[TERMINE] Le temps n'efface pas les liens du sang

Avril n'avait revue Arya que l'année dernière, après avoir été séparée de cette dernière durant plusieurs années. Si elle avait été très heureuse de la revoir dans son environnement quotidien, elle avait vite comprit que cela ne s'annonçait pas pour être ce qu'elle avait aperçu à première vue. À vrai dire, elle aurait pu compter sur les doigts d'une main les fois où elle avait réussit à lui parler. C'était à la fois déçevant et triste. À Poudlard, il lui semblait qu'elle tombait un peu trop souvent sur les gens qu'elle ne souhaitait pas voir, mais pas assez régulièrement sur ceux à qui elle souhaitait parler. C'était vrai, quoi. Combien de fois la Gryffondor était-elle tombée sur des Serpentard au comportement méprisable depuis son entrée à Poudlard ? Beaucoup trop souvent. Pour tout dire, elle en avait vite perdu le compte. Cependant, elle ne tombait souvent ni sur Estelle, ni sur Sibelle, et encore moins sur Arya. C'était dommage. Vraiment dommage. À vrai dire, la seule personne à qui elle parlait vraiment était Elena, chose plutôt étonnante venant de la part d'une personne comme Avril, qui portait une certaine haine généralisée à l'égard des Serpentard. Elle avait rencontré la jeune fille en cours de potions, et avait apprit à la connaître durant un travail d'équipe. Il était drôle de constater à quel point les deux jeunes filles se ressemblaient malgré la différence qui séparait généralement les membres de leurs deux Maisons. Pour tout dire, lorsqu'Avril lui parlait, elle avait l'impression de voir son portrait, mais version Serpentard. Toutes deux s'entendaient très bien et se comprenaient, même sans avoir besoin de se parler. Avril, pour sa part, croyait bien que c'était ce qui faisait la beauté de l'amitié d'elles deux, qui se contentaient généralement de rester à l'écart des autres, les trouvant trop bavards.

Lorsqu'Arya lui avait donné rendez-vous sur le Chemin de Traverse, la Gryffondor n'avait pas trop su comment réagir. Devait-elle être fâchée du fait que sa soeur remarque sa présence après autant de temps ? Devait-elle être heureuse de la revoir une bonne fois pour toutes ? Elle ne le savait plus. Aussi, lorsqu'Isabell l'avait vue rentrer chez elle avec une expression étrange au visage, celle-ci n'avait pu que l'interroger. Malheureusement pour elle, Avril n'avait jamais été extravertie. Elle n'aimait pas parler de ses affaires aux autres. Parce qu'elle avait peur qu'ils se moquent d'elle ? Certainement pas. Simplement, elle n'aimait pas embêter les gens avec des choses qui ne les concernaient pas. Cependant, devant l'insistance de sa mère adoptive, la jeune fille avait finit par céder. Elle avait vite comprit qu'elle ne faisait tout cela que pour l'aider. Néanmoins, elle n'avait pas su quoi faire du conseil qu'elle lui avait prodigué. "Peut-être qu'Arya se dit la même chose de son côté" lui avait-elle simplement dit. Trop utile. Et après ? Avril avait soupiré avant de monter dans sa chambre, sous le regard triste d'Isabell. Elle était restée là jusqu'à ce que l'heure du rendez-vous approche. Près de l'heure du rendez-vous, elle était redescendue dans la cuisine, où Isabell se trouvait toujours.
"Tu veux que je t'y emmène ? lui avait-elle demandé. Ce sera plus rapide en transplanant. J'irai faire quelques courses pendant que tu iras rejoindre Arya."
La jeune fille s'était contentée de hocher la tête. Heureusement, Isabell n'était jamais offensée par son silence, auquel elle s'était vite habituée.

Rendue au Chemin de Traverse, l'adolescente quitta sa mère et se rendit au lieu de rendez-vous prévu un peu plus tôt. Arya était déjà arrivée. Celle-ci la salua.
"Salut", se contenta de lui répondre Avril.
Elle ignorait ce qu'elle aurait bien pu ajouter d'autre. Bien qu'Arya fut autrefois la seule personne avec qui elle était capable de tenir de réelles discussions, il faisait si longtemps qu'elle ne lui avait pas parlé pour la peine qu'elle avait perdu l'habitude de ce genre de discussion. D'un autre côté, la Gryffondor ne pouvait qu'admettre que sa rancoeur face à sa soeur jumelle ne l'aidait en rien à tenir une discussion avec cette dernière. Comme dit plutôt, elle lui tenait un peu rancune de ne pas lui avoir parlé davantage. Mais il fallait dire qu'Avril ne comprenait pas beaucoup sa soeur non plus. Car bien de presque identiques physiquement, elles ne se ressemblaient pas beaucoup point de vue psychologique, pour ne pas dire pas du tout. Avril était plutôt du type fauteuse de trouble. Elle était impulsive et ne réfléchissait pas avant de passer à l'action, en particulier lorsqu'il était question de se faire justice auprès de quelqu'un qui le méritait. Elle n'était pas très studieuse non plus, ne s'intéressait pas beaucoup à ses études. Les professeurs connaissaient bien son nom, mais pas parce qu'elle était une élève modèle, bien au contraire ... Arya, quant à elle, semblait à l'opposée de ce portait d'Avril. Elle était plutôt studieuse et réfléchissait généralement avant de poser des actions, du moins au souvenir de sa soeur jumelle. Elle était même préfète de Serdaigle, ce qui illustrait bien sa discipline vs celle de la Gryffondor ... Oui, leurs personnalités étaient bien différentes.
"Où veux-tu aller en premier ?" se décida-t-elle à lui demander, au bout d'un moment.
C'était certes une piètre tentative de discussion mais c'était tout de même mieux que rien.

Avril hocha la tête en guise de réponse. Les gens qui ne la connaissaient pas trouvaient parfois lassant son silence omniprésent. Mais Arya et elle se connaissaient depuis longtemps. Cette dernière savait donc déjà comment elle était. Enfin ... Presque. Il fallait dire que si Avril avait toujours été très peu bavarde, ça s'était d'autant plus agravé lorsqu'elle avait été séparée de sa soeur jumelle, la seule personne à qui elle avait réellement fait confiance. Elle s'était retrouvée seule, sans personne, puisqu'elles avaient également perdu leurs parents. Et la Gryffondor avait eut beaucoup de difficulté à gérer cette situation. Elle s'était d'autant plus refermée sur elle-même qu'elle ne l'était déjà auparavant, ce qui ne l'avait en rien aidé. Elle n'acceptait ni l'aide des autres, ni leur soutien. C'était probablement frustrant pour ceux qui tentaient de la comprendre, mais n'y parvenaient pas puisqu'elle ne démontrait absolument rien de ce qu'elle pensait ou ressentait. Quoi qu'il en soit, la jeune fille ayant accepté la proposition de sa soeur, elles se dirigèrent vers Florian Fortarôme.

Un silence gênant s'installa entre elles. Il était bien rare qu'Avril qualifie le silence de dérangeant, pourtant, dans cette situation, ç'aurait été précisément le terme qu'elle aurait employé pour le désigner. Pourquoi ? Parce qu'auparavant, toutes deux n'avaient eu aucune difficulté à discuter ensemble. Voilà pourquoi. Parce qu'Arya était la seule et unique personne à avoir été capable de tirer plus de trois phrases consécutives à la Gryffondor. Durant ce long silence, elle regarda les gens passer. Certains les dévisageaient avec perplexité, comme s'ils n'avaient pas encore comprit qu'il était possible de rencontrer des jumeaux partout où ils allaient.
*Ils n'ont jamais vu de jumeaux identiques, ceux-là ?* se dit-elle, en son fort intérieur.

Elles marchèrent encore un moment en silence jusqu'à ce qu'Arya ne reprenne la parole, tentant de relancer la conversation. Comment elle allait ? Pour tout dire, elle ne savait pas trop quoi répondre à cette question. Pas parce qu'elle n'en connaissait pas la réponse, non. Mais plutôt parce que la vraie réponse ne risquait pas de les lancer dans une belle discussion de retrouvailles. Devait-elle lui faire part de ses états d'âme le première jour où elles se retrouvaient vraiment ? Elle hésitait beaucoup.
"Ça va", lâcha-t-elle simplement, au bout d'un moment.
Raté. Avril était une piètre menteuse et elle le savait. Et si Arya avait de bons souvenirs du passé, il ne lui prendra sans doute pas plus d'une fraction de seconde pour comprendre que sa soeur ne lui disait pas la vérité ...

Au bout d'un autre moment de silence, elle lâcha enfin le morceau.
"Enfin ... Pas vraiment, admit-elle. Tu ne trouves pas ça frustrant cette situation ? Tu comprends pourquoi ils nous ont séparé ? Pourquoi n'es-tu pas venue chez Isabell aussi ?"
Elle avait lâché ces questions d'un seul coup. Voilà très longtemps qu'elle n'avait exprimé ce qu'elle ressentait réellement. Cependant, elle trouvait elle-même cette réponse un peu brutale pour Arya, qui n'avait que tenté d'emmener une conversation. Mais elle n'était pas fâchée contre, elle, non. (Elle espérait qu'Arya s'en rende compte.) Au contraire, elle était triste de ne pas l'avoir vue dans le décor pendant autant de temps.


525 mots

Côte à côte, les deux sœurs marchaient donc sur le Chemin de Traverse. Plus insouciante que sa sœur malgré leur ressemblance autant physique que mentale (et bien qu’elles n’étaient pas dans la même maison), Arya ne remarqua pas les regards étonnés qui se tournaient vers elles à la vue de deux copies conformes marchant de concert. D’ailleurs, elles n’étaient pas tout à fait identiques puisqu’elles n’étaient pas habillées de la même façon, ce pour quoi il aurait fallu une sacré coïncidence, sans compter qu’élevées différemment, leurs goûts pouvaient différer quelque peu, ce que la Serdaigle n’avait pas encore eu le temps de vérifier, mais nul doute que si elle réapprenait à connaître sa sœur comme elle le souhaitait, ces informations viendraient naturellement.

Le chemin n’était pas très long entre Gringotts et la glacerie de Florian Fortarôme, mais assez cependant pour qu’elles commencent un peu à discuter après un premier blanc et une réponse lapidaire à la question d’Arya. Si la brunette avait espéré lancer de cette façon la conversation, c’était raté, sa sœur n’ayant pas tout de suite embrayé sur, par exemple, la météo ! De son côté, même si elle sentait qu’Avril avait quelque chose sur le cœur, cela dérangeait un peu la Serdaigle de pousser la Gryffondor dans ses retranchements alors que c’était la première fois qu’elles se revoyaient vraiment depuis quatre ans. Heureusement, Avril n’eut besoin d’aucune poussée et elle finit par dire d’elle-même ce qui la chiffonnait. Arya ne fut qu’à moitié surprise de se rendre compte qu’elles se posaient les mêmes questions.

- Je ne sais pas, Avril, je trouve aussi que c’est stupide, mais je n’ai pas de réponse. Qui a décidé ça, comment surtout ? Crois-tu…elle avait du mal à le dire, mais l’idée lui était venue à l’instant et elle ne pouvait y couper, c’était une hypothèse tout à fait envisageable, que c’est Papa et Maman qui ont voulu ça ?

Bien entendu, une telle volonté était proprement incompréhensible, mais leur séparation l’était de toute façon. Surtout, la brunette ne voyait pas pourquoi on les aurait placées dans deux familles différentes si ça n’avait pas été une demande de leurs parents ! Bref, elle ne faisait pas avancer le schmilblick – et s’en rendit compte quand elle vit qu’elles s’étaient arrêtées. Si c’était Avril ou elle-même qui, d’un coup, avait décidé qu’il valait mieux ne pas marcher pour parler de choses aussi grave, Arya ne saurait le dire, mais une chose était sûre, elles étaient bien droites au milieu du Chemin de Traverse et, à présent, elle entendait les récriminations des autres passants qui devaient les contourner.

Arya reparti donc, jugeant qu’elles avaient autant continuer, ça ne les empêchait pas de discuter. Elles arrivaient d’ailleurs chez Florian Fortarôme qui, comme elle s’en doutait, avait un franc succès en cette période de grosse chaleur, mais étonnement, il y avait encore de la place dans la glacerie. Sans doute les clients préféraient-ils déguster leur glace en continuant leur lèche-vitrine. Restait à savoir si quand enfin elles seraient passées, les places seraient toujours libres. La Serdaigle ne pariait pas là-dessus.

- Mais on cherchera, hein, maintenant qu’on est ensemble, on va trouver.

Arya avait dit tout cela en se plaçant dans la queue, et elle le pensait vraiment. A deux, rien ne les arrêterait et surtout pas la bureaucratie du ministère. Le tout était de trouver à qui s’adresser.

[563 mots]

CLASSES

Avril perçut un certain malaise chez Arya, qui ne se serait probablement pas attendu à une réponse aussi drastique pour leur première rencontre. Mais après tout, ne lui reprochait-on pas toujours de ne pas dire la vérité ? Car non, la Gryffondor ne dévoilait pratiquement jamais ses ses intentions, et encore moins ses sentiments. La jeune fille se sentit soudainement mal à l'aise. La différence, cette fois, c'était qu'elle savait précisément pourquoi. Si Arya était sa soeur jumelle, elle avait néanmoins l'impression de se retrouver, en quelque sorte, face à une inconnue. Les adultes répétaient sans cesse que les gens changeaient, surtout à l'adolescence. Sans doute y avait-il une part de vérité, puisqu'Avril ne savait pas du tout comment aborder sa soeur. Comme avant ? Voilà ce qu'elle avait tenté de faire, pourtant, elle semblait mal à l'aise de sa réponse. Que faire ? Elle l'ignorait. Qu'arriverait-il si elle ne pouvait pas partager ses impression avec cette dernière, qui était sans doute la seule personne à qui Avril avait jamais osé se confier ? Elle n'aimait mieux pas y penser. Néanmoins, le mal était fait. Elle savait que son malaise serait aussi perceptible qu'un dragon au milieu du Chemin de Traverse.

Ses parents ? Mais comment pouvait-elle croire une chose pareille ? S'il s'agissait de la seule possibilité facile à envisager, Avril n'y avait jamais crut. Ou plutôt, elle n'avait jamais voulut y croire. Jamais ils n'auraient voulu une chose pareille. Comment auraient-ils pu leur faire cela ? Non seulement c'était incensé, mais c'était d'autant plus idiot lorsqu'on pensait qu'Arya n'avait jamais eut une mauvaise influence sur sa soeur, bien au contraire. S'il y avait une chose qu'Avril devait bien admettre, c'était qu'elle pouvait être un problème en soi. De un : elle était légèrement hyperactive, ce qui lui occasionnait beaucoup de difficulté dans les matières qu'elle étudiait à l'école, puisque son attention n'était jamais là. Ça pouvait paraître drôle, dit ainsi, puisqu'elle ne disait pratiquement jamais un mot. Le seul détail à noter, c'était que lorsqu'elle parlait, elle ne choisissait jamais le bon moment pour le faire ... De deux : Avril était également fauteuse de trouble en son genre. Rares étaient les fois où elle se contentait de suivre les règlements qui lui étaient imposés. Tous ses professeurs connaissaient bien son nom et elle n'aurait même pas été surprise d'apprendre que ces derniers avaient mis au point un code d'urgence advenant le cas où il lui prendrait l'idée de faire une niaiserie ... De trois : elle était une vraie tête de mule, ce qui était sans doute la principale raison qui faisait en sorte que personne ne pouvait l'inciter à changer. De quatre : Bien qu'elle n'en avait pas toujours l'air, elle pouvait parfois être légèrement manipulatrice sur les bords. Il lui arrivait fréquemment d'user de ruse pour obtenir ce qu'elle voulait, bien que ce ne soit pas une manière moralement correcte de fonctionner dans la plupart des cas. De cinq : elle avait toujours possédé cet espèce d'esprit de confrontation qui l'emmenait à tout faire pour contredire ceux qui tentaient de lui dire quoi faire. En bref, certains pouvaient la qualifier d'une vraie petite peste. Tout cela pour dire que si Arya n'avait certainement pas été un aussi gros problème à caser après la mort de leurs parents, elle doutait qu'il en eut été de même pour elle. Elle comprenait bien pourquoi ses parents n'auraient en aucun cas souhaité qu'elle réside chez une famille Moldue. La raison était fort simple : si elle commettait des actes reprochables, il n'y aurait alors personne pour répondre d'elle, le cas advenant qu'un tuteur devrait se présenter à Poudlard. Voilà pourquoi ils avaient sans doute préféré l'envoyer chez sa tante Isabell. Mais la question était : pourquoi n'y avaient-ils pas envoyé également Arya ? Elle secoua la tête pour chasser ce bousculement d'idées soudain.
"Non ..., fit-elle, incertaine. Enfin ... J'espère cela ne relève en rien de leur décision."
Non, car si c'était bel et bien le cas, elle en serait terriblement déçue. Déçue d'avoir accordé, une fois de plus, sa confiance en des gens qui ne la méritaient pas. D'autant plus qu'il s'agissait de ses propres parents ...
"Je l'espère", ajouta-t-elle, à la dernière remarque de sa jumelle.

Oui, il fallait bien l'admettre, la question d'Arya était un peu ... Vague. Néanmoins, Avril se demandait ce qu'elle pourrait bien y répondre. Car malgré les années qui avaient passées, elle ne pouvait pas affirmer qu'il s'était passé beaucoup de choses dans sa vie ces derniers temps. À l'école, c'était le même refrain depuis sa toute première année. Elle n'avait toujours pas de bonnes notes, et s'employait toujours à jouer de mauvais tours à ses professeurs et aux membres du personnel de Poudlard, ce qui avait toujours pour effet de lui attirer des ennuis ... Ou presque. Mais ça, elle doutait qu'Arya ne soit pas déjà au courant de cela. Chez elle ? Oui, c'était bien différent de son ancienne vie. Isabell ne parlait pas beaucoup plus qu'elle, ce qui laissait souvent de grands vides dans la maison familiale ... Si on pouvait l'appeler ainsi. Mais, ce n'était pas quelque chose de particulièrement intéressant à raconter non plus. La seule nouveauté qu'elle pouvait voir chez elle était qu'elle avait à présent quelques amis (si on pouvait dire cela comme ça), chose toute récente pour une fille solitaire comme elle. Mais encore là ... C'était beaucoup dire. Malgré tout, elle n'avait pas l'intention de laisser la question de sa jumelle sans réponse.
"Eh bien ... Je ne sais pas, fit-elle, maladroitement. Pour être honnête, je ne crois pas que beaucoup de choses aient changées ... Et toi ?"
*Hormis la famille, bien sûr,* ajouta-t-elle, en son fort intérieur.
La Gryffondor avait préféré garder cette réplique pour elle-même. Si Arya ne semblait pas vouloir s'éterniser sur ce sujet de conversation, elle non plus n'en avait pas l'intention. Si elle n'avait pas l'habitude de fuir ce qui la déprimait de manière générale, cette fois, c'était différent. Elle n'avait pas envie de passer une rare occasion de voir sa soeur à lui parler d'un sujet aussi triste dont elles étaient, de toute manière déjà très conscientes toutes les deux. Elle ne trouva rien d'autre à ajouter à cette réponse à la fois vide et maladroite. C'était tout digne d'elle.

Cependant, elle sut davantage quoi répondre à la deuxième question de la Serdaigle.
"Ça va très bien, répondit-elle. Enfin ... On se ressemble plus que je ne l'avais cru au départ. Mais ... J'ai l'impression qu'elle me cache des choses parfois. Enfin ... Tout le monde a droit à ses secrets. Ce n'est pas moi qui va lui tirer les vers du nez."
Oui, c'était l'impression qu'elle avait vis-à-vis Isabell, parfois. Elle partait souvent de la maison sans justification et semblait très renfermée dans ses propres pensées. Si Avril ignorait ce qu'elle fabriquait, elle devait parcontre admettre que c'était peut-être la raison pour laquelle elles se ressemblaient toutes deux : elles ne disaient pratiquement rien d'elles-mêmes aux autres. Mais peu importe ... La jeune fille se tourna vers Arya. Elle aussi avait sans doute quelque chose à lui raconter.
"Et toi ? Dans la famille où tu restes ? C'est bien ? l'interrogea-t-elle. Tu dois être à Londres, j'imagine ...?"

Les choses auraient-elles changées si elles n'avaient pas été séparées ? Personne ne pouvait savoir, pas même elles-mêmes. Cependant, une chose était certaine : Avril se serait sentie bien moins seule, pour sa part. Mais pour le reste, elle doutait fortement que son caractère aurait changé plus qu'avant. Elle avait toujours été solitaire, renfermée sur elle-même. Si Arya, pour sa part, semblait croire qu'elle avait grandit, Avril, elle, ne savait pas si elle pouvait en dire autant d'elle-même. Oui, certes, tout le monde changeait un peu, quand même. Mais elle ne croyait pas avoir changé en beaucoup de points si elle prenait le temps de se rappeler comment elle avait été autrefois. Elle ne répondit rien aux paroles d'Arya, auxquelles elle ne savait pas quoi ajouter.

Sa soeur sembla visiblement très enthousiaste lorsqu'elle lui parla de sa famille adoptive. Cela rassura un peu Avril. Au moins, si elle avait été séparée d'elle, elle aimait mieux la savoir dans une famille où elle se sentait bien que de demeurer dans l'ignorance comme elle l'avait fait durant les dernières années. Arya lui proposa même de passer quelques jours chez elle, visiblement certaine que cela ne poserait aucun problème.
"Heu ... Oui, si ça ne leur pose pas de problème, je veux bien", répondit-elle, un peu maladroitement.
Pour sa part, elle doutait qu'il en serait de même pour Isabell. Pas qu'elle ne voudrait pas rencontrer Arya, loin de là. Mais l'impression d'Avril au sujet d'Isabell demeurait un peu nébuleuse. La seule chose qu'elle savait, c'était qu'elle aimerait probablement rencontrer Arya. Mais de là à l'accueillir chez elle ? Elle en doutait fortement pour la simplement raison qu'Isabell ne semblait pas particulièrement apprécier la visite, quelle qu'elle soit. Mais bon ... Après tout, elle ne pouvait pas parler pour elle avant de le lui avoir demandé ...

Avril rit légèrement lorsqu'Arya lui demanda si elle avait déjà fait ses courses pour la rentrée. Bien évidemment, cette dernière devait se douter que sa soeur n'avait tout de même pas changé du tout au tout, et qu'elle était donc, par conséquent, toujours aussi retardataire qu'auparavant.
"Oui, je veux bien, lui répondit-elle. Comme tu t'en doutes certainement, je n'ai encore rien acheté pour la rentrée ..."