lui manquait pas. Toutefois, il manquait quelqu'un ici qu'elle aurait aimé revoir, rien qu'une fois... une dernière fois. Le seul et unique jeune homme qui l'avait autrefois fait rire alors qu'elle ne pensait qu'à la disparition de Raphaël. Le soir de ce fameux bal où Raphaël était revenu, comme si de rien était pour l'arracher à un horizon qui lui semblait plus... doux. Pourquoi n'avait-elle pas tout simplement fait preuve de courage Le courage... tout ce qui lui avait toujours manqué ! pour vivre simplement un bonheur enfantin avec MacMillan. Elle frissona. MacMillan... rien que de penser à son nom, ses poils se redressaient ! Qu'est-ce qu'il pouvait être pénible avec sa blonde attitude et ses manières ridicules qui... l'avait, il fallait l'avouer, sourire... rire.

MacMillan... ne viendras-tu pas ? souffla-t-elle doucement

Une cérémonie devait avoir lieu à Poudlard, dans le parc, et on ne pouvait pas dire que Lana soit très concernée, au contraire. Elle n'était pas encore à Poudlard au moment où la bataille avait eu lieu, et heureusement pour elle, bien qu'elle ne soit absolument pas consciente de la chance qu'elle a eut, de pouvoir entrer à Poudlard un peu plus tard. En réalité, elle voulait être dans le parc juste pour pouvoir discuter un peu avec ses amis et pourquoi pas coller Nicolas de Lienchtenstein au cas où elle le verrait. C'était d'ailleurs son passe temps préféré, de rester avec le Prince, et de réfléchir à quoi faire pour pouvoir l'énerver. L'année précédente, elle avait tout fait pour être son amie, elle avait fait tout son possible pour jouer les gentilles, pour ne pas montrer que, si elle mentait quelques fois, c'était parce qu'elle était intéressée. Elle ne prévoyait pas d'être en couple avec lui, certainement pas, et comme rien que de le voir embrasser d'autres filles lui donnait envie de vomir, elle n'imaginait donc pas si c'était elle. Tout ce qu'elle voulait, c'était devenir son amie, pour pouvoir épouser un riche héritier, qui pourrait être marquis, duc, ou pourquoi pas prince. Le mieux serait très certainement un prince héritier, mais s'il était prince, ce serait déjà bien. Comme Nicolas était prince, il était donc la passerelle essentielle qui lui permettrait d'avoir un titre, elle aussi. Les choses avaient bien changé depuis l'année précédente. Nicolas n'avait pas été gentil quand elle l'avait vu lors de son court voyage au Liechtenstein, et depuis elle le détestait. Elle voulait toujours être son amie, évidemment, pourtant, elle était bien décidée à tout faire pour l'énerver.

Une fois qu'elle eut terminé de lasser ses chaussures, Lana sortit de son dortoir, en même temps que d'autres élèves, et elle se rendit bien vite dans le Hall de Poudlard. Ce qui la surpris le plus, quand elle passa les grandes portes de l'école et qu'elle regarda vers le Parc, c'était le nombre impressionnant de personnes qu'il y avait. Les élèves étaient sortis de leurs dortoirs et ils se mêlaient à tous ces sorciers qui discutaient entre eux. Et plus elle avançait vers le parc, et plus elle pouvait remarquer les mines tristes qu'affichaient les personnes présente. C'était tellement triste qu'elle n'osa même plus regarder ce qui se passait. Lana chercha du regard ses amis, et tandis qu'elle jetait des coups d'oeil partout, son coeur fit un bond dans la poitrine. Elle se dépêcha de venir à côté de lui, tout en continuant de le fixer avec un mélange d'admiration et de surprise.

Qui était-il ? Elle devait le fixer depuis une minute quand elle remarqua le fille qui se tenait à côté de lui, et qui avait sa main dans la sienne. Qui était cette fille ? Peu importe. Elle était moche, de toute façon, et elle avait l'air en plus de ça. Autrement dit, elle n'avait rien pour elle. Lana reporta son attention sur le jeune homme, tandis que la mocheté à côté de lui se penchant légèrement à son oreille. « Haven, tu la connais ? Elle a l'air bizarre... », demanda-t-elle au jeune garçon qui, Lana en était à présent certaine, était l'homme de sa vie. Pour qui est-ce qu'elle se prenait ? Bizarre ? Elle ? C'était trop fort ! Elle ne doutait vraiment de rien ! Cependant, ce n'était pas important, car grâce à cette chipie mal habillée, elle venait d'entendre le prénom du jeune homme. Haven ? Qu'est-ce que c'était beau ! Et tandis qu'elle s'imaginait déjà entrain de dessiner des petits coeurs tout autours du prénom d'Haven, en rose bonbon à paillette, dans le journal intime qu'elle commencerait, elle réalisa que la rivale numéro un qu'elle aurait à partir de maintenant, n'était autre que cette mocheté qui n'hésitait pas à coller son nouvel amour.

Ca ne se passerait pas comme ça, Lana ne se laisserait pas faire, encore moins par quelqu'un comme elle. Elle aurait ce qu'elle voudrait, comme elle avait toujours eu tout ce qu'elle avait voulu jusqu'à présent. Et si elle devrait donner des coups de pieds dans les tibia de cette greluche, elle n'hésiterait pas à en donner ! Et elle pouvait essayer de garder le jeune garçon pour elle en insultant ouvertement Lana et en disant qu'elle était bizarre, ce n'était pas pour autant qu'elle gagnerait ! Regardant toujours le jeune homme avec des yeux de merlant frit et le sourire dégoulinant de guimauve et de niaiserie, elle se colla un peu plus au jeune garçon, tandis que la mocheté commençait légèrement à avoir peur. Ah ! Elle venait de comprendre qu'elle ne faisait pas le poids contre Lana ! Enfin, le poids, certes, elle n'était pas toute maigre, cette greluche, mais cependant c'était tout, pour le reste, elle devait bien le comprendre. C'était peut-être pas très gentil, mais elle devait bien comprendre un jour.