Retour à la normale

Les vacances étaient terminées, vous savez, ce genre de vacances où vous avez fait tellement de choses que vous vous dites qu'avec la rentrée, ça ne pourra qu'aller mieux. Bah ouais, quand on t'oblige à rester des heures et des heures avec les fesses collées à une chaise, forcément, le nombre d'activité que tu peux faire dans la journée se limite un peu à se faire chier gravement pendant que des personnes sont payées pour te ramollir le cerveau, euh, que dis-je? Pour t'enseigner des choses indispensables comme les couleurs additionnelles ou faire un Fa dièse sans percer les tympans des gens.

Depuis sa sortie de Poudlard, Rhys avait beaucoup étudié, il avait également passé un test de niveau dont le résultat lui permettait d'entrer dans une classe correspondant à son âge. Il avait fait du sport, beaucoup de sport. Musculation, course à pied, arts martiaux, enfin ce qui pouvait le défouler et lui faire suffisamment mal pour ne plus réussir à cogiter tout seul dans son coin. Le seul sport qui lui manquait était le Quidditch, naturellement. Même s'il l'avait longtemps snobé, il y avait pris gout, il faut dire qu'il prenait beaucoup de plaisir à s'entrainer avec Astrid. Ils ne jouaient plus ensemble vu que Rhys préférait se contenter de la faible notoriété qu'attire un gardien, peut-être que s'il était resté à l'attaque, Poufsouffle aurait ravi la coupe aux Serpentards. Peut-être, rien de sûr. Cependant, il ne culpabilisait pas, n'oublions pas qu'il n'avait jamais été titularisé, juste un remplaçant permanent et définitif quoi. Ce qui est triste dans le fait de ne plus joué, c'est qu'il n'aura pas l'occasion de revoir Elizabeth Harris sur un terrain, à moins de la voir de très loin. Peut-être que s'il croise son ancien prof de potion un jour…

Bref, le sport, ça l'avait amené non seulement à se faire mal, ce qui était le but, mais aussi à une compétition. Il ne s'était pas si mal démerdé que ça à vrai dire sauf que ses victoires n'avaient aucun panache. A chaque adversaire, il s'imaginait face à Benson. Ses frappes étaient de pures attaques de haine, plus faites pour blesser que pour marquer des points. Ca avait marché… un certain temps, puis la manière brutale avec un peu de technique s'est faite surpasser par la technique. Il avait combattu la personne de trop et s'était fait amocher, à la grande satisfaction de son maitre, qui perdait tout de même là son dernier compétiteur.

Ce jour là, le plus important n'était pas de savoir qui sortirait avec une tête de framboise, il faisait quand même la fierté de sa mère qui n'avait miraculeusement pas remarqué son comportement. Non, ce jour là, Poudlard l'avait persécuté en la personne de Keira Williams, une magnifique mannequin qui avait fait péter l'hormonomètre de Rhys, voilà un garçon qui ne fantasmera plus uniquement sur les danseuses. Un jour, quand on lui fera : "- Arrête de regarder les mannequins à la télé, tu n'en verras jamais une en vraie", il pourra peut-être leur présenter la miss. Enfin, s'ils se revoient d'ici là. Ce qu'il y avait chez la demoiselle, outre un physique attrayant, c'est qu'elle était aussi de Poudlard. Enfin, avant même que Rhys n'y arrive mais ça lui avait fait du bien, en fin de compte, de ne pas rompre totalement avec le passé, ne serait-ce que quelques temps.

Le reste du temps n'était quasiment que courrier et promenade. Courrier parce qu'il avait fallu énormément de temps à Rhys pour trouver la force d'écrire toutes ses lettres d'adieu qui, pour certaines, il espérait sincèrement que ce ne serait pas de véritable adieu mais des au revoir à longue durée. Certaines personnes lui avaient été d'une grande aide, je dirai même d'un grand secours. Penser à eux en couchant les mots lui serrait la gorge, nouait l'estomac et brisait le cœur.

Les promenades, il les faisait en solitaire. Sa mère avait confiance en lui, il avait grandi depuis son premier jour à Poudlard. Un petit peu physiquement mais grandement mentalement, bien que fragile. Il avait murit bien plus vite au contact des anciens qu'il n'aurait pu le faire dans un école plus classique. Donc, il avait le droit de sortir seul. Il marchait à travers les champs et se retrouvait régulièrement derrière la frontière Ecossaise. Ces paysages l'ont toujours attiré, le fait que l'école s'y trouve, quelque part, est très anecdotiques.

Quoi qu'il en soit, tout est terminé. Le lendemain, Rhys devait retourner à l'école, la normale. Il fallait qu'il se couche pour pouvoir se lever le lendemain, c'est assez logique, mais ses parents sont plutôt strictes sur les heures de coucher considérant leur fils encore trop jeune pour veiller tard. Rhys ne leur avait jamais parlé du fait qu'à Poudlard, il se couchait à des heures bien peu réglementaires afin de travailler. Même si la magie était du passé, il allait lui être dur de se remettre au lit à 21h tous les jours.

Là, il était allongé dans son lit, posé sur le dos, il avait les yeux rivés à travers la fenêtre à côté de son lit. Il n'a pas fermé les rideaux et le jeu de cache-cache entre les étoiles et les nuages s'offre à lui. Ses pensées s'enfuient vers le nord à toute vitesse. Ils ont déjà repris les cours, là-haut. Le sommeil était dur à trouver et, pou être franc, s'endormir, c'était ne pas voir les dernières heures qui le séparaient du fait d'être un élève dans une école vraiment ordinaire.

Finalement, Rhys était parvenu à sombrer dans un sommeil trouble où deux camps s'affrontaient. D'un côté comme de l'autre, ce sont des guerriers d'élite qui se battent. Blanche-Neige peut toujours se rhabiller avec ses sept nains, là, ce sont Remord, Regret, Trahison, Nostalgie et Famille qui se tapent avec Tristesse, Logique, Douleur, Désintérêt et Famille -Oui, celui là est dans les deux camps, c'est cool pour lui, il peut taper sur tout le monde sans se prendre la tête-.

Lorsque l'ex Poufsouffle ouvrit les yeux, deux choses lui vinrent immédiatement à l'esprit. Premièrement, il fallait absolument qu'il arrête le choux de Bruxelles avant d'aller dormir, outre les problèmes de gaz nocifs, ça lui faisait faire des rêves très étrange -Je n'ai pas précisé que le duel se déroulait dans un décor futuriste en carton pate aux couleurs pastels et que les armes étaient des ventouses pour les toilettes alors que des tables à repasser servaient de boucliers-. Deuxièmement, il savait qu'il n'avait pas besoin de l'intervention d'un psy pour comprendre la symbolique de ses songes. Il n'avait pas besoin que son subconscient joue avec son inconscient pour avoir à l'esprit qu'il se demandait de plus en plus s'il avait pris la bonne décision. Son sommeil ne lui avait pas apprit qui allait gagner ou même si était du côté du Bien ou du Mal. De plus en plus, chaque jour, il avait l'impression d'avoir trahi ceux pour qui il comptait là bas.

Réveillé bien plus avant que son réveil ne sonne, il se redresse dans son lit et allume sa lampe de chevet. Contre la lumière, face à lui, une enveloppe, fermée. Aucune surprise, c'est lui qui l'a posée là plusieurs jours plus tôt. Il s'agit d'une réponse de Romilly à sa lettre d'adieu. Il ne s'était pas attendu à en recevoir une et ne s'était donc pas préparé à cette épreuve, du coup, il n'avait pas encore trouvé le courage de l'ouvrir. Pas si curieux que ça le garçon quand les mots peuvent être plus tranchant qu'un rasoir -En parlant de rasoir, Rhys commençait à avoir quelques poils à droite, à gauche, c'était fort ridicule, mais ça n'a rien à voir avec la choucroute.- Rhys ferma les yeux et inspira profondément. Il lui semblait sentir le parfum de sa belle, enfin de sa ex possible future belle. Deux possibilités, soit Rhys était en plein délire hallucinatoire soit la miss était particulièrement apprêtée lorsqu'elle avait écrit cette lettre. Rhys penchait pour la seconde possibilité, après tout, n'était-elle pas toujours parfaitement préparée?

D'abord rempli par des souvenirs heureux puis soudainement par la tristesse qui était son moteur depuis deux mois, il quitta son lit d'un bon. Le premier geste de la matinée ne pouvait être qu'une manière de libérer l'énergie récupérée dans la nuit. S'il était trop en forme, il allait penser encore plus que d'habitude. Il se laissa donc tomber en avant et se rattrapa sur le sol avec ses bras pour entamer une série de pompe. Une fois revenu à un niveau de fatigue acceptable, il en fit une quarantaine de plus pour bien s'achever les bras comme il faut.

Lorsqu'il s'estima prêt à faire autre chose, il se mit à son bureau avec un bouquin. Il mettait un point d'honneur à être au top. Il ne voulait pas faire tâche dans sa future classe. Combien avait-il passé d'heure à potasser son bouquin? Difficile à dire mais quoi qu'il en soit, c'est sa mère qui le trouva en place alors qu'elle venait le réveiller. Il aurait préféré ne pas être attrapé dans cette situation mais le mal était déjà fait.

Quittant le boulot, il mit une robe de chambre sur son dos pour descendre prendre le petit déjeuner. Il avait peut-être l'air ridicule mais c'est la règle chez les Ellis, on mange dans une tenue décente et, même si Rhys tente de devenir un grand en passant du slip au boxer, on ne peut pas dire que ce soit une tenue décente. Devant son bol de céréale, il dut subir les questions de sa mère sur son appréhension face à une nouvelle école. Bien sûr, les conventions veulent que le fils mente pour éviter de transmettre son mal-être à sa mère chérie.

Après le déjeuner, vient l'heure de la douche. Un moment-clé dans sa journée, c'est par là que commençait celles qu'il vivait à Poudlard. Toujours son rituel, se lever, tenter de faire le moins de bruit possible, être prêt à éviter un oreille d'un compagnon de chambre et prendre une douche avant qu'elles ne soient prise d'assaut par les autres Poufsouffles. Sous l'eau, c'est comme si rien n'avait changé, il lui arrive même d'entendre des bruits, des conversations, ce qui était son lot quotidien, son ancien quotidien mais, lorsqu'il sort, il ne trouve que la solitude. Il retourne donc dans sa chambre qui lui semble, ce jour, incroyablement déserte.

Soufflant un bon coup pour chasser la nostalgie, il se dirige vers son sac de cours qu'il vide sur son lit. Il fait un inventaire de tout ce qu'il y a dedans pour ne rien oublier. Tout y passe dans le moindre détail pour être replacé à un endroit très précis. Il est très tatillon le garçon. Ce qu'il faut savoir à ce sujet, c'est qu'il a déjà fait exactement la même chose à quatre reprises la veille. On ne sait jamais, des fois qu'un petit lutin malicieux lui aurait piqué des affaires. Il ne sait absolument pas comment sera sa journée et les matières qui la composeront mais il tient à être prêt dès le départ.

Le temps défile et il faut rapidement partir prendre le bus. Le bus, ça fait bizarre à Rhys. Prendre un vulgaire bus pour aller en cours. Pas que la simplicité lui déplaise mais quand on a eut le droit au train particulier plus un balade, tirés par des Sombrals, forcément, ça fait étrange. Ceci dit, il avait toujours reproché à l'école ce comportement. Pourquoi un Sombral et non un simplement cheval? Ca ne fait pas assez magique un cheval? Bien sûr que non, ce n'est pas assez classe pour ce monde où, même pour pisser, il faut lancer un sort. En plus de ça, Rhys est habitué à l'internat, c'est quand même beaucoup plus agréable d'être sur place immédiatement.

A l'intérieur du fameux transport en commun, tout un tas d'élèves. Ils ont tous l'air joyeux, forcément, ils se retrouvent après les vacances et on beaucoup de choses à se dire. Ils en oublient presque qu'ils repartent pour un an de galère. Le plaisir des retrouvailles avant tout. Vous ne voyez pas comme un soucis pour Rhys? Même s'ils sont les uns sur les autres, il se sent isolé. Du coin de l'œil, un chevelure flamboyante, un cœur qui s'emballe puis la déception inévitable. Une brunette aux cheveux ondulants? Rien de plus qu'une flèche en plein cœur. Un métisse et hop, une envie de faire une connerie en duo. Mais rien, juste le vide.

Après une vingtaine de minutes, il finit par arriver. Le transport en commun s'arrête pile devant le bâtiment. L'ex-blaireau descend le dernier, sous l'indifférence de tous. Immobile en face de l'école, il la regarde. Il s'agit d'un vieux bâtiment sans envergure. Rhys pose son sac sur le banc de l'abri bus et en sort son bouclier qu'il se met autour du coup. Il ne s'agit rien de moins que son écharpe de Poufsouffle. Même si elle est plutôt étouffante avec la chaleur de Septembre, elle a le pouvoir de lui donner l'impression que la famille des jaunes et noirs est derrière lui pour le soutenir.