Juste pour se vider la tête ... [PV]

     April avait beaucoup trop travaillé à son goût pour un dimanche. La folie des examens l'avait emportée, elle aussi. La blondinette, agressée par sa jumelle, avait finalement accepté de travailler avec Harmony sur plusieurs matières. Mais en ce superbe début d'après-midi, après un week-end studieux, la petite lionne avait décidé de sortir. Il lui était insupportable de rester assise alors qu'à travers la fenêtre, elle voyait le soleil briller.
     Juste après le repas, April avait annoncé à sa sœur sa volonté d'aller se promener dans le parc. Pensant qu'il ne s'agirait qu'une balade de quelques minutes, la vert et argent avait accepté de la suivre. Mais quand elle s'était rendu compte que la lionne n'avait aucune envie de rentrer sagement, elle avait déployé tout les arguments que ses neurones avaient accepté de trouver pour dissuader sa sœur de faire cette 'grosse erreur'. Elle avait voulu la prévenir qu'elle risquait de 'rater son année' voire de se 'faire renvoyer de Poudlard'. Bien loin de ces idées, April pensait plutôt qu'elle allait imploser si elle devait continuer à rester enfermée.
     L'argumentation s'inversa lorsqu'Harmony comprit qu'il serait impossible de faire changer sa jumelle d'avis et que celle-ci voulut la convaincre de l'accompagner.
     Finalement, aucune ne gagna : Harmony rentra au château pour -devinez quoi- étudier et April prit la direction opposée : un coin reculé du parc, entre le stade, le lac et les remparts où il y avait peu de passage et pas mal d'arbres. Fidèle à ses habitudes, c'est en courant qu'elle s'y rendit.
     April avait trouvé ce bosquet en se promenant au hasard dans le parc et l'avait tout de suite adoré et ce, pour plusieurs raisons : d'abord, elle était tranquille ici pour faire ce qu'elle voulait : se reposer au calme, étudier sans la pression d'Harmony, simplement admirer la nature, ou, plus souvent, grimper dans les arbres. Car oui, le bosquet en question était composé d'arbres vieux, solides, épais et pourvus de nombreuses branches à toutes les hauteurs dans lesquels April pouvait s’adonner avec à l'une des ses grandes passions sans problème ! Mieux encore, ceux-ci étaient grands et certaines de leurs branches étroitement mêlées, ce qui permettait de passer d'un arbre à l'autre. Pour la petite lionne, c'était tout simplement un terrain de jeu génial !
     À peine arrivée, elle se hissa sur une branche basse et retira ses chaussures, qu'elle cacha dans un creux dans le tronc de l'arbre. Elle se sentait beaucoup plus à l'aise pieds nus, depuis toujours.
     Rapidement, elle atteignit son poste d'observation favori, où elle pouvait s'asseoir confortablement et en même temps profiter de la vue.
     Soudain, des bruits de pas virent rompre le silence. Elle changea de branche et vit un élève, sans doute pas beaucoup plus vieux qu'elle, qui approchait rapidement.
     Elle descendit un peu encore, pour mieux identifier cet inconnu et pour que lui puisse aussi la voir, s'il pensait à lever la tête.

Un peu partout autours de lui les élèves maudissaient les examens de fin d'année. Graham ne pouvait que les rejoindre, il en avait plus que marre de devoir potasser matin et soir sur l'intérêt du mouvement de baguette pour le sortilège de lévitation ou la théorie sur la façon d'assommer un lutin de Cornouailles quand on ne sait pas viser. Mais pour le moment Graham se contenta de terminer son assiette pour le coup plutôt seul. Il n'avait trouvé personne avec qui mangé et s'était donc mêlé à un groupe de troisième année à table, mais qui ne prêtait aucunement attention à lui. Il termina du coup de manger au plus vite et lorsqu'il put quitter la table il ne se fit pas prier. Il n'avait véritablement aucun intérêt de forcer le malaise.

Il grimpa jusqu'à la tour de Gryffondor puis pénétra dans la salle commune de sa maison afin de récupérer dans son dortoir son livre de Métamorphose. Il n'allait pas passer l'après midi ici, mais allait profiter du temps à l'extérieur. Pour une fois qu'ils bénéficiaient d'une météo plus que clémente, Graham n'allait pas se faire prier pour profiter de l'extérieur. Son livre entre les mains, le garçon descendit à toute vitesse les nombreux escaliers du château jusqu'à atteindre le grand hall qui menait à l'une des cours du château. Là il emprunta le viaduc qui l'emmena par la suite jusqu'au parc de l'école.

Poudlard était parfaitement située. Entre les montagnes, près d'un lac, parmi les arbres, il y avait beaucoup d'environnements différents ce qui faisait le bonheur de Graham qui adorait explorer. Le garçon n'était pas le seul à avoir pris la décision de profiter de son dimanche à l'extérieur et de nombreux élèves arpentaient le parc. Avant de définitivement se poser, le Gryffondor chercha un coin plutôt isolé où il était sûr de ne pas être dérangé et surtout de ne pas être confronté à son isolement social. Il ne désirait pas voir ces amis partager du bon temps pendant que lui se trouvait seul plongé dans un livre d'école et pour cela il devait aller là où personne n'allait.

C'est finalement non loin du stade de Quidditch qu'il se retrouva, camouflé par les arbres. Il chercha cependant un coin au soleil car sans ça il n'aurait eu aucun intérêt à sortir à l'extérieur pour passer son temps à l'ombre (et aussi parce qu'il ne faisait pas non plus si chaud que cela). Le rouge et or s'approcha alors de l'unique arbre éclairé par les rayons du soleil et au moment où il s'apprêta à s'assoir pour potasser sa métamorphose, une voix s'éleva de nulle part et le salua. Finalement il n'était pas seul dans le coin. Il tourna la tête à droite, à gauche, mais il ne vit personne. Peut être étaient-ce deux amis s'adressant la parole entre eux et qui s'étaient rapidement éloignés. C'était une théorie intéressante, mais qui s'avéra rapidement erronée lorsqu'il entendit du bruit au dessus de lui. Il souleva la tête et une jeune fille était présente dans les arbres. « Waaaah ! Une créature mi humaine mi singe ! » déclara-t-il en sortant par réflexe sa baguette et en la pointant vers la jeune fille. Mais elle n'avait rien d'une créature magique, surtout peut être parce que sa tête lui disait quelque chose. « Dis tu serais pas à Gryffondor toi ? » demanda-t-il. Il était sûr de l'avoir au moins croisé une fois dans la salle commune durant l'année, il ne pouvait pas se tromper, mais ce qui était sûr aussi c'est qu'elle n'était pas de son année.

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     Le garçon lui disait confusément quelque chose. Elle l'avait déjà vu, c'était sûr. Cependant elle n'arrivait pas encore à savoir où et quand elle l'avait déjà vu. En fait, elle n'était même pas sûre de le connaître après tout : reconnaître quelqu'un quand on ne voit que le dessus de sa tête -endroit rarement vu par une petite première année- n'était pas chose aisée. Si April n'avait pas de mal à se rappeler des noms, c'est parce qu'en général, elle savait une activité, un exploit de cette personne. Elle connaissait tous les joueurs de l'équipe de Serdaigle sans jamais avoir parlé à aucun d'entre eux tout simplement parce qu'elle savait qu'il jouaient au Quidditch. Mais elle ne connaissait pas le nom de certains élève de sa maison, car c'était une trop vague information pour que ses neurones daignent se souvenir d'un simple prénom associé à un visage.
     Alors qu'elle se demandait si le garçon penserait un jour à lever la tête, elle sauta sur la branche voisine, un peu plus haute, mais qui lui permettrait avec un peu de chance de voir l'insigne et le visage du brun. C'est le moment qu'il choisit pour hurler et faire sursauter la blondinette, qui manqua de tomber de son perchoir qui se situait quand même à quelques mètres du sol.
     Elle avait remarqué que le garçon avait sorti sa baguette, mais n'avait pas vraiment peur. Il semblait trop gentil et un peu trop surpris pour attaquer. Sans compter qu'il n'avait pas l'air d'être beaucoup plus vieux qu'elle et que les sorts qu'il connaissait ne devaient pas être bien destructeurs. Elle se contenta d'arborer une petit sourire en coin légèrement moqueur, le temps qu'il se remette de toutes ses émotions.
     Elle souriait à présent franchement et sauta sur une branche plus basse, à environ deux mètres de l'herbe. Elle regarda le visage du brun, qui maintenant le tournait vers elle. Nettement plus pratique pour savoir si elle le connaissait.
     Elle descendit encore d'un étage et s'assit sur la branche.
     La fillette n'avait aucune idée du prenom de celui qui se tenait -littéralement- à ses pieds, même en le voyant distinctement, mais elle continuait à lui sourire.