[THEME] La traversée du traversin [PV]

Linwood & Pandore

Quinze jours après la rentrée, on aurait pu croire Pandore dépassée par les évènements et déjà en train de renoncer à faire le premier devoir de potions maison du semestre. Et bien mesdames et messieurs, non. Bon, pas qu'elle ait déjà commencé le dit devoir, non, mais elle avait cependant l'intention de le faire, ce qui était un énorme espoir en soi.

Pour l'heure, la petite fille somnolait sur son lit en ce beau samedi de septembre et attendait le retour de Louise de la bibliothèque quelle idée d'aller s'enfermer dans une salle remplie de poussière, où le jour passait seulement quand Mars et Saturne s'alignaient avec Vénus, franchement.. Tout en pensant à des choses aussi variées que le prochain match de Quidditch et le prochain devoir de métamorphoses qui l'angoissait un peu, Pandore réalisa soudain que plus tôt dans la matinée elle avait croisé un garçon qui ne la laissait pas indifférente. Sur le coup elle n'y avait pas réagit et maintenant Pan savait pourquoi : le dit garçon était un Gryffondor, soit un renégat, une abomination, un suppot de Satan, et on en passe quelqu'un de forcément pas fréquentable qui était dans la poche de Ryan O'Hagan, autrement dit quelqu'un qui sans qu'elle puisse le voir venir avait la capacité physique de lui lancer un gâteau à la chantilly en plein dans la tête Headshooot ! et d'ensuite la piétinner à pieds joints une fois qu'elle serait agonisante par terre on sous-estime le pouvoir paralysant de la chantilly.

« Ce coussin n'est assurément pas assez rembourré. »

Pandore se leva d'un bond de son lit et fonça vers son armoire, en partie soulagée (attendons d'en trouver un meilleur, tout de même) de trouver la cause de la position inconfortable de sa tête lors de ces 14 dernières nuits. Après avoir fouillé sous les couvertures et les draps déjà présents, Pan fila vers l'armoire de Lou et fut forcée de constater que son contenu était l'identique du sien.

Pas démontée pour autant, la petite fille sortit de son dortoir et fila sur le plus proche : elle demanderait à l'une de ses camarades de maison de la dépanner si elles étaient plus fournie qu'elle en coussin et ce serait également l'occasion de papoter en attendant que Louise arrive.

Le premier dortoir était celui des premières années et bien qu'elle avait déjà un peu parlé avec eux durant les tout premiers jours de cours (Pandore n'hésitait jamais à arriver en retard à un cours pour accompagner un Poufsouffle de première année qui se serait perdu ou qui ne connaitrait pas encore toutes ses salles par cœur et puis si ça permettait de rater du cours, aussi) elle ne pouvait pas de vanter de connaître parfaitement tous les petits nouveaux de sa maison. Il fallait dire qu'entre les cours (qui étaient quand même la principale attraction de Poudlard hein, oui, même avant les banquets de la grande salle et des légendaires combats de billes sauteuses), la préparation du Quidditch et tous les amis, on n'avait généralement que peu de temps pour aller papillonner à d'autres à gauche dans l'espoir de faire connaissance avec Pierre, Paul et Jacques Qu'est-ce que tu fais ? Tu révises ? Je t'embête ?.

La petite Irlandaise frappa à la porte du dortoir des premières années et une fois qu'elle fut invitée à entrer, baissa la poignée et entra dans la pièce Oh mon Dieu quel bazar ici ! Mais vous réussissez à vivre là ?! J'ai honte, non non, si, vraiment, j'ai honte ! Allez, rangez-moi ça ou j'appelle Rusard pour qu'il nettoie le tout au lance-flamme. Allez !. La petite fille qui lui avait répondu était Lindwood Saroyan Oui, Pandore a une mémoire d'éléphant *jet de cheveux* Ah flûte, ça marche moins bon les cheveux courts, une petite rouquine à croquer particulièrement agréable et gentille en d'autres thermes : une Poufsouffle digne de ce nom.

« Bonjour Linwood, tu vas bien ? »

La 4ème année gratifia sa cadette d'un sourire plein de dents tendresse tendreté ? tendration ? et avança d'un pas, pour ne pas déranger la petite fille qui ne devait pas s'attendre à de la visite cet après-midi là. Après avoir jeté un coup d'oeil au dortoir, Pandore fut ravie de voir débarquer Sweeney comme un déterré dans la chambre de la première année, totalement pétrifié d'avoir ainsi été abandonné.

« Oh ! Je te présente Sweeney, il aime beaucoup la compagnie des Poufsouffle. Je crois qu'il aime bien le jaune, en fait. Sween' ne va pas embêter Linwood s'il te plait ! »

Pandore évitait de lancer Sweeney sur des gens qui en avait un peu peur ou qui n'était du moins pas très à l'aise. Mais quand elle voyait que la présence de l'écureuil ravissait, elle ne se gênait pas. Sweeney était vraiment très affectueux et c'était généralement une fierté un ravissement de l'avoir sur l'épaule, du moins c'est ce qu'on lui disait Pandore, elle, en avait assez d'avoir des miettes de noisettes tout au long de la journée. Pour Linwood, bien que Pan la sentait intéressée par l'écureuil, elle ne donnait pas pour l'instant l'impression d'avoir envie de se laisser approcher par la bestiole orange le petit rongeur.

Le petit écureuil monta ainsi sur le lit de la rouquine et la regarda fixement, la tête penchée, pour savoir quelle était la raison du refus de sa maitresse d'approcher la petite fille qui avait l'air gentille. Swee s'était surement fait caresser par tous les blaireaux de Poudlard au moins une fois et le petit rongeur, bien qu'animal, ne comprenait pas les rares fois où on avait peur de lui ou de sa vivacité.

« Alors, qu'est-ce tu fais de beau ? »

Pan était guerre plus grande que Linwood mais son statut de 4ème année lui donnait quand même l'autorisation de pouvoir tutoyer les plus jeunes qu'elle, ce qu'elle évitait généralement de faire avec n'importe qui (comprendre plus vieux qu'elle). Après deux trois discussions et le traditionnel « Tu peux me tutoyer hein ! », Pandore arrivait à se forcer à dire 'tu' mais ce n'était clairement pas automatique, son éducation l'en empêchant presque à chaque fois.

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« Pandore McAllister. »

Pandore sourit à la petite fille, se rappelant soudainement sa particularité : certains étaient sauvages, d'autres un peu idiots, d'autres parlaient (beaucoup) trop et certains même partaient en courant mais il y'avait aussi ceux, qui avaient le don de toujours vous surprendre par un truc qu'on ne comprenait généralement pas et qui mettait ou mal à l'aise, ou bien vous laissait pantois.

'L'hypocondriaque' se souvint immédiatement Pandore en voyant la jeune fille se désinfecter les mains à l'alcool à bruler avec une lingette. Éhé, on était mal barrés, si elle fuyait tous les microbes qui l'entouraient ! Quand on savait que l'air-même était infesté de micro-organismes pathogènes et parfois nocifs, voire mortels, comment allait faire Linwood ? Elle allait cesser de respirer pour de bon ? C'était un choix, mais Pandore doutait sincèrement que la petite fille – aussi Poufsouffle soit-elle – en soit capable.

« Merci. »

Pandore accepta le mouchoir sans faire d'histoire mais n'en pensait pas moins. Elle avait appris avec le temps que dire la vérité, ou du moins ce que l'on pensait n'était pas toujours bénéfique, que l'apprentissage personnel était parfois tout aussi – voire plus – important. Ainsi, et même si ça lui démangeait les lèvres de lui dire combien ces attitudes de Emma Pillsbury maniaque de la propreté l'exaspérait, Pandore ne lui dirait jamais combien elle pensait ça complètement inutile

« Ne t'inquiètes pas, je peux comprendre. Sweeney est un petit écureuil très propre je te rassure. Il déteste manger ses noisettes tant que je ne les ai pas frottées, si ça peut te rassurer. »

Pandore adressa un sourire moralisateur amical à la petite fille qui manifestement, ne devait pas vivre des moments faciles tous les jours, avec sa maladie (parce que ça devait en être une, non ?). Elle lui demanda ensuite ce qu'elle faisait et comme Pandore l'avait vu, la petite rouquine lui répondit qu'elle se vernissait les ongles de pieds. C'était pour le moins étrange pour – déjà – Pandore, qui malgré ses 14 ans n'était pas du genre spécialement coquette il n'y avait qu'à voir sa tête au réveil, en fait, et surtout surprenant venant d'une petite fille de 11 ans. Cette jeune Linwood entrait bien dans la catégorie des gens surprenant, il n'y avait pas à dire.

« Aiden, c'est ton frère ? Il a été réparti à... Serdaigle, si mes souvenirs sont bons, c'est ça ? »

Pandore essaya de se souvenir de la cérémonie répartition et se rappela qu'un garçon avait été réparti juste avant Linwood et avait le même nom de famille qu'elle. Son frère jumeau donc, à priori, ou bien un cousin. Pandore misa sur le frère jumeau, n'ayant pas de souvenir de 'Linwood' plus jeune ou pas qu'elle, dans l'école.

« ça fait longtemps que tu as des problèmes psychologiques te met du vernis ? »

La question pouvait paraître bête mais tout ceci intriguait quand même Pandore. C'était elle qui était en retard sur une certaine normalité dont elle n'aurait pas conscience ? Il était vrai qu'à part Louise Pandore n'avait pas spécialement beaucoup d'amies fille et autant vous dire que Louise n'était une pionnière en matière de maquillage ou d'esthétique en tout genre ça peut d'ailleurs se voir aisément à sa coupe de cheveux threuh threu..

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« Pandore. Ok, je vais le retenir maintenant. » Elle se souvenait maintenant que c'était la capitaine de l'équipe de Poufsouffle, mais elle n'avait pas fait le rapprochement au début. Il y avait tellement de monde dans cette école... et Wood avait plutôt tendance à raser les murs.

« C'est faux, tu ne peux pas comprendre, mais c'est gentil de le dire. Personne ne peut comprendre, il faut le vivre, ou avoir une réelle phobie au quotidien, pour avoir une idée de ce que cela représente. Même mes parents, ou Aiden, ne le peuvent pas, mais ce n'est pas grave. » Elle ne pensait pas que l'écureuil ne mange réellement ses noisettes qu'une fois qu'elles étaient frottées. Elle ouvrit délicatement le tiroir de sa table de chevet (Wood avait toujours des gestes délicats, malheureusement, dans certaines situations, ils paraissaient surtout lents), elle en sortit un paquet de galette de riz où chaque galette était séparée par une feuille sulfurisée. Elle en prit une. « Il mange ça ? J'ai peur des microbes, mais les miettes ne me dérangent pas. » Enfin, les miettes de sa propre nourriture en tout cas ne posaient pas de soucis. Elle savait que ces galettes étaient réglos, c'était sa mère qui les lui faisait avec des produits bio, ainsi que d'autres produits que Wood stockait dans sa malle. N'importe qui ayant déjà mangé avec la rouquine à la table de la grande salle savait qu'elle mangeait très peu, mais en réalité, elle mangeait en très petite quantité, du coup, elle mangeait souvent. D'où ces en-cas, qui en plus avait toute sa confiance (même si sa mère lui avait assuré qu'à Poudlard, elle ne courait aucun risque, parce que les elfes étaient très préoccupés de la qualité de la nourriture).

« Oui, c'est mon frère jumeau, il a bien été réparti à Serdaigle. Tu as vraiment une bonne mémoire. C'est dommage quand même, pour Serdaigle, nous aurions voulu rester ensemble, sans mon frère, je ne peux pas enlever mes gants. » Mais Aiden était aussi mal à l'aise qu'elle du fait de leur séparation. Elle, c'était à cause de son traumatisme, mais lui, c'était sûrement par timidité. Même si Wood était bizarre et, disons-le, atteinte d'une maladie handicapante, elle parlait plutôt facilement aux gens (même si sa façon de parler était parfois un peu déconcertante puisqu'elle avait un débit lent et une certaine tendance à distanciation, quand ce n'était pas au sarcasme).

« Je ne sais plus, je crois, j'en mettais déjà avant mon accident. Maman est contre le maquillage, mais elle pense que le vernis est sans danger, ça ne fait pas 'mauvais genre' et ça ne provoque pas spécialement d'allergie. Tu veux essayer ? J'en ai de toutes les couleurs, j'ai aussi des sortes d'autocollant qu'on peut mettre sur l'ongle, je suis super forte, je peux te montrer ! » La passion de Wood pour les vernis était peut-être improductive du fait de ses gants, mais elle n'en était pas moins réelle, et l'idée de s'occuper des ongles de sa camarade lui plaisait vraiment, elle espérait que celle-ci allait accepter.

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La franchise de la petite Linwood était loin de mettre Pandore mal à l'aise, bien au contraire : la petite jaune et noire était en effet une habituée de la vérité brut de décoffrage, pour en être une des pionnières une grande habituée Ne faites pas l'enfant professeur Harris, tout le monde a remarqué que votre cours ne tenait pas la route une seconde. Elle avait d'ailleurs dû depuis son entrée à Poudlard travailler sur ce trait de caractère là, puisque visiblement, ça dérange certaine personnes la capitaine des blaireaux avait à ses dépends apprit que toute vérité n'était pas forcément bonne à dire Comment ça tu ne trouves pas que ta coiffure n'est agréable à regarder ? Ah mais si, moi je te le dis..

« Tu as la phobie de la saleté, c'est ça ? Moi même j'ai la phobie des Gryffondor intelligent, mais fort heureusement, je n'en ai encore jamais rencontré ! Moi, je n'ai pas phobie. Je n'irai pas jusqu'à dire que je n'ai peur de rien mais je ne vais jusqu'à hurler en sautant sur une chaise si je vois une araignée Louise en revanche, est de ce type de personne là... »

Linwood réagit sur son frère réparti à Serdaigle et bien évidemment, Pandore ne put s'empêcher de réagir.

« Tu as de la chance qu'il ait été réparti à Serdaigle et non à Gryffondor, tu sais ! Les Serpentard ne sont pas très populaires en général, aussi, bien que je n'ai jamais trop compris pourquoi. En tout cas Serdaigle est une maison vraiment chouette, ses étudiants nous ressemblent beaucoup : ils aiment travailler et sont très assez intelligents. Puis ils sont sages aussi, ce qui ne gâche rien, même si nous sommes plus dans l'expression qu'eux enfin ça dépend de l'individu, tu me diras. Prends Louise, on peut pas vraiment dire qu'elle est du genre expressive. Et puis cette année Serdaigle est la maison dont nous sommes le plus proche, aussi. Mon meilleur ami est à Serdaigle, tu vois. »

Voyant la mine déçue de la petite fille, Pandore ne put s'empresser de rajouter :

« Bien sûr il aurait pu être réparti à Poufsouffle, ce qui t'aurais peut être fait plaisir sur le moment, mais tu verras, tu vas très vite t'épanouir et t'intégrer dans notre maison. Et même si rien ne remplace les liens du sang, tu vas te construire une solide famille, ici. C'est un mal pour un bien pour vous deux et sache, que si tu as besoin de quelque chose, à toute heure du jour ou de la nuit d'ailleurs à ce propos, la nuit, tu dors avec un coussin ? je suis dans le dortoir juste à côté. »

La petite Irlandaise adressa un sourire radieux à la petite fille, sourire qui se voulait rassurant. Elle-même n'avait pas été spécialement traumatisée d'être ainsi larguée à Poudlard en sa première année, mais c'était parce qu'elle avait grandit seule, sans frère et sœur et qu'elle avait appris par elle-même à se forger un caractère de chien.

« Ton accident ? Tu as eut un accident ? Oui, ça ne peut pas faire mauvais genre, si tu le caches, c'est sur. Mais je veux bien essayer oui, si tu insistes ! »

Découvrir un nouveau jouet était pour Pandore – jeune fille de 14 ans threuh threuh - toujours un vrai bonheur de petite fille. Et puis si elle en avait de toutes les couleurs, elle devait bien en avoir un vert ou un orange, non ?

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Une ombre passa furtivement sur la visage pâle de Wood qui se revit couverte de boue. Elle en avait dans les cheveux, sur les paupières même, et dans la bouche. Cela lui donnait envie de vomir d'y repenser. Elle chasse donc cette image de son esprit. C'était dur de le faire puisque c'était la raison de sa phobie, avant ça, elle n'était peut-être pas une petite fille très épanouie, mais elle n'avait aucun problème.

« Oui, c'est ça, mais comme je disais, les miettes ne m'inquiète pas. C'est plutôt la saleté... comment dire ? Liquide peut-être. La nourriture coulante, l'encre... et je crains la maladie aussi, mais c'est lié. » Et elle avait beau savoir qu'il y avait autant de germes dans une miette de galette de riz que dans du jus de potiron, elle paniquerait si la boisson lui tombait dessus, mais pas du tout si elle était couverte de miette. Enfin, après, elle aimait quand même autant que la nourriture, quelque soit sa nature, ne touche pas directement sa peau. Mais ça, à moins qu'on lui envoie des petits pois sur la figure, ça ne pouvait pas arriver. Elle était vraiment entièrement couverte. Même si elle portait souvent des corsets, elle avait toujours une chemise en dessous qui couvrait entièrement ses épaules et son cou.

« Il y a un problème avec Gryffondor ? » demanda-t-elle en zappant les paroles rassurantes de la capitaine de l'équipe. Elle s'en fichait pas mal que Serdaigle soit une maison idéale, le problème ce n'était pas la nature de la maison (encore que, s'il avait été réparti à Serpentard, elle se serait sérieusement posé des questions), c'était uniquement qu'ils n'étaient pas ensemble. Et puis, c'était important qu'elle sache pour Gryffondor parce que Ryan était là-bas, et ce n'était pas, genre, comme si elle avait des tonnes d'amis non plus.

Étant bien obligée de suivre la conversation de Pandore, elle chercha comment dire sans être vexante que Poufsouffle ne pourrait jamais remplacer son frère jumeau. « Même si je m'intègre bien ici – ce que j'espère -, rien ne pourra remplacer la présence de Aiden. Je ne peux enlever mes gants qu'avec lui, je ne peux toucher personne d'autre sans m'évanouir... statistiquement, qu'il ne soit pas dans la même maison que moi augmente la probabilité que je cause des problèmes. » Elle grimaça tout en passant sa main gantée dans ses cheveux roux pour remettre une mèche derrière son oreille. Ses parents partageaient son inquiétude. Il faut dire que voir Wood partir dans un internat, loin d'eux, ne les réjouissaient pas à la base. Ils s'inquiétaient pour elle, et seul la présence de Aiden avait finit par leur faire accepter cette fatalité. Enfin, Wood supposait que si elle se mettait à faire une grosse crise, on l'enverrait à l'infirmerie, un endroit auquel son frère aurait accès, maison ou pas maison.

Elle sortit sa boite de vernis tout en parlant pour répondre à la question sur son accident. Il fallait bien que Pandore choisisse la couleur de son vernis. « Oui, j'ai eu un accident il y a quelques années. Les enfants de mon école primaire n'aimaient pas mes cheveux roux et ma façon de parler. Mes robes noires peut-être aussi. Enfin, le fait était qu'ils se moquaient tout le temps de moi, et un jour, ça a été plus loin, ils m'ont poussé du trottoir jusqu'à la rive du fleuve, ça doit représenter à peine deux mètres, j'aurais pu très bien m'en sortir, mais il avait beaucoup plu. C'était très... boueux. Je n'ai pas réussi à me relever, je suis restée dans la boue plusieurs heures avant qu'on me trouve. Après ça, j'ai été très malade, on m'a laissée à l'hôpital quelques temps, et après... et bien je suis devenue comme tu me vois. On a essayé de me soigner, mais pour le moment sans résultat. » Elle haussa les épaules. Les adultes qu'elle avait vu pour son problème avaient essayé de la guérir de sa phobie, mais à part lui provoquer des crises qui la faisaient rester au lit pendant des jours et des jours, ça n'avait vraiment servi à rien. Parce que Wood avait de la fièvre (qui n'avait rien d'imaginaire, même si elle n'était pas provoqué par une quelconque infection) dès qu'elle se mettait à paniquer à cause de la saleté. A la longue, ça pouvait être dangereux pour la santé, surtout qu'elle avait beau somatiser, la fièvre était bien là, et elle pouvait la tuer. Alors ils avaient fini par abandonner l'idée de la soigner de façon brutale, ils espéraient un déclic. Elle, elle n'espérait rien sinon qu'on lui fiche la paix. Elle en avait marre qu'on la surveille sans cesse, et qu'on l'oblige à toucher des choses qu'elle ne voulait pas « pour son bien ». Ce n'était pas pour son bien, elle le savait, c'était pour le leur, parce qu'ils voulaient la normaliser. Elle ne tenait pas à devenir un mouton. Elle pouvait vivre avec sa phobie tant qu'elle faisait attention et que les gens autour aussi. Pourquoi lui faire du mal juste pour la changer ? Un jour Wood avait pleuré très fort en hurlant ça à ses parents. C'était peut-être pour ça qu'ils avaient fini par arrêter aussi. Ils lui faisaient du mal, et Wood avait des parents qui l'aimaient. Ils ne voulaient pas la faire souffrir après tout. Quant à Aiden, il ne comprenait pas, mais il était celui qui se distanciait le plus de ses problèmes. Quelque part, peut-être bien qu'il s'en fichait.

« Alors, tu veux quelle couleur ? » cela ne posait aucun problème à Wood de passer du récit de con accident à la couleur des vernis. Elle avait raconté cette histoire un million de fois à tous les spécialistes qu'elle avait vu, aux gendarmes aussi, elle n'avait aucun mal à en parler, mais ça ne lui faisait pas plus de bien que de mal. Cette histoire ne révélait rien de ce qu'elle avait vécu. La crasse dans sa bouche, la boue qui était collée à sa peau, la douleur qui la faisait retomber à chaque fois qu'elle se levait... Oui, dire les faits, ce n'était pas raconter. C'était juste dire. Et il y avait une différence entre les deux.

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« Fiou, ça ne doit pas être facile tous les jours. »

Et ce n'était rien de le dire ! Pandore se voyait mal vivre au quotidien avec une phobie pareille. Franchement, ceux qui devaient subir ça tous les jours avaient ou besoin d'un cercle d'amis très compréhensif ou bien une solide psychanalyse. Viva Linwood un peu quoi, la fille qui pendant toute son enfant a réussit à échapper à la peste, au choléras, à la grippe, au rhume mais surtout... aux autres. En soit la phobie la plus contraignante dans un établissement comme Poudlard.

« Gryffondor ? Un problème ? Oh, c'est bien plus que ça en fait, disons... que je ne peux pas les voir en peinture. Mais j'ai des raisons personnelles, et je ne veux t'influencer d'aucune manière sauf si tu insistes, auquel cas je serai obligée de te dire toute la vérité sur eux. Accroches-toi à tes souliers, ça va secouer. . »

Pandore avait déjà conditionné bon nombre de personne à sa haine de la maison rouge et elle ne voulait pas influence en quoique ce soit des jeunes gens tout fraichement débarqués à Poudlard. D'un parce qu'il existait peut être (mais alors Pandore n'en était pour ainsi pas du tout convaincue) des cas récupérables (sait-on jamais, que le Choixpeau soit bourré ce jour là), et de deux parce qu'il n'était pas sain de donner des aprioris sur quelqu'un à quelqu'un qui ne connaissait personne. En revanche, Pandore devait (et c'était bien là son devoir plus important) mettre en garde toute personne sous-estimant un tant soit peu les Gryffondor.

« Par contre méfie-toi toujours d'eux, plus que les Serpentard. On ne sait jamais ce qu'ils ont derrière la tête comme ça, je dirai rien, mais ne soyons pas médisant. »

Pandore afficha un sourire qui se voulait rassurant mais petite tu vas en ch*er pendant 7 ans, je te le dis moi et lança, à la remarque de Wood sur son frère :

« Oui, je comprends qu'avec ton problème ça ne doit rien arranger. En plus vous êtes jumeaux je présume ? Mais personne ne te toucheras tant que je serai dans les parages, promis ! »

Mode garde du corps de Linwood : ON. Sweeney activa lui aussi la fonction griffes intense et cri strident pour protéger Linwood et la petite rouquine pouvait être sure qu'il ne lui arriverait rien tant que son ainée était dans le coin.

« Par Merlin mais c'est vraiment affreux ! Je n'arrive pas à croire des enfants être capables de faire ça... En plus c'est totalement idiot comme racisme... roux, c'est magnifique en plus. Ils auraient du te mettre sur un piédestal oui, c'est une honte. De toute manière, c'est une vraie honte, je suis pacifiste mais je crois que j'aurai fait quelque chose pour me venger, si j'avais été toi. C'est monstrueux. »

Passablement choquée, Pandore porta sa main à sa poitrine et resta muette quelques instants. Les enfants étaient vraiment des monstres. Même dans sa guerre (semi) froide avec Ryan, les deux ennemis n'étaient jamais allés aussi loin. L'effet moquerie et surtout l'effet de groupe avait vraiment dû traumatiser Linwood. Espérons qu'avec le temps la petite fille parvienne à surmonter ses TOC...

«Alors... hum... Le jaune est très joli. Mais le vert menthe à l'eau me plait beaucoup. »

Veeert !! Rappelons que Pandore est irlandaise et est née avec un trèfle à quatre feuille vert émeraude entre les mains. Oui. Parfaitement. Elle n'était pas rousse certes, mais avait quand même tout le profil type de la fanatique Irlandaise, rassurez-vous A ce propos Wood, je te piquer tes cheveux ? Merci bien !

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TOUT COMPTÉ
PORRIDGE

Ce n'était pas facile, en effet, mais Wood ne jugeait pas utile d'enfoncer des portes ouvertes en le disant à voix hautes. Elle fit juste un signe affirmatif de la tête pour appuyer les paroles de sa camarade.

« Ah, je vois, je préfère que ce soit des raisons personnelles. J'ai un ami qui a été réparti là-bas, ça fait longtemps que je le connais maintenant, je ne pense pas avoir besoin de m'en méfier, mais je ferais attention pour les autres. » ce ne serait pas très difficile, pour compenser sa trop grande naïveté naturelle, elle avait fini par devenir méfiante avec tout le monde. Elle se montrait sociable, mais elle n'accordait pas sa confiance pour autant. Finalement, le nombre de personne à qui elle était capable de montrer la Wood un peu plus joyeuse se comptaient sur les doigts d'une seule main... car depuis l'accident, pour se protéger, elle ne s'était pas contentée de devenir méfiante, elle était aussi souvent cassante, sarcastique, un nouvel aspect chez elle qui n'avait pas forcément plus à ses parents.

« Merci c'est gentil. Et Aiden est bien mon frère jumeau. » Même si elle pensait que leur proximité depuis la naissance avait aidé à leur bonne entente (car tous les frères et sœurs ne s'entendaient pas aussi bien qu'eux, c'était quelque chose qu'elle avait remarqué très tôt), en revanche elle savait aussi qu'elle était très différente de lui, et que jumeaux ou pas, cela ne changeait absolument rien à l'affaire.

« Hum... D'après mon père, c'est parce que ce sont des enfants, justement, que les choses ont été aussi loin. Les adultes n'avaient jamais pris le problème au sérieux, tu vois. Même mes parents, mais eux ils le regrettent, et puis, j'ai finis par partir de là-bas pour venir à Poudlard. Je n'étais pas très à l'aise dans mon école après ça, mais maintenant, ça devrait aller mieux. » Si personne d'autre ne venait à la persécuter du moins... mais elle n'était plus aussi jeune qu'à l'époque de l'accident, et elle avait eu le temps de réfléchir à ce qui s'était passé durant ses thérapies infructueuses. Si on recommençait à l'ennuyer, sans pour autant aller jusqu'à la violence, elle ne resterait plus timide et prostrée à attendre que cela passe. Elle continuerait de se montrer dans toute sa splendeur et sa différence, sans honte aucune.

« Va pour le vert alors. » Elle sortit le vernis en question, le secoua un peu et l'ouvrit pour ensuite prendre la main de Pandore. Avec ses gants, elle n'avait aucune hésitation à faire ce geste. Elle vernis les ongles de son aînée dans un silence quasi-religieux, essentiellement parce qu'elle se concentrait pour ne pas déborder. « Voilà c'est fait ! C'est du vernis à séchage rapide dans une minute ce sera bon ! Tu veux qu'on aille le montrer à ta copine ? Comment elle s'appelle déjà ? Enfin, bref, tu veux qu'on y aille ? » Elle sauta de son lit et termina son habillage, vérifiant aussi que ses rubans étaient bien noués de la manière qu'elle préférait.

« On ne va pas rester là après tout ! » Comment ça Pandore voulait dormir ? Tant pis pour elle, c'était mal connaître Wood ! Pour une fois qu'elle pouvait exhiber ses vernis adorés hein... bon, c'était par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre, mais tant pis, ça c'était un détail !

{Terminé pour Wood}