[THEME] Fly like a frisbee !

Aujourd'hui, Félix avait les yeux rouges.

Depuis le mois de janvier, Félix s'adonnait à un petit rituel des plus original dès son réveil : Assis sur le rebord de son lit, avec toute la force qu'il avait en stock, le jeune préfet tentait par tous les moyens de retirer le bracelet de métal qui encerclait son poignet. Et comme à chaque fois depuis deux mois ça ne marchait pas, il renouvelait l'opération avec un sortilège de sa réserve personnelle, toujours sans aucun succès. Même toute la bonne volonté d'Annagovia (et Merlin savait que de la persuasion et de la bonne volonté, elle en avait en stock) n'avat pas suffit à faire céder le bracelet

Félix avait au fil du temps appris à se faire à son nouveau bijou de fortune : bien qu'il était clairement dit que celui qui avait enchanté ce bracelet était un drôle de petit rigolo expert en sortilèges embêtant George Weasley, Roman Jones, dénoncez-vous !, pour l'instant, ça s'avérait être un embarrassant bijou plutôt décoratif qui lui donnait de faux-airs de fillettes fanatiques des Bizzars Sisters, you-hou. A ce jour, peu de personne lui avait fait remarqué la présence de l'objet à son bras, il fallait dire que la plupart du temps, avec ses habits de sorciers, ses poignées étaient en grande partie cachés.

On ne pouvait cependant nier que depuis plusieurs semaines – coïncidence ou pas ? - de drôles de choses pimentaient la vie de Félix. Le préfet avait maintenant donc été forcé de constater que les profondeurs des cachots lui étaient interdites. Oui, interdites. Dès qu'il s'engouffrait dans les bas fonds du château, vous le retrouviez à chaque coup – et ça ne loupait pas ! - , inerte par terre flirtouillant gentiment avec les rats... Il lui arrivait fréquemment aussi d'être saisi d'une soudaine et irrépressible envie de – ou – étriper des bébé phoques dans une salsa endiablée au beau milieu d'un feu de joie vaudou – ou – d'embrasser gaiement toute les personnes qui croisaient sa route. Au début ça faisait peur, mais on s'y faisait très rapidement (Félix aurait volontiers mis ça sur le dos d'une grossesse nerveuse ou d'une semaine typiquement et biologiquement féminine, mais dans les deux cas, il aurait été forcé de se poser des questions. De graves questions). Dans tous les cas, ce comportement ne lui correspondait absolument pas et il avait soupçonné une paire de fois l'intervention d'élèves au détour de couloirs : élèves taquins s'amusant à jeter des sorts au hasard au préfectorat, élèves qui devaient donc être punis très sévèrement soit donné en offrande à Rusard qui se ferait une joie de les suspendre par les orteils dans les cachots, soit directement lapidé sur la place publique par leurs ennemis les moins chétifs.

Le jeune homme n'avait pas subi de crises (de larmes, de joie, ou autres malaises du genre) depuis deux jours et il était bien loin d'y penser, là, en ce moment même. Et pour cause : courant aussi vite qu'il le pouvait vers le frisbee qui voletait gentiment vers l'autre côté du parc, d'un bond, le jaune et noir l'attrapa finalement à la volée et retomba au sol sur ses deux jambes. Vous l'aurez compris, Félix n'était actuellement pas en train de placer le mot 'bleuet' sur un mot compte triple, il jouait au frisbee enfin aux dernières nouvelles, je ne peux pas non plus toujours le contrôler !

« C'était moins une ! »

Félix se redirigea vers Corey, laissant derrière lui un arbre feuillu dans lequel le frisbee aurait très bien pu se loger sans mal sans l'intervention rapide et experte du français. C'était ça aussi le frisbee : un sport plein de danger, d'aventures, où il fallait être sur ses gardes à chaque seconde et où la précision, la finesse et la vitesse étaient les maitres mots pour vaincre la bête de forme circulaire.

Il arrivait fréquemment (pour ne pas dire quasi-quotidiennement) à Félix de passer du temps avec Corey Heap, Serdaigle de son état qui s'était bien malgré lui hissé au rang de meilleur ami de notre préfet préféré oui parce que les autres ça compte pas ici. Le jaune et noir appréciait le tempérament calme du bleu et bronze : pas que Félix avait vraiment besoin qu'on le canalise (quoique depuis qu'il faisait ses mini-crises d'angoisses à toute heure du jour ou de la nuit, ce n'était pas du luxe d'avoir quelqu'un pour lui faire remarquer combien il était ridicule de sautiller partout dans le couloir remettre les idées en place) mais le jeune homme se reconnaissait en lui et appréciait sa façon d'être. Ce n'était pas ce qu'on appelait communément un ami, dans le langage normal, ça ?

Relançant avec force le frisbee en direction de son ami, Félix recula, pour mettre encore plus de distance entre les deux jeunes hommes. Après tout c'était quand même plus marrant quand il y'avait plus de distance, non ? A quoi bon se le lancer à 30cm du visage, on vous pose la question... Et puis le parc était particulièrement grand et assez vide, ils auraient tort de ne pas en profiter ! Un parc en plein printemps, c'était fait pour jouer au frisbee à l'aise !

Poursuivant sur le sujet dont les deux compères étaient en train de parler (à savoir le bracelet de Félix), le jaune et noir lança :

« J'ai songé à me couper le bras et à laisser Mme Pomfresh me le ressouder magiquement. Mais va t-en savoir pourquoi, j'ai comme une légère appréhension, quand même... »

On avait beau dire que la magie faisait des miracles, Félix se voyait quand même mal arriver à supporter la douleur de la perte du membre (corporel). Pour l'instant ce bracelet l'embêtait royalement à ne point vouloir s'enlever, il n'était quand même pas près à aller jusqu'à se couper un membre. Surtout qu'un bras, mine de rien, ça devenait sacrément utile. Bon écrire déjà, sans, c'était mort. Manger, boire, se laver, jouer, écrire, porter un sac à dos, euh... vivre en fait, ouais... Non, mieux valait le garder entier !

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Félix sourit à son ami, le frisbee, Félix aimait ça en fin de compte : le préfet des jaunes et noirs avait pourtant été difficile à convaincre. Le Français était en effet plus habitué au Quidditch et aux Bavboules mais pour ce qui était des sports moldus, on le retrouvait plus dans le football, le basket en collectif ou encore la natation et le tennis dans les sports individuels. Mais le frisbee, le jeune McFall n'avait jamais pratiqué : pour lui c'était un loisir qu'on retrouvait sur les plages méditerranéennes quand on trouvait un partenaire de jeu qui s'y prêtait bien. Lui, à la mer, il préférait se baigner, bronzer et nager loin, juste pour le plaisir de barboter dans l'eau et battre son propre record la bouée bleue.

Ravi comme tout donc d'avoir accepté la proposition de son ami bleu et bronze ou Corey est un Schtroumph en armure en fait, le blaireau s'en donnait à cœur joie de lancer, courir, rattraper, relancer le frisbee à s'en couper le souffle : le sport il adorait ça depuis toujours. Ça le vidait de toutes les mauvaises choses qu'il encaissait au quotidien (pas qu'elles soient très nombreuses hein), mais surtout de la pression qu'il accumulait sans mal au cours d'une journée. Bref, le sport ça lui faisait du bien et quand il pouvait le pratiquer avec un ami, c'était encore mieux.

« Ah, je ne t'ai pas dit mais j'y suis déjà allé avec mes parents pendant les vacances de Noël... Ma cousine travaille à Ste Mangouste et elle a mobilisé presque tout son service pour tenter de m'en débarrasser. A part avoir fini avec des fourmis dans tout le bras à la fin de la journée, on peut dire sans problème que rien ne s'est produit d'extraordinaire... »

Félix lança le frisbee vers Corey en essayant de le faire planer un maximum.

« Ariane m'a dit que le sortilège était le plus puissant qu'elle ait jamais vu et qu'elle trouvait d'ailleurs bizarre qu'il n'ait aucun autre effet que celui de se bloquer sur mon bras. Elle m'a dit d'y retourner si des trucs étranges m'arrivaient... Ce qui est sûr, c'est que ce jour là, je peux te dire que j'étais pas frais comme un gardon, c'est le moins que l'on puisse dire ! J'étais pas très frais en arrivant aussi, avant qu'ils me maltraitent à coup de contre-sorts tous plus inefficaces les uns que les autres... Mais bon, j'aime pas trop les hôpitaux aussi, faut dire. »

Depuis tout petit, le jeune Français détestait cordialement les hôpitaux, il fallait dire qu'y voir terminer ses jours sa grand-mère maternelle ne l'avait pas aidé. Systématiquement quand il était petit, le jeune garçon était pris de crises d'angoisse rien qu'à l'idée de pénétrer dans un établissement du genre. Son hématophobie n'aidant pas, bien évidemment...

« Effectivement oui, si ça avait été un bon gros collier à fleurs roses, je ne me serai pas aventuré à l'enfiler ! »

Félix rit à la blague de son ami (qui n'en était pas une, certes, mais qui était quand même drôle) et le regarda courir pour aller chercher le frisbee qui avait atterrit bien plus loin. Une fois revenu il lança, parce que mine de rien le sujet jouait quand même pas mal sur son moral :

« Tu crois que le 'cadeau' m'était destiné, toi ? Après tout il était sur mon lit mais mon prénom n'était écrit nulle part ! Et puis, quand on y pense, c'était un bien étrange cadeau... tu crois que c'est le genre à un Poufsouffle ça ? »

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« C'est bizarre. » Corey fronça les sourcils. Même s'ils jouaient au frisbee – un jeu qui ne demandait en théorie pas beaucoup de matiére grise active -, il ne fallait pas oublier que Corey était un serdaigle dans le plus pur style du genre, de fait, il avait une certaine tendance non négligeable à réfléchir sans cesse. Et lorsqu'il disait que c'était bizarre, il voulait sous-entendre par là, aussi, qu'il pensait que c'était plus qu'anormal que des gens aussi intelligents et doués en magie que le personnel de Sainte Mangouste ne trouve pas la solution. Peut-être que ce n'était pas là qu'il fallait regarder, mais plutôt dans les manuels de magie noire qui se trouvaient dans la réserve ? Nicolas savait y aller sans déclencher les alarmes des livres, mais Corey respectait plutôt le règlement en ce qui le concernait, du coup, il hésitait, mais le fait que son ami soit ennuyé pesait lourdement dans la balance. Le pauvre quoi... ce ne devait vraiment pas être facile d'être obligé de porter un bracelet qui, en plus, semblait avoir des effets secondaires. D'ailleurs, notre bleu et bronze aurait commencé par faire une liste de tout ce qui se passait d'étrange depuis que Félix portait le bracelet, noter comment l’événement s'était passé, et tout recouper. La méthode la plus longue, car des recherches étaient toujours laborieuses, surtout quand on ne savait pas exactement ce que l'on devait chercher, mais il ne voyait plus vraiment que ça.

Cette pensée le fit réagir un quart de seconde trop tard pour rattraper correctement l'objet volant (parfaitement identifié).

« Tu es sûr qu'il n'a que cet effet là ? Il a peut-être des effets que tu ne soupçonnes pas. En tout cas, s'ils n'ont rien trouvés, moi, tout ce que je vois, c'est de faire des recherches nous-même. Si j'avais mon ordinateur cela irait plus vite, nous pourrions chercher avec des mots clefs dans les livres que j'ai scanné, mais ici la technologie ne marche pas. Il va falloir faire à l'ancienne. » Corey était sang mêlé et il préférait le monde moldu à bien des égards car il trouvait que les sorciers se compliquaient la vie. Beaucoup de gens n'étaient pas d'accord avec lui, surtout les sang pur, mais on n'irait pas lui faire dire que chercher dans des tonnes de livres était vraiment le moyen le plus rapide d'obtenir une information. Quoique, il devait sûrement exister un sort pour trier les livres justement, mais Corey ne la connaissait pas, donc ça ne les avançait pas plus.

« Quoique... on ne sait jamais comment on réagirait, pas vrai ? Je n'aurai pas cru que tu passerais un bracelet après tout ! » Ou alors, c'était juste lui. Corey n'était pas très breloque, il ne portait aucun bijou. Il connaissait des garçons (Nicolas Jones justement) qui mettaient pas mal de trucs, des bracelets justement (en cuir ou en tissu), des petites chaînes avec des pendentifs qui se superposaient, parfois même une bague... tout ça pour homme, certes, mais Corey, lui, il trouvait que c'était plus gênant qu'autre chose, alors...

« Je ne vois pas qui d'autre qu'un poufsouffle aurait pu faire ça vu que tu l'as trouvé sur ton lit, tu sais que les salles communes sont un minimum protégé des intrusions tout de même ? Mais il y a des idiots partout... ça se trouve, c'était une mauvaise farce à la base, et finalement, quand la personne a vu que ça prenait d'autres proportions, elle ne s'est pas dénoncé ! » une théorie aussi valable qu'une autre, pas vrai ?

« Maintenant... est-ce qu'il était pour toi, peut-être pas. Il faudrait trouver le coupable pour le savoir. Mais le plus pressé serait de te débarrasser de ce bracelet. » Il avait lancé le frisbee et Félix avait été le chercher donc il se tenait prêt à le rattraper cette fois du premier coup (mais Corey n'était pas franchement sportif alors...)

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