C'était terminé. Charisma entrait de nouveau dans le cercle des filles célibataires. Elle pensait que, quand ce serait le cas, elle se sentirait... comment dire ? Soulagée ! Ou quelque chose de ce genre. Elle n'avait plus rien à se reprocher. Maintenant, elle pouvait voir Axel, et même plus, sans culpabiliser, et sans que celui-ci lui prenne la tête. Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient (mais nul ne savait, pas même elle, ce qu'ils voulaient l'un et l'autre), personne ne pourrait leur dire quoi que ce soit. Donc, finalement, après tant de mois d'attente, cela aurait du être la fête ! Au lieu de ça, elle éprouvait juste une certaine tristesse teintée de mélancolie.
Aucun rapport avec Axel d'ailleurs, de ce côté là, effectivement, elle était plutôt contente. Mais elle ne voulait pas écrire encore à son meilleur ennemi à ce sujet parce qu'elle n'était pas remise de sa rupture. Les termes de leur accord était clair, ils se reverraient quand ce serait fini avec Enry... et c'était fini, mais elle était triste, alors elle attendait d'être plus zen pour le lui dire. Ce n'était même pas qu'elle aimait encore Enry. Elle l'avait cru un moment, mais ce n'était pas ça. Le temps aidant, l'absence aussi, elle ne l'aimait plus vraiment... mais elle était nostalgique de leurs bons moments. Il avait été son premier baiser, son premier amour, celui qui lui avait pris sa virginité aussi... elle n'arrivait pas à ne pas avoir de regret. Cela l'étonnait. Elle savait qu'elle avait pris la décision la plus raisonnable, la plus logique aussi. Elle n'avait plus d'autres choix, elle était face à un mur et elle devait bien, un jour ou l'autre, avancer. Ajoutez à ceci qu'en plus avec Axel c'était en attente de cette rupture, et le tout devenait carrément urgent. Mais elle n'arrivait pas à faire son deuil. Pour tout dire, elle avait même pleuré. Elle ne pleurait plus depuis des années. La dernière fois – hors hallucination – datait de l'époque où sa mère était morte. Elle devait donc avoir cinq ou six ans, pas beaucoup plus. Elle avait l'impression d'avoir perdu quelque chose, et quelque chose de vraiment très précieux pour elle. L'innocence des premiers émois peut-être... car quoi qu'il arrive avec Axel désormais, cela ne serait jamais innocent.
En raison de cet état un peu étrange pour elle (Carry était réputée pour être inexpressive et très peu émotive), elle s'était isolée dans les cachots. Assise dans le noir, elle ruminait ses sombres pensées. Elle avait arrêté de pleurer, mais elle avait toujours des regrets. Déjà, elle n'aimait pas le fait que cela se soit fini de façon épistolaire. Si elle n'avait pas rompu avant alors que cela faisait des mois que cela allait mal, c'était justement pour que cela n'arrive pas. Mais il fallait bien qu'elle se décide à un moment, alors elle l'avait fait. Pas tellement pour elle, plutôt pour Axel, parce qu'il ne l'attendrait pas indéfiniment (peut-être même qu'il s'était déjà trouvé quelqu'un d'autre, hein ! Elle n'en savait rien!), et qu'elle ne pouvait pas rester dans cet entre-deux pour toujours. Ce n'était bien pour personne... ni pour elle, ni pour les garçons. Elle ne savait même pas comment Enry avait réagi, sa lettre était si courte... elle ne voulait pas dire grand chose, à part que c'était fini. Avait-elle manqué de patience ? Elle n'en avait pourtant pas l'impression. Elle avait fait de son mieux pour être compréhensive... mais à un moment, elle avait besoin que l'homme à qui elle donnait son cœur et son corps fasse un minimum attention à elle. Était ce trop demandé ? Elle n'en avait pas l'impression, et pourtant, elle avait fait attention à ce niveau. Mais tout le monde le lui avait dit que ce n'était pas normal. Et le fait était qu'elle se fiait bien plus à l'opinion des autres qu'à la sienne. Elle, elle est bizarre, mais pas ses amis.
Elle avait donc les yeux fermés et elle écoutait de la musique. Elle s'était acheté un lecteur de musique magique qui faisait aussi radio avec ses étrennes. Elle voulait pouvoir essayer d'écouter la musique d'Axel d'une part, et d'autre part, elle avait remarqué que quand elle se mettait le casque sur les oreilles, elle arrivait à faire abstraction de ce qui se passait autour, y compris les voix dans sa tête. Là, elle écoutait du classique. Nicolas lui avait prêté plein d'album, mais elle en avait vite marre de la musique moderne. Elle savait que c'était une question d'habitude, mais elle ne pouvait pas dépasser une certaine dose quotidienne.
Elle aurait pu rester là pendant des heures, mais cela ne fut pas le cas, parce que quelqu'un de sa connaissance finit par arriver et par la sortir de sa rêverie. Elle enleva son casque au bruit des pas et à la sensation de ne plus être seule. Elle leva les yeux. Elle s'était habituée à l'obscurité car cela faisait déjà bien une heure qu'elle s'était isolée dans ce couloir.
« Monsieur McQueen ? » Demanda-t-elle d'une voix incertaine, encore un peu rauque des larmes qu'elle n'avait pas versé mais contenu. Elle ne connaissait pas bien le gryffondor, il était un peu plus jeune qu'elle, mais ils avaient déjà eu l'occasion de se croiser à de nombreuses reprises, voire même parfois de déjeuner ensemble lorsque Carry venait à la table des lions pour être avec Tosca et Damon. On ne pouvait pas dire qu'elle l'appréciait, mais elle ne le détestait pas non plus. Qui plus est, elle était trop triste pour trouver à redire à la présence de quiconque. Fière d'ordinaire, elle n'en menait pas très large depuis quelques jours. Elle savait pertinemment que cela finirait par passer, qu'il lui fallait juste un peu de temps pour digérer le changement... mais n'importe qui pouvait voir que la tristesse la rendait moins hautaine. Son visage n'avait plus rien d'un masque de glace.
« Vous voulez passer ? Je peux pousser mes affaires... » Ajouta-t-elle après un instant, l'attitude aussi lasse que le ton. S'il n'y avait les cours et ses aspirations à devenir auror, elle resterait au lit toute la journée. A défaut, elle se cachait dans des recoins sombres lorsqu'elle avait étude... Ce n'était pas brillant mais, c'était une solution comme une autre...
Gale était ce genre de personne qui, bien qu'il puisse parfois vouloir aider les gens, était comme incapable de le faire. Il était doué, pour les mots oui, il avait toujours eu ce don et c'était ce qui l'aidait considérablement à écrire des paroles de chanson. Mais à côté de ça, il n'était pas non plus très doué pour ne pas paraître trop méchant ou trop insupportable. Ce n'était pas qu'il le faisait exprès, c'était vraiment loin d'être le cas, loin d'être aussi simple que l'on pouvait bien vouloir que cela le soit. Il ne voulait pas être méchant mais disons que parfois, il balançait des vérités que les gens ne voulaient pas forcément entendre, comme si c'était ce qui pouvait faire le plus de mal. Et ça, il en était parfaitement conscient, bien qu'il ne puisse pas s'empêcher de le dire, évidemment. Mais que pouvait-on faire face à ça si ce n'était laisser les choses allaient comme elles allaient et ne pas se soucier des choses hein ? C'était parfois ça qui se trouvait être le plus simple. Même si ça ne l'était pas toujours. Mais que pouvait-on vraiment faire par rapport à ça hein ? Si ce n'était faire avec et ne pas se poser plus de question à ce propos. Sans le moindre doute à avoir à ce sujet.
Mais il essayait. Il savait que par moment, il devait être là pour sa famille, pour ses amis et qu'il devait connaître les mots à dire, savoir ce qu'il fallait dire dans les situations où ça n'allait pas vraiment. Mais c'était chiant. Dans le fond, il aimait dire ce qu'il voulait, ce qu'il pensait et il aimait que les gens ne s'en formalisent pas parce qu'il n'y avait aucune raison à ce que cela arrive. Les gens avaient tendance à s'emballer dès qu'une parole ne leurs plaisait pas. Et oui, c'était chiant. Mais que pouvait-on bien faire à propos de ça, si ce n'était laisser les choses allaient comme elles allaient et ne pas s'en soucier ? Oui, la plupart du temps c'était ça qui était le plus simple, sans que l'on ne s'en tracasse d'avantage, d'ailleurs. Oui, d'une certaine manière en tout cas.
Mais il n'était pas vraiment utile de se miner le morale avec ce genre de pensée. L'idéal était probablement de plutôt se concentrer sur le fait qu'il était en route pour retrouver son frère et que au moins, comme ça, il n'aurait pas à se soucier de ce que les gens pouvaient penser lorsqu'il ne se montrait pas très douée avec eux. Parce que oui, d'accord, il n'était pas si douée que ça, même s'il essayait de l'être parfois. Mais au moins, son frère savait comment il était et c'était bel et bien ça qui se trouvait être le plus important. Derrière ça, il n'était pas vraiment nécessaire de se casser la tête, d'une fcertaine manière en tout cas. On faisait de son mieux pour aller dans cette voie. Oui voilà. Il n'y avait rien de plus à y ajouter, rien de plus à en dire. Tout simplement. Un soupir s'échappa doucement de ses lèvres alors que justement, il se mettait à songer à son frère. Lui aussi avait perdu toute trace d'amusement, toute trace de coolitude depuis qu'il avait été perturbé par une stupide rumeur. Du coup, voilà qu'il s'était mis en tête de sortir avec Blake pour faire croire aux gens qu'ils étaient ensemble et que donc, Cameron n'était pas homosexuelle. Il avait été tellement touché par une telle rumeur que c'était.. Trop bizarre. Et touchant aussi. A coup sûr, il allait avoir encore plus de groupies maintenant. Déjà qu'il en avait un bon paquet !
Il arrivait dans les château lorsqu'il se rendit compte que quelqu'un était assis juste là. Traînant, sans faire le moindre bruit. Et en plus, il n'allait pas pouvoir passer si elle restait comme ça. Charisma Kostovak d'ailleurs, c'était son nom. Bizarre qu'elle soit là, sur le chemin. « Salut Charisma. Qu'est-ce que tu fais près des cachots, toute seule ? ». C'était vraiment bizarre. A n'en pas douter. Et c'était aussi bizarre et un peu dérangeant, d'une certaine manière en tout cas. Mais ce n'était pas lui qui allait en faire un scandale ou en tout cas, il était parfaitement capable de bien se tenir, de temps à autre. Il n'était pas fou hein ! Non mais oh. Elle était bizarre, elle lui donnait cette illusion d'avoir pleurer toute la journée, cette impression d'être au bord du gouffre et Gale se rendait alors compte que s'il continuait sa route, comme ça, sans lui demander ce qu'elle avait ou ce genre de truc, il allait passer pour le grand méchant et ce n'était vraiment pas ce qu'il voulait. Surtout qu'il savait parfaitement que s'il voulait se casser la tête avec ce genre de chose.. Tout allait très certainement le faire passer pour le grand méchant. Et il n'était PAS, justement, le grand méchant. Alors il en était absolument hors de question. Il ne voulait pas passer pour le grand méchant. Du coup.. Il était bien obligé tiens. « Quelque chose ne va pas ? Tu veux en parler ? ».
Carry n'était vraiment pas en forme, mais comme toujours, elle restait fière dans sa tristesse. Elle ne voulait pas paraître aigri ou amère alors qu'elle ne l'était pas, et elle ne tenait pas plus que ça à ce qu'on se mêle de ses affaires, c'était pour cette raison qu'elle s'était isolée. Pour ce qui était de l'absence d'amertume, c'est qu'elle était triste, mais elle n'en voulait à personne, et elle avait conscience que ça allait lui passer aussi. Elle ne resterait pas éternellement triste, son chagrin finirait par s'amenuiser, elle avait déjà fait une croix sur ses sentiments pour Enry, elle devait maintenant faire le deuil de leur relation toute entière... ensuite, seulement, elle pourrait passer à autre chose.
« J'avais besoin de m'isoler un peu... » Soupira-t-elle en guise de réponse, lissant les plis de sa jupe écossaise bleue, une partie de son uniforme, donc. Elle respectait le règlement à la lettre parce qu'elle ne voulait pas avoir de problèmes et aussi parce qu'elle s'en fichait. Il lui arrivait de faire des efforts de toilettes, mais pour des occasions particulières, et là, c'était une journée de cours comme les autres, donc elle avait la chemise boutonnée jusqu'en haut et sa cravate correctement nouée. La parfaite petite écolière. Sauf qu'elle était bien plus perturbée par ses problèmes de cœur que par sa scolarité pour une fois... Comme elle voulait devenir auror, elle se jetait tout le temps à fond dans les devoirs et dans les livres pour les examens. Depuis deux jours, ce n'était plus trop ça, mais elle comptait s'y remettre à un moment ou à un autre... quand elle se sentirait mieux.
« C'est gentil de vous en soucier, merci, mais je crains qu'il n'y est rien à dire... je viens de rompre avec mon petit ami... alors j'ai un léger vague à l'âme... Je ne devrais pas, pour tout vous dire, parce que je m'y étais préparé, mais c'est plus fort que moi. » Elle essuya une larme fugitive. Alors qu'elle se retrouvait toute seule avec elle-même, célibataire (mot horrible pour l'instant !), elle avait encore plus envie de se réfugier dans les bras de quelqu'un mais on va faire genre, on ne sait pas qui, hein, et c'était pile ce qui était impossible.
« Enfin... je ne voudrais pas vous embêter avec mes histoires. » Elle soupira à nouveau, c'était ce qu'elle faisait beaucoup, parce qu'elle avait le souffle qui suivait son âme à l'extérieur d'elle. Le tout très métaphoriquement, elle avait cette impression parce qu'elle n'entendait même pas les voix. Celles-ci se taisaient, elles n'étaient qu'un murmure au fond de sa tête, et le futur... elle ne voulait pas le voir, il n'y avait que le présent qui comptait à ses yeux. Le présent et son chagrin. Elle continuait – en sachant que c'était complètement vain – à se demander « et si », à s'en vouloir parce qu'elle s'était détachée aussi, se rapprochant d'un autre. La culpabilité de ne même pas avoir pu lui dire en face la rongeait. Axel lui dirait encore qu'elle n'était qu'une imbécile. Elle refusait de l'entendre, mais elle se le disait à elle-même par moment. Après tout, pleurer pour un garçon, ça ne lui ressemblait pas... mais une partie d'elle ne pouvait s'en empêcher... simplement parce que c'était son premier amour... au passé.
Bon et du coup là, en faite, il était censé faire quoi hein ? Rester avec elle, et écouter ses confidences ? Et bien.. Oui peut être, sans l'ombre d'un doute, mais c'était loin d'être vraiment agréable et ça commençait à vraiment lui taper sur les nerfs en faite, sans qu'elle ne puisse faire quoi que se soit par rapport à tout ça. Sans aucun doute. Gale n'était pas du genre à aider les gens. Okay oui, Blake ou Cameron, sans l'ombre d'un doute, il l'aurait fait, aucun soucis. Ce n'aurait pas été très simple, ça aurait été complètement énervant aussi. Mais à côté de ça, il ne fallait pas oublier que oui, il était un solitaire et en tant que solitaire.. C'était loin de vraiment être facile et il fallait comprendre, à côté de tout ça, que quoi que l'on puisse bien en dire.. Il fallait juste bien comprendre que oui, ce n'était pas facile pour lui et il avait beau faire de son mieux pour être un bon ami, il détestait aider les gens ou en tout cas, il détestait les aider avec leurs sentiments. Il ne supportait pas de voir les gens déprimés à cause d'un truc débile alors il avait tendance à ne pas vouloir les aider. Oui, ça le faisait passer pour le méchant et sur ça, il ne doutait pas une seule seconde. Mais il était absolument hors de question pour lui de laisser croire aux gens que la vie était aussi simple que ça. Non, il ne suffisait pas de s'énerver pour un truc débile, il ne suffisait pas non plus de croire une seule seconde que ça allait être aussi simple que ça. Mais il savait feindre la compassion, feindre la curiosité, pour paraître poli. Et là, il ne pouvait décidément pas continuer son chemin sans s'arrêter. On l'aurait pris pour un sans cœur sinon et pour être tout à fait honnête, peut être que ça ne lui aurait pas forcément fait de mal de vraiment en donner l'impression. Les gens auraient alors probablement arrêté de compter sur lui. « Tu es sûre que ça va ? ». Bien sûr que ça n'allait pas mais disons que c'était la question qu'il fallait poser pour montrer un quelconque intérêt. N'oublions pas que Gale était plus intelligent que la moyenne. Même s'il détestait ça, il pouvait sans problème feindre la comédie et montrer un quelconque semblant d'intérêt.
Une rupture. Ce que les filles étaient dépourvues d'intérêt.. ( en dehors de quelques unes bien sûr, mais le nombre n'était pas très élevé ). Non mais sérieusement, se rendre malade pour un mec, pour une relation maintenant terminée, c'était d'un stupide.. Oui, okay, il n'avait jamais eu de petite amie et pour être tout à fait honnête, il n'y portait pas le moindre intérêt. Mais à côté de ça et bien oui, tout ça ne lui donnait pas envie de se lancer dans une aventure aussi dépourvue de sens. Blake lui avait un jour dit qu'il serait contraint d'affronter tout ça un jour, que ça lui tomberait dessus. Il n'attendait que ça, à l'heure actuelle, en faite. Il ne lui restait plus qu'à attendre oui, sans l'ombre d'un doute. Attendre de voir comment ça allait se passer. Là en plus, c'était du gros n'importe quoi, c'était elle qui avait quitté son petit ami, du coup, ce n'était pas à elle d'avoir du regret mais bel et bien à lui non ? Du coup, c'était pour ça que la situation lui échappait totalement et que ça commençait à vraiment lui taper sur les nerfs, là. Bon, okay, peut être pas non plus tant que ça mais ouais, disons qu'il ne comprenait toujours pas vraiment les sentiments. Les gens étaient trop bizarres. Ils étaient constamment en train de se plaindre parce que l'amour faisait mal, mais ils étaient toujours en train de se chercher, malgré tout. Du coup, tout ça lui échappait. Sans l'ombre d'un doute. « Où est le problème si c'est toi qui l'a quitté alors ? ». Là par contre, et bien oui, il cherchait vraiment à comprendre parce que là, non, bah non, il n'était pas du tout en mesure de comprendre le problème.
Le soupir qu'elle laissa entendre alors qu'elle lui disait ne pas vouloir le mettre dans l'ennui lui donnait surtout l'impression que sa réplique n'était que politesse et qu'au final, elle avait vraiment envie qu'il vienne lui parler pour qu'elle parle de son malheur. Les gens ne pouvaient-ils donc pas simplement dire ce qu'ils pensaient par moment ? C'était donc si difficile que ça ? Stupide. Du coup.. « Tu ne m'embêtes pas ». Et il s'installa à côté d'elle. Cameron serait en mesure de comprendre, de toute manière, sans l'ombre d'un doute. Et puis bon, il ne faisait pas ça par gaieté de cœur hein.
« Oui, ça ira. » Bien sûr, peut-être que là, elle n'avait pas l'air d'être très bien, mais c'était parce qu'elle encaissait encore le choc. Après, elle savait que cela irait, elle avait connu des choses bien plus difficiles. Perdu, déjà, tant de gens qu'elle aimait... Elle aurait voulu que sa relation avec Enry ne finisse pas aussi mal, qu'ils puissent au moins garder ce lien entre eux, même s'il devait changer de nature, sauf qu'elle finissait toujours par se faire abandonner par ceux à qui elle ouvrait son cœur. Un pincement lui serra la poitrine. Et si, plus que la rupture elle-même, c'était ce qui lui faisait si mal ? Elle y avait tellement cru... Et puis, il y avait cet autre garçon. Pouvait-elle lui faire confiance à celui-ci. Elle ne savait plus, elle n'avait même plus envie d'essayer, sauf qu'il n'était pas dans sa nature de renoncer, alors peut-être qu'elle se ferait encore du mal. Elle comprenait maintenant ce qui n'allait pas avec les voix. Elle avait le pouvoir de voir le futur, mais pas le sien, pas loin, mais les voix étaient symptomatiques de ce don, c'était sûrement ce qu'on appelait un mauvais pressentiment. Elles lui avaient dit qu'elle souffrirait. Elle s'en moquait alors, là qu'elle le ressentait, c'était un petit peu différent... mais elle se disait que même si elle avait su comment cela se finirait, elle serait quand même sorti avec Enry, parce que les sentiments, cela ne se contrôle pas.
« Il n'y en a pas... j'ai des regrets... mais je n'ai pas vraiment de problème. Je suppose que si je pleure, c'est parce que je ne l'ai plus fait depuis trop longtemps et que j'ai atteint un certain seuil de tolérance. Peut-être avez-vous déjà ressenti ça ? Tout s'accumule, et à un moment donné, sans raison logique et compréhensible, cela déborde. » La théorie de la cocotte-minute. Charisma avait un trop bon self-control pour l'avoir déjà testé, mais elle ne voyait que ça comme explication à ses larmes. Car elle avait encaissé bien pire auparavant sans broncher. Mais justement, à force d'encaisser, sûrement que son mur avait été fragilisé. Elle avait versé une seule larme durant l'été, mais cela avait été la marque qu'il fallait se blinde de nouveau, à moins, que tout au contraire, il faille que son mur devienne plus souple pour être plus résistant. Après tout, celui qui essayait de briser du plastique tombait souvent sur un os, alors qu'il était très simple de casser en deux une planche de bois par ailleurs solide.
« Merci, c'est gentil. Je me suis cachée parce que je ne voulais pas qu'on me voit comme ça, mais cela ne change rien... Vous savez qu'on me surnomme la princesse des glaces parce que j'ai l'air hautaine et froide ? J'ai volontairement cherché à être ainsi, je me suis entraînée pour... ça. Mais c'est pathétique, je suis pathétique. » Elle aurait pu s'expliquer mais elle ne le fit pas, elle trouvait que ce n'était pas forcément utile. Gale restait là parce qu'il s'en sentait obligé, alors elle n'allait pas en plus lui déballer ce qu'elle ressentait dans le détail. Les grandes lignes cela suffisait. Si elle se trouvait pathétique c'était parce qu'elle voulait depuis l'enfance rester loin des autres, mais les mois à Poudlard étaient devenus des années, et à force d'être entouré par les gens, elle s'en était rapprochée. Elle aimait ses amis, elle avait aimé Enry, et peut-être qu'elle aimait Axel, mais c'était une faiblesse, l'être humain était faible, et elle était la pire de tous parce qu'elle luttait dans le vide. Elle l'avait dit à Axel la dernière fois, elle ne supportait pas qu'on l'abandonne, c'était ce qu'elle ne pouvait vraiment pas pardonner. Mais on était comme on était, et malgré tous ses efforts, elle ne pouvait pas complètement lutter contre elle-même.
Les filles avaient toujours cette tendance à avoir ce faciès ouvert, montrant leurs sentiments dans les moments où elles se mettaient à dire que ça allait. Tout comme là, tout de suite, Gale voyait très bien que cette fille n'allait absolument pas bien mais ça ne semblait pas vraiment choquer grand monde et c'était du gros délire, du gros n'importe quoi aussi. Du délire. Enfin bon, pour le reste, c'était du gros n'importe quoi en tout cas. Bien sûr, il n'allait pas s'enflammer et il n'allait pas se mettre à lui crier dessus pour lui faire comprendre qu'on voyait très bien qu'elle n'allait pas bien et qu'il était complètement débile de feindre le contraire. Il n'était absolument pas dans ses habitudes de faire croire le contraire de toute façon. Et en faite, il était absolument hors de question pour lui de marcher dans ça. Bon, bien sûr, en temps normal, il n'aurait pas hésité une seule seconde pour s'en prendre à elle et pour lui dire que tout ça était parfaitement ridicule et que c'était plus une prise de tête que tout le reste.
Mais bon.. En dehors de ça... C'était un peu plus compliqué que le reste et ça, tout le monde le savait très bien. Normal de toute façon et c'était parfaitement logique, il n'y avait rien d'autre à ajouter. Et c'était mieux comme ça de toute manière. Tellement mieux qu'il n'y avait rien d'autre à en dire. Dans un sens du moins. Et c'était bien mieux comme ça. Tellement mieux qu'il n'y avait pas la moindre raison de se prendre la tête. Enfin bon, bien sûr, il était hors de question pour elle de se montrer désagréable avec les gens. « Le mensonge est gros. Tu ne vas pas bien, ça se voit ».
Il essayait de ne pas se montrer trop désagréable mais il était vraiment difficile de ne pas l'être dans une telle situation. Elle pouvait faire de son mieux, elle faisait tout ce qu'elle pouvait mais ce n'était pas facile du tout. Et ça avait, au final, grandement le don de lui taper sur les nerfs, à côté de tout ça. Elle aurait beau tout essayé, ça n'irait pas mieux. Elle mentait. C'était flagrant et rien ni personne ne pourrait aller dans le bon sens à côté de tout ça. Et c'était assez chiant en faite. Une bien trop grosse prise de tête. Ce qui était réellement trop chiant au final. Mais bon, il fallait faire avec, point barre. Il n'y avait rien d'autre à en dire. Absolument rien. Et c'était mieux comme ça de toute manière. On aurait beau dire ce que l'on voulait, il n'y avait rien que l'on puisse faire avec tout ça. Point final. Mais du coup, il ne pouvait pas feindre l'ignorance, il ne pouvait pas faire comme si ça allait et qu'elle n'avait rien quoi. Il n'était pas si asocial que ça. Même si.. Même s'il l'était vraiment, il ne pouvait pas se montrer sans cœur, pas à ce point quoi.
Bien sûr qu'il avait déjà subi ça. Quoi de plus normal en même temps, tout le monde avait un jour fini par subir ça. Et on aurait beau dire ce que l'on voulait, ça n'allait pas faciliter les chose. Enfin bon, après bah ouais, chacun vivait ce genre de situation à sa manière, il en était conscient, même si sa façon de gérer tout ça n'était pas si dégueulasse que ça ou du moins, c'était l'impressionq u'li avait. En règle général, lorsqu'il était vraiment à cran, il partant se planquer dans un coin et il ne demandait pas son reste. Il attendait que ça passe, bien posé et une fois que ça allait mieux, il prenait le large. Il ne trouvait pas le comportement de Charisma très utile. Pas qu'il se moque hein, mais disons que oui, se mettre sur le trajet entre la salle commune de Serpentard et l'entrée des cachots.. Ce n'était pas vraiment le meilleur moyen pour ne pas se avoir à parler avec les gens ou ce genre de chose quoi. C'était un peu déplacé quoi.
Mais bon, ce n'était que son point de vu et ce n'était pas lui qui allait se mettre à en faire un scandale. Ou en tout cas, elle avait cette impression que c'était la meilleure chose à faire. Savoir se tenir était sans doute la meilleure méthode pour ne pas se prendre la tête. Surtout que là, elle n'avait probablement pas du tout besoin d'être remise à sa place et pas non plus besoin de quelqu'un qui lui dirait quoi faire quoi. Très peu pour elle en tout cas. Mais bon, pour le reste, c'était comme ça, point barre. Et c'était mieux comme ça, c'était évident, ou en tout cas, c'était l'impression qu'elle avait, ce qui était déjà pas mal. C'était un bon point. Oui voilà. « Ca arrive à tout le monde c'est sûr. Si tu as rompu avec lui, c'est que tu avais une bonne raison. Je ne vois pas pourquoi tu as des regrets maintenant ». Normal en même temps, qu'elle ne puisse pas être en mesure de comprendre mais pour autant, ce n'était pas à lui de lui faire remarquer ça quoi. La seule chose qu'il avait à faire lui, c'était tenter de l'aider un peu. Il n'avait aucune raison de le juger. Que cela soit facile ou non, il ne pouvait rien faire d'autre, il n'avait pas d'autre choix. Il fallait faire avec, point barre. Il n'y avait rien d'autre à en dire, absolument rien.
Il y avait mieux comme cachette, puisque c'était la route pour aller à la salle commune des verts. Mais là tout de suite, le mieux était sans doute de savoir se tenir et de ne pas s'en prendre à lui, de ne pas lui faire de mal, ce genre de chose quoi. Mais ce n'était absolument pas évident pour autant. Il fallait faire de son mieux, faire tout ce que l'on pouvait et ce, que cela soit facile ou pas. Il n'y avait pas trente six milles choses que l'on puisse faire. Il fallait juste faire de son mieux, faire en sorte que les choses n'aillent pas trop mal. Ce n'était pas facile, parce que cette situation n'était pas son truc, il ne parvenait jamais à arranger ce genre de chose, même s'il y mettait toute la volonté qu'il pouvait. Pour son surnom, aucune idée. Il ne connaissait pas Charisma alors forcément, les rumeurs qui couraient sur son compte ne l'intéressait absolument pas, et elle n'avait absolument pas la moindre raison de s'en tracasser. Et c'était mieux comme ça ou en tout cas, c'était son point de vu et le reste ne comptait pas. L'idéal était surtout de ne pas se prendre la tête et c'était mieux comme ça. Sans une seule hésitation. C'était mieux comme ça. « La cachette n'était peut être pas suffisamment bien choisi... Mais je ne savais pas non, pour ton surnom. Je ne m'intéresse pas aux bruits qui courent de toute façon.. Et je n'ai jamais dit que tu étais pathétique ». Mais il avouait volontiers le fait qu'il ait pu le penser une seule seconde. Oui voilà.
« Je n'ai pas dit que ça allait, j'ai dit que cela irait, j'ai conscience qu'on ne meurt pas d'un chagrin d'amour et cela finira forcément par aller mieux. » Voilà sa grande théorie sur l'amour, car Charisma était loin d'être très romantique comme fille, elle était même plutôt tout le contraire. Elle faisait passer la raison avant les sentiments et elle cherchait à tout analyser tout le temps. Quelque part, c'était un défaut, parce que du coup, elle finissait par craquer lorsqu'elle atteignait la phase critiquer. Enfin, ça arrivait tous les dix ans, la dernière fois qu'elle avait pété les plombs, c'était lors de l'incendie, et c'était vieux maintenant. Même quand son père l'avait vendue, elle n'avait pas vraiment réagi. Elle avait été trop choquée peut-être...
« Oh... ce n'est pas vraiment lui que je regrette. C'est plutôt l'émoi innocent de mon premier amour qui me manque, tout sera moins... pur... moins magique... maintenant. Je ne pourrais plus jamais croire au prince charmant... » Elle n'y avait jamais vraiment cru, cependant, si cela avait pu se terminer comme dans un conte de fée pour une fois, cela aurait été bien. Et son premier amour étant mort, elle n'aurait pas le droit au happy ending de cette façon. Bref, qu'importe, c'était fini, et puis, il y avait Axel, elle avait pris la bonne décision... sauf qu'elle ne pensait pas que cela finirait bien non plus avec Axel. Sa vie ne devait-elle donc être qu'une longue suite de déception ?
« Je suis ici depuis plus d'une heure et vous êtes la première personne à passer, ce n'est pas le coin des cachots le plus fréquenté. Et c'est toujours mieux que ma salle commune, mes amies sont vraiment gentilles, mais elles sont trop... trop. » Elle fit un geste vague, elle ne saurait pas l'expliquer, mais elle n'avait aucune envie de parler de tout ça aux filles de son dortoir, même pas à Elyna... surtout PAS à Elyna. Elle devait avoir l'air un minimum assuré si elle ne voulait pas passer pour une débile qui pleurait pour rien (l'opinion qu'elle avait d'elle, à peu de choses près).
« Mais je vais partir. » Décida-t-elle en se levant et en s'essuyant une dernière fois les yeux. « Je vous fais perdre votre temps et je perds le mien. Je vais aller à la bibliothèque travailler, cela ira mieux après. Merci de m'avoir écouté, cela m'a beaucoup aidé. » Elle fit un petit signe de la tête pour remercier Gale, un geste un brin guindé... parce qu'elle re-rentrait dans son personnage de princesse des glaces. Elle espérait qu'il ne parlerait à personne de tout ça, mais puisqu'il avait dit qu'il se fichait des bruits de couloir, elle se disait qu'elle pouvait avoir confiance et elle s'éloigna avant qu'il eut le temps de parler sur cette idée étrangement réconfortante.