Réunion au sommet [ PV ]

Réunion au sommet
Arthur & Roy

© Belzébuth

Roy dégringolait tranquillement - et pour une fois, totalement innocemment - les marches menant au Grand Hall. Il sortait d'un cours de sorts difficile, mais qui s'était finalement plutôt bien déroulé. Il faut dire que les sortilèges non verbaux étaient loin d'être un jeu d'enfant difficile de mettre sa parole en doute, il était un expert dans ce domaine là mais les résultats du jeune Poufsouffle étaient encourageants. Par ailleurs, il avait le sentiment que ses professeurs avaient pour la plupart, noté du changement - positif - dans son comportement en classe. Il était toujours loin d'être un élève modèle, et ses escapades illégales au sein du château étaient loin d'être terminées, mais au moins il faisait un effort pour suivre, et rendre ses devoirs dans les temps. Pour l'heure cependant, ce n'étaient pas les études que Roy avait en tête, mais tout autre chose. En effet, c'était l'heure du goûter.

Outre sa passion pour les farces, le brun était connu pour une chose au sein de sa maison - qui ne manquait pourtant pas d'individus similaires -: sa gloutonnerie. Il était capable d'avaler son propre poids en nourriture pendant le déjeuner, et d'avoir encore suffisamment de place pour se resservir en dessert à plusieurs reprises. Et si la maturité semblait faire ses premiers pas dans son esprit de Peter Pan des temps modernes, son appétit était lui toujours bien au rendez-vous. Et tout le monde savait que le goûter, c'était sacré. Aux abords des sous-sol, il repéra une tête blonde qu'il ne connaissait que trop bien, occupée à discuter avec des camarades de classe, vraisemblablement. « Je vous l'emprunte ! » annonça-t-il avant d'entraîner son lieutenant avec lui main dans la main, ne se demandant même pas si celui-ci avait mieux à faire que de l'écouter divaguer. Après tout, il était son lieutenant, il avait des responsabilités ! Votre mission, si vous l'acceptez... « Salut Arthur ! Quoi de neuf ? Tu m'accompagnes aux cuisines ? » interrogea-t-il pour la forme, bien qu'il ne laissa pas franchement le choix à son camarade. Fuis Arthur, fuis !

Une fois arrivé devant la nature morte, Roy chatouilla la poire d'un air quasi-cérémonieux (il s'agissait d'un lieu sacré, après tout !), et actionna la poignée de porte qui était apparue à son emplacement. A peine pénétraient-ils dans la pièce, que des dizaines d'elfes de maison se tournaient vers eux, occupés pour certains à travailler sur le dîner du soir, tandis que d'autres faisaient le ménage. « Un pain au chocolat, s'il te plait, Sery. » lança-t-il en souriant à un petit elfe de maison à l'air anormalement extatique. Laissant Arthur commander s'il le souhaitait Elfdonald's bonjour, vous désirez commander ?, Roy alla s'installer à une table. Ce demi-kidnapping n'était pas tout à fait anodin. Certes, Arthur et Roy étaient amis, et même mieux, ils collaboraient occasionnellement quand il s'agissait de détourner des barques, ou harceler Miss Teigne en compagnie de Silah, mais aujourd'hui, le brun voulait parler d'un peu plus que de simples farces.

La rentrée ne s'était en effet pas passée de manière paisible, et certains faits récents poussaient le Poufsouffle qu'il était à vouloir réagir. « J'en ai parlé avec Silah aussi, et je pensais que cette année, on pourrait essayer de vraiment faire une différence dans l'école ? J'sais pas si c'est juste une impression, mais il y a de plus en plus de crétins qui s'amusent à brutaliser d'autres élèves, et ça ne va pas en s'améliorant. Au lieu de s'en prendre à Rusard - même si c'est toujours un vieux schnock complètement barré -, je pensais qu'on pourrait viser de nouvelles cibles. » expliqua-t-il une fois qu'ils furent tous deux installés, en attendant que les elfes lui apportent son goûter ou comment perdre toute crédibilité en moins de cinq minutes. « T'en connaîtrais pas certains, par hasard ? Je sais que c'est cliché de penser que c'est des Serpentard, mais j'enquête aussi dans ma maison. » ajouta-t-il, pensif. D'abord Linwood - même si ça n'était pas nouveau, il avait juste mis du temps à en prendre conscience -, puis Joy, et il était certain qu'elles ne pouvaient pas être les seules personnes concernées. Il n'était peut-être pas aussi fort qu'Alek, mais il pouvait essayer de stopper ça à sa façon.

La tornade ayant touché les serres de botaniques quelques jours plutôt était venue compléter le processus d'apaisement du jeune Roy. Non pas qu'il ait particulièrement changé de personnalité, mais plutôt qu'il tâchait cette année de reprendre ses études en main, et qu'à présent, le contre-coup de l'accident le laissait peu enclin à réitérer ses quatre-cent coups à travers les couloirs du château. Pour l'instant, il faisait profil bas, en essayant tant bien que mal de digérer ce qui s'était passé. Ce moment de calme dans ses activités extra-scolaires lui laissait également davantage de temps pour se concentrer sur les individus qui s'en étaient pris à Joy à la rentrée, et qui étaient potentiellement les mêmes s'amusant à tourmenter Linwood. Visiblement, se retrouver transformés en autruches n'avait pas suffi à calmer leurs ardeurs. Qu'à cela ne tienne, il passerait aux dindons cette fois-ci. Son résultat à la BUSE de métamorphose l'avait certes déçu, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir une bonne maîtrise de la transformation sorcier-animal. Il les ferait passer par tous les animaux du zoo s'il le fallait, mais il ne les laisserait pas s'en prendre à sa meilleure amie à nouveau.

Roy n'était pas le genre de personne à s'apitoyer sur son sort, ou à désirer préoccuper autrui, aussi n'avait-il laissé transparaître son trouble vis-à-vis de la Vague Noire que les premiers jours après les évènements, et s'efforçait depuis d'être aussi guilleret qu'à son habitude. Tout le monde avait été suffisamment secoué comme ça, pas la peine d'en rajouter. C'est donc fidèle à ses envies qu'il avait quitté le couloir des sortilèges avec une destination bien précise en tête: les cuisines de Poudlard. Certes, il s'arrangeait désormais pour faire ses devoirs et les rendre à temps, mais ça ne voulait pas pour autant dire qu'il devait se tuer à la tâche pour ça, pas de risque. Impossible de réfléchir le ventre vide, de toute façon dixit l'individu qui a dû s'enfiler trois poulets et un sanglier à midi. Il n'était pas encore décidé sur ce qu'il ferait de sa soirée (plans de vengeance ou études ? Sans doute un combo des deux), et ça ne le préoccupait pas plus que ça. Il faut vivre au jour le jour, surtout quand on risque à tout moment d'être réduit en chair à pâté pour Miss Teigne. Et dire qu'on ne les avait même pas dédommagés pour les séquelles subies. On aurait pu le dispenser de retenues pour le restant de l'année au moins, étant donné qu'il avait failli rendre l'âme pendant la dernière en date mais non, même pas. Le staff doit espérer que la prochaine catastrophe sera la bonne: plus de Roy, plus de pièges douteux à tous les coins du château.

Repérant Arthur - son fidèle lieutenant - en chemin, le brun n'hésita pas une seconde avant de l'embarquer avec lui, non sans avoir balancé une vague excuse à ses camarades. Certes, il lui laissa croire que c'était une option, mais le fait était qu'il avait passé le bras autour de son épaule et l'avait entraîné avec lui avant de lui proposer un tour aux cuisines en amoureux. Il ne faisait certainement rien d'une urgence primordiale, de toute façon. Sympa. Il était convoqué pour un entretien top secret, ça passait avant tout le reste, c'était bien connu ! Qui l'a encore laissé regarder tous les James Bond pendant les vacances ? Quoiqu'il en soit, son cadet n'offrit nulle protestation et ils se retrouvèrent rapidement devant un tableau que Roy chérissait tout particulièrement: celui cachant l'entrée aux cuisines. Techniquement, le lieu n'était pas en accès libre à n'importe qui, mais le Jaune et Noir en avait vite découvert l'existence, le fait que sa propre salle commune se situait à proximité aidant forcément.

Tandis qu'ils pénétraient dans l'une des pièces préférées de Roy, celui-ci adressa un sourire énigmatique au blond. Alors comme ça il voulait des informations ? Et moi qui croyais que tu ne me fréquentais que pour mon agréable compagnie, Tutur ! « La salle sur demande, tu connais ? » interrogea-t-il histoire d'évaluer un peu les connaissances de son ami, avant de s'adresser à Sery pour commander un pain au chocolat. « Après ça dépend de ce que tu veux savoir. Il y a un raccourci pratique au quatrième étage, si jamais t'as besoin d'échapper à Rusard. Ou à qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. » reprit-il en souriant avec malice. A une groupie un petit peu trop collante, par exemple. Sait-on jamais. « Bref: t'as une tapisserie de Circé au quatrième, juste à côté de l'escalier 'normal' qui donne sur l'étage au-dessus. Or, elle cache un chemin beaucoup plus étroit mais qui mène directement au deuxième étage. Il y a moyen d'y rester caché en cas de danger imminent, mais Rusard connait le raccourci, donc c'est à tes risques et périls. » conclut-il dans un haussement d'épaules, avant de prendre place pour manger.

Enfin installé, et en attente de son pain au chocolat, Roy évoqua les raisons qui l'avaient poussé à kidnapper Arthur. Oui, rien que ça. Il ne doutait pas que les maltraitances entre élèves aient toujours existé, ce n'était pas comme si lui-même n'avait jamais eu à subir les moqueries occasionnelles de ses camarades (encore qu'il s'en sortait bien grâce à sa réputation de trublion). Mais il avait l'impression qu'à présent, les 'taquineries' étaient passées à un niveau largement supérieur, et qu'elles étaient surtout plus ciblées ? Il soupira, déçu qu'Arthur n'ait rien à lui apprendre. Tutur, tu sers à rien. Il voulait vraiment faire bouger les choses. Ou au moins, faire quelque chose de plus utile que simplement terroriser Miss Teigne et harceler Rusard. Il voulait protéger Joy (et Linwood, qui était une Poufsouffle qui plus est, la solidarité était une valeur primordiale chez eux !) à sa façon. Néanmoins, il dut hocher la tête en signe de dénégation quand Arthur prétendit que ce dont il parlait était une occupation pour les préfets, un sourire sans joie aux lèvres. « C'est pas aussi facile que ça. Les gens n'osent pas dénoncer ces types, ils craignent les représailles... Et puis, ce n'est pas comme si les profs pouvaient faire grand-chose. Recopier cinquante fois "je promets de ne plus être une grosse brute décérébrée" ne suffira pas à les dissuader de recommencer. » répondit-il avec calme. Pour une fois, il se tenait parfaitement tranquille: pas de bruitages impromptus type percussions sur la table ou rythme battu par terre. Il prenait tout ça très au sérieux, et si Arthur n'était pas en mesure de l'aider, il se débrouillerait sans.