Glacée jusqu'au fond du coeur [PV]

Le temps passait… Et les choses changeaient. Beaucoup trop vite, au goût de Dmitri. Sa petite fille, son bébé était si grand déjà… Dire qu’elle avait l’âge qu’il avait alors qu’il était avec celle qu’il avait épousé… Pourtant, si Joy s’avisait de lui ramener un chéri à la maison, le papa le prendrait sans doute assez mal… Il avait comme ‘oublié’ ce qu’était sa jeunesse… Il n’était pas vieux, mais c’était comme s'il avait le double de son âge (presque) dans sa tête. Dmitri avait toujours été très mature, et plus ‘vieux’ dans sa tête que les autres personnes de son âge.

Et en parlant d’évolution, il y en avait aussi eu une de taille très récemment, dans sa vie : le départ de Corann. Ils avaient vécu une belle histoire, et le courant passait très bien entre eux, mais le temps passant, ils avaient réalisé qu’ils ne pourraient plus évoluer… C’était voué à l’échec, et il y avait une chose qui n’allait pas. Dmitri n’arrivait pas vraiment à savoir quoi, et de ce que la jeune femme lui avait dit, elle ne voyait pas plus clair non plus, mais les choses n’allaient plus comme avant et ils s’en étaient très bien rendus compte l’un comme l’autre. Au bout de deux mois, ils avaient fini par décider d’arrêter, d’un commun d’accord et c’était ainsi que Dmitri et Corann s’étaient séparés.

Dmitri était de nouveau seul dans sa maison, dans un petit village sorcier de Cornouailles. Il y avait, certes, son loup, mais ça ne compte pas. Le poids de L’abscence de Joy ne s’en faisait que plus imposant alors que Corann n’était plus là. Il passait ses journées à s’ennuyer (être PDG en déléguant ça laisse beaucoup de temps libre). Il allait certes dans son entreprise parfois, mais comme tout fonctionnait très bien, il n'avait pas besoin de faire de gros plans d’actions tous les jours… Il s’occupait en reprenait la chasse, parfois, mais comme les créatures se faisaient rares et qu’il avait besoin de se divertir, il était aussi chasseur de prime. Il avait été contacté récemment et enquêtait donc sur un homme, ça l’occupait un petit peu.

Ce qui l’attendait ce jour là allait sans doute chambouler sa vie, il ne le savait pas alors qu’il se levait… Il passa une journée des plus ordinaires, jusqu’à ce que la nuit tombe. Là, les choses devinrent intéressantes (si on veut). Ce fut un grognement sourd et très familier qui retint l’attention du sorcier. Son loup était passé, mais… il grognait et ça, ce n’était pas normal. Il fronça alors les sourcils et se redressa. Sa baguette en main, il arriva jusqu’à la porte d’entrée, non sans jeter un coup d’œil par sa fenêtre avant. Ouvrant la porte, il la trouva là, assise à même le sol… Il ne vit pas tout de suite l’enfant emmitouflé dans ses bras. Mais il sut rapidement qu’elle n’avait rien d’une menace. Il laissa le loup entrer dans la maison et s’accroupit à côté de l’enfant… certes, elle n’était pas si jeune que ça, mais à ses yeux, elle ne devait guère être plus âgée que sa propre fille. C’est alors qu’il vit ce qu’elle avait contre elle.

« Mademoiselle… »

Il avait posé une main sur son bras, avec une douceur infinie, très lentement, afin de ne pas l’effrayer.

« Axel... ? » Demanda-t-elle les yeux d'abord fermés en entendant une voix d'homme lui parler. Puis elle se souvient qu'elle n'était plus avec lui et aussi dans quelle situation elle s'était fourrée. Elle papillonna des cils pour ouvrir les yeux et se releva légèrement. Ce mouvement réveilla Erik qui se mit à geindre doucement, seulement surpris dans son sommeil. Elle resta immobile sur un coude, son autre bras tenant fermement son fils. Elle observa de son regard glacial comme la température ambiante ce qu'il y avait autour d'elle. Un peu de chaleur sortait de l'intérieur, cela lui fit du bien tout en lui rappelant combien elle était fatiguée. Elle se tourna vers l'homme qui lui avait parlé. Elle le classa dans les plus dangereux parce qu'il avait à peu près l'âge d'Andrew (et parce qu'elle en avait sa claque de toute l'espèce humaine de toute manière), cependant, Carry était très polie (à l'extrême même), elle ne révéla donc rien de ce qu'elle pensait, ni dans son attitude, ni dans son parlé. Elle vérifia grâce aux voix qu'il s'agissait d'un sorcier puis répondit.

« Je suis désolée... j'ai usé toutes mes forces pour transplaner et me suis écroulée devant chez vous, mais il n'a jamais été dans mes intentions de vous déranger. » Elle enleva la capuche d'Erik pour dévoiler son visage et y déposer un baiser. Il pleurait par à coup d'avoir été réveillé. « Là mon chéri, tout va bien... rendors-toi. » Elle hésita et demanda aux voix si l'homme était dangereux ou non pour le bébé et elle. Les voix lui répondirent qu'il ne leur ferait aucun mal. Elle retint un soupir de soulagement (elle avait assez de problème comme ça), et elle se retourna donc vers l'homme.

« Puis-je vous demander l'hospitalité jusqu'au prochain biberon de mon fils ? » Il y avait encore un peu de temps, mais maintenant qu'elle était réveillée, elle se souvenait qu'elle ne pouvait pas abandonner si facilement sa fuite et qu'il fallait donc qu'elle reprenne assez de force pour transplaner encore avant que Andrew ne lui remette la main dessus. Pour se donner une contenance, elle remit la lanière de son sac sur son épaule. Son regard ne croisait plus celui de l'homme, il restait fixé sur son enfant qui commençait à se rendormir maintenant que le cœur de Carry avait repris un rythme plus régulier. Elle s'en voulait d'avoir prononcé le prénom du père de son enfant en se réveillant. Elle ne voulait plus rien à voir à faire avec Axel. Il était le géniteur de Erik mais la génétique ne fait pas tout, la preuve, elle n'avait pas vu son propre père pendant plus de dix ans avant qu'il ne vienne un jour à Pré-Au-Lard. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne le regrettait pas, juste qu'elle avait parfaitement grandi sans lui et sans leur mère. Or Erik l'avait elle, ce n'était déjà pas si mal. Elle le protégerait de tout, à commencer d'Andrew tant que ce serait dans ses moyens. Elle commençait à en manquer, mais elle ne pouvait pas se montrer faible... c'était un luxe qu'elle ne pouvait plus se permettre.

Elle était vraiment mal en point et Dmitri ne pouvait pas ignorer sa douleur. Il n’était pas vraiment empathique, c’était sa femme qui avait ce don, qui savait toujours ce que pensaient les gens, ou plutôt ce qu’ils ressentaient… Lui, il n’était pas aussi doué qu’elle avec le genre humain, en revanche, il avait beaucoup appris auprès de feu sa femme, mais aussi de sa fille, son bébé, sa raison de vivre. Il avait appris ce qu’était la compassion, et aussi ce que ça pouvait faire, que d’aider son prochain. Il aimait se rendre utile, mais sans doute pas autant que Joy ou sa mère, néanmoins, laisser cette fille à son triste sort n’était pas dans ses habitudes. On lui avait inculqué quelques valeurs, et il n’allait certainement pas l’abandonner là. Ce n’était pas envisageable.

Alors qu’elle murmurait un prénom, il se demanda d’abord si c’était celui du bébé ou celui d’un homme qui aurait dû être là, mais ne l’était pas (de toute évidence). Tant de raisons pouvaient expliquer son absence et elle était si peu intéressant à l’heure actuelle, qu’il laissa cela de côté, ce qui importait c’était qu’elle entre, déjà, et qu’elle reprenne des forces.

« Vous ne me dérangez certainement pas, voyons… »

Le bébé commençait à pleurer, réveillant de bien nombreux souvenirs dans le cœur de père qu’était celui du sorcier… Joy était un bébé il y a si peu de temps… mais cela semblait être si loin aussi… Il sourit doucement :

« Là, je vous en prie, entrez. »

Restait à savoir si elle pouvait marcher… Dans tous les cas, il allait l’aider à entrer, de toute façon. Quitte à la porter, il n’allait certainement pas la laisser sur le seuil de sa porte, rendre son dernier souffle dans de telles conditions. Dmitri valait bien plus que cela.

« Vous pouvez vous lever, vous voulez que je vous porte ou que je vous aide ? »

La porter nécessiterait sans doute qu’il porte le bébé avant… Parce qu’il ne tenait pas à ce qu’elle ait un souci alors qu’il la portait et que le bébé tombe ou quoique ce soit de ce genre (bien qu’elle le serrait bien contre elle, tout pouvait arriver, faible comme elle l’était). Rapidement, Dmitri se mit à réfléchir. Il devait encore avoir le berceau de Joy, quelque part dans un carton. Il avait tout bien conservé. Dans la maison on pouvait voir des photos de Joy à tous les âges avec sa mère, jusqu’à ses cinq ans et avec son père quelques une montraient aussi Alek et Joy, plutôt quand ils étaient enfants… Une ou deux photos de Dmitri et Corann étaient encore là. Il n’avait pas vraiment eu le temps (ou l’envie en fait) de faire du tri et de la redécoration. Il faisait chaud à l’intérieur et une lumière réconfortante irradiait sur le perron. Doucement, le sorcier s’adressa à l’adolescente (bon ok elle est plus âgée que ça mais elle lui paraissait si fragile…) :

« Je appelle Dmitri. Comment vous appelez vous ? »

Elle le crût lorsqu'il lui dit qu'elle ne le dérangeait. Il n'avait pas la tête d'un homme qui était en pleine occupation. C'était bizarre, mais c'était l'impression qu'il lui renvoyait. Vu l'heure tardive, cela dit, ce n'était pas étonnant. La plupart des gens lézardaient chez eux après une grosse journée de travail. Elle espérait connaître ça un jour.

Il l'invita à entrer suite à sa demande et sembla douter qu'elle puisse tenir sur ses jambes. « N... Non. Pas porter. Je vous remercie... mais je préfère garder mon fils avec moi. » Elle lâchait très peu Erik, sauf pour dormir (quand elle dormait). Ce n'était pas qu'elle avait peur qu'il s'envole, qu'il disparaisse, ou quoi que ce soit, c'était seulement que cela lui permettait de garder un certain sang froid malgré la situation. Quelque part, son fils l'aidait plus que ce qu'il n'imaginerait jamais. Elle n'était encore vivante que parce qu'il était là pour la pousser à avancer en usant ses dernières forces.

« Mais je veux bien que vous me prêtiez votre bras pour m'appuyer. » Elle tendit la main vers lui et s'appuya très lourdement (plus qu'elle ne l'aurait voulu pour se relever. Ses jambes vacillèrent mais tinrent bon. Elle avait une volonté de fer. Elle regarda autour d'elle. Il y avait des photos d'enfants, elle en reconnut un. Elle grimaça. Elle était dans la maison d'un membre de la famille de Benson. « Je vois que vous connaissez monsieur Alek Benson... J'étais à l'école avec lui autrefois. » Soupira-t-elle en se laissant tomber sur la première chaise ou le premier fauteuil venu (elle n'avait même pas regarder, tout ce qu'il fallait, c'était qu'elle puisse s'asseoir). Elle ne connaissait pas beaucoup Alek mais elle l'avait déjà croisé, il était ami avec Nicolas. La fille lui disait aussi quelque chose, mais elle ne se souvenait plus de son nom. Elle était visiblement plus jeune, ce devait être pour ça. Elle avait déjà quelques années de plus que Alek, donc les années encore en-dessous, ça commençait à faire beaucoup.

Elle ne répondit que lorsqu'elle fut bien stable (donc assise). Elle commença à enlever les couches de vêtement de son bébé et se fit la réflexion qu'elle allait devoir changer la vraie couche incessamment sous peu. Elle regarda sa montre, elle n'était pas restée inconsciente du tout et elle avait transplané depuis peu. Elle avait de la marge avant qu'Andrew ne la retrouve.

« Charisma Kostovak. Et lui c'est mon trésor, Erik. » Un petit sourire affectueux passa sur son visage alors qu'elle finissait d'enlever le manteau de son enfant. Elle comprenait ce qu'avait ressenti sa mère pour elle maintenant, mais elle espérait malgré tout mieux finir qu'elle. Sa mère était morte dans un incendie provoqué par Andrew – elle l'avait appris depuis peu -, il fallait qu'elle sauve sa peau. Il était dangereux. Ce qui comptait c'était d'en avoir conscience pour se méfier de tout... quitte à passer son temps à fuir.

Il pouvait comprendre les réticences de la jeune femme, bien évidemment. Il était père, il savait ce qu’était l’amour inconditionnel qu’un parent portait à son enfant mieux que bon nombres de personnes sans nul doute. Car en plus d’être un père, il était un père veuf. Il avait reporté absolument tout son amour sur sa fille, lorsque feu sa femme était décédée. Sans doute l’avait-il bien trop couvée mais il n’avait pas pu s’en empêcher… C’était bien plus fort que lui. Il hocha donc doucement la tête, comprenant fort bien les désirs de la jeune femme et tendit sa main vers elle afin de l’aider à se relever et l’accompagna à l’intérieur, en la soutenant avec bienveillance.

Alors qu’ils entraient, elle fit une remarque sur Alek, ce qui poussa le Bulgare à poser ses prunelles sur les photos qui se promenaient un peu partout dans la demeure. Il sourit doucement à la jeune mère qui se trouvait chez lui à présent :

« Oui c’est mon neveu… Ah oui ? A Poudlard ? »

Elle était bien en Angleterre là, mais elle pouvait tout aussi bien avoir connu le jeune homme à Durmstrang en soit… Le sorcier la laissa s’assoir dans un fauteuil et rapidement, prit les choses en main :

« Vous devez avoir soif et faim. Vous voulez une soupe ? J’ai des légumes sinon, et de la viande… Il faut reprendre des forces. Je dois avoir le berceau de Joy quelque part, dans un carton, je vais aller le chercher pour votre bébé… »

Et alors qu’elle les présentait, elle et le petit Erik, Dmitri marqua un léger temps d’arrêt avant de reprendre :

« Ho, je voie, je connais votre famille, alors. Je suis Dmitri Vodianovski. »

Un nom qui parlerait sans doute mieux que le prénom à la sorcière. Ne serait-ce que pour sa grande entreprise de chaudrons, mais aussi parce qu’il était un sang pur… Et de l’est qui plus est. Tout comme l’étaient les Kostovak. Il n’était pas proche d’eux, mais ils se connaissaient tous de noms. Comme tout sorcier de sang pur qui se respecte, et ayant été élevé comme tel. Il savait qu’un couple Kostovak était décédé il y a une vingtaine d’année, alors qu’il était encore un enfant. Il ignorait si Charisma était la fille de ce couple ou plutôt d’une autre partie de la famille (on ne connaît pas les arbres par cœur en soit).

« Très joli nom. Le petit Erik a besoin de quelque chose ? N’hésitez pas, j’ai été père très jeune aussi et je sais que ce n’est vraiment pas facile. »

Il ne mentionna pas le père du bébé. Il jugeait préférable d’éviter tout conflit et de toute évidence, le père était aux abonnés absents. A moins que la jeune femme ne soit à sa recherche, mais dans tous les cas il n’aborderait le sujet que si elle-même le faisait en première.

Carry replaça le visage d'Alek dans sa mémoire mais cela lui fit mal à la tête. La fuite avait renforcé son pouvoir de prémonition, maintenant, dès qu'elle pensait à quelqu'un, elle avait des visions à son sujet. Elle vit Alek avec une jeune fille brune très jolie que Carry croyait avoir déjà vu aussi. Elle porta sa main libre à son front et plissant les sourcils, signe de sa migraine. Elle n'avait aucune envie de savoir ce que fichait Alek (ou ce qu'il ficherait plutôt), de force, elle chassa donc ses visions. Cela prit seulement quelques secondes avant qu'elle puisse répondre à Dmitri.

« Oui... à Poudlard. Il est ami avec l'un de mes amis... » Elle se frotta la tempe. Elle détestait quand son pouvoir échappait à son contrôle total. Malheureusement, c'était très souvent le cas, surtout lorsqu'elle était fatiguée.

« De la soupe oui, je veux bien, merci... et une serviette éponge si cela ne dérange pas. J'aimerais changer Erik avant qu'il ne s'endorme. » Elle peinait à se dire qu'elle avait devoir le lâcher pour le mettre dans un berceau mais Carry était quelqu'un de très sensé (en dépit de ses bizarreries), elle savait que dormir dans un berceau changerait agréablement son fils et qu'avoir ses deux mains pour manger serait aussi une bonne chose pour elle. Elle ne risquait rien pour le moment, Andrew était loin... Et elle avait vraiment besoin de repos.

Ensuite, elle réfléchit à propos de ce nom de famille, mais s'il lui disait quelque chose, elle ne parvint pas à vraiment le situer autrement que par son sang (pur). Elle avait quitté la Russie alors qu'elle n'avait pas encore huit ans et elle en avait 19, elle avait oublié beaucoup de choses apprises autrefois. Cependant, il lui semblait aussi que Dmitri était réputé pour être riche. Non que cela soit important, si l'argent faisait le bonheur, ça se saurait.

« Connaître ma famille n'a rien de très reluisant. Je suis de la branche cadette... » Elle observa l'homme, guettant sa réaction. Il était de notoriété publique que la branche cadette, autrement dit le père de Carry, avait vendu sa fille à un riche anglais pour essuyer ses dettes. Si ce n'était pas l'entière vérité, c'était ce que savait le reste du monde des sang purs de l'est. Et il ne fallait pas avoir fait de grandes écoles pour déduire vu son âge que la fille vendue était Carry, surtout qu'elle parlait un anglais avec très peu d'accent ce qui montrait qu'elle vivait en Angleterre depuis très longtemps.

« Je crois qu'Erik n'a besoin de rien à part qu'on lui change sa couche. » Sourit-elle en voyant le dit Erik gigoter dans ses bras, signe qu'il n'était pas à l'aise parce qu'il était sale. « Vous dites avoir été père très jeune, c'est de la petite fille sur les photos c'est ça ? Je crois que je la connais aussi de Poudlard... mais je ne me souviens pas de son prénom. » Elle resta pensive un moment ce qui figea Erik. Comme elle, son fils avait le don. Ce n'était pas un cadeau qu'elle lui avait fait, mais elle le savait alors même qu'il était encore dans son ventre. « Je vois son futur proche... Tout ira bien. » Elle soupira, encore une vision dont elle n'avait pas voulu. Enfin, ça n'était pas aussi violent que pour Alek, sûrement parce que joy avait un caractère plus doux. Poudlard semblait agité, mais elle n'avait pas vu quoi que ce soit d'alarmant.

« Vous étiez resté avec la mère de cette enfant n'est-ce pas ? Elle a eu de la chance... le père d'Erik et moi nous sommes séparés. Mon âge ne me semble pas être un problème, mais parfois la solitude me pèse. » Elle ne savait pas pourquoi elle lui confiait ça. Peut-être parce qu'elle était fatiguée, ou peut-être justement parce qu'elle était toute seule et qu'elle en souffrait... Elle ne devrait pas pourtant car elle avait toujours été seule depuis que sa mère était morte dans l'incendie. Cependant, avec la naissance d'Erik, elle avait espéré avoir une famille... et finalement... et bien... ça ne s'était pas passé vraiment comme elle l'avait souhaité.

« Je crois que j'en ai... quelque part... dans mon sac... » Mais elle était fatiguée, elle n'avait pas le courage suffisant pour chercher où elles se trouvaient, en conséquence, elle laissa Dmitri aller en acheter. Quant aux familles et aux cadavres, elle n'avait pas envie d'en parler. Sa famille était juste... affreuse. Sa mère avait pensé lui faire un cadeau merveilleux en lui confiant son bracelet, mais en réalité, elle ne l'aimait plus. Il avait causé la mort maternelle et son abandon forcé par son père. Or de question pourtant de l'enlever. Elle ne pouvait le donner qu'à quelqu'un qu'elle aimait plus que sa vie, jamais elle ne donnerait ce fardeau à son fils. Pas tant qu'Andrew serait encore de ce monde.

« Vous ne savez pas ce que vous dites... » Cet homme semblait bon et gentil, mais la menace d'Andrew était aussi réelle que persistante, elle ne pouvait pas mêler qui que ce soit à sa bataille. C'était pour ça qu'elle fuyait sans cesse sans jamais s'arrêter. Elle avait trop peur qu'au moment où elle s'arrêterait, Andrew ne fasse des victimes. Il avait tué sa mère sans un remord, elle se méfiait de ce qu'il pourrait faire encore.

Elle l'observa un moment et lui tendit Erik qui gigotait encore. Ce qui était sûr c'est que s'il avait des visions comme elle, il n'avait pas hérité de son caractère renfermé. Cela étant, elle n'était pas sûre qu'elle serait devenue aussi froide si elle avait eu une vie différente... mais bon, vous savez ce qu'on dit, avec des « si », on mettrait Paris en bouteille.

« Si vous voulez, mais méfiez-vous, il arrive qu'il tire sans prévenir. » Une façon poli de dire qu'elle s'était retrouvée plusieurs fois dans des situations coquasses en retirant la couche. Pour une fille aussi « propre » et tirée par quatre épingles que Carry ne l'était élève à Poudlard, ça avait d'abord été une expérience étrange... et puis finalement, elle s'y était faite. Après tout, elle n'avait pas le choix, hein ? Si elle pouvait compter sur son elfe Dorémi pour l'aider en période de calme, dans la fuite, les urgences devaient être gérées par elle-même.

« 17 ans... presque comme moi... j'en avais tout juste 18 lorsque je suis tombée enceinte. » Elle ne considérait pas que c'était une erreur parce qu'elle aimait son fils, mais elle se disait parfois qu'elle aurait préféré qu'il naisse dans de meilleures conditions que tout ce qu'elle pouvait lui offrir...

« C'est facile... il ne m'aimait pas. » Elle haussa les épaules. Parfois il fallait simplement accepter l'évidence. Et comme elle était très douée pour encaisser, pas la peine de nier la réalité. Axel et elle n'avaient jamais été faits pour être ensemble... c'était triste, certes, mais c'était comme ça. Lasse, elle remua les épaules pour tenter de se débarrasser d'une douleur occasionnée par le fait d'avoir porté longtemps Erik dans sa course.

« Oui... je sais... j'ai survécu à tellement pire... Mais un jour j'aimerais vivre plutôt que simplement survivre... Au moins pour que lui connaisse... autre chose. J'ai tellement cru que tout allait s'arranger, espéré si fort... mais finalement je ne fais que courir pour échapper à mon destin. » Elle ferma les yeux, mal à l'aise de sentir des larmes pointées le bout de leur nez. « Non... je ne peux pas abuser de votre hospitalité très longtemps... un homme me cherche... je ne sais pas dans combien de temps, je n'arrive pas à avoir de vision... il me fait trop peur. » Elle se leva brusquement, s'approchant de Dmitri qui avait toujours Erik avec lui. Elle posa sa petite main blanche sur celle de l'homme et ferma les yeux. Pour avoir une vision, il lui fallait une connexion extérieure à celle qu'elle pouvait avoir d'elle-même avec sa simple image. Parce que tout son être se rebellait contre l'idée de le voir.

Comme d'habitude lorsqu'elle avait une vision provoquée par ses soins, son regard se fit très trouble et lointain parce qu'elle ne voyait plus ce qui se passait autour d'elle mais le futur proche. « Il va venir me chercher. Pas cette nuit. Il fait jour. Il y a... quelqu'un avec lui... et... oh Merlin ! » Elle recula d'un pas, revenant brusquement au moment présent. « Ce salaud a enlevé mon elfe de maison ! » Mais la tête lui tourna et elle chancela. « Mon pouvoir de prémonition m'indique que vous ne ferez rien de mal à mon fils. Je vous le confie, je dois aller sauver mon elfe. » Elle s'approcha de son manteau et attrapa sa baguette. Elle avait bien conscience qu'elle risquait d'y laisser sa peau mais quelle autre option avait-elle ? Dorémi l'avait pour ainsi dire élevée, ce n'était qu'un elfe de maison comme ceux qui servaient Dmitri, mais pour Carry, c'était la seule famille qu'elle avait encore avec Erik et ses cousins (à qui elle parlait peu).