Retrouvailles ... Ou pas ! [PV. Faith]

Petit à petit, au fil des heures, le soleil disparaissait pour laisser place à la nuit, une belle soirée étoilée prenait place. Les mains dans les poches, la guitare sur le dos, l’humeur était un beau fixe pour notre beau Zeno qui arpentait les ruelles en sifflotant, tel un petit garçon allant rendre visite au Père Noël. Il se rendait dans une salle de concert de Londres, les rumeurs l’avaient guidé là où sa passion pour la musique allait pouvoir s’illustrer du mieux possible. Il avait le cœur qui battait tellement vite qu’il se demandait quelquefois s’il n’allait pas mourir avant d’avoir atteint sa destination. Il ne voulait pas se l’admettre, mais il avait le trac. Certes, ce n’était pas la première fois qu’il allait jouer devant plusieurs personnes, mais d’ordinaire il connaissait déjà son public et il ne regroupait pas plus de cinq personnes, alors que là, il s’agissait d’un public beaucoup plus important, et tout à coup beaucoup plus flippant. *Calmes-toi … Calmes-toi …* se répétait-il indéfiniment en espérant faire diminuer son rythme cardiaque, même si au fond de lui il savait pertinemment que cela n’allait rien changer du tout.

« Entrée des artistes ». Sa destination. Passant sa main sur la bandoulière de sa guitare d’un air machinal, ses yeux se mirent à pétiller. Ça y est ! Il y était. Il ne lui restait plus qu’à ouvrir cette porte. Il posa sa main sur la poignée et l’ouvrit au ralenti, comme si sa vie en dépendait. Heureusement que ce n’était pas le cas. Il se mettait dans un état pas possible pour une simple représentation, alors qu’est-ce que cela pourrait bien être s’il venait y jouer pour décider de son avenir !? Il se frotta la joue droite sans s’en rendre compte et respira profondément, il était un Gryffondor, un courageux, alors ce n’était pas le moment d’avoir peur juste pour une chanson. Il se sentit ridicule de perdre ses moyens aussi rapidement.

A son entrée dans les coulisses, Zeno ne pût retenir un « Ouah ! » d’émerveillement. Tout autour de lui s’allumaient et s’éteignaient des projecteurs en tout genre, de la fumée surgissait dans un coin pendant que de l’autre côté un gars trifouillait des dizaines de micros pour voir leur fonctionnement. Ce n’était que du matériel Moldu, mais qu’est-ce que c’était impressionnant ! Ses yeux s’écarquillaient au fur et à mesure des gadgets qu’il découvrait. Et dire que tout ce matériel été fabriqué et mis à disposition de la musique, quel hommage ! Zeno ne réalisait pas ce qu’il voyait, dans le monde magique un coup de baguette et hop, on avait tout ce que l’on voulait, pas la peine de s’encombrer de tants de trucs inutiles, mais les moldus réunissaient tellement de choses pour une passion et y mettaient tellement de cœur et de moyens que l’Italien les respectaient rien que pour cela. Sortant de son admiration, Zeno vit une silhouette de dos, il décida alors d’aller à sa rencontre, parce que c’était bien beau d’être entrer ici, mais comment ça se passait exactement pour la représentation musicale ? Il était venu pour jouer, pas pour observer du matériel. « Excusez-moi, Monsieur Rowle, je suis venu pour la représentation de 20 heures. » Il avait encore dix minutes devant lui, mais il ne fallait pas lui en vouloir, il est du genre toujours en avance. Il attendit qu’on puisse lui répondre et passa sa main dans ses cheveux d’un geste nerveux.

Retrouvailles... Ou pas !
Faith & Zeno

© Belzébuth

Faith était, comme à son habitude, arrivée un peu plus tôt que le reste du personnel à la salle de concert. Après tout, elle gérait tout ce petit monde, être là en avance histoire de pouvoir s'assurer que rien n'irait de travers était donc un minimum. La salle en elle-même ne lui appartenait pas. Elle n'avait clairement pas les moyens sans les apports monétaires conséquents des Of Curty. Or, elle s'était définitivement détachée de sa mère (et son beau-père) depuis plusieurs années à présent, et même s'ils avaient voulu continuer à alimenter ses comptes (ce dont elle avait tendance à douter), elle ne voulait de toute façon plus avoir à leur devoir quoi que ce soit. Tout ça pour dire qu'elle avait été engagée par le propriétaire de l'établissement y a de cela un certain nombre d'années à présent pour ne pas dire que je ne me souviens plus du chiffre exact, et ça lui allait très bien. Elle avait un job stable, qui lui plaisait, qui plus est. Elle ne savait pas si elle occuperait cette position pour le restant de ses jours, mais pour l'instant, ça lui convenait. Elle ne comptait pas se prendre la tête plus que ça.

Tandis qu'elle faisait quelques vérifications concernant la soirée - pas de gros évènement, seulement les traditionnelles représentations d'artistes amateurs de la fin de semaine, qui commençaient vers vingt heures -, les lieux commencèrent à se remplir de leurs habitants. Elle bavarda quelques instants avec Adam, le régisseur, et pensait aller se poser en coulisses, histoire faire un peu le tour des artistes du soir et de peut-être prendre une pause, quand elle remarqua, suite à un coup de projecteur dans sa direction, une tache brunâtre sur son t-shirt blanc. Croquette pour chien. Par les sourcils broussailleux de Merlin, comment avait-elle fait pour ne pas le remarquer plus tôt ? Et plus important: qui avait effectivement eu le temps de s'en apercevoir ? Combien de personnes la prenaient à présent pour une grosse dégoûtante qui ne nettoyait pas ses vêtements ? Tout ça parce que Luwy l'avait probablement attaquée sans qu'elle ne s'en rende compte, avant qu'elle ne transplane pour se rendre au travail. La honte, la honte, la honte. Bon, objectivement, il faisait plutôt sombre dans les parages, et tout le monde ne passait pas la totalité de son temps à l'observer c'était très vexant d'ailleurs !, se dit-elle dans l'espoir de préserver son amour propre. Qui a toussé ?

Les sourcils froncés, agacée par cette faute vestimentaire ridicule, elle se pressa vers les coulisses, dans l'idée d'y trouver un coin tranquille où faire usage de la magie. L'idée étant de ne pas révéler l'existence du monde magique à des moldus non avertis à cause d'une malheureuse tache de croquette. Sortant discrètement sa baguette de sa botte - ce qui était par ailleurs très inconfortable - elle murmura la formule Tergeo avec précaution... Et poussa un hurlement strident quand on l'interpela brusquement. Elle fit volte-face, baguette à la main, cachant celle-ci avec précipitation lorsque plusieurs regards médusés vinrent se poser sur elle. Elle leur adressa un sourire d'excuse à la "Oui je viens de beugler, mais non personne n'essaye de me kidnapper", avant de ramener le regard sur son artiste surprise. « Ah je... » Elle s'interrompit, enregistrant le nom que l'individu venait de lui donner, et l'associant au visage sur lequel ses yeux venaient de se poser. « Zeno ?! » s'exclama-t-elle d'une voix étranglée, à la fois encore perturbée par sa frayeur toute récente - l'avenir du monde avait failli basculer, après tout -, et surtout par la situation dans laquelle elle se trouvait. Si elle n'avait pas quitté Zeno en des termes idéaux, à leur dernière rencontre, des années plus tôt, son sentiment concernant l'énergumène ne s'était nullement adouci. Au contraire. « Qu'est-ce que tu fais là ? » enchaîna-t-elle quelque peu agressivement, tout en songeant que la réponse était assez évidente: il venait pour la représentation, il avait même sa guitare sur le dos (et il venait de le lui dire).

Sans prévenir, elle lui frappa plusieurs fois l'épaule, sourcils froncés, bien qu'ayant franchement de faire bien plus: sortir sa baguette et lui jeter un sort. Merci Merlin, Damon n'était pas là ce soir, il n'aurait pas à tomber sur cette triple buse. Et dire qu'elle avait envisagé de lui donner une autre chance, malgré l'incident traumatisant du chaudron, ne serait-ce que pour rendre les choses plus aisées pour Tyler... Puis elle n'avait plus vu l'Italien pendant des années, celui-ci ayant potentiellement disparu de la surface de la Terre, alors qu'elle apprenait pour sa part la manière dont il avait traité son petit-ami pendant toutes ces années. Il n'avait pas le droit de réapparaître maintenant ! « T'as rien à faire ici, Rowle. » décida-t-elle froidement. Puisqu'elle ne pouvait pas le transformer en ornithorynque - il parait que les moldus le vivraient mal -, alors elle pouvait au moins refuser de lui parler. Elle était pourtant profondément pacifiste, mais si on s'en prenait à l'un de ses proches, alors il ne fallait absolument pas compter sur sa clémence.

Le hurlement lui fit mal aux oreilles. Mais pourquoi crier de cette façon ? C’était absurde ! Il n’avait pourtant pas voulu faire peur à qui que ce soit, sinon il aurait aboyé un fort « Bouh ! » ou un énorme « Graaaah ! ». Mais il n’avait rien fait de cela. N’y-a-t’il pas quelqu’un de discipliné dans les parages ? S’il vous plaît. Quelqu’un !? Zeno sursauta lorsqu’il entendit le cri strident. Quelle voix aigue ! Si ce n’était pas un cri de stupeur, il y aurait peut-être quelque chose à faire avec. Comme par exemple, une chanteuse, oui, ce serait possible. Ou alors un klaxon de voiture pour moldue, oh ouais, ça roxe comme reconversion ! Okay, je sors.

Lorsqu’il entendit son prénom, l’italien répondit un vague « Oui ». Il reconnu instantanément le visage de la jeune femme qui venait de se retourner. Faith. Cela faisait plusieurs années qu’il ne l‘avait pas vu et pourtant, elle n’avait absolument pas changé. Le même portrait, avec les même traits, les même yeux, enfin tout était quasiment comme avant chez elle. Bizarrement, elle ne lui avait absolument pas manqué. Bizarrement était d’ailleurs un bien grand mot. On ne pouvait pas dire qu’ils se soient quittés en très bons termes ces deux là. Zeno avait espéré que la rancune se serait atténuée durant tout ce temps, mais cela ne semblait pas être le cas lorsqu’il entendit la réplique cinglante de Faith. « Et bien … » Commença-t-il sur un ton gêné en ne sachant quoi dire par la suite. Le ton agacé la Of Curty ne l’encourageait pas à continuer, mais il n’allait pas rester là sans rien dire, cela ferait trop plaisir à son ancienne camarade. « A ton avis ? Qu’est-ce que je fais dans les coulisses d’une salle de concert ? » Dit-il sur un air de défi et les yeux pétillants.

Il sentit le poing de Faith frappait son épaule plusieurs fois d’affilée, le faisant alors reculer d’un pas à chacun des coups. Il ne fit rien contre cette attaque. Si on pouvait parler de cela comme une attaque, parce que franchement, ce n’était pas très violent. Zeno souria légèrement, non que cela était drôle, mais la manière dont se comportait Faith l’amusait. En y réfléchissant, mais alors très très bien même, elle lui avait peut-être manqué … Un tout petit peu. Il n’allait pas non plus se jeter dans ses bras et l’embrasser à tout va. Quoique, cela aurait put être très amusant. Il la regarda droit dans les yeux avec un regard franc et direct. « Et bien si j’ai quelque à faire ici, voies-tu. Il se trouve que je suis venu pour la représentation et que je ne repartirais pas sans avoir joué le morceau que j’avais prévu. » Il avait insisté sur le si et avait débité ses paroles sans broncher. Elle voulait faire la rancunière ? Et bien soit ! Il n’y avait aucuns problèmes ! Zeno était prêt à jouer le jeu. « Je peux savoir ce que tu fais là, toi ? » Il défit la bandoulière qui retenait sa guitare tout en la fusillant du regard. Il ne lui restait plus beaucoup de temps avant d’aller sur scène. Il n’avait pas envie de rester là, il avait un planning à respecter et n’avait aucune envie de se quereller. « Ecoutes, ce n’est pas que tu m’ennuies, mais j’ai d’autres choses à faire. »

Faith était, de base, furieuse de voir Zeno. Mais le fait que ce soit sur son lieu de travail, là où elle s'y attendait le moins (quoique, l'Italien étant musicien, ça restait toujours dans le domaine de la possibilité) la rendait d'autant plus livide. Et si Damon avait été là ? D'ailleurs, le fait que finalement il ne soit pas là n'y changeait rien. Zeno n'avait pas le droit de se pointer devant elle comme une fleur et s'attendre à ce qu'elle soit polie et agréable envers lui. Il n'était qu'une grosse brute qui martyrisait des innocents sur son temps libre.

Bien, il l'avait reconnue. Bon début. Elle ne pouvait pas le malmener correctement s'il n'avait pas la décence de l'identifier. Maintenant que les salutations étaient faites *kof kof*, elle pouvait directement passer à l'étape suivante: virer le malotru de la salle de concert. Il n'était clairement pas le bienvenue en ces lieux, ce qu'elle essaya de lui transmettre sans se soucier d'être diplomate. Il ne le méritait pas. La réponse qu'il offrit à sa question ne fit rien pour la faire changer d'avis. Le sarcasme n'était pas très apprécié dans le cas présent, mon petit monsieur. Elle plissa les yeux, agacée. « Oh par Merlin. Tu viens pour la représentation. Évidemment. » soupira-t-elle en songeant que décidément, elle n'avait jamais de chance. Et après tout, de quel droit se foutait-il ouvertement de sa gueule ? Si ça se trouve, il était là pour faire le ménage. Qu'en savait-elle ? Bon, la guitare aurait été un peu encombrante, dans ce cas-là, mais justement, ça aurait constitué une bonne raison pour le virer de là: il faisait mal son boulot. Dommage.

Renonçant à exprimer distinctement les raisons de sa colère, Faith embraya directement sur la solution de facilitée: l'usage de la violence. Ce n'était peut-être pas très efficace, mais ça avait le mérite de lui permettre de se défouler. Elle nota du coin de l’œil le rictus de Zeno, et se demanda pourquoi cette triple buse faisait tout pour la mettre en pétard. Ne comprenait-il pas qu'il était dans de sales draps ? « Je travaille ici, crétin. » répliqua-t-elle en désignant le badge qu'elle venait de réajuster sur son haut. « Je dirige cette salle de concert. Et je crois que si, tu vas partir avant d'avoir joué le moindre morceau. Les brutes ne sont pas les bienvenues ici. C'est peut-être pas le Royal Albert Hall, mais on a quand même des principes. » ajouta-t-elle en fronçant les sourcils, les bras croisés. Elle était très sérieuse. « Pas la peine de sortir ta guitare. » Visiblement, ce type avait des problèmes. Il avait juste blessé son amour propre quand ils étaient encore élèves, et amis, il y a une éternité plus tôt, mais depuis il avait gravi des échelons et s'était mis à brutaliser au moins une personne sans la moindre raison. Qu'est-ce qui lui disait que ce n'était pas un passe-temps courant pour lui, désormais ! Elle ne s'était jamais douté qu'il était comme ça à l'époque. Il faut croire que Zeno cachait bien son jeu. Mais il ne la duperait pas à nouveau.