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| Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] | |
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Invité
Ξ Sujet: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Dim 5 Nov - 20:03 | |
| [HJ : je continue mon histoire, dans l'indifférence générale, par respect pour le pauvre lecteur qui continue à ingérer ma prose. Hélas, mon pauvre ami, tu n'as pas encore fini de souffrir ! ]
La piste rejoignit finalement le chemin, Skiìrt s’en rendit immédiatement compte à la dureté soudaine du sol. En effet, la faible fréquentation de la veille avait malgré tout suffit à compacter la couche jusqu’à en faire une croûte dure que la pluie avait partiellement transformée en glace. L’adhérence au sol du rat était compromise à chaque mouvement et, comme il fallait s’y attendre, celui-ci finit par partir dans une longue glissade qui aurait pu être amusante s’il n’y avait eu urgence à rattraper son guide. Le bord de la route l’arrêta finalement. Il grimpa sur la congère bordant le chemin et examina les environs. Le paysage blanc effaçait tous les détails et un voyageur habillé de sombre aurait du être visible au premier regard. Mais il n’y avait rien, ni au premier regard, ni aux suivants.
Un cri de canard en bas de la pente lui indiqua soudain la position de l’ex-loup. Tout à l’heure, celui-ci suivait le sorcier. S’il était toujours à ses trousses. La voie à suivre était donc celle du volatile. Mais il ne pourrait jamais les rattraper s’il ne trouvait pas un moyen d’avancer plus vite.
Finalement, après un instant d’hésitation, il décida se prendre le risque et s’élança sur la route.
De glissade en glissade, il finit par dépasser la petite mare et fut assez rapidement en vue du village en contrebas. A sa grande déception, le chemin était vide ! Plus d’humain ni de canard aussi loin qu’il pouvait voir. Aucune trace au sol. Encore une fois, l’humain avait quitté la route et il l’avait perdu. Mais cette fois, la chaussure étant inutilisable, il n’y avait quasiment aucune chance qu’il revienne.
Skiìrt sentit le désespoir le gagner. Jamais plus il ne reverrait son clan. Non, ce n’était pas possible ! Il devait retrouver la piste. Cette fois il faisait jour et le soir ne tomberait pas avant longtemps. Le rat se mit à remonter péniblement la pente qu’il avait si facilement descendu.
Arrivé au niveau de la mare, des bruits attirèrent son attention. Avec prudence, le rat se faufila jusqu’au bord de l’eau dont le pourtour était frangé de glace. Quelques glaçons brisés témoignaient d’un passage récent. Un « coin » bruyant se fit sursauter. Le canard se précipitait sur lui, sûrement propulsé par ses instincts de loup. Une fuite rapide dans les hautes herbes encore vierges de neige sema le volatile en quelques instants. L’instinct du loup était encore présent mais les talents de chasseur avaient heureusement disparus. Après un tour prudent de la mare, Skiìrt fut convaincu que le gallinacé était venu seul. Il avait du réaliser que retourner auprès de ses congénères sous cette forme n’était pas très prudent et essayé de trouver refuge dans un habitat plus adapté.
Le problème du canard/loup était réglé mais ce n’était pas ce qui préoccupait le rongeur. Il retrouva le chemin et continua à le remonter en examinant attentivement les congères qui le bordait à la recherche de marques de pas. S’il avait perdu la trace de l’homme, la neige s’en souviendrait pour lui.
Après une centaine de mètres, la route se divisa en deux. Comment avait-il pu ne pas voir cet embranchement ? Trois fois déjà il était passé par là et il n’avait rien remarqué. La première fois, il faisait quasiment nuit, c’est vrai. La seconde, il avait coupé à travers champ. Et tout à l’heure, il était passé en glissant sur le dos. Finalement, c’était bien la première fois qu’il avait l’occasion de voir ce bout de route qui empruntait rapidement un pont de bois pour traverser la rivière et se perdre dans le lointain. |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Lun 6 Nov - 18:17 | |
| Skiìrt grimpa sur la rambarde du pont pour observer la route. Un mouvement au loin lui indiqua que c’était bien par là que l’objet de ses recherches était parti. L’avance qu’il avait prise était immense. Le rat se demandait comment rattraper son retard. S’il n’y avait pas eu cette neige, quelques minutes auraient suffi, la course d’un rat étant bien plus rapide que la marche humaine mais, aujourd’hui, les conditions n’étaient pas favorables.
Le rongeur se mit à frissonner. Le froid commençait à faire son effet. Ne voulant pas perdre trop de temps, il sauta à bas et se mit à trottiner, dérapant de temps en temps sur les plaques de glace. Une heure au moins s’était écoulé et il n’avait toujours pas rattrapé son retard.
Toujours personne en vue. Soudain la lumière du soleil fut éclipsée une fraction de seconde.
Un oiseau dans le ciel le survolait. Un bref coup d’œil permit d’identifier un corbeau, non deux, trois corbeaux qui tournait au dessus de lui. Ces corvidés ne dédaignent pas la viande et, en bande, ils peuvent se montrer très agressifs.
Peu rassuré, Skiìrt accéléra pour distancer les oiseaux. Mais ceux-ci continuaient à tournoyer autour de lui. Il se mit finalement à courir à la recherche d’un abri. Le cercle noir se mit à descendre en une menace grandissante. Pas de doute, c’est bien après lui qu’ils en avaient. Un oiseau plongea soudain. Le rat n’eut que le temps de foncer dans la congère du bord de la route et s’y enfonça de tout son élan. L’oiseau était déjà sur lui et il crut que le bec allait se refermer sur sa queue. Instinctivement, il la rentra sous son ventre. Non, elle était bien là, et entière ! Les pattes avant commencèrent à creuser un nouveau tunnel. Il commençait à devenir expert à ce jeu.
Au bout d’un temps qu’il jugea suffisant, il obliqua sur la gauche pour émerger de la congère. Cela prit plus de temps qu’il n’aurait cru car il avait certainement dévié de sa route. Mais ses pattes gelées finirent par retrouver l’air libre. Un coup d’œil prudent sur la route à sa gauche lui permit de voir les oiseaux qui s’étaient posés au sol.
La route prenait un tournant, c’était pour cela qu’il avait cru dévier. Il en profita pour traverser la largeur du chemin et continua à courir en longeant l’autre bord, à l’abri du regard des corbeaux. Ses pattes et sa queue le faisaient souffrir, le froid devenait féroce. Il ne pouvait ni ne voulait faire demi tour mais, s’il devait passer la nuit dans la neige, la prochaine aube pourrait compter une victime congelée de plus.
La menace aviaire étant passée, Skiìrt se mit à viser les endroits les plus dégagés. Même si la glace le faisait déraper, c’était toujours mieux que de courir dans la neige qui fondait sur lui en emmenant la chaleur de son corps.
La lumière diminuait et il était épuisé, affamé et frigorifié. C’est l’énergie du désespoir qui lui permettait d’avancer. Une odeur de fumée lui indiqua qu’il se rapprochait enfin d’une présence humaine. Etait-ce son voyageur ? Cela n’avait plus d’importance, il devait se réchauffer et se nourrir, coûte que coûte.
Un dernier virage le mit en présence d’une petite maison dont le toit fumait. Derrière cette maison, une autre se dissimulait, puis une autre et une autre encore.
Un important village se trouvait là. Sa première idée fut de pénétrer dans la maison la plus proche. En longeant le mur de celle-ci, une odeur connue lui chatouilla agréablement les narines.
De l’urine. De l’urine de rat. Oh, c’était très faible à cause de la neige qui avait lavé le sol mais encore bien perceptible. Sans nul doute un clan avait marqué son territoire ici. Suivant les signaux, il dépassa la première masure et arriva près d’une grande maison. Prudemment, il continua sur la piste odorante qui le conduit jusqu’à une gouttière. L’odeur montait le long du tuyau. Réunissant ses dernières forces, le rongeur se hissa péniblement. Au moins il avait quitté la neige, c’était déjà ça.
Sous le rebord du toit où arrivait la conduite, Skiìrt vit immédiatement le trou qui servait d’entrée. Prudemment, il s’introduisit et ressentit la chaleur bienfaisante du lieu. Il était dans les combles de la maison, à l’abri de la vie sauvage pour laquelle il n’était pas fait, il devait bien l’admettre. |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Mar 7 Nov - 18:31 | |
| « Qui es-tu ? » « Que veux-tu ? »
Les deux couinements interrogatifs venaient de sa gauche. Une paire d’yeux rouges le regardait fixement.
N’ayant pas le temps de raconter toute son histoire, Skiìrt choisit de répondre de façon aussi concise que les questions.
« Je suis Skiìrt » « Je veux de la nourriture et de la chaleur »
« Va-t-en » grinça le rat en sortant de l’ombre, le dos arqué en signe d’intimidation.
S’il avait pu sourire, l’intrus aurait montré son amusement car, malgré son attitude de matamore, l’occupant était de petite taille par rapport à Skiìrt et son approche prudente trahissait son inquiétude. Le rat était noir, d’une espèce plus petite que la sienne. Il y en avait eu autrefois au château mais le clan les avait chassé.
« Je ne veux pas combattre » lança-t-il en espérant calmer son opposant mais celui-ci, prenant cet aveu pour une marque de faiblesse, se rapprocha encore, l’air plus assuré.
D’autres paires d’yeux les entouraient maintenant. Skiìrt ne quittait pas son opposant du regard mais il avait conscience d’une dizaine au moins de présences supplémentaires. Les odeurs de peur et de colère se croisaient dans ses narines.
La présence de témoins rassurèrent sûrement le défenseur des lieux car celui-ci bondit sur Skiìrt, incisives en avant. « Débutant ! » pensa Skiìrt en faisant un pas de côté et laissant le rat noir retomber derrière lui, décochant au passage un coup de patte arrière sur son flanc. Il n'était pas un expert en bagarre mais il en avait vu quelques unes et s'aperçu tout de suite que son adversaire s'y connaissait encore moins que lui : on ne doit pas bondir lors d’une attaque frontale, la trajectoire est trop prévisible, il faut garder les pattes au sol.
Le rat noir se ramassa et revint à l'assaut, ayant visiblement perdu une bonne partie de la confiance qu'il avait réussi à rassembler. Son approche fut plus prudente et il s'avança presque jusqu'au contact, ne quittant pas Skiìrt des yeux.
Il poussa soudain sur ses pattes arrières, cherchant à mordre. Skiìrt mit ses pattes avant devant lui, les plaquant au poitrail de l'assaillant et poussa à son tour. Les deux rats se dressèrent sur leurs pattes arrières mais Skiìrt était nettement plus lourd, malgré son jeune âge et le rat noir versa sur le dos. Skiìrt maintint sa pression sur la poitrine de son adversaire qui cessa aussitôt toute résistance. Signe d'abandon.
Le rat brun relâcha le vaincu et recula, observant aux alentours et guettant l'arrivée d'un nouveau compétiteur. Les museaux noirs sortirent de l'obscurité mais les têtes baissées et les moustaches au ras du sol montraient une attitude de soumission.
Le combat n'avait duré que deux secondes mais il avait du faire impression.
« Je veux manger » dit-il, profitant de son aura de vainqueur. Peut-être seraient-ils suffisamment impressionnés pour lui obéir sans discuter.
Un petit rat noir déposa devant lui quelques graines qu'il avala rapidement. Avant qu'il ait fini de les grignoter, trois autres rats avaient eux aussi apporté leur contribution au tas d'offrandes qui montait devant Skiìrt.
Tout en apaisant sa faim, le rat observa les occupants. Il ne comptait que douze rats, c’était peu pour un clan. Le reste devait se cacher quelque part. « Je voudrais parler à un ancien » émit Skiìrt. |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Mer 8 Nov - 18:54 | |
| Les rats noirs semblèrent se concerter du regard. Finalement, un rat lui fit signe de le suivre. Ils quittèrent les combles pour se diriger vers la pièce du dessous qui s’avéra être un débarras.
Là, dans un coin de la pièce, une cage grillagée était entreposée et une rate plus vieille que les autres s’y tenait.
Etait-ce sa tanière ? Peu probable. Plutôt un piège dans lequel elle s’était fourvoyée. S’approchant prudemment, Skiìrt vit rapidement la porte à bascule qui faisait office de seule ouverture. Le côté extérieur était lesté de façon à faire retomber la porte après un franchissement. Pas question de pénétrer dans la cage, sous peine de se retrouver piégé comme la rate imprudente.
Celle-ci le regardait sans émettre de couinement. Elle avait reconnu un étranger et devait se poser des questions sur ses intentions. Réfléchissant quelques instants, Skiìrt s’approcha de l’entrée et posa prudemment une patte dessus. La porte, grillagée elle aussi, fléchit un peu mais ne se mit pas en mouvement. Un mécanisme tout à fait ordinaire. Pas de ressorts ou d’autres mécanismes camouflés. Rien à voir avec les pièges compliqués que Rusard posait périodiquement dans les galeries du château.
Le rat continua sa progression jusqu’au pivot de la porte. La trappe commença à osciller. Il garda alors sa position et transféra juste une partie de son poids vers l’avant de façon à la faire pivoter, s’agrippant avec les pattes arrières. La porte s’affaissa doucement, offrant une pente inclinée comme chemin de retour à la rate.
Celle-ci n’avait pas bougé. « Viens » couina Skiìrt. La rate avança de deux pas et s’arrêta, méfiante. Skiìrt attendit. Finalement, avec hésitation, elle continua sa progression et s’engagea sur la porte. Sa tête à deux centimètres de celle du rat, elle lui jeta un long regard et termina sa sortie en faisant basculer dans l’autre sens la porte du piège. Skiìrt sortit à reculons en même temps qu’elle.
Sans un mot de remerciement, la rate repartait vers les combles, suivi de l’autre rat noir. « Ingrats » pensa Skiìrt, restant seul. La tête du rat noir reparu, l’invitant d’une mimique à les suivre.
Ne voyant rien d’autre à faire pour le moment, le sauveteur trottina à leur suite.
De retour dans les combles, il vit la rate entourée des autres rats. A leur attitude, il comprit que c’était leur mère qu’il venait de libérer.
« Merci, étranger. Soit le bienvenu. » couina la vieille rate à sa vue. « J’ai été imprudente et, sans toi, mon clan aurait été privé du dernier de ses anciens. Nous te devons beaucoup. »
« Les rats doivent s’entraider, c’est la règle » répondit Skiìrt.
Un instant de silence accueillit sa déclaration comme si cette notion, évidente pour lui, était une révélation pour les rats noirs.
« Que viens-tu faire ici ? » reprit la mère.
« Je cherche le chemin de mon clan » répondit-il. Il se lança alors dans le récit de son voyage involontaire, cherchant souvent les mots en tentant de décrire certains épisodes dans la langue des rats.
Visiblement, son histoire passionnait les jeunes qui s’étaient installés autour de lui, l’interrompant de temps en temps pour poser des questions. |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Jeu 9 Nov - 19:03 | |
| Quand il eut terminé, l’obscurité était tombé. La mère, qui assumait aussi le poste de chef, prit alors la parole. « Nous n’avons jamais entendu parler de ton château, mais nous ne sommes plus nombreux depuis que les humains nous chassent. Les hommes en cape sont assez fréquents en cette saison. Tu peux demander à d’autres clans ou, si tu le souhaites, tu peux rester ici et faire partie de notre famille. »
Skiìrt envisagea quelques instants la proposition. Il ne voulait pas répondre tout de suite, de peur de ne plus être le bienvenu, mais il n’avait pas envie d’abandonner à jamais l’idée de revoir son clan natal. Il remercia pour l’accueil et se montra évasif sur le reste. La rate, visiblement déçue, n’insista pas.
Le groupe se dispersa petit à petit, seuls deux rats restant près de lui. Un jeune mâle, encore enthousiasmé par le récit le bombardait encore de questions et une femelle, qui l’écoutait pensivement sans mot dire. Finalement, cette dernière tourna l’arrière train et fit mine de s’éloigner, laissant derrière elle des odeurs sexuellement explicites. Les sens de Skiìrt se mirent à battre mais il venait à peine d’atteindre sa maturité sexuelle et n’avait pas encore envisagé de se lancer dans ce genre d’expérience. Reprenant son contrôle, il jugea que céder aux avances silencieuses de la femelle ne serait pas avisé s’il souhaitait repartir au plus vite.
Cherchant à oublier les fragances troublantes de l’aguicheuse, Skiìrt décida d’explorer un peu la maison. Il redescendit donc au débarras et chercha un moyen d’accéder aux étages. Des jours dans le plancher lui permettait de voir des fragments de la pièce en dessous. Il explorait le pourtour de la pièce à la recherche d’un trou dans la maçonnerie quand une sensation de piqure dans la fesse le fit stopper. Un moustique ? il n’avait pas entendu le vol stridulant de l’insecte mais la démangeaison confirmait qu’il venait de se faire piquer. Se contorsionnant pour se gratter l’arrière train, une autre piqure dans le dos le fit se retourner. Le moustique brillait par son absence. Se pouvait-il que…
Les anciens qui racontaient comment les rats noirs avaient été chassés du château avaient parlé des puces, ces parasites qui vivaient dans leur pelage. Comme les cousins avaient horreur de l’eau, ils avaient appris à vivre avec mais, ces minuscules bestioles n’hésitaient pas à envahir tout animal à fourrure passant à leur portée et le clan avait dû subir une infestation en punition de son raid sur le territoire des noirs. Une baignade prolongée était la façon la plus rapide de venir à bout du problème, les puces remontant d’abord sur le museau. Une immersion en apnée de quelques minutes permettait alors de les laisser à la surface. Il fallait ensuite nager un peu pour remonter plus loin car les bestioles avaient la peau dure et pouvaient regrimper sur un nageur passant imprudemment à proximité.
Se remémorant ces conseils, Skiìrt sentit les points de démangeaison se multiplier. Au moins quatre ou cinq puces, estima-t-il. L’envie de se gratter devint féroce. Il fallait rapidement trouver un point d’eau. Retourner dans la neige, peut-être ? Non, les puces ne se noieraient pas. La mare était beaucoup trop loin pour y retourner. Il devait trouver autre chose. Dans la maison peut-être. |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] Mar 14 Nov - 18:31 | |
| Il finit par trouver un défaut dans le ciment entre deux pierres au ras du plancher. Quelques coups de griffes en firent tomber un morceau. Derrière, les pierres étaient jointes par de la terre. Aucun problème. Et puis gratter le mur lui fit oublier un court instant ses envies de se mordre à pleines dents. Il dégagea rapidement un trou qui lui permit de passer la tête sous le plancher.
C’était une chambre. Une chambre d’enfant apparemment s’il en jugeait aux jouets qui trainaient par terre. Une petite tête blonde dépassait des couvertures. Le matin allait tarder encore un peu à venir. Aucun bruit. Skiìrt se laissa tomber au sol en essayant d’amortir le bruit de sa chute. Une réception parfaitement silencieuse. Skiìrt était assez doué pour la furtivité.
Après un instant d’attente pour vérifier que sa présence n’avait pas été détectée, Il trottina vers l’une des deux portes. Un examen sous la première indiqua un accès à un couloir. L’autre donnait dans une pièce de toilette. Excellent, il y avait là certainement des possibilités de trouver de l’eau. Les toilettes ? Hélas, l’abattant obstruait le passage. Quoique, en forçant un peu, il pourrait se glisser par dessous.
Un saut lui permit de grimper sur le couvercle et, de cette position rehaussée, il vit que ce qu’il avait prit pour un meuble était en fait creusé d’une cuve. Il lui semblait avoir déjà vu cela dans certains appartements de professeurs au Château. D’après ses déductions, cela devait servir pour les baignades hygiéniques. Mais en général, ces récipients étaient vides. Aujourd’hui, par chance, du linge trempait au fond de la cuve. C’était une bien meilleure solution que les toilettes car, avec le couvercle fermé, il n’était pas sûr de pouvoir ressortir autrement que par les égouts et, à l’idée de se retrouver dehors, dans la neige, trempé du museau à la queue, Skiìrt se sentit frémir.
Prenant son élan, il sauta jusqu’au rebord de la baignoire mais l’émail de celui-ci était trop glissant pour permettre une bonne réception. Emporté par la vitesse, le rat dérapa et se retrouva immergé dans la solution savonneuse. Bien, c’était ce qu’il souhaitait de toute façon.
Il écarta le linge pour pouvoir plonger après avoir pris une bonne respiration. Deux minutes plus tard, il considéra que ses parasites avaient du abandonner la partie et il gagna le côté opposé de la cuve. Malheureusement, les flancs de la cuve présentaient une pente abrupte et glissante. Malgré plusieurs tentatives, il ne réussit pas à la grimper car il ne trouvait aucune prise pour y mettre les griffes.
Malgré deux tours de vérification, il ne put pas trouver de points d’accroche pour pouvoir se hisser en dehors du bain. Il grimpa alors sur le linge qui flottait à la surface et tenta de sauter à la verticale pour s’échapper. Hélas, le tissu n’offrait qu’un support mou et bien insuffisant pour obtenir une impulsion de départ suffisante. Ses meilleurs essais lui permettaient tout juste d’atteindre du bout des pattes avant le rebord de la baignoire mais c’était insuffisant pour l’empêcher de retomber en griffant l’émail dans un grincement sinistre.
Cela faisait une heure qu’il essayait en vain de s’échapper. Cette baignoire s’avérait un piège pervers dont il ne trouvait pas l’échappatoire. Epuisé, il réfléchissait en se reposant sur le linge flottant tandis que les premières lueurs du matin commençaient à pénétrer par les fentes des volets.
Flottant dans l’eau, trois puces piégées par le savon, tournoyaient mollement. Le rat repensait à tous les prédateurs auxquels il avait échappé et se disait qu’il allait finalement être la victime de parasites dont la taille ne dépassait pas 2 millimètres. Quelle ironie ! |
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Ξ Sujet: Re: Le retour de Skiìrt [chapitre 3 - Les cousins] | |
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