La vie avait continué et chacun s’était éloigné. Ils vivaient leur vie mais ils ne partageaient plus rien. Avaient-ils déjà partagé quelque chose, finalement ? Ils étaient si différents… Dans sa jeunesse, Opalyne avait sans doute eu une vie quelque peu similaire à Nicolas. De l’argent, du confort, des parents peu présents… Ils avaient eu des conditions de vie similaire. Nicolas étant bien plus exposé que la rouquine aux médias et ragots cependant. Mais la vie avait changé. Opalyne avait voulu que tout cela change. Elle n’en pouvait plus et en pleine crise adolescente, elle avait implosé en plein vol, détruisant tout sur son passage. Sa vie n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle avait pu avoir jadis. Elle n’avait pas d’argent, pas de renommée, pas de grands cocktails. Elle dansait à moitié nue sur une scène, travaillait tard et s’occupait de sa fille. Leurs moyens étaient faibles mais elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait encore jamais été. L’argent ne fait pas le bonheur, et elle en avait eu confirmation avec l’expérience. Nicolas, lui, vivait dans un autre monde. Un univers parallèle, proche et très éloigné à la fois. Et il était heureux, visiblement, ainsi. N’était-ce pas le principal ? La sorcière esquissa un sourire :
« Tout ce que je te souhaite, c’est d’être heureux, Nicolas. Je te souhaite très sincèrement. »
Elle le pensait du fond du cœur. Elle avait fini par accepter. Ils n’étaient pas destinés à être ensemble. Le destin avait fini par les rattraper et elle savait, à présent, qu’elle pouvait enfin s’envoler, sans regrets. Elle avait choisi sa voie et jamais elle ne le regretterait. Saphyr était sa raison d’être à présent. Alors qu’elle parlait d’elle à Nicolas, il la félicita et la sorcière le remercia d’un sourire entendu. Qu’il le pense ou non, elle aimait l’entendre et elle répondit dans un sourire :
« Merci. Elle devient très intéressante… Elle me demande beaucoup de temps et d’énergie, surtout avec mon travail à côté, ce n’est pas tous les jours facile. Mais on va s’en sortir toutes les deux, parce que je veux qu’elle n’ait que le meilleur. Et je ferais tout pour ça. »
Elle ne précisa rien sur le père. Ni qu’elle n’était pas avec, ni qui il était. Tout cela ne regardait pas Nicolas après tout. Et puis à quoi bon ? En quoi ces informations pouvaient-elles l’intéresser après tout ? Elle jeta un œil à l’heure et s’excusa :
« Je vais devoir y aller, il faut que je la récupère. Mais j’ai vraiment été très heureuse de te voir Nicolas. Et je suis vraiment sincère quand je te le dis. Je suis ravie de voir que tout va pour le mieux pour toi et je te souhaite de continuer à grimper l’échelle, aussi haut que tu le voudras. Tu le mérites. »
Elle se leva et sans lui laisser le temps de réagir, l’embrassa avec une douceur infinie sur le front, caressant son épaule du bout des doigts, une fraction de seconde puis sourit doucement :
« Bonne continuation… »
Elle n’ajouta pas à bientôt. Parce qu’il n’était pas sûr qu’il ait envie de la revoir. Il devait être bien trop au-dessus d’elle pour le désirer, et elle le comprenait. Ils n’avaient plus rien en commun à présent, pas même l’école, comme lorsqu’ils étaient encore à Poudlard. Ils n’avaient plus rien à partager… Etait-ce la fin ? A cette pensée, son cœur se serra douloureusement. La vie ne faisait jamais de cadeau. Ce qu’elle offrait, elle le reprenait toujours d’une manière ou d’une autre. C’était ainsi.