Loin de tout, mais loin de chez nous [PV]

Fredericke aimait Vincent bien au delà de toute raison. Même si elle avait un entourage qui tenait à elle (dans lequel parfois elle pouvait même inclure son frère et son père), elle n'avait jamais compté sur personne d'autre que sur elle-même ou sur Vincent, dans cet ordre d'ailleurs. Son petit ami avait toujours eu son lot de problème et lorsque c'était possible, elle essayait de le laisser en dehors des siens. Mais il y avait eu des fois où elle n'avait pas eu le choix, quand son oncle était décédée, quand Olwen avait essayé de la violer et quand ils avaient perdu leur bébé... Il y avait des moments où elle n'était pas assez forte pour se battre seule. Il faut dire que sa combativité ne pouvait guère compenser le fait qu'elle était un petit bout de femme avec pas beaucoup de force physique. Cela la chagrinait depuis le début de son adolescence, mais elle avait fini par s'y faire, elle ne serait jamais aussi forte que Vincent, physiquement du moins. Moralement, elle pouvait être plus stable. Tout dépendait du sujet.

« Ce sera un massacre... » Murmura-t-elle, la haine brillant quelque part dans le fond de ses yeux. Fred' n'avait jamais haï avant ça. Il arrivait qu'elle n'aime pas les gens, mais il n'était pas dans sa nature profonde de détester ainsi. Elle était douce, gentille, amicale, mais on avait tué une partie d'elle, annihilant par la même toute trace de bonté à l'encontre de la personne qui avait agi contre elle. S'il n'y avait eu qu'elle de blessée, elle n'aurait pas été aussi dure. Mais Fred' était une lionne à bien des égards, toucher à ses petits, c'était ce qu'on pouvait lui faire de pire. Lorsqu'elle prenait le temps d'avoir des scrupules, elle était triste de se sentir aussi froide à l'intérieur, mais que se passerait-il si elle laissait passer ? Si elle se contentait du minimum ? Qui serait la prochaine victime ? Son frère ? Hors de question. Et puis, elle voulait un enfant de Vincent, et elle voulait qu'il soit en sécurité, alors elle devait montrer qu'ils n'étaient pas des victimes.

« Peut-être... Je verrais... Pour l'instant j'ai encore trop peur. » Pour son frère voulait-elle dire. Avec lenteur, elle se laissa reposer contre Vincent, tentant de chasser cette haine qui n'avait pas encore de cible. Mais cela viendrait. Ils allaient réussir à les attraper. Ensuite, ils se vengeraient, et ils protégeraient leur futur... C'était une litanie qu'elle se répétait inlassablement, comme on se répétait une profession de foi, pour se rassurer, pour se galvaniser. Ils pouvaient le faire... même si le prix en était élevé, ils avaient déjà payé.