Ξ Sujet: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Sam 12 Mar - 14:01
Pour celui qui t'est fidèle
Adrien & Anabelle
Dans ta mémoire immortelle, Comme dans le reposoir D’une divine chapelle, Pour celui qui t’est fidèle, Garde l’amour et l’espoir.
Garde l’amour qui m’enivre, L’amour qui nous fait rêver ; Garde l’espoir qui fait vivre ; Garde la foi qui délivre, La foi qui nous doit sauver.
L’espoir, c’est de la lumière, L’amour, c’est une liqueur, Et la foi, c’est la prière. Mets ces trésors, ma très chère, Au plus profond de ton coeur.
Adrien et Anabelle ne rajeunissaient pas oui, je commence par enfoncer des portes ouvertes, je sais. Le jeune homme cherchait donc, petit pas par petit pas, à faire avancer leur relation. Une fois leur situation professionnelle stabilisée, surtout l'école d'Adrien qui lui avait demandé un investissement en argent et en temps considérable au départ, il avait demandé à Anabelle de vivre avec lui. Pour qu'ils partent du même pieds, ils avaient pris un nouvel appartement sur le chemin de traverse. Ainsi, ils l'avaient installé tous les deux, y mettant chacun sa trace (plutôt que ce soit l'un des deux qui s'installe dans l'espace de l'autre). Cela faisait maintenant quelques temps, pas tant que ça vu qu'ils avançaient comme des escargots, mais Adrien comptait aborder le sujet du mariage. Un jour il lui parlerait aussi d'enfants, mais heu… une chose à la fois. Et on pouvait considérer que tant que Victoria ne s'y était elle-même pas mise malgré son âge avancé keuf keuf c'était qu'ils n'étaient pas complètement à la ramasse. Pour être franc, Adrien aimerait un cadre familial assez classique avec mariage et un enfant (oui, un, ça lui semblait déjà pas mal), toutefois il savait bien que ça se décidait à deux et que souvent ses envies n'étaient pas celles d'Anabelle.
Prudemment, il était rentré chez eux plus tôt et il attendit son retour, le petit écrin contenant une bague de fiançailles posée sur la table basse. Nerveux, il avait fait le ménage, du coup la maison était nickel, ce qui n'était pas si commun que ça vu que Adrien était souvent très occupé, surtout quand il préparait un spectacle ou qu'il était consultant pour des chorégraphies comme c'était le cas au cabaret Black and Red. Mais là, faire le ménage, maîtriser quelque chose, cela lui permit de se sentir plus calme.
Quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir, il se releva, un genoux sur le canapé pour regarder dans cette direction. Bien sûr, c'était stupide, ça ne ferait qu'aiguiser la curiosité de Belle et en même temps, ça ne pouvait être qu'elle (ils ne vivaient que tous les deux, personne d'autre n'avait la clef). « Tu as passé une bonne journée Anabelle ? » Ce n'était jamais très bon signe quand il l'appelait par son nom complet, depuis leur troisième année à Poudlard (donc il y a une éternité), il lui donnait l'affectueux surnom de « Belle », et il ne lui adressait la parole avec son prénom entier que quand il était nerveux ou en colère. Misons que là, c'était la nervosité, même s'il allait aborder un sujet qui pouvait parfaitement mener à une semi-dispute (Ady cédant toujours avant qu'ils n'en viennent à vraiment se fâcher, il détestait le conflit).
Plus les secondes passaient, plus il doutait qu'il avait choisi le bon moment ou simplement que c'était une bonne idée. Paniqué, il jeta un coup d’œil à la bague sur la table basse… mais qui était encore cachée par le canapé et lui-même au regard de sa petite amie.
Mais pourquoi était-il allé dans cette galère...
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Dim 13 Mar - 18:07
Anabelle Montgomery était plutôt heureuse. Certes, elle devait toujours se coltiner une famille encombrante, dont chacun des membres ne semblait exister que pour la punir d’un crime qu’elle aurait commis dans une vie antérieure, et qui s’était, ces dernières années, agrandie à une vitesse affolante, mais elle ne leur rendait plus de comptes depuis qu’elle avait atteint sa majorité, si bien qu’elle pouvait tout à fait décider de ne plus jamais les revoir si l’envie lui en prenait, perspective qui l’aidait, à elle seule, à supporter les réunions de famille, toujours bien trop nombreuses et bien trop longues à son goût. Si elle voulait toutefois être parfaitement honnête, elle devait bien admettre que fréquenter ses frères et sœurs lui était devenu moins pénible depuis quelques temps : entre Victoria qui s’efforçait d’être aimable – phénomène plus que suspect, aux yeux d’Ana -, Opaline qui grandissait – et ne lui tirait donc plus les cheveux à la moindre contrariété -, et la ribambelle de petits Montgomery qui occupaient bien tout le monde pendant les repas (« Finis ta viande, laisse ta sœur tranquille, arrête de lancer des bouts de pain sur le bébé ! »), Anabelle avait à peu près la paix à laquelle elle avait tant aspiré depuis la mort de Claire. Elle aimait d’ailleurs beaucoup ses neveux (même si elle ne manquait pas de rouspéter à chaque Noël, quand il s’agissait de leur trouver des cadeaux), dont les pitreries lui rendaient la vie de famille plus acceptable.
Et puis, elle avait Adrien. Le doux, le calme, le compréhensif, le patient, le parfait Adrien, qui s’était accroché là où tant d’autres auraient jeté l’éponge, et qui avait su surmonter avec brio toutes les épreuves qu’elle avait pu lui faire subir. Anabelle avait beau continuer à ne pas être à l’aise avec les marques d’affection en public ("Tu me prends la main ? Pourquoi tu me prends la main ? T'as peur de te perdre ?"), et posséder le romantisme d’un chou farci (« Aller au restaurant ? Pourquoi ? Y’a plus rien à manger ? » « Fêter la Saint-Valentin ? Mais ? Tu t’appelles pas Valentin ! » « Partir en week-end ? On ne serait pas mieux ici ? »), elle aimait profondément Adrien, et avait cessé de combattre ses sentiments, pour profiter de chaque instant passé en sa compagnie. Leur aménagement sous le même toit était, à ses yeux, la consécration de leur idylle, et elle ne voyait rien, depuis, qui manquât à son bonheur sinon la mort d’Ollivander, qui la laisserait propriétaire de sa boutique, mouahaha l’assurance qu’il ne cesserait pas de sitôt. La perspective de retrouver le jeune homme tous les soirs suffisait à la faire sourire quand elle quittait le travail, si bien qu’Ollivander lui avait un jour fait remarquer que c’en était presque vexant (« Anabelle, mon petit, je vais finir par croire que je vous torture ! »). Elle avait beau faire, cependant, elle n’arrivait pas à s’empêcher de marcher d’un pas allègre quand elle rentrait chez elle ou, plutôt, chez eux.
Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elle ouvrît la porte avec entrain, ce soir-là, prête à oublier, en la compagnie d’Adrien, la taille des baguettes et le choix de leurs composants jusqu’au lendemain matin. - Bonsoir, claironna-t-elle, tandis qu’elle pénétrait dans l’appartement et envoyait ses souliers voler à l’autre bout de la pièce (« Des casiers à chaussures ? Je trouve ça tellement petit bourgeois… »), je suis ren… Elle s’arrêta net au beau milieu de sa phrase, et écarquilla les yeux d’un air stupéfait en découvrant l’appartement. Adrien et elle n’avaient rien de grosses goules dégoûtantes, mais ils n’étaient pas non plus des fanatiques du rangement, et on trouvait plus souvent des livres et des bibelots à traîner anarchiquement sur les meubles, que des fleurs fraîches et des bougies parfumées disposées avec art. Déstabilisée par l’ordre inhabituel qui régnait dans les lieux, Anabelle fronça les sourcils, vaguement inquiète, et lança un coup d’œil perçant à Adrien. * Anabelle ? Anabelle ? Oh mon Dieu, il attend un bébé il se passe quelque chose de grave ! * Songea-t-elle, tout en s’efforçant de maîtriser la vague de panique qui menaçait de l’assaillir. Elle ne se souvenait pas d’avoir déjà vu le jeune homme aussi solennel, et était convaincue que ses allures de hibou constipé n’annonçaient rien de bon. - Bon sang, commença-t-elle d’un ton prudent, c’est très… propre. On attend des invités ? Ma famille ne vient pas dîner, quand même ?
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Lun 14 Mar - 15:39
Adrien était toujours très raide et il veillait à cacher par sa haute silhouette la petite bague qui se trouvait sur la table basse. En fait, une partie de lui avait envie de faire machine arrière : non mais en fait j'avais juste envie de faire un peu de rangement, alors sinon ta journée ? Sauf que ça aurait été vraiment très lâche. Certes, il n'était pas spécialement courageux comme garçon, sa qualité c'était plutôt la patience, mais quand même, s'il n'avait même plus le droit de faire une proposition à sa petite amie, où ils allaient ? Et bien nul part, de toute évidence ! Ce n'était pas tellement que ce qu'il avait actuellement ne lui convenait pas, c'était plutôt qu'il était avide d'encore plus que ça. Il voulait un mariage, une jolie fête où ils se promettraient l'un à l'autre, il voulait partager un état civil avec celle qu'il aimait depuis son adolescence avec fidélité et ferveur… Adrien savait que ce n'était pas gagné d'avance, mais est-ce qu'on était toujours obligé de ne poser que des questions faciles à la personne avec qui on vivait ? Non ?! De plus, ils étaient ensemble depuis assez longtemps (dix ans tout de même) pour que ce ne soit pas considéré comme une toquade.
Bien sûr, se dire qu'Anabelle pouvait refuser sans que cela ne change rien était en partie faux, même Adrien avait assez d'orgueil pour se vexer d'être repoussé, sauf que le jeune homme ne voulait pas abandonner pour cette simple raison. Ils étaient capables de régler chaque question à deux, comme ils le faisaient depuis toujours, ou du moins depuis qu'ils étaient amis puis ensuite en couple.
« N… Non. J'étais juste un peu nerveux. » Fournit-il comme explication avec beaucoup de sincérité. « Tu veux bien approcher s'il te plaît ? » demanda-t-il en lui tendant la main par-dessus le dossier du canapé. Quand elle s'approcha, il la laissa examiner ce qu'il y avait autour d'eux, y compris la bague esseulée au milieu de la table. Il laissa passer quelques secondes – qu'il trouva vraiment très très longues -, et finit par dire ce qui devait l'être.
« J'aimerais te proposer le mariage… ou tout au moins qu'on en discute. Tu veux bien ? » Et son regard se fit implorant. Le patient, le gentil Adrien craignait qu'Anabelle ne lui claque entre les doigts comme elle l'avait si souvent fait depuis que sa mère était morte. Elle n'avait jamais été une grande fan du changement, c'était même pour ça qu'ils s'étaient installés aussi tard ensemble. Et il était vrai que jusqu'à il y a peu, Adrien n'avait pas réellement envisagé le mariage. En fait, c'était un peu parce que tout le monde le faisait qu'il avait commencé à en avoir envie, une raison un peu bête, il le reconnaissait… toutefois, il était aussi un romantique invétéré qui ne faisait la plupart du temps que réprimer ses pulsions fleurs bleues car il savait qu'Anabelle n'était pas comme lui. Il avait l'âme d'un artiste, il aimait le décorum… mais plus que tout ça, il aimait Anabelle. Ce qui était en soit une raison suffisante à ses yeux.
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Mer 16 Mar - 17:51
Anabelle avait beau avoir gagné en âge et, dans une certaine mesure, en maturité – j’en veux pour preuve qu’elle avait fini par apprendre à affronter la dure réalité sans passer par la case « ami imaginaire et ours en peluche » - , elle n’en demeurait pas moins fidèle à elle-même. Autrement dit, elle faisait preuve d’un talent inégalé quand il s’agissait de nier l’évidence, si jamais celle-ci avait le malheur de la déranger. Rien d’étonnant, donc, à ce que son regard glissât sans la voir, sur la bague posée sur la table, tandis qu’elle saisissait, l’air un peu perdue, la main que lui tendait Adrien. La solennité qui semblait régner dans l’appartement ce soir-là, ne lui disait rien qui vaille, et la mine crispée de son compagnon n’était pas de nature à la rassurer. Durant les quelques secondes de silence qui suivirent l’aveu d’Adrien sur son état nerveux, Ana en vint à penser que le jeune homme avait la lourde tâche de lui annoncer qu’il partait vivre à l’autre bout de la planète, avec une danseuse, plantureuse et débauchée, rencontrée au détour d’un stage quelconque, et qui avait certainement un prénom complètement tartignole, du genre Crystal, Mindy, ou bien encore Chantelle. La jeune femme en était d’ailleurs presque rendue à rédiger, en son for intérieur, une petite annonce de colocation (« recherche âme calme, discrète et pas rebutée par les larmes de désespoir, pour partager l’appartement d’une vieille fille en devenir. Tueurs en série et psychopathes s’abstenir. »), quand Adrien se lança dans le vif du sujet.
Coupée net dans son élan de pessimisme, Anabelle devint toute pâle. Elle ouvrit et referma plusieurs fois la bouche, sans parvenir à émettre le moindre son, car les réponses se bousculaient dans sa tête à une vitesse trop affolante pour lui permettre de réagir autrement que par un « scromph ? », qui aurait pu faire croire à Adrien qu’elle avait une attaque. « Hein ? Tu veux proposer le mariage ? Mais… Le mariage de qui ? » fut la première chose qui lui traversa l’esprit, suivie de près par « Mais… Tu veux me marier avec qui ? », « Ahaha, c’est une blague ? », « Pourquoi ? Tu es ruiné et tu as besoin de mon héritage ? » et « c’est pas un peu prématuré ? », autant de remarques déplacées qui transformaient son mutisme en bénédiction. Finalement, elle regarda Adrien, la bague, Adrien, la bague, Adrien, la bague, Adrien, la bague… et attrapa un torticolis réalisa que le jeune homme était sérieux. A bien y réfléchir, elle se demandait si elle n’aurait pas préféré affronter la concurrence d’une Crystal-Mindy-Chantelle - aux jambes beaucoup trop longues pour être réelles et aux formes bien plus généreuses que les siennes - , scénario auquel elle s’était inconsciemment préparée tout au long des années, plutôt qu’une demande en mariage, qu’elle n’avait jamais envisagée. - Oh, parvint-elle à articuler, la gorge sèche, après un moment de silence qui avait dû paraître interminable à Adrien. C’est urgent ? demanda-t-elle, bien qu’elle ne sût pas elle-même ce qu’elle entendait exactement par-là, sinon que la perspective du mariage lui paraissait plus acceptable s’il restait un événement perdu dans le lointain. Je n’ai même pas de témoins !
L’argument était faible, et la réponse probablement très éloignée de celle qu’attendait Adrien, mais c’était ce qui préoccupait le plus Anabelle en cet instant précis. Elle croyait se souvenir qu’il était traditionnel, pour la mariée, de choisir une de ses sœurs pour témoin, et elle aurait préféré être piétinée trois fois de suite par tout un troupeau de sombrals sombraux ?, plutôt que de faire cet honneur à Opaline ou à Victoria. Quant aux amis… Tous ceux qu’elle avait pu avoir à Poudlard (du moins, tous ceux qui ne s’appelaient pas Adrien), s’étaient depuis longtemps évanouis dans la nature, et Anabelle était bien trop farouche pour s’en faire d’autres. La personne la plus proche d’elle, en-dehors du jeune homme, était probablement son employeur, et elle ne pouvait décemment pas lui demander d’être son témoin, tout charmant fût-il ! - Et puis… Pourquoi ? On n’est pas bien comme on est ? Le mariage, ce n’est pas un truc pour garder ensemble des gens qui ne s’aiment plus vraiment ? Rajouta-t-elle, suspicieuse, ce qui en disait long sur ce qu’elle pensait de la vie sentimentale de ses frères.
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Ven 18 Mar - 17:19
Si Ady avait été dans la tête d'Anabelle (ce qu'il avait parfois souhaité parce qu'elle restait un mystère à ses yeux), il aurait trouvé le fait qu'elle envisage qu'il parte avec une autre femme ridicule surtout une plantureuse, sinon qu'est-ce qu'il ferait avec elle depuis plus de dix ans, hein?. Heureusement, il était bien trop occupé par ses propres pensées pour avoir le temps ou l'envie de s'occuper de celles de Belle. Ou, plutôt, il préférait éviter avec un certain art de conjecturer sur la question. Il la connaissait trop bien pour ne pas s'attendre à des complications, alors à quoi bon les anticiper plus que nécessaire. Adrien n'était pas masochiste, merci pour lui.
Le silence de sa petite amie ne lui disait rien qui vaille, mais il préféra ne pas l'interrompre dans le fil de ses pensées de peur de rendre sa réaction encore pire. Dans les films, les femmes sont toujours heureuses d'avoir une demande en mariage… mais Belle n'était pas une femme normale. Remarquez, elle serait tellement moins intéressante si c'était le cas ! Car ce n'était pas comme si Adrien manquait effectivement de prétendantes, il y avait trop de filles dans son école de danse pour qu'il n'arrive pas que certaines essaient de tenter leur chance. Sauf qu'aucune n'arrivait à la cheville d'Anabelle qui était, certes, compliquée, mais qui possédait une personnalité bien à elle. Ady n'aimait pas le conformisme, et en fait il n'aimait pas tellement qu'on le drague quand il y pensait (ce qui n'était pas le cas présentement). Le rentre-dedans ce n'était vraiment pas son truc et pourtant, vu ses fréquentations autres...
Même si elle ne semblait pas emballé, il jugea comme plutôt positif qu'elle n'ait pas tout simplement dit non ou quelque chose d'autre de complètement à côté de la plaque. Encore que se soucier des témoins le soit un peu, mais ça avait quand même un rapport, et ça voulait dire qu'elle arrivait un tant soit peu à s'imaginer se marier avec lui. C'était juste que l'idée ne l'emballait pas. Toutefois, ça, il s'en était bien douté à l'avance. Il n'avait pas fait dans le grandiose justement parce qu'il avait anticipé que ça ne serait pas non plus un « oui » franc. Que ce ne soit pas « non » était presque une victoire… si ce n'était qu'il devait lui préciser deux ou trois choses car elle avait, comme toujours, une vision assez erronée de l'amour et du mariage. Anabelle n'avait jamais grandi dans un foyer traditionnel, parfois, comme aujourd'hui, Adrien voyait la différence entre elle et lui. Et pourtant, ses parents n'étaient pas un modèle en matière d'affection ! Quoique, c'était surtout avec lui qu'ils n'étaient pas affectueux tout bien pensé…
Passons. « Non, non, ce n'est pas urgent. J'veux dire… je ne veux pas qu'on se marie dans la semaine, mais qu'on prévoit de le faire dans les mois qui viennent. Un an maximum. » Il posait une limite de temps pour qu'elle n'essaie pas de l'entourlouper. Pas folle la guêpe c'est le côté jaune et noir, ça change tout. « Et pour les témoins, déjà tu peux n'en avoir qu'un, et tu peux très bien demander à un de tes frères ou à une de tes belle-sœurs. » Oui, bon, le belle-sœur, il aurait peut-être dû éviter de le tenter, mais il avait déjà passé sous silence les sœurs ce qui était pas mal (quoique, Isabelle n'étant jamais là sauf pour les mariages et les baptêmes, on ne pouvait pas dire qu'elle ait de différent avec Belle).
Quant à la vision du mariage qu'elle avait, il soupira mais pressa gentiment sa main avant de la porter à ses lèvres. « Pas du tout Belle. Le mariage ce n'est pas ça. » Il s'assit sur le canapé et l'attira vers lui pour qu'elle soit sur ses genoux. S'il devait lui expliquer ce qu'était le mariage, autant que ce soit en mode câlin, parce que ça n'allait pas lui être facile, lui qui n'avait jamais été doué avec les mots. « C'est vrai que nous n'avons pas fondamentalement besoin de nous marier pour être ensemble, la preuve, c'est ce qu'on fait actuellement. Et ce qu'on a dans nos cœurs, c'est important. Je t'aime Belle, et ce n'est pas parce que j'ai des doutes que je veux me marier avec toi, c'est même tout le contraire. » Il se pencha pour attraper l'écrin. « Si on se marie, on figurera ensemble sur l'état civil. On sera une famille. Jusqu'ici j'ai bien eu une chose appelée famille, mais une qui ne m'aimait pas, et toi tu m'aimes, mais on n'est pas officiellement une famille. Si on se marie, on formera une famille tous les deux, et une famille qui s'aime. C'est pour ça que je te le demande… Anabelle, acceptes-tu de m'épouser et d'être ma famille ? »
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Ven 25 Mar - 23:28
- Un an ? Visiblement horrifiée, Anabelle gratifia le jeune homme d’un long regard désapprobateur. Oh non, je ne crois pas que je pourrais me marier dans un an, Adrien, expliqua-t-elle sérieusement, j’ai cours de licorne aquatique, dans un an, ce serait très triste, de se marier en automne : tout y meurt ! Tu imagines, comme ce serait déprimant, de commencer notre vie commune sous les feuilles mortes et la bruine d’Octobre ? On aurait l’impression que c’est la fin de quelque chose de bien, non son début… Il faut mieux se marier au printemps. Tu sais, quand les jonquilles sont en fleurs et que tout respire l’espoir. Hypothétiquement parlant, bien entendu, rajouta-t-elle aussitôt d’un air détaché, car elle ne tenait ni à abandonner la partie aussi facilement, ni à passer pour une de ces filles guimauves qui s’extasiaient devant les photos de couple s’embrassant sur fond de soleil couchant. Elle se fit d’ailleurs la promesse solennelle que si par malheur jamais elle devait se marier, il n’y aurait ni photos tartes à la crème, ni fanfreluches, ni petits cœurs roses dans la salle de réception. L’idée de se retrouver affublée d’une robe blanche qui devait tout à la meringue et rien au vêtement digne de ce nom suffisait à la faire rougir de honte.
Elle ignora superbement le petit laïus de son compagnon : de toute évidence, le pauvre chaton était sous le coup de l’émotion, sans quoi, il n’aurait jamais osé suggérer qu’elle prît comme témoin un des membres de sa famille. Certes, sa vie sociale était au point mort, mais elle trouverait toujours mieux que ses losers crétins de frères et sœurs pour la soutenir lors de son mariage. Songeant à ces derniers, la jeune femme réalisa subitement que, à bien y réfléchir, se marier comportait au moins un avantage, celui de changer de nom. L’idée de s’appeler Sallers n’était pas pour lui déplaire. Enfant, elle n’avait jamais accordé la moindre importance à son patronyme ; adolescente, elle s’était mise à le haïr aussi fort qu’elle croyait haïr sa fratrie ; adulte, elle le traînait comme un poids mort attaché à son cou. Ses relations avec ses frères et sœurs avaient beau s’être améliorées - si tant est que se complaire dans l’absence de communication pût être qualifié d’amélioration – elle n’en détestait pas moins s’entendre dire, presque chaque fois qu’elle se présentait : « Montgomery ? Vous êtes de la famille de [insérez ici le nom du Montgomery que vous préférez] ? » Si elle acceptait d’épouser Adrien, elle ne serait plus systématiquement associée au reste de sa famille. Ceux qui reconnaîtraient son nom verraient en elle « la femme de… » et non plus « la sœur de… », ce qui constituerait un changement appréciable. Dans le pire des cas, on lui demanderait si elle était, elle aussi, danseuse, mais elle préférait mille fois expliquer qu’elle avait à peu près autant de talent pour la danse que le beurre de cacahouète pour le régime, plutôt qu’admettre, avec un sourire crispé, qu’elle était, effectivement, « la sœur de… ». Elle jugea toutefois plus sage de garder cette réflexion par devers elle, car elle n’était pas sûre qu’Adrien appréciât de savoir qu’elle envisageait le mariage davantage comme un moyen de s’éloigner des Montgomery que comme une manière de se rapprocher de lui.
Pourtant, elle devait bien admettre que le couplet du jeune homme sur la famille la touchait plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Quelque part dans sa mémoire, restait enfoui le souvenir de l’époque où elle se sentait aimée, et protégée par les siens. C’était une impression étrange, que celle d’être liée à sa famille et d’en éprouver, non pas du remords, comme c’était le cas à présent, mais de la joie. Elle aurait aimé la connaître à nouveau. Elle se laissa attirer par Adrien et passa les mains autour de son cou sans même y penser. Etre sa compagne lui procurait déjà un bonheur immense, mais il avait raison quand il soulignait le fait qu’ils ne formaient pas, aux yeux de la société, une famille. Merlin, que la société pouvait être idiote, parfois ! Rien d’étonnant à ce qu’Ana cherchât tant à la fuir, si elle n’était pas capable de reconnaître l’amour tant qu'on ne lui collait pas une alliance sous le nez. La jeune femme laissa échapper un imperceptible soupir qui sonnait comme une forme de résignation, et planta ses yeux noisette dans ceux d’Adrien. - Bon, d’accord, dit-elle doucement, je veux bien t'épouser, mais seulement si tu me promets qu’on ne va pas chercher à constituer notre propre équipe de quidditch après… Je n’ai pas du tout envie de perdre mon corps de rêve d’avoir plein d’enfants si c’est pour qu’ils finissent par se détester !
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Ξ Sujet: Re: Pour celui qui t'est fidèle [PV] Ven 1 Avr - 16:38
« Hypothétiquement parlant, bien sûr, marions-nous au printemps prochain alors. » rétorqua Adrien sans se laisser démonter, habitué qu'il était aux envolées (pas forcément lyriques) d'Anabelle. L'avantage de connaître quelqu'un depuis que vous avez onze ans, c'est que vous devenez très fort pour anticiper et répondre. Et puis, il n'avait rien de spécial à dire sur les mariages en automne même si l'auteure s'est mariée en automne et ne s'en porte pas plus mal, merci pour elle, le printemps était effectivement plus traditionnel comme choix de date. Et il n'imaginait pas un mariage d'assez grosse envergure pour que cela nécessite plus d'un an de préparation. Encore qu'avant d'organiser, il fallait d'abord qu'ils se mettent d'accord sur ce qu'était un mariage. Belle en avait une vision assez étrange, mais elle n'avait jamais approuvé les mariages de ses frères, quant à celui de son unique sœur mariée, Victoria, c'était assez récent et Ady n'avait absolument aucune idée de ce que Belle en pensait… dans la mesure où Vickie et Belle jouaient une sonate dont il n'avait pas la partition depuis que l'ex-Poufsouffle avait pris son indépendance par rapport à sa famille.
Pour ce qui était des réflexions sur son nom de famille, Anabelle serait surprise d'apprendre que cet argument figurait dans la liste de ceux qu'il avait à présenter. Il faut dire que ça ne pouvait pas vraiment le choquer, s'il avait eu la possibilité de changer de nom, il l'aurait fait bien plus tôt que ça. Il n'avait aucune envie d'appartenir plus au clan Montgomery qu'il ne l'était déjà (il était déjà l'oncle de tous les neveux d'Anabelle, ce qui était perturbant quand Anabelle décidait qu'aujourd'hui elle ne ferait pas de baby sitting et qu'il se retrouvait à avoir deux ou trois mômes dans les pattes), mais s'appeler Sallers n'était pas une sinécure à ses yeux, et il savait qu'Anabelle en avait autant au sujet de son nom de famille, même si les raisons différaient. Lui c'était parce qu'il n'avait que des mauvais souvenirs de ses parents. La danse avait été son exutoire et plus tard il en avait fait son métier en ouvrant son école, mais enfant n'être que Adrien n'avait jamais suffit à son frère Adam et à leurs géniteurs. A tel point qu'il s'enfermait alors dans un mutisme absolu qui pouvait durer plusieurs jours. Mais la danse l'avait sorti de cette mauvaise habitude, lui permettant de se défouler et de s'exprimer au lieu de tout garder pour lui. Et puis il avait commencé à avoir une vie en dehors de sa famille grâce à Poudlard. Avec Anabelle, qui était devenue sa meilleure amie dans un premier temps, mais aussi avec Fredericke, Vincent, Tobias, Heaven… des amis, des ennemis, des rivaux, des anciens amours… tout ça l'avait fait grandir.
C'était comme ça qu'aujourd'hui il était l'homme accompli qui pouvait se permettre de demander à sa petite amie anti-romantique de l'épouser sans faire de crise de panique au préalable. Bon. Il avait quand même passer son stress en faisant le ménage. Mais ce qui était fait n'était plus à faire après tout.
« Pas d'équipe de Quidditch, je te le promets. Notre appartement n'accueillera jamais plus de deux personnes si c'est ce que tu souhaites, et pas plus de trois si nous décidons de nous agrandir. Deal ? » Demanda-t-il en souriant et en déposant un baiser sur la tempe de sa, désormais, fiancée. « Comme les métaphores ne sont pas toujours ton truc, et si je te passais la bague au doigt de manière littérale ? » ajouta-t-il en sortant la bague de l'écrin. « Il faut bien vérifier qu'elle est à ta taille. » Un peu de pragmatisme n'a jamais fait de mal à personne.