Ce qui avait le plus manqué à April pendant les grandes vacances, c'était le Quidditch. Oui, elle avait pu pratiquer un peu avec sa mère et Harmony pendant l'été, mais elles ne restaient jamais bien longtemps, et puis surtout ni de cognard ni de vif d'or dans le jardin familial ! Pour la lionne qui voulait être la plus polyvalente possible avant qu'on la sélectionne pour un poste officiel particulier, c'était presque de la torture. Surtout que la détermination des deux autres joueuses était bien loin de celle d'April, qui aurait pu rester des journées entières sur son balai.
Dès la seconde où les entraînements avaient repris, elle s'y était précipitée. Elle avait pu goûter aux joies et déceptions des matches l'année passée, hors de question qu'elle retourne sur le banc des remplaçants ! L'adrénaline dégagée lors des rencontres entre maisons, l'énergie de l'équipe rouge et or étaient ses nouvelles drogues.
La blondinette donnait tout pour s'améliorer, encore et encore. Elle voulait gagner sa place dans l'équipe, pas n'être là que parce que les meilleurs étaient malades, ce qu'elle ne leur souhaitait pas. Après tout, s'ils étaient plus forts qu'elle, la
première deuxième année n'avait qu'à les dépasser !
- 'Mony, s'il te plaît, viens avec moi !
- C'est la quatrième fois que tu me demandes aujourd'hui ! Tu n'en as pas assez avec tous les entraînements que vous avez ?
- Oui, mais notre premier match de la saison n'est pas pour maintenant, la sélection n'a pas encore été faite !
- Tu es douée, tu t'entraînes déjà assez.
- Mais il y a des gens qui ont joué bien plus que moi dans l'équipe ! Il faut que je rattrape mon retard. Et puis tu ne peux pas dire que je douée, tu n'y connais rien en Quidditch. Harmony soupira. Elle n'avait nul besoin de regarder sa jumelle pour savoir qu'elle faisait la moue, dans une posture digne d'un enfant de cinq ans, et que d'ici un instant elle partirait en courant vers le terrain.
April partit effectivement quelques secondes après. Elle avait tout tenté avec sa sœur : les suppliques, le chantage, l'insistance … Puis, comme rien de marchait, elle espérait que quelqu'un soit présent sur le terrain. S'entraîner seul n'est guère facile en Quidditch.
Elle avait déjà enfilé ses baskets, ses leggings et un débardeur porté sous un sweat à capuche léger – son préféré parce qu'il y avait des trous pour mettre les pouces dans les manches – et courut jusqu'à sa chambre. S'il n'y avait aucun autre joueur sur le terrain, elle avait sa petite idée sur ce qu'elle pourrait faire pour bouger – et s'entraîner aussi d'un certain point de vue –.
En ce samedi début d'octobre, il faisait un temps idéal au goût de la blonde – il faut avouer qu'elle n'était pas trop difficile là-dessus –. Le soleil était bien présent, bien qu'il soit encore tôt, quand même à peine 8h30. Il y avait un léger vent frais qui faisait doucement voler ses cheveux, qu'elle rassembla en un chignon, à grand renfort de pinces, mais au moins elle ne serait plus gênée, sinon il y avait toujours une mèche pour lui tomber dans les yeux au moment critique.
Le parc était désert, elle se sentait seule au monde et tellement bien et libre ! Quelques pas, roues, roulades et sauts plus tard, elle arriva dans le stade, vide. Son visage s'illumina d'un sourire. Elle avait momentanément oublié le sport des sorciers.
Il ne lui fallut que quelques battements pour faire son grand écart sans effort. Elle s'était énormément entraînée, chaque jour des vacances – trop peut-être - et son niveau avait rattrapé le retard pris pendant sa première année à Poudlard. La blonde s'échauffa un peu plus longuement le dos avant de faire plusieurs souplesses.
Elle reprocha à son école préférée d'empêcher l'usage des objets Moldus dans l'enceinte de l'école. Sa musique lui manquait. Encore une chose qu'elle avait fait tout l'été : écouter de la musique.
Avec un sourire espiègle adressé au stade, qui n'avait pas du voir ça souvent, elle ramassa une massue
(par massue j'entends ceci) et commença à la manipuler. Ce geste la déstressait. Elle porta son regard sur terrain et prit la deuxième. De toute façon, elle connaissait aussi bien la musique que l'enchaînement, pour le nombre de fois où elle l'avait entendue.
C'était le dernier enchaînement qu'elle avait appris, le dernier qu'elle avait présenté en compétition. April l'avait amélioré, modifiant les parties qu'elle n'aimait pas faire pour les remplacer par des figures qui l'amusaient ou qui étaient plus difficiles à maîtriser.
La lionne lança sa massue pour mieux appréhender son poids et ses réactions. Elle avait beau les connaître par cœur, cela faisait un mois qu'elle n'y avait pas touché. Elle fit un bond de côté pendant le retour de l'objet, craignant de se la prendre le pied si elle ne la rattrapait pas – chose très douloureuse – mais le manche finit dans sa main avant de toucher le sol. La blonde sourit encore plus et commença à faire son enchaînement.
Elle n'avait plus besoin de voir les limites du praticable pour savoir quand arrêter d'avancer. À force de le répéter, elle savait très exactement le nombre de pas qu'elle devait faire avant d'effectuer une figure. Les passages dansés, fait en total automatisme la laissaient s'imaginer la musique ; alors que les difficultés, les lancers, la forçaient à se concentrer. Elle devait à la fois lancer au bon endroit pour récupérer la massue sans peine et assez haut pour avoir le temps de faire sa figure et de reprendre son équilibre avant que l'engin ne chute.
Elle répéta l'enchaînement en entier plusieurs fois, malgré quelques ratés. Mais c'est seulement à sa dernière tentative qu'elle réussit le dernier lancer, le plus difficile. C'était le seul pendant lequel elle devait lancer en même temps ses deux massues. Cependant, en l'air, les engins avaient une forte tendance à prendre deux trajectoires différentes pour peu qu'ils ne soient pas parfaitement lancés. Ensuite elle devait faire une souplesse avant et en récupérer une dans chaque main. Mais en pratique, elle n'en avait souvent qu'une seule pour faire sa pose de fin, l'autre ayant roulé au loin dans l'herbe. Miraculeusement - elle savait très bien qu'il y avait une grande partie de chance dans sa réussite - elle récupéra les deux massues, glissa au sol en grand écart et prit sa pose finale : grand écart droit, dos cambré jusqu'à ce que sa tête frôle sa jambe, bras à l'horizontale tenant chacun une massue.
Elle tint la position de longue secondes, les yeux fermés, haletante, avant de s'asseoir en tailleur, posture ressemblant plus à un humain n'ayant pas déboité ses articulations.
{1119 mots}