Toi d'abord! (PV)

Nina n'avait pas été l'une des premières au courant, loin de là mais pourtant, elle avait elle aussi assez rapidement appris la nouvelle: Emma Carter était de retour à Poudlard, pour le bonheur des uns et le malheur de autres. La blondinette ne savait pas exactement dans quelle catégorie elle se plaçait. Evidemment, ça n'étonnera personne si je dit que la jeune femme était loin d'aimer la Serdaigle revenue en septième année mais d'un autre côté, celle-ci n'étant plus Préfète, cela donnait à la lionne d'autant plus de facilités pour se venger, pour peu qu'elle parvienne à rester loin des yeux de Youngblood et Heap, les deux nouvelles Préfètes de la maison de Rowena. En bref, rien de bien sorcier pour neutre jeune sorcière, très dégourdie - plus encore lorsqu'il s'agissait de faire de mauvaises blagues.

Celle-ci était toujours bien en fermentation dans l'esprit de Nina - qui prévoyait de passer à l'acte aux environs de Noël quand, pour la première fois depuis septembre, les deux demoiselles se retrouvèrent face-à-face dans l'un de ces sombres cachots où on ne marche qu'à la queu-leu-leu et où Nina évitait ordinairement de s'aventurer puisqu'elle ne suivait plus les cours de potions. Malheureusement, le professeur de botanique était arrivé à court d'une certaine plante et avait demandé à Nina - qui était loin d'être sa plus brillane élève, il faut bien le dire, d'aller le demander au professeur de potions. Ces échanges étaient relativement courants et n'avaient jamais dérangé la blondinette, bien contente d'échapper un instant à la pesanteur de la salle de classe. En tout cas, c'était ainsi jusqu'à ce qu'elle tombe sur sa pire ennemie en titre, Emma Carter comme tout le monde l'aura compris.

Nina se tint bien droite dans le couloir, décidée à ne pas reculer. Elle ne savait pas qui d'elles deux avait la priorité mais une chose était sûre: elle ne s'écarterait pas. Carter - qui n'avait pas vraiment changé en un an du point de vue bien entendu totalement impartial de Nina - était la revenante, elle n'avait plus vraiment sa place à Poudlard. Nina, bien qu'elle eût préféré être autre part qu'à suivre des cours dans le château, ne l'avait jamais vraiment quitté. Et n'importe qui pouvait dire que ses arguments étaient bidons, il n'en restait pas moins qu'elle ne bougerait pas d'une mornille. Oui, la narratrice est consciente que sa conversation ne tient pas la route, mais qu'importe.

- T'es dans le chemin, Carter, lança-t-elle sans cérémonie ni politesse. Elle l'était déjà à peine avec ceux qu'elle appréciait, alors avec la Serdaigle, mieux valait ne pas y penser.

En tout cas, Nina était contente de voir que Carter était au moins aussi ravie qu'elle de la voir. Au moins, elles sentaient pareil et il n'y avait guère de risque de voir apparaître un quiproqo qui aurait pu être des plus gênants. Pour la bleue, bien entendu. Ceux qui la connaissent savent que Nina n'est que rarement gênée.

- Bon, tu te pousses ou je te pousse?

On pardonnera la narratrice pour ce manque d'imagination criant mais elle ne peut pas toujours être en pleine forme. Et d'ailleurs, ça entre parfaitement dans le contexte.

Âge : 30 ans {02/05/1987}

Si Emma était tombée sur Samuelson dès le soir de la rentrée, elle n'avait pas encore eu l'occasion d'être confrontée à Nina Moreau, ce qui lui allait plutôt bien, pour être tout à fait honnête. Si elle se disputait souvent avec Jenson, quelque part, l'asticoter à son tour avait quelque chose d'amusant. Le blond faisait toujours preuve d'une répartie solide, et par conséquent, même si elle n'était jamais vraiment ravie de le rencontrer, leurs entrevues avait au moins quelque chose de stimulant. Ce qui n'était pas le cas lorsqu'elle venait à rencontrer Moreau. Jamais. C'était plus épuisant qu'autre chose, et la jeune Serdaigle était loin d'oublier qu'elle n'était plus préfète à présent. Quelque part, c'était un soulagement. Le poste avait toujours ajouté une pression supplémentaire sur ses épaules et cette année, elle n'était pas d'humeur à devoir s'occuper des première années perdus et des fauteurs de trouble récidivistes. Cependant, ne plus être préfète signifiait aussi que ça laissait plus ou moins le champ libre à ceux qu'elle avait pu punir par le passé -et qui avaient la rancune solide- de se manifester. Il n'y en avait pas non plus des masses, elle n'avait été préfète que durant trois ans, et n'était pas une dictatrice sanguinaire (contrairement à ce que pourraient prétendre certaines), mais ce n'était pas rassurant pour autant.

La blonde avait aujourd'hui cours dans les cachots. Elle avait conservé les Potions après ses BUSEs, puisque c'était une matière qui intervenait dans plusieurs voies qui pouvaient l'intéresser et qu'elle n'avait pas encore fait de choix définitif. Elle avait préféré conserver des portes ouvertes, le temps d'être décidée. Elle avait abandonné Mary quelques mètres derrière elle, en pleine discussion avec un élève de Gryffondor, très probablement un potentiel prétendant. Elle avait perdu le compte depuis un moment. Emma était quant à elle décidée à fuir les cachots aussi rapidement que possible (ils n'avaient jamais été son lieu de prédilection, allez savoir pourquoi), afin de pouvoir rejoindre les étages (que ce soit la tour de Serdaigle, ou la bibliothèque), où elle se sentait bien plus à l'aise. Les couloirs étroits n'étaient pas excessivement bondés, la Serdaigle ayant réussi à s'extraire de la salle de cours avait que les bouchons n'aient le temps de faire leur apparition. Il y avait cependant un minuscule détail qu'elle n'avait pas pu prévoir. Moreau.

Elle posa un regard lasse sur sa cadette. Visiblement, rien n'avait changé. Pas de (faux) espoir à se faire de ce côté là. Pourtant, Emma ne la haïssait pas. Certes, elle ne l'appréciait pas non plus et ne l'inviterait certainement pas à prendre le thé chez elle ~~elle pourrait s'attaquer aux meubles, sinon~~, mais elle avait mieux à faire que de passer son temps à la détester. Surtout maintenant. Pas mal de choses avaient changé en un an. « Moreau, toujours un plaisir. » s'entendit-elle malgré tout répondre pour la forme. C'était peut-être (un peu) sarcastique, mais ça restait un salut. Des résidus de 'bonnes manières' qui lui restaient, sans doute. Emma jeta un coup d’œil en arrière, vers la porte de la salle de potions d'où les élèves ne tarderaient pas à affluer. C'était bien gentil tout ça, mais elle n'avait pas vraiment de liberté de manœuvre, en l'occurrence. « Je voudrais bien, mais des gens arrivent de mon côté. Ce serait plus simple si tu t'écartais, tu vas te retrouver prise dans le flux quoiqu'il arrive. » lui fit-elle remarquer sans hostilité particulière. Autant laisser passer Emma, donc, surtout qu'elle n'avait nullement l'envie de débattre avec elle, aujourd'hui.

Le début de la confrontation était à la hauteur des attentes de Nina qui était bien loin de vouloir en rester là. A vrai dire, même si elle avait des trucs à ramener aux serres, la demoiselle n'était pas vraiment pressée et elle aurait été déçue si Carter s'était écartée comme ça, sans opposer la moindre résistance à l'ordre impérieux prononcé par sa cadette. Elle tentait même de jouer la carte de la politesse ironique que la blondinette avait refusé d'envisager: ça aurait été donner trop d'importance à cette fille qu'elle détestait cordialement, tellement qu'elle avait en quelque sorte été déçue de la voir partir. Heureusement que ça n'était que pour un an, tout comme son retour, d'ailleurs.

- Parle pour toi, ça m'aurait pas dérangée que tu restes... peu importe où t'étais.

Nina ne savait rien du lieu de vie de Carter l'année passée et, à vrai dire, elle s'en fichait complètement. Tout comme elle se fichait, d'ailleurs, de pouvoir blesser sa camarade par ses mots: elle n'était pas une bisounours et en tant qu'ennemies déclarées, elles n'allaient certainement pas se jeter des fleurs. Nina, en tout cas, ne comptait pas le faire. Et tant pis si Carter se défendait, c'était de toute façon ce qui était attendu d'elle. Quittons cependant ces méditations plus ou moins philosophiques pour se concentrer sur bien plus important: la réponse du berger à la bergère, bien que ce soit plutôt à un crêpage de chignon entre deux bergères que nous risquons d'assister ici.

- Je pourrais, admit-elle tout de même, certainement capable de reconnaître le raisonnement logique de sa meilleure ennemie, mais le professeur Harris attend ces plantes de toute urgence et j'ai envie de t'emmerder. Alors je vais simplement attendre que tu t'écartes.

Et puis d'ailleurs, ceux derrière feraient de même: Nina n'était plus une gamine qui se laissait poussée par tout le monde. Elle avait seize ans et était joueuse de Quidditch depuis se première année à Poudlard alors qu'on ne lui parle pas de muscles. Bon, pour cette année, elle avait décidé d'arrêter pour se consacrer à d'autres choses mais ça ne changeait rien au fait qu'elle avait quelques arguments à faire valoir. ~~Non, je ne parle pas de ce à quoi vous pensez, chers monsieurs qui me lisez.~~

- Puis d'ailleurs, tant que t'es là, pourquoi t'es partie? Tu ne m'avais pas manquée, c'est sûr, mais il doit bien y avoir une raison. Et pourquoi t'es revenue? T'étais pas assez bonne pour eux? Ou trop peut-être? Ou alors c'est pour Jones? Pas de bol, il s'en est trouvée une autre. En même temps, c'était vraiment pas sympa de le lâcher comme ça. Quelque chose à dire pour ta défense?

Comme d'habitude, Nina ne laissait pas parler les gens. Seulement, si ses amis avaient l'habitude et la laissaient déverser son flot de paroles sans trop broncher, rien ne disait que ce serait le cas avec Carter. Il était d'ailleurs peu probable qu'elle ne se contente pas tout simplement de lui fermer sa bouche. Cela dit, si ça en venait aux mains, ça ne serait que pour contenter Nina un peu plus. Vous l'aurez compris, la demoiselle se sentait d'humeur bagarreuse.

[530 mots]

CARTES

Âge : 30 ans {02/05/1987}

Emma était lasse. Comme à son habitude, Moreau se montrait ouvertement hostile, ce qui poussa la (fausse) blonde à se demander si elle possédait d'autres émotions -hormis revêche- dans sa palette. Cela étant, son frère, le préfet de Gryffondor, ne semblait pas bien expressif lui non plus, même si c'était dans des tons un peu différents, alors peut-être était-ce de famille. Elle aurait bien posé la question mais elle n'était pas certaine que celle-ci serait bien accueillie. En effet, devant sa vaine tentative de salut, la jeune Gryffondor se fit un plaisir de lui rétorquer qu'elle se porterait tout aussi bien si Emma n'était pas revenue. « Toujours aussi charmante. » soupira la Serdaigle, plus pour elle-même que pour sa cadette. La plaie. Comme quoi certaines choses ne changent jamais, et c'était bien dommage.

Comme pour attester des paroles d'Emma, d'autres élèves de septième années commencèrent à arriver derrière elle dans le couloir, et l'ancienne préfète jeta un regard éloquent à Nina. Cependant, celle-ci décréta alors que quoiqu'il arrive, elle attendrait qu'on s'écarte pour lui laisser le passage. Génial. Désagréable et a la folie des grandeurs, pour couronner le tout. Cette fille avait tous les atouts de son côté. Quelle chance pour Emma d'être tombée sur elle ! Mais elle s'était faite une raison: pas la peine de fonder encore et encore l'espoir que les tuiles ne lui tomberaient pas sur la tronche à longueur de journée, parce qu'à l'évidence, ça ne pousserait que davantage le mauvais sort à pleuvoir sur elle. Elle était maudite. Ou un truc du genre. Peut-être qu'elle devrait faire une descente dans le dortoir de Moreau pour voir si elle n'avait pas planqué une poupée vaudou d'elle sous son lit ? « Tu sais quoi ? Tu veux passer ? Passe, je suis pas d'humeur pour tes caprices. » déclara-t-elle d'un ton ennuyé, avant d'ouvrir la voie à sa camarade, qui se retrouverait de toute façon bloquée en deux temps trois mouvements.

Mais avant de faire le moindre geste célébrant sa (stupide) victoire, Moreau reprit la parole, et Emma serra les dents devant le flot de questions et de piques cruelles qui sortirent de la bouche de la Lionne. Elle était fatiguée. Il y avait tout, dans le petit discours de Moreau: son départ, donc la mort de son père, son retour, donc la situation désagréable dans laquelle elle se trouvait actuellement, sa rupture avec Nick, et le fait que celui-ci sortait à présent avec Linoah. Tout ce qui pouvait trotter dans la tête d'Emma à longueur de journée étalé en lettres d'or devant elle histoire de remuer le couteau dans la plaie. « Comment ça se passe alors, Moreau, on échange les derniers potins et ensuite on va se faire faire une manucure ? Tout ça, ça te concerne pas, et je doute également que ça t'intéresse. Maintenant, peut-être que ta vie est rébarbative, mais je suis sûre que tu trouveras quelque chose de plus productif à faire de ton après-midi. » lui promit-elle en réajustant la lanière de son sac sur son épaule, affichant un calme qu'elle ne ressentait pas forcément. Elle avait envie que Nina parte.