Ne me dis pas que tu sais lire ! [ PV ]

Emma & Jenson

CRÉDIT - CSS
Icônes par Paper.Moon & Me

Emma se leva brusquement de la table des Serdaigle et commença à longer le banc pour se diriger vers les portes, Mary se précipitant directement à sa suite. Le banquet de début d'année touchait de toute façon à sa fin, et même s'il était encore tôt (les élèves traînaient généralement un peu, surtout le premier soir, et ce d'autant plus lorsqu'ils étaient en septième puisque c'était logiquement leur dernier banquet tel que celui-ci), plusieurs élèves avaient déjà quitté leurs tables respectives, alors ce n'était pas comme si elle aurait dû attirer tant que ça l'attention. Sauf que si. Elle était revenue. De retour après un an passé à l'étranger, après avoir rompu avec Nick (même s'ils avaient probablement dit que c'était d'un commun accord, les détails lui semblaient si flous. Elle avait terminé sa cinquième dans un brouillard diffus, qu'aujourd'hui encore elle n'arrivait pas vraiment à dissiper.) et avoir quitté ses fonctions de préfète. Elle revenait pour sa dernière année, et elle ne passait pas inaperçue. Les regards et les murmures (Merlin, on n'essayait même plus d'être un minimum discret de nos jours ? Autant parler normalement si ça c'est censé être 'chuchoter' !) la lassaient déjà, et elle n'avait même pas encore provoqué de grande catastrophe comme elle savait si bien le faire: chute acrobatique, combat de tarte, jet de bouse de dragon, tout était possible.

« Emma, ralentis tu veux ? Y a pas le feu, aux dernières nouvelles ! » Elles étaient arrivées dans le Hall à présent, mais la Bleue et Bronze n'était pas décidée à marquer de pause. Et d'accord, peut-être qu'elle faisait une légère crise de panique, mais elle n'avait pas de contrôle là-dessus, très honnêtement. Elle avait réussi à tenir tout le long du repas et c'était déjà pas si mal. Elle ne pouvait pas tenir une seconde de plus. Pas quand autant de souvenirs remontaient à la surface, et pas quand Nick était assis à la même table, à peine quelques places plus loin. Finalement, peut-être que Salem lui réussissait mieux. Tout était tellement plus simple là-bas. C'était bien pour ça qu'elle était partie. Non, pourquoi se mentir ? Pour ça qu'elle avait fui. Sa mère lui avait offert l'opportunité, et elle l'avait prise. Et loin là-bas dans cette nouvelle école, ce nouvel environnement, elle pouvait faire comme si tout ça n'avait jamais existé. Comme si son père n'était pas mort, comme si l'agression n'avait jamais eu lieu, comme si elle n'avait pas rompu avec Nick et qu'elle ne savait pas trop bien dans quel état elle le laissait. « EMMA CARTER. Maintenant tu t'arrêtes tout de suite parce je ne sais absolument pas quelle mouche t'a piquée, et je me souviens à peine de cette école, et je ne sais même pas où tu vas. » lança derrière elle une (pauvre) Mary excédée.

Elle s'immobilisa, suffisamment longtemps pour que sa meilleure amie puisse la rejoindre. « A la bibliothèque. Et... Désolée. Je sais que tu n'aimes pas courir juste après avoir mangé. Ça malmène tes 'flux', ou je ne sais quoi. J'avais simplement besoin d'air. Tu comprends ? » Elle sourit faiblement à Mary.
« Moui. Même si, à ta place, si j'avais besoin d'air comme tu dis, je n'irais pas m'enfermer dans une salle potentiellement mal aérée, probablement poussiéreuse et définitivement moche, mais je sortirais plutôt dans le parc. Mais bon. J'ai toujours su que t'étais pas nette. » répondit celle-ci d'un air narquois. Et même si Emma sentait très bien qu'elle tâchait de la détourner de ses pensées, elle ne put s'empêcher de hausser un sourcil. « N'insulte jamais la Bibliothèque devant moi, Donovan.  »

Et Mary avait beau dire qu'elle était moche, et poussiéreuse, dès qu'Emma vit apparaître la porte de la bibliothèque dans son champ de vision, elle se sentit un peu plus relaxée. Au moins une chose qui ne changeait jamais. Pourquoi s'encombrer d'amis, de parents, ou de petits amis ? Une bibliothèque ne vous trahirait jamais. Elle ne vous engueulait pas, et ne se transformait pas, et ne mourait pas brusquement. Elle était simplement là. Elle était tellement contente à l'idée de s'y réfugier qu'elle en aurait presque embrassé Madame Pince, pour la peine. Presque. Parce que depuis l'incident des projections groupées de postillons en quatrième année, elle s'était promise de toujours conserver un périmètre de sécurité de deux mètres autour de la vieille bibliothécaire. On n'est jamais trop prudent. Et ses cellules auditives se souvenaient encore trop bien de ses cris surhumains. Parfois elle se disait qu'elle devait être à moitié être de l'eau. Ou harpie.

Emma venait à peine de faire quelques pas dans la pièce lorsque Mary agrippa brusquement son bras droit d'un air surexcité (Madame Pince les guettait déjà d'un œil mauvais.). « Mec canon à deux heures !  » Elle se tourna comme indiqué mais s'attira uniquement des murmures agacés de la part de sa meilleure amie suivis de sifflements inquiétants provenant de Madame Pince. « Mais non ! T'es à une heure et quart là ! Tu crois vraiment que je te parle de ce vieux pot de fleurs moisis ? » Nouveaux sifflements. « Pardon, cette magnifique fleur tropicale. » Emma leva les yeux au ciel avant de rajouter trois quarts d'heure à ses une heure et quart, et poser ainsi les yeux sur nul autre que... Jenson Samuelson. « Dis-moi que tu plaisantes. » Et pourtant c'était bien le Serpentard, des bouquins à la main, à l'entrée de la bibliothèque. Le sanctuaire vient d'être profané, je répète, le sanctuaire vient d'être profané. Individu indésirable en vue ! Il ne semblait pas à sa place, du point de vue d'Emma, qui était pratiquement sûre de ne l'avoir jamais croisé dans cette pièce, en sept ans. « Ne me dis pas que c'est lui, Nick ?! » Merlin, il allait vraiment falloir qu'elle apprenne à Mary comment chuchoter. Cette fille était aussi discrète qu'un hippogriffe s'introduisant dans le salon de thé de Madame Pieddodu. « Bien sûr que non ! C'est Samuelson. Nick est à Serdaigle, Mary ! » répliqua-t-elle férocement. Tellement férocement que le blond l'avait forcément entendue: ils n'étaient pas si nombreux que ça dans la bibliothèque, et sa meilleure amie lui avait vraisemblablement communiqué son incapacité à murmurer. Oh bon sang. La seule chose pire que de tomber sur Jenson le jour de la rentrée, aurait été de croiser Nina Moreau. Et encore, elle n'était pas certaine de savoir lequel était le plus désagréable des deux.

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Fan-tas-tique. Finalement, peut-être qu'elle commençait à regretter le temps où elle n'avait pas de meilleure amie. Peut-être valait-il mieux ne pas avoir d'amis tout court, tout compte fait. On se faisait des amis, et ensuite on se retrouvait, par une froide soirée de septembre, cloîtrée dans une bibliothèque possédant une seule issue de sortie, qui bien sûr se trouvait condamnée puisque située juste derrière l'un des seuls individus qu'on souhaitait à tout prix ne pas croiser lors de sa première journée à Poudlard. Les amis, c'était tout pourri. Par consensus, d'Emma avec Emma, parce qu'elle développe vraisemblablement un problème de schizophrénie il était désormais décidé que Mary ne figurait plus parmi ses amis. Le regard noir qu'elle lança à la jeune fille dut parfaitement transmettre cette décision judiciaire, parce qu'elle la sentit se ratatiner un peu à côté d'elle. Pendant dix secondes à tout casser. Juste avant de retrouver son aplomb habituel.

« Aaah, exact ! Cela dit, pour ma défense, on ne voit pas du tout son blason d'ici ! »
« Sa cravate est verte. » commenta-t-elle platement, commençant sérieusement à remettre en question sa propre capacité de jugement.
« C'est un détail ! »
Emma s'apprêtait à répliquer de nouveau, mais fut interrompue par un nouveau sifflement, plus bruyant cette fois, provenant de Madame Pince, rapidement suivi de bruits de pas. Oh. Elle avait omis un détail, elle aussi, trop occupée à se chamailler avec Mary. Samuelson. Dans toute sa splendeur: il n'avait pas changé d'un pouce. Même air narquois que d'habitude, mêmes cheveux blonds comme la paille. A la rigueur, il avait peut-être encore grandi (ce qui ne réjouissait pas énormément Emma, qui se trouvait plus petite en comparaison).

Elle ne le détestait pas exactement. Leur dernière entrevue avait même été relativement... civilisée, puisqu'ils avaient dus combattre à eux deux une armée de marmots hyperactifs, bien décidés à avoir leur peau. Bref, ils avaient fait un baby-sitting. Ils n'étaient plus exactement en mauvais termes, à l'époque. Mais ça ne signifiait pas pour autant qu'elle avait envie de le voir, et encore moins qu'elle souhaitait se faire surprendre en train de prononcer son nom. Eugh. Elle se sentait comme une gamine prise en faute. Elle ouvrit la bouche pour répondre, sans trop savoir ce qu'elle allait dire, mais fut interrompue dans son mouvement par Mary, qui avait toujours été bien plus rapide qu'elle à ce jeu là.
« Oh ce n'était pas exactement une comparaison... »
« Pas du tout même, étant donné qu'il n'y a rien de comparable. » grogna-t-elle dans son coin, peu désireuse de croiser le regard du Serpentard, mais songeant qu'il faudrait bien le faire tôt ou tard.
« ... Mais plutôt une méprise de ma part ! Emma n'est pas très douée pour faire les descriptions –je la soupçonne surtout de ne pas y mettre du sien–, donc je n'ai pratiquement comme référence que les couleurs de cheveux des gens. » reprit la rousse avec bonne humeur, comme si elle n'avait jamais été interrompue et qu'il était vraiment nécessaire qu'elle se mette à raconter l'histoire de sa vie. Et bien sûr qu'Emma n'avait pas envie de décrire qui que ce soit lorsqu'elle était à Salem, et que Mary s'acharnait corps et âme à essayer de lui arracher les vers du nez. Elle était partie pour une raison, par Merlin.

Samuelson s'adressa ensuite directement à Emma, et celle-ci ne perdit pas de temps pour répondre cette fois, bien consciente que Mary se ferait un plaisir de parler à sa place. Parfois, elle se disait que cette fille ne parlait que pour pouvoir entendre le son de sa propre voix. « Je ne vois pas vraiment en quoi ça t'intéresse, Samuelson. » répliqua-t-elle d'un air revêche (elle pouvait pratiquement entendre sa meilleure amie lever les yeux au ciel derrière elle.). Elle soupira, se demandant à quel point il serait malpoli de les planter là tous les deux et de fuir stratégiquement vers le confort familier de son dortoir. « Salem était... bien. C'est juste... J'étais mieux à Poudlard. Je regrettais le château. » compléta-t-elle avec réticence, au nom du souvenir de l'amabilité qu'ils avaient partagé un siècle plus tôt. Bien sûr, Jenson ne pouvait pas être au courant des détails de sa vie familiale, et elle ne comptait absolument pas les lui délivrer. Seuls Mary, Nicolas et Charisma savaient réellement tout (et encore), et Emma n'était pas décidée à agrandir ce cercle. Et même si elle y avait songé, elle n'aurait jamais inclus Samuelson dedans.

Mary frétilla lorsque le blond l'interrogea concernant sa présence à Poudlard/son identité/la validité même de son existence, ne s'offusquant pas plus que ça de la manière –particulièrement impolie du point de vue d'Emma– dont il s'était adressé à elle. « Mary Donovan, enchantée Jenson ! J'ai demandé à être transférée de Salem à ici cette année. Initialement j'ai commencé mes études à Poudlard, pour être tout à fait exacte, mais il s'avère que le château n'était pas- »
Elle se tut lorsqu'Emma se tourna lentement vers elle, un air éloquent sur le visage.
« Restriction, compris ! »
Bien consciente que leur dynamique pouvait paraître un point détonante aux yeux de l'élève non avertis –et en l'occurrence de Samuelson, qui avait toujours été un peu lent à la détente aux yeux d'Emma–, la brune se demanda si elle sortirait en vie de cet entretien. Par Merlin, elle n'avait pas prévu ça.
« Plus sérieusement, qu'est-ce que tu fais à la bibliothèque, Samuelson ? On ne m'avait pas dit que tu savais lire ! » reprit-elle plus joyeusement, retrouvant les habituelles piques qu'elle lui lançait avec plaisir. Finalement, il lui avait peut-être un peu manqué ? Mais si peu !

Emma aurait cent fois préféré continuer à se chamailler avec Mary plutôt qu'avoir à être confrontée à Samuelson, surtout dans de telles conditions. Il avait une raison de s'adresser à elle à présent, puisqu'elle avait stupidement prononcé son nom dans un accès de frustration envers sa meilleure amie. Elle ne le répèterait jamais assez: les livres, eux, ne se comportaient pas de façon idiote. Ils ne confondraient jamais Nicolas avec Jenson, tout simplement parce qu'ils ne pouvaient pas parler. Et surtout, parce qu'ils n'étaient que des livres. Pas des asperges de dix-sept ans au sourire niais et possédant une forte tendance à gaffer. Évitant consciencieusement le regard du Serpentard on sait jamais s'il veut la pétrifier, elle laissa (un peu contre son gré), Mary expliquer le 'malentendu' au jeune homme.

Elle releva brusquement la tête lorsqu'il se mit à rire, incrédule et indigné devant le fait qu'on l'ait confondu avec Nicolas. A côté d'elle, Mary hocha la tête en guise d'acquiesçement, un peu perplexe devant le rire de Jenson. Il faut dire que si Emma lui avait effectivement parlé du blond (Merlin seul savait pourquoi), elle n'avait pas non plus été jusqu'à entrer dans les détails et lui expliquer les rapports conflictuels qu'elle avait toujours entretenus avec lui. A posteriori, elle aurait peut-être dû le faire, parce qu'alors sa meilleure amie aurait eu le bon sens de se montrer un poil plus réservée à l'égard de la Vipère. Emma haussa un sourcil, toisant Samuelson d'un regard tout sauf chaleureux. « Hm, je ne vois pas vraiment ce qu'il y a de drôle, et si quelqu'un devrait se sentir offensé, ce serait probablement Nicolas. » commenta-t-elle un peu sèchement. Emma is baaack ! Déjà, parce qu'elle n'avait pas été capable de faire une description suffisamment précise de son propre ex petit-ami pour que Mary puisse le reconnaître (mais ça c'était intentionnel, étant donné qu'elle n'avait pas envie de parler de lui, et encore moins de le décrire ou de raconter l'histoire complète de leur relation. Les méthodes d'auto-préservation d'Emma étaient basées sur le silence.), et de deux parce qu'évidemment, du point de vue de la brune, Jenson était arrogant et insupportable, ce qui était tout le contraire de Nick, qui ne méritait donc nullement de lui être comparé.

Emma fronça les sourcils lorsque Jenson commença à l'accuser d'être toujours désagréable (il n'avait peut-être pas tort, mais elle avait ses raisons !) et sous-entendre qu'il avait été obligé (pieds et poings liés, si, si !) de venir puisqu'elle avait prononcé son nom comme un elfe de maison héhé. « Je ne serais peut-être pas désagréable avec toi si ce n'était pas devenu un réflexe de protection, étant donné qu'à chaque fois qu'on se voit tu es odieux avec moi. » répliqua-t-il avec énervement, avant de jeter un regard précautionneux vers le bureau de la bibliothécaire, pour vérifier qu'elle n'avait pas sorti sa baguette pour les virer de là (ce serait un comble, elle n'avait jamais été virée de la bibliothèque en six ans, elle ne le pardonnerait jamais à Samuelson ! Ni à Mary !). « Et je n'ai pas 'crié' j'ai doucement gueulé ! Si c'était simplement pour venir fanfaronner concernant tes dons prodigieux au Quidditch ou la nullité de Serdaigle, alors oui, tu aurais dû faire comme si tu n'avais pas entendu, ça aurait fait gagner du temps à tout le monde ! » continua-t-elle, toujours agacée, mais un peu plus doucement pour ne pas être virée. Bien sûr, elle savait que Serdaigle avait gagné la coupe l'année précédente, mais à ses yeux ça ne constituait pas une raison suffisante pour empêcher Samuelson de se plaindre à ce sujet. Il devait probablement penser qu'ils étaient pistonnés ou quelque chose comme ça. Et non, ça n'avait rien à voir avec le départ d'Emma namého !

A côté d'elle, Mary observait ces échanges d'un air intrigué, qui se transforma bien vite en intérêt. Il ne semblait plus que lui manquer du pop-corn. Emma s'adoucit un peu lorsque Jenson lui dit qu'il pensait simplement qu'elle ne se plaisait pas à Salem, probablement parce qu'il semblait moins vindicatif et juste curieux. « Non, non, il ne s'est rien passé de spécial. J'ai juste réalisé que je n'avais pas vraiment ma place là-bas. Et puis c'est notre dernière année à Poudlard... » Pour ne pas dire que s'il s'était passé quelque chose, ça avait été avant qu'elle ne parte, pas pendant son séjour à Salem. Mais encore une fois, elle ne comptait pas déballer sa vie devant le Serpentard, alors elle n'ajouta rien de plus.

Suite à cela eut lieu un comique échange muet entre Emma et Mary, qui fut l'objet d'une remarque de Jenson concernant son propre don de légilimencie. La brune sourit avec amusement apocalypse !, tandis que Mary, qui n'était pas au courant du don du blond –ou l'avait oublié, ça n'aurait rien d'étonnant !– sourit plus légèrement, un peu d'incertitude peint sur le visage. « Très drôle. Tu n'as eu aucun souci avec ton don d'ailleurs ? Taliesin a fermé tellement précipitamment, on commençait à peine à nous former... » grimaça-t-elle. Qui plus est, elle avait toujours eu des problèmes avec son propre don d'invisibilité, alors ne pas avoir plus de cours ne l'avait en aucun cas réjoui, même si ça faisait du boulot en moins. Mary lança un regard enthousiaste au blond. « Oh, tu es légilimens ? Mais il n'y a pas une législation très stricte à ce sujet ? Les abus possibles sont tellement vastes... C'était un vrai problème à une certaine époque, à Salem. » raconta-t-elle d'un air pensif, démontrant une fois n'est pas coutume qu'elle n'était pas aussi superficielle qu'il n'y paraissait.

Emma leva les yeux au ciel lorsqu'il reprit ses termes précédents, plus amusée qu'elle ne voulait l'admettre. « Je te l'accorde. » répondit-elle d'un ton plus léger, en ce qui concernait la capacité des élèves des autres maisons à lire. N'avait-elle pas toujours été opposée aux clichés concernant les maisons ? Elle fut plus choquée lorsqu'il lui annonça qu'il avait conservé les bouquins de la bibliothèque depuis l'année précédente. « T'as vraiment envie que Pince te tue pendant ton sommeil, toi. » Débutant. On voyait bien qu'il ne connaissait pas bien la bibliothécaire. Si c'était un de ses mauvais jours, elle devenait carrément dingue. La légende disait qu'un jour, elle avait assommé si fort un Poufsouffle avec un bouquin qu'il en était tombé dans le coma. Peut-être que Jenson avait simplement envie d'entrer dans l'histoire ?

Elle fut plus que surprise qu'il les invite à s'asseoir et resta donc muette, tandis que Mary acquiesçait sans rechigner, donnant un coup de coude à la brune avant de tirer une chaise pour prendre place à la table qu'elles avaient choisi un peu plus tôt. Il voulait vraiment papoter ? Et dans la bibliothèque en plus ? Ils allaient finir trucidés par Pince. Mais même ça, ça n'était pas aussi bizarre que le fait qu'il les invite à s'asseoir. Peut-être qu'il pensait avoir une touche avec Mary (et il n'aurait pas tort). « Je n'ai pas besoin de prendre d'avance. » grinça-t-elle en s'asseyant à son tour, stratégiquement à côté de Mary, et donc à l'opposé de Samuelson. Comme ça elle peut lui donner des coups de pied s'il la gonfle. « Je pense que la soirée s'annonce plus intéressante que je ne l'aurais pensé ! » déclara sa meilleure amie, le sourire aux lèvres. Et Emma ne se fit pas prier pour lever les yeux au ciel (et quelque part, elle se disait que Mary l'avait prévu).

Si elle comptait parler à Nicolas de cette entrevue ? Certainement pas. Ils essayaient bien de retrouver la relation qu'ils avaient avant de commencer à sortir ensemble, mais pour sa part, Emma trouvait que sa propre attitude sonnait faux. Le cœur n'y était pas. Elle essayait pourtant, parce que la compagnie de Nick lui était chère, plus que ça même, étant donné qu'il avait été son meilleur ami et confident autrefois. Mais elle ne parvenait pas à ignorer ce qui s'était passé entre temps. Ni ses propres erreurs. Et elle n'était pas certaine que les autres Serdaigle ignoreraient quoi que ce soit non plus. Les regards lors du banquet ne trompaient pas: elle était partie, Nick était resté. Pas compliqué de savoir envers qui se portait leur allégeance. Une fois n'était pas coutume, elle remerciait Rowena d'avoir Mary auprès d'elle. La jeune fille avait beau être une plaie lorsqu'il s'agissait de s'adresser à Jenson Samuelson, elle n'en restait pas moins une alliée fidèle, et Emma sentait qu'elle allait en avoir besoin cette année.

Elle ignora donc superbement la suggestion de Samuelson, puisque de toute façon elle était bien partie pour l'appliquer, et reporta son attention sur Mary, qui était bien trop enthousiaste devant cette rencontre. Elle était encore naïve, la pauvre. Ou bien Emma dramatisait ? Il était vrai qu'elle avait un certain amour pour le théâtral, mais au point de diaboliser Samuelson ? Elle ne le pensait pas. Elle ne s'était jamais posée la question à vrai dire. Le souvenir de leur toute première rencontre était encore bien cuisant dans sa mémoire, et il faut croire qu'elle avait définitivement laissé une mauvaise empreinte dans l'esprit de la jeune Serdaigle. Elle était trop impressionnable, à l'époque. Elle avait changé. La conversation tournait néanmoins rapidement en un jeu de "C'est pas moi, c'est toi", et Emma s'en sentait déjà lasse. Aucun ne voulait admettre sa propre responsabilité, et ça avait toujours été comme ça. « Passe à autre chose, c'est-à-dire ? Parce que je ne demande que ça, personnellement. » Oui car dans l'absolu, se disputer avec Jenson n'était pas vraiment amusant pour elle. Même si ça pouvait s'avérer divertissant à l'occasion (cf. le magasin de Quidditch eh, eh). Mais s'ils ne se chamaillaient plus, elle ne voyait pas trop en quoi pouvait évoluer leur 'relation'.

Elle sut qu'elle avait touché une corde sensible lorsqu'elle évoqua le Quidditch et que le blond s'enflamma. Elle échangea un regard amusé avec Mary, qui semblait tout aussi étonnée qu'elle devant le soudain éclat de Samuelson. Apparemment, la saison avait été difficile. Ça lui apprendra. A force de se moquer de Serdaigle injustement, il avait fini par payer les pots cassés. « Si je comprends bien, Serpentard est donc devenue l'équipe la plus nulle de l'école ? Au lieu de Serdaigle ? Je suis déçue d'avoir manqué ça ! » avoua-t-elle avec bonne humeur, profitant d'une des seules fois où elle avait l'ascendant sur lui lorsqu'il s'agissait de Quidditch. Bon certes, ce n'était pas grâce à elle, mais avant de se moquer d'elle, il passait quand même 75% de leurs discussions à se moquer de Serdaigle tout entier, et elle était ravie de savoir que Rowena avait enfin eu sa revanche. « La victoire ne repose pas uniquement sur les prouesses de l'attrapeur. » lui fit-elle remarquer plus sobrement. Même si ça jouait beaucoup, elle devait bien l'admettre. Et ça avait souvent été le point faible de Serdaigle, justement. Il détourna bien évidemment ses sarcasmes en compliments, et Emma ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. « C'est ça oui. Mais on sait tous les deux que tu n'as pas besoin de moi pour avoir la tête grosse comme un melon. » Il s'auto-congratulait bien assez tout seul, ce n'était certainement pas elle qui allait en rajouter une couche. Même si au fond d'elle, elle était consciente qu'il était effectivement plus que bon. Mais elle ne se focalisa pas là-dessus, dans le cas où ce crétin se mettrait à lire dans ses pensées.

Les choses se calmèrent quelque peu lorsqu'il fut question de leurs dons respectifs. Étrangement, discuter de manière civilisée avec Samuelson n'avait rien de désagréable. Elle avait déjà eu l'occasion d'en faire l'expérience lors de leur baby-sitting commun. Il n'était pas si bête que ça, et généralement amusant, dans ces rares moments. Trop rares. « Oui voilà. On finit par s'adapter, heureusement. » répondit-elle, avant de laisser Mary s'étonner devant le don de Légilimancie de Jenson. « Je parlais de restrictions légales, mais c'est peut-être différent pour toi, étant donné que tu n'as pas étudié la Légilimancie, mais possédait déjà le don. » La jeune fille marqua un temps d'arrêt, pensive. « Oh, la pagaille habituelle. Des groupes de sorciers qui s'étaient spécialisés dans ce domaine et l'utilisaient pour s'emparer d'informations hautement confidentielles. Ça a mis le gouvernement dans de beaux draps, parce que certains de leurs officiels étaient justement concernés. » détailla-t-elle finalement, avant de retrouver sa bonne humeur initiale. Emma n'était nullement surprise de l'afflux d'informations provenant de son amie, parfaitement consciente qu'elle cachait son savoir sous ses apparences superficielles, et surtout, qu'elle avait longtemps été intéressée par une carrière ministérielle.

Emma adressa un sourire amusé à Jenson suite à sa remarque concernant la bibliothécaire, et surtout la réaction qui s'ensuivit, destinée à s'assurer qu'ils n'étaient pas sur écoute. Mais cette évocation du mot de passe rappela également à l'ex-préfète qu'éventuellement, il leur faudrait accéder à leur dortoir. Or avec tout ce qui s'était passé ce soir, le couvre-feu commençait à se faire dangereusement proche. Elle se doutait bien que ça ne dérangerait nullement Mary, et peut-être même pas Samuelson, mais pour sa part, elle tenait à éviter de se faire remarquer davantage ce soir. « Hm, il va falloir qu'on y aille cela dit, si on veut arriver à la salle commune avant le début du couvre-feu. C'est toujours plus strict le premier soir, histoire d'impressionner les petits nouveaux. » fit-elle remarquer à ses deux comparses, lançant surtout un regard appuyé à Mary pour lui faire comprendre qu'il était temps de lever le camp. Son amie soupira. « Et dire que ça va être comme ça tous les soirs. Bon, on va éviter que tu nous fasses de l'hyperventilation, hein. » acquiesça-t-elle finalement avec mauvais gré. Les trois jeunes gens prirent lentement la direction de la sortie. Puis, retrouvant le sourire, elle se tourna à nouveau vers Jenson. « Ravie de t'avoir rencontré, Jenson. Je suis sûre qu'on aura l'occasion de se reparler en cours ! » En cours ? Comment ça en cours ? Hors de question de parler en cours ! Mais ah, certes, elle n'était pas forcément concernée. Elle se contenta pour sa part d'un salut plus réservé: « A plus, Samuelson. » lança-t-elle tandis que leurs chemins se séparaient. Elle ne s'habituerait jamais à l'appeler par son prénom. « Je ne sais pas quel est ton problème avec lui Emma, moi je le trouve sympa ! Et beau. » reprit Mary une fois qu'elles se furent rapprochées de la tour de Serdaigle. Elle sentait que ça allait être une longue nuit. Et année, accessoirement.