Braiments dans la nuit [PV]

Magnus faisait parti de ces enfants qui avaient toujours eu une imagination très fertile, à tout moment de la journée et en toute occasion. N’importe quoi pouvait lancer la machine à rêver du jeune garçon. Son inventivité lui permettait souvent de trouver des solutions inattendues à un problème, ou encore d’avoir des révélations sur un devoir particulièrement tordu de métamorphose, sa hantise, à quelques heures de devoir rendre le fameux devoir. De fait Magnus faisait complètement confiance à son cerveau et à ses capacités. Après tout c’était parce qu’ils étaient en galère que les hommes préhistoriques avaient fait preuve de tel trésors d’ingéniosité. Magnus songeait donc que c’était lorsqu’il était en solution de quasi panique qu’il travaillait le mieux. Il faisait vraiment énormément confiance à ses rêves et aurait fait rosir de plaisir Sybille Trelawney de par ses capacités à les interpréter.
Néanmoins dernièrement ses rêves semblaient lui faire défaut, où en tout cas ne pas lui filer les informations aussi clairement que d’habitude. Notamment parce qu’il faisait constamment le même rêve à quelques détails prêt. Et ça le perturbait énormément, surtout parce que c’était un rêve très effrayant et qu’il avait tendance à se réveiller en sueur au milieu de la nuit le souffle court. Il en avait des frissons rien que d’y penser. Habituellement il aurait réveillé Alan pour que celui-ci le rassure, mais Alan et lui avaient arrêté de se parler et cela ajoutait encore à l’atmosphère froide et vraiment pas rassurante du dortoir.
Cette nuit d’octobre, Magnus se réveilla une fois de plus au milieu de la nuit, sorti de son sommeil par des braiments lugubre qui cessèrent dès qu’il ouvrit les yeux. Le blondinet senti ses poils se hérisser sur ses bras malgré la douce chaleur qui enveloppait le dortoir. La seule lumière provenait des rayons de lune qui se glissait entre les rideaux et du poêle qui rougeoyait au milieu de la pièce. Habituellement Magnus aurait bu un verre d’eau et se serait recouché, mais cette fois son malaise était trop grand et les braiments de cet âne diabolique résonnait encore dans ses oreilles.
Malgré l’obscurité il sorti de son lit, enfila ses pantoufles et sa robe de chambre aux couleurs de l’équipe Irlandaise de quidditch, et sorti sur la pointe des pieds pour rejoindre la salle commune. Il ne devait pas encore être trop tard car, bien que la salle soit vide, certaines bougies étaient encore allumées et le feu dans la cheminé avait encore deux grosses buches qui flambaient tranquillement. Magnus récupéra une feuille et un crayon sur une table et s’assit devant le feu, essayant de mettre de l’ordre dans les différentes images qui avaient peuplé son cauchemar. Se souvenant de la lugubre forêt dans laquelle il avait eu l’impression d’errer pendant des heures il eut un frisson et une grimace. C’était d’autant plus difficile pour lui de parvenir à passer outre qu’il avait généralement des rêves drôles, un peu loufoques, mais plein d’aventures, dont il avait l’avantage de se souvenir en détails et dont il régalait souvent ses camarades lors du petit-déjeuner. Cette nuit là il se serait bien passé de cette capacité.

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Âge : 16 ans (27/07/2000)

Prudence Faraday dormait du sommeil du juste. Sa conscience ne la tarabustait visiblement pas plus que le gros devoir d'histoire de la magie "trois rouleaux de parchemin, coefficient cinq, à rendre pour dans deux jours, aucun retard ne sera admis", qu'elle avait pourtant à peine commencé ~~puisqu'elle comptait bien tout pomper sur la copie d'Alan~~, car elle avait sombré dès que sa tête avait touché l'oreiller. Hélas ! Son départ pour Dreamland fut de courte durée, et elle était au beau milieu d'un rêve particulièrement agréable - un de ceux dans lesquels elle sauvait le monde en compagnie d'Alan et de Magnus, miraculeusement réconciliés et étonnamment vêtus de tutus roses à paillettes - quand elle s'éveilla en sursaut, avec le sentiment désagréable de ne plus parvenir à respirer.
- Rosette ! s'exclama-t-elle d'un ton furieux, bien qu'encore empâté par le sommeil, fiche le camp !

D'un bond souple, le chat, dont le poids lui oppressait la poitrine, sauta au pied du lit et disparut en ronronnant dans la pénombre du dortoir. Prudence pesta contre la stupidité chronique de l'animal - ce n'était pas la première fois qu'il prenait le thorax de sa jeune maîtresse pour son panier personnel - avant de se retourner sur le ventre, dans l'espoir de se rendormir. Hélas ! Le mal était fait, et elle eut beau s'astreindre à l'immobilité la plus parfaite et garder les paupières résolument closes, le sommeil, boudeur, l'avait fuie. Prudence poussa un soupir agacé et, rouvrant les yeux, les laissa s'habituer à la noirceur de la pièce. Peu à peu, les contours des baldaquins, derrière lesquels dormaient ses camarades, se firent plus nets, et la chambre plongea dans cette espèce d'obscurité grisâtre qui recouvre toute chose à la nuit tombée. Alors seulement, la Poufsouffle chercha à tâtons sa baguette, restée sur la table de chevet la veille au soir.
- Lumos, souffla-t-elle, après l'avoir trouvée.

Aussitôt, un rai de lumière blanche jaillit de la pointe de la baguette ~~maîtrise des sortilèges de première année, plus dix points de puissance~~. Prudence, savamment emmitouflée dans son édredon, s'assit. Le repos la dédaignait ? Hé bien soit : elle en profiterait pour ~~réviser ses cours de métamorphose~~ avancer dans la lecture du dernier roman de Wilma Verity. Sa mère lui en avait fait cadeau le matin de la rentrée, mais la fillette, qui était pourtant d'ordinaire une lectrice insatiable, ne l'avait toujours pas achevé. Pour son plus grand malheur, elle avait décrété, quelques temps auparavant, qu'une auteure qui avait autant de succès auprès de ce qu'elle appelait "le gang des dindes", dans lequel elle regroupait impitoyablement toutes celles de ses camarades qui se donnaient des airs de pauvre petite fleur fragile ("Elle, elle est du genre à pousser des cris suraigus devant une photo de bébé et à glousser quand un garçon lui adresse la parole. Pathétique, j'te jure !"), ne pouvait rien écrire de très intéressant. Parce que c'était un présent, elle s'était toutefois fait un point d'honneur à, sinon le finir, du moins commencer le roman. Depuis, elle avait toutes les peines du monde à le lâcher. Son orgueil refusait pourtant de lui faire admettre qu'elle s'était trompée sur la qualité de l'écriture : elle lisait en cachette, petit bout par petit bout, avec le sentiment latent de se livrer à un plaisir coupable. Elle était terrifiée à l'idée qu'on pût la découvrir. L'insomnie sonnait donc comme la promesse d'une plongée délicieuse et ininterrompue au coeur des mésaventures rocambolesques des personnages.

D'une geste preste, Prue tira le rideau qui entourait son lit, et, une fois à l'abri des regards, glissa la main sous son matelas, où elle dissimulait le livre. Cette fois-ci, cependant, il n'y était pas. Le coeur de la Poufsouffle manqua un battement, et un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale. L'espace d'un instant, elle s'imagina qu'un coeur peu charitable ou un esprit malveillant - au hasard Peeves - le lui avait dérobé, pour mieux la faire chanter ("File-moi ton chocolat si tu ne veux pas que je dévoile ton secret le plus noir à toute l'école !") ou la clouer au pilori au beau milieu du petit-déjeuner, avant de se rappeler qu'elle l'avait laissé dans son sac de cours. En effet, depuis quelques jours, elle transportait l'ouvrage avec elle durant la journée, et saisissait la moindre occasion qui lui était donnée de s'enfermer dans les toilettes pour le tirer de sa sacoche. Sans perdre une minute, Prudence se glissa hors du lit pour rejoindre la salle commune, où elle avait laissé ses affaires avant d'aller se coucher.

A cette heure tardive, elle ne pensait pas y trouver âme qui vive. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que, non seulement les lieux n'étaient pas déserts, mais qu'en plus, c'était Magnus lui-même qui les occupait encore ! Il n'était pourtant pas connu pour veiller tard, a fortiori les soirs de la semaine. Muette et silencieuse, la jeune fille demeura un moment immobile, visiblement hésitante quant à l'attitude à adopter. Elle ne savait plus trop sur quel pied danser, avec Magnus, depuis qu'Alan et lui étaient en froid, si bien que la tentation était grande, de faire demi-tour pour regagner son lit à pas de loup. Alan en ferait probablement tout un plat, s'il les découvrait tous les deux dans la salle commune, au beau milieu de la nuit ! Il ne manquerait pas de crier au complot, à la trahison, à l'assassinat ~~politique~~, et Prudence n'avait aucune envie de se trouver mêlée à une nouvelle crise. D'un autre côté, elle mourait d'envie de récupérer son livre. Et puis, Magnus restait son ami, même si, ces derniers temps, il lui donnait toujours l'impression d'avoir envie de l'étrangler dès qu'elle s'adressait à lui. Mais peut-être se faisait-elle des idées...

Prenant son courage à deux mains, la jeune fille s'avança résolument vers la cheminée.
- Ben alors ? demanda-t-elle d'un ton désinvolte, en se laissant tomber dans le fauteuil qui jouxtait celui du Poufsouffle, tu ne dors pas ? ~~Bravo Sherlock~~ ça ronfle trop dans votre dortoir, c'est ça ?
Elle jeta un coup d'oeil malicieux à Magnus, avant de s'étirer longuement :
- Remarque, j'suis sûre qu'à Serdaigle, ils sont encore tous levés, histoire de prendre de l'avance sur le programme ou un truc dans ce goût là... Braves Serdaigles... rajouta-t-elle avec affection. Tu fais comme eux ? Tu es en train de préparer les examens de fin d'année ?

[1068 mots]

On l'a déjà dit, Magnus était un petit garçon sensible. Il avait toujours été encouragé par ses parents à exprimer ses sentiments et à ne jamais avoir honte de ce qu'il ressentait. Bien sûr il s'était déjà fait traité de pleurnicheur ou de poule mouillée, mais comme le lui répétait souvent son père, c'est qu'ils étaient jaloux de son intelligence émotionnelle, tout simplement. Mais du coup ce qui aurait pu être un simple cauchemar pour n'importe qui devenait une remise en question générale du jeune garçon. Il regrettait qu'il faille attendre encore un an pour avoir accès aux cours de divination, nul doute qu'une spécialiste en interprétation des rêves aurait été bien utile ce soir. En plus il était évidemment hors de question de se rendre à la bibliothèque en dehors des heures d'ouvertures, c'était un coup à se retrouver nez à nez avec madame Pince en robe de nuit et Magnus refusait de perdre son innocence de cette manière.

Tout occupé qu'il était à chercher un moyen de comprendre la signification de ce cauchemar récurrent, le blondinet n’entendit pas Prudence arriver dans la salle commune tel un ninja et se glisser près de lui à travers les ombres qui ondulait dans la pièce. Alors quand une voix s'éleva à moins d'un mètre de lui sans aucun annonciateur, Magnus poussa un cri et sursauta si haut qu'on aurait pu croire qu'il était monté sur ressort. Pendant la fraction de seconde avant de s'apercevoir qu'il s'agissait uniquement de Prue, il songea qu'il n'avait pas fait un cauchemar mais que la Menace avait réussi à s'infiltrer dans la salle commune des Poufsouffle et qu'ils décidaient se contenter d'un sang-mêlé, vu que c'était tout ce qu'ils avaient sous la main. Magnus regretta d'avoir laissé sa baguette sur sa table de nuit, regretta que lui et Alan soit toujours brouillés au moment où il s’apprêtait à mourir. Jusqu'à ce qu'il réalise que c'était juste Prudence.
Il posa une main sur son coeur et fit les gros yeux à la jeune fille.

-Ça va pas la tête de sauter sur les gens comme ça ? Complètement toc-toc zinzin...

Il s'affala dans le fauteuil pour reprendre ses esprit. Il venait probablement de survivre à l'expérience la plus effrayante de sa vie. Que lui réservait cette nuit, hein ? Est ce qu'il allait se faire attaquer par des korrigans maléfiques qui avait pris la place des elfes de maison ? Est ce qu'il allait découvrir un trou dans son pyjama préféré, celui au motif de pierre semi-précieuses ? Est ce que Prudence était là pour lui annoncer que Rosette avait dévoré sa chouette bien aimée ?
En plus pour être tout à fait honnête, Magnus avait des sentiments mitigés à propos de Prudence, d'un côté il était certain qu'il l'adorait, même s'il songeait parfois qu'elle était bien trop tête brûlée pour être à Poufsouffle et d'un autre côté il était devenu jaloux de la relation qu'elle avait avec Alan, sous prétexte que lui voulait bien participer à toute ses escapades tordues et en dehors du règlement.
Peut être que c'était un autre signe qu'il ne devait pas négliger, une occasion de resserrer un peu les liens du trio.

-J'ai fait un cauchemar horrible, avoua-t-il à son amie. Avec un âne, ajouta-t-il à voix basse, au cas où celui ci serait posté dans un coin de la salle commune, prêt à venir lui braire lugubrement aux oreilles en entendant qu'on parlait de lui.

» Pas de bruit dans la nuit...
» Un ombre dans la nuit
» Une nuit dans le parc.
» Tard dans la nuit.
» Un carosse dans la nuit [PV]