Match #5 Poufsouffle VS Serpentard

Le moral de Prudence était, non pas en dents-de-scie, mais carrément en aspirateur. Oui, parfaitement, en aspirateur. Ce qui signifiait qu'à peine une étincelle de bonheur émergeait-elle dans l'horreur de ce match, qu'elle était aussi aspirée par la dure réalité. En l'occurrence un but manqué. De nouveau, Prudence serra les dents de rage, sans se soucier des conséquences désastreuse que cette fâcheuse manie pouvait avoir sur sa dentition ("Chers papa maman, tout va bien à Poudlard, mais je fais avoir besoin d'un dentier..."). Elle se sentait au fond du trou : jamais elle n'avait su mal joué, et pourtant, elle avait été une attrapeuse de piètre qualité lors de la rencontre précédente.

Le gardien de Serpentard commençait à lui faire un peu peur et elle se sentait fatiguée. Si la rencontre s'éternisait, elle allait certainement tester la fameuse loi de Newton avant que l'arbitre ne siffle la fin du jeu. La chute risquait d'être rude, et elle ignorait si elle avait le même talent qu'un chat ou même qu'un Alan Carmichael, pour atterrir sans trop de dommages. Un peu anxieuse à cette idée, la jeune fille raffermit sa prise sur son balai. Elle allait être bonne à mettre au placard si elle ne se montrait pas plus concentrée et efficace ! Prudence poussa un soupir et tira brièvement la langue dans une grimace ennuyée du plus bel effet. Elle aurait bien eu besoin d'une brosse à cheveux et d'un verre d'eau...

Sans grande conviction, elle reprit le souafle qu'un de ses coéquipiers lui lançait, et s'efforça de viser l'anneau central.

Et c'était l'égalitéééééééééé !

Bon, il n'y avait pas de quoi se vanter, mais au moins, les poursuiveurs de Poufsouffle n'auraient pas fait pire que ceux de Serpentard, ce qui était une consolation, car Prudence sentait confusément, qu'au-dessus d'elle, les attrapeurs s'échauffaient. Le vif avait dû faire quelques apparition furtives avant de prendre la poudre d'escampette, mais en général, quand il commençait à se montrer et à éveiller l'attention des attrapeurs (qui, jusqu'à présent, dormaient comme des bienheureux, telle le dauphin neurasthénique dans son bassin), c'était que l'issue du match n'était pas loin.

Cette prise de conscience provoqua une poussée d'adrénaline chez la jeune fille, qui sentit soudain la sueur perler le long de son dos. Sympa. Merci la vie. Maintenant elle allait avoir le polo trempé et sentir la vieille sardine. Grandeur et décadence d'un match de Quidditch. Elle s'efforça toutefois de faire fi de cette situation ("Urgence déo, urgence déoooo !"), pour rejoindre ses coéquipiers devant les buts de Serpentard. Après tout, il était encore temps de tenter une action !