[THEME] Premier contact [PV]

C'était la première fois que Joséphine entrait dans la bibliothèque de Poudlard. Son sac sur l'épaule, le regard austère les yeux balayant les quatre coins de la pièce, la première constatation de la Française était que cette pièce était bien plus grande que sa porte d'entrée ne le laissait paraître. Un petite porte en bois, basique, pas démente, qui laissait clairement entendre que derrière – au mieux – se cachait le placard à balai du concierge, ne donnait jamais sur la pièce la plus grande et la plus fournie de tout le Ministère de la Magie français. Enfin sauf au pays des buveurs de thé donc, pays dont les sorciers se passionnaient pour les sortilèges d'extension coucou Norbert et plus globalement pour des choses qui étaient plus grandes qu'elles ne devaient être comme un araignée carnivore ou un garde-chasse obèse.

La jeune fille passa rapidement en revue tous les jeunes sorciers qui avaient décidé qu'un samedi après-midi du mois de mai ne donnait pas encore suffisamment de soleil pour leur peau blanche de crémier, et choisit une table libre près de celle d'une Serdaigle plus âgée qu'elle une fille rousse, une fille bien, donc. Étalant grassement ses affaires sur sa table pour bien signifier à quiconque qu'il pouvait s'enfoncer le doigt dans l'œil jusqu'au coude s'il comptait s'asseoir avec elle, la Poufsouffle – aussi à l'aise que chez elle – stupéfaite pour ce lieu qu'elle ne connaissait pas encore, regretta presque de ne pas être venue ici plus tôt.

La bibliothèque était très calme pour travailler (on était loin du brouhaha ambiant de la salle commune), on devait y trouver au moins 3 fois plus de livres qu'à Beauxbâtons, et c'était carrément plus joli, aussi. Globalement, depuis qu'elle était arrivée, Joséphine trouvait l'architecture de Poudlard bien plus sympathique que son ex-école française. En fin de compte, elle y avait gagné au change : la française adorait les vieux châteaux et on ne pouvait que reconnaître que Poudlard était une belle bâtisse aux secrets si divers qu'on pouvait y passer une vie sans tout apprendre. Elle s'y sentait bien. La bibliothèque illustrait parfaitement tout ce qu'elle aimait : des rayonnages à perte de vue, des étagères en bois richement remplies, des chandelles flottant dans les airs, Jo aurait très franchement pu y passer des heures.

Son planning de révision fraichement terminé (c'est que la fin de l'année approchait à grand pas et qu'une mutation d'école contre toute attente, ne l'avait pas exonérée d'examens) la jaune et noire se leva pour aller chercher un livre sur l'Histoire de la Magie. Comme c'était à prévoir, le programme en Histoire de la Magie variait sensiblement en fonction du pays, elle avait donc de nombreuses lacunes sur le programme anglais. Elle savait pertinemment que les examens à Poudlard, cette année, porteraient essentiellement sur comment bien se débrouiller en cas d'attaques de zombies, de poupées sans tête et de clowns psychopathes, mais ça ne l'empêchait pas de bien travailler les autres matières. Jo détestait ne pas comprendre, et elle savait qu'elle ne pourrait pas étudier consciencieusement les autres matières si elle n'avait pas l'esprit libéré de ces questions historiques.

Après plusieurs minutes de repérage dans cette vaste – très vaste – pièce, la sorcière trouva un rayonnage immense entièrement consacré à l'Histoire de la Magie, plus grand même que son manoir français. Sans déconner, ils les choppaient où, tous leurs bouquins ? Après une bonne vingtaine de minutes à passer un à un chacun des livres, à monter une bonne demi-douzaine d'échelles et autant d'escaliers, la jeune fille, perchée en équilibre sur une échelle d'environ quinze mètres, trouva son bonheur. Le livre était bien évidemment le plus loin de sa portée : elle n'était pas grande et ne pouvait l'atteindre que sur la pointe des pieds, une seule main sur les barreaux. Ce qui devait arriver arriva : à peine en main, l'ouvrage tomba lourdement au sol, dans un bruit sourd et la bibliothécaire débarqua aussitôt, un poignard à la main, quelques mètres plus bas.

- Ooh merde !

La discrétion de la jeune fille était connue de tous, à Poufsouffle: Tempérance avait renoncé à 'chuuuuter' sa camarade quand celle-ci parlait trop fort et on ne s'étonnait même plus d'entendre la française de Beauxbâtons jurer à haute voix dans la salle commune la classe à la Française, un peu. La sorcière ignorait en revanche que la bibliothécaire de Poudlard était une sorte de Cerbère humanoïde qui avait elle-même accouché de tous les livres présents ici. Elle ignorait aussi qu'un pet de mouche belliqueuse s'entendait à des kilomètres à la ronde, et ignorait par conséquent que crier dans la bibliothèque revenait plus ou moins à payer soi-même le bourreau de sa décapitation.

A peine les mots franchirent ses lèvres que la jeune sorcière le regretta immédiatement et plaqua sa main libre sur sa bouche. Elle l'enleva par ailleurs immédiatement en saisissant un barreau dans le but de retrouver l'équilibre qu'elle avait perdu dans le suicide prémédité du livre. Qu'elle n'aille pas s'écraser à côté du livre, car elle était sûre que quelqu'un allait encore faire une syncope si on retrouvait un cadavre dans Poudlard.
Elle descendit les barreaux de l'échelle aussi vite que ses petites jambes le lui permettait, dans le but de ramasser la livre avant que quelqu'un ne l'a voit.
A y réfléchir, elle se rappelait vaguement une mise en garde de Tempérance, quelques semaines plus tôt, comme quoi la bibliothécaire était à prendre avec des pincettes et qu'il valait également mieux éviter le concierge de l'école. Ils avaient un soucis avec la direction ici ? Ils étaient sous-payés ou quoi, ces gars-là ? Non parce qu'il existe pire comme métier hein, ramasseur de bouse de dragons en Roumanie par exemple, ils avaient quand même pas trop à se plaindre planqués à Poudlard. Mais oui, ça lui revenait maintenant, Jo se rappelait très nettement de la mise en garde de Tempépé et se voyait d'ailleurs très nettement répondre à son amie que si "la bibliothécaire avait un soucis avec les enfants, elle n'avait qu'à se trouver un boulot dans ses cordes. Comme archiviste, par exemple ou croque-mort. Ou un truc loin d'une école quoi." C'était fou ça quand même, elle n'allait quand même pas stresser pour une femme dont la passion se résumait à faire la poussière sur 'L'art et la manière de réussir un repas chic' et de classer par ordre alphabétique tout ce qui touchait aux maladies contagieuses chez les sorciers !
Qu'on lui dise quelque chose tiens, Jo' se ferait un plaisir de dire à cette bibliothécaire qu'il arrivait à tout le monde de tomber des livres. II faut se détendre, oh.

Entendant des bruits de pas arriver en sa direction, Jo qui n'avait pas été répartie à Gryffondor se cacha immédiatement derrière une étagère, son livre collé contre la poitrine. " Non c'est pas moi, c'est pas moi !". Courageuse mais pas téméraire.

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