Débandade [ PV ]

❝Débandade❞ Tempérance & Payton

© Pando

Tout était parti d'une crise de sentimentalisme exacerbé, Tempérance en était pleinement consciente. Pour sa défense, elle était coupée de sa mère - et ainsi de sa seule famille proche - depuis de longues semaines désormais. C'était donc plutôt naturellement qu'elle s'était tournée vers le seul petit bout de famille qu'il lui restait lorsqu'elle était à Poudlard, c'est-à-dire, le souvenir de son père. Un petit passage par la salle des trophées après le dîner - et avant d'être emprisonnée dans sa salle commune par le couvre-feu - paraissait plutôt innocent, sur le principe. Un coup d’œil au trophée de duel de son père, un petit pincement au cœur en lisant le nom 'Biel', et elle pouvait retourner dans son dortoir plus sereinement.

Mais parce qu'elle était prône à la catastrophe et aux déboires divers et variés, il avait fallu que le karma la rattrape. Elle aurait dû s'en douter. Au sortir de la salle, un caquètement familier lui fit sortir par réflexe - et plutôt inutilement - sa baguette de la poche de sa robe, pour tâcher de se défendre face à ce qu'elle savait être la menace représentée par l'esprit frappeur de l'école. Quelle tuile. Voyant cependant apparaître Peeves en possession de ce qui semblait être une quantité impressionnante de mélasse enfermée dans un grand bocal transparent, la jeune Poufsouffle décida que dans le fond, la meilleure stratégie était parfois le replis. Jurant dans sa barbe inexistante, elle prit ses jambes à son cou en priant tous les dieux on ne sait jamais : autant mettre les statistiques de son côté de ne pas trébucher sur ses propres pieds. Objectif : la salle commune, avant de finir par être la énième victime de Peeves - voire pire, se faire attraper par un membre de MS faisant preuve d'un peu trop de zèle concernant le couvre-feu approchant. Elle n'avait pas besoin de finir en retenue jusqu'à la fin de l'année. Elle réservait ce genre d'exploits à Teddy, ce grand benêt qui ne faisait vraiment pas assez preuve d'instinct de préservation.

Tournant à l'angle du couloir des sortilèges, elle vit apparaître une silhouette venant en sens inverse et ralentit sa course avec appréhension. « Payton ! » Elle était essoufflée, vaguement transpirante, et franchement angoissée à l'idée de finir en colle avec un membre de MS. Une humiliation de plus à ajouter à une liste qui ne faisait décidément que s'allonger, événements auxquels Payton avait parfois eu la malchance d'assister mais bon avec l'amnésie, elle a peut-être oublié ? « Peeves ! » expliqua-t-elle en se pliant en deux pour atténuer son point de côté. Il fallait vraiment qu'elle se remette au sport. Un caquètement la fit se redresser et attraper son amie par la manche. « Désolée de t'embarquer là-dedans ! » Trois étages à descendre puis les sous-sol à atteindre. Tempérance fit travailler ses méninges pour se souvenir d'un potentiel passage secret découvert au fil des années, ou enseigné par Teddy.

La tapisserie d'Herbert le Malin ! Elle vira à droite, entraînant Payton avec elle et là tu regrettes amèrement d'avoir choisi ce couloir-là, et poussa un petit cri de joie en apercevant l'affreuse décoration. « Par là ! » Elle tira la tapisserie et fit tout tomber sur elle. Si elles ne bougent plus Peeves ne les verra peut-être pas ?, laissa passer Payton et s'engouffra à sa suite dans le passage menant au deuxième étage. Passage découvert après s'être malencontreusement appuyée sur ladite tapisserie au cours de sa deuxième année et avoir fini dans le décor à l'insu - elle l'espérait du moins - de ses petits camarades. Elle était dignement réapparue de là, l'amour-propre mis à mal, en se disant que si elle faisait comme si de rien n'était, peut-être qu'on ne lui ferait aucune remarque. Technique brevetée Biel. « Quelle horreur cet esprit frappeur ! Presque pire que Rusard... » marmonna-t-elle avec mécontentement. Et c'était peu de le dire, puisque Tempérance avait une peur semi-irrationnelle du concierge depuis sa première année passée à l'école. « Tu retournais à la salle commune ? C'est bientôt l'heure du couvre-feu... » chuchota-t-elle timidement à présent. Après tout, elle avait embarqué cette pauvre Payton dans ses galères sans qu'elle n'ait rien demandé. Mais une fois qu'elles s'étaient croisées, elle aurait difficilement pu la laisser servir d'appât à Peeves quoique.

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Payton vivait plutôt bien l’invasion de Magicis Sacra. Mieux que certains en tout cas. Mieux aussi que ce que ses camarades avaient craint pour elle. La raison en était relativement simple : elle ne pensait pas avoir de nouveaux problèmes avec MS si elle se tenait à carreau et ils lui avaient déjà tout pris. De plus, l’amnésie avait ceci de confortable qu’elle n’avait pas de lien profond avec ses parents. A ses yeux, c’était à peine si elle les connaissait depuis un an, et le fait d’être en internat ne l’avait pas amenée à beaucoup les côtoyer. Elle se sentait bien plus chez elle à Poudlard avec ses amis, ses camarades de maison et son petit ami. En effet, Payton sortait avec Louis et elle se sentait bien plus proche de lui que d’une famille qu’elle ne voyait jamais. Être enfermée dans le château lui évitait même d’avoir à écrire des lettres fades dont le contenu lui pesait.

Cependant, elle savait que sa situation bien particulière provoquait chez elle cette situation de confort et que ce n’était pas un sentiment partagé par ses camarades. Aussi, bien qu’elle se sentit assez à l’aise pour traîner dans Poudlard en soirée, elle n’imposait pas son avis aux autres et n’en parlait pour ainsi dire jamais. Traverser l’enfer de l’amnésie l’avait en quelque sorte anesthésiée de tout sentiment de peur envers MS et c’est l’esprit tranquille qu’elle était sortie tard de la bibliothèque. La rancœur avait disparu car elle ne lui apporterait rien, elle ne lui rendrait même pas ses souvenirs. Payton préférait avancer de son mieux dans les circonstances actuelles tout en veillant à ne pas faire prendre de risques inutiles aux adultes pris en otage, bref, elle se comportait comme une élève normale dont les professeurs étaient juste différents d’avant. Elle évitait aussi de trop réfléchir : elle n’avait pas de passé alors mieux valait qu’elle ne perde pas espoir en l’avenir.

Le calme qu’elle affichait sur la route devant la conduire à la salle commune fut brusquement brisé par l’apparition de Tempérance qui semblait dans tout ses états. « Qu’est-ce que... » commença-t-elle à demander alors qu’elle était déjà entraînée dans la course de son amie. Il semblait que Peeves était à ses trousses et c’était lui qu’elle fuyait, Payton préféra donc suivre le mouvement plutôt que d’être la nouvelle cible des facéties de l’esprit frappeur. Elles finirent par pénétrer, en sécurité, dans un passage secret qu’évidemment la brunette ne connaissait pas/plus.

« C’est vrai qu’une fois qu’il a décidé de faire quelque chose, il est intenable… mais il a le mérite de faire tourner en bourrique tous les occupants du château, quel qu’ils soient. » Mais Payton n’avait quasiment jamais eu à faire à lui depuis son amnésie, elle se contentait d’en entendre souvent parler par ses camarades – et toutes les histoires concordaient quant au caractère impossible de l’esprit frappeur -. Peut-être Peeves ne trouvait-il pas très drôle de s’en prendre à une fille qui savait à peine comment s’appelaient les membres de sa famille ? En revanche, il n’était pas avare de tours avec Magicis Sacra qui semblaient, pour beaucoup,en prendre leur parti. « Je finissais un devoir à la bibliothèque, je n’avais pas vu l’heure, on m’a presque mise à la porte. Et toi ? Pourquoi étais-tu sortie ? » Tempérance ne semblait pas être le genre à chercher les ennuis en traînant jusque tard dans les couloirs… donc elle devait avoir une bonne raison de ne pas être encore rentrée (et de tomber au passage sur Peeves!).

Au fil des mois, Tempérance avait eu le temps de passer par les cinq étapes du deuil concernant Payton : d'abord, le déni ("Comment ça tu ne te souviens pas de moi ? Tu me dois cinquante Gallions et trois Mornilles, ne fais pas l'enfant. Impossible qu'elle ait perdu la mémoire pour de bon : ça va forcément revenir."), rapidement suivi par la colère ("A cause de toi j'ai dû acheter tous mes manuels d'occasion ! MS c'est tous des crevards, sus à l'ennemi, au diable la notion de stratégie et de plan !") et le marchandage ("Franchement tu me donnes les cinquante Gallions et on est quitte. Peut-être qu'elle se souviendra de certains trucs ?"), précédant une terrible phase de dépression ("Bouhouhou je veux mon argent. C'est horrible ce qui est arrivé à Payton. Et à sa famille. Et elle ne se souvient plus de rien même pas de moi...") ne touchant à sa fin que grâce à l'acceptation ("C'est fini je n'aurai plus jamais d'argent. Je suis pauvre désormais, c'est ma vie. Ce n'est peut-être pas tout à fait la même personne, mais ça reste quand même mon amie, même si elle ne retrouvera sans doute jamais la mémoire. C'est la vie."). Elle avait pourtant rencontré Payton dès sa première année à l'école. La jeune femme avait beau être d'un an son aînée, leurs caractères respectifs les avait aisément rapprochées, aussi Tempérance l'avait-elle toujours comptée comme une amie précieuse. Mais si l'ancienne Payton avait disparu, cela ne signifiait pas qu'elle ne serait pas présente pour la 'nouvelle' - qui restait tout de même Payton, en version altérée, certes.

En revanche, Tempérance était bien consciente - et tout à fait désolée - d'avoir entraîné son amie dans ses galères (une fois n'est pas coutume). A son soulagement, elle l'avait tout de même suivie sans broncher, ce qui aurait nettement ralenti leur cavalcade. Sans doute l'apparition d'une Tempérance échevelée et vaguement suintante avait-elle fini de la convaincre du danger imminent que représenterait l'immobilisme.

Les deux filles finirent dans un passage découvert par l'Irlandaise des années plus tôt, et qu'elle espérait suffisamment couvert pour les protéger de Peeves. Si elles ne faisaient pas trop de bruit, elles avaient leurs chances : il ne s'agissait pas d'un cul-de-sac mais d'un escalier caché menant au deuxième étage, aussi y avait-il peu de risques pour que l'esprit frappeur les y poursuive s'il ne les avait pas vues y entrer. Reprenant son souffle, légèrement courbée en avant, Tempérance ronchonna à cœur joie - mais à voix basse - concernant les agissements de Peeves. Remise de ses émotions, elle fit signe à Payton de la suivre tout en lui répondant : « Tu as raison : il enquiquine les membres de MS tout autant que nous - voire plus. » Tempérance avait beau avoir atteint l'acceptation, elle ne s'habituait toujours pas au détachement dont Payton parvenait à faire preuve vis-à-vis de l'organisation qui lui avait coûté sa mémoire. Sans doute ne pouvait-elle pas comprendre - et ne comprendrait jamais entièrement. « S'il parvenait à leur faire quitter l'école, ça serait par-fait. » ajouta-t-elle en se tournant pour adresser un regard entendu à son amie.

Elle grimaça à l'évocation de la bibliothèque. « Vraiment ? J'ai horreur de cet endroit, c'est si calme... Et Madame Pince me déteste. Remarque, elle n'est pas là actuellement, mais je n'apprécie pas plus le cadre pour autant. » Peu adepte de la solitude, Tempérance ne se rendait en effet à la bibliothèque que : 1) accompagnée (et chuchotant un flot de paroles diverses et variées à son compagnon d'infortune coucou Erin tout au long de sa présence) ou 2) pour emprunter fissa un livre et fuir vers des contrées plus opportunes. « Je suis passée par la salle des trophées en sortant du dîner. Je voulais regarder le trophée de mon père, c'est un peu stupide... » reprit-elle en soupirant. Son cœur se serra. Elle n'avait pas encore re-communiqué cette information à Payton. « Il est décédé lorsque j'étais plus jeune. Je n'ai jamais vraiment su ce qu'il s'était passé. » ajouta-t-elle de manière succincte mais efficace : elle ne tenait pas à s'attarder sur le sujet - elle n'était plus certaine d'avoir encore assez de larmes pour en verser de nouvelles. « J'espère que ma mère va bien. Enfin, tout le monde est plus ou moins dans le même bateau de toute façon... » Objectif : garder la foi et l'optimisme qui la caractérisait. Pas question de s'effondrer lorsque ses proches avaient besoin d'elle. Même si sa mère était une moldue. Même si elle était la seule famille lui restant.

Payton était elle aussi par les cinq phases du deuil concernant son amnésie mais, comme elle ne faisait jamais les choses comme tout le monde, cela avait eu lieu à rebours. Dans un premier temps, il y avait eu l’acceptation : c’était un fait, elle avait perdu la mémoire, elle ne se souvenait absolument de rien et il allait falloir faire avec. Cette période avait été suivie par une vague de dépression bien compréhensible : devoir ré-apprendre sa propre vie n’était pas la chose la plus confortable au monde, et encore, elle n’était qu’adolescente, le choc était moins grand. Elle avait ensuite tenter une sorte de marchandage avec elle-même du genre « allez, aujourd’hui, tu souris à tout le monde et demain ça ira mieux, plus personne ne te regardera comme une bête curieuse ». La méthode sus-citée ne fonctionnant pas, ou peu, elle passa à la colère. Pendant une période relativement courte mais qui pouvait paraître longue à l’échelle de l’unique année de souvenirs de Payton, elle avait séché ses cours particuliers, s’était renfermée sur elle-même et refusait de parler à une bonne partie des adultes. Vint ensuite, et enfin, l’époque bénie du déni dans lequel elle baignait encore par période : peu importait qu’elle ne se souvienne de rien, elle n’était pas différente d’avant son amnésie, après tout. Sauf qu’en réalité si. Elle avait bien gardé quelques traits en commun avec son ancienne personnalité, mais sans les souvenirs heureux d’une enfance choyée, il restait surtout une adolescente qui, en dépit d’un bon fond, avait un caractère très (trop) affirmé.

« Je n’y crois pas trop honnêtement. Si Peeves suffisait à faire fuir MS, ils seraient déjà partis. » Elle était extrêmement raisonnable concernant l’invasion, un peu trop même de l’avis de certains. Mais elle ne voyait pas du tout pourquoi elle devrait partir comme une va-t-en guerre contre MS alors qu’elle éprouvait un sentiment très mitigé quant à leurs actions. D’un côté, c’était vrai qu’ils lui avaient lancé un oubliette, mais d’un autre côté, ils avaient beau tenir l’école depuis plusieurs semaines, ils n’avaient violentés aucun d’entre eux. Peut-être que tout ça était juste une vaste erreur et que MS finirait par trouver un terrain d’entente avec le ministère ?

Elles évoquèrent finalement leurs activités pré-Peeves mais Tempérance ne paraissait pas très emballée par les devoirs faits en bibliothèque (à moins que le problème là-dedans ce soit plus simplement le travail supplémentaire, non?). « C’est plutôt sympa quand on a besoin de calme. » mais Tempérance n’était pas très solitaire alors que Payton, parfois, ressentait une certaine nécessité à être au calme pour faire le point sur tout ce qu’elle avait appris dans la journée, y compris sur elle-même. Or, l’endroit le plus calme de l’école était bien la bibliothèque !

Visiblement, ce n’était pas le travail qui avait été à l’ordre du jour pour sa camarade de Poufsouffle. Elle s’était plongée dans le passé, chose que Payton ne savait pas faire (pas seulement parce qu’elle avait été oubliettée, mais aussi parce qu’elle avait même du mal à penser à la semaine précédente). « Je suis désolée pour ton père... » Elle ne voyait pas quoi dire d’autre même si elle sentait la tristesse qui pointait derrière les paroles de son amie. « Je suis sûre que ta mère va bien, même si elle doit être inquiète. Ils nous l’auraient dit s’ils avaient fait quelque chose à l’extérieur. » Elle essayait de rester optimiste : il y aurait forcément de la lumière au bout du chemin.

Tempérance - comme beaucoup d'élèves, supposait-elle - détestait Peeves. Pour une élève aussi prompte à la maladresse qu'elle, l'esprit frappeur était une véritable affliction. Les attaques surprises, les pièges laissés à l'intention d'élèves traversant distraitement un couloir sans s'attendre à ce qu'une flaque de sirop d'érable les attende au prochain angle... Mais s'il fallait reconnaître une qualité à cet énergumène, c'était qu'il se montrait plutôt impartial. Tout le monde avait droit à son lot de caquètements enflammés et d'attaques au ballon rempli d'eau. Même - et surtout - les membres de Magicis Sacra. Cela étant, Tempérance était loin de songer que ses petits agissements suffiraient à faire fuir Freja et ses sbires. Ils n'étaient pas des enfants. Elle aurait bien voulu, néanmoins, mais même elle n'était pas assez optimiste pour réellement le penser. « C'est sûr. S'il peut au moins les enquiquiner le plus possible cela dit, ça ne leur fera pas de mal... » énonça-t-elle dans un rare moment de haine envers autrui. Le calme - voire l'acceptation - de Payton la médusaient. Ces gens-là étaient responsables de son amnésie, pourtant, son aînée n'exprimait aucune aversion à leur égard.

L'évocation de la bibliothèque arracha une moue vaguement dégoûtée à la jeune Irlandaise, tandis qu'elle remontait le passage secret en compagnie de son amie. Si elle s'y rendait, ce n'était toujours que par pure nécessité et pour le moins de temps possible. « T'as raison. Mais je trouve ça trop calme... J'préfère quand c'est un peu trop plus moins calme. » avoua-t-elle en haussant les épaules. Trop de calme : trop de temps pour se perdre dans ses propres pensées. Tempérance préférait nettement faire semblant de travailler dans la salle commune des Poufsouffles, voire dans la chaleur de son dortoir en dormant, finalement. Certes, les distractions étaient plus nombreuses, mais elle pouvait également parler à ses amis si elle avait une question sur un point, ce qui était très difficile à la bibliothèque, sous le joug de Madame Pince.

Détournant les yeux quand il fut question de raconter - brièvement - son propre passé, Tempérance préféra se concentrer sur le présent, et ce qu'il advenait à l'extérieur de l'école : « Sans doute, mais on n'en est pas sûr. Tout comme ça doit être le cas pour les parents. On ne nous traite pas mal, mais on peut facilement imaginer le pire. Et même si j'ai envie de croire qu'elle va bien, vraiment, parfois c'est un peu difficile... » Elle déglutit. « Et puis, peut-être que ça va maintenant, mais on ne sait même pas quels sont leurs plans pour après. Ils en ont forcément, non ? » Comment protéger sa mère devenait une question qui revenait sans cesse dans son esprit. En admettant qu'on les laisse un jour quitter Poudlard - de gré ou de force -, si MS demeurait, alors Siobhan ne serait pas tout à fait en sûreté, si ? Avec ce que MS semblait penser des moldus, Tempérance avait de plus en plus de mal à y croire - et pourtant, elle était connue pour sa capacité au déni à garder l'espoir en toute circonstance.

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Payton laissa de côté le sujet brûlant de Peeves – ce n’était pas comme si qui que ce soit pouvait faire quelque chose contre l’esprit frappeur – et se concentra sur l’histoire de la bibliothèque. Certes, il n’y avait pas tellement plus à en dire, mais disons que ça inspirait plus Payton comme sujet de conversation et elle avait toujours été un peu bavarde. Quand elle n’était pas déprimée en tout cas. « Un peu de calme, ça fait du bien de temps en temps, pour faire le point. J’ai toujours l’impression d’être oppressée par le nombre dans Poudlard. Le château, le parc, tout est trop grand, et puis il y a tous ces visages… mon cerveau n’a aucun mal à retenir les formules magiques, mais les noms, c’est une vraie pagaille. Alors je vais à la bibliothèque pour remettre un peu d’ordre dans mes pensées. » Il était difficilement imaginable de se représenter ce que ressentait Payton après une journée à Poudlard ou même après une journée tout court. Il y avait des personnes qui, après avoir été oubliettés, ne retournaient jamais chez eux, ils étaient hospitalisés à vie. Elle s’en était très bien sortie car le sort avait été bien lancé et qu’elle était jeune – ça limitait le nombre de souvenirs perdus , mais il n’était pas rare pour autant qu’elle s’en sorte avec de belles migraines. « Je n’y allais pas avant ? » Demanda-t-elle avec simplicité alors qu’elles remontaient le passage secret aux multiples toiles d’araignées.

« On ne peut être sûrs de rien mais je crois que c’est très exactement la raison pour laquelle nous devons garder la tête froide. Il est toujours trop tôt pour paniquer. Si on commence à perdre de vue notre objectif – s’en sortir – ils finiront par obtenir exactement ce qu’ils veulent, soit nous retourner le cerveau. Personne n’est dupe mais ça ne fait que quelques semaines qu’ils sont là. » Les membres de MS faisaient tout pour que leur présence paraisse la plus normale et anecdotique possible. Payton était amnésique, pas idiote, comme la plupart de ses camarades, elle avait compris que leur objectif était de les endoctriner. Et quel meilleur moyen pour y parvenir que de se fondre dans le paysage comme le ferait n’importe quel nouveau professeur ? S’ils restaient assez longtemps, ils finiraient par être leurs adultes référents et ils commenceraient tous à les écouter plus sérieusement. Sur les plus jeunes, plus impressionnables et moins blasés que Payton, ça risquait d’avoir des effets terribles. MS se cherchait une nouvelle génération de sorciers formatés à penser comme eux. « Et comme ils cherchent à nous avoir dans la poche, nos parents doivent être en sécurité pour le moment. » Tant que personne n’essayait bêtement de jouer les héros et de les provoquer. Car MS restait une organisation dangereuse, faire profil bas tout en gardant leur lucidité était la seule posture réellement efficiente à adopter.

Payton avait eu l’occasion d’en parler longuement avec ses deux préfets et surtout avec Lucas. En tant que victime de MS, tout le monde s’était inquiété de son état au début de l’invasion et ça avait ouvert le dialogue. Lucas avait une posture plus sensée que Prudence, plus prompte à ruer dans les brancards. « ça va avec Julian au fait ? » Question innocente. Payton était au courant de sa part de responsabilité mais n’y faisait jamais référence parce que Tempérance avait été une bonne amie depuis le début et qu’ils sortaient ensemble. De toute façon, ce n’était pas Julian le coupable, c’était MS. Et ils formaient un joli couple Tempy et lui.

Payton se lança dans une tirade comme elle en avait jadis le secret (jadis, comprendre : avant que MS ne contrôle Julian, avant que Payton ne perde la mémoire, avant que l'amie qu'elle avait connue pendant quatre années d'études ne disparaisse brutalement), et cela fit sourire Tempérance, qui retrouvait chez la Poufsouffle des accents de celle qu'elle avait été avant tout ça. Fut une époque où elles étaient aussi bavardes l'une que l'autre, et où cette caractéristique avait suffi à les unir. « Je comprends ce que tu veux dire... Est-ce que ça t'arrive encore beaucoup ? » interrogea-t-elle avec sollicitude concernant cette histoire de 'pagaille' dans son esprit. Puis, parce qu'il fallait aussi qu'elle livre livre / bibliothèque, qu'est-ce qu'on rigole un peu d'elle-même : « Moi c'est tout l'inverse, c'est le silence qui m'oppresse. Tout ce calme, ça me pousse forcément à réfléchir à plein de trucs et j'sais pas, ça ne tend jamais vers des pensées très positives. Je préfère le brouhaha de la salle commune, ça m'évite de me torturer l'esprit. » Elle haussa les épaules. Sous ses airs jovials, Tempérance avait toujours eu tendance à sombrer vers l'angoisse si elle était livrée trop longtemps à elle-même. Elle pensait à tout et à rien : à sa mère, son père, à l'Autre, aux manigances de MS et à sa propre vie... Beaucoup de pensées négatives pour peu de gain.

Elle hocha aussitôt la tête en signe de dénégation à la question de Payton, regrettant de l'avoir fait douter d'elle-même. « Si, si, c'est toujours moi qui ai eu cette bizarrerie-là. Et puis, les ondes négatives émanant de Pince n'aident pas... » Peut-être aurait-elle été plus apte à travailler à la bibliothèque si la bibliothécaire ne rôdait pas derrière les étagères, soufflant comme un buffle à la moindre page cornée ou au soubresaut de son encrier. Ce n'était pas comme si elle n'y allait jamais non plus : elle avait besoin de livres, de temps en temps. Mais si elle devait s'y attarder, alors elle s'arrangeait pour ne pas être seule. Elle connaissait beaucoup d'élèves dans l'école, il y avait toujours quelqu'un à qui se raccrocher "Tu fais quoi Erin ? Tu fais tes devoirs ? Je peux les faire à côté de toi moi aussi ? Tu as écrit quoi là ? Je ne te dérange pas trop tu es sûre ? Pourquoi tu fronces les sourcils ?"

Discuter de la situation avec Payton parvînt à rasséréner quelque peu Tempérance. Son aînée lui parlait d'une manière calme et rationnelle, et elle devait reconnaître qu'elle n'avait pas tort. Autrefois, Payton avait été sa préfète, d'un an plus âgée qu'elle et vers qui elle pouvait toujours se tourner si elle avait besoin de conseils. Quelque part, elle n'en était pas si loin à cet instant, et l'Irlandaise accueillit avec aisance ce retour en territoire familier. « Alors... On se contente de jouer la survie ? On attend et on évite de penser au pire... » Elle se mordilla la lèvre en réfléchissant. « Peut-être qu'on peut au moins faire quelque chose avec la BAM. On ne peut pas juste espérer que les adultes vont venir nous sauver, surtout quand on voit ce qui est arrivé aux profs. » Elle ne savait pas encore bien ce que la BAM pouvait faire, mais elle songeait que ce serait forcément mieux que rien, même si ça ne lui donnait que l'illusion d'agir.

« J'espère que tu as raison. » acquiesça-t-elle un peu plus sereinement. Elle plissait les yeux en scrutant devant elle, tâchant de repérer tout obstacle potentiel avant qu'il ne la mène à sa perte. Pas question d'entraîner Payton dans sa chute. Elle tressaillit cependant en entendant Payton prononcer le prénom de son petit-ami. Elles abordaient plus que rarement le sujet. Le non-dit pesait pourtant souvent lourd à Tempérance, qui prônait la transparence mais esquivait malgré tout avec habileté toute discussion polémique. Là, pourtant, elle n'avait pas le choix. Elle hocha la tête. « Oui ça va, pourquoi ? Il termine Poudlard à la fin de l'année, logiquement, mais je ne m'en rends pas trop compte avec tout ça. » Elle désigna l'air qui les entourait d'un geste de la main. Elle se mordilla à nouveau la lèvre. « Il s'en veut énormément pour... tu sais, tout. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si je m'étais retrouvée à sa place, contrôlée par ces gens... » Elle ne continua pas, songeant que Payton n'était pas la personne auprès de qui plaindre Julian, même s'il n'y était pour rien, même s'il avait été manipulé. Il était une victime de MS lui aussi, mais c'était elle qui avait perdu la mémoire. « Bref. Et toi, comment ça se passe avec Louis ? » Renvoyer la balle à l'adversaire : la technique classique du joueur de tennis de la sorcière mal à l'aise.

« Encore trop souvent... » soupira la jeune fille en réponse à la question de son amie. Elle n'en voulait à personne de sa situation mais c'était handicapant au quotidien – bien que de plus en plus invisible -. « Ce n'est pas que le bruit m'indispose, c'est plutôt qu'il faut que je fasse du tri au calme. Mais je conçois que tu préfères le brouhaha, il y a bien des gens qui travaillent avec de la musique... » Payton haussa les épaules, aucun choix n'était mauvais du moment que le travail était fait. Car il fallait admettre que si l'amnésie avait apporté quelque chose à Payton, c'était bien de l'avoir rendu sérieuse en classe et dans ses devoirs à faire. Elle ne procrastinait plus, trop inquiète de prendre du retard sur ses camarades de classe. Elle avait eu des adaptations pour ses Buses car elle avait eu son accident juste avant, ce ne serait pas pareil pour les Aspics ! Il n’y avait pas besoin d’être une brillante sorcière pour devenir pâtissière, son apprentissage était même quasiment assuré chez Cordélia, mais Payton préférait rester prudente. Avec un passif comme le sien, il valait mieux avoir un plan B, voire C !

« Ah, ok. Bah, tu sais, je pense que tu n'es pas la seule que Pince n'encourage pas à se rendre à la bibliothèque... » Même avec elle, la bibliothécaire n'était pas aimable... et puis, Tempérance avait une tendance à la maladresse que Payton ne pouvait pas ignorer, surtout dans leur situation actuelle. Cela dit, l’ancienne préfète prenait les choses avec philosophie, au moins elles étaient à l’abri pour parler librement de MS et de l’invasion en cours.

« Et bien… comme tu le sais, je ne fais pas – plus – parti de la Brigade. Je ne serai qu’un poids mort pour vous avec mon amnésie. Spingate avait proposé qu’on essaye de me faire me rappeler de force ce que MS a effacé, mais depuis elle a du abandonné en voyant que les adultes avaient essayé de le faire sans résultat. » Elle ne pensait pas qu’une action des élèves soit prudent en ce moment : c’était une chose d’agir avec la certitude que les professeurs pouvaient venir les sauver, c’en était une autre de se battre contre les mages noirs directement. « Il faut attendre notre heure. » Conclut-elle tout en continuant à avancer et en changeant de sujet.

C’était peut-être bizarre de demander des nouvelles de celui qui lui avait effacé la mémoire, mais Payton n’en voulait pas à Julian. En réalité, elle n’en voulait même pas vraiment à MS : comment regretter ce qu’on n’avait jamais connu ? Mais c’était toujours difficile à expliquer et elle ne tenta pas de le faire en cette occasion. En plus, elle reconnaissait qu’elle ne ferait jamais ami-ami avec Julian, parce qu’il ne fallait pas pousser. Après, si Tempérance était heureuse avec lui, grand bien lui fasse. « Comme ça, parce que MS est dans les murs. Ce n’est facile pour aucune de leurs victimes. Honnêtement, moi, je n’arrive pas à m’investir émotionnellement là-dedans, mais tout le monde n’est pas aussi blasé. Ce ne doit pas être facile pour Julian, Erin ou mademoiselle Strue. » Les trois manipulés parmi lesquels Julian avait été le plus touché.

« Il ne faut pas qu’il s’en veuille pour moi, migraines mis à part, je m’en fiche d’avoir perdu la mémoire maintenant. Il est inutile de pleurer sur le lait renversé, il faut aller de l’avant. » Tempérance, visiblement peu à l’aise avec la question qu’elle avait lancée, avait changé de sujet en lui renvoyant la question. « Il est un peu énervé par la présence de MS, comme tout le monde quoi, sinon ça va… et nous deux, ça se passe bien aussi, ça me fait un peu bizarre de sortir avec lui alors qu’on me dit que j’étais amoureuse de Stephen avant. Il m’insupporte tu sais ? Stephen je veux dire. Comme quoi, les souvenirs d’enfance, ça influe beaucoup sur ce qu’on est après. » Car maintenant, entre Louis et Stephen, il n’y avait pas photo, c’était Louis, sans aucun hésitation !

« Tiens, je crois qu’on est enfin sorti. Tu veux que je passe devant pour vérifier qu’il n’y a personne ? » Elle ne remettait pas en doute le courage de Tempérance, mais elle était clairement celle des deux qui se fichait le plus de tomber sur quelqu’un, fantôme ou sorcier maléfique.

Tempérance n'insista pas davantage concernant les méthodes de travail de Payton. Son amie acceptait les siennes, et il en allait de même de son côté. Tant que Payton ne l'obligeait pas à aller elle aussi étudier à la bibliothèque sur son temps libre, tout allait bien dans le meilleur des mondes. En plus, s'y rendre avec elle ne l'aurait même pas dérangée. Elle y travaillait bien avec Erin de temps en temps. Lorsqu'il s'agissait de faire ses devoirs avec les élèves d'autres maisons, les options se faisaient plus limitées. Quoique à choisir, Tempérance préférait encore les heures d'étude dans la Grande Salle plutôt que dans le repère de Pince.

« Je m'en doute. Entre elle et Rusard, c'est à se demander comme ils les choisissent... » Tempérance avait toujours l'impression dérangeante que le concierge de l'école pouvait surgir à tout instant d'un pan de mur, même si ce pan de mur avait été vérifié à plusieurs reprises par une élève développant rapidement des tendances paranoïaques. Parfois, prononcer son simple nom suffisait à l'invoquer. L'Irlandaise en était de plus en plus convaincue.

Tempérance était en effet consciente que Payton avait quitté la BAM. Ce n'était pas faute d'avoir guetté son arrivée l'année précédente. Elle comprenait, bien sûr. Après l'amnésie, ce n'était pas comme si elle aurait été en mesure de se battre contre les membres de Magicis Sacra - encore que, elle doutait que la majorité des membres de la Brigade tiennent fort longtemps en duel contre Freja ou même ses sbires. Cette année, elle avait pensé que Payton changerait peut-être son fusil d'épaule, mais visiblement ce n'était toujours pas le cas. « Oula, mauvaise idée oui. » acquiesça-t-elle concernant le fait de la forcer à retrouver la mémoire. Tempérance aurait adoré que ça soit le cas. Quoiqu'il arrive, Payton restait son amie, qu'elle se souvienne des années précédentes, ou pas, Tempérance avait enfin appris à en faire le deuil. Mais si elle avait pu retrouver ses souvenirs... « Pas la peine que Spingate joue les savants fous. Si les médicomages n'ont pas réussi, ce ne sera pas nous qui y parviendrons, pour le coup. Ce n'est pas comme si on était spécialisé dans le domaine de la mémoire. » décréta-t-elle en fronçant les sourcils. L'impassibilité de Payton concernant son propre sort la surprendrait toujours, mais peu importait. Pour le coup, Tempérance savait de quel côté se ranger.

« Effectivement, c'est... compliqué. Pour lui comme pour Erin. Peut-être même plus pour elle, ça ne va pas fort. » reconnut-elle en pinçant les lèvres, inquiète. Tempérance ne savait pas comment faire pour aider son petit-ami ou sa meilleure amie. Ce n'était pas à elle toute seule qu'elle allait renvoyer MS hors des murs, aussi pleine de bonne volonté soit-elle. Si au moins, Payton n'était pas plus traumatisée que ça - ce qui restait étonnant en soi à ses yeux, mais comment pourrait-elle comprendre ? -, c'était un souci de moins.

Admirative devant la philosophie de Payton au sujet de son amnésie, Tempérance lui adressa un faible sourire. « Je pense qu'il s'en voudra toujours. Même si ça ne dépendait pas de lui. » avoua-t-elle avant de bifurquer sur le sujet 'Louis', car quand il était question de Julian, elle ne savait jamais trop sur quel pied danser avec Payton. Elle savait que son amie disait s'en ficher, mais ça restait délicat. Julian n'avait eu aucun contrôle sur tout ce qui s'était produit - ni Erin, ni Mademoiselle Strue, incidemment -, mais le résultat restait le même. Il y avait eu une Payton avant l'attaque, et une après. Visiblement, celle d'après ne voyait pas d'intérêt à s'attarder sur le passé - et elle avait raison : à quoi bon ? - mais celle d'avant ?

« C'est vrai ? » s'étonna-t-elle concernant Stephen. Elle avait effectivement remarqué que les deux élèves avaient perdu leur proximité d'antan, et Payton le lui avait même dit, mais elle n'avait pas pensé que ça avait atteint un tel stade. « Vous étiez extrêmement proches avant. J'imagine qu'il ne vit pas bien que tu sortes avec Louis, il était toujours très protecteur envers toi. » Elle s'interrompit, pensive. « Mais bon, c'est la vie. Les gens changent, même sans amnésie si ça se trouve vous auriez fini par vous éloigner. Ou bien sans le souvenir d'avoir grandi ensemble, tu ne lui trouves plus tant de points communs que ça avec toi ? » suggéra-t-elle dans un haussement d'épaules. Elle n'avait toujours connu Stephen qu'à travers Payton. Le Serpentard était plutôt renfermé, à l'inverse de son amie.

Alors qu'elles émergeaient enfin du passage secret, Tempérance ayant retrouvé un calme relatif, elle secoua la tête en signe de dénégation en réponse à la proposition de Payton : « Foutu pour foutu, on peut y aller ensemble, t'inquiètes. En plus, je n'entends pas de caquètement caractéristique de Peeves. Quant aux membres de MS... Hominum revelio. » souffla-t-elle en levant sa baguette magique vers l'extérieur. Elle soupira de soulagement. Elle n'avait pas spécialement envie de finir sa soirée dans un passage secret étriqué, même si le manque de confort des lieux était compensé par la présence de Payton. « La voie est libre, et nous aussi ! » déclara-t-elle joyeusement. Cette fois, il était bel et bien temps de rejoindre leur salle commune.


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Pour ce qui était du choix du personnel, Payton aurait bien répondu quelque chose comme « à la pitié » mais ce n’était vraiment pas très gentil. Il était de notoriété publique que c’était le cas pour Rusard – même Payton le savait alors qu’elle avait oublié à quoi ressemblait sa chambre d’enfant , s’il était là c’était parce qu’il était un cracmol qui ne parvenait pas à s’insérer chez les moldus. Pour Pince, les raisons devaient être tout autre… elle était peut-être charmante… autrefois ! Ou en privé… qui sait ? Payton avait du mal à l’imaginer mais ce ne serait pas la seule chose étrange à Poudlard, surtout ces derniers temps.

« Surtout que les dits spécialistes ont laissé tomber. Mon amnésie a été très bien faite, je n’ai pas de séquelle autre, mais c’est irréversible. » Et elle aimait autant que ça reste comme ça, après tout, elle avait refait sa vie en conséquence maintenant. Si elle aurait préféré que MS n’envahisse pas le château, elle ne se sentait pas particulièrement malheureuse. Son quotidien était aussi normal et agréable que possible. Son entourage semblait bien plus qu’elle souffrir de son manque de souvenir, or, elle ne voyait pas pourquoi ce serait à eux de décider ce qu’il en était. Quant à bouter MS hors d’ici, attendre et voir, telle était sa devise du moment. Si un soulèvement avait lieu, elle en serait, sinon, elle préférait rester tranquille, c’était plus sécurisant.

« Erin et Julian sont gentils, c’est pour ça qu’ils souffrent de ce qu’ils ont fait… même si nous, on sait bien que ce n’était pas vraiment eux. » Elle ne connaissait pas bien Erin (ni Julian à dire vrai car leur relation était un peu gênée aux entournures) mais elle se mettait à leur place : faire du mal, même involontairement, ce n’était pas facile quand on avait bon coeur. Elle n’avait pas grand-chose d’autre à dire mais de toute façon la conversation se redirigea vers ses propres histoires d’amour et plus particulièrement sur celle, avortée, avec Stephen. « On n’a vraiment rien en commun… mais on était toujours ensemble quand on était petit. Nos mères sont amis, elles se voyaient souvent, et moi j’adorais la pâtisserie de Cordélia. Seulement, même si on me l’a raconté, je ne m’en souviens pas… et tout ce que je vois, c’est que Stephen a mauvais caractère et n’est pas du tout compréhensif. » Il semblait lui en vouloir d’être amnésique, comme si c’était sa faute. C’était n’importe quoi pour Payton alors elle préférait l’éviter, même si elle avait renoué une relation privilégiée avec la mère de Stephen, Cordélia, qui la prendrait en apprentissage dans un peu plus d’un an, quand elle aurait terminé Poudlard.

Les deux Poufsouffle arrivèrent au bout du chemin, elles pouvaient donc rejoindre la salle commune où tous leurs compagnons les y attendaient – ils étaient peut-être même inquiets de ne pas les avoir vu rentrer ! -.