Attention, danger [PV]

Myrielle voyait rarement son demi-frère. Entre sa boutique et sa « mission », elle était sacrément occupée, et puis, il fallait aussi qu'elle s'occupe de son fils, d'Alexis, bref, Myrielle et Clément avaient chacun construit leur vie. Cependant, dans le petit monde des sang pur, les nouvelles vont vites, et elle avait été effaré de recevoir un hibou lui annonçant (en tant qu'héritière légitime des Symphonie) que son frère avait reçu une proposition de mariage très alléchante pour un batard. Si, si, c'était comme ça que le hibou avait été formulé. On lui demandait son avis (on poussait jusqu'à lui demander la permission hein) et Myrielle avait vu... rouge.

Nul n'ignore que quand la rouquine explosive commence à s'énerver, il faut que quelqu'un subisse sa crise. En l'occurrence, comme elle ne se voyait pas aller taper un scandale chez de parfaits inconnus, elle décida arbitrairement d'aller toquer chez son demi-frère. Rétrospectivement, cela ferait remonter des souvenirs nostalgiques de l'époque où elle était une serpentard bornée et Clément un gryffondor affirmé et qu'ils se chamaillaient en ignorant qui ils étaient l'un pour l'autre.

Il avait à peine ouvert la porte qu'il se retrouva avec un couteau sous la gorge. « Recule, il faut qu'on parle petit frère. » Quand Myrielle était fâchée, la première chose qu'elle faisait c'était sortir ses lames, c'était presque devenu un réflexe à force. Heureusement, d'habitude, elle se contrôlait, mais là, elle était un peu trop énervée pour ça, puis c'était Clément, pas un inconnu. Il savait mieux que personne (si ce n'est Alex) combien Myrielle pouvait être psychopathe quand ça la prenait.

Elle ferma la porte d'un coup de pied. Elle s'était mise en tenue de « travail » pour venir, et ce n'était pas la tenue qu'elle mettait pour aller à la boutique, non c'était celle qu'elle portait quand elle endossait la malédiction des Symphonie. Leur devise : Une arme frappe ou se brise...

« Qui dois-je tuer ? » Comment ça ce n'était pas clair comme question ? Elle avait l'impression pourtant ! Néanmoins, pour être plus limpide, elle balança la lettre qu'elle avait reçu sur Clément dans laquelle un de ses amis sang pur l'informait que son frère bâtard avait eu l'honneur d'une proposition de mariage arrangé avec une autre sang pur. Ils étaient si rares (disaient la lettre) qu'il ne fallait pas cracher sur un héritier illégitime. Elle ne savait pas encore si c'était qu'on traite son demi-frère de bâtard qui la dérangeait ou si c'était que son frère aille à une rencontre pour un mariage sans le lui dire. Elle avait décrété que c'étaient les deux, raison pour laquelle elle avait sorti son poignard devant lui et ne le quittait pas (avec Clément, il fallait rester sur ses gardes, il n'était pas entraîné, mais il avait du sang de Symphonie dans les veines aussi).

« Je suis ta SOEUR » cracha-t-elle, visiblement encore très énervée. Sa peau très pâle était légèrement teinté de rouge au niveau des joues ce qui – comme ses cheveux – tranchait avec le noir de sa tenue. « Tu ne crois pas que tu pourrais me parler d'un truc aussi débile AVANT de t'y rendre ! » Bon, certes, Clément et elle n'étaient pas très proches, mais si on comparait à sa relation avec son vrai frère Nathan, c'était carrément le grand amour, elle attendait au moins à être au courant de ce genre de chose ! Elle lui avait bien confié que Alexandre, son fils, n'était pas vraiment d'Alexis mais de Damian parce que Alexis était stérile. Elle, elle lui disait les choses, le minimum aurait été qu'il lui rende la pareille. Clara n'avait pas intérêt à lui faire ce genre de cachotteries aussi, sinon elle allait vraiment finir par péter un câble. La famille c'est sacré nom d'un elfe !

Myrielle ne releva pas l'humour douteux de son frère. 1) elle avait l'habitude depuis le temps, 2) elle n'était pas d'humeur à rire. Traitez-la de susceptible si vous voulez, mais elle avait mal pris cette lettre qu'elle trouvait insultante à plus d'un titre. Déjà, si on voulait être pointilleux, Clément n'était pas un Symphonie, il n'avait pas le nom et pas la marque. A ce titre, elle ne voyait pas pourquoi il serait obligé de se plier aux coutumes des sangs-purs. Certes, techniquement, il l'était, mais il ne pouvait rien revendiquer de leur fortune (leur père avait bien veillé à ce que la mère de Myrielle ne sache rien de tout ça, c'est que la rouquine ne tenait pas de nul part son caractère explosif).

« Parce que dans notre famille, on tue les gens. Mais peut-être que tu as oublié de préciser ce point à ta fiancée ? » Un rictus mauvais défigura le visage ordinairement parfait de la jolie rousse. Elle avait pris sur elle toute la malédiction, épargnant à la fois Nathan (qui était trop fou pour gérer) et Clément (qui, comme dit précédemment, n'était pas marqué). Cela ne voulait pas dire que Clément n'était pas concerné. « Dois-je te rappeler qu'il faudra un jour que je passe la malédiction à mon fils ou à un de tes enfants ? Parce que les idiots chez qui tu as été s'attendent à ce que tu fasses des enfants, non ? Sinon quel intérêt de prendre un sang pur ? » Une chose était sûre, si dans la plupart des familles de sang pur, les femmes étaient plutôt élevées pour être dociles, dans celle de Myrielle, on en faisait des tueuses professionnelles alors elles n'étaient pas vraiment faites pour rentrer dans le rang. Mais leur beauté était très réputée alors elles n'avaient jamais eu de mal à se trouver de mari. Myrielle était avec Alexis depuis Poudlard (mais ils n'étaient pas mariés pour différentes raisons) et c'était un sang pur, son fils était lui aussi un sang pur puisque Damian l'était, mais tout ça était plus ou moins le fait du hasard. A tout le moins était-ce inconscient.

« Parce que tu as accepté en plus ?! » Elle se retenait de hurler une nouvelle fois. Elle savait qu'elle devait se contrôler, elle ne comptait pas vraiment blesser Clément, seulement lui rappeler d'où il venait. Enfin, ça c'était il arrêtait de dire n'importe quoi.

En effet, au lieu de ranger son poignard, elle se baissa et sortit celui qui se trouvait dans sa botte. Le principe était simple:un poignard dans son corsage, un poignard sur sa cuisse ou dans sa botte (selon si elle était en jupe ou en pantalon) et sa baguette sous sa manche. Mais ça c'était uniquement en dernier recours. Sa famille considérait que le travail devait être fait sans utiliser la magie, parce que ce serait la souiller que de l'utiliser pour faire le mal. Paradoxal, certes, mais Nathan avait carrément viré barge et Myrielle n'était pas spécialement un modèle de stabilité quand il s'agissait de gérer sa colère, donc on se doutait qu'ils n'étaient pas issus d'une famille très très seine.

« Deux valent mieux qu'un, je n'ai aucunement l'intention de les ranger tant que tu ne m'auras pas expliquer comment tu en ais arrivé là. » Cependant, elle prit un ton plus posé et ajouta « Donc je t'écoute »

« Tsss... N'importe quoi. Tu es en train d'embarquer une pauvre fille dans notre famille sans même lui expliquer dans quoi elle s'engage. Je ne pourrais pas éternellement te protéger Clément, à un moment donné tu devras payer ton tribut de sang à la malédiction. Ta petite vie tranquille, tu ne la dois qu'à mon sacrifice. Penses-tu vraiment que ta bourgeoise aura les épaules pour la malédiction ? » Cela faisait bien dix ans, si ce n'était plus, que Myrielle n'avait pas parlé de la malédiction avec son frère. Voilà plusieurs centaines d'années, leur famille était sur le point de disparaître car ils ne trouvaient plus de jeunes sorcières sang pur qui accepte de devenir une Symphonie. Les Malefoy avaient alors offert une de leur fille aux Symphonies pour perpétuer la lignée, en échange de quoi, un pacte de sang avait été passé. A chaque génération, un enfant Symphonie devenait le protecteur des Malefoy. Si le pacte n'était pas respecté, la malédiction s'abattrait, mais en réalité, être une arme au service de quelqu'un était déjà en soi très lourd à porter. Qui plus est, le lien de sang entre les Malefoy et les Symphonie avait fini par devenir vicié, peu à peu, cette malédiction qui n'aurait dû intervenir qu'en cas de conflit entre les deux familles s'étaient insinué dans la lignée de Myrielle et Clément. Ils mourraient jeunes, très souvent avant trente-cinq ans, et quand ce n'était pas la mort qui les chassait, c'était la folie. Nathan par exemple était devenu fou, quant aux parents de Myrielle, ils étaient décédés. Drago ne demandait rien à Myrielle, ils étaient amis et il n'avait pas besoin d'elle, après tout, la guerre était finie. Pourtant, la magie appelait le sang, encore et toujours, celui des autres, ou à défaut, le leur. Celui des héritiers : Nathan, Myrielle et Clément. Myrielle avait été formée pour prendre le flambeau, elle était qui plus est marquée, donc elle avait pris sur elle de continuer à faire couler le sang pour sauver ses frères. Mais elle rêvait d'un avenir de paix et de douceur, elle ne pourrait pas continuer éternellement à vivre comme elle le faisait.

« Évidement, il faut te marier avant. » ironisa-t-elle sans pour autant poursuivre. En effet, elle n'était pas contente de la réponse suivante de son frère. « Autant dire que tu as accepté si tu n'as pas refusé. » gronda-t-elle furieusement. Elle garda ses poignards en main mais elle faisait tourner l'un d'eux dans l'une avec dextérité. « Crétin de Gryffondor. » Siffla-t-elle. « Te voilà pour ainsi dire fiancé parce que tu as eu pitié d'une pauvre fille dont tu ne sais absolument rien. » C'était là qu'on voyait qu'ils avaient une mère différente, Myrielle n'aurait jamais agi de cette manière ! Elle avait trop de bon sens, et surtout, elle refusait de mêler des étrangers à leurs histoires. Pourquoi croyez-vous qu'elle n'était pas encore mariée ?!