Je t'avais jamais vue (PV) (TERMINE)

L’année se terminait et Tarek quittait Poudlard en ayant réussi son passage vers la deuxième année, et surtout avec la magie retrouvait. Quelques jours avant les examens finaux, en effet, on avait soudain découvert que les baguettes s’étaient remises à marcher pour une raison inconnue de tous, ou en tout cas de Tarek. McGonagall, qui avait annoncé la nouvelle à ceux qui, comme le garçon, ne s’en étaient pas rendus compte par eux-mêmes, ne leur avait donné aucune information. D’un autre côté, il s’en fichait pas mal. L’important était que tout soit rentré dans l’ordre et que, dès l’année prochaine, il pourrait de nouveau vraiment pratiquer la magie, à défaut de pouvoir le faire à la maison, puisque c’était rigoureusement interdit par le règlement de Poudlard. Le jeune homme se demandait d’ailleurs comment il était possible que le règlement de l’école s’applique également en dehors. A moins que ce ne fût une règle du Ministère de la magie pour protéger le secret. Ca n’était pas très important non plus, de toute façon : tout ce qu’il y avait à savoir était qu’il ne pouvait pas utiliser sa baguette pendant les vacances sous peine d’être renvoyé de Poudlard, alors autant dire qu’il allait se tenir à carreau. Il ne faisait pas les règles et ne pouvait de toute façon pas dire grand-chose dessus. Qui l’aurait écouté ?

En tout cas, Tarek était assez content de pouvoir rentrer chez lui pour deux mois. Ses frères et sœurs lui manquaient, tout particulièrement Hadjera, et ses parents, aussi. Ils ne seraient sans doute pas très contents de ses notes somme toute pas excellentes, mais au moins il passait et c’était ça le principal. Après tout, il était à Gryffondor, pas à Serdaigle ou à Poufsouffle, cela prouvait bien qu’il ne pouvait pas être le meilleur, bien qu’il se battît pour faire mieux.

Tarek fut donc l’un des premiers à entrer dans un des grands compartiments rouges, suivit par tout un flot d’élèves dans lequel il avait perdu Rhys, Opalyne, Silah, Samara…bref, tous les premières années avec qui il lui arrivait de trainer. Ils le retrouveraient plus tard – ou pas – en attendant, Tarek allait en profiter pour trouver la meilleure place du train. Laquelle c’était ? Il n’en avait encore aucune idée, mais il allait bien trouver. Le garçon voyagea donc un instant entre les compartiments, et finit par tomber sur quelqu’un qui, apparemment, s’y était faufilé avant lui. Une fille, donc, de Serdaigle à en juger par le blason qui ornait sa poitrine. Pas bien vieille non plus : elle n’avait pas beaucoup de seins, par comparaison avec toutes les filles plus âgées qu’il y avait à Poudlard. Elle devait avoir son âge, ou être de celui d’au-dessus. Bien que le Soudanais ne fût pas particulièrement doué pour deviner l’âge des autres, il y avait des choses qui se voyaient comme le nez au milieu de la figure. Ou pire, un furoncle sur le dit nez. Bref, vous aurez compris l’idée. Appréciant le fait de rencontrer de nouvelles personnes, Tarek s’assit en face de la jolie demoiselle.

- Salut, moi c’est Tarek ! Comment tu vas ?

Politesse, présentation, bref, tout ce qu’il fallait selon sa mère pour bien commencer une discussion avec une inconnue, et particulièrement une demoiselle. Après tout, entre garçons, c’était bien plus simple, une tape dans le dos, des coups de poing si nécessaire…bref, je m’égare. Disons que Tarek était fier de lui et de la façon dont il appliquait à la lettre – ou presque – les consignes de sa bien-aimée maman.

Eryn avait mis du temps à se rendre compte du retour de la magie. Ne se servant pas de sa baguette quotidiennement, elle s'était aperçue du changement lorsque le professeur McGonagall l'avait annoncé publiquement. Après plusieurs mois où Eryn avait essayé en vain de faire sortir des étincelles de sa baguette en bois de houx, ce fut une véritable renaissance pour la fillette que de pouvoir passer ses examens avec un outil qui marchait correctement. Oui parce que bon, obtenir sa propre baguette à l'âge de onze ans et ne pouvoir s'en servir que pendant quelques semaines, c'est assez frustrant non ?

C'était un véritable bonheur pour Eryn que de quitter le château après avoir validé ses examens. Après l'annonce de son passage en deuxième année, la fillette s'était précipitée à la volière pour indiquer à sa mère ses résultats. Elle se doutait qu'à la fin de la journée, elle aurait le droit à un magnifique festin préparé par la personne qu'elle aimait le plus au monde. Une mère, on en a qu'une ! Et Keitha était probablement la meilleure. Enfin, c'était le point de vue de la fillette et tout le monde sait bien qu'un enfant n'est jamais objectif quand il s'agit de parler de sa mère ! Avec une certaine hâte de rentrer chez elle, Eryn avait trainé sa grosse malle jusque dans le PoudlardExpress sans vraiment participer aux conversations qu'elle entendait autour d'elle. Une fois à bord, elle partit à la recherche d'un compartiment vide pour s'y installer pendant tout le voyage. Bien qu'elle appréciait ses camarades de première année à Serdaigle, il était bon de se retrouver seul un peu de temps en temps.

S'asseyant sur la banquette, elle chercha dans son sac un livre pour essayer de s'occuper l'esprit pendant le voyage jusqu'à Londres. Mais le paysage qui défilait par la fenêtre la tirait sans cesse de sa lecture pour la plonger dans ses pensées. Elle était en train de laisser son esprit divaguer en observant les landes d'Écosse quand la porte du compartiment s'ouvrit pour laisser entrer un jeune garçon. Un Gryffondor visiblement. Eryn avait l'impression de l'avoir déjà vu. Après tout, il semblait avoir son âge, peut-être avaient-ils partagé des cours lors de cette année mouvementée ?

Salut... Ca va bien et toi ? Moi c'est Eryn, enchantée !

Tarek... ce nom lui était familier. Il lui semblait avoir entendu le professeur McGonagall le prononcer lors de certains cours.

Ancien première année ? Je crois qu'on s'est croisé plusieurs fois en métamorphose...

Bah, elle passait tellement inaperçue qu'elle ne serait pas étonnée qu'il lui avoue qu'il n'avait aucune idée de qui elle était.

Bon, premier point positif, Tarek ne se faisait pas jeter à coups de pieds par la Serdaigle. D’un autre côté, ça aurait été plutôt étonnant : même si le jeune homme n’était pas bien grand, la fille n’était pas plus impressionnante, et le jeune homme doutait qu’elle eût la même expérience que lui dans le domaine du combat à mains nues ; quant à utiliser la magie, ils pouvaient tous deux l’oublier tout de suite : ils n’avaient certainement pas appris assez pour pouvoir se faire quoi que ce soit. Heureusement, parce que Tarek doutait de pouvoir vraiment lancer un sort correctement. De toute façon, ils n’avaient pas le droit de l’utiliser, la magie, puisque dans le train ils étaient en dehors de Poudlard et Tarek n’allait certainement pas risquer l’expulsion pour si peu. Tout ça n’étaient cependant que supputations puisqu’en l’occurrence Eryn comme la fille s’appelait sembler accepter sa présence. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

- Oui, ça va, je suis pressé de rentrer, pas toi ? Ca fait tellement longtemps que j’ai pas vu mes parents ! Et mes frères et sœurs ! D’ailleurs, tu en as, toi ?

Tarek rougit un peu, conscient qu’il venait de recommencer à poser plein de questions à une presqu’inconnue. S’il continuait, tout ce qu’il allait réussir à faire, c’était d’énerver Eryn qui ne voudrait plus de sa compagnie, et le projet du jeune homme n’était évidemment pas d’ennuyer son hôte, ou du moins celle qui était arrivée la première dans le compartiment. Il s’arrêta donc pour laisser la fille répondre, ajoutant tout de même un petit « si c’est pas indiscret » afin de se faire pardonner de son éventuelle indiscrétion. Vraiment, il fallait qu’il se calme d’ici à leur arrivée à Londres, sinon l’été allait être difficile.

Si lui ne voyait pas du tout qui était Eryn, elle en tout cas sembla l’avoir retrouvé, plus ou moins en tout cas. D’un autre côté, le jeune homme était toujours entouré de filles ~~le pauvre~~ alors ça n’était pas facile d’en plus retenir le nom et la tête de celles des autres maisons ! Le pauvre avait déjà le cerveau bien rempli avec tous les cours qu’ils devaient apprendre, ou du moins qu’ils avaient dû apprendre puisque l’année était terminée.

- Euh c’est possible, si on était tous les deux en première année.

En effet, Tarek se souvenait au moins que le cours de métamorphose avait été assez difficile pour les lions dans la mesure où ils devaient subir la comparaison avec les Serdaigle qui, pour la plupart, réussissaient tout, particulièrement quand il s’agissait de théorie. Les préjugés et goûts des fondateurs avaient tout de même encore lieu, même plusieurs siècles après que Poudlard eût été bâtie.

Le wagon était baigné d'une douce couleur dorée, signe que le soleil avait refait surface. Son reflet sur les lacs d'Écosse qui surplombaient le paysage gênait à la vision de la jeune Serdaigle. Plissant légèrement les yeux pour voir son interlocuteur, elle remarqua son air quelque peu « rassuré » de la voir coopérante. Que pouvait-elle faire ? Occuper un wagon à elle seule et en refuser l'entrée à quiconque voulait s'assoir en face d'elle ? Non, ce n'était pas le genre d'Eryn. Pour tout dire, l'idée de se battre pour défendre un de ses caprices ne lui était même pas venu à l'esprit. C'était une jeune fille douce et gentille à qui la vie avait sourit.
D'un signe de tête, elle proposa à Tarek de s'assoir face à elle. Après tout, s'ils devaient discuter, autant qu'il soit confortablement installé. Le jeune garçon se mit alors à parler de ses vacances et de sa joie de retrouver sa famille. Eryn se mit alors à sourire. Elle connaissait bien ce sentiment. Elle n'avait pas revu sa mère depuis les vacances de Noël et la jolie guérisseuse lui manquait !

Non, pas de frère et sœur. Mais je te comprend parfaitement, moi aussi j'ai hâte de rentrer ! Ma mère en peut plus, cette dernière semaine je recevais un hibou tous les jours !

Bon d'accord, même si Keitha lui écrivait autant, cela n'était pas pour déplaire à la jeune Serdaigle. Et même si elle avait sentit comme un poids en moins après la semaine d'examen, elle n'avait rêvé que d'une chose : rentrer chez elle et retrouver son cottage. Le fait que Tarek lui parle ainsi de sa famille rendit la jeune Serdaigle curieuse. Elle n'avait jamais eut de frères ni de sœurs, elle n'avait grandit qu'avec sa mère...

T'as combien de frères et soeurs ? Et tu t'entends bien avec eux ?

Oui bon, c'était pas le genre de question qu'on posait la première fois qu'on rencontrait quelqu'un mais cela intriguait beaucoup Eryn.

Visiblement, elle passait complètement inaperçue... Le fait qu'il ne sache pas s'ils étaient tous les deux dans la même année la fit se sentir légèrement gênée. Elle cacha cependant son malaise en acquiesçant :

Oui oui, je suis... enfin j'étais, vu que l'année est finie, en première année...

Elle ne lui en voulait pas. Après tout, ce n'était pas de la faute du jeune garçon si on ne faisait pas attention à elle. Mais Eryn s'en suffisait. Elle ne se déplaisait pas dans sa solitude mais sa timidité pouvait lui porter préjudice : la preuve, une année en cours commun de métamorphose et Tarek n'arrivait pas à la resituer. Bah, après tout, elle était généralement dans la masse collective, assise au fond à faire ses exercices mais sans pour autant participer en cours. Qui pourrait le blâmer ?

Un hibou par jour ? Mas la mère d’Eryn devait en user pour pouvoir leur faire tenir un tel rythme. Heureusement, malgré l’étendue de sa famille, Tarek ne recevait pas autant de courrier que cela, ça l’aurait plus ennuyé qu’autre chose, au final. Une de temps en temps, deux fois par mois peut être, c’était tout à fait suffisant. Le jeune homme avait beau beaucoup aimer tout le monde chez lui, il était aussi très bien à Poudlard. Sa mère et ses sœurs surtout lui manquaient, mais c’était surtout parce que ça commençait à faire long, depuis les dernières vacances. Il était ainsi tout content de pouvoir recommencer ses petits jeux avec Hadjera.

- Elle est folle ta mère ou quoi ? Ma mère m’aurait tué si j’avais fait pareil, et puis comment elle pouvait avoir encore des choses à te dire ?

Oui parce que écrire des lettres c’était bien beau, mais encore fallait-il avoir quelque chose à mettre dedans, ce qui n’était évidemment pas le cas pour Tarek tous les jours. En effet, il ne se passait pas tant de nouvelles choses dans sa vie, comme dans celle de tous, en même temps. Quoique la maman d’Eryn pouvait très bien avoir une vie tellement trépidante au point de pouvoir en partager autant d’aspects avec sa fille. Il espérait que la Serdaigle avait pu lui répondre, sinon ça devait être plutôt gênant.

Toujours est-il qu’en parlant de famille, Eryn revint sur celle de Tarek qui – la sorcière ne le savait pas – était plutôt nombreuse par rapport à la moyenne des familles du pays à l’exception de quelques unes particulièrement étendues comme les Montgormery ou les Fawcett que ni l’un ni l’autre n’avaient de toute façon jamais rencontrés, trop jeunes pour cela – ou du moins à Poudlard puisque ni Tarek ni moi ne connaissons l’histoire de la vie (c’est l’histoiiiiiiiiiiiiiiiiire de la viiiiiiiiiiiiiiiiie !) d’Eryn. Lui, en tout cas, était content de pouvoir parler de sa famille.

- 6 ! Trois frères et trois sœurs. Ca va, généralement, pas pareil avec tout le monde, mes sœurs sont petites donc je joue pas encore trop avec elles, sauf Hadjera, elle entre à Poudlard l’année prochaine. Mes frères sont pas non plus beaucoup à la maison à part Atem. Au moins, je m’ennuie pas à la maison. Tu t’ennuyais jamais, toi ?

Bien évidemment, si c’était le cas et qu’Eryn n’habitait pas trop loin, il se ferait un plaisir à l’inviter de temps en temps. Certes, il venait de la rencontrer, mais elle avait l’air vraiment sympa pour une Serdaigle, même si elle était en fait et surtout la première qu’il rencontrait depuis son arrivée à Poudlard ; du moins la première à qui il parlait. Après tout, Gryffondor et Serdaigle n’avaient pas les caractères les plus proches, au château, ça lui semblait un peu logique. Le jeune homme ne passait pas beaucoup (pas assez ?) de temps à la bibliothèque.

Le train filait dans la campagne écossaise pour se diriger vers l’Angleterre. Bientôt, le mur d’Hadrien, ou ce qu’il en restait, serait passé sans que les deux jeunes gens n’en sachent rien. Pour ce qui était de Tarek, il ignorait même l’existence de cette ancienne fortification, de même que toute l’histoire de son pays d’accueil.

A la remarque de Tarek sur sa mère, Eryn se mit légèrement à rougir. Oui bon, un hibou par jour c'était peut-être exagéré, Keitha avait du lui en envoyer trois ou quatre par semaine. C'était toujours beaucoup mais étonnamment, la mère d'Eryn avait toujours quelque chose à raconter...

Bon, peut-être pas un hibou par jour, il faut leur donner le temps de revenir avec ma réponse. Mais dis-toi que ma mère trouvait toujours des choses à me raconter... Surtout les derniers ragôts à la mode dans mon village. J'ai toujours eut une relation fusionnelle avec elle... Faut dire qu'elle m'a élevée toute seule donc quand je suis partie à Poudlard, c'était étrange pour elle de retrouver la maison vide...

Pourquoi ce sentiment de culpabilité au creux de son estomac ? Eryn n'avait pas à se sentir coupable de la solitude de sa mère. Et puis d'ailleurs, pourquoi Keitha ne s'était-elle jamais mariée ? Eryn soupçonnait sa mère de nourrir un espoir vain : celui que son père revienne. Mais pas une lettre en douze ans, pas un signe de vie... Pour Eryn, cela laisser envisager l'idée qu'elle se faisait de son père et brisait ses rêves d'avoir une famille "normale", une famille comme celle de Tarek... Car plus elle l'écoutait parler, plus elle enviait l'enfance qu'il avait eut. Grandir au milieu d'enfants était quelque chose qu'Eryn aurait voulut vivre. Non, elle, elle avait grandit dans un cottage au bord de la plage avec une mère dévouée à son travail et le reste de sa famille restée vivre en France. Aussi, l'ennui elle le connaissait. Il était d'ailleurs son plus fidèle compagnon. C'était lui qui lui avait donné le gout de la lecture et du savoir. Quand sa mère partait travailler, Eryn l'accompagnait et dévorait tous les livres qu'elle pouvait trouver. Elle saurait ainsi énoncer toutes les différentes façons de soigner les morsures de dragon, elle pourrait classer les différents symptômes de l'Eclabouille dans l'ordre de l'évolution de maladie... Mais au contraire, elle ne saurait expliquer le terme de fratrie au sein d'une famille.

Aussi, lorsque Tarek lui demanda si elle ne s'ennuyait pas un peu, seule, sans frères ni soeurs, Eryn se mit à bafouiller. Elle ne voulait pas qu'il pense que son enfance avait été malheureuse... surtout que bon, soyons honnête, l'adolescence d'Eryn s'annonce difficile avec un mère surprotectrice. Non, Eryn avait été choyée, aimée. Et tout l'amour qu'elle avait reçu dans ses jeunes années, elle le partageait. Elle aimait profondément sa mère, bien que des fois elle lui tape un peu sur le système. Elle aimait aussi profondément son chez-elle, sa petite campagne du sud de l'Angleterre, son petit cottage, le village et ses habitants...

Oh, tu sais, l'ennui... Si, comme chaque enfant... Mais j'avais toujours quelque chose à faire, à découvrir. Bien sur, ça doit être différent quand on grandit dans une famille nombreuse mais je ne suis pas à plaindre.

Bon, heureusement, contrairement à ce que Tarek avait craint au premier abord, la mère d’Eryn n’était pas si folle que ça. Pas au point d’envoyer lettre après lettre sans attendre les réponses, en tout cas. Ca ne changeait pas grand-chose au fait que Tarek, lui, n’aurait pas supporté ça. Bon, d’accord, sa mère n’aurait de toute façon jamais prit le temps de lui envoyer autant de courrier, un temps qu’elle n’avait pas de toute façon, mais le jeune Soudanais aurait également été extrêmement contrarié s’il avait lui aussi dû répondre à autant de lettres. Une ou deux par mois, c’était très bien. A la limite, un peu plus pour ses sœurs qui lui manquaient, mais après, point trop n’en faut.

- Je vois, je crois. Comme on est nombreux à la maison, ma maman s’occupe jamais de tout le monde à la fois, on a dû se débrouiller entre nous. Elle nous aime quand même hein, mais forcément, elle a pas le temps d’être tout le temps avec tout le monde.

Tarek et ses frères s’y étaient par ailleurs très bien fait, particulièrement depuis qu’ils étaient en Angleterre où la vie était quand même bien plus facile, surtout depuis que leur père avait trouvé un bon boulot avec des ordinateurs qui leur permettait de vivre plutôt convenablement – et surtout qui avait permis à la petite famille (ou plutôt, à la grande famille en l’occurrence) d’acheter le matériel nécessaire à Tarek et à son frère aîné. Surtout à Atem, d’ailleurs, puisque le plus jeune des garçons Sene avait récupéré un certain nombre des affaires de son frère : robes usées, manuels, tout ça, c’était des économies bienvenues. Si elle n’avait pas fait de grandes études, la mère de Tarek avait au moins appris à bien gérer une maison et le budget qui allait avec. Cela, en revanche, datait du Soudan, quand leurs revenus étaient plus faibles encore.

- Et pour toi, c’était pas trop dur ?

Tarek n’était pas sûr de comprendre ce qu’Eryn entendait par relation fusionnelle, mais si sa mère avait mal supporté la séparation, ça devait être la même chose – et peut-être plus difficile encore – pour la fille ! Cela permis en tout cas au jeune homme de comprendre que le père de la Serdaigle ne vivait plus avec elle. Il trouvait cela triste, mais à ce qu’il avait pu entendre, c’était le cas d’un certain nombre de familles ici, en Angleterre. Il espérait pour sa part que son papa ne partirait jamais de la maison ! Il n’était pas des plus câlins, mais il était un modèle pour le jeune Soudanais. Il avait travaillé dur toute sa vie et en était à présent récompensé.

En tout cas Tarek commençait à bien aimé Eryn. Elle discutait sans problème et il trouvait ça bien. En plus, elle ne se plaignait pas. Comme elle le disait, elle n’avait pas à se plaindre, même si elle devait sans doute avoir vécu des moments pas faciles si son père était parti. Leur discussion se poursuivi ainsi tout le voyage jusqu’à ce qu’enfin, ils arrivent à Londres après avoir retrouvé des habits moldus qui leur permettraient au moins de rejoindre leur maison.

- Bonnes vacances ! On se reverra à la rentrée, j’espère !

Et sur ce, il dit quitta la Serdaigle et mit un terme définitif à sa première année à Poudlard.

[560 mots]
[TERMINE pour Tarek]

CLASSES

En écoutant Tarek parler, Eryn comprit à quel point leurs vies étaient différentes. Elle ne s'était jamais attardé sur les autres, peut-être par manque de temps ou manque d'intérêt. Mais à ce moment précis, elle ne savait si elle enviait Tarek ou si elle le plaignait. Car certes, même si sa mère se montrait étouffante quelques fois, Eryn n'imaginait pas passer une semaine sans avoir de ses nouvelles. Elle avait beau se plaindre, elle était ma foi assez contente de l'attention que sa mère lui portait. Elle comprenait aussi cependant très bien la mère de Tarek. Comment une mère de sept enfants pouvait-elle montrer autant d'attention qu'une mère célibataire avec une fille de douze ans ? C'était tout à fait logique. Et puis, le jeune garçon ne semblait pas perturbé par cela, bien au contraire ! Aussi, à la question que Tarek lui posa, Eryn aussi les épaules sans vraiment quoi lui répondre. Voulait-il parler de sa relation avec sa mère, de son enfance solitaire ou de l'absence de son père ?

Oh, tu sais, j'ai toujours vécu comme ça donc bon... Bien sur, il y a eut des moments plus difficiles que certains. Et faut dire que l'absence de mon père n'a pas aidé. Mais je pense que ça a été beaucoup plus dur pour ma mère que pour moi. Moi, je ne l'ai jamais connu donc il ne m'a jamais manqué.

Oui, c'était tout à fait vrai. Ne l'ayant jamais connu, elle n'avait jamais eut le besoin de l'avoir dans sa vie. Non, ce qui lui avait manqué en revanche, c'était une image paternelle. Elle avait par ailleurs fait un transfert de cette image sur son grand père. Il l'avait élevé, lui avait appris les valeurs de la vie quand sa mère n'était pas là pour le faire et s'était toujours occupé d'elle comme un père l'aurait fait. Aussi, un vide cruel s'était installé dans son coeur depuis sa disparition. Ce n'était pas son père qui lui manquait, mais plutôt son grand père.

Au fur et à mesure que le train avançait dans les landes d'Angleterre, la conversation entre Tarek et Eryn continuait de bon train, si bien qu'ils n'avaient pas vu le temps avancer. Le chariot à friandise était passé depuis plus de deux heures lorsque le train arriva en gare. Surprise, mais ravie d'être enfin arrivée, Eryn attrapa sa valise et suivit Tarek hors du train.

Oui ! A dans deux mois ! Et bonnes vacances ! cria-t-elle à l'adresse du jeune Gryffondor qui s'éloignait d'elle, après quoi elle se dirigea vers la silhouette souriante de sa mère qui se dessinait dans la fumée du train.

[Fini pour Eryn aussi !]

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