Courage, fuyons (les journalistes) ! [PV]

Cordélia était en train de boire un café dans un gobelet en carton taille XXL (elle avait besoin de beaucoup de caféine ces derniers temps pour tenir le rythme) et elle se dirigeait droit vers les bureaux de sa boîte (une chaîne de pâtisserie qu'elle comptait bien encore étendre!). Jusque là, tout allait plutôt bien. Elle bossait trop, mais sa vie était plutôt bien réglée. Nolhan et elle ne se cachaient plus pour se voir, elle faisait un boulot qu'elle aimait, son fils ne faisait (presque) plus la tête à propos de sa relation avec son assistant (promu officiellement associé puisqu'elle ne pouvait pas coucher avec son assistant, ça faisait désordre), bref, tout allait bien... Oui, on se répète, mais c'est parce que ce n'était pas destiné à durer ! Du moins pour ce qui était des minutes à suivre. Elle aperçut Ashaiah mais se rendit compte trop tard qu'elle était entourée de journaliste. Elle avait déjà crié son nom : « Ash' ! » et fait un grand signe vers elle. Tout objectifs braqués vers elle, Cordy changea de couleur virant au blanc craie. « Mademoiselle Warldof ! C'est mademoiselle Warldof ! » Elle détestait les journalistes. Même si ceux-ci étaient anglais, c'était ce corps de métier qui avait fait les choux gras de la mort de sa mère à l'époque, faisant du bébé qu'elle était un grand criminel aux yeux du monde. Cordélia avait compris depuis longtemps que ce n'était pas sa faute si sa mère était morte en lui donnant naissance, pas plus que la crise qu'avait traversé son père juste après. Depuis, il allait beaucoup mieux, mais on faisait toujours porté à elle cette sombre période simplement parce que des gens malintentionné avaient pensé que c'était une bonne idée. Elle avait cherché à leur prouvé combien elle leur été supérieure en devenant mannequin (c'était facile lorsqu'on est « fille de ») mais elle avait abandonné peu après la fin de sa scolarité.

« Oh merde ! » c'était le cas de le dire. Si elle vivait dans un village sorcier paumé c'était en parti pour qu'on ne la voit que dans les chroniques financières ou en référence à son père. Prenant rapidement une décision, elle lâcha son café sur le sol (elle l'avait presque terminé de toute façon), courut vers sa collègue, lui attrapa la main et cria « On s'casse ! » tout en l'entraînant à toute vitesse dans les ruelles de Londres pour éviter les journalistes qui les suivirent. Pour quelqu'un d'aussi maladroit, Cordy courrait très vite en talons haut, rapidement, elle eut l'impression qu'elles les avaient semé et elle s'accroupit essoufflé.

« D... désolée... il ne fallait pas qu'ils me prennent... en photo. » Elle essaya de reprendre son souffle mais voilà longtemps qu'elle n'avait été obligé de fuir comme ça.

Ashaiah avait accouché en juillet d’une petite fille, Chiara et était encore, pour le moment, en congés de maternité. Bien sûr, Christian travaillant au manoir, il pouvait largement s’occuper de la petite dernière de la fratrie Montgomery, mais bon, Ashaiah voulait profiter de sa fille elle aussi. Et des jumeaux. Il fallait bien avouer qu’elle avait un peu de mal à rester loin de la boutique londonienne dont elle était la gérante, une pâtisserie renommée, mais pour l’instant, tout se passait très bien. Elle s’occupait de sa fille comme si elle était un diamant pur et qu’elle risquait de se briser à chaque fois qu’on la prenait dans les bras, mais, à côté de cela, elle jetait quelques coups d’oeil à la boutique. Rien de bien méchant, mais elle s’assurait que tout marchait comme sur des roulettes malgré son absence. Oh, elle n’en n’était pas la propriétaire, non, loin de là, et niveau pâtisserie, elle n’était pas non plus une très grande pâtissière... Mais elle appréciait beaucoup son travail à la boutique, donc elle ne le laisserait tombé pour rien au monde.

Niveau mannequina, tout était fini, ou presque. Elle faisait quelques shoots, de temps à autre, mais uniquement en compagnie de Lexy. Mais c’était très rare, elle préférait se consacrer à la pâtisserie et à sa famille. Oui, venant d’Ashaiah, qui aurait pu le croire un jour ? Et pourtant, c’était bel et bien la vérité ! Alors qu’elle se promenait tranquillement dans les rues de Londres -elle avait laissé les enfants à Christian, elle avait besoin de se dégourdir un peu les jambes, et tant qu’à faire, autant lier l’utile à l’agréable, elle avait donc concilier sa petite promenade avec une virée shopping. Elle avait tellement envie de trouver des tonnes d’habits trop mignons pour sa fille qu’elle passait de boutique en boutique, sans se soucier du reste du monde. Alors qu’elle sortait d’une de ces boutiques, elle entendit une voix familière l’appeler. Cependant, elle n’eut pas vraiment le temps de se retourner et de saluer convenablement la personne qui l’interpellait. Cordélia Warldof, sa patronne, venait de l'agripper par le bras, et la trainait derrière elle, pour fuir une horde de photographes près à prendre en photos toute célébrité notoire.

La course ne fut pas forcément aisée. Si Ashaiah avait passé toute sa grossesse sur des talons hauts, et en soit, presque toute sa vie, elle avait cependant du mal à courir aussi bien qu’avant, alors qu’on la trainait littéralement. Mais bon, elle pourrait poser ses questions lorsque la course serait finie, n’est-ce pas ? Chose qui ne tarda pas à arriver, puisqu’elles s’arrêtèrent quelques rues plus loin, une fois qu’elles eurent semés les paparazzi.

«Cordélia... Que se passe-t-il enfin ?»

Elle savait que sa patronne était une ancienne mannequin, elle la connaissait avant la pâtisserie, et tout ça. Mais bon, de là à fuir littéralement les photographes ? Ashaiah, généralement, se contentait de porter des lunettes de soleil, des bonnes et des écharpes, et tout passait relativement bien... Bon, Lexy avait plus de mal lui, mais comme Ashaiah avait quitté le métier depuis un temps...

«Je n’avais pas couru ainsi depuis des lustres... Tu vas bien ?»

Oui, elle tutoyait sa patronne. Pourquoi ? Parce que même si elles étaient patronne et employée, elles étaient également amies. Donc elle n’allait pas non plus tutoyer une amie, si ?!

Cordélia prit le temps de reprendre son souffle avant de répondre à sa collègue. Elle n'avait jamais été une sportive émérite, en fait, elle était plutôt de ceux qui restent bien au chaud chez eux à grignoter. Parce que pour ça, par contre, elle était très douée : manger était comme une seconde nature pour elle. Raison qui avait fait que maintenant elle préparait à manger aux autres, la nourriture la fascinait depuis qu'elle était enfant et que l'heure du goûter était la seule consolation de sa morne journée.

« Ils m'ont reconnue... Et... » Elle reprit une inspiration profonde, les jambes un peu molle. Heureusement qu'elle excellait dans l'art de porter des talons haut, sinon, elle se serait foulée une cheville. « Aucune photo ne doit filtrer. » Ce n'était pas qu'elle n'était pas fière de son physique, elle était belle dans son type, elle le savait, c'était juste le fait qu'elle apparaisse dans un journal mondain ou même dans n'importe quelle autre publication qui la dérangeait profondément.

« Un peu essoufflée, mais ça va, et toi ? » Elle savait que la jeune femme avait accouché il y a peu et ayant elle-même vécu les affres de la maternité (moins récemment cela dit) elle savait combien ce pouvait être dur. Cordélia et Ash' avait beaucoup de choses en commun et pas seulement le mannequinat, elles étaient aussi toutes les deux devenues mères très jeunes. La seule différence notable c'était que le père de Stephen avait pris les jambes à son cou, lui, alors que Christian était resté avec Ash'.

« Je suis désolée de t'avoir entraînée, mais comme on avait rendez-vous, je voulais pas te planter. Et si jamais tu avais encore des doutes sur la question, je hais les paparazzis. » Plus que les photographies de manière générale. Elle voulait maîtriser son image publique pour ne laisser aucune faille dans laquelle ils pourraient s'insinuer (ils étant les journalistes plus ou moins honnêtes) pour la démonter. Même lorsqu'elle était mannequin, elle avait une vie irréprochable, aucun cliché d'elle ne pouvait la montrer en train de boire ou dans une posture honteuse. Elle était même fière de ça, d'avoir toujours suivie la route de la raison ! Mais la raison profonde était qu'elle ne voulait pas faire honte à son père (d'une part) et ne plus jamais revivre le cauchemar des gros titres comme lorsqu'elle était enfant (d'autre part). Chacun de ses anniversaires était l'occasion pour les paparazzis de prendre une photo d'elle, de la comparer à sa mère décédée et d'ajouter, l'air de rien, que c'était parce qu'elle avait tenu à avoir un enfant que madame Warldof était morte alors que son mari commençait tout juste son ascension dans le monde des affaires. C'était vrai, son père débutait sa carrière, il n'était pas l'homme riche d'aujourd'hui, et peut-être que ça lui aurait pris moins de temps si sa femme adorée n'était pas morte, peut-être que la nouvelle chouchoutte des soirées mondaines pour gros industriels aurait permis à son mari de progresser, mais Cordélia n'était pas responsable de tout ça. Elle était née, point à la ligne. Cependant, elle en gardait une blessure ouverte qui faisait que jamais elle ne voulait que son fils lise quoi que ce soit sur elle dans les journaux, car sa préoccupation constante restait et restera toujours Stephen.

Ashaiah avait eut du mal à courir sur des talons et trainée derrière son amie et patronne. Elle avait encore quelques rondeurs de sa grossesse, et même si ce n’était pas la principale raison de sa difficulté à courir, elle savait que ça en faisait partie. De ses deux grossesses, elle avait gagné quelques formes, notamment au niveau de la poitrine et des fesses. Si au début elle avait eut du mal à les accepter, elle avait fini par s’y faire, à force. Et puis, elle se trouvait bien jolie maintenant, avec un peu plus de formes. Sûrement que Christian pensait la même chose, après tout, cela changeait de l’époque où elle était si maigre que ça pouvait faire peur. Enfin bref, là n’était pas le sujet de toute façon. Alors que Cordélia reprenait également son souffle, elle expliqua à Ashaiah pourquoi elles avaient du courir ainsi. Les paparazzi en était la cause et qu’aucune photo d’elle ne devait filtrer. Soit, si tel était le cas, Ashaiah pouvait bien le comprendre.

«Oh je comprends, pas de soucis.»

Après tout, elle aussi avait eut quelques petites altercations avec des journalistes ou des photographes un peu trop intrusifs. Quand elle était au plus bas de sa forme, il n’était pas rare qu’elle soit prise en photo complètement stone ou ivre. Mais son père était influent et faisait taire les magasines. Cependant, maintenant, elle avait la paix, c’était plutôt reposant d’ailleurs. La période où elle était traquée était révolue, même si parfois, quelques curieux venaient encore trainer près de chez elle, bien qu’un sort repousse-moldu avait été pratiqué autour du château. Cependant, ça ne repoussait pas les photographes sorciers, du coup, d’autres sorts, plus poussés cette fois, avaient été mis en place. Mais bon, il était vrai que dans la rue, il était difficile de se dissimuler complètement aux yeux de tous.

« Ca va oui. Un peu fatiguée, Chiara à encore du mal à faire ses nuits...»

Chiara était une vraie poupée quand elle était réveillée et qu’elle gazouillait, elle avait des cheveux blonds, et ressemblait presque en tout point à Noé, mais en même temps, elle avait des traits similaires à sa soeur, Candys... C’était perturbant, mais en même temps, complètement fascinant. D’ailleurs, même si elle avait du mal à faire ses nuits, Ashaiah n’était pas seule, Christian était là pour prendre la relève quand elle n’en pouvait plus. Mais bon, elle avait de l’expérience avec les jumeaux, donc elle s’en sortait relativement bien, quand elle y repensait !

«Il n’y a pas de soucis, j’ai connu ça moi aussi, ne t’en fait pas. Enfin, ils sont quand même plus coriaces avec toi, moi ils ont fini par me fiche la paix !»

Plus ou moins bien évidemment, mais bon, au moins elle avait une vie bien plus paisible qu’avant, et elle ne pouvait qu’en être ravie. Par contre, elle se faisait un peu de souci pour Dawn, la petite amie de son meilleur ami, Lexy, qui elle, avait plus de mal avec les photographes, surtout qu’ils la suivaient plus que raison, bien plus qu’Ashaiah aussi. Mais si jamais elle avait besoin d’un petit coup de pouce, un petit sort dissimulant, elle n’avait qu’à demander !

Cordélia n'arrivait même plus à se souvenir si Stephen faisait correctement ses nuits ou, en tout cas, combien de temps il avait mis à les faire. Au tout début, elle n'allait vraiment pas bien vu que Jan avait rapidement disparu de leurs vies. Même lorsqu'il était présent (les premiers mois), il était toujours en train de travailler et finalement, elle avait à peine senti la différence lorsqu'ils avaient vraiment rompu. Cela lui avait fait vraiment mal quand même, et elle se rendit compte aux paroles de son amie qu'elle avait de plus gros problèmes dans sa vie que les photos interdites. Elle avait peu de souvenirs des premiers mois de son fils. Stephen ne semblait pas en souffrir vu qu'il y avait quand même plein de photos de lui dans leur maison et qu'il ne se souvenait pas de cette période. Elle se demanda brièvement qui s'occupait de Stephen la nuit du coup... mais la réponse lui vint assez vite et plutôt naturellement : Julia. Sans sa meilleure amie, que serait-elle devenue ? Elle était certes l'une des raisons de sa rupture avec Jan à l'époque mais finalement le futur avait prouvé qu'elle avait choisi la bonne personne. Quant à Nolhan, il acceptait mieux Julia (qui était de toute façon sa patronne à l'origine, au même titre que Cordélia, voire plus puisqu'elle faisait la paye), mais c'était Stephen qui se montrait plus ou moins sympa avec lui selon son degré de bonne humeur du jour. Il n'était pas complètement contre (d'ailleurs, Cordélia devait admettre qu'ils n'en parlaient jamais franchement), disons plutôt que n'ayant jamais eu d'hommes dans sa vie, il se montrait juste... méfiant. Il avait peut-être raison. C'était Cordélia qui ne l'était pas assez, et après, elle souffrait... comme à cette période où Stephen devait probablement pleurer la nuit sans qu'elle le sache.

« Ah... oui. Je ne me souviens plus trop de ce que c'est, mais je compatis. » Elle se reprit tout de même en positivant, avec Nolhan ils commençaient à faire des projets. Il n'y avait pas de raison pour que cela ne finisse pas par se concrétiser. Si elle devait avoir un deuxième enfant (car c'était de cela qu'il s'agissait), elle essaierait d'être un peu moins assommée sur les débuts de la vie de celui-ci. Et toujours pour positiver, Stephen était équilibré et en bonne santé, elle ne devait donc pas être une si mauvaise mère que ça.

« Ce n'est pas vraiment à cause de moi, ou pour moi si tu préfères, qu'ils essaient de me prendre en photo. C'est à cause de mon père, il est sur de grosses transactions en ce moment et tout le monde suppose que j'en ai quelque chose à faire. » Elle avait repris son souffle. « Bref, je peux te payer quelque chose pour compenser ? Il faut que tu me dises comment se porte la succursale de Londres. » Cordélia créait les nouveautés, les recettes, pour les deux boutiques mais elle laissait complètement Ash' gérer de son côté pour le reste. En fait, à la limite, la jeune femme avait plus souvent à faire avec Julia (pour des questions de comptabilités) qu'avec Cordélia. Ce n'était pas pour rien que Nolhan se chargeait de son emploi du temps et des questions pratiques. Cordy était complètement à côté de la plaque 90% du temps pour tout ce qui ne concernait pas son fils ou les gâteaux par eux-mêmes. Cela dit, elle s'y intéressait quand même, la preuve !

Chiara était son dernier petit ange. Elle l’avait voulu tellement fort, qu’elle avait pleuré de joie quand elle avait su qu’elle était enceinte. Elle n’avait pas eut peur cette fois. Si les jumeaux l’avait effrayée, parce qu’elle ne savait pas si Christian, à l’époque, voulait de ces petits êtres et d’elle, quand elle était tombée enceinte de Chiara, tout était juste parfait. Ils l’avait attendu tous les deux, tous les quatres même, puisque les jumeaux étaient excités à l’idée d’avoir un petit frère ou une petite soeur. Lyne elle, n’avait pas spécialement montré de joie ou de haine... Au final, il s’agirait d’un énième neveu ou nièce... Et à vrai dire, elle savait que ça n’allait pas affecter la façon dont elle était aimée. Elle était intelligente, vraiment.

«Oh, je comprends... Effectivement, la famille est la première victime... Courage en tout cas, ils finiront peut-être par se lasser. Je te le souhaite !»

Ashaiah avait eut ce problème au début aussi. Quand elle sortait avec Christian les premiers mois, qu’elle était tombée enceinte subitement, elle n’avait pas eut le temps de dire ouf que des journalistes et des papparazzi étaient déjà sa porte. Il la voulait elle, enceinte, voir si elle était toujours comme avant... Parce qu’elle avait changé si vite à leur goût que cela cachait quelque chose. Traitement, drogue, autre chose ? En tout cas, ils avaient suivi Christian dès qu’il avait le malheur de sortir, et s’étaient même intéressés à ses frères Nate et Naël, pour voir s’ils savaient quelque chose. Par Merlin merci, les deux jeunes hommes étaient restés muets comme des carpes !

«Et bien, va pour un autre café ? Les cafés ne sont pas ce qu’il manque par ici !»

Et à l’intérieur, elles seraient peut-être plus en sécurité qu’en pleine rue. Au moins, il y aurait moins de place pour la horde de fous qui suivaient Cordélia ! Une fois assise dans un confortable café et leurs boissons commandées, Ashaiah décida de faire le point sur la succursale de Londres. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait en tout cas, pour ne pas avoir de fausses notes, et ça marchait plutôt bien !

«Alors, la succursale... Comment dire... C’est juste top, vraiment. Tes gâteaux plaisent à tout le monde, moldus comme sorciers. Les commandes sont régulières, et grâce au bouche à oreilles, beaucoup de Londoniens viennent s’approvisionner... C’est plus simple que de faire le chemin jusqu’au Pays de Galles, pour les moldus... En tout cas, les chiffres grimpent en flèche, c’est vraiment une bonne chose !»

Depuis sa création, la boutique de Londres avait eut de nombreux nouveaux clients, britanniques et étrangers, puisqu’étant située dans la capitale, elle était rapidement accessible par les voyageurs, qui en avait entendu elle ne savait comment !

«Et à Aberdaron alors ? Tout se passe bien ?»

Ashaiah avait appris qu’il y avait eut une nouvelle apprentie, quelques mois -années même- plus tôt, et jamais elle n’avait demandé si la demoiselle était à la hauteur. Peut-être parce qu’elle s’en fichait un peu ? Au fond, elle n’aurait peut-être jamais à travailler avec elle, sauf si elle venait à Londres... Mais quand même, si elle était nulle, ça pourrait entacher la réputation des pâtisseries de Cordélia... Cela serait franchement dommage, quand on savait que la jeune femme était dedans à 100%. C’était également pour cela qu’Ashaiah avait décidé de travailler pour cette femme. Avec la réputation qu’elle avait, Ashaiah aurait pu monter sa propre boite, mais elle ne voyait pas quoi faire. Des vêtements ? Non, de plus que sa cousine travaillait désormais chez une grande styliste en devenir, et que le père d’Emily l’était également... Cela faisait trop. Alors elle avait décidé de se tourner vers la gestion d’une petite entreprise... Et Cordélia avait eut l’envie au même moment d’ouvrir à Londres... Comme elles se connaissaient un peu d’avant, de leur époque mannequin, se contacter n’avait pas été bien compliqué... Et voilà où elles en étaient désormais !

« En effet, le pire c'est que ça met toujours mon père très en colère lorsqu'on me prend en photo sans autorisation, donc quelque part je les protège aussi hein. » Il ne faisait pas bon se mettre monsieur Warldof à dos. Il était un homme d'affaire aussi avisé que strict, il avait la dureté de ce métier, mais uniquement dans le boulot. C'était un père génial, même s'il n'avait pas toujours été là pour elle. Il ne pouvait pas tout faire. Elle se disait qu'il le regrettait sûrement car il avait essayé d'être un bon grand-père pour Stephen, prenant plus de congés pour le voir qu'il n'en avait jamais pris pour être avec elle. Ce qu'elle comprenait tout aussi bien, car il n'était pas autant installé quand elle était gamine que maintenant, plus de vingt ans plus tard. Il avait du poids dans les affaires désormais, lorsqu'elle était petite fille, il était le jeunot aux dents longues.

« Oui, allons-y pour un café. » Elles s'y installèrent puis commencèrent à parler du boulot, ce qui était le plan d'origine, course non-incluse dedans. « Parfait. Je me doutais qu'ici ça aurait un plus gros potentiel. Mais bon, j'aime la tranquillité d'Aberdaron, et je sais que tu gères ça très bien. » Cordélia n'avait pas hérité du mordant de son père. Douce, naïve, voire un peu simplette, elle aimait faire des gâteaux, des recettes, et si elle avait monté sa boîte, c'était seulement pour être libre de faire ce qu'elle aimait sans être bridée. Julia gérait le côté administratif, et Cordy ne se donnait pas les fruits de ce succès, pas pour ce qui était de la gestion. Cordélia avait emmené le capital de départ pour la société et elle avait fait les recettes, appris tout ce qu'elle savait à ses apprentis (dont certains avaient quitté le navire avant d'être passé pro' comme Faris), c'était ça son rôle, en plus de signer quelques papiers que Nolhan lisait avant elle pour vérifier que tout était en ordre.

« Et chez nous tout va bien. Mais l'équipe a beau avoir été agrandi il y a quelques années, je la trouve encore très limitée. Je me demande si pour ici comme pour là-bas on ne devrait pas chercher à recruter. On vend pas tellement de sur place mais on a pas mal de commande à assurer pour la revente ou pour les particuliers, je crains qu'un jour, pour une raison x ou y on se trouve en sous-effectif. Qu'en penses-tu ? » Parce que là, elle parlait pour les deux boutiques, mais peut-être qu'il n'y avait que la sienne qui connaissait ce risque. Elle ne connaissait pas les employés sous les ordres directs de Ash', elle avait formé le chef pâtissier de la boite, puis après, ça avait fait le tour. Avec Stephen à s'occuper en plus du reste, elle ne pouvait pas toujours être là. Heureusement qu'elle n'avait pas honte de déléguer ! En fait, elle considérait même que c'était une qualité de savoir le faire, après tout, elles n'étaient pas des super-woman hein ! Juste des femmes !

Les photographes étaient tous aussi mal élevés les uns que les autres. Enfin, Ashaiah ne parlait que des papparazzis, pas des photographes professionnels, qui l’avait photographiée maintes et maintes fois -cela reviendrait à insulter ce pauvre Abell, qui ne digèrerait sûrement pas cet affront ! Ces derniers ne voyaient en effet que l’argent que pourrait leur rapporter un cliché. Et parfois, ils étaient prêts à tout pour toucher le pactole. Quitte à devenir plus envahissant qu’une mauvaise herbe rampante, à tenter de passer des marchés avec les célébrités qui les intéressent, même s’ils ont des photos bidons. Et Ashaiah ne supportait pas ça. Elle le vivait aussi, même si maintenant, elle était plus tranquille. Lexy lui, trimait toujours autant, surtout sa pauvre chérie, Dawn, que la blonde aimait beaucoup. Elle l’aidait parfois à s’en débarrasser, en les trompant sur l’endroit où se trouvait la brune -et c’était plutôt facile.

Une fois dans le café avec sa patronne, Ashaiah entama la discussion. La pâtisserie était bien évidemment le thème principal de cette dernière et c’était parfaitement normal. Ashaiah gérait la succursale de Londres avec une certaine réussite, mais la boutique mère d’Aberdaron était LA boutique mythique de la marque Waldorf. Bien sûr, depuis qu’elle avait eu Chiara et qu’elle avait du s’arrêter quelques mois, Ashaiah avait l’impression que la masse de travail avait plus que triplé, mais cela s’expliquait également par ce dont parlait Cordélia. Malgré le succès des pâtisseries, ils n’étaient pas si nombreux que cela à travailler dans les différentes boutiques. A Aberdaron, si Ashaiah suivait bien, il y avait une héritière Greengrass. Pour le reste, elle ne savait pas trop.

«En effet, je pense qu’il serait préférable d’embaucher d’autres personnes. Bien évidement, trouver des sorciers motivés pour la pâtisserie, quand Poudlard te forme presque uniquement pour le Ministère, ce n’est pas évident...»

Ashaiah avait murmuré les mots qui la reliait au monde magique pour ne pas se faire griller en plein monde moldu. Ce que était sûr, c’était que Cordélia faisait tout pour que son entreprise marche comme sur des roulettes. Et pour l’instant, cela lui réussissait bien. Et Ashaiah espérait bien la suivre le plus longtemps possible sur cette voie là ! La discussion continua un bon moment entre les deux jeunes femmes, jusqu’à ce qu’elles ne se quittent avec de bonnes idées pour la pâtisserie!