30 Baiser - Défi Opalyne :) TERMINE

Nouvel inscrit dans l’établissement, Damon ne savait pas encore où il avait mis les pieds. Il venait d’une petite ville américaine. Pas même un seul Lycée (c’est pour dire !) là-bas… Il n’avait jamais connu la frénésie des grandes ville,s l’effervescence dans les centres commerciaux. Il se sentait déjà totalement désorienté, alors qu’il était seulement en train d’assister à la réunion de rentrée… Assis sur un banc, dans les gradins, il attendait le début de la réunion. C’est alors qu’elles firent leur entrée. Elles étaient une douzaine. Toutes vêtues de bleu, en jupes short, et haut court… les cheerleader.

La meneuse de claque était une rouquine flamboyante. Petite, elle n’en dégageait pas moins une force incroyable… Elle avait une personnalité sans pareil, c’était certain… Elle dirigeait les autres filles avec précision et habilité. Damon ne parvenait pas à la quitter des yeux. Sans la trouver incroyablement belle (ce qu’elle était pour de nombreuses personnes, sûrement, on voyait qu’elle prenait vraiment soin de son apparence), il trouvait qu’elle dégageait une énergie plus que plaisante… Finalement, il interrogea Roman, son voisin, un mec sympa qui l’avait aidé à ne pas avoir l’air trop paumé le jour de son arrivée :

« Tu connais un peu l’équipe ? »

Souriant, le blond se tourna vers son voisin, l’air amusé :

« Tu as flashé sur laquelle ? »
« Quoi ? Non, rien à voir… »
« On me la fait pas, mec ! Alors ? »
« Ben… »

Damon marqua un temps d’hésitation, avant de répondre :

« La rousse, je la trouv… »
« Non ??? Opalyne ??? Laisse tomber direct ! Si jamais son mec apprend que tu as juste eu des vues sur elle, il te mettra la tête au carré… Donc laisse couler et oublie vite que tu l’as ne serait-ce que vu… Je dis ça pour toi ! »

Alors que les pompom girls finissaient leur chorégraphie sous les applaudissements, le directeur prit la parole, les filles quittant le gymnase. Les sourcils froncés, Damon s’efforça de ne pas bavarder pendant le discours de rentrée, mais cela lui coûta énormément. Lorsqu’il quitta le gymnase, il ne pu rater le groupe de filles qui gloussaient non loin de là. Tournant la tête machinalement, il se trouva face à la fameuse Opalyne. Elle portait toujours sa tenue de cheerleader, mais même sans ça, il l’aurait reconnue. Elle avait vraiment un physique caractéristique. Ses prunelles d’un magnifique bleu opalescent, entourées de cils si longs qu’on aurait pu aisément balayer le gymnase avec (quoi ?? Non on n’exagère pas !) se posèrent soudainement sur lui. Entrouvrant la bouche, l’air amusé, elle l’observait sans aucune gène, avant de décocher un sourire franc. Cela avait donné des ailes à Damon qui allait l’aborder, quand on le bouscula et que cette même personne s’avança vers la belle rouquine pour l’enlacer et l’embrasser avec passion, sous le regard dépité du petit nouveau.

Damon observa la meneuse de claque partir avec son ‘mec’ comme l’avait si bien souligné Roman… Visiblement, c’était ridicule de sa part de s’être ainsi monter la tête… Pourtant, elle avait beau avoir l’air d’être cette fille insupportable et infréquentable, il avait eu le sentiment qu’au fond, elle était tellement plus… tellement mieux que ça ! Mais il n’était pas avec elle… Et sans doute ne serait-elle jamais sienne… Un univers redoutable, rempli de danger (comme des petits amis violents et possessifs) les séparait…

Il était parmi ceux que Lyne admirait sincèrement… Canon de beauté (du point de vue de la rouquine), Luc était un jeune homme plus que séduisant. Musicien, il possédait un charme fou, et la jeune fille collectionnait bon nombres d’articles sur lui. Photographies, interview… Elle ne laissait rien de côté. Folle d’admiration, elle se consumait d’un amour platonique pour cet homme à qui elle n’avait jamais pu parler. Elle l’avait vu en concert, deux fois, mais elle ne l’avais jamais vraiment approché. Il était, de toute façon, intouchable. Elle le savait, et elle vivait avec. Peu importait, ce qui comptait, réellement, c’était qu’elle l’aimait et qu’elle pourrait tout faire pour lui s’il le lui demandait. Pourtant, elle ne s’était jamais attendue à ce qui allait suivre…

Elle venait d’assister à un concert de CS, son troisième, donc… Elle avait toujours trouvé ce groupe captivant… La chanteuse, déjà, lui plaisait beaucoup, parce que Opalyne aimait se dire qu’on pouvait un peu (de loin) les comparer… Toutes deux étaient rousses et avaient les yeux bleus… Et leur ressemblance s’arrêtait là… Keira était grande, alors que Lyne était plutôt petite. Keira était un mannequin charismatique, alors que Lyne était juste… Lyne, quoi ! Ceci étant, elle aimait qu’on la compare à elle… les rousses célèbres étaient rares, alors en admirer une était plutôt logique, pour la jeune demoiselle… Roze était plus basique et captivait moins la rouquine (parce qu’elle était une femme et qu’elle ‘nétait pas rousse… Voilà tout). Raphaël était séduisant, mais il avait un côté un peu froid qui faisait que Lyne lui avait rapidement préféré Luc…

Le concert s’était terminé depuis plus de 30 minutes. Lyne et son petit ami étaient en train de se disputer, plutôt violemment. La rouquine ne comprenait pas pourquoi Emeric ne la comprenait pas ! Elle voulait juste vivre sa vie, et lui, il fallait qu’il la suive jusqu’au concert de CS et après il osait s’étonner qu’elle s’extasie devant Luc !!! Non mais il aurait pu s’y attendre un peu quand même, ce n’était pas comme si c’était un secret quand même… Lyne ne l’avait jamais caché… La conversation avait vite dégénéré, et finalement, ils s’étaient séparés… le seul problème, c’était que Lyne n’avait plus de moyen de rentrer chez elle à présent… Et franchement, elle ne se sentait pas vraiment rassurée ici… Toute seule, la nuit, en plein Londres…

Puis il fit son apparition. Elle ne s’y attendait pas… c’était tellement… Inattendu ! Comment aurait-elle pu l’envisager ? Mais c’était bien lui qui était là, juste devant elle. Il fumait une cigarette et l’observait en silence, finalement, il lâcha :

« J’aime pas voir les filles pleurer… »

Trop estomaquée pour trouver une réponse digne de ce nom, la jeune fille dévisageait Luc O’Clery avec stupéfaction. Lui, il était comme sur scène, comme dans les magasines… En 1000 fois plus beau !!! Folle d’admiration, la jeune fille ne trouvait pas la moindre réponse à donner… Elle était tétanisée. Ce fut donc le musicien qui reprit la parole :

« Je te fais peur ou quoi ? »

Finalement, elle secoua négativement la tête, soufflant un tout petit :

« Non… »

Elle n’arrivait pas à dire grand-chose, il l’intimidait tellement… Ce fut donc, encore une fois, son idole qui reprit la parole :

« Si je t’invite à boire un verre au chaud, tu t’enfuiras en courant, ou tu penses que c’est envisageable ? Tu me raconteras tes déboires, si tu veux ? »

Se mordillant la lèvre, intimidée mais aussi un peu inquiète, Lyne fronça les sourcils, sans trop savoir quoi faire… Puis, finalement, elle prit la main qu’il lui tendait, timidement, et le suivit dans un petit café calme… Elle demanda un thé, et il sourit avec amusement, tandis qu’il demandait un whisky. Ils burent en silence, et finalement, Lyne osa enfin prendre la parole :

« Si seulement vous saviez à quel point je vous admire… »
« Ola !!! Tutoie moi, quoi, on doit avoir quasi le même âge, tu me donnes l’impression d’être un grand père là, tu exagères… »

Cette réplique arracha un petit sourire amusé à la rouquine qui reprenait peu à peu confiance en elle.

« Alors comme ça tu me connais ? »
« Evidemment… j’adore CS… je suis allée à 3 de vos concerts ! »

Luc sourit à son tour, amusé :

« Et tu n’as pas été déçue par l’un d’eux ? »
« Jamais ! »
« Tant mieux alors… »

Petit à petit, Lyne parvint à converser à peu près normalement avec Luc, elle lui expliqua sa dispute, avec son petit ami, rougissant de gène, en mentionnant que c’était un peu ‘à cause’ du batteur… mais il ne tiqua pas, l’écoutant avec gentillesse… Il paya pour elle, malgré ses protestations, puis ils partirent tu café, c’est à ce moment que Luc parla le plus :

« Tu sais, tu me surestimes vachement… Tu as l’air de croire que je suis parfait, mais tu te plantes totalement… Je suis un mec plutôt égocentrique, j’aime qu’on m’admire, j’aime qu’on me coure derrière, qu’on me photographie, qu’on raconte mes histoires dans les journaux… J’aime faire parler de moi… mais au fond, je sais bien que c’est stupide, et que cette gloire ne sera pas éternelle, alors j’en profite, tant qu’elle est à portée de main. Je suis un vrai salop avec les filles, en général… d’ailleurs, j’avais pas forcément l’intention d’être gentil avec toi, quand je t’ai vue tout à l’heure, mais tu m’as fait changé d’avis, en me parlant… Tu es mignonne, tu mérites d’être heureuse… Alors tu devrais retourner voir ton copain et t’excuser… parce que vous devez formé un très joli couple… Et ça m’embêterait d’avoir cassé une si jolie relation, juste parce que je suis célèbre… des fois j’aimerais être normal, pour voir ce que ça fait… Même si je sais que j’aime pouvoir profité de ma célébrité, je me di que parfois, être juste ‘Luc’ ça pourrait être sympa, ne serait-ce que pour avoir des relations normales… »

Lyne comprenait ce qu’il voulait dire, mais elle ne comprenait pas pourquoi il lui disait ça à elle… Jusqu’à ce qu’il ajoute :

« Je sais que ça doit te paraître un peu bizarre, et je suis bizarre, je te l’accorde… mais j’aimerais pas que tu brises ton histoire pour un mec qui n’en vaut pas la peine. Et crois moi, les mecs célèbres, généralement, ils n’en valent pas la peine. »

Luc ne pensait pas ce qu'il disait, c'était très clair (pour lui), mais il trouvait que cette fille était mignonne et il avait décidé d'être sympa, ce soir, donc il lui donnait l'occasion de retourner avec son mec. Hochant alors doucement la tête, Lyne répondit avec douceur :

« Je comprends… merci… »

Luc lui rendit son sourire, et l’embrassa doucement sur la tempe :

« Je te raccompagne chez lui, ce sera plus sûr, et explique toi avec lui… »
« D’accord… merci. »

Une heure plus tard, Opalyne était avec Emeric… Ils avaient discuté (Emeric n’avait pu se résoudre à s’endormir sans avoir de nouvelles de sa petite amie). Finalement, tou s’était arrangé. Lyne était allongée à côté de son petit ami, blottie tout contre lui, et doucement, elle murmura :

« Je t’aime… »

Il lui répondit dans un sourire complice et lui offrit un baiser plein de tendresse et de douceur, déposé sur les lippes roses de la jeune femme.

Je suis le rêve de toutes filles censée. Je suis l’incarnation même de la beauté, de la réussite… je suis parfaite. Bon, dit comme ça, ça va peut-être chatouiller une ou deux paires d’oreilles, mais vous savez quoi ? J’en ai absolument rien à fiche ! Je m’aime, on m’aime (enfin, ceux qui comptent vraiment m’aiment) et le reste ? je m’en contrebalance totalement. Je m’appelle Opalyne Hummingbird, mais on m’appelle rarement par mon prénom entier (à part les gros nuls qui ne savent rien sur rien…). Pompom girl de mon état, je viens juste d’être élue nouvelle capitaine de l’équipe pour cette année… Et que dire de mon petit ami… Peter… Et bien il est passé capitaine de l’équipe de football, évidemment…

Oui, je sais, dit comme ça, ça fait vraiment trop cliché ! On se croirait dans un film (à la rigueur un roman, il paraît qu’il y a des bouquins du genre aussi, mais moi je ne lis pas !) à l’eau de rose… mais je n’y suis pour rien, moi, si ma réalité correspond point par point aux rêves les plus fous d’ados attardées !

Mais passons sur ces quelques détails et venons en aux faits ! Nous sommes vendredi, ce soir, il y a un match, et puis, évidemment, une super soirée, juste après, chez Kaïn, un autre mec de l’équipe. Plutôt canon, d’ailleurs !

18h
Nous sommes dans les vestiaires, les filles sont toutes au taquet, il faut dire que je les ai bien bosster. Mon premier match en temps que capitaine, tout comme Peter… La tension est grande, mais c’est jouissif ! L’ambiance est survoletée. Lorsqu’on croise les mecs, à la sortie des vestiaires, Peter me prend dans ses bras pour m’embrasser langoureusement. Et je lui souris, avec amusement, et confiance.

« Ce soir, on va gagner »

Ces mots qu’il prononce, je les pense autant que lui. La victoire sera notre ! On entre sur le terrain avec la mascotte (un looseur version moyennement gagnant puisqu’il a la honte d’être habillé dans un costume ridicule, mais l’incroyable chance de nous côtoyer, nous, les Dieux, sur le terrain et aux entraînements… petit veinard, tiens !). On commence notre chorégraphie dans une synchronisation des plus parfaites. Mon cœur se serre quand je me lance en haut de la pyramide et que je me laisse finalement tomber dans le vide. Les bras de mes coéquipiers me rattrapent parfaitement. Le moment le plus dur est passé, mon cœur explose de bonheur.

On arrête de danser et le match débute. Peter fait des merveilles sur le terrain ? Comme toujours ! A la mi temps, l’équipe et moi remettons ça. Si je me mets à part de l’équipe, c’est seulement parce que je suis meilleure, supérieure à eux. Faut pas froncer les sourcils ! C’est la stricte vérité, je ne vais pas jouer la fille modeste en me rabaissant pour vos beaux yeux quand même ! Il ne manquerait plus que ça. On fait une chorégraphie plus basique, et le match reprend… L’équipe manque de perdre, mais heureusement, l’équilibre revient pour finalement… Donner une victoire (in extremis, mais peu importe) à notre lycée ! Folle de joie, je me jette dans les bras de Peter qui m’embrasse de nouveau. On va tous se doucher, se changer… Et trois heures plus tard… la fête bat son plein !

De mon côté, je suis venue avec trois copines. Enfin ‘trois copines’ c’est vite dit… On va surtout dire ‘mes super copines’… Aux commandes : Ena, Caroline et Maïlys. A nous quatre, on forme un quatuor du tonnerre… Il faut dire qu’on est toutes parfaites ! Deux brunes, une blonde et une rousse, quatre cheerleader qui ont tout pour elle et plus encore. La vie nous a sourit, on ne va quand même pas se plaindre ! C’est Ena qui a conduit. Caro et moi, on a hurlé comme des folles pendant tout le trajet, tandis que Maï se refaisait les lèvres pour la sixième fois depuis qu’on avait démarré de chez moi (donc depuis genre dix minutes). Ena s’est garée et on est sorties, toues les 4… Dire qu’on avait la classe n’était pas peu dire ! On nous admirait à chaque mouvement, chaque parole prononcée, et ça me faisait terriblement vibrer, ces regards admiratifs, envieux… J’aime qu’on m’admire, je le vie super bien, merci ! Sur ce… je vais laisser l’air vibrer de suspence…



(à suivre)

Peter était occupé avec un groupe, en train de détailler comment (pour la dixième fois au moins) il avait pu marquer son dernier but qui avait, d’après lui ‘sauver l’équipe’. Bon, c’était vrai, mais au bout d’un moment, j’en avais assez qu’il me pique la vedette. Les gens avaient tendance à oublier que j’étais LA fille la plus sexy de la soirée, avec Peter qui raconte ses histoires à qui mieux mieux juste à côté de moi. J’ai donc décidé, pour le bien de mon aura, de prendre un peu de recul, et d’aller tout simplement voir ailleurs. A bon entendeurs…

J’étais en train de boire un verre tout en observant la masse formée par les nombreux lycéens présents chez Kaïn ce soir… Hélas, très peu avaient ne serait que le niveau d’arriver à la cheville de mon copain… Ils étaient si pathétiques… Agaçant, stupides et même pas sexy pour un pompom quoi…

« Alors beauté ? Tu as abandonné Peter ? »

Une seconde. Cette voix était toute sauf ‘non sensuelle’. Je me permis de jeter un coup d’œil au séduisant Kaïn Haner et lui lançait un sourire resplendissant en première réponse. Lui, il était carrément potable (voire même plus, si affinité !). Sirotant mon cocktail, je répondis avec amusement, entrant dans la phase deux de la séduction (la phase un étant quasi tout le temps enclenchée, c’est une question d’habitude de vie…)

« Tu as fait une belle performance, ce soir Haner… mais je t’avoue qu’écouter Peter se vanter commençait à me fatiguer… j’aime pas qu’on me pique mon rôle… Et tu sais que niveau vanité, je domine. »
« Tu as raison, quand on a un physique comme le tien, tout est accordé. »

Riant au compliment, je répondis avec engagement :

« Je sais. »

Je se mordillai la lèvre (ça les fait tous craquer !), observant Kaïn d’un air aguicheur. Il ne faisait aucun doute que ses intentions n’étaient pas très catholiques :

« Tu as quelque chose de plus fort que ‘ça’ ? »

Je désignai mon verre, l’air boudeur (je suis super douée pour la comédie…) :

« J’ai l’impression d’être à l’eau… »

Un sourire entendu et Kaïn répondit :

« Ouai j’ai ça… dans ma chambre. »
« J’ai hâte de voir alors… »

Un accord tacite passé, et nous nous séparâmes. Quand je montais à l’étage, Kaïn me suivit rapidement. Il referma la porte de sa chambre derrière lui. Nous n’étions plus que tous les deux, et le verrou fermé laissait envisager des tonnes de possibilités.

« Oups… me serais-je trompée de pièce ? On ne dirait pas la salle de bain ici… Quelle gourde… »

Il se mit à rire, et m’enlaça avec une certaine force qui me fit totalement fondre. J’aimais les hommes musclés, sentir qu’ils sont puissants, savoir que je peux fermer les yeux sans craindre quoique e soit (remarquez, rien n’est garanti, lorsqu’on trompe son copain, mais je m’en fiche !). Ses lèvres se posèrent sur les miennes, et je ne me fis pas d’avantage prié. Resserrant l’étreinte, je lui fis bien vite comprendre que je n’étais pas une fille avec laquelle on plaisantait. Je savais ce que je voulais, et il le compris bien vite… la suite fut formidable.

Je me rhabillais, sous le regard admiratif de Kaïn, et murmurait :

« Il va de soit, que tout cela restera entre nous mon chou… Mais je ne te cacherais pas que j’ai vraiment pris mon pied, ce soir… Tu assures comme un dieu. »

Rien de tel pour gonfler l’orgueil d’un homme. Sourire complice, et je l’embrassais une dernière fois, l’entendant chuchoter, pour toute réponse :

« Aucun problème beauté, ce sera notre petit jardin secret… »

Une semaine s’était passée depuis la fameuse soirée. Kaïn n’avait pas abordé le sujet, en fait on ne s’était presque pas parlé de la semaine, excepté les quelques fois où nous nous étions croisés pendant les entraînements… Tout se passait très bien. Peter ne se doutait de rien, et ‘cétait une très bonne chose. Ceci étant, quelque chose clochait, à présent. Allongée dans l’herbe, avec Axel, mon meilleur ami, je lui exposais mon problème :

« Franchement, j’en ai plus rien à faire de lui… Il me fatigue, la mascarade qu’on vit me fatigue… C’est super usant de devoir être parfaits sans cesse au lycée ! J’ai l’impression que tout le monde m’espionne en attendant, enfin, le moindre faux pas et j’ai juste envie de tous leur péter la tronche, quand ils me regardent comme ça… Et tu voies, parallèlement j’adore vraiment trop ma vie. Je ne peux pas me passer de ma popularité, de ma côte… je suis vraiment trop conne. »

Un silence s’en suivit, et Lyne se redressa. Appuyée sur ses coudes, elle observa le visage d’Axel, se plaçant juste au-dessus de lui, qui était toujours allongé sur le dos :

« Pas de réponse ? Qui ne dit mot consent ??? »

Tirant sur sa cigarette, Axel se mit à rire, et lui tendit sa cigarette. La saisissant, Lyne en prit deux bouffées, tout en le fixant dans les yeux. Enfin, il prit la parole :

« Ouai, ben forcément, présenté comme ça, je trouve que tu es un peu conne… le prends pas mal, Lyne. Je t’adore, tu le sais bien, mais sérieux, j’en ai vraiment rien à branler moi, de ta popularité ! Tu fais ta vie, les autres tu devrais tous les emmerder bien profondément ! C’est con d’être bloqué pour des trucs aussi… ben aussi cons, quoi, je voie pas d’autres mots. »

Lyne demeura pensive un instant, puis rendit la cigarette à Axel :

« Tu sais quoi ? »
« Quoi ? »

Affichant un sourire satisfait, la rouquine répliqua avec entrain :

« Tu as eu une très bonne idée. Tu peux m’être encore utile, donc tu restes dans ma nouvelle vie. »

Amusée, elle embrassa Axel sur les lèvres, et poursuivit comme si de rien n’était :

« Je vais commencer par plaquer peter. Il va enfin savoir à quel point je m’en balance de son pu*ain de foot à la c*n. Et les filles n’auront pas intérêt à me les briser. Je reste à ma place dans l’équipe, parce que je gère et j’adore ça, mais je compte revoir quelques priorités, dans l’équipe… »

Amusé, Axel se redressa, encrant son regard dans celui de la rouquine, il reprit :

« Une seconde, tu peux recommencer par ta première décision ? »

Etonnée, Lyne fronça les sourcils :

« Quoi ? Peter ? Ben écoute… »

Elle fut interrompue par le baiser que lui rendait Axel. Doux et piquant à la fois, excitant et passionné… Fondant totalement, Lyne agrippa les épaules d’Axel, plantant ses doigts dans ses cheveux mi long, et prolongeant leur baiser dans une étreinte passionnée. Ils restèrent ainsi un bon moment, se bécotant dans ce champ, sans personne pour les regarder, pour les critiquer… Ils étaient libres… Libres comme jamais Lyne n’avait pu l’être… C’était euphorisant ! Axel ceuillit une fleur, et la plaça soigneusement dans ls cheveux de la belle rousse, la dévorant du regard :

« Je dois t’avouer une chose… »
« Quoi ? »
« Je suis fou de la nouvelle, de la véritable, plutôt, Lyne… »
« Ça tombe bien alors… parce que je suis folle de toi. »

Chez elle, Lyne posa soigneusement la fleur dans un petit vase, pensant à la rupture qui l’attendrait le lendemain… Le sang allait couler (au sens figuré) au lycée…

Opalyne était étudiante en médecine. Elle avait eu sa première année du premier coup, mais elle avait vécu un véritable calvaire… Puis l’été d’après avait été le plus magique qu’il soit. Sa vie avait été transformée grâce à l’arrivée d’un homme dans sa vie. Un homme formidable qu’elle avait d’abord regardé avec méfiance et dont elle était, finalement, tombée folle amoureuse. Le seul problème, c’était que cet homme n’était pas n’importe qui. Il travaillait très dur, et était en déplacements sans arrêt. Ils ne pouvaient donc presque jamais se voir, et ça pesait douloureusement dans le cœur de la rouquine qui tentait de travailler ses cours, de son côté, sans trop penser à son chéri qui était loin d’elle.

Elle était en troisième année à présent. Son petit ami était rarement passé dans la région, souvent c’était elle qui avait dû faire le déplacement. Si bien que même ses amis commençaient à douter de l’existence de ce fameux petit ami… Folle de colère, ce jour là, Lyne les avait tous envoyé bouler, et s’était réfugiée dans ses cours, sachant que malgré tout, étant donné l’état dans lequel elle se trouvait, rien ne serait appris correctement. Mais elle avait besoin d’isolement.

Les partiels de janvier arrivaient, et elle n’avait pas de nouvelles de son petit ami depuis plus de trois semaines. Rongeant son frein, Lyne faisait comme si elle se réjouissait de leur (trop) brèves conversations téléphonique, mais elle vivait mal son absence.

La fin des examens arrivés, Opalyne sentit un poids la quitter. Le stress en moins, elle n’oubliait pas ses problèmes avec son petit ami… Emeric l’interpella alors qu’elle était perdue dans ses pensées :

« Lyne ! On se fait toujours notre sortie en boîte ce soir ??? »

Soupirant, après un regard vers son téléphone, la rouquine répondit d’une voix morne :

« Je devais voir mon copain… mais il m’a donné aucune nouvelle… »

Elle était totalement dépitée. Il voulait la larguer ou quoi ??? Parce que bon, là, elle ne lui trouvait aucune autre excuse ! Ils atteignaient le hall, quand des filles se trémoussèrent sur place, et gloussèrent. Des éclats de voix et des bribes de conversation atteignirent Opalyne qui eut un certain temps de réaction.

« Han regarde… »
« …Mannequin ! »
« .. mais oui, la pub de Chanel, tu sais bien… »
« Il a de trop beaux abdos ! »
« Terence, pour le parfum… »

S’arrêtant net, Opalyne leva les yeux, et elle le vit… Il était bien là, dans le hall de la fac, il l’attendait. Il était adossé à un mur et posa ses yeux sur elle quand elle releva la tête. Un sourire doux et plein de promesses traversa le visage de son petit ami, tandis que Lyne n’en revenait toujours pas. Il la rejoignit en de longues et sûres enjambées et l’enlaça sous le regard médusé de ses camarades de promotion… Finalement, le petit ami existait bel et bien et il était loin d’être un sombre inconnu…

Lexy embrassa tendrement la rouquine qui se sentit fondre dans ses bras. L’enlaçant, elle plongea un regard plein de larmes dans celui du mannequin :

« Je… Je croyais que tu ne viendrais plus… »
« C’était pour te faire une surprise… je t’aime. »

Elle l’embrassa derechef, avec passion. Ciel, il était là… Toujours bien à elle… Un terrible poids venait de s’envoler, elle se sentait libérer. Sa vie reprenait tout son sens, elle était fière d’être cette rousse de médecine qui sauvait tant bien que mal ses examens et retrouve, enfin, son chéri pour quelques jours en tout cas… Un dernier baiser, et ils abordèrent une possible sortie en boîte, le tout accompagné d’un clin d’œil d’Opalyne à l’attention d’Emeric.

Le rythme de la basse, la batterie qui explose, la guitare hurlant, et sa voix qui se joint à cet ensemble, s’élevant dans une foule qui n’est pas toujours attentive. Axel savait que les débuts étaient forcément difficiles. Parfois, il n’y croyait plus… Quand il voyait tous ces gens parler, sans prendre deux secondes pour écouter sa musique… Il avait l’impression de se jeter dans le vide sans filet pour amortir la chute… il n’était même pas sûr que quelqu’un le rattraperait… Des fois, il n’y croyait plus… plus du tout. Il perdait ses rêves, ses espoirs. Il se sentait seul, perdu… Pourtant il aimait tellement ce qu’il faisait ! Il avait une telle envie de faire connaître sa musique, d’entendre ce son traverser des emplis dans une plus grosse salle… devant plus de monde… des gens qui aiment ce qu’il fait quoi ! Ce soir, il n’y croyait pas. C’était un soir sans. Il chantait, mais personne ne l’écoutait. Il avait envie de balancer son micro sur la tête de cette sal*pe de blond*sse qui hurlait de rire à quelques pas de lui, sans même prendre la peine de le regarder. A entendre sa musique sans même l’écouter… Puis son regard croisa des prunelles attentives, et il fut subjugué.

Fixant son regard dans celui de la rouquine, il chanta pour elle. Sa façon de le regarder avait fait bondir sauvagement son cœur dans sa poitrine. La musique renaissait en lui, il avait encore de l’espoir, il avait de nouveau envie d’y croire ! C’était magique… Le concert s’acheva extrêmement bien. Il fixait toujours cette rousse qui ne l’avait pas quitté des yeux elle non plus. Elle souriait, doucement, dégageant une telle assurance qu’il n’aurait peut-être pas osé l’aborder, dans d’autres circonstances, mais ce soir, c’était ‘son soir’… A moins que ce ne soit le ‘leur’ ? Mais une chose était sûre : il savait qu’il n’allait pas la laisser filer comme ça !

Le groupe rangeait le matériel, il s’approcha de la jeune fille qui buvait, seule, son verre. Il inclina légèrement la tête :

« Salut… Tu as aimé ? »

Elle eut un sourire amusé, répliquant sans hésitation :

« Je ne serais plus là si ça n’avait pas été le cas. Tu joues depuis combien de temps ? »
« 6 ans. Mais le groupe date de 8 mois… »
« Pas mal. »
« Moi c’est Axel. »
« Je sais, tu t’es présenté au début du concert… »

Devant la mine légèrement déconfite (voire agacée) du chanteur, la rouquine éclata de rire :

« Aller, détends toi ! Moi c’est Opalyne. »

Franchement, ce prénom ne collait pas du tout à la rouquine, du point de vue d’Axel… Du moins c’est ce qu’il commença à penser… Il l’avait trouvée directe tout en étant distante, mystérieuse… pour lui, Opalyne était plutôt un prénom pour fille un peu trop ‘délicate’, mijorée, comme la blondasse qui les regardait là, actuellement… Mais finalement, après un instant de réflexion, il lui trouva des traits fins, des yeux d’un bleu incroyablement hypnotiques, et une allure plus que particulière. Il sourit doucement :

« Sympa… »
« Ouai, si on veut, tu peux m’appeler autrement, ça me dérangera pas. »

Puis la blonde les rejoignit. C’était quoi cette gonzesse pu*ain ? Axel lui aurait bien fait bouffer son micro, là…

« Lily ? »

La rouquine se tourna vers la blonde qui dévisageait Axel avec un regard hautain qui ne pouvait que poussait le brun à vouloir lui faire manger le micro d’avantage encore. Mais il se contint.

« On y va chérie. »
« Ouai ouai, je vous rejoins. »

La rouquine termina son verre et sourit à Axel, tandis que la blonde s’éloignait. Opalyne ou ‘Lily’ caressa la joue du musicien du bout des doigts :

« Si jamais tu veux me revoir, vas aux matchs des Sotters. »
« C’est quoi ? »
« Une équipe de basket… »

La rouquine posa ses lèvres sur celles du brun, amusée :

« Tu me verras avec les autres filles de ce soir, entrain de faire le grand écart sur le terrain. Ciao. »

Opalyne quitta le bar, non pas se retourner une fois, pour faire un clin d’œil à ce fameux ‘Axel’. La rouquine était en décalage total avec les autres filles de l’équipe. Mais elles s’en fichaient. L’ambiance était quand même bonne entre elles, et c’était tout ce qui comptait. Elles n’avaient pas les mêmes mecs, les mêmes goûts musicaux… mais au fond, ce n’était pas ça le plus important, dans une équipe.

Les jours passèrent et Axel se demandait si il allait voir la rouquine ou pas. Franchement il en avait super envie, et en même temps il se demandait vraiment si c’était une bonne idée tout ça… Elle était pompom girl ! C’était quoi ce délire ? Depuis quand les pompom girl savent écouter de la bonne musique, franchement ??? C’était pour cette unique (mais si énormissime) raison que le musicien hésitait sincèrement à aller la voir, là-bas, sur son terrain à elle, alors que si ça se trouve c’était un de ces foutus paris à la c*n entre pauvres gamines débiles qui n’ont rien à faire de mieux de leur vie que de pourrir celle des autres.

Le match avait débuté, et Axel était dans son canapé. Il était totalement hors de question de se prendre la tête pour une gonzesse qui était sûrement là pour se moquer de lui. Inutile d’aller sur son terrain et de se prendre des remarques glaciales et des rires de malades mentales en pleine face. Il ne serait pas le spectacle de ces bouffones. Pourtant… Elle avait vraiment eu l’air cool… Enfin, pas comme les autres filles quoi… mais c’était ses coéquipières et amies, non ? Alors elle devait bien être comme elles… non ?


Pendant ce temps, Lyne était sur le terrain. Elle avait surveillé… mais elle n’avait pas vu Axel. Bon avec la masse de personnes présentes, elle l’avait peut-être raté… mais une voix murmurait à son oreille qu’il n’allait sans doute pas venir. Et ça lui faisait de la peine. Elle le connaissait à peine, oui, mais il lavait vraiment eu un truc qui avait donné envie à la rouquine d’en faire son quatre heures de le connaître d’avantage…

A la fin du match, Axel n’était toujours pas en vue. Lyne savait qu’il n’était pas venu. Il ne viendrait pas. Faisant fis des remarques de ses coéquipières concernant ses goûts sur les garçons (de toute façon elles ne vivaient pas sur la même planète, comme pouvaient-elles se comprendre ???). Soupirant, la jeune fille se doucha puis s’habilla pour partir. Quand elle quitta les vestiaires, il était là, devant elle… Il se redressa, alors qu’avant il était adossé au mur et lui adressa un léger sourire. Loin d’être conquise (bien qu’elle soit contente de le voir, finalement), elle se contenta de le fixer en silence. Croisant les bras, la jeune fille était plantée devant lui et l’observait en silence.

« Tu n’es pas venu. »
« Si. Je suis là. »

Elle lâcha un rire moqueur.

« Tu n’étais pas au match. »

Axel s’était rapproché d’elle. Il répondit, dans un murmure :

« Je pensais pas que tu étais sérieuse. Je pensais que c’était juste un jeu avec tes copines… Généralement, une pompomgirl ne s’intéresse pas trop au métal. »

Levant les yeux au ciel, la rouquine répliqua :

« Désolée de ne pas correspondre à ta norme ! »

Axel vit qu’elle plaisantait et il reprit donc, un peu inquiet même s’il le cachait bien :

« Tu me donnes une chance ? »

Hésitant un instant, la jeune fille répondit finalement :

« Faut voir… Prouve moi que tu la mérites déjà. »

Elle l’observait avec défi, ses prunelles azur étincelant de malice et d’intelligence. Non, elle n’était pas du tout à l’image que s’était fait Axel sur les pompom girl. Le côté terriblement sexy mis de côté, bien sûr. Faisant un pas vers elle, ses yeux plantés dans ceux de la miss, il sourit à son tour, amusé :

« Ok… »

Il glissa sa main droite dans le dos de la rouquine qui se laissa faire et se pencha vers elle, caressant sa joue de sa main gauche, ses yeux plantés dans ceux de la miss, toujours. Puis il l’embrassa. Doucement, d’abord, puis avec de plus en plus de plaisir, de désir. Opalyne n’en attendait pas moins. Ses mains glissant contre la nuque du jeune homme, elle lui rendait son baiser et donnait plus de puissances à l’étreinte, comme si leur vie en dépendait. Un sourire aux lèvres, Axel chuchota :

« J’ai donc ma seconde chance ? »
« Faut croire que tu peux être très convainquant…’ »

Il lui adressa un sourire entendu et ils partirent tous les deux, la main d’Axel glissée à la taille de la petite rousse. En cet instant précis ils étaient comme seuls au monde. Plus rien ne comptait à par l’autre… Ils étaient un tout et se sentaient très bien comme ça. Ils ne pensaient ni au passé, ni à l’avenir. Seul le présent comptait. Et il était magique.

Ils passèrent une longue partie de la soirée ensemble, juste tous les deux à se découvrir l’un et l’autre… c’était fantastique tous ces points communs qui les unissaient… Et lorsque Axel la déposa chez elle, il l’embrassa avec beaucoup de douceur et chuchota :

« Bonne nuit. »

Elle lui répondit dans un sourire :

« Je vais rêver de toi. »

Ce à quoi il répliqua dans un éclat de rire :

« Je n’en attendais pas moins ! »

Puis il s’en alla et elle soupira, ravie…

Lyne avait seize ans. Elle avait changé. La petite fille pleine de vie était devenue distante, silencieuse, parfois simplement intolérante (du point de vue de son père en tout cas) voire même violente ou irrespectueuse... Sa folie enfantine avait laissé place à une rage incroyable. Une rage noire qu’elle était incapable de contrôler… Tout l’insupportait dans ces réceptions sans intérêt. Ces faux semblants, ces sourires mielleux… Furieuse après cette comédie dans laquelle on l’avait poussée depuis son plus jeune âge, elle respirait la colère, bouillait de rage et rejetait sa fureur sur tous ceux qui osaient l’approcher. Son père l’avait sévèrement punie pour ses nombreux écarts devant la ‘haute société’. Ce soir, elle était tenue de bien se comporter, sinon…

Lyne avait donc sourit, elle avait fait semblant et elle avait subi cette idiote réception tout le temps qu’il l’avait fallu. Puis, lorsqu’elle en avait eut l’occasion, elle s’était échappée. Que cela en déplaise au paternel, peu lui importait. Elle s’était retrouvée aux étages supérieurs, et avait fini par trouver de quoi sortir discrètement : une fenêtre qui donnait sur les toits. La rouquine passa avec aisance et marcha lentement jusqu’au bord, où elle s’assit, ses pieds pendant alors dans le vide. Son regard fixait l’horizon. Sortant une cigarette, elle l’alluma et aspira lentement ce poison qui anesthésiait si agréablement ses sens… les yeux clos, elle sentait l’air glacé de cette soirée de décembre faire gonfler sa tignasse couleur feu. La fumée s’échappait de sa bouche avec la buée due à la faible température ambiante. Elle portait une simple robe de soirée et frissonnait, mais elle préférait rester ici et crever de froid que retourner voir tous ces c*ns là bas…

Elle était trop concentrée dans ses pensées, perdue dans sa haine pour entendre l’intrus qui s’était glissé derrière elle et ‘lavait suivie jusqu’ici. Aussi sursautta-t-elle lorsque la voix, grave, s’éleva, juste au dessus de sa tête.

« C’est original, comme coin… Mais on a trouvé mieux d’un point de vue confort et même au niveau de la température… »

Il s’était assis à côté d’elle, et ajouta :

« Tu m’en files ? »

Elle le dévisagea en silence de ses grands yeux bleus, puis lui tendit sa cigarette. Il tira quelques bouffées avant de la lui rendre, recrachant doucement de la fumée.

« Tu fais quoi ? »

Lyne haussa les épaules, frigorifiée, ses mouvements lui demandaient plus d’efforts que prévu :

« Je réfléchis. »

Elle soupira, puis reprit, comme pour elle :

« Je comprends pas… Tout ce remue ménage, ces abrutis qui se croient si supérieurs aux autres. Ils ont quoi, franchement ? Ils sont tous pareils, faut y arrête, b*rdel. Ils ont le fric, ouai, mais après ? Mon père a été cocu, et il se trimbale quand même avec les filles bâtardes de son ex femme parce qu’il n’a que ça à présenter, et qu’on présente bien. C’est pas de la co**erie à l’état pur ça, p*tain ??? »

Les larmes de rage et de douleur glissaient sur les joues d’Opalyne sans même qu’elle ne s’en soit rendue compte.

« J’arrive pas à comprendre… Ils font jamais ce foutu effort de regarder autour d’eux… Moi je suis là, je regarde le monde, et je me demande ce qu’il se passerait, si jamais cette baraque pétait. La réponse vient tout de suite : rien ne changerait. Il y aurait des heureux, quelques malheureux, mais le monde en lui-même n’en serait pas changé pour autant… Ils ne sont rien. Nous ne sommes rien… Et quand je me dis ça… »

Elle fut interrompue par le flot de larmes qui se mit à couleur. Caleb demeurait immobile, son regard fixant l’horizon que la rouquine fixait précédemment. Lyne ne réagissait plus, les larmes coulaient, elle hoquetait. Et il ne savait pas quoi faire. Il comprenait son point de vue, mais ce n’était pas comme s’ils pouvaient y faire grand-chose de toute façon… Il se plaça contre elle, posant sa veste sur ses épaules à lui et celle de la rouquine. Elle tremblait, tout contre lui. Il sentait son souffle chaud dans son cou ainsi que les larmes qui coulaient à présent sur sa peau à lui… Doucement, il chuchota :

« On peut toujours faire quelque chose… Sans aller jusqu’à faire péter la baraque, hein… Mais tu as plein de possibilités… Tu peux leur prouver que tu es mieux en étant toi qu’en étant ce qu’ils veulent que tu sois. Lâche toi. Vies ta vie. »

Doucement, les lèvres de Caleb se posèrent sur celles d’Opalyne dont le corps commençait à peine à se réchauffer. Il resta ainsi un long moment, assis avec elle tout contre lui, sa veste les couvrant tous deux.