Ξ Sujet: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Sam 3 Aoû - 16:58
Wilhelmina Kilgarvan (« Euh… Mais tu peux m’appeler Mina… Euh… Enfin si tu veux… Euh… ») n’était pas une apprentie sorcière très heureuse. Bien que l’automne eût déjà solidement pris ses quartiers dans les montagnes écossaises qui entouraient Poudlard, la fillette n’était toujours pas parvenue, contrairement à ses camarades, à s’adapter à son nouvel environnement. Certes, elle avait des circonstances atténuantes : petite timide issue d’un milieu exclusivement moldue, elle n’aurait pas été plus égarée si on l’avait abandonnée sans crier gare sur une planète inconnue. Cependant, si les autres élèves nés de parents moldus (Seigneur qu’elle haïssait ce terme ! Il évoquait immanquablement dans son esprit quelque terrible maladie de peau !) semblaient s’être immergés avec un enthousiasme insatiable dans leur nouvel univers, Wilhelmina, elle, continuait à avoir peur de tout : peur des professeurs (« Ils ont l’air gentil, mais je suis sûre qu’ils n’hésitent pas à fouetter les mauvais élèves ! »), peur des élèves (« Pourquoi est-ce que tout le monde est aussi grand ?! »), peur du château (« Il y a tellement de couloirs… Un jour je vais me perdre et on mettra tellement de temps à me retrouver que je serai morte de faim depuis des jours et des jours ! »), peur de sa salle commune (« Il y a trop de monde… Et puis est-ce qu’elle est bien solide, cette tour ? Un jour, on va tous tomber dans le vide, c’est obligé! »), peur des dortoirs (« Il fait tout noir la nuit, et je suis sûre d’avoir entendu des bêtes gratter dans les armoires ! »), peur des repas qu’on leur servait (« Du jus de citrouille ? Mais… Il est bio, au moins ? »), peur de sa propre baguette (« Oh mon Dieu, il y a des étincelles qui en sortent ! Qu’est-ce qui se passe ? Je fais quoi ? Elle va exploser ! »), bref, la pauvre Serdaigle n’était plus qu’une boule de terreur.
Le seul moment où elle paraissait recouvrer un semblant de calme était le cours d’astronomie du mercredi soir. Au moins, elle se sentait en terrain connu : qu’elles soient contemplées par des moldus ou par des sorciers, les étoiles ne changeaient rien à leur course et Wilhelmina avait acquis quelques réflexes en matière d’observation du ciel lors d’un camp d’été, près de Cardiff, connaissances qui s’étaient révélées précieuses dès le premier cours. L’astronomie était, et de loin, la classe favorite de la petite rousse. Au moins, elle ne risquait pas d’y provoquer des catastrophes en se mélangeant les pinceaux dans la liste des ingrédients ou en s’écharpant sur l’épingle qu’elle était censée métamorphoser en cure-dent (un exercice dont, soit dit en passant, elle n’avait toujours pas saisi l’utilité intrinsèque). Elle s’y sentait même suffisamment en confiance pour oser lever une main timide de temps à autre, mais pas trop haut non plus, des fois que le professeur aurait la mauvaise idée de l’interroger (elle voulait bien faire preuve de bonne volonté mais elle n’avait pas très envie de prendre la parole devant toute la classe). Outre l’astronomie, Mina s’était révélée raisonnablement douée en botanique, sans doute en raison des longues heures passées dans l’atelier de sa mère, fleuriste de son état. Elle ne se sentait néanmoins pas autant en confiance dans les serres que dans la tour d’astronomie : les plantes sorcières lui étaient totalement inconnues et, quand elle les voyait, elle s’attendait toujours à ce que l’une d’entre elle révèle des dents pointues ou dresse un tentacule poisseux en direction de son cou pour mieux l’étrangler. Ses craintes n’étaient pas totalement infondées : quand elle s’était présentée en botanique pour la toute première fois, une classe de sixième année en sortait. Les élèves étaient si crottés qu’ils avaient l’air de revenir d’un combat de catch extrêmement violent plutôt que d’une innocente classe d’herbologie. Wilhelmina était d’ailleurs prête à jurer que plusieurs élèves avaient de profondes égratignures aux bras et sur le visage.
Quant aux autres cours… Elle n’y avait pour l’instant pas brillé autrement que par sa maladresse et sa lenteur. Elle aurait sans doute été capable de faire bien mieux si elle n’avait pas été si intimement persuadée qu’elle allait échouer. Elle avait été la seule élève de sa classe à devoir s’y reprendre à deux fois avant de réussir une première potion tout juste passable et elle avait été si surprise quand elle était enfin parvenue à faire voler sa plume, en cours de sortilèges, qu’elle avait donné un méchant coup de baguette dans l’œil de son voisin. Pire ! Bien loin de faire gagner des points à sa maison, elle en avait d’ores et déjà perdu dix quand sa propension à mettre le feu (sans qu’elle sût comment) à la fameuse épingle destinée à devenir cure-dent (mais est-ce que quelqu’un lui avait seulement demandé son avis, à l’épingle ? Peut-être s’agissait-il en fait d’un phénomène rare de combustion spontanée marquant une résistance de l’épingle face au destin cruel qui l’attendait ! Car qui a envie de servir à déloger les morceaux de fruits coincés dans les dents ?) avait fini par impatienter son professeur de métamorphose. Inutile de préciser que, depuis, Wilhelmina rasait les murs et était convaincue que tout Serdaigle la détestait. Ses camarades lui lançaient bien trop souvent des regards emprunts d’une commisération à peine voilée pour qu’elle se fît beaucoup d’illusions sur ses chances de nouer des amitiés solides d’ici la fin de sa scolarité. Mais, à bien y réfléchir, peut-être que mettre Boingboing sur son oreiller dès le premier soir avait été une erreur… Visiblement, les sorciers avaient une dent contre les kangourous en peluche. En tout cas, Wilhelmina n’avait pas dû échanger plus de trois ou quatre mots avec les autres élèves de son année et, si la solitude n’était pas de nature à lui faire peur, elle souffrait néanmoins de se sentir exclue.
Bref, Wilhelmina Kilgarvan n’était pas heureuse, et ce d’autant plus qu’elle n’avait personne à qui confier ses chagrins. Certes, elle écrivait régulièrement à ses parents, mais elle avait dès le début pris le parti de ne pas se plaindre de sa situation afin – brave petite – de ne pas les inquiéter outre mesure. Résultat : ses lettres étaient toutes d’une platitude affligeante. Elle en avait justement envoyé une nouvelle dans l’après-midi et elle ressassait avec mauvaise humeur la longue liste de lieux communs qu’elle avait, pour la millième fois, posée sur le papier : il allait sérieusement falloir qu’elle se mette à tenir un carnet des mensonges rassurants qu’elle réservait à ses parents si elle ne voulait pas que leur trop grande répétition devienne suspecte à leurs yeux ! *Au moins, ça occupera mes soirées…* Songea-t-elle, non sans une pointe d’amertume, en posant les yeux sur le gros livre de sortilèges qui se trouvait devant elle. Car les heures qui suivaient le dîner paraissaient interminables à la pauvre Serdaigle, quand le spectacle de ses camarades, plaisantant entre eux ou travaillant en groupe, s’étalait devant ses yeux !
Le bruit lancinant produit par quelqu’un qui tapait bruyamment des ongles sur une table n’était pas de nature à apaiser sa mauvaise humeur. Quel manque de respect, franchement ! Ils étaient censés être en étude, non ? Qui pouvait se permettre de faire un tel potin ? Et pourquoi est-ce que personne n’avait encore rien dit ? Tout le monde avait déjà fini ses devoirs ou quoi ? Elle n’était quand même pas la seule de la salle à avoir encore à apprendre sa leçon de sortilèges ! Très irritée, la rouquine se contorsionna dans tous les sens, dans l’espoir d’apercevoir l’auteur d’un si grand méfait. A moitié levée au-dessus de sa chaise, elle finit par repérer, à force de se tordre le cou, une élève de Gryfffondor, sensiblement du même âge, assisse à quelques places de là, juste en face d’elle, et qui ne semblait pas concevoir qu’on pût faire ses devoirs autrement qu’en faisant du bruit. Scandalisée par ce comportement, Wilhelmina la gratifia d’un long regard courroucé.
Elle était bien trop timorée pour oser quitter sa propre place et aller lui demander devant tout le monde de faire moins de bruit (« Je ne la connais pas, si ça se trouve, elle de mèche avec tout un tas de Gryffondors très costauds qui vont me taper à la sortie de la Grande Salle ! ») mais elle espérait que la seule force de ses yeux assassins suffirait à l’impressionner. Ça ou alors elle finirait par s’arrêter, intriguée par la Serdaigle qui la fixait, toute de travers sur sa chaise, en ayant l’air d’avoir un grave strabisme divergeant.
Dernière édition par Wilhelmina Kilgarvan le Dim 4 Aoû - 10:24, édité 1 fois
Invité
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Dim 4 Aoû - 9:38
Mina & Line
Quand j'observe ce monde auquel tu veux absolument appartenir, tout ce que je vois c'est six milliards de dingues qui cherchent un raccourci vers la sortie. Ils sont tous cinglés. Regarde-les, tout le monde boit, fume, se drogue. Ils se tirent les uns sur les autres ou bien ils se font tout bonnement sauter la cervelle pour ne plus voir ça. Et c'est moi la cinglée ? Chérie, je suis la seule borgne dans ce royaume d'aveugles parce que moi j'admets que ce monde me rend dingue..
Opaline était, par nature, belliqueuse. Côté caractère, on aurait pu croire (non sans une certaine innocence) qu'elle était comme ses frères Christian et Edward. Les deux hommes étaient, en effet, des modèles de douceur et de constance (aux yeux d'Opaline tout au moins). Que nenni ! Opaline avait surtout hérité de sa mère un caractère fort et beaucoup d'énergie. Ses yeux noisettes jetaient sur le reste du monde un regard fier et combatif. Sa place à Gryffondor n'était pas volée : elle n'avait peur de rien, ni de personne. Petite pile électrique trop gâtée (car on lui répétait depuis son enfance qu'elle était un trésor tout en lui donnant quasiment tout ce qu'elle désirait), elle s'était quand même rapidement habituée à Poudlard. On ne lui cédait plus aussi facilement, mais ça avait un côté un peu challenge qu'elle trouvait appréciable. A tout ceci, il faut ajouter que Line avait avoir ses mauvais côtés, elle avait grandi avec ses jeunes neveux et nièces, donc elle s'était vite habituée à la vie à l'internat. Son caractère enjoué lui avait permis de se faire des amis et, sans être une très bonne élève, elle arrivait à peu près à suivre en classe. Elle baignait dans la magie depuis toujours, ça l'aidait peut-être.
Demandez-lui si elle est de sang-pur, elle vous répondra que non. Il y a plusieurs années de ça, quand ses frères et sœurs étaient à Poudlard, ils étaient catalogués chez les sangs purs. Mais c'était une autre époque, ils avaient tous connus la guerre contre celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom. Il valait mieux dire qu'on était de sang-pur, surtout que pour la moitié d'entre eux, c'était vrai. Elle n'avait pas le même père et elle savait qui était le sien même si ça ne l'avait jamais intéressé. Son tuteur et frère souffrait à chaque fois qu'elle évoquait la question alors elle ne le faisait plus pour ne pas voir cette expression sur son visage. De son père, elle savait seulement que c'était un moldu et que sa mère en avait tellement été amoureuse qu'elle avait dépéri après sa mort jusqu'à le rejoindre. Tout le reste, y compris son nom, était entouré d'un épais mystère.
Les circonstances de sa naissance expliquaient pourquoi, dans sa nombreuse fratrie, il y en avait qui lui reprochait d'être la cause du décès de leur mère. Mais là encore, elle n'en souffrait pas. Ou plus. Elle n'avait pas de parents mais elle avait quand même des « modèles parentaux » (merci les émissions moldus), des gens qui l'aimaient et qui la chérissaient, même après qu'elle ait fait une bêtise.
Pourtant, dans l'étude de ce jour-là, Opaline était un peu agacée. On lui demandait si elle voulait rentrer pour les vacances de noël prochaine au manoir. Christian avait dans l'idée d'inviter tous les autres. Comme ils étaient sept frères et sœurs et que tous les « vieux » étaient en couple à part Isabelle... ça allait faire beaucoup de monde. Et pour peu que sa sœur Anabelle accepte de se pointer, elle était certaine de passer de mauvaises fêtes. Elle répondit donc à son frère que s'il campait sur ses positions et voulait inviter tout le monde, elle resterait pour sa part à Poudlard. Ils n'auraient qu'à lui rendre faire parvenir ses cadeaux, elle ferait de même avec les leurs. Sa réponse transpirait l'énervement. Il n'y avait que Christian pour encore espérer qu'ils forment une famille unie. Pourquoi ne se contentait-il pas de ce qu'il avait ? A savoir Ash', leurs enfants, Victoria et elle. Elle se relisait pour vérifier qu'elle n'avait pas fait trop de fautes et aussi que la tournure n'était pas trop insolente, et en même temps, elle tapotait avec ses ongles sur la table.
Ce bruit eut visiblement pour effet d'agacer une camarade qui la fusilla du regard. Elle n'avait pas choisi son jour. Comme pour tous ceux de son clan, il y avait des sujets sensibles. Les relations familiales notamment. Et si Opaline était d'ordinaire plutôt du genre amicale, là, elle se sentait sur le point de déborder. Ceci d'autant plus qu'elle avait terminé ses devoirs mais qu'en première année on les obligeait à aller en étude tous les jours. Ainsi, elle répondit au regard de sa camarade par quelque chose d'assez semblable, puis, peu timide, elle regarda autour d'elle pour vérifier que personne ne la surveillait en particuliers, et elle se leva pour changer de place avec celui qui était en face de la serdaigle jusqu'à ce moment. « Bouge. » Dit-elle sans prendre la peine de cacher sa mauvaise humeur. Elle se rassit, reposa ses parchemins sur la table avec son encrier et foudroya une seconde fois du regard la première année. « T'as un problème ? Je fais quelque chose qui te dérange c'est ça ? Parce que tu devrais me dire quoi, je m'arrangerais pour le faire encore plus. » Un sourire narquois s'afficha sur sa bouille innocente. Opaline était plutôt gentille, amicale, etc... mais il ne fallait pas trop la chercher, et, surtout, il ne fallait pas tomber dans ses mauvais jours.
Wilhelmina Kilgarvan
Parchemins : 324Âge : 21 ans (31/07/95) Actuellement : Département des Mystères Points : 0
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Dim 4 Aoû - 13:02
Quand Opaline s’aperçut que deux yeux bleu pâle la fixaient, Wilhelmina était à deux doigts de tomber de sa chaise. La jeune sorcière s’était, en effet, tellement penchée sur le côté, que le haut de son corps était presque parallèle à la table et menaçait de l’entraîner, la tête la première, au sol. Elle avait déjà une fesse qui jouait les filles de l’air, lorsqu’elle réalisa soudain qu’elle perdait l’équilibre. Une horrible grimace de terreur déforma les traits de son visage lunaire et elle se raccrocha in extremis à la table pour ne pas s’effondrer. Elle se redressa ensuite, priant pour que personne n’ait remarqué le ridicule de la situation, et s’efforça de prendre un air détaché (« Hein ? Quoi ? Non, il ne s’est rien passé, je ne vois pas de quoi tu veux parler… ») avant d’oser lancer un nouveau coup d’œil – cette fois-ci nettement moins venimeux – en direction d’Opaline.
*Hé mais… Qu’est-ce qu’elle fabrique ?!* La fillette écarquilla les yeux d’un air surpris et - faut-il le dire ? – un peu offensé, quand elle vit que la Gryffondor avait quitté sa place et se dirigeait droit sur elle. Mais… Enfin ! Ce n’était pas du tout comme cela que les choses devaient se passer ! Selon le scenario prévu, Opaline aurait dû remarquer ses œillades éloquentes, prendre conscience de la gêne qu’elle occasionnait à taper ainsi des ongles sur la table, s’arrêter aussi sec et hocher la tête en signe d’excuse. Fin de l’incident. Malheureusement, la réalité n’avait souvent aucun rapport avec les prévisions de Wilhelmina. A croire que le monde prenait un malin plaisir à la contrarier !
*Holàlà, elle n’a pas l’air commode !* Réalisa subitement la rouquine : la détermination avec laquelle sa camarade lui fonçait dessus lui rappelait des images de tornades dévastatrices qu’elle avait pu voir dans les journaux télévisés, chez ses parents. Au souvenir des dégâts qu’elles causaient, Wilhelmina rentra instinctivement la tête dans les épaules. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, à la recherche d’une échappatoire : elle n’était pas bien difficile, un modeste trou de souris lui suffirait ! Hélas, avant qu’il ne lui fût permis d’amorcer une retraite stratégique (« Oh ! Attends, je crois qu’on m’appelle, là-bas… Comment ça, je n’ai pas d’amis ? »), la Gryffondor était déjà près d'elle et virait sans ménagement l’élève qui occupait la place en face de la sienne. Ce dernier parut à deux doigts de protester mais le regard noir d’Opaline fit taire toutes ses velléités de révolte, et il fila sans demander son reste. Le lâche.
- Mais… Mais… parvint-elle à bredouiller, profondément choquée par un tel manque de savoir-vivre, ça… ça ne va pas ? Enfin… Pour… Pourquoi tu… Tu as fait… ça ? C’é… C’était sa… sa place… C’est… C’est pas… Pas bien… De prendre… Euh… La… La place des gens ! Conclut-elle maladroitement, consciente que sa petite leçon de morale risquait de tomber à plat : Opaline n’avait pas du tout l’air du genre à se laisser dicter sa conduite et Wilhelmina regrettait déjà de ne pas avoir fait semblant de ne pas entendre le tintouin de la Gryffondor.
*Ça va être encore pire, maintenant ! Elle va faire un scandale et tout le monde va nous regarder !* Se dit-elle, sentant le rouge lui monter aux joues à la simple idée de devenir le centre de l’attention générale. Les élèves les plus proches n’avaient-ils pas commencé à relever la tête de leurs devoirs pour jouir du spectacle de sa débâcle ? Car au vu de sa cote de popularité, Wilhelmina ne s’attendait pas à ce qu’un seul d’entre eux lève le petit doigt pour assurer sa défense. N’était-elle pas cataloguée comme la Serdaigle qui avait faire perdre des points à sa maison dès le premier jour de cours ? Personne ne la laisserait oublier cet exploit, qui lui avait valu l’animosité immédiate de ses camarades. Elle se tassa un peu plus sur sa chaise et coula un œil prudent en direction de la sortie… Peut-être que si elle se mettait à courir vraiment vite… Mais non. Elle avait toujours été mauvaise en sport et, avec sa chance, elle risquait de faire tomber la moitié de ses affaires par terre avant d’avoir atteint le Grand Hall, provoquant au passage un barouf de tous les diables.
Effrayée par le ton vindicatif de la Gryffondor, Wilhelmina ne put empêcher ses yeux de s’emplir de larmes. Pourquoi est-ce que tout le monde était si méchant avec elle ? Tout ce qu’elle voulait, c’était apprendre sa leçon dans le calme : était-ce vraiment trop demander ? Dieu qu'elle détestait les sorciers ! Le visage en feu, la Serdaigle renifla, pitoyable. Elle s’efforça de maîtriser bravement le gros sanglot qui ne demandait pas mieux que d’éclater en elle, pour bégayer d’une voix tremblotante, sans oser regarder Opaline : - Euh… Euh… C’est… Enfin… Je… Je… Je v… veux di… dire… T-t-t-t-tu v… vois… Euh… est… est-ce que t-t-t-t-tu p… pou… pourrais euh… enfin… ar… arrê… arrêter de f-f-f-f-fai-fai-faire d… du… b-b-b-b-brrrr-brrruit… t-t-t-t-tu sais… quand… quand tu t-t-t-t-tap-p-p-p-pes sur la ta… Ta… Table. Enfin… T-t-t-t-tu ne t’en rends p… pe… peut-être p… pas compte, mais… Euh… Euh… ça… ça m’emp-p-p-p-êche de… de me con-con-concentrer sur ma leçon et… et… et… euh… il… Il faut… Ilfautvraimentquejelapprenneoualorsjevaisencorefaireperdredespointsàmamaison, expliqua-t-elle, parlant cette fois à toute vitesse, d’un ton si bas qu’il en devenait inaudible, tant cet aveu lui en coûtait. Comme si Opaline n’avait pas déjà eu six semaines pour remarquer à quel point elle était mauvaise !
On aurait pu faire cuire tout un breakfast, bacon compris, sur la figure en feu de Wilhelmina. Elle écarquilla les yeux autant qu’elle le put et s’efforça de déglutir lentement trois fois de suite. Sa maman lui avait dit que c’était une méthode infaillible pour retenir les larmes. On avait dû la flouer sur la marchandise, car les joues de Wilhelmina étaient drôlement humides.
Invité
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Lun 5 Aoû - 9:38
Opaline foudroya de nouveau sans ménagement sa camarade. On ne disait pas à une Montgomery ce qu'elle devait faire. Car oui, si Line n'était pas une sang-pure, elle ne se prenait quand même pas pour n'importe qui. On l'aura déjà remarqué par son comportement. Rien ne peut lui être refusé parce qu'elle fait partie d'un des clans les plus puissants de toute l'Angleterre faut dire aussi qu'ils dominent par le nombre. Belle, riche et généralement de bon caractère (là, c'était juste pas de chance pour Mina), elle ne doutait pas de devenir une sorcière accomplie à l'âge adulte, suivant les traces de sa sœur Victoria mauvaise idée ou de ses belles-sœurs. Elle avait d'autres sœurs qui auraient pu lui servir de modèle, mais elles ne dégageaient pas assez de classe au goût d'Opaline qui était, avouons-le, obnubilée par les apparences. Pas au point d'exclure une personne de son entourage pour ça, mais elle admirait la popularité, la force et la beauté. Des qualités que sa fratrie avait de manière générale bien que tous ne les exploitent pas de façon égale.
« Il n'en mourra pas. » Rétorqua-t-elle sèchement une fois assurée que son regard assassin avait bien été perçu par la Serdaigle.
A ce moment de notre histoire, elle était bien décidée à faire un sort à la jeune fille en face d'elle de façon à ce que plus jamais elle ne se comporte comme elle l'avait fait. D'après les règles de savoir vivre d'Opaline (qui étaient discutables), on ne regardait pas les gens de travers, surtout lorsqu'on ne les connaît pas, parce qu'on ne sait rien de leur vie et qu'ils ont peut-être de très bonnes raisons de faire ce qu'ils font. Comme en plus elle était de mauvais poil, elle avait tout de suite pris la mouche. Bien que généreuse et tolérante (dans une certaine mesure) elle avait très mauvais caractère et se dominait assez mal. Cependant, Christian lui avait enseigné depuis son enfance qu'il ne fallait jamais faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'ils nous fassent. Et lorsqu'elle remarqua que la Serdaigle n'était pas une adversaire valable et qu'elle allait juste réussir à la faire pleurer à chaudes larmes, elle soupira et dénoua ses épaules dans un mouvement circulaire. Elle était toute tendue. Elle savait pourtant parfaitement qu'il n'était pas nécessaire de se soucier des repas de famille, c'était souvent un échec, mais Christian s'obstinerait toujours. Et comme il l'avait élevé, il ne l'écoutait pas.
Encore énervée mais décidée à être magnanime avec la jeune fille, elle se redressa et attrapa le livre de sortilège en face de Mina. « Tu es stupide. » Entrée en matière légèrement violente, le ton de la voix étant pourtant moins agressif. En effet : « Au lieu de réclamer le silence, tu devrais demander de l'aide à ceux qui ont terminé leur devoir. » Elle observa la leçon qu'apprenait la Serdaigle et feuilleta le livre, sourcils froncés. Elle arriva à la première page et lu le nom de sa propriétaire. « Wilhelmina Kilgarvan ... » Elle releva la tête « Moi c'est Opaline Montgomery. » Puis elle revint vers la leçon de sortilège du jour qu'elle ouvrit et mit au milieu, face à sa camarade. « Vas-y, essaie de réciter sans regarder, je te reprends si c'est pas bon. Et tu devrais prendre un crayon à papier et souligner les parties importantes. Franchement, qu'est-ce que tu crois qu'on en a à faire de la date d'invention du sortilège et de son évolution ? Tout ce qui va intéresser le professeur au prochain cours, c'est qu'on sache le faire. » Elle s'imposait dans les révisions de la jeune fille, et elle le faisait sans malice. Elle n'aimait pas voir les gens pleurer, mais maintenant qu'elle était là, elle n'avait pas envie non plus de faire demi-tour, question de fierté.
Wilhelmina Kilgarvan
Parchemins : 324Âge : 21 ans (31/07/95) Actuellement : Département des Mystères Points : 0
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Lun 5 Aoû - 20:28
Wilhelmina accusa le coup. Bien entendu, elle savait qu’elle était « stupide », les filles de son dortoir ne se privaient pas pour le lui rappeler, à grand renfort d’allusions espiègles (« Il était vraiment simple, l’exercice de métamorphose ! J’ai mis à peine dix minutes à le terminer… Et toi Wilhelmina ? Deux heures ? Vraiment ? Hé bien je suppose que ce n’était pas simple pour tout le monde, ahaha… »), mais il n’était jamais agréable de se l’entendre dire, a fortiori quand on estimait, pour une fois, avoir agi de manière parfaitement sensée. Apparemment, dans l’esprit d’Opaline, on n’avait pas le droit de sous-entendre qu’elle s’était montrée grossière, mais elle avait le droit, elle, de vous insulter. La petite partie du cerveau de Wilhelmina encore en état de fonctionner en prit bonne note, et se jura qu’à l’avenir, elle fuirait la Gryffondor comme la peste. Quand elle était entrée à Poudlard, lors du banquet de répartition, ses camarades l’avait longuement mise en garde contre certaines engeances de Serpentard, mais, à ses yeux, Opaline était bien pire que tout ce qu’elle avait pu voir des Serpentards jusqu’à présent.
- J-j-j-j-je sais b-b-b-bien que j-j-j-j-je suis st-st-stu-p-p-p-p-pi-de, s’efforça-t-elle néanmoins de protester, non sans une certaine bravoure, bien qu’elle ne se sentît pas encore capable de soutenir le regard d’Opaline, c-c-c-c-ce n’est p-p-p-p-pas la p-p-p-p-p-peine de m-m-m-me le rapp-p-p-p-p-p-p-eler.
Même à ses propres oreilles, sa voix résonnait comme une plainte geignarde. Les épaules de Wilhelmina se soulevèrent brièvement en un tic d’impatience. Bon sang, c’était insupportable ! Elle détestait le bégaiement qui l’étranglait chaque fois qu’elle était émue. Il n’avait jamais rien arrangé à sa réputation de petite fille simplette. Très gênée, la fillette frotta ses yeux rougis. En plus, maintenant, elle avait le nez qui coulait. Elle s’essuya discrètement avec le revers de sa main, priant pour qu’Opaline ne remarque rien. Malheureusement, la Gryffondor, moins timide qu’elle, semblait n’éprouver aucune aversion à fixer ses interlocuteurs. Toutefois, la suggestion d’Opaline la surprit suffisamment pour qu’elle osât relever la tête et la dévisager, l’espace d’un instant. *Demander de l’aide ?* Se répéta-t-elle en son for intérieur, son incrédulité touchant presque à l’incompréhension, *Pour me ridiculiser encore plus que d’habitude ? Mais… Elle est complètement folle, cette fille !*
- J’oserai j-j-j-j-j-jamais ! Couina-t-elle, en considérant Opaline d’un œil rond, et puis en p-p-p-p-plus, ajouta-t-elle sagement, on ne doit pas p-p-p-p-p-parler en ét-t-t-t-tude ! Tiens, d’ailleurs en parlant de ça… Wilhelmina réalisa subitement qu’elle était en train de déroger à ce qu’elle croyait être une loi inviolable. Aussitôt, elle se plaqua une main horrifiée sur la bouche, et lança un coup d’œil craintif en direction du professeur chargé de les surveiller ce soir-là. Fort heureusement, il était plongé dans la Gazette du Sorcier et ne portait donc pas beaucoup d’attention aux élèves qui se trouvaient devant lui. Il aurait eu tort de faire du zèle inutilement, car ces derniers, parfaitement rôdés à l’exercice de l’étude, gardaient la tête penchée sur leurs devoirs. - De t-t-t-t-oute f-f-f-f-façon, reprit-elle, après un temps de réflexion, d’un ton devenu suspicieux, si, c-c-c-c-c-c’est p-p-p-p-pour t-t-t-t-te m-m-m-m-moquer de m-m-m-moi, c’est p-p-p-p-pas la p-p-p-p-p-peine de t-t-t-t-te f-f-f-f-fat-t-t-tiguer, j-j-j-j-je p-p-p-p-peux le f-f-f-faire toute seule, conclut-elle, avec une pointe de fierté blessée dans la voix.
Elle se tut un instant, plongée dans ses pensées : pardon ? Leurs enseignants leur donneraient à apprendre des leçons dont ils n’avaient cure ? Mais… Elle délirait, cette fille ! Si le prof de sortilège leur demandait de retenir une date, ce n’était pas par pur plaisir sadique, c’est que c’était très important de la connaître et qu’elle risquait de tomber dans le prochain devoir ! Comment pouvait-on faire preuve d’une telle désinvolture à l’égard du travail scolaire ? Opaline avait toutefois un tel aplomb que la Serdaigle ne put s’empêcher de douter de ses propres certitudes. Après tout, les choses fonctionnaient peut-être différemment dans le monde sorcier, où la pratique était au moins aussi importante que la théorie. D’ailleurs, Wilhelmina avait la fâcheuse manie de prendre religieusement en note absolument tout ce que leur disaient les professeurs tant elle était angoissée à l’idée de passer à côté d’un élément essentiel à la compréhension du cours : ses cahiers étaient donc des comptes-rendus rigoureusement exacts des propos tenus par les enseignants, mais ils étaient bien trop exhaustifs pour être retenus facilement. Wilhelmina s’employait pourtant à les apprendre avec une constance admirable depuis Septembre, ce qui, associé à sa sempiternelle lenteur, expliquait qu’elle fût toujours la dernière à rejoindre son dortoir, le soir.
- Ah b-b-b-bon ? Demanda-t-elle, tu crois, v-v-v-vraiment ? Il ne f-f-f-f-faut pas tout re-t-t-t-tenir ? Mais… Si ça tombe en devoir ? Tu fais quoi ?
Car il était impensable, pour Wilhelmina de ne pas savoir répondre à une question, en contrôle. Elle était une bille en pratique, mais elle tenait à sa dignité à l’écrit !
Invité
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Mer 7 Aoû - 9:04
Line n'ayant pas terminé sa tirade sur la meilleure façon d'apprendre ses leçons avait volontairement omis de répondre à sa camarade sur sa stupidité. Visiblement, non seulement la jeune fille manquait cruellement d'empathie (sinon, elle aurait compris qu'Opaline tapait sur la table pour une importante raison – tout le monde est sensé la comprendre voyez-vous -), mais en plus elle souffrait d'un fort complexe d'infériorité. Bien qu'Opaline ne se prenne pas pour la meilleure dans tous les domaines elle était juste née avec une cuillère en or dans la bouche, chance!, elle était bien loin de ce type de considération. Dans le petit monde de la lionne, tout était possible avec un peu de volonté et de pugnacité. Par tout, elle entendait des choses concrètes comme réussir à devenir un bon joueur de Quidditch, avoir des bonnes notes ou se mettre en valeur, elle savait depuis aussi longtemps que sa mémoire remontait qu'en revanche il y avait des paramètres impossibles à contrôler : la mort ou l'amour par exemple.
Comme Mina avait le nez qui coulait, Opaline sortit un mouchoir qu'elle poussa vers elle, mais ne fit pas plus de commentaire que précédemment. Quand elle avait une idée en tête, difficile de l'en déloger. Plus têtue qu'elle était impossible à trouver ! Elle tenait probablement ça de sa mère, mais ce n'était ni le lieu, ni l'heure de réfléchir au miracle de la génétique sur le caractère des pré-adolescents de Poudlard.
« Tout le monde parle en étude. Mais tout le monde fait aussi semblant de ne pas le faire. » Affirma Opaline en désignant d'un geste vague le reste de la salle. Presque aucun élève ne travaillait vraiment. Certes, certains avaient des activités très silencieuses comme lire le journal/un roman ou écrire à leurs parents, mais l'étude n'avait jamais été un lieu de travail réel. Déjà, on ne pouvait pas s'entraîner aux sortilèges ou aux métamorphoses, or, la pratique était notée sur un très gros coefficient. Il n'y avait pas non plus les livres nécessaires aux diverses recherches qui leur étaient régulièrement demandées. A part repasser les leçons comme le faisait Mina, il n'y avait pas de vrai travail qui pouvait être fait en étude. Elle n'était pas depuis longtemps à Poudlard, mais elle s'en était vite rendu compte. En plus, septième enfant de sa fratrie, elle avait souvent entendu parler ses frères ou ses sœurs. Vickie par exemple n'avait sûrement jamais écrit une ligne en étude ! Quoique, en première année, peut-être, c'était à vérifier. « Il faut juste le faire discrètement. » Pour que ce soit considérer comme de la parole utile (aux devoirs) et pas comme du bavardage intempestif.
« Tu vois, c'est pour ça que je te dis que tu es stupide. Crois-moi, si je voulais me moquer de toi, tu le saurais. » Mais ce n'était pas le cas, elle avait plutôt envie de secouer Mina comme un prunier pour qu'elle réagisse un peu et arrête de se complaire dans cette attitude geignarde et agaçante. Encore une fois, quand on veut, on peut, et Mina semblait se trouver toutes les excuses possibles et imaginables pour ne pas vouloir assez.
« Il ne faut pas tout retenir pour le prochain cours, nuance. Et il y a des points plus importants que d'autres qui, en contrôle, te donneront à leur tour plus de points. C'est eux que tu dois absolument connaître pour la prochaine fois, une fois que tu maîtriseras le sortilège, tu pourras regarder ce qu'il y a autour pour le contrôle écrit. Personne ne peut apprendre et réussir son sortilège en s'encombrant des futilités. » A part peut-être de très bons élèves, mais elle ne parierait pas un copek sur Mina à ce niveau. D'ailleurs, elle commençait à se demander si ce n'était pas cette élève qui causait des catastrophes pendant les cours... Mais elle s'abstint de le demander, ce n'était pas le meilleur moyen de se comporter en justicière bienfaitrice (l'idéal absolu d'Opaline).
Wilhelmina Kilgarvan
Parchemins : 324Âge : 21 ans (31/07/95) Actuellement : Département des Mystères Points : 0
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Ven 9 Aoû - 0:07
- M-m-merci, dit Wilhelmina, en prenant le mouchoir que lui tendait Opaline. Elle s’efforça de se moucher en faisant le moins de bruit possible, mais ne parvint qu’à donner le sentiment qu’un canard particulièrement enrhumé avait élu domicile dans la Grande Salle. Pouet, pouet ! Un peu gênée, la fillette s’empressa de faire disparaître l’arme du crime dans son sac de cours et gratifia la Gryffondor d’un pâle sourire contrit. Elle ne lui faisait absolument pas confiance, mais elle devait bien admettre qu’il était plutôt gentil de sa part de ne pas avoir fait de commentaire désobligeant sur ses reniflements de malheureuse en détresse.
Bien malgré elle – car elle s’était promis de ne jamais bavarder en étude pour ne pas déranger les autres élèves – la Serdaigle ne pouvait s’empêcher d’être intriguée par les informations que la Gryffondor ne cessait de distiller au fil de ses réponses. Une fois de plus, elle avait le sentiment que le monde sorcier était un univers mystérieux qui lui resterait à jamais incompréhensible. C’était assommant, à la fin, de constater, jour après jour, que même quand elle faisait preuve de la meilleure volonté du monde, elle ne parvenait tout simplement à s’adapter à Poudlard et à la magie. Elle était la seule élève qui sursautait de surprise quand les hiboux surgissaient dans la Grande Salle, au petit déjeuner, la seule à se tordre les mains de désespoir quand les professeurs annonçaient un cours pratique, et la seule à voir dans le Quidditch une forme de suicide qui taisait son nom.
- C’est vrai ? Demanda-t-elle, si incrédule qu’elle en oublia de bégayer mais… Et les professeurs ne disent rien ? C’est… Enfin… Ils devraient punir les bavards, normalement ! C’est un peu laxiste, non ? Et si on prenait exemple sur l’étude pour se mettre à parler en cours ? Ne me dis pas qu’il y a aussi des gens qui parlent en cours ! Dans mon ancienne école, on avait un blâme quand on bavardait, même si c’était dans les couloirs ! Et au bout de trois blâmes, la directrice convoquait les parents. C’était très sévère.
Peut-être même trop, maintenant qu’elle y repensait. Poudlard avait de nombreux défauts, à ses yeux, mais il était plutôt agréable de ne pas trembler de la tête au pied à l’idée d’écoper d’un blâme uniquement parce qu’on avait demandé à son voisin de prêter sa gomme (combo : blâme pour bavardage et blâme pour affaires oubliées). *Mais ça ne compense pas vraiment tout le reste…* Tempéra la Serdaigle. Elle avait la rancune tenace et n’était pas prête à pardonner à Poudlard ses escaliers farceurs et ses tableaux animés. Elle avait frôlé l’arrêt cardiaque la première fois que le Troll de Dansons avec les Trolls avait grogné à son attention, alors qu’elle errait, complément perdue, au deuxième étage. Sans oublier son mutisme déplorable chaque fois qu’elle croisait la Dame Grise : le fantôme de Serdaigle allait finir par la prendre en grippe… *Au moins, comme ça, je ferai l’unanimité à Serdaigle…* Songea-elle, avec un soupçon d’amertume.
Elle s’efforça de chasser de son esprit les regards noirs dont elle avait encore écopé à la table du petit-déjeuner, ce matin-là. L’histoire du devoir supplémentaire qui lui avait été imposé par son professeur de potion après qu’elle eut manqué, pour la troisième fois consécutive, sa potion d’Insomnie. Dommage, parce qu’elle lui aurait été bien utile pour ressasser toutes ses leçons jusqu’à l’aube ! En tous les cas, elle avait, une fois de plus, mis à mal la réputation de Serdaigle. Elle voulait bien vendre son âme à Opaline si seulement celle-ci pouvait lui garantir qu’elle progresserait, aussi commença-t-elle à prêter une oreille plus attentive aux conseils de la Gryffondor. Certains détails titillaient toutefois sa fibre de grande inquiète et ce fut d’un ton encore un peu réticent qu’elle répondit :
- Mais… Et si le professeur décide de faire un contrôle surprise au prochain cours ? Il faudra bien connaître tous les détails, sinon, on aura une mauvaise note… ça ne te fait pas peur, à toi ? Demanda-t-elle, en coulant un œil admiratif en direction de la Gryffondor. Et puis, rajouta-t-elle, comment tu fais pour apprendre à maîtriser un sort si on n’a pas le droit de s’entraîner en-dehors des cours ? Je veux dire, moi, jesuishypernulle, alors il faudrait que je puisse travailler la pratique le soir… Conclut-elle avec maladresse, en sentant ses joues rougir à nouveau.
Invité
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Sam 10 Aoû - 11:06
Opaline ne voyait décidément pas ce que bavarder en étude avait de si extraordinaire. Tous les élèves cherchent à bavarder, y compris en cours soit dit en passant, la seule chose qui différenciait ceux qui se faisaient punir de leurs camarades était que certains savent le faire discrètement ou avec assez d'aplomb pour que ça passe, tandis que d'autres mettent assez vite les pieds dans le plat et se font attraper. Jamais Line qui avait été éduqué quand même n'irait par exemple s'amuser à faire une farce en plein milieu de l'étude ou utiliser sa baguette magique. Elle parlait, mais elle ne faisait que ça, et quand – en veille de grand contrôle – le silence était pesant, elle envoyait des petits mots. Là encore, il fallait avoir la technique. Envoyer le mot dans un taille crayon par exemple c'était une technique complètement éventé. Le mieux était de partager un manuel avec son voisin et de glisser la feuille entre les pages rapidement mais naturellement. Opaline était un peu roublarde, avouons-le, et elle tenait ça de sa fameuse généalogie, la majorité des membres de sa famille étant passé par Serpentard. Toutefois, elle, elle ne se sentait pas l'âme d'une vipère. Elle pouvait mordre, mais elle n'avait pas de grandes ambitions et elle n'était pas prête à tout pour réussir. Montgomery un jour, Montgomery toujours, elle tenait à ce qu'on la respecte sinon elle faisait un caprice, mais elle ne désirait pas écraser les autres pour avancer dans la vie. Bien au contraire, son idéal était de devenir plus tard une grande philanthrope. Elle attendait avec impatience le moment où elle aurait l'âge d'accompagner sa grand-mère maternelle dans les soirées de bienfaisances et plus encore le moment où elle pourrait y aller aussi. Elle voulait devenir médicomage aussi, ou alors exploratrice comme sa grande sœur Isabelle, mais dans les deux cas, elle voulait aller dans les populations défavorisées pour les aider. Certes, ce rêve n'était pas dénué d'orgueil, car à travers ses bonnes actions (elle donnait déjà à pas mal de causes sur les bénéfices de ses actions via son tuteur), elle améliorait l'image qu'elle avait d'elle-même, mais au fond, seul le résultat comptait : elle était différente du reste de sa famille, si ce n'est d'Edward qui avait été préfet de Gryffondor en son temps et avec qui elle partageait ce côté un peu idéaliste forcené (mais elle avait plus de caractère, donc ça s'exprimait autrement).
Tout ça pour dire que bon cœur ne veut pas dire élève modèle et que pour Opaline une scolarité réussie ne pouvait pas se passer d'un peu de piment de tentatives de contourner le règlement quoi.
« Et bien... tout dépend ce que tu appelles du bavardage. Il y a un léger bruit de fond, mais on ne peut pas dire que la Grande Salle soit très bruyante là, non ? En plus, ils savent très bien qu'on a notre journée de cours dans les pattes, nous sommes des ado', pas des robots ! » Elle grimaça et savoura le fait que pour une fois son frère n'était pas là pour lui dire qu'elle était loin d'être une ado' et qu'elle n'était encore qu'une toute petite fille. Christian était adorable, il faisait un super papa de substitution, mais lui comme tant d'autres chez elle avaient du mal à voir qu'elle n'avait plus deux ans (mais nous vous accordons que pré-ado' serait un terme plus adéquat). « Quant à ton école d'avant... une seule chose à dire : elle craignait. Dans mon école, ça ne se passait pas du tout comme ça, en fait, c'était même plus bruyant que Poudlard parce que c'était une école de moldu et certains instituteurs ne savaient plus trop où donner de la tête. J'avais des camarades un peu foufou. » Mais elle n'était pas du lot, elle savait que si elle ramenait un mot chez elle sur son attitude, elle ne serait plus la petite princesse du manoir pendant un bon moment. Et elle n'aimait pas que Candys (sa nièce mais qui avait seulement deux ans et demi de moins qu'elle) lui vole la vedette.
« Flitwick n'est pas du genre à faire des contrôles surprises, ça c'est plus le style de Lorne. Un contrôle c'est comme une stratégie guerrière, il faut connaître son adversaire. En fonction des professeurs, tu n'as ni les mêmes risques, ni les mêmes méthodes. Il suffit de se renseigner auprès des élèves plus âgés pour savoir à quoi s'attendre, or, Flitwick, son truc, c'est la pratique. Donc commence par apprendre comment faire le sortilège, tu verras la théorie pure plus tard, ce week-end par exemple, quand tu auras plus de temps et pas une journée chargée derrière toi. Mon frère dit toujours qu'on apprend mieux le matin. » Ce qui lui avait valu lorsqu'elle vivait encore au manoir de devoir apprendre ses leçons le samedi et le dimanche matin sur un créneau fixé par Christian, et c'était valable pour tous les enfants de la famille (à compté du moment où les jumeaux avaient eu l'âge d'aller à l'école). En tout cas, de son point de vu, Mina se faisait vraiment du soucis pour rien, mais au moins, Opaline se sentait utile, ce qui lui faisait oublier petit à petit son énervement premier (en plus d'être difficile, elle était aussi un peu lunatique).
« Dans la salle commune, si tu te mets dans un coin, personne ne te dira rien et tu pourras t'entraîner tranquille pour les sortilèges et les métamorphoses. Pour les travaux pratiques de botaniques, actuellement la serre est en reconstruction, mais d'ordinaire, on peut y aller sur certains créneaux le week-end. Il n'y a que pour les potions que c'est plus compliqué... » Car on avait besoin d'un chaudron et d'un feu pour les potions, du coup, impossible de faire ça dans la salle commune. « Mais je crois que la solution à tes problèmes est très simple, tu devrais demander de l'aide à un élève des années au-dessus. » Opaline trouvait que c'était idéal pour que Mina parvienne à bosser sa pratique. Mais ça supposait aller trouver un élève plus âgé pour le lui demander. Line aurait le culot de le faire, mais Mina ? Réponse au prochain épisode !
Wilhelmina Kilgarvan
Parchemins : 324Âge : 21 ans (31/07/95) Actuellement : Département des Mystères Points : 0
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Lun 12 Aoû - 0:02
Maintenant qu’elle avait compris qu’Opaline n’avait pas l’intention de la fouetter en place publique – du moins, pas dans l’immédiat (car une partie de son cerveau soupçonnait encore la Gryffondor de retarder la sentence pour mieux y faire participer tous ses amis : « Hé, les gars, venez, j’ai une Serdaigle à lapider, après le cours de métamorphose ! ») – Wilhelmina semblait recouvrer progressivement ses esprits, bien qu’elle ne pût s’empêcher de continuer à lancer des coups d’œil anxieux en direction de leur surveillant. Sa camarade avait beau dire, parler en étude la mettait mal à l’aise.
*Si Mrs Fitzek me voyait, quelle déception je serais pour elle !* Songea-t-elle en se dandinant sur sa chaise, visiblement très gênée à l’idée que le récit de sa mauvaise conduite parvinsse aux oreilles de son institutrice favorite. Mrs Fitzek, qui s’occupait des petits dans son ancienne école primaire, avait été la seule de ses enseignantes à ne jamais perdre patience face à sa lenteur et à son mutisme. La seule aussi à lui avoir jamais donné des bons points ou à avoir cité son comportement exemplaire comme modèle à suivre pour le reste de la classe. C’était sans doute grâce à elle que Wilhelmina savait lire convenablement : avec une autre institutrice, elle n’aurait probablement jamais été capable de déchiffrer plus de deux syllabes de suite, tant elle aurait été tétanisée. Ainsi, la Serdaigle continuait à appliquer avec constance les préceptes de son ancienne école, moins par fidélité pour celle-ci que par affection envers son institutrice chérie.
C’est certainement tout le respect qu’elle avait pour elle qui la poussa d’ailleurs à rétorquer, d’un ton un peu plus vif qu’elle ne l’aurait souhaité, car la Gryffondor semblait avoir un fort caractère et n’appréciait sans doute pas d’être contredite : - Oh ! Ce n’est pas parce que c’est une école pour les moldus qu’elle est plus bruyante que Poudlard ! Je suis sûre qu’il y a déjà eu des professeurs sans autorité à Poudlard et des élèves perturbateurs. Peut-être qu’on est simplement bien tombé cette année, mais, honnêtement, je n’ai pas l’impression que vous, les sorciers, vous soyez particulièrement plus disciplinés que les moldus, ajouta-t-elle, d'une voix vibrante de conviction.
Wilhelmina ne fréquentait pas le monde magique depuis bien longtemps – et paraissait même avoir beaucoup de mal à se considérer autrement que comme une moldue catapultée là par hasard - , mais elle avait d’ores et déjà compris qu’un certain nombre de sorciers considérait les moldus avec, au mieux une forme de condescendance amusée, au pire une supériorité écrasante et un exécrable mépris. Née moldue, la fillette se sentait blessée dans son amour propre – qu’elle n’avait pourtant pas bien grand – chaque fois qu’une réflexion un peu moqueuse à leur égard parvenait à ses oreilles : c’était comme si quelqu’un lui disait que ses parents et ses frères valaient moins que les sorciers uniquement parce qu’ils ne savaient pas faire voler une plume dans les airs (un exercice idiot, soit dit en passant. On obtenait exactement le même résultat si seulement on voulait bien se donner la peine d’attendre que le vent se lève coucou Ken Loach, coucou) ! C’était franchement stupide, de juger les gens sur un talent qui leur était acquis dès la naissance.
Certes, les sorciers étaient doués quand il s’agissait d’agiter une baguette magique, mais est-ce qu’un seul d’entre eux s’était jamais imposé comme auteur de génie dans le patrimoine culturel national ? Non ! Tout ce qu’ils savaient écrire apparemment, c’était des ouvrages sur les maladies des dragons ou les différentes espèces de plantes voraces d’Afrique Centrale. Elle ne remettait pas en cause l’intérêt pratique de tels livres, mais quant à leur qualité littéraire… Elle était inexistante. Du haut de ses onze ans, Mina les qualifiait, non sans une pointe de fierté qui ne lui était pas coutumière, de « livres-objets » car ils étaient purement utilitaires. On les consultait pour y trouver des informations précises qui viendraient étoffer une dissertation, jamais pour le pur plaisir d’une lecture désintéressée. Pour cela, il aurait fallu qu’ils soient à même de faire travailler l’imagination des lecteurs (on pourra alors lui arguer que Promenons-nous avec les dragons, par exemple, pur ouvrage théorique énumérant les différentes races de dragons du monde, vous mettait en tête de curieuses idées sur, au hasard, le bacon grillé, les flammes incandescentes et les crocs pointus. Quiconque le lisait se voyait condamné à passer le reste de ses jours à scruter le ciel d'un oeil inquiet). Or, même le Serdaigle le plus tenace finirait par jeter l’éponge face à des dizaines de pages de description détaillée de la veracrasse ! Et qu’on ne lui parle pas des Contes de Deedle le Barbe… Beeble le Barde… Enfin de l’autre type, là : elle en avait acheté un exemplaire à Fleury-et-Boots, en août dernier, et avait été très déçue. Mais à quoi pouvait-elle s’attendre ? Une poignée de contes mal écrits ne pouvaient prétendre rivaliser avec les récits des Grimm ou ceux de Perrault.
*Et puis tant qu’à faire,* Rajouta-t-elle par devers elle, *pourquoi ne pas pousser le vice jusqu’à dire que les enfants nés de moldus sont forcément moins bons sorciers que les autres ? Bon, dans mon cas, c’est vrai, mais je suis la seule catastrophe ambulante de l’année et je ne dois pas être la seule fille de moldus ! En plus, j’étais déjà affreuse en primaire alors que j’étais avec des moldus ! * Non, Wilhelmina ne s’était pas renseignée sur les événements qui avaient ébranlé le monde sorcier dans la décennie précédente, sans cela, elle aurait su que cette hiérarchie, qu’elle trouvait abjecte, avait été une réalité politique dans un passé proche et restait probablement gravée dans un certain nombre d’esprits imbus d’eux-mêmes.
Forte de ces réflexions, la fillette concéda toutefois, après un instant de silence : - Bon, je suppose que les professeurs sorciers ont pour eux de pouvoir faire beaucoup de pratique avec les élèves, ce qui les intéresse sans doute plus que des heures de cours sur la couleur du cheval blanc d’Henry VIII, mais , dans ce cas, leur attention est plus liée à la manière dont les cours doivent nécessairement se dérouler qu’à euh… leurs qualités d’élèves sages… Euh… Je veux dire, insista-t-elle, car elle voulait à tout prix qu’Opaline l’entende bien, c’est sans doute plus facile de tenir une classe quand elle est intéressée, non ? Et euh… C’est plus facile d’intéresser un élève quand il sait qu’il va utiliser sa baguette magique… Euh… Enfin sauf moi, bien entendu… D’ailleurs… Euh… je crois qu’il y a plus de bruit en histoire de la magie, non ? Parce que c’est très théorique et certains décrochent… C’est dommage, c’est vraiment bien, précisa-t-elle, sans aucune malice, car elle trouvait les cours d’Histoire de la Magie tout à fait passionnants. Il fallait dire que ne pas avoir à redouter à tout moment qu’on lui demande de prendre un chaudron ou de transformer une chaussette en bas résille constituait, à ses yeux, l’atout charme de l’Histoire de la Magie (Histoire de la Magie + 10 points, Métamorphose, - 50 points).
Gênée de s’être ainsi laissée aller à parler ouvertement a) à une quasi-inconnue prête à lui dévisser la tête trois minutes plus tôt et b) avec une virulence telle que le dévissage de tête n’allait pas tarder à faire son grand retour dans l’actualité, Wilhelmina tritura nerveusement une mèche de ses cheveux roux et marmonna, comme pour s’excuser d’avoir une opinion sur le sujet : - Enfin ce que j’en dis, hein…
Pour tenter de faire oublier à Opaline ce qui, à ses yeux, passait déjà pour une terrible querelle alors qu’il ne s’agissait, si on tenait vraiment à se montrer pessimiste, que d’un vague désaccord, Wilhelmina s’empressa de poursuivre : - Ah bon ? On peut s’entraîner dans la salle commune ? Mais… Et les préfets ne disent rien ? Ils ne font pas du tout leur travail, Seigneur, c’est un scandale ! Je vais aller les dénoncer ! Quelqu’un a certainement déjà dû provoquer des accidents terribles ! *Et je vais m’empresser de suivre ses traces…* Rajouta-t-elle, avec – hélas – réalisme. - En tout cas, assura-t-elle en fronçant les sourcils d’un air pensif, je n’oserai jamais demander à un grand de m’aider ! Ils ont des tonnes de devoirs à faire tous les soirs et des sorts très compliqués à travailler, j’en suis sûre ! Alors s’ils perdent du temps à m’aider, ils risquent de rater leur année ! Tu imagines que certains d’entre eux passent leurs BUSEs ? Moi je suis sûre que je n’en aurai jamais plus d’une ou deux… Et je ne sais même pas ce que je vais prendre comme options en troisième année ! Tu sais, toi ? Je pensais que j’avais le temps d’y réfléchir, mais une fille de Serdaigle m’a dit que c’était important d’organiser son plan d’études dès maintenant, sinon on risquait de se retrouver à faire un métier minable… Mais je ne sais même pas quels métiers il y a dans le monde sorcier ! C’est vraiment très stressant…Acheva-t-elle, dans un soupir désespéré.
Si elle laissait son imagination galoper suffisamment loin, elle se voyait déjà obligée de mendier sous un pont de Londres pour survivre.
[1500 mots environ]
1540
Invité
Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] Mar 13 Aoû - 12:36
Opaline n'avait pas complètement perdu de sa nervosité première, aussi attrapa-t-elle dans ses affaires un crayon à papier qu'elle fit tourner entre ses doigts pour les occuper. Certes, elle ne pensait plus vraiment à Christian et à ses projets (idiots) de réunion de famille pour les fêtes, mais elle n'en était pas moins encore un peu sur les nerfs. Qui plus est, la jeune aigle qui lui faisait face était particulièrement obtuse et Opaline n'était pas réputée pour sa grande patience.
« J'voudrais pas te froisser, mais t'es au courant que tu es une sorcière toi aussi ? Parce que quand on t'écoute, ça n'a pas l'air clair. » Elle fit tourner un peu plus vite le stylo qui finit par lui échapper et qui tomba sur la table. Elle le récupéra et le recommença son petit jeu qui lui permettait de canaliser son trop plein de nervosité (même si, pour les autres, ça devait être plutôt stressant de la regarder faire). « Puis tu peux garder ton ton dédaigneux pour toi, les moldu je connais, j'étais justement dans une école de moldu. Seulement, le fait est que j'ai moins peur de copier des lignes que de m'occuper de veracrasses ou de finir métamorphoser en fouine. » La légende Drago Malefoy transformé en fouine en punition dont ne savait plus trop quoi était bien entendue parvenu aux oreilles de la jeune fille puisque trois de ses frères et sœurs étaient du même âge (les triplets donc). Elle voulait bien accorder à son interlocutrice que les enfants sorciers n'étaient pas par nature plus disciplinés, c'était seulement la punition qui était nettement plus terrifiante. Surtout qu'en plus des faits avérés, il y avait des tas de rumeurs qui couraient dans l'école de châtiments inconnus des petits sorciers et qui nourrissaient certaines angoisses auprès des élèves. Les châtiments infligés par le professeur Lorne étaient particulièrement vicelards, mais ceux-là avaient le mérite d'être vérifiés, ce n'était pas le cas de beaucoup d'autres.
« Et pour ce que ça vaut, mon père était moldu. » Ajouta-t-elle avec mauvaise humeur. Si elle n'était pas à Serpentard, ce n'était pas pour qu'on l'accuse d'être comme ces gens-là oui, oui, elle sait que la moitié de sa famille y était. Elle détestait parler de ses parents parce qu'elle ne les avait pas connu et qu'elle ne savait rien d'eux. Le fait était à ce propos qu'elle ne connaissait de son père quasiment que l'information qu'elle venait de donner à sa camarade. Christian ne parlait jamais de leur père. Cela mettait forcément mal à l'aise le reste de leurs frères et sœurs (qui n'étaient que demi-frères et sœurs avec eux stricto-sensu) et Christian lui-même n'était pas très à l'aise avec ça. Elle était orpheline, n'en souffrait pas vraiment, et si elle entendait fréquemment parler de sa mère, ne savait rien de son père. Pour une sang-mêlée avérée, on pouvait même dire qu'elle n'était pas vraiment dans une famille qui le montrait. Chez elle, tout le monde était sorcier. Sauf ce père inconnu justement, cet homme que sa mère avait aimé au point de le suivre dans la mort peu après sa naissance.
« Il y a plus de bruits en histoire de la magie parce que tout le monde se fiche bien de la vie des gobelins. Sans compter que ce qu'on nous enseigne est complètement biaisé, les programmes ne parlent pas des choses importantes. » Comme la guerre contre vous-savez-qui. C'était récent, mais ça prenait ses racines dans des événements plus vieux. Sauf que personne au ministère n'avait le courage d'assumer les erreurs de l'époque. On pouvait bien entendu tout mettre sur le dos des mangemorts, mais ce serait trop facile. Elle ne se souvenait pas de la guerre car elle était toute petite à l'époque, heureusement, elle était bien au courant quand même car on lui en avait parlé. Et elle avait bien pris notes des erreurs d'alors. Ce qui expliquait peut-être pourquoi elle ne s'était pas encore complètement mise en colère contre Mina, ou même contre quiconque d'autre dans l'école. Paix, amour et justice, des idéaux très chers au cœur d'Opaline (bien qu'un peu utopiste, on vous le concède).
« Après, peut-être que tu as raison, et que la pratique est effectivement un élément plus motivant, mais je ne sais pas, moi c'est vraiment la perspective de la punition qui me fait me tenir sagement en cours. » Était-elle forcément un modèle en la matière ? Pas sûr, elle avait un peu tendance à faire des bêtises avec son grand copain Dwayne dès que l'occasion se présentait. Rien de méchant, elle était simplement un peu remuante.
Ecoutant les craintes de sa camarade à propos des grands et du futur, elle fronça les sourcils et arrêta (enfin) de jouer avec son stylo. « Tu serais pas un peu névrosée ? Parce que c'est juste pas possible que tu penses ce que tu dis ! Pas pour de vrai hein ? » Et pourtant, il semblait bien que si... « Réussis ta première année, tu réfléchiras aux options l'année prochaine. Et arrête de te prendre la tête, tu demandes de l'aide, on te réponds oui ou on te réponds non et puis c'est tout. Le principe de nous mettre dans des maisons c'est celui de la solidarité. On place les gens par affinités pour qu'ils puissent nouer des liens voire s'entraider. Si c'est pour rester avec tes problèmes, à quoi bon ? Et personne ne ratera ses BUSEs parce qu'il a passé une soirée à t'aider. Tu ne crois quand même pas que les élèves ne font que réviser toute l'année, si ? » Au point où elles en étaient, peut-être que si. Plus rien ne l'étonnerait de la part de cette fille. Cela dit, l'envie de secouer Mina comme un prunier ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure qu'elles discutaient. Cette fille était trop angoissée, il fallait qu'elle se détende ! Si elle continuait à penser comme ça au boulot, aux devoirs, à sa conduite, elle allait finir par imploser ! Ils étaient dans une école de sorcier, pas dans une maison d'arrêt pour mineur nom d'un elfe de maison !
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Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]